• * La Sainte Famille

    231231 – Liturgie du dimanche 31 décembre 2023

     La Sainte Famille 

    * La Sainte Famille

    Introduction : Qu'est-ce que la fête de la Sainte Famille ?

    La fête de la Sainte Famille est célébrée lors d’une messe le dimanche qui suit la fête de Noël, c'est-à-dire la fête de la Nativité. L’Église catholique se fonde sur la vie de Jésus et de ses parents, Marie et Joseph, en les proposant en modèles aux familles chrétiennes, qui en invoquent l’assistance.

    Au temps des premiers chrétiens, la famille désignait, outre les deux parents et leurs enfants, les cousins, oncles et tantes et même les serviteurs qui vivaient sous le même toit. C’est pourquoi cette fête ne s’est étendue à l'Église universelle qu’en 1921, à la suite d’un culte rendu à saint Joseph au 15ème siècle. Rome propose alors de nouveaux textes pour la célébrer.

    En 1969, après le Concile, elle est rattachée à la fête de Noël. À partir de la vénération envers les saints parents du Christ, les chrétiens considèrent aux 16ème et 17ème siècles la fonction sociale des familles et prennent conscience que la famille peut être un chemin de sainteté.

    Source : Le Jour du Seigneur

    Qu’est-ce que la Sainte Famille ?

    La Sainte Famille est la famille formée par Jésus de Nazareth et ses parents, Marie et Joseph. Elle est citée en exemple par l'Église catholique pour toutes les familles catholiques.

    C'est un religieux canadien, François de Laval, qui est à l'origine du culte de la Sainte Famille. En 1660, le monastère Saint-Joseph du Bessillon avait signalé des miracles sur saint Joseph et sainte Marie et la paroisse de Sainte Famille sur l'île d'Orléans fut fondée en 1684. En 1665, François de Laval fonda la confrérie de la Sainte Famille, une confrérie qui existe encore dans quelques paroisses du Canada.

    Ce culte s'est ensuite répandu dans l'Église catholique au 19ème siècle avec l'appui du pape Léon XIII.

    Extrait de Wikipédia

    D’où vient le culte de la Sainte Famille ?

    La dévotion à la Sainte Famille, dont la fête est célébrée le dimanche après Noël, est née au 17ème siècle. Elle est un modèle par l’amour qui y a été vécu.

    Comment est née la dévotion à la Sainte Famille ?

    La Sainte Famille du Christ désigne la famille terrestre que forment Jésus et ses parents, Marie et Joseph. Aujourd’hui, elle est célébrée par l’Église catholique le premier dimanche de l’octave de Noël, c’est-à-dire celui qui suit immédiatement la fête de la Nativité, ou à défaut, le 30 décembre.

    De nos jours, cette dévotion s’est largement répandue. Le pape François lui-même nous a invités dans son exhortation apostolique Amoris laetitia à la prendre comme modèle. En France, un sanctuaire comme celui de Cotignac dans le Var lui est dédié. Après les apparitions reconnues de la Vierge à l’Enfant il y a cinq cents ans puis de Joseph, cent cinquante ans plus tard, Cotignac est devenue un lieu de dévotion populaire où de nombreux pères et mères de famille se rendent pour demander des grâces à la Sainte Famille et la prendre comme modèle.

    Pourtant, si la famille que composent Jésus, Joseph et Marie est instituée dès les premiers chapitres des quatre Évangiles, sa figure comme « Sainte Famille » est une construction relativement tardive, en particulier parce qu’elle est tributaire du culte de saint Joseph, qui ne s’est développé qu’au 15ème siècle. Ainsi, « la figure de la Sainte Famille est quasiment absente des représentations iconographiques du Moyen Âge », explique Pierre Gibert, théologien et exégète jésuite. C’est au milieu du 17ème  siècle qu’est née cette dévotion, précisément au Canada. Ayant entendu les miracles rapportés de Cotignac, le religieux saint François de Laval décide de fonder la première paroisse à porter le nom de la Sainte Famille sur l’île d’Orléans, dans la région de Québec, en 1684. Quelques années plus tôt, il avait fondé la Confrérie de la Sainte Famille. À sa suite, ce culte s’est développé en plusieurs endroits de la chrétienté. En témoigne l’iconographie prolifique autour de ce thème aux 17ème et 18ème siècles.

    Ce n’est qu’à la fin du 19ème siècle que la Sainte Famille est réellement instituée comme un modèle à suivre.

    C’est en 1921 que le pape Pie XI a rendu cette fête obligatoire dans toute l’Église.

    Source : La Croix

    Dieu promet à Abraham une descendance

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    1ère lecture : « Ton héritier sera quelqu’un de ton sang »

    Lecture du Livre de la Genèse (Gn 15, 1-6 ; 21, 1-3)

    En ces jours-là, la parole du Seigneur fut adressée à Abram dans une vision :

    « Ne crains pas, Abram ! Je suis un bouclier pour toi. Ta récompense sera très grande. »

    Abram répondit : « Mon Seigneur Dieu, que pourrais-tu donc me donner ?

    Je m’en vais sans enfant, et l’héritier de ma maison, c’est Élièzer de Damas. »

    Abram dit encore : « Tu ne m’as pas donné de descendance, et c’est un de mes serviteurs qui sera mon héritier. »

    Alors cette parole du Seigneur fut adressée à Abram : « Ce n’est pas lui qui sera ton héritier, mais quelqu’un de ton sang. »

    Puis il le fit sortir et lui dit : « Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux... »

    Et il déclara : « Telle sera ta descendance ! »

    Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste.

    Le Seigneur visita Sara comme il l’avait annoncé ; il agit pour elle comme il l’avait dit.

    Elle devint enceinte, et elle enfanta un fils pour Abraham dans sa vieillesse, à la date que Dieu avait fixée. Et Abraham donna un nom au fils que Sara lui avait enfanté : il l’appela Isaac.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

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    Commentaire 1 a :

    Dans le Livre de la Genèse, l’originalité de l’Alliance conclue entre Dieu et Abraham vient de ce qu’elle ne s’apparente pas avec les alliances entre chefs d’État où chaque partenaire s’engage à tenir ses engagements et stipule des obligations. Dans l’Alliance avec Abraham, l’engagement est celui de Dieu, sans condition. Il s’agit plus d’une Alliance - promesse que d’une Alliance - contrat.

    Les prophètes ont proclamé sans cesse que le péché des hommes ne pouvait pas remettre en cause l’engagement inconditionnel de Dieu.

    François Brossier – Diocèse de Blois

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    Commentaire 1 b :

    Notre ancêtre, Abraham

    Le choix des lectures pour la fête de la Sainte Famille, cette année, nous surprendra peut-être : nous voilà renvoyés à la longue histoire de notre famille spirituelle depuis Abraham. Cet éleveur nomade, Irakien de naissance, qui a vécu vers 1850 avant J.C. n’a pourtant apparemment que peu de points communs avec nous, citadins du vingt-et-unième siècle après J.C. ! Dommage que nous n’ayons pas le temps de lire toute cette épopée d’Abraham dans la Bible. Ici, nous n’en avons qu’un raccourci trop rapide. Le texte que nous lisons aujourd’hui juxtapose deux chapitres qui sont, en fait, très éloignés l’un de l’autre dans l’Ancien Testament.

    Tout avait commencé, par un premier appel du Seigneur à Abram (au chapitre 12 de la Genèse) : « Va pour toi, loin de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père, et va vers le pays que je te ferai voir ». Premier appel, premières promesses (un pays, une descendance…), première mise en marche d’Abraham, sur ce simple appel de Dieu : « Abram partit comme le Seigneur le lui avait dit. » (Gn 12, 4). Une marche qui le mène de campement en campement, en Égypte et en Palestine. Une «longue marche» d’Abraham, une longue marche, au propre et au figuré ! Une marche qui a duré des années, puisqu’Abram avait soixante-quinze ans lors du premier appel et qu’il en aura cent à la naissance d’Isaac. Une marche ponctuée encore de promesses, par exemple, au chapitre 13 : « Je multiplierai ta descendance comme la poussière de la terre au point que si l’on pouvait compter la poussière de la terre, on pourrait aussi compter ta descendance. » (Gn 13, 16). Et sur ces promesses, qui n’étaient encore que des promesses, il a osé jouer sa vie.

    Puis c’est l’épisode du chapitre 15 qui est le début de notre lecture d’aujourd’hui : Abraham ne s’appelle encore que « Abram » et Dieu lui promet une descendance « aussi nombreuse que les étoiles ». Abram se permet seulement de faire remarquer que, pour l’instant, sa descendance est toujours inexistante : « Mon Seigneur Dieu, que pourrais-tu donc me donner ? Je suis (encore) sans enfant ». Cette question pleine de bon sens ne l’empêche pas de continuer à faire confiance. Et cet épisode se termine par la célèbre phrase « Abraham eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste ».

    Entre ces promesses et la naissance d’Isaac, il y aura encore bien des événements : la célébration de l’Alliance entre Dieu et Abraham (dans la suite du chapitre 15), la naissance d’Ismaël (au chapitre 16), le changement de nom d’Abram en Abraham1 (au chapitre 17), l’apparition de Mambré (au chapitre 18) pour ne citer que les plus importants.

    1 – Quand Dieu change le nom de quelqu’un, il s’engage sans retour, il pénètre dans l’intime même de sa vie. En l’appelant Abraham qui signifie « père d’une multitude », il lui confirme « je fais effectivement de toi le père d’une multitude ».

    Enfin, un « beau jour » au vrai sens du terme, le Seigneur tient sa promesse et c’est la naissance d’Isaac, premier maillon de la descendance d’Abraham et de Sara. (C’est la deuxième partie de notre lecture d’aujourd’hui, au chapitre 21).

    Mais pourquoi rappeler cette vieille histoire pour la fête de la Sainte Famille ?

    Le chemin d’Abraham

    Parce que c’est avec Abraham que l’humanité a fait le plus grand pas en avant ! Et nos familles humaines sont invitées à suivre le même chemin que lui : Abraham a fait trois découvertes qui tiennent en trois mots : la Foi, l’Alliance, la Justice : « Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste ». La foi, d’abord : cette simple formule « Abram eut foi dans le Seigneur » nous dit que la foi est avant tout une relation. La foi n’est pas une vertu dans le vide : on n’a pas la foi tout court, mais la foi en Quelqu’un, la confiance en Quelqu’un. Et si nous regardons ce qu’on pourrait appeler ces coups de cœur successifs d’Abraham, ce n’est pas d’ordre intellectuel. Sa foi est une histoire. Une histoire tournée vers l’avenir : Dieu lui fait des promesses, il y croit : et pourtant, soyons francs, en toute bonne logique, il aurait toutes raisons de douter. Mais la confiance en quelqu’un ne retient pas les raisons de douter.

    On peut vraiment parler de découverte à propos de la foi d’Abraham : jusqu’à lui, les hommes cherchaient les dieux. Abraham a découvert que c’est Dieu qui cherche l’homme et lui propose son Alliance. Et voilà la deuxième découverte, l’Alliance. Jusqu’ici les hommes faisaient des promesses aux divinités pour mériter leurs bienfaits ; pour Abraham, c’est Dieu qui prend l’initiative : « Ne crains pas, Abraham ! Je suis un bouclier pour toi. Ta récompense sera très grande ».

    Troisième découverte, la Justice : « Le Seigneur estima qu’il était juste ». La « justice » au sens biblique est d’abord «justesse». Comme un bon instrument sonne juste, Abraham est simplement « accordé » au projet de Dieu sur lui. L’homme juste est celui qui répond « Me voici » à l’appel de Dieu, sans autre préalable. « Abraham eut foi dans le Seigneur, et le Seigneur estima qu’il était juste. » Pour jouer juste, il suffit que la flûte soit disponible, c’est le flûtiste qui la fait juste. Mais le flûtiste a besoin de sa flûte… Ainsi Dieu veut-il avoir besoin des hommes. D’hommes qui se laissent accorder à la musique éternelle de l’amour de Dieu.

    Complément :

    « Père d’une multitude aussi nombreuse que la poussière de la terre… ou que les étoiles dans le ciel… », selon les promesses de Dieu, Abraham l’est vraiment devenu. Une multitude dont la destinée ou la vocation, si vous préférez, tient entre ces deux images : poussière de la terre… nous sommes appelés à devenir des étoiles dans le ciel. Et le premier de cette multitude se prénomme Isaac : ce nom évoque le rire d’Abraham, puis de Sara, quand Dieu leur annonça qu’ils allaient procréer à un âge aussi avancé. Mais surtout, il dit la joie de Dieu, puisque, étymologiquement, Isaac veut dire « Dieu sourira ». Décidément l’histoire d’Abraham est bien à sa place pour la fête de la Sainte Famille : la joie de Dieu, c’est la fécondité de la famille humaine.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Le Seigneur s'est souvenu de Son Alliance

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    Psaume : (104 (105), 1-2, 3-4, 5-6, 8-9)

    R/ Le Seigneur, c’est lui notre Dieu ; il s’est toujours souvenu de son alliance.

    Rendez grâce au Seigneur, proclamez son nom,

    annoncez parmi les peuples ses hauts faits ;

    chantez et jouez pour lui, redites sans fin ses merveilles.

    R/ Le Seigneur, c’est lui notre Dieu ; il s’est toujours souvenu de son alliance.

    Glorifiez-vous de son nom très saint : joie pour les cœurs qui cherchent Dieu !

    Cherchez le Seigneur et sa puissance, recherchez sans trêve sa face.

    R/ Le Seigneur, c’est lui notre Dieu ; il s’est toujours souvenu de son alliance.

    Souvenez-vous des merveilles qu’il a faites, de ses prodiges,

    des jugements qu’il prononça,

    vous, la race d’Abraham son serviteur, les fils de Jacob, qu’il a choisis.

    R/ Le Seigneur, c’est lui notre Dieu ; il s’est toujours souvenu de son alliance.

    Il s’est toujours souvenu de son alliance, parole édictée pour mille générations :

    promesse faite à Abraham, garantie par serment à Isaac.

    R/ Le Seigneur, c’est lui notre Dieu ; il s’est toujours souvenu de son alliance.

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

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    Commentaire 2 :

    Rendez grâce au Seigneur

    Il est rare que la Bible nous raconte une célébration liturgique. Mais justement, le Premier Livre des Chroniques nous en rapporte une au cours de laquelle ce psaume 104/105 a été chanté, au moins en partie. Cela se passait quand David a choisi Jérusalem pour capitale, donc vers l’an 1000 av. J.C. : David était très conscient d’avoir tout reçu de Dieu… et donc, très logiquement, un de ses premiers soucis a été de bâtir un autel et d’installer l’Arche d’Alliance dans un lieu digne d’elle. Il a choisi la colline la plus élevée, celle qui dominait son palais au Nord et il y a fait solennellement monter l’Arche. Ce fut une grande fête populaire et, pour marquer le coup, David fit distribuer à chaque famille une miche de pain, un gâteau de dattes et un gâteau de raisins.

    Puis il organisa le service du culte autour de l’Arche : des prêtres chargés d’offrir les sacrifices, mais aussi des lévites, musiciens et chanteurs (1 Ch 16, 5s). Parmi ces lévites, musiciens et chanteurs, un certain Asaph dont le nom revient en tête de quelques psaumes. Les quinze premiers versets de ce psaume 104/105 sont cités tels quels dans le Livre des Chroniques au moment de l’installation de l’Arche à Jérusalem. Cela veut dire peut-être, qu’ils étaient chantés à Jérusalem, dès l’époque de David, donc avant même que Salomon construise le Temple. Et lorsque, trois cents ans plus tard, vers 700 av. J. C., le roi Ezéchias qui était pieux, voulut faire une grande réforme religieuse et rétablir le culte dans toute sa pureté à la manière de David, on dit qu’il fit reprendre le chant d’Asaph, c’est-à-dire très probablement ce psaume entre autres (2 Ch 29, 18 – 36). Ce qui veut dire que ce psaume 104/105 est considéré comme typique de la fidélité à l’Alliance avec Dieu. Il est donc très important pour nous de voir ce qu’il a de particulier !

    Or, ce qu’il a de particulier, c’est très simple : c’est un psaume de louange, qui énumère tous les bienfaits de Dieu. Il commence par une invitation solennelle adressée à tous les fidèles, du genre « Louez Dieu » (Alléluia !) : ce sont ces versets là qui ont été retenus pour aujourd’hui. On y lit toute une série d’impératifs : «Rendez grâce au Seigneur, proclamez son nom, annoncez, chantez, jouez, redites sans fin ses merveilles… Glorifiez vous de son nom… Cherchez le Seigneur, souvenez vous des merveilles qu’il a faites…». Les merveilles qu’il a faites, cela se résume en quelques mots, c’est sa fidélité à l’Alliance qu’il a lui-même proposée à Abraham puis à chaque génération après lui. « Souvenez vous des merveilles qu’il a faites, de ses prodiges, des jugements qu’il prononça, vous la race d’Abraham son serviteur, les fils de Jacob qu’il a choisis. Il s’est toujours souvenu de son Alliance, parole édictée à mille générations ; promesse faite à Abraham, garantie par serment à Isaac. »

    Soyons francs, il ne s’est pas encore écoulé mille générations entre le temps d’Abraham et celui de David ! Tout au plus huit cent cinquante ans, ce qui fait une vingtaine ou une trentaine de générations au maximum. Mais le lyrisme poétique ne sait pas compter, on le sait bien ! Dans la Bible, ce nombre mille est symbolique : il signifie une Alliance éternelle.

    Le reste du psaume détaille les œuvres de Dieu en faveur de son peuple depuis Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, Moïse… C’est un vrai cours d’histoire ! Dieu a fait Alliance avec Abraham et lui a promis la terre : « Je te donne la terre de Canaan, c’est le patrimoine qui vous échoit ». Cette promesse, elle a été faite à une poignée d’immigrants. Mais Dieu les a toujours protégés, et le psaume continue : « Il n’a laissé personne les opprimer… ». Et tous les épisodes de l’histoire d’Israël sont relus comme des interventions de Dieu au bénéfice de son peuple. Y compris l’histoire de Joseph, par exemple : ce sont ses frères, jaloux, qui se sont débarrassés de lui, et il s’est retrouvé esclave en Égypte, mais Dieu, encore une fois, a tiré de ce mal un bien pour son peuple. Puisque c’est grâce à la présence de Joseph en Égypte que ses frères purent y trouver refuge un peu plus tard en période de famine. « Il envoya devant eux un homme, Joseph, qui fut vendu comme esclave. On lui entrava les pieds, on lui passa un collier de fer… mais le maître des peuples le fit relâcher… Alors Israël entra en Égypte… Et Dieu multiplia son peuple… » Et ainsi de suite… le psaume est une véritable litanie des œuvres de Dieu pour son peuple… Moïse, la libération d’Égypte, l’Exode…

    Souvenez-vous pour continuer à espérer

    La clé de toute cette histoire, la voici : « Il s’est toujours souvenu de son alliance, parole édictée pour mille générations : promesse faite à Abraham, garantie par serment à Isaac. » Il faut noter au passage le vocabulaire typique de l’œuvre de libération de Dieu : « hauts faits, merveilles, prodiges ». Evidemment, toute cette rétrospective n’est pas un cours d’histoire ! Elle est une profession de foi. La profession de foi du peuple qui, comme David, est conscient d’avoir tout reçu de Dieu, et qui proclame à la face du monde : Dieu est le vrai maître de notre histoire et il nous protège, nous son peuple, contre vents et marées. Ce peuple qu’il a librement choisi : « race d’Abraham son serviteur, les fils de Jacob, qu’il a choisis ». Dieu s’est librement engagé « promesse faite à Abraham, garantie par serment à Isaac ».

    Mais tout ceci, bien sûr, doit avoir des conséquences, que l’on peut exprimer ainsi : «Dieu s’est souvenu… alors, à votre tour, souvenez vous». Voilà la morale de cette histoire : garder précieusement cette Mémoire est vital pour le peuple bénéficiaire de toute cette sollicitude de Dieu. Parce que Dieu a accompli ses promesses dans le passé, son peuple trouve la force, au long des siècles, de garder la foi dans les promesses pas encore réalisées : parce qu’on peut répéter à ses enfants «Le Seigneur fit comme il l’avait dit», les enfants, à leur tour, croiront en lui et transmettront la foi à leurs enfants.

    Belle leçon pour la fête de la Sainte Famille : la famille humaine ne sera sainte que si elle garde, de génération en génération, la mémoire des œuvres de Dieu. Il s’est souvenu… alors, à votre tour, souvenez vous… le plus bel exemple nous en est donné par Marie dans le Magnificat : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles, Saint est son nom… Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent… Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    La foi des ancêtres du Messie

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    Épître : La foi d’Abraham, de Sara et d’Isaac

    Lecture de la Lettre aux Hébreux (He 11, 8.11-12.17-19)

    Frères,

    Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu :

    il partit vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit sans savoir où il allait.

    Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses.

    C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort, a pu naître une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, une multitude innombrable.

    Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice.

    Et il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses et entendu cette parole : C’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom.

    Il pensait en effet que Dieu est capable même de ressusciter les morts ;

    c’est pourquoi son fils lui fut rendu : il y a là une préfiguration.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

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    Commentaire 3 a :

    L’auteur de la lettre prend pour exemple les personnages d’Abraham et de Sara exaltant leur foi et la fécondité de leur foi au-delà de leur existence terrestre.

    Abraham « partit vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit sans savoir où il allait. »

    « Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. » et « Il pensait en effet que Dieu est capable même de ressusciter les morts : c’est pourquoi son fils lui fut rendu ; il y a là une préfiguration. »

    L’allusion à la mort de Jésus sur la Croix et sa résurrection est évidente. L’auteur de la lettre voit dans les histoires d’Abraham la préfiguration de Jésus donnant sa vie sur la Croix et ressuscité des morts.

    François Brossier – Diocèse de Blois

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    Commentaire 3 b :

    La foi des hommes fait avancer le projet de Dieu

    « Grâce à la foi… » cette expression revient comme un refrain dans le chapitre 11 de la Lettre aux Hébreux. Et l’auteur va jusqu’à dire que le temps lui manque pour énumérer tous les croyants de l’Ancien Testament, dont la foi a permis au projet de Dieu de s’accomplir. Le texte qui nous est proposé aujourd’hui n’a retenu qu’Abraham et Sara, car ils sont considérés comme le modèle par excellence. Tout a commencé pour eux avec le premier appel de Dieu (Gn 12) : « Pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père, et va vers le pays que je te ferai voir ». Et Abraham « obéit », nous dit le texte. Au beau sens du mot « obéir » dans la Bible : non pas de la servilité, mais la libre soumission de celui qui accepte de faire confiance. Il sait que l’ordre donné par Dieu est donné pour son bonheur et sa libération, à lui, Abraham.

    Croire, c’est savoir que Dieu ne cherche que notre intérêt, notre bonheur. Et, dit la Lettre aux Hébreux, « Abraham partit vers un pays qui devait lui être donné comme héritage » : croire, c’est savoir que Dieu donne, c’est vivre tout ce que nous possédons comme un cadeau de Dieu.

    « Il partit sans savoir où il allait » : si l’on savait où l’on va, il n’y aurait plus besoin de croire ! Croire, c’est accepter justement de faire confiance sans tout comprendre, sans tout savoir. Accepter que la route ne soit pas celle que nous avions prévue ou souhaitée. Accepter que Dieu la décide pour nous. « Que ta volonté se fasse et non la mienne » a dit bien plus tard Jésus, fils d’Abraham, qui s’est fait à son tour, obéissant, comme dit saint Paul, jusqu’à la mort sur la croix (Phi 2).

    « Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge avancé (quatre-vingt-dix ans), fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance » : elle a bien un peu ri, vous vous souvenez, lors de l’apparition chez Mambré, à cette annonce tellement invraisemblable, mais elle l’a acceptée comme une promesse. Et elle a fait confiance à cette promesse : elle a entendu la réponse du Seigneur à son rire « Y a-t-il une chose trop prodigieuse pour le Seigneur ? a dit Dieu. A la date où je reviendrai vers toi, au temps du renouveau, Sara aura un fils » (Gn 18, 14). Alors Sara a cessé de rire, elle s’est mise à croire et à espérer. Et ce qui était impossible à vues humaines s’est réalisé. « Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance parce qu’elle pensait que Dieu serait fidèle à ses promesses ».

    Et il fallait la foi de ce couple pour que la promesse se réalise et que naisse la descendance « aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel et les grains de sable au bord de la mer ». Une autre femme, Marie, des siècles plus tard, entendit, elle aussi, l’annonce de la venue d’un enfant de la promesse et elle accepta de croire que « Rien n’est impossible à Dieu » (Lc 1).

    Rien n’est impossible à Dieu

    Grâce à la foi, encore, Abraham traversa l’épreuve de l’étonnante demande de Dieu de lui offrir Isaac en sacrifice. Mais là aussi, même s’il ne comprenait pas, Abraham savait que l’ordre de Dieu lui était donné pour lui, il savait que l’ordre de Dieu est le chemin de la Promesse.

    La logique de la foi va jusque-là : à vues simplement humaines, la promesse d’une descendance et la demande du sacrifice d’Isaac sont totalement contradictoires. Mais la logique d’Abraham, le croyant, est tout autre ! Précisément, parce qu’il a reçu la promesse d’une descendance par Isaac, il peut aller jusqu’à le sacrifier. Dans sa foi, il sait que Dieu ne peut pas renier sa promesse. A la question d’Isaac « Père, je vois bien le feu et les bûches… mais où est l’agneau pour l’holocauste ? » Abraham répond en toute assurance : « Dieu y pourvoira, mon fils ».

    Le chemin de la foi est obscur, mais il est sûr. Il ne mentait pas non plus quand il a dit en chemin à ses serviteurs « Demeurez ici, vous, avec l’âne ; moi et Isaac, nous irons là-bas pour nous prosterner ; puis nous reviendrons vers vous ». Il ne savait pas quelle leçon Dieu voulait lui donner sur l’interdiction des sacrifices humains, il ne connaissait pas l’issue de cette épreuve. Mais il faisait confiance. Des siècles plus tard, Jésus, le nouvel Isaac, a cru Dieu capable de le ressusciter des morts et il a été exaucé comme le dit aussi la Lettre aux Hébreux.

    Voilà tout ce dont la foi nous rend capables : en hébreu, le mot « croire » se dit «Aman» (d’où vient notre mot « Amen » d’ailleurs). Ce mot implique la solidité, la fermeté. Croire, c’est « tenir fermement », faire confiance jusqu’au bout, même dans le doute, le découragement ou l’angoisse. En français, on dit « j’y crois dur comme fer », en hébreu, on dit plutôt « j’y crois dur comme pierre ». C’est exactement ce que nous disons quand nous prononçons le mot « Amen ». Nous avons là une formidable leçon d’espoir pour nos familles humaines ! En langage courant, on dit souvent «C’est la foi qui sauve». L’auteur de la Lettre aux Hébreux nous dit « Vous ne croyez pas si bien dire : le projet de salut de Dieu s’accomplit par vous les croyants… Laissez-le faire, en vous et par vous, son œuvre ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    La Sainte Famille de Nazareth à Jérusalem

    Alléluia. Alléluia.

    À bien des reprises, Dieu, dans le passé,

    a parlé à nos pères par les prophètes ;

    à la fin, en ces jours où nous sommes,

    il nous a parlé par son Fils.

    Alléluia.

    * La Sainte Famille

    Évangile : « L’enfant grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse »

    Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 2, 22-40)

    Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur.

    Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.

    Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon.

    C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.

    Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple.

    Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :

    « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples :

    lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »

    Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui.

    Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère :

    « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël.

    Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »

    Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser.

    Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage, demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans.

    Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.

    Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.

    Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.

    L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * La Sainte Famille

    Commentaire 4 a :

    Ce passage, utilisé également lors de la fête de la présentation de Jésus au Temple, donne l’occasion à l’Évangéliste Luc d’annoncer la mission de Jésus. Les titres qui lui sont décernés – Messie du Seigneur, Salut pour tous les peuples, Lumière des nations, Gloire d’Israël – ne viennent pas des hommes. Ils sont révélés par l’Esprit qui pousse Syméon à venir au Temple. L’âge supposé de Syméon et celui d’Anne symbolisent la longue attente de l’Ancien Testament. Le fait que les parents de Jésus se conforment à la Loi de Moïse indique qu’il n’y a pas de rupture entre Jésus et l’ancienne Alliance. Mais, lui qui est «racheté» par le sacrifice de deux oiseaux donnera sa vie pour le rachat de tous les hommes.

    Le message de Syméon à Marie nous oriente déjà vers la Croix : « Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division. Et toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée. » Marie souffrira en effet de voir son fils devenu signe de contradiction, rejeté par les chefs des prêtres de son peuple.

    Aujourd’hui encore, Jésus reste un signe de contradiction pour les hommes et les femmes de notre temps. Nous pouvons unir notre souffrance à celle de Marie tout en gardant notre foi en la lumière de la résurrection qui est plus forte que les ténèbres.

    François Brossier – Diocèse de Blois

    * La Sainte Famille

    Commentaire 4 b :

    Voilà un récit minutieusement composé ! Vous avez remarqué la double insistance de Luc, sur la Loi d'abord, sur l'Esprit ensuite : dans les premiers versets (v. 22-24), il cite trois fois la Loi. On peut dire que la vie de cet enfant débute sous le signe de la Loi. Entendons - nous bien, quand Luc cite la Loi d'Israël, il ne pense pas d'abord à une série de commandements écrits qui dictent ce qu'on doit faire ou ne pas faire... on peut ici remplacer le mot Loi par Foi d'Israël. La vie de Joseph et Marie, et désormais de l'enfant, est tout entière imprégnée de la foi et de l'attente de leur peuple. Et quand ils se présentent au temple de Jérusalem pour satisfaire aux coutumes juives, c'est de leur part une démarche de ferveur.

    Premier message de Luc, donc, dans ce texte de la Présentation de Jésus au temple de Jérusalem : c’est dans le cadre de la Loi d’Israël que le salut de toute l’humanité a vu le jour... C’est dans le cadre de la Loi d’Israël que le Verbe de Dieu s’est incarné... en un mot, que le dessein bienveillant de Dieu pour l’humanité s’est accompli.

    Puis Syméon entre en scène, poussé par l’Esprit (lui aussi nommé trois fois). Et c’est l’Esprit qui inspire à Syméon les paroles qui révèlent le mystère de ce petit garçon : «Mes yeux ont vu ton salut».

    Je reprends les phrases de Syméon une à une : « Mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé à la face de tous les peuples » : tout l’Ancien Testament est l’histoire de cette longue, patiente préparation par Dieu du salut de l’humanité. Et il s’agit bien du «salut de l’humanité» et pas seulement du peuple d’Israël : c’est très exactement ce que Syméon précise : « lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d’Israël ton peuple ». La gloire d’Israël, justement, c’est d’avoir été élu non pas pour lui seul, mais pour l’humanité tout entière. Au fur et à mesure que l’histoire avançait, l’Ancien Testament découvrait de plus en plus que le projet de salut de Dieu concerne toute l’humanité.

    Et tout ceci se passe dans le temple de Jérusalem. Bien sûr, c’est capital aux yeux de Luc : nous assistons déjà à l’entrée glorieuse de Jésus, Seigneur et Sauveur, dans le temple de Jérusalem, comme l’avait annoncé le prophète Malachie : (voici les paroles de Malachie, qui sont notre première lecture de cette fête) « Ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici que j’envoie mon Messager pour qu’il prépare le chemin devant moi ; et soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez... l’Ange de l’Alliance que vous désirez, le voici qui vient, dit le Seigneur de l’univers ».

    Luc reconnaît bien en Jésus l’Ange de l’Alliance qui vient dans son Temple : les phrases de Syméon sur la gloire et la lumière sont tout-à-fait dans cette ligne : « Mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d’Israël ton peuple. »

    Autre résonance de l’Évangile d’aujourd’hui dans l’Ancien Testament : « Qu’il entre le roi de gloire ! Élevez-vous, portes éternelles... » chantait le psaume, qui attendait un Messie roi descendant de David. Et nous savons que le roi de gloire, c’est cet enfant. Bien sûr, pour un nouveau-né, les portes éternelles n’ont pas besoin d’être bien hautes, mais Luc nous décrit quand même une scène majestueuse, une scène de gloire : toute la longue attente d’Israël est représentée par ces deux personnages, Syméon et Anne. « Il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux qui attendait la Consolation d’Israël ». Quant à Anne, on peut penser que si « elle parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem », c’était parce qu’elle était pleine d’impatience, elle aussi.

    Cette attente, c’est celle du Messie. Quand Syméon proclame « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut, que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations, et donne gloire à ton peuple Israël », il affirme bien que cet enfant est le Messie, le reflet de la gloire de Dieu. Avec Jésus, c’est la Gloire de Dieu qui entre dans le Sanctuaire. Ce qui revient à dire que Jésus est la Gloire, qu’il est Dieu lui-même.

    Désormais le temps de la Loi est révolu. L’Ange de l’Alliance est entré dans son Temple pour répandre l’Esprit sur toute chair, et éclairer les nations païennes.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    * La Sainte Famille

    Homélie :

    Le Fils de Dieu s’est fait fils de l’homme pour que l’homme soit fait fils de Dieu. Il est venu habiter chez les siens, dans une famille humaine, pour que les siens entrent dans la famille de Dieu, la communion des Trois Personnes divines. Dieu est Amour. À son image, la famille humaine est une communion de personnes dans des relations de connaissance et d’amour.

    La Sainte Famille est entrée dans le jeu de l’amour de Dieu. Après la naissance de Jésus à Bethléem, à la suite d’un recensement ordonné par César, Joseph et Marie viennent présenter l’Enfant au Temple de Jérusalem : en bons juifs pratiquants, ils accomplissent un rite de la Loi. Comme il y a cinq livres de la Torah, cinq fois, il est répété qu’ils observent toutes les prescriptions de Dieu. Ils obéissant au Père. Mais il est aussi souligné qu’ils suivent les inspirations de l’Esprit-Saint. Depuis l’Annonciation, nous savons que Marie est remplie de l’Esprit, que Joseph en a aussi reçu la révélation. Dans le même Esprit, ils écoutent les prophéties de Siméon et d’Anne. Vraiment, les parents de Jésus ont les sentiments mêmes du Christ Jésus. En entrant dans le monde, le Fils de Dieu s’offre au Père dans l’Esprit : « Tu n’as pas voulu de sacrifice ni d’offrande, mais tu m’as formé un corps. Tu n’as eu pour agréables ni holocaustes ni sacrifices pour le péché. Alors j’ai dit : ‘’Me voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté’’ » ». L’auteur de l’Épître aux Hébreux qui cite ce Ps. 39, commente : « En vertu de cette volonté, nous sommes sanctifiés par l’offrande qu’une fois pour toutes Jésus-Christ a faite de son corps » (Hb 10, 5-10).

    Cette offrande fut préfigurée par le sacrifice qu’Abraham fit de son fils Isaac dans sa foi en la promesse. Il est capable d’entrer dans une alliance avec Dieu, dans une relation de confiance, de fidélité qui s’ajuste à la volonté de Dieu. Quand Jésus est présenté au Temple, ses parents, comme le patriarche Abraham, ne retiennent pas pour eux leur enfant, mais le consacrent à Dieu. « Être père, écrit le pape François, signifie introduire l’enfant à l’expérience de la vie, à la réalité. Ne pas le retenir, ne pas l’emprisonner, ne pas le posséder, mais le rendre capable de choix, de liberté, de départs… La logique de l’amour est toujours une logique de liberté. Joseph ne s’est jamais mis au centre. Il a su se décentrer, mettre au centre de sa vie Marie et Jésus » (Lettre apostolique Patris corde n.7).

    Marie et Joseph furent des pauvres du Seigneur, comblés de ses dons. Mais n’imaginons pas que tout était simple dans le foyer de la Sainte Famille. Ils ont dû cheminer dans l’obscurité de la foi. L’Évangile ose avouer que le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qu’on disait de lui. Ils ne comprenaient rien quand Siméon donnait à ce bébé des titres prestigieux : Messie du Seigneur, Salut de tous les peuples, Lumière des nations, Gloire d’Israël. De leurs yeux, ils ne voyaient qu’un nouveau-né. La gloire avait englobé les bergers dans la nuit de Noël, mais la crèche restait dans une étable obscure, son secret n’étant accessible que dans une vue de foi.

    La Sainte Famille a grandi dans la foi, et aussi dans l’amour : comme est émouvante cette démarche de la Présentation, de la consécration de l’Enfant au Temple ! « Les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour l’offrir au Seigneur, et présenter en offrande le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur ». C’est faire à l’avance ce que Jésus fera librement à la Cène et à la Croix. Les deux petites colombes que le prêtre immole ce jour-là représentent le sacrifice, le don total que Jésus offrira plus tard : son Corps livré, son Sang versé. Ave verum corpus natum de Maria Virgine. « Salut, vrai corps né de la Vierge Marie. Vraiment tu as souffert et tu as été immolé sur la Croix pour les hommes ».

    La Sainte Famille a accepté la Croix comme facteur de croissance. L’épreuve a frappé Marie et Joseph de plein fouet : Marie est appelée la Mère des douleurs. Elle n’est encore qu’une jeune maman quand le prophète Siméon lui annonce que son enfant sera un signe de contradiction, et qu’un glaive lui transpercera le cœur. Il serait illusoire de vouloir passer à côté de la croix. La seule issue est, comme Marie au calvaire, d’offrir cette souffrance en union avec celle du Christ. L’oblation est la perfection de l’amour. Aussi l’Apôtre recommande : « Tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus Christ en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père » (Col 3, 2).

    La Sainte Famille fut un lieu de croissance humaine et divine : « Ils s’en retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth, et l’enfant croissait et se développait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu reposait sur lui ». C’est presque tout ce que nous savons de lui pendant trente ans. Jésus a grandi entre les deux mains de Marie et Joseph (comme Dieu nous éduque par le Fils et l’Esprit). La loi de croissance est la loi première de tout vivant. La relation particulière d’amour dans la famille, cellule de base de la société, peut faire grandir toute la famille humaine dans la charité et la solidarité. La famille de Jésus s’étendra à l’humanité entière.

    Sainte Marie et saint Joseph, vous qui avez consacré votre enfant au Seigneur, venez nous aider à donner à nos propres enfants la vie éternelle, le Salut pour lequel Jésus a offert sa vie sur la croix, et qui renouvelle ce sacrifice dans chaque messe. Amen.

    Frère Jean-Gabriel – Homélie publiée par Les moines de Kergonan le 30/12/2020

    * La Sainte Famille

    Prières :

    1. Prière à la sainte Famille

    Jésus, Marie, Joseph, Sainte Famille de Nazareth,

    vous êtes sur terre le reflet

    de l’amour infini du Cœur de Dieu

    Veillez avec bonté sur toutes les familles,

    que votre amour soit lumière et soutien,

    pour les époux, les parents et les enfants.

    Jésus, Marie, Joseph,

    apprenez à nos familles à vivre selon l’Évangile,

    dans le foi et l’espérance, le pardon et l’unité.

    Soyez leur secours dans les épreuves de la vie.

    Donnez- leur la grâce de se mettre à l’école du Cœur de Jésus.

    Veillez sur les familles en difficulté, implorant pour elles

    la miséricorde et la tendresse de Dieu notre Père.

    Texte présenté par l’Association de la médaille miraculeuse

     

    2. Prière à la Sainte Famille à l’occasion du synode

    Jésus, Marie et Joseph en vous nous contemplons la splendeur de l’amour véritable,

    à vous nous nous adressons avec confiance.

    Sainte Famille de Nazareth, fais aussi de nos familles des lieux de communion et des cénacles de prière, des écoles authentiques de l’Évangile et des petites Églises domestiques.

    Sainte Famille de Nazareth, que jamais plus dans les familles on ne fasse l’expérience de la violence, de la fermeture et de la division : que quiconque a été blessé ou scandalisé connaisse rapidement consolation et guérison.

    Jésus, Marie et Joseph écoutez-nous, exaucez notre prière.

    Pape François

    * La Sainte Famille

    La Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph

    (Tableau de Mgr Guy Desrochers, évêque de Pembroke en Ontario au Canada reproduit avec la permission de l'auteur)

    Conclusion : La sainteté de la famille.

    Qu’est-ce que la sainteté d’une famille ? Il peut être utile de se poser la question en ce jour où nous fêtons la Sainte Famille, à la suite de la fête de Noël. Est-ce qu’une sainte famille est une famille parfaite ? Une famille qui ne rencontre aucun problème ? Une famille où les enfants sont sages et obéissants, les parents exemplaires ?

    La liturgie nous propose, pour nous accompagner et nous aider à y voir plus clair, deux familles, celle d’Abraham et de Sarah et celle de Joseph et Marie.

    1. Est-ce que ce sont des familles parfaites et sans soucis ?

    La première famille qui nous est proposée en exemple est loin d’être parfaite et sans soucis. La 1ère lecture fait une coupe de 6 chapitres entre le début et la fin de ce que nous avons entendu. Le couple d’Abraham et de Sarah n’est pas un couple sans histoire, avec une vie tranquille.

    Sarah est stérile, elle ne peut pas avoir d’enfants. C’est une souffrance pour eux. Pourtant, Dieu a promis à Abraham qu’il aurait une descendance de son sang, aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel. Mais Abraham ne voit rien venir. Aussi, sur la suggestion de Sarah, fait-il un fils avec sa servante Agar. Agar enfante Ismaël, la GPA de l’époque, mais Sarah, jalouse, fait par deux fois envoyer Agar dans le désert pour qu’elle y meure : une fois alors qu’elle est enceinte, l’autre fois avec son nouveau-né. Dieu sauve la mère et l’enfant par deux fois, mais la jalousie de Sarah, la lâcheté d’Abraham face à sa femme, sont loin d’être exemplaires. Sarah et Abraham sont un couple en désir d’enfant prêt à tout pour en avoir et en proie avec tous les conflits de couple qui en résultent. Et pourtant, ils nous sont proposés comme modèle de Foi et de sainteté.

    En ce qui concerne Marie et Joseph, leur vie n’est pas plus simple. Comme le dit Syméon à Marie : « ton âme sera transpercé d’un glaive. » Dès le début ce n’est pas simple, Marie est enceinte avant le mariage, Joseph pense la répudier en secret mais en la laissant à la honte d’une femme sans mari. C’est Dieu qui vient aider Joseph à prendre la décision de garder Marie. Ils vont aussi connaître la douleur de voir leur fils disparaître pendant trois jours lors d’un pèlerinage à Jérusalem, sans compter un exil en Égypte.

    Non, la vie des saintes familles n’est pas un long fleuve tranquille et n’est pas exempte de toutes les difficultés, douleurs et souffrances qui peuvent être présentes dans notre humanité. La sainteté de la famille ne réside pas dans la perfection de leur vie mais relève d’une autre dimension, plus spirituelle.

    2. Des familles unies dans la foi en Dieu.

    Ce qui fait la sainteté de ces familles, c’est leur foi inébranlable que Dieu est avec eux et qu’il les accompagne tout au long des difficultés de leur vie. Ils ont remis leur famille entre les mains de Dieu et ils lui font confiance. C’est un des sens du sacrifice d’Abraham en Gn22, qui rappelle à Abraham que son fils ne lui appartient pas et qu’il est un don à recevoir. C’est le sens de la démarche des parents de Jésus à Jérusalem, présenter leur fils à Dieu et le lui consacrer, comme on doit le faire pour tout fils premier né.

    Abraham et Sarah ont fait des erreurs dans leur vie et avec leurs enfants. Marie et Joseph sont bien souvent déboussolés face aux paroles et aux actes de Jésus.

    Ce qui les distingue des autres, c’est leur foi en Dieu. Cette foi qui leur permet de croire qu’on peut enfanter à 100 ans (malgré leur rire initial). Cette foi qui leur permet de croire que leur fils sera le salut et la lumière qui se révèle aux nations. Leur foi les a guidés au milieu des difficultés et leur a permis de les surmonter. Leur foi est empreinte d’espérance, car il leur a fallu de la patience pour voir se réaliser les promesses de Dieu. Mais cette foi pleine d’espérance était aussi pleine de charité et d’amour du prochain, comme quand Abraham reçoit les trois hommes à Mambré ou que Marie visite Elisabeth.

    Une sainte famille n’est pas une famille sans soucis, ni problèmes, une famille modèle en tout. La sainte famille, celle de l’Ancien Testament comme celle du Nouveau, est une famille normale animée par le souffle de la foi, de l’espérance et de la charité. En fait toute famille de ce monde, quel que soit son histoire, sa composition ou ses problèmes, peut-être une sainte famille si elle met ces trois vertus cardinales au cœur de sa vie de famille.

    A vous maintenant de voir si vous êtes de saintes familles.

    Damien Stampers – Diocèse de Blois

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    * La Sainte Famille

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS :

    Tu as voulu, Seigneur Dieu, que la sainte Famille nous soit donnée en exemple ; accorde-nous, dans ta bonté, de pratiquer, comme elle, les vertus familiales et d’être unis par des liens de ton amour, afin de goûter la récompense éternelle dans la joie de la maison.

    Références :

    http://www.gcatholic.org/calendar/2022/General-D-fr.htm

    https://www.lejourduseigneur.com/fetes-chretiennes/la-sainte-famille

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Famille

    https://www.la-croix.com/Abonnes/Formation-biblique/Dou-vient-culte-Sainte-Famille-2018-12-28-1700992099

    https://reflexionchretienne.e-monsite.com/pages/les-fetes-catholiques/decembre-2012/fete-de-la-sainte-famille-de-jesus-marie-et-joseph-fete-le-dimanche-30-decembre-2012.html

    https://www.aelf.org/2023-12-31/romain/messe

    https://www.catholique-blois.net/actualite/commentaires-evangile/annee-2017/sainte-famille-b-2013-31-decembre-2017

    http://thierry-jallas.over-blog.com/2014/12/commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-b-la-sainte-famille-28-decembre-2014.html

    https://www.kergonan.org/la-sainte-famille-dans-le-jeu-de-lamour-de-dieu-homelie-27-12-2020/

    https://www.medaille-miraculeuse.fr/priere/priere-a-la-sainte-famille.html

    https://www.catholique-blois.net/actualite/commentaires-evangile/annee-2020/dimanche-27-decembre-2020-fete-de-la-sainte-famille

    Magnificat du dimanche 31 décembre 2023 page 400


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