• * 59 - L'offrande (2)

    220803 – L’offrande (2)

    Rubrique « Regard sur la liturgie » – 59

     L’offrande 

     * 59 - L'offrande

    Introduction

    Le parchemin 55 relatif à l’offrande du pain et du vin (1) privilégiait surtout la partie de l’office religieux appelé « liturgie eucharistique ».

    En guise de prolongement, le présent parchemin a pour objectif de sensibiliser davantage nos lecteurs à la partie de la messe catholique désignée autrefois sous le vocable « offertoire ».

    Le pain et le vin

    Comme signes de l’Eucharistie, nourriture de vie éternelle, Jésus a choisi des signes de la nourriture la plus ordinaire : le pain et le vin. Le pain est la nourriture de base, et le symbole de toutes les ressources vitales de l’homme. Le vin exprime le caractère joyeux de la Création : il est signe de fête.

    Le pain et le vin sont aussi le « fruit du travail des hommes ». Ils évoquent chacun l’effort et le renoncement : pour que l’Homme « gagne son pain », la terre est labourée, le blé est semé, récolté, broyé, pétri….  La vigne est, elle aussi, objet de soins attentifs : on la plante, on la taille, on récolte le raisin que l’on presse pour obtenir le jus qui se transformera en vin. Toutefois, les efforts de l’Homme ne suffisent pas : pain et vin sont  aussi le « fruit de la terre », du soleil et de l’eau, et donc également un don.

    Jésus a donc choisi 2 signes « cosmiques », sorte de résumé de toute la vie et de tout l’environnement de l’Homme, pour en faire son corps et son sang.

    Extrait du site de l’association paroissiale de Villepreux-Les Clayes : « L’eucharistie »

     * 59 - L'offrande

    Que représente l’offrande présentée lors de l’offertoire ?

    Au moment où pain et vin sont faits offrandes pour la messe, c'est l'un des événements les plus importants de la célébration de la Sainte Eucharistie, car il représente le moment où les paroissiens ouvrent leur cœur, pour s'imprégner de l'amour de Dieu et suivre son exemple.

    Il est bien que ce soient les fidèles qui présentent au prêtre le pain et le vin, parce qu’ils signifient l’offrande spirituelle de l’Église recueillie là pour l’Eucharistie. Même si aujourd’hui, les fidèles n’apportent plus, comme autrefois, leur propre pain ou vin destinés à la liturgie, le rite de la présentation de ces dons conserve toutefois sa valeur et sa signification spirituelle.

    Par la prière dite sur les offrandes, le prêtre demande à Dieu d’accepter les dons que l’Église lui offre, en invoquant le fruit de l’admirable échange entre notre pauvreté et sa richesse. Dans le pain et le vin, nous lui présentons l’offrande de notre vie, afin qu’elle soit transformée par l’Esprit-Saint dans le sacrifice du Christ et devienne avec lui une seule offrande spirituelle qui plaise au Père. Tandis que se conclut ainsi la préparation des dons, on se dispose à la prière eucharistique.

    Père Roger Gomis – La Croix Africa – Le site de l’actualité religieuse

     * 59 - L'offrande

    Pourquoi du pain et du vin ?

    Par respect du choix de Jésus, le prêtre consacre toujours du pain et du vin.

    Et pourquoi Jésus a-t-il choisi de se donner sous les humbles apparences du pain et du vin ? Eh bien, parce que le pain et le vin étaient la nourriture de base des Hébreux. Symboles de la vie humaine (sans eux, nous ne pourrions pas vivre), le Christ exprime ainsi, en les choisissant, le don de sa vie.

    Le pain rappelle aussi que Jésus a vécu sa Passion un peu comme le blé est moulu pour en faire de la farine. Sur le pressoir de la Croix, son sang a été versé pour sauver l’humanité.

    Enfin, le pain, fait d’une multitude de grains de blé, et le vin, fait d’une multitude de grains de raisins, sont une belle image de l’Église, composée d’une multitude d’hommes, mais unis par le Corps du Christ.

    Les Hébreux avaient l’habitude, lors des premières récoltes, d’offrir en sacrifice du pain azyme (car le levain provient de vieux pain) pour remercier le Créateur.

    Puis intervint ce moment fondamental de l’histoire juive : la libération d’Égypte. Dans leur hâte, les Hébreux n’eurent pas le temps de faire lever le pain de leur dernier repas et mangèrent du pain azyme.

    Marie de Varax – Famille chrétienne – Le 19/09/2013

    Dans l’Ancienne Alliance, le pain et le vin ont été offerts en sacrifice (…), en signe de reconnaissance au Créateur. Mais ils reçoivent aussi une nouvelle signification dans le contexte de l’Exode : les pains azymes qu’Israël mange chaque année à la Pâque, commémorent la hâte du départ libérateur d’Égypte. Le souvenir de la manne du désert rappellera toujours à Israël qu’il vit du pain de la Parole de Dieu. Enfin, le pain de tous les jours est le fruit de la Terre promise, gage de la fidélité de Dieu à ses promesses. La « coupe de bénédiction », à la fin du repas pascal des juifs, ajoute à la joie festive du vin une dimension eschatologique, celle de l’attente messianique du rétablissement de Jérusalem. Jésus a institué son Eucharistie en donnant un sens nouveau et définitif à la bénédiction du pain et de la coupe. (Missel roman – n° 1334)

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    Le pain et le vin destinés à la célébration eucharistique

    Fidèle à l´exemple du Christ, l´Église a toujours employé le pain et le vin avec de l´eau pour célébrer le banquet du Seigneur. (Missel roman – n° 319)

    Le pain destiné à la célébration eucharistique doit être du pain de pur froment, de confection récente, et, selon la tradition ancienne de l´Église latine, du pain azyme. (Missel roman – n° 320)

    La vérité du signe demande que la matière de la célébration eucharistique apparaisse vraiment comme une nourriture. Il convient donc que le pain eucharistique, tout en étant azyme et confectionné selon la forme traditionnelle, soit tel que le prêtre, à la messe célébrée avec peuple, puisse vraiment rompre l´hostie en plusieurs morceaux, et les distribuer au moins à quelques fidèles. Cependant, on n´exclut aucunement les petites hosties quand le nombre des communiants et d´autres motifs pastoraux en exigent l’emploi. Mais le geste de la fraction du pain, qui désignait à lui seul l´Eucharistie à l´âge apostolique, manifestera plus clairement la valeur et l´importance du signe de l´unité de tous en un seul pain, et du signe de la charité, du fait qu´un seul pain est partagé entre frères. (Missel roman – n° 321)

    Le vin de la célébration eucharistique doit provenir du fruit de la vigne (cf. Lc 22, 18), être naturel et pur, c´est-à-dire sans mélange de substances étrangères. (Missel roman – n° 322)

    Extrait de la présentation générale du Missel roman – Chapitre VI – Ce qui est requis pour la célébration de  la messe

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    L’offrande des fidèles

    De ces offrandes apportées par les fidèles, il est souvent question dans la prière qui conclut l’offertoire : « Reçois Seigneur, les offrandes de tes fidèles […] : que les dons offerts par chacun pour glorifier servent au salut de tous. » Naturellement, il ne s’agit pas de la quête !

    Nos actuelles prières sur les offrandes, qui étaient à l’origine la seule prière dite par le célébrant à ce moment de la messe, remontent pour la plupart à la grande période de composition des textes liturgiques, de la fin du Vème siècle au début du VIIème et, à cette époque, l’offrande des fidèles était bien réelle : ceux qui participaient à l’eucharistie, de l’évêque au dernier des fidèles, apportaient eux-mêmes le pain et le vin qui allaient être consacrés. Diacres et sous-diacres recueillaient ce qui était apporté, mettant à part ce qui allait être offert sur l’autel. Ces textes anciens et certaines représentations nous montrent ce moment, les fidèles apportant sur un linge des pains entrelacés qui ressemblent à de gros bretzel, coronae, ou de simples petits pains entaillés par une croix. Le vin était contenu dans de petits vases, ampullae, que les diacres prenaient pour les verser dans un grand calice, scyphus.

    Cela pouvait donner lieu à des scènes pittoresques : on lit dans la vie de saint Grégoire le Grand l’histoire de cette femme qui ne pouvait pas croire que l’hostie était le Corps du Christ, parce qu’elle avait reconnu à la communion le pain qu’elle avait elle-même pétri de ses mains ! Et Grégoire de Tours raconte, lui, la mésaventure arrivée à cause d’un sous-diacre peu scrupuleux qui subtilisait le bon vin de Gaza offert par une matrone pour le remplacer par un affreux vinaigre : le célébrant crut en perdre ses dents et ne dut son salut qu’à l’intercession de saint Martin.

    L’offrande directe effectuée par les fidèles perdit progressivement de son importance, surtout lorsque s’introduisit l’usage de n’utiliser pour la communion que du pain azyme et que l’on cessa de faire communier les fidèles au calice. A l’époque carolingienne, c’était chose faite. L’usage de l’offrande se poursuivit cependant, mais cette fois pour apporter toutes sortes de choses destinées à répondre aux besoins matériels des églises, en particulier l’huile pour les lampes et la cire pour les cierges, de l’argent. Telle semble l’origine de notre quête, ou plutôt de la quête faite à ce moment de la célébration. Les rubriques de la traduction actuelle du Missel s’efforcent de retrouver une partie de la symbolique de ce geste antique, en précisant : « il est bon que les fidèles manifestent leur participation […], en apportant le pain et le vin pour la célébration de l’eucharistie ». De même à la vigile pascale, lorsqu’il y a des baptêmes, le Missel précise qu’ « il convient que le pain et le vin soient apporté par les nouveaux baptisés ».

     * 59 - L'offrande

    Comme cette eau se mêle au vin.

    Même sans compter les sous-diacres indélicats, les vins de l’Antiquité n’étaient pas toujours d’une qualité excellente, et on les buvait toujours coupés d’eau. C’est de là que vient l’usage de rajouter au vin qui va être consacré un peu d’eau.

    On a très tôt rattaché à cette pratique une signification symbolique : l’évêque de Carthage saint Cyprien (+258) atteste déjà dans une lettre à ses collègues évêques d’Afrique du Nord que l’eau symbolise notre humanité qui se mêle à la divinité du Sauveur : « Quand dans le calice l’eau se mêle au vin, c’est le peuple qui se mêle avec le Christ et la foule des croyants qui se joint et s’unit à celui en qui elle croit. »

    Lorsque dans le Haut Moyen Âge (XIème siècle), on se mit à accompagner d’une formule tous les gestes de la préparation des offrandes, on adapta, pour expliquer ce symbolisme, une très ancienne oraison de Noël : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a voulu prendre notre humanité. » Ce geste est le plus souvent accompli discrètement et la formule, dite à voix basse : cela ne nous empêche pas de prêter attention à la belle idée qu’elle exprime.

     * 59 - L'offrande

    Orate fratres

    Un des changements les plus significatifs de la nouvelle traduction du Missel est le retour à l’intégralité de la formule par laquelle, avant de dire la prière sur les offrandes le célébrant invite l’assemblée à se joindre à lui : « priez frères et sœurs : que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre soit agréable à Dieu le Père tout-puissant. » Cette mention de « mon sacrifice » et « le vôtre » s’explique par l’apport des offrandes que nous venons d’évoquer : le célébrant, après avoir joint sa propre offrande à celle de tous, se tournait vers les fidèles pour demander leur prière.

    Dans beaucoup de sacramentaires anciens, on voit que les fidèles ne répondaient rien ! Ce n’est que vers le XIème siècle là encore, que s’est généralisée la réponse actuelle : « Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice à la louange et à la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute l’Église. » La formule était longue et pas facile à mémoriser : très vite, on la réserva aux seuls clercs entourant le célébrant.

    La nouvelle traduction du Missel nous invite à faire le petit effort nécessaire pour l’apprendre… et pour la vivre. Il n’est peut-être pas inutile, au moment d’entrer dans la célébration eucharistique, d’être incités à nous joindre activement à ce que va faire le prêtre.

    Paul Claudel le souligne plaisamment dans un poème de la Messe là-bas : « Le Seigneur est avec vous, mes frères. Mais vous, mes frères, êtes-vous avec moi ? ».

    Abbé Bruno Martin, recteur de la cathédrale de Saint-Etienne

     

    Synthèse de recherches proposée par les Frères Jean-Paul VS et André B,

    Chevaliers et Grands Officiers de l’Ordre de la Sainte-Croix de Jérusalem

    Références :

    https://villepreuxlesclayes.catho78.fr/leucharistie/

    https://africa.la-croix.com/que-represente-loffrande-presentee-lors-de-loffertoire/

    https://www.famillechretienne.fr/foi-chretienne/fondamentaux-de-la-foi/vivre-la-messe-7-l-offertoire-ce-n-est-pas-juste-des-pieces-jaunes-a-offrir-!-122936

    https://www.paroissesaintvincentdesbuis.com/le-sacrement-de-l-eucharistie

    https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/ccdds/documents/rc_con_ccdds_doc_20030317_ordinamento-messale_fr.html#I_-_LE_PAIN_ET_LE_VIN_DESTINES__A_LA_C%C3%89L%C3%89BRATION_EUCHARISTIQUE

    Magnificat de juillet 2022 page 406 à 409


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