• * 230815 - Assomption de la Vierge Marie

    230815 – Liturgie du mardi 15 août 2023

     Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie 

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    Introduction :

    Une croyance, une fête, un dogme

    Malgré la discrétion des Évangiles, les premiers chrétiens n’ont pas mis longtemps à réfléchir à la place de Marie dans leur foi. Ils ont rapidement voulu célébrer ses derniers moments, comme ils le faisaient pour honorer leurs saints. À cause du caractère unique de sa coopération, une croyance s’est répandue : son «endormissement» – sa Dormition – consiste en réalité en son élévation, corps et âme, au ciel par Dieu.

    La fête exprime cette croyance : chaque 15 août, les chrétiens célèbrent à la fois la mort, la résurrection, l’entrée au paradis et le couronnement de la Vierge Marie.

    Église catholique en France

    L'Assomption de Marie

    Appelée « Dormition » dans la tradition orientale, l’Assomption est la croyance religieuse orthodoxe et catholique selon laquelle la Vierge Marie, mère de Jésus, n'est pas morte comme tout un chacun mais est entrée directement dans la gloire de Dieu (ce qu'on traduirait communément par « montée au ciel »). L'expression « après avoir achevé le cours de sa vie terrestre » utilisée par le Pape, laisse ouverte la question de savoir si la Vierge Marie est décédée avant son Assomption, ou si elle a été élevée avant la mort.

    D’après Wikipédia

    « Tous d'un même cœur, étaient assidus à la prière, avec quelques femmes, dont Marie, mère de Jésus et avec ses frères ». (Actes 1. 14)

    Telle est la dernière mention explicite dans le Nouveau Testament, de Marie, dont on sait qu'après la mort de Jésus, le disciple Jean l'a prise chez lui. Que devient-elle alors ? Une tradition la fait vivre quelque temps avec Jean à Ephèse. Mais c'est sans doute à Jérusalem qu'elle termine son séjour terrestre. D'après des récits apocryphes remontant au 5ème siècle, les apôtres furent mystérieusement avertis de se retrouver à Jérusalem. Ils purent alors entourer la Mère de Dieu lors de ses derniers instants et de sa Dormition. Trois jours après sa mort, les anges enlevèrent le corps ressuscité de Marie vers le ciel. L'événement marial de ce jour correspond à la fois à la mort, à la résurrection et à l'Ascension du Christ. Au 6ème siècle, l'empereur byzantin étend à l'ensemble de l'Église byzantine une fête mariale le 15 août et lui donne le nom de Dormition de la Mère de Dieu. Cette fête se répand ensuite dans l'Église universelle. En Occident elle prend le nom d'Assomption. Les deux dénominations ne font que mettre l'accent sur deux aspects du même mystère.

    Source : Nominis - La fête des prénoms

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    Heureuse es-tu !

    La femme qui a le soleil pour manteau et la lune sous les pieds est une femme bien de chez nous qui a cru, espéré et aimé… jusqu’à ce que Dieu la comble à jamais. « Heureuse es-tu, Vierge Marie, dans la gloire de ton Fils ! ».

    La Croix – Questions de vie – Questions de foi

    Un peu d’histoire

    Le 15 août, a longtemps été jour de procession, nocturne et aux flambeaux. Celle-ci a été pratiquée par l'Église de Rome dans les premiers siècles après Jésus-Christ.

    Puis, le pape saint Pie V a supprimé la déambulation au 16ème siècle. Les processions seront remises à l'honneur par Louis XIII en 1638, année durant laquelle le 15 août est également devenu un jour férié.

    En effet, sans héritier après vingt ans de mariage, le roi Louis XIII demanda à ses sujets de faire, dans chaque paroisse, le 15 août, une procession afin d’avoir un fils. Le miracle eut lieu. Louis XIV naîtra l'année suivante !

    En guise de reconnaissance, en 1638, le roi publia l’Edit officiel qui déclarait prendre la Vierge comme protectrice et patronne du Royaume de France. Le 15 août devint alors fête nationale et jour férié !

    D'après le site « Églises catholique.fr – Saint-Christophe  – Tourcoing »

    La manifestation céleste de la femme 

    « enveloppée de soleil avec la lune sous les pieds et sur sa tête une couronne de 12 étoiles », 

    paraît anticiper l’exaltation de Marie Mère de Dieu, l’Assomption.

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    1ère lecture : « Une Femme, ayant le soleil pour manteau et la lune sous les pieds »...

    Lecture de l’Apocalypse de saint Jean (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

    Le sanctuaire de Dieu, qui est dans le ciel, s’ouvrit, et l’arche de son Alliance apparut dans le Sanctuaire. Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. Sa queue, entraînant le tiers des étoiles du ciel, les précipita sur la terre. Le Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Alors j’entendis dans le ciel une voix forte, qui proclamait : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! ».

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    Commentaire 1 a :

    • Les visions de l’Apocalypse s’expriment dans un langage codé. Elles révèlent que Dieu arrache ses fidèles à toute forme de mort. Par transposition, la vision du signe grandiose peut être appliquée à Marie.
    • Le Livre de l’Apocalypse a été composé dans l’ambiance des persécutions qui s’abattaient sur la jeune Église, encore si fragile. Le prophète chrétien évoque ces événements dans un langage codé, où les animaux terrifiants désignent les persécuteurs. La Femme peut représenter l’Église, nouvel Israël, ce que suggère le nombre douze (les étoiles). Son enfantement, c’est celui du baptême qui doit donner à la terre une nouvelle humanité. Le Dragon, c’est le persécuteur, qui met tout en œuvre pour détruire ce nouveau-né. Mais le persécuteur n’aura pas le dernier mot, car la puissance de Dieu est à l’œuvre pour protéger son enfant. En proclamant ce message pour l’Assomption, nous reconnaissons qu’à la suite de Jésus et en la personne de Marie, la nouvelle humanité est déjà accueillie auprès de Dieu.

    Source : Croire – La Croix

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    Commentaire 1 b :

    La première phrase que nous lisons aujourd'hui est en fait la conclusion du chapitre 11 de l'Apocalypse qui est une annonce de la fin des temps et de la victoire de Dieu sur toutes les forces du mal. Voici, par exemple, une phrase de ce chapitre 11 : « Il y eut dans le ciel de grandes voix qui disaient : Le royaume du monde appartient maintenant à notre Seigneur et à son Christ ; il règnera pour les siècles des siècles » (Ap 11, 15). Donc le ton de notre lecture tout entière est donné.

    Pour exprimer ce message de victoire, comme dans tous les textes de l'Apocalypse, saint Jean emploie de nombreuses images : nous avons vu successivement l'Arche d'Alliance, et trois personnages : la femme, le dragon, puis le nouveau-né. Je reprends successivement ces images, l'une après l'autre.

    • L'Arche d'Alliance, pour commencer, est un rappel de cette fameuse arche, le coffret de bois doré qui accompagnait le peuple pendant l'Exode au Sinaï et rappelait sans cesse au peuple d'Israël l'Alliance que Dieu avait conclue avec lui. A l'époque où Jean écrivait, il y avait des siècles que cette arche était perdue : elle a disparu, on ne sait comment, au moment de l'Exil à Babylone et l'on racontait que Jérémie l'avait mise à l'abri en la cachant quelque part au Mont Nebo (2 M 2, 8). On croyait généralement qu'elle réapparaîtrait au moment de la venue du Messie. Or Jean la voit réapparaître : «Le Temple qui est dans le ciel s'ouvrit, et l'Arche d'Alliance du Seigneur apparut dans son Temple» (11, 19). Pour lui, c'est le signe que la fin des temps est arrivée : l'Alliance éternelle de Dieu avec l'humanité est enfin définitivement accomplie.
    • Puis apparaît, toujours dans le ciel, « une femme ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l'enfantement ». On se demande aussitôt qui représente cette femme : là encore c'est l'Ancien Testament qui nous donne la clé. Car souvent, les relations entre Dieu et Israël, son peuple choisi, sont décrites en termes de noces. Chez Osée par exemple : « Je te fiancerai à moi pour toujours, je te fiancerai à moi par la justice et le droit, l'amour et la tendresse. Je te fiancerai à moi par la fidélité et tu connaîtras le Seigneur » (Os 2, 21 - 22).
    • Et Isaïe développe ce thème des noces pour aller jusqu'à présenter la venue du Messie comme un enfantement. Car c'est d'Israël que doit naître le Messie : « Avant d'être en travail, elle a enfanté, avant que lui viennent les douleurs, elle s'est libérée d'un garçon. Qui a jamais entendu chose pareille ? Qui a jamais vu semblable chose ? Un pays est-il mis au monde en un seul jour ? Une nation est-elle enfantée en une seule fois, pour qu'à peine en travail Sion ait enfanté ses fils ? » (Is 66, 7-8). Dans cette ligne, la femme décrite dans l'Apocalypse désigne donc le peuple élu qui engendre le Messie. Enfantement ô combien douloureux pour les disciples du Christ affrontés à la persécution. Mais Jean vient leur dire justement : vous êtes en train d'enfanter l'humanité nouvelle.
    • Le second personnage est le dragon posté « devant la femme afin de dévorer l'enfant dès sa naissance ». C'est dire le combat des forces du mal contre le projet de Dieu. Pour les chrétiens persécutés auxquels s'adresse l'Apocalypse, le mot « dragon » n'est pas trop fort. Et la description impressionnante dit la violence à laquelle ils sont affrontés : le dragon est «énorme... rouge-feu, avec sept têtes et dix cornes, et sur chaque tête un diadème» : la tête et les cornes disent l'intelligence et la force, le diadème désigne le pouvoir impérial, c'est dire sa réelle capacité de nuire. Et d'ailleurs, il parvient à balayer « le tiers des étoiles du ciel, et à les précipiter sur la terre ». Mais ce n'est que le tiers des étoiles, justement, ce n'est donc qu'un semblant de victoire et la suite du texte va nous dire que ce pouvoir du mal n'est que provisoire.
    • Voici l'enfant maintenant : « La femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer ». Pour les lecteurs de Jean, il désigne évidemment le Messie. Car Jean fait allusion ici à une phrase du psaume 2 qui concernait le Messie : « Le Seigneur m'a dit : Tu es mon fils ; moi, aujourd'hui, je t'ai engendré. Demande-moi, et je te donne les nations en héritage, en propriété les extrémités de la terre. Tu les écraseras avec un sceptre de fer » (Ps 2, 7-9). Le terme de berger était également classique pour parler du Messie.
    • L'image suivante est celle de l'enlèvement de l'enfant « auprès de Dieu et de son trône » : elle symbolise la Résurrection du Christ. Là encore, c'était très clair pour les premiers chrétiens habitués à parler de lui comme le « Premier-Né » désormais assis à la droite de Dieu. Mais son peuple, lui, demeure dans le monde. Comme le dit Jésus dans l'Évangile de Jean « Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux restent dans le monde, tandis que moi je vais à toi » (Jn 17, 11). Un monde difficile, mais où ils sont assurés de la protection de Dieu, c'est le sens du désert qui est encore un rappel de l'Exode au cours duquel Dieu n'a cessé de prendre soin de son peuple. Que les croyants se rassurent donc, si le dragon a échoué dans le ciel, il ne peut réussir sur la terre.

    Aux premiers chrétiens enfantant l'humanité nouvelle dans la douleur de la persécution, l'Apocalypse vient donc annoncer la victoire : « Voici maintenant (depuis la résurrection du Messie) le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! ».

    Compléments :

    • La lecture liturgique ne propose pas la fin de 11, 19, mais il vaut la peine de le lire : la mise en scène de ce verset (éclairs, voix, tonnerre, tremblement de terre) nous reporte bien au temps de la conclusion de l'Alliance au Sinaï. « Alors il y eut des éclairs, des voix, des tonnerres, un tremblement de terre et une forte grêle » (Ap 11, 19 à comparer avec « Le troisième jour, quand vint le matin, il y eut des voix, des éclairs, une nuée pesant sur la montagne et la voix d'un cor très puissant » (Ex 19, 16).
    • Comme on le sait, l'Apocalypse s'adresse à des chrétiens persécutés pour les soutenir dans leur épreuve : son contenu, de bout en bout, est donc un message de victoire. Mais tout est codé, à nous de le décrypter. Ici, dès les premiers mots, l'auteur affirme que le dragon ne pourra faire échec au salut de Dieu.
    • A propos du sceptre de fer du Messie, il faut relire également la prophétie de Balaam (Nb 24, 17).
    • Une relecture chrétienne postérieure a parfois appliqué cette vision à la Vierge Marie, mais ce n'est certainement pas l'intention de l'auteur. La liturgie chrétienne nous donne à lire cette vision pour la fête de l'Assomption de la Vierge parce que celle-ci peut être considérée comme la première bénéficiaire du triomphe du Christ.
    • On peut évidemment rapprocher le combat du dragon contre la femme du récit de la Genèse : « Je mettrai l'hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance. Celle-ci te meurtrira à la tête et toi tu la meurtriras au talon » (Gn 3, 15).
    • Ce texte nous propose une très belle définition du salut: la puissance et la royauté de notre Dieu (Ap 12, 10).

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Il est un point sur lequel tous les Pères sont absolument unanimes :

    le Psaume 44 peut et doit s'interpréter de l'union nuptiale du Christ avec son Église.

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    Psaume 44 :

    R/ Debout, à la droite du Seigneur, se tient la reine, toute parée d'or.

    Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille.

    Oublie ton peuple et la maison de ton père : le roi sera séduit par ta beauté. Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.

    R/ Debout, à la droite du Seigneur, se tient la reine, toute parée d'or.

    Alors, les plus riches du peuple, chargés de présents, quêteront ton sourire.

    Fille de roi, elle est là, dans sa gloire, vêtue d’étoffes d’or ; on la conduit, toute parée, vers le roi.

    R/ Debout, à la droite du Seigneur, se tient la reine, toute parée d'or.

    Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ; on les conduit parmi les chants de fête : elles entrent au palais du roi.

    R/ Debout, à la droite du Seigneur, se tient la reine, toute parée d'or.

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    Commentaire 2 a :

    Ce psaume est un vieux chant célébrant les noces d’une reine. Et les noces symbolisent l’union la plus intime et la plus festive. C’est bien vers ces noces que marche l’Église, à la suite de Notre Dame.

    Source : Croire – La Croix

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    Commentaire 2 b :

    Aujourd'hui, nous ne lisons que la deuxième partie du psaume 44 (45), qui s'adresse à la fiancée du roi de Jérusalem, le jour de son mariage. La première parie du psaume, elle, parle du roi lui-même. Il est couvert d'éloges, comme il se doit, par exemple : « Tu es beau, comme aucun des enfants de l'homme, la grâce est répandue sur tes lèvres : oui, Dieu te bénit pour toujours ». En plus de toutes les vertus, on lui promet un règne glorieux et on lui rappelle que c'est Dieu lui-même qui l'a choisi : « Oui, Dieu, ton Dieu t'a consacré, d'une onction de joie, comme aucun de tes semblables ».

    La seconde partie du psaume, celle que nous chantons ce jour, pour la fête de l'Assomption, s'adresse à la jeune princesse qui va devenir l'épouse du roi. A un premier niveau, ce psaume semble donc décrire des noces royales : le roi d'Israël s'unit à une princesse étrangère pour sceller l'alliance entre deux peuples. Et, bien sûr, en Israël comme ailleurs, c'était un cas de figure classique. Tout au long de l'histoire des hommes, on a pu voir des alliances entre états scellées par des mariages.

    Mais, la religion d'Israël étant l'Alliance exclusive avec le Dieu unique, toute jeune fille étrangère devenant reine de Jérusalem devait accepter une contrainte particulière, celle d'épouser également la religion du roi. Concrètement, dans ce psaume, la princesse qui vient de Tyr, nous dit-on, et est introduite à la cour du roi d'Israël, devra renoncer à ses pratiques idolâtriques pour être digne de son nouveau peuple et de son roi : « Ecoute, ma fille, regarde et tends l'oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père ». On sait bien, par exemple, que ce fut un problème crucial à l'époque du roi Salomon qui avait épousé des étrangères, donc des païennes. Puis plus tard, au temps du roi Achab et de la reine Jézabel : on se souvient du grand combat engagé par le prophète Élie contre les nombreux prêtres et prophètes de Baal que la reine Jézabel avait amenés avec elle à la cour de Samarie.

    Bien sûr, pour qui sait lire entre les lignes, ces conseils donnés à la princesse de Tyr s'adressent en réalité à Israël. L'époux royal décrit dans ce psaume n'est autre que Dieu lui-même et cette « fille de roi, conduite toute parée vers son époux », c'est le peuple d'Israël admis dans l'intimité de son Dieu.

    Une fois de plus, on est impressionné de l'audace des auteurs de l'Ancien Testament pour décrire la relation entre Dieu et son peuple, et, à travers lui, toute l'humanité. C'est le prophète Osée qui, le premier, a comparé le peuple d'Israël à une épouse : «Je vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur... Elle répondra comme au temps de sa jeunesse, au jour où elle monta du pays d'Égypte. Et il adviendra en ces jours-là - oracle du Seigneur - que tu m'appelleras mon mari» (Os 2, 16... 18). A sa suite Jérémie, Ezéchiel, le deuxième et le troisième Isaïe ont développé ce thème des noces entre Dieu et son peuple. Et on retrouve chez eux tout le vocabulaire des fiançailles et des noces : les noms tendres, la robe nuptiale, la couronne de mariée, la fidélité. Par exemple « Ainsi parle le Seigneur : je te rappelle ton attachement du temps de ta jeunesse, ton amour de jeune mariée ; tu me suivais au désert » (Jr 2, 2). « De l'enthousiasme du fiancé pour sa promise, ton Dieu sera enthousiasmé pour toi » (Is 62, 5).

    Quant au Cantique des Cantiques, long dialogue amoureux, composé de sept poèmes, nulle part il n'identifie les deux amoureux qui s'y expriment. Mais les Juifs l'ont toujours lu comme le dialogue entre Dieu et son peuple. La preuve, c'est qu'ils le lisent tout spécialement pendant la célébration de la Pâque, la grande fête de l'Alliance de Dieu avec Israël. Pour être précis, ils le lisent au cours du sabbat qui a lieu pendant la semaine de la célébration de leur Pâque qui dure une semaine.

    Malheureusement, cette épouse, trop humaine, fut souvent infidèle, traduisez idolâtre, et ces mêmes prophètes traiteront d'adultères les infidélités du peuple, c'est-à-dire ses retombées dans l'idolâtrie. Le vocabulaire alors parle de jalousie, adultère, et aussi de retrouvailles et de pardon, car Dieu est toujours fidèle. Isaïe, par exemple, parle des errements d'Israël en termes de déception amoureuse. C'est le fameux chant de la vigne : « Je chanterai pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne. Mon ami avait une vigne sur un coteau plantureux. Il en attendait de beaux raisins, mais elle en donna de mauvais... La vigne du Seigneur, c'est la maison d'Israël, le plant qu'il chérissait, ce sont les hommes de Juda. Il en attendait le droit, et voici l'iniquité... » (Is 5, 1... 7). Et le prophète Osée, visant les cultes idolâtriques, traite Israël de prostituée.

    Mais sans cesse, Dieu promet la réconciliation : « Ne crains pas car tu n'éprouveras plus de honte... Quand les montagnes feraient un écart et que les collines seraient branlantes, mon amour loin de toi jamais ne s'écartera et mon alliance de paix jamais ne s'ébranlera, dit celui qui te manifeste sa tendresse, le Seigneur » (Is 54, 4... 10).

    On peut se demander pourquoi l'idolâtrie tient tant de place dans les discours des prophètes ? Parce qu'il ne s'agit pas de noces humaines, justement, et que l'enjeu est très grave : comme toujours, Israël sait bien que son élection n'est pas exclusive. Ce n'est que par sa fidélité à Dieu que le peuple élu pourra remplir sa vocation de témoin pour toutes les nations. Car, en définitive, la Bible ose penser que c'est l'humanité tout entière que Dieu a demandée en mariage. Mais comment l'humanité le saura-t-elle si personne ne le lui dit ?

    Lorsque l'Église chrétienne célèbre l'Assomption de Marie, et son introduction dans la gloire de Dieu, elle entrevoit déjà par avance l'entrée de l'humanité tout entière, à sa suite dans l'intimité de son Dieu.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Paul écrit à des chrétiens qui doutent de la résurrection des morts.

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    Épître : « En premier, le Christ ; ensuite, ceux qui lui appartiennent ».

    Lecture de la Première Lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (1 Co 15, 20-27a)

    Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. En effet, de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie, mais chacun à son rang : en premier, le Christ, et ensuite, lors du retour du Christ, ceux qui lui appartiennent. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance. Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    Commentaire 3 a :

    L’Assomption est une forme privilégiée de résurrection. Elle a son origine dans la Pâque de Jésus et elle manifeste l’émergence d’une nouvelle humanité, dont le Christ est la tête, comme nouvel Adam.

    Tout le chapitre 15 de cette épître est une longue démonstration de la résurrection. Des extraits en sont proposés pour les liturgies des défunts. Dans le passage retenu pour la fête de l’Assomption, l’apôtre présente comme une généalogie de la résurrection et un ordre de priorité dans la participation à ce grand mystère. Le premier, c’est Jésus, qui est le début d’une nouvelle humanité. Voilà pourquoi l’Apôtre le désigne comme un nouvel Adam, mais qui se distingue absolument du premier Adam. Celui-ci avait entraîné l’humanité dans la mort, alors que le nouvel Adam conduit ceux qui le suivent vers la vie. L’apôtre n’évoque pas Marie, mais si nous proclamons cette lecture pour l’Assomption, c’est que nous reconnaissons la place éminente de la Mère de Dieu dans le grand mouvement de la résurrection.

    Source : Croire – La Croix

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    Commentaire 3 b :

    Le jour où nous célébrons l'Assomption de la Vierge, la liturgie nous propose une méditation de Paul sur la résurrection du Christ opposée à la mort d'Adam. Nous avons donc là une piste de réflexion : qu'ont-ils de commun, le Christ et Marie ? Et que n'a pas Adam ?

    Justement, l'Évangile de la Visitation (que nous lisons également aujourd'hui) nous fait contempler en Marie la croyante : «Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur», lui dit Élisabeth. Elle a cru, c'est-à-dire elle a accepté d'entrer dans le projet de Dieu sur elle, sans tout comprendre. Sa réponse à l'Ange est le modèle des croyants : « Qu'il me soit fait selon ta Parole » (Lc 1, 38). Et pourtant, plus d'une fois, « un glaive a transpercé son âme », comme le lui avait prédit Siméon (Lc 2, 35). Ce qui résume le mieux son attitude, c'est peut-être sa phrase : « Je suis la servante du Seigneur ». Elle accepte tout simplement de mettre sa vie au service de l'œuvre de Dieu. Et dans le chant du Magnificat, elle nous dit bien quelles sont ses préoccupations profondes : puisque, spontanément, elle relit sa propre vie à la lumière du grand projet de Dieu sur son peuple, « de la promesse faite à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa race à jamais ».

    Depuis toujours, dans la Bible, on avait compris que c'est la seule chose qui nous soit demandée, être prêts à dire « me voici ». Abraham, Moïse, Samuel sollicités par Dieu avaient su répondre ainsi. Et grâce à eux, l'œuvre de Dieu a pu chaque fois franchir une étape.

    Le Christ, à son tour, refait cet itinéraire du croyant et le Nouveau Testament ne cesse de nous le donner en exemple. Dans l'épisode des Tentations, il est celui qui répond à toutes les sollicitations du tentateur par les seules paroles de la foi. Et s'il nous enseigne à dire, dans le Notre Père « Que ta volonté soit faite », c'est bien parce que c'est son principal souci. Comme il le dit à ses apôtres dans l'épisode de la Samaritaine « ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre » (Jn 4, 34). Au jardin de l'agonie, il ne se dément pas : «Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Pourtant, non pas comme je veux, mais comme tu veux !» (Mt 26, 39). Et quand l'auteur de la Lettre aux Hébreux résume toute la vie de Jésus, il écrit : « En entrant dans le monde (c'est-à-dire dès son entrée dans le monde), le Christ dit : voici je suis venu pour faire ta volonté » (He 10, 5... 10). Si, de tout temps et quoi qu'il arrive, Jésus se soumet à la volonté de son père, c'est parce qu'il fait confiance. De lui aussi, on pourrait dire «heureux celui qui a cru...». Sa résurrection vient prouver que le chemin qu'il a choisi, celui de la foi, était bien le chemin de la vie, même si la mort corporelle en a fait partie.

    Paul, que ce soit dans la Lettre aux Romains, ou dans celle-ci aux Corinthiens, ne cesse d'opposer ce comportement du Christ à celui d'Adam : Adam est celui à qui tout est proposé, l'arbre de vie, comme aussi la maîtrise sur la création. Mais il se méfie, il ne croit pas à la bienveillance de Dieu. Il refuse de se soumettre au moindre commandement. Le propos de Paul n'est pas de nous dire ce qui se serait passé si un certain Adam n'avait pas péché. Son propos c'est de nous rappeler qu'il n'y a qu'un seul chemin qui mène à la vie, c'est-à-dire à l'entrée dans la joie de Dieu. A partir du jour où Adam se met à douter de Dieu, il tourne le dos à l'arbre de vie : et c'est bien au présent qu'il faut parler. Car, pour Paul, Adam n'est pas un homme du passé, il est un type d'homme. Comme disent les rabbins « Chacun est Adam pour soi ».

    On comprend mieux du coup la phrase de Paul : « C'est en Adam que meurent tous les hommes ». C'est en nous comportant comme Adam que nous nous éloignons de Dieu et nous coupons de la vie véritable qu'il veut nous donner en abondance. A l'inverse, choisir comme le Christ le chemin de la confiance, quoi qu'il arrive, c'est faire un pas sur le chemin de la vraie vie. Comme dit Jésus dans l'Évangile de Jean : « la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jn 17, 3). Or connaître, en langage biblique, c'est croire, aimer, faire confiance. Comme le dit Paul, « c'est dans le Christ que tous revivront », c'est-à-dire en nous greffant sur lui, en adoptant le même comportement que lui.

    Peut-être le mystère de l'Assomption de Marie peut-il nous aider à entrevoir un peu le projet de Dieu quand l'homme ne l'entrave pas. Marie est pleinement humaine, mais elle n'a jamais agi à la manière d'Adam. Elle connaît le destin que tout homme aurait dû connaître s'il n'y avait pas eu la chute. Or elle a connu, comme tout homme, toute femme, le vieillissement. Et un jour, elle a quitté la vie terrestre, elle a quitté ce monde, tel que nous le connaissons. Elle s'est endormie pour entrer dans un autre mode de vie auprès de Dieu. On parle de la « dormition » de la Vierge.

    On peut donc affirmer deux choses : Premièrement, notre corps n'a jamais été programmé pour durer tel quel éternellement sur cette terre, et nous pouvons en avoir une idée en regardant Marie. Elle, la toute pure, pleine de grâce, s'est endormie. Deuxièmement, Adam a contrecarré le projet de Dieu et la transformation corporelle que nous aurions dû connaître, la «dormition» est devenue mort, avec son cortège de souffrance et de laideur. La mort, telle que nous la connaissons, si douloureusement, est entrée dans le monde par le fait de l'humanité elle-même.

    Mais là où nous avons introduit les forces de mort, Dieu peut redonner la vie. Jésus a été tué par la haine des hommes, mais Dieu l'a ressuscité. Lui, le premier ressuscité, il nous fait entrer dans la vraie vie, celle où règne l'amour.

    De Marie, Élisabeth disait : « heureuse celle qui a cru... ». Jésus applique cette béatitude à tous ceux qui croient : «Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique» (Lc 8, 21).

    Complément

    Le Ressuscité est apparu un jour à Saül de Tarse en route vers Damas. Ce jour-là, la royauté du Christ s'est imposée à lui comme une évidence ! Désormais, cette certitude habitera toutes ses paroles, toutes ses pensées. Car, pour lui, il n'y avait plus de doute possible : Jésus-Christ, vainqueur de la mort, l'est également de toutes les forces du mal. Il est donc, sans hésitation possible, le Messie attendu depuis des siècles. C'est pourquoi, au fil des lettres de Paul, on reconnaît toutes les expressions de l'attente messianique de l'époque : « Tout sera achevé quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal ». Ou encore « Il doit régner jusqu'au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis » comme l'avait annoncé le psaume 110 (109).

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Alléluia. Alléluia.
    Heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent !
    Alléluia.

    L'exultation de Marie est la nôtre,

    c'est la joie de chaque chrétien qui rend grâce pour tous les bienfaits reçus du Seigneur.

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    Évangile : « Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles ».

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Lc 1, 39-56)

    En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ».

    Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais ».

    Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    Commentaire 4 a :

    • Dans son cantique, Marie annonce toute l’œuvre que Dieu allait réaliser en elle et dans le peuple de Dieu, pour la suite des temps.
    • Depuis les débuts les puissants de la terre ont cherché à dépasser la mort et à survivre dans le temps. Mais en cette fête de l’Assomption, avec Marie nous proclamons que Dieu offre la résurrection sans faire de discrimination entre puissants et petits : « Il disperse les superbes, il élève les humbles». Les humbles, ce sont ceux qui croient à l’accomplissement des paroles de Dieu et se mettent en route, ceux qui accueillent jusqu’au plus intime de leur être la Vie nouvelle, le Christ, pour le porter dans notre monde. Dieu se penche sur eux et accomplit en eux des merveilles. Marie en témoigne. Elle est à la fois bénéficiaire et actrice dans l’œuvre de Dieu : elle a été visitée par l’Esprit Saint et elle porte le visiteur, le Fils de Dieu, en son sein, à la rencontre des fidèles qui attendaient le salut, comme Élisabeth.

    Source : Croire – La Croix

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    Commentaire 4 b :

    Nous sommes encore au tout début de l'Évangile de Luc. Il y a eu, d'abord, les deux récits d'Annonciation : à Zacharie pour la naissance de Jean-Baptiste, puis à Marie pour la naissance de Jésus. Et voici ce récit que nous appelons couramment la «Visitation». Tout ceci a plutôt les apparences d'un récit de famille, mais il ne faut pas s'y tromper : en fait, Luc écrit une œuvre éminemment théologique. Il faut sûrement donner tout son poids à la phrase centrale de ce texte : « Élisabeth fut remplie de l'Esprit Saint, et s'écria d'une voix forte ». Cela veut dire que c'est l'Esprit Saint en personne qui parle pour annoncer dès le début de l'Évangile ce qui sera la grande nouvelle de l'Évangile de Luc tout entier : celui qui vient d'être conçu est le «Seigneur».

    Et quelles sont ces paroles que l'Esprit inspire à Élisabeth ? « Tu es bénie... le fruit de tes entrailles est béni » : ce qui veut dire Dieu agit en toi et par toi et Dieu agit en ton fils et par ton fils. Comme toujours l'Esprit Saint est celui qui nous permet de découvrir dans nos vies et celle des autres, tous les autres, la trace de l'œuvre de Dieu.

    Luc n'ignore certainement pas non plus que la phrase d'Élisabeth « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni » reprend au moins partiellement une phrase de l'Ancien Testament. C'est dans le Livre de Judith (Jdt 13,18-19) : quand Judith revient de l'expédition dans le camp ennemi, où elle a décapité le général Holopherne, elle est accueillie dans son camp par Ozias qui lui dit : « tu es bénie entre toutes les femmes et béni est le Seigneur Dieu ». Marie est donc comparée à Judith. Et le rapprochement entre ces deux phrases suggère deux choses : la reprise de la formule « tu es bénie entre toutes les femmes » laisse entendre que Marie est la femme victorieuse qui assure à l'humanité la victoire définitive sur le mal. Quant à la finale (pour Judith « béni est le Seigneur Dieu » et pour Marie « le fruit de tes entrailles est béni »), elle annonce que le fruit des entrailles de Marie est le Seigneur lui-même. Décidément, ce récit de Luc n'est pas seulement anecdotique !

    Au passage, on ne peut pas s'empêcher de comparer la force de parole d'Élisabeth au mutisme de Zacharie ! Parce qu'elle est remplie de l'Esprit Saint, Élisabeth a la force de parler. Tandis que Zacharie, lui, ne savait plus parler après le passage de l'ange parce qu'il avait douté des paroles qui lui annonçaient la naissance de Jean-Baptiste.

    Quant à Jean-Baptiste, lui aussi, il manifeste sa joie : Élisabeth nous dit qu'il « tressaille d'allégresse » dès qu'il entend la voix de Marie. Il faut dire que lui aussi est rempli de l'Esprit Saint, comme l'avait annoncé l'ange à Zacharie : « Sois sans crainte, Zacharie, car ta prière a été exaucée. Ta femme Élisabeth t'enfantera un fils et tu lui donneras le nom de Jean. Tu en auras joie et allégresse et beaucoup se réjouiront de sa naissance... il sera rempli de l'Esprit Saint dès le sein de sa mère. »

    Revenons aux paroles d'Élisabeth : « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ? ». Elles aussi nous renvoient à un épisode de l'Ancien Testament : l'arrivée de l'arche d'Alliance à Jérusalem (2 Sam 6, 2-11). Lorsque David se fut installé comme roi à Jérusalem, lorsqu'il eut un palais digne du roi d'Israël, il envisagea de faire monter l'Arche d'Alliance dans cette nouvelle capitale. Mais il était partagé entre la ferveur et la crainte. Il y eut donc une première étape dans la ferveur et la joie : « David réunit toute l'élite d'Israël, trente mille hommes. David se mit en route et partit, lui et tout le peuple qui était avec lui... pour faire monter l'arche de Dieu sur laquelle a été prononcé un nom, le Nom du Seigneur le tout-puissant, siégeant sur les chérubins. On chargea l'arche de Dieu sur un chariot neuf... David et toute la maison d'Israël s'ébattaient devant le Seigneur au son de tous les instruments (de cyprès), des cithares, des harpes, des tambourins, des sistres et des cymbales... ». Mais là se produisit un incident qui rappela à David qu'on ne met pas impunément la main sur Dieu : un homme qui avait mis la main sur l'arche sans y être habilité mourut aussitôt.

    Alors, chez David la crainte l'emporta et il dit « comment l'Arche du Seigneur pourrait-elle venir chez moi ? » Du coup le voyage s'arrêta là : David crut plus prudent de renoncer à son projet et remisa l'Arche dans la maison d'un certain Oved-Edom où elle resta trois mois, apportant le bonheur à cette maison. Voilà David rassuré. « On vint dire au roi David : le Seigneur a béni la maison d’Oved-Edom et tout ce qui lui appartient à cause de l'arche de Dieu. David partit alors et fit monter l'arche de Dieu de la maison d’Oved-Edom à la Cité de David dans la joie... David tournoyait de toutes ses forces devant le Seigneur... David et toute la maison d'Israël faisaient monter l'arche du Seigneur parmi les ovations et au son du cor ».

    On peut penser que Luc a été heureux d'accumuler dans le récit de la Visitation les détails qui rappellent ce récit de la montée de l'arche à Jérusalem : les deux voyages, celui de l'Arche, celui de Marie se déroulent dans la même région, les collines de Judée. L'Arche entre dans la maison d'Oved-Edom et elle y apporte le bonheur (2 Sm 6,12), Marie entre dans la maison de Zacharie et Élisabeth et y apporte le bonheur. L'Arche reste 3 mois dans cette maison d'Oved-Edom, Marie restera 3 mois chez Élisabeth. Enfin David dansait devant l'Arche (le texte nous dit qu'il « sautait et tournoyait ») (2 Sm 6,16), et Luc note que Jean-Baptiste « bondit de joie » devant Marie qui porte l'enfant.

    Tout ceci n'est pas fortuit, évidemment. Luc nous donne de contempler en Marie la nouvelle Arche d'Alliance. Or l'Arche d'Alliance était le lieu de la Présence de Dieu. Marie porte donc en elle mystérieusement cette Présence de Dieu. Désormais Dieu habite notre humanité : « Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous ». Tout ceci grâce à la foi de Marie : Élisabeth lui dit « Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ».

    En guise de réponse aux paroles d'Élisabeth, Marie entonne le Magnificat. Une chose assez surprenante à propos du Magnificat : dans nos Bibles à cette page de saint Luc, on trouve dans la marge des quantités de références à d'autres textes bibliques. Et l'on peut reconnaître des bribes de plusieurs psaumes dans presque toutes les phrases du Magnificat. Ce qui veut dire que Marie n'a pas inventé les mots de sa prière. Pour exprimer son émerveillement devant l'action de Dieu, elle a tout simplement repris des phrases prononcées par ses ancêtres dans la foi.

    Il y a là, déjà, une double leçon : d'humilité d'abord. Spontanément, pourtant mise devant une situation d'exception, Marie reprend tout simplement les expressions de la prière de son peuple. De sens communautaire ensuite : on dirait aujourd'hui de sens de l'Église. Car aucune des citations bibliques reprises dans le Magnificat n'a un caractère individualiste. Elles concernent toujours le peuple tout entier. C'est l'une des grandes caractéristiques de la prière juive et maintenant de la prière chrétienne : le croyant n'oublie jamais qu'il fait partie d'un peuple et que toute vocation, loin de le mettre à l'écart, le met au service de ce peuple.

    Compléments sur les racines bibliques du Magnificat :

    On retrouve dans la prière de Marie les grands thèmes des prières bibliques : j'en retiens au moins quatre : Premièrement, la joie de la foi. Deuxièmement, la fidélité de Dieu à ses promesses et à son Alliance. Troisièmement, l'action de grâce pour l'œuvre de Dieu. Quatrièmement, la prédilection de Dieu pour les pauvres et les petits.

    Premièrement, la joie de la foi : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon sauveur ».On trouve presque la réplique de cette phrase chez Isaïe : « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu » (Is 61, 10 : c'est un texte du troisième Isaïe, donc vers 500 av. J.C). Et cent ans plus tôt, vers 600 av. J.C., Habacuq avait dit : « Je serai dans l'allégresse à cause du Seigneur, j'exulterai à cause du Dieu qui me sauve » (Ha 3, 18). Dans les psaumes, aussi, on trouve des quantités d'expressions de cette joie profonde des croyants. Par exemple, « J'exulte de tout mon cœur et je lui rends grâce en chantant : le Seigneur est la force de son peuple » (Ps 28). « Magnifiez avec moi le Seigneur, exaltons tous ensemble son nom... Rien ne manque à ceux qui cherchent le Seigneur » (Ps 34, 4. 11). « Je jubilerai à cause du Seigneur, j'exulterai, joyeux d'être sauvé » (Ps 35, 9). Et Léa, l'épouse de Jacob, avait déjà dit à propos d'une naissance : « Quel bonheur pour moi ! Car les filles m'ont proclamée heureuse » (Gn 30, 13).

    Deuxièmement, la fidélité de Dieu à ses promesses et à son Alliance : « Toi, Israël, mon serviteur, Jacob, toi que j'ai choisi, descendance d'Abraham, mon ami, toi que j'ai tenu depuis les extrémités de la terre, toi que depuis ses limites j'ai appelé, toi à qui j'ai dit 'Tu es mon serviteur, je t'ai choisi... » (Is 41, 8 - 9). « Tu accorderas à Jacob ta fidélité et ton amitié à Abraham. C'est ce que tu as juré à nos pères depuis les jours d'autrefois » (Mi 7, 20). « Seigneur, pense à la tendresse et à la fidélité que tu as montrées depuis toujours » (Ps 25, 6). « Je danserai de joie pour ta fidélité, car tu as vu ma misère et connu ma détresse » (Ps 31, 8). « Il s'est rappelé sa fidélité, sa loyauté, en faveur de la maison d'Israël. Jusqu'au bout de la terre, on a vu la victoire de notre Dieu » (Ps 98, 3). « Car le Seigneur est bon, sa fidélité est pour toujours, et sa loyauté s'étend d'âge en âge » (Ps 100, 5). « La fidélité du Seigneur, depuis toujours et pour toujours, est sur ceux qui le craignent, et sa justice pour les fils de leurs fils, pour ceux qui gardent son alliance et pensent à exécuter ses ordres » (Ps 103, 17).

    Troisièmement, l'action de grâce pour l'œuvre de Dieu : c'est l'un des thèmes majeurs de la Bible, on le sait bien. Et quand on dit l'œuvre de Dieu, il s'agit toujours de l'unique sujet de toute la Bible, c'est-à-dire son grand projet, son œuvre de libération de l'humanité. Par exemple le psaume 67 : « Que les peuples te rendent grâce, Dieu ! Que les peuples te rendent grâce tous ensemble ! Que les nations chantent leur joie ! » Ou encore : « Il est ta louange, il est ton Dieu, lui qui a fait pour toi ces choses grandes et terribles que tu as vues de tes yeux » (Dt 10, 21). « Si haute est ta justice, Dieu ! Toi qui as fait de grandes choses, Dieu, qui est comme toi ? » (Ps 71, 19). » A son peuple il a envoyé la délivrance, prescrit pour toujours son alliance » (Ps 111, 9).

    Quatrièmement, la prédilection de Dieu pour les pauvres et les petits : et toujours il intervient pour les rétablir dans leur dignité. « Il s'est penché sur son humble servante, désormais tous les âges me diront bienheureuse ». « J'ai le cœur joyeux grâce au Seigneur, et le front haut grâce au Seigneur... Le Seigneur appauvrit et enrichit, il abaisse, il élève aussi. Il relève le faible de la poussière et tire le pauvre du tas d'ordures pour les faire asseoir avec les princes et leur attribuer la place d'honneur » (C'est Anne, la maman de Samuel, qui parle ; 1 S 2, 1. 7. 8). « Il relève le faible de la poussière, il tire le pauvre du tas d'ordures, pour l'installer avec les princes, avec les princes de son peuple » (Ps 113, 7). « Ainsi parle celui qui est haut et élevé, qui demeure en perpétuité et dont le nom est saint : Haut placé et saint je demeure, tout en étant avec celui qui est broyé et qui en son esprit se sent rabaissé, pour rendre vie à l'esprit des gens rabaissés, pour rendre vie au cœur des gens broyés » (Is 57,15). « Le Seigneur a culbuté les trônes des orgueilleux, il a établi les humbles à leur place » (Si 10, 14).

    Comment ne pas dire avec Marie, et tout son peuple avant elle : « Mon âme exalte le Seigneur, j'exulte de joie en Dieu, mon sauveur ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    Homélie :

    1. Marie et Élisabeth se saluent au seuil de la Nouvelle Alliance : l’une est vieillissante, l’autre est encore toute jeune. « Marie partit en hâte », c’est la hâte de l’amour. Le secret de Marie est un secret d’amour. A elles deux, elles résument toute l’histoire sainte. Les longs siècles de préparation se profilent derrière Élisabeth, Marie, rayonnante, sans tache ni ride, annonce une humanité nouvelle. Ces deux femmes ont en commun leur espérance et leur maternité qui les engage toute entière dans le plan de Dieu. Si Marie témoigne que rien n’est impossible à Dieu, son Fils est le propre Fils de Dieu. Elle est dans un silence amoureux, car le mystère qui l’habite la reclut de ce monde qui ne peut pas comprendre un tel mystère. Élisabeth est la première à être introduite dans ce secret du plan d’Amour de Dieu. Dès que le son de la voix de Marie parvient aux oreilles d’Élisabeth, celle-ci sent que son enfant tressaille dans son sein. L’Esprit-Saint fait irruption en elle, lui dévoilant la portée de l’enfant que porte Marie. Dans un grand cri, elle annonce ce que l’Esprit vient de lui révéler. Son cri est une double bénédiction : « Bénie es-tu entre les femmes. Béni le fruit de ton sein ! » Elle a compris, en un éclair, le temps d’un cri, le mystère de Marie. Elle s’efface devant la jeune mère du Messie : « Comment m’est-il donné que vienne à moi la Mère de mon Seigneur ? ».

    2. Le face à face des deux mères transcrit la rencontre invisible des deux enfants. Jésus revêt sa mère de sa dignité de reine. Jean éveille sa mère à l’accueil du mystère des œuvres de Dieu. L’Esprit-Saint veut que l’espérance du monde fût portée par ces deux femmes enceintes, images de l’attente du bonheur : Bienheureuse celle qui a cru qu’il y aurait un accomplissement pour ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ! Le secret de Marie est l’enfant Dieu qu’elle porte dans le secret de son être. C’est le trésor qui est révélé à Élisabeth ! Voilà un monde nouveau qui prend corps. Jésus, que Marie porte, est le Sauveur du monde. Il annonce une ère nouvelle ou l’amour de Dieu est vainqueur de tout ce qui s’oppose à lui. Cette chair humaine qu’il a sanctifiée est désormais promise à la vie éternelle, à l’amour infini de Dieu. La terre est désormais le marchepied du ciel.

    3. Le bonheur de Marie s’enracine dans la foi. C’est la béatitude de tous ceux qui ont bâti leur vie sur la promesse de Dieu. Il y a un accomplissement pour ce qui a été dit de la part du Seigneur. Tout s’accompli selon la promesse, le Christ est venu, il vient, et il viendra. Il est venu dans l’humilité de Noel, il vient dans l’intimité de l’Eucharistie, il viendra dans l’immense clarté de sa gloire. Marie, aujourd’hui, vient encore nous visiter parce que la foi est difficile et que l’espérance retombe vite dans notre cœur. C’est à nous de redire : D’où me vient ce bonheur que vienne jusqu’à moi la Mère de mon Seigneur ? Marie est le chemin d’une humanité nouvelle qui vit pleinement de l’amour infini de Dieu. Elle est le modèle du dépouillement de soi-même devant le choix aimant de Dieu. Elle entre au diapason de l’amour infini de Dieu par sa réponse de foi. Marie permet à la Vie de se répandre par Jésus qu’elle annonce à Élisabeth. Nous sommes de toutes ces générations qui la déclarent bienheureuse !

    Père Gilbert Adam

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    Prières :

    1. Demandons la grâce de demeurer dans ce nouvel amour qui s’épanouira pleinement au ciel.

    Père Gilbert Adam

    2. Dieu éternel et tout puissant, toi qui as fait monter jusqu'à la gloire du ciel, avec son âme et son corps, Marie, la Vierge immaculée, mère de ton Fils : fais que nous demeurions attentifs aux choses d'en haut pour obtenir de partager sa gloire.

    Père Jean-Luc Fabre

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    Conclusion : « Tous ressusciteront ».

    Chers Sœurs et Frères dans la foi,

    Tous ressusciteront ! « Chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ... ». C'est ce que nous enseigne saint Paul dans la deuxième lecture d'aujourd'hui Corinthiens (15, 20-27a).

    Nous soulignons surtout le fait que, parmi tous ceux et toutes celles qui sont au Christ, il y a au premier rang Marie, sa Mère qui l'a aimé depuis le premier jour, qui lui a donné son corps de chair, qui a partagé avec lui les tâches quotidiennes en lui enseignant ce que toute mère transmet à son enfant, celle enfin qui s'est tenue près de lui jusqu'au dernier instant, debout au pied de la croix.

    Celui que nous fêtons, c'est le Christ qui n'a pas attendu son retour glorieux à la fin des temps pour unir à sa gloire cette créature unique entre toutes. Il a choisi de la glorifier sans délai en ne permettant pas que son corps connaisse la corruption du tombeau, mais il l'a aussitôt élevée dans la gloire. Comme une « fille de roi », selon les mots du Psaume 44, « elle est là, dans sa gloire ». La « Dormition de la Vierge Marie » est une conviction ancienne que célébrait déjà l'Église d'Orient au cinquième siècle, alors qu'une première église lui était dédiée sous ce vocable, à Jérusalem.

    C'est cette conviction demeurée constante par la suite que le pape Pie XII a définie comme un dogme de foi à la fin de l'année sainte, le 1er novembre 1950. En ses mots: l'Immaculée Mère de Dieu, « au terme de sa vie terrestre, a été élevée en son corps et en son âme à la gloire du ciel ».

    Personne ne peut décrire avec précision notre état de ressuscités, ni où ni comment vit aujourd'hui Marie en son corps. On a dit souvent qu'il est « spiritualisé » dans le ciel. Mais comment l'imaginer ? Nous savons que nous entrerons un jour avec le Christ et que nous serons transformés dans l'état définitif pour lequel nous sommes créés. Nous savons aussi que Marie est dès maintenant « auprès du Seigneur » dans la gloire et qu'elle participe à sa condition de ressuscité.

    Notre réflexion pourra donc prendre deux orientations. Nous pouvons nous arrêter à contempler ce que la fête nous dit de Marie, du rôle qu'elle a rempli sur terre, de sa gloire présente et de son pouvoir d'intercession. Ou encore, nous pouvons regarder ce que cette fête signifie maintenant pour nous et pour l'Église. Car les deux aspects sont aussi présents l'un que l'autre dans les lectures et dans la fête d'aujourd'hui.

    Que nous dit le mystère de Marie élevée au ciel ? Il nous annonce ce que nous deviendrons à notre tour en marchant à la suite du Christ. Pour Marie, Dieu a créé une demeure qui sera également la nôtre et qui sera celle de toute l'Église à la fin des temps. Car l'Église enfin purifiée, devenue à son tour sainte et immaculée, sera un jour élevée et réunie dans cette même demeure du ciel.

    C'est pour cela que l'auteur de l'Apocalypse (11, 19 et 12, 1-6) nous parle de l'Église céleste, de ce « Temple qui est dans le ciel ». L'auteur nous parle aussi d' « une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles ». Ce texte a toujours été appliqué, soit à Marie, soit à l'Église. Et le même auteur nous présente à la fin de son livre (ch. 21) la Jérusalem céleste, l'Église enfin réunie au Christ — et à Marie — près du trône de Dieu.

    Ainsi en Marie, nous savons combien est grande et profonde l'œuvre de la Rédemption réalisée par le Christ, et à quel bonheur Dieu veut amener celles et ceux qui se laissent conduire par lui. De la gloire où nous la contemplons, Marie nous indique à sa manière le chemin où Jésus nous conduit, celui de la foi et de l'humilité.

    « Bienheureuse celle qui a cru ! ». Marie est le modèle des croyants. Elle a cru aux paroles de l'ange, le jour de l'Annonciation. Elle a accepté son rôle, sa mission et sa vocation propres. Elle a vécu d'abord sa foi dans le silence de Nazareth. Elle a cru malgré les apparences et même lorsqu'elle ne comprenait pas (Luc 2, 50). Puis au milieu des événements bouleversants de la Passion, de la mort et de la résurrection de son Fils, elle l'a aimé et l'a suivi jusqu'au dernier instant. Dans les mots admirables d'une hymne de la liturgie byzantine, elle s'est laissée conduire humblement « comme une brebis qui suit l'Agneau qu'on va immoler ».

    Dieu « s'est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse ». Marie a vécu cette expérience mystérieuse et profondément biblique où Dieu, lorsqu'il établit son Règne, « renverse les puissants de leurs trônes et élève les humbles ». Il faut relire ici le cantique d'Anne (1 Samuel 2, 1-10) pour voir l'enracinement biblique de sa foi. Elle a proclamé pour les générations à venir l'esprit des béatitudes et ce qui est au cœur de la Bonne Nouvelle. En plus d'affirmer simplement qu'il en est ainsi, Marie a proclamé surtout que cela est « juste et bon », puisque telle a été depuis les origines la volonté du Créateur.

    Jésus dira dans le même sens : « Père, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l'as voulu ainsi dans ta bonté » (Matthieu 11, 25-26). Ainsi l'humilité de la Vierge Marie est la clé de toute vie chrétienne et le fondement de toute vocation. Si elle fut ainsi remplie de la grâce et de l'affection de Dieu, c'est en définitive parce qu'elle a consenti à lui laisser toute la place.

    La foi et l'humilité seront donc les deux points d'appui de notre montée vers la demeure définitive où habite déjà Marie avec son Fils.

    Si nous ne pouvons pas atteindre le même degré de foi et d'humilité, nous pouvons cependant la prier en lui demandant de façon spéciale aujourd'hui : « Augmente notre foi, Vierge Marie ; enseigne-nous la confiance et l'humilité sous la conduite affectueuse et toute-puissante de Celui qui t'a choisie en premier. Tu es notre Reine, comme l'affirme le Psaume. Tu es la Reine du ciel. Mais nous savons aussi qu'élevée au ciel, tu es loin d'avoir oublié ton peuple, toi qui es pour toujours, comme nous le chantons dans le Salve Regina : ‘’notre vie, notre douceur, notre espérance’’ ».

    Nous célébrons donc une fête née de la dévotion populaire de l'Église d'Orient, mais bien ancrée aussi dans les mots de nombreux récits de la Parole de Dieu. Lorsque le monde a accueilli le Fils unique de Dieu, ce fut par la Vierge Marie. C'est encore grâce à elle que l'Église l'accueille et le prie chaque jour. C'est grâce à son accueil enfin que nous recevons le sacrement de son Corps « né de la Vierge Marie ».

    Ensemble, nous recevons avec joie le message du Christ vivant au cœur de l'Église, et nous nous réjouissons en Dieu qui continue de favoriser les humbles et de faire pour nous des merveilles. Amen.

    Bernard Lafrenière – Congrégation de la Sainte-Croix

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS :

    Dieu éternel et tout puissant, tu as élevé jusqu’à la gloire du ciel, dans son âme et son corps, Marie, la vierge immaculée, la mère de ton fils ; fais que, toujours tendus vers les réalités d’en haut, nous obtenions de partager sa gloire.

     * 230815 - Assomption  de la Vierge Marie

    Références :

    https://eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/les-grandes-fetes-chretiennes/assomption/442503-que-fete-t-on-a-lassomption/

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Assomption_de_Marie

    https://nominis.cef.fr/contenus/saint/980/Assomption-de-la-Vierge-Marie.html

    https://croire.la-croix.com/Paroisses/Textes-du-dimanche/assomption-annee-a

    https://www.flanerbouger.fr/events/evenement/59200-15-aout-horaire-messe-saint-christophe-tourcoing-583303

    https://www.aelf.org/2023-08-15/romain/messe

    https://agenda.frejustoulon.fr/evenement/assomption-de-marie-mere-de-dieu-lectures-de-la-messe-du-jour/5/15-8-2020/

    https://croire.la-croix.com/Paroisses/Textes-du-dimanche/2017/Assomption-mardi-15-aout-2017/Aide-a-l-homelie/1e-lec-Ap-11-19-12-10

    https://croire.la-croix.com/Paroisses/Textes-du-dimanche/2017/Assomption-mardi-15-aout-2017/Aide-a-l-homelie/Psaume-44

    https://croire.la-croix.com/Paroisses/Textes-du-dimanche/2017/Assomption-mardi-15-aout-2017/Aide-a-l-homelie/2e-lec-1-Co-15-20-27

    https://croire.la-croix.com/Paroisses/Textes-du-dimanche/2017/Assomption-mardi-15-aout-2017/Aide-a-l-homelie/Evangile-Lc-1-39-56

    http://thierry.jallas.over-blog.com/article-commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-c-assomption-de-la-vierge-marie-15-aout-2010-55265481.html

    http://www.pere-gilbert-adam.org/Assomption-de-la-Vierge-Marie-au-ciel.html

    http://jardinierdedieu.fr/oraison-assomption.html

    http://pages.videotron.com/homelie7/assomption.htm

    Magnificat du 15 août 2023 page 204


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