• * Vie du saint, apôtre & disciple

    Chapitre II : La vie du saint, de l’apôtre, du disciple bien aimé

    Qui est vraiment saint Jean, le disciple bien-aimé que Marie a reçu de Jésus au pied de la Croix ?

    1. Un apôtre très atypique

    La Tradition nous le présente comme un apôtre très atypique qui était à la fois :

    • le plus jeune des douze apôtres,
    • un des 3 apôtres, avec Pierre et Jacques, son frère, que Jésus prenait avec lui dans des circonstances particulières (Thabor, Agonie, Résurrection,…),
    • le « bien-aimé » ou le « préféré » de Jésus,
    • le seul qui a posé sa tête sur la poitrine de Jésus à la Cène,
    • le seul des douze qui ait été présent au pied de la Croix,
    • le premier qui « vit et qui crut » en voyant le Linceul vide dans le tombeau vide,
    • celui qui est resté, de longues années comme le dernier apôtre vivant, après le martyre de Philippe au Pont en 81 et jusqu’au règne de Trajan si l’on en croit saint Irénée ou saint Jérôme,
    • le seul qui ne soit pas mort martyr, et dont le destin a été évoqué de manière mystérieuse par Jésus : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? »,
    • celui qui a reçu l’extraordinaire révélation de l’Apocalypse,
    • le seul qui ait révélé dans ses Epitres que « Dieu est amour »,
    • celui qui a composé un Prologue et un Évangile d’une hauteur de vue tout à fait singulière.

    Comment peut-on expliquer ce destin absolument extraordinaire ?

    Le secret de saint Jean est sans doute à chercher dans le fait qu’il a été le seul qui fut confié comme fils à la Vierge Marie et qui la prit ainsi « chez lui » pendant une très longue période.

    2. Une vie extraordinaire

    Quand on met en perspective la vie de saint Jean, on s’aperçoit des fantastiques privilèges qu’il a reçus et qui l’ont conduit à devenir cet « aigle » que la Tradition reconnaît en lui. Jean a été d’abord disciple de Jean le Baptiste, puis disciple de Jésus pendant 3 ans. Puis il a passé une vingtaine d’années seul avec la Vierge Marie, la mère de mémoire, qui l’a aidé à mûrir cet Évangile étonnant de clairvoyance et de précision, qu’il va ensuite enseigner oralement pendant 40 ans, avant de recevoir la grande révélation de l’Apocalypse qui lui donnera alors une vision encore plus aiguisée du mystère du Christ à travers la méditation du mystère de l’Incarnation, que saint Jean a médité de longues années avec la Vierge Marie.

    Le Pape Jean Paul II a très souvent insisté sur ce moment si important où Jésus va confier à sa Mère ce disciple qu’il aimait et qui l’aimait tellement, et dans lequel chaque disciple du Christ est invité à se reconnaître. Dans son homélie de la messe du 13 mai 1982 à Fatima, Jean-Paul II a dit ceci :

    « Le nom du disciple était Jean. C’est précisément lui, Jean, fils de Zébédée, apôtre et évangéliste, qui entendit les paroles du Christ venant du haut de la Croix : « Voici ta mère ». Auparavant, le Christ avait dit à sa Mère : « Femme, voici ton Fils ». C’était là un testament admirable. En quittant ce monde, le Christ donna à la Mère un homme qui serait pour elle comme un fils: Jean. Il le lui confia. Et par la suite de ce don, de cette remise entre ses mains, Marie devint la mère de Jean. La mère de Dieu est devenue la mère de l’homme. A partir de cette heure-là, Jean la « prit chez lui » et il devint sur terre le gardien de la Mère de son Maître ; c’est en effet pour des enfants un droit et un devoir de prendre soin de leur mère. Mais Jean devient surtout, par la volonté du Christ, le fils de la Mère de Dieu. Et à travers Jean, tout homme devint son fils à elle. ».

    Il devient possible de reconstituer la chronologie de la vie de Jean, à partir de ce que l’Ecriture, la Tradition et les recherches historiques nous donnent aujourd’hui. Eusèbe de Césarée est l'auteur de nombreuses œuvres historiques, apologétiques, bibliques et exégétiques. Il est notamment l’auteur de l’Histoire ecclésiastique et est reconnu comme un Père de l'Église. Ses écrits historiques ont une importance capitale pour la connaissance des trois premiers siècles de l'histoire chrétienne.

    3. Enfance à Bethsaïde

    Jean serait né aux alentours de l’an 10 après Jésus-Christ. Jusqu’à 12 ans, il passe son enfance à Bethsaïde, au bord du Lac de Tibériade, dans l’un des plus beaux lieux du monde. On peut imaginer que le petit Jean est émerveillé par la beauté de la nature et qu’il se demande très jeune qui peut être l’Auteur de tant de merveilles. Son père, Zébédée, est, au témoignage de l’Évangile, responsable d’une petite entreprise de pêche, propriétaire de ses barques, et faisant travailler quelques ouvriers. Le poisson est péché puis vendu à Capharnaüm, ou séché puis transporté pour être vendu dans la Décapole par André et Philippe qui parlent grec et pour Jacques et Jean à Jérusalem où le bon poisson de Galilée devait être particulièrement apprécié. A partir de 12 ou 13 ans, Jean se rend donc certainement souvent à Jérusalem, en suivant son grand frère Jacques, pour les affaires de son père ou pour les fêtes de pèlerinage, et le jeune homme, spécialement attiré par les choses de Dieu, devait fréquenter les impressionnants maîtres de l’époque : le notable Schammaï, le grand Hillel, et son neveu Gamaliel, déjà enseignant renommé. Au témoignage de l’Évangile, Jean connait très bien la ville, les fêtes et même l’entourage du grand Prêtre (Jn 18,15-16).

    4. Disciple de Jean le Baptiste

    Mais sur la route de la Cité Sainte qu’il emprunte régulièrement, Jean, adolescent, trouve en Jean le Baptiste quelqu’un de plus extraordinaire et de plus fascinant encore, dont il est vite devenu le disciple, avec Jacques, en compagnie de leurs amis pécheurs : André et son frère Pierre, Philippe et Nathanaël. De 24 à 27 environ, ils resteront quelques années élèves et admirateurs de Jean le Baptiste jusqu’à ce que celui-ci leur désigne Jésus, en le désignant comme « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », ce que Jean n’oubliera jamais, et qu’il mettra au centre de son Évangile comme du livre de l’Apocalypse.

    5. Disciple bien-aimé du Christ

    De 27 à 30, Jean passera ensuite 3 ans à suivre le Christ et à recevoir avec la fraîcheur de son âme pure et enfantine l’enseignement du Maître divin. Il deviendra ainsi le « bien-aimé », le disciple « préféré », ou plus exactement, selon la tradition orientale, le disciple ainsi désigné parce qu’il pénètre plus profondément la pensée du Maître et parce qu’il peut la restituer avec les mots même de son Maître.

    Remarquons que ni le nom de l’auteur, ni celui de l’apôtre Jean, un des principaux disciples dans les Évangiles synoptiques et dans les actes des apôtres, n’apparaissent dans l’Évangile selon Jean. Techniquement, l’Évangile de Jean ne contient pas de paraboles et mentionne bien moins d’évènements de la vie de Jésus, ce qui le place en complément par rapport aux Évangiles de Luc et Marc entre autres.

    Pour les plus dubitatifs, la question reste donc ouverte : « Qui est le disciple bien-aimé ? » Les titres des manuscrits ne nous permettent pas de savoir qui fut le disciple bien-aimé. Et rien dans le texte de l’Évangile comme tel ne l’identifie plus précisément. Le texte lui-même ne présente pas Jean, fils de Zébédée et l’un des douze disciples et apôtres de Jésus de Nazareth comme son auteur.

    C’est le témoignage d’Irénée de Lyon, dans son livre « Contre les hérésies » rédigé à la fin du 2ème siècle, qui établit pareille identification, à laquelle toute la tradition chrétienne est restée fidèle depuis l’Antiquité jusqu’à l’âge moderne. Mais cette identification s’est faite un siècle après la rédaction dudit évangile !

    Pourquoi l’auteur de l’Évangile de Jean parle-t-il de lui-même comme le disciple bien-aimé ?

    Nous nommons le quatrième Évangile du canon chrétien, toutes confessions chrétiennes et toutes Bibles confondues, comme « l’Évangile de Jean » ou « selon Jean », parce que la tradition deux fois millénaire nous l’a toujours transmis ainsi. Nos plus vieux manuscrits le titrent déjà ainsi : les papyrus de la collection Bodmer (P66 et P75) datés du début du 3ème siècle.

    Il est fort probable que Jean l’Évangéliste ait souhaité que nous nous identifions comme lecteurs au disciple bien-aimé et que nous développions ses qualités. Toutefois, deux versets pointent vers le disciple bien-aimé comme une figure historique à l’origine de l’Évangile :

    • « Celui qui a vu rend témoignage – son témoignage est véritable, et celui-là sait qu’il dit vrai – pour que vous aussi vous croyiez» (Jean 19, 35).
    • « C’est ce disciple qui témoigne de ces faits et qui les a écrits, et nous savons que son témoignage est véridique» (Jean 21, 24).

    Force est de constater dans ces exemples que cet évangile a été rédigé à la troisième personne du singulier, mais qu’un « nous » éditorial s’est glissé dans l’écriture. Il y a plus d’une main d’auteur derrière le texte du quatrième Évangile canonique. À strictement parler, l’Évangile de Jean pourrait donc être une œuvre anonyme et collective, reposant sur le témoignage des premiers disciples. L’étonnant ce n’est pas que Jean se présente comme « le disciple que Jésus aimait »; l’étonnant c’est plutôt que nous ayons nommé « Jean » ce disciple bien-aimé de l’Évangile.

    Le « disciple que Jésus aimait » est un personnage dont l’identité a fait l’objet d’innombrables débats et controverses pendant des siècles. Le favori est depuis longtemps l’apôtre Jean Boanerges [1], fils de Zébédée et frère de Jacques.

    Selon le Nouveau Testament et l’Évangile de Philippe, il y aurait une autre prétendante à ce titre : ce serait Marie Madeleine que Jésus aimait. Une troisième possibilité, ce serait Jean Marc, alias saint Marc. Mais il n’est fait mention de ce disciple bien aimé que dans l’Évangile de Jean. L’une de ces mentions a trait à la Crucifixion, quand Jésus dit au « disciple bien aimé » qu’il lui confie sa mère, une référence qui exclut immédiatement Marie Madeleine, car c’est le genre masculin qui est utilisé (cf. Jean 19 : 26-27).

    A part le « disciple bien aimé » qui est ainsi évoqué dans Jean, il n’est fait aucune mention de la présence des parentes de Jésus au pied de la croix. C’est le cas dans tous les Évangiles. Il n’est pas fait mention de la présence de Pierre ni d’aucun autre apôtre. D’ailleurs, après l’arrestation de Jésus, les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent. Mais il apparaît clairement que l’un d’eux ne le fit pas.

    Le disciple anonyme apparaît par la suite dans la séquence de la Résurrection, ce qui à nouveau exclut Marie Madeleine qui lui parle, et l’apôtre Pierre car il est nommé distinctement (cf. Jean XX, 2). L’Évangile de Jean n’indique pas précisément qui participait à la Cène, mais les trois autres Évangiles le font, et ils sont unanimes pour dire que le groupe était exclusivement composé de Jésus et de ses douze apôtres (cf. Mathieu 26 : 20 ; Marc 14 : 17 ; Luc 22 : 14).

    Etant donné que Jean Marc – qui apparaît pour la première fois dans les Actes – ne figure dans aucun évangile comme l’un des douze apôtres, il s’ensuit qu’il n’était pas au banquet, et que, ainsi, ce ne pouvait être lui qui s’était penché sur la poitrine de Jésus.

    Il semble qu’il ne reste donc plus que Jean Boanerges, et c’est pour cette raison qu’il est depuis longtemps considéré comme le candidat favori. Le problème, c’est qu’il est très curieux que l’auteur de l’Évangile de Jean laisse quelque chose de si important dans le vague.

    6. Le Testament du Christ en Croix

    L’amour du « disciple bien-aimé » est si fort qu’il sera le seul apôtre présent au pied de la Croix, à l’heure des ténèbres qui a dispersé tous les autres : « Marie, la Mère du Seigneur, était debout devant la Croix de son Fils ; nul autre ne me l’a dit que saint Jean l’Évangéliste. Jean m’a appris comment Jésus sur la Croix a appelé sa Mère. C’est le Testament du Christ en Croix, et Jean y apposait sa signature, digne témoin d’un si grand testateur. Testament précieux qui lègue non de l’argent mais la vie éternelle ; qui est écrit non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant. Et tandis que les Apôtres étaient en fuite, Marie se tenait debout au pied de la Croix, et de ses yeux maternels, elle contemplait les blessures de son Fils. Elle en attendait non la mort de son bien-aimé, mais le salut du monde. » (Saint Ambroise de Milan +397). « Dans la personne de Jean, comme l’Eglise l’a toujours cru, explique Léon XIII, le Christ désigna celle du genre humain, de ceux surtout qui croiraient en lui ».

    Ce Testament du Christ en Croix m’apparaît comme un des messages ésotériques les plus importants dans les écrits de Jean.

    L’Évangile de saint Jean, outre la présence de Marie « à la Croix de Jésus », note les dernières volontés du Christ : « voyant sa Mère et, près d’elle, le disciple qu’il préférait, Jésus dit à sa Mère : « Femme, voilà ton fils ». Puis, il dit au disciple : « Voilà ta Mère ». Et dès ce moment, le disciple la prit chez lui ». Intention la plus délicate de Jésus à l’égard de sa Mère et de son disciple le plus aimé. Il ne les abandonne pas. Il les confie l’un à l’autre, dans l’oubli de Lui-même : c’est à eux qu’Il pense. 

    On peut se demander ce que Jean représentait à ce moment-là. Souvent il a été dit qu’il symbolisait l’ensemble des hommes, remis par Jésus à la garde et protection de sa Mère. Aujourd’hui, on porte plutôt l’attention sur Marie et on verrait volontiers en elle l’Eglise accueillant en Jean les disciples de Jésus. Ce qui est sûr, c’est que Marie nous aime du même amour fondamental qu’elle porte à Jésus. Dans sa Foi, elle sait que Jésus nous aime et meurt pour nous, qui que nous soyons ; dans sa Foi, elle participe à l’Amour que le Christ porte à tous les hommes, en qui elle voit des rachetés de son Fils ; dans sa Foi, elle aime dans son Fils unique, tous les baptisés, comme des frères du Christ et des fils de Dieu : Marie nous offre à tous l’accueil maternel qu’elle donne à Jean. Et Jean la reçoit chez lui, d’un cœur filial : il nous est un exemple pour accueillir Marie chez nous, en notre amour, en notre vie.

    Marie est notre Mère : en Jésus, nous sommes ses fils. Le Concile précise : « Elle engendre son Fils dont Dieu a fait le premier-né parmi beaucoup de frères (Rm 8,29), c’est-à-dire parmi les croyants, à la naissance et à l’éducation desquels elle apporte la coopération de son amour maternel » (Lumen Gentium, 63). Marie, Mère du Christ, est donc aussi Mère des hommes : non en un sens métaphorique ou moral, mais réellement, en esprit et en vérité : en engendrant Jésus, en l’offrant au Père à la Croix, elle coopérait activement à notre naissance à la vie du Christ.

    L’anonymat de sa mère et du disciple nous montre que saint Jean leur donne une valeur collective, ils sont représentants de tout un groupe. Cela est vrai du disciple que Jésus aimait qui, dépassant sa seule individualité, prend une valeur universelle. Ne figure-t-il pas tous les disciples et même tous ceux qui sont appelés à devenir disciples, c’est-à-dire, en définitive, l’humanité toute entière ? (P. de Menthière). Et c’est à l’humanité toute entière représentée au pied de la Croix que Jésus proclame « descendance » de Marie. Marie donne naissance à l’Eglise. Le curé d’Ars aimait à dire « la Sainte Vierge nous a engendrés deux fois, dans l’Incarnation et au pied de la Croix : elle est donc deux fois notre Mère. »

    7. Fils de Marie après l’Ascension

    Après l’Ascension de Jésus, Jean restera avec Marie pendant une vingtaine d’années. De 30 à 36, après la Pentecôte, Jean, qui n’a que 20 ans, est très proche de Pierre, qu’il seconde un peu partout lors de la première évangélisation de Jérusalem, comme on le voit dans les Actes des Apôtres, en restant silencieux, comme son caractère et son jeune âge l’y inclinent, jusqu’à ce que la persécution qui suit la révocation de Ponce Pilate oblige les Apôtres à s’en aller.

    C’est certainement dès 37 que Jean part avec la Vierge Marie pour s’établir à Éphèse, comme en témoigne une tradition locale solide, rappelée en 431 par la lettre officielle que les Pères du Concile d'Éphèse envoyèrent à Nestorius. Mais curieusement, ce ne sont pas Jean et Marie qui fondent l’Eglise à Éphèse. C’est Paul qui devra le faire, 17 ans plus tard, lorsqu’il viendra sur place pour 2 ans.

    Comment expliquer cette curiosité, alors que tous les autres Apôtres profitèrent de la dispersion pour fonder des Eglises et répandre la Bonne Parole ? Il semble que Jean et Marie ont inauguré à Éphèse un genre de vie nouveau, sans apostolat direct, dans le silence et la prière.

    8. La création de « l’Eglise mariale » et du monachisme à Éphèse

    En reprenant le langage de l’Apocalypse, on peut dire que la Femme poursuivie par le Dragon s’est enfuie au désert où Dieu lui a préparé une place et, c’est dans ce désert de la vie cachée que Dieu va la nourrir pendant quelques années. Jésus a confié Jean à la Vierge Marie pour qu’il soit comme son fils et la Vierge obéissante va lui faire vivre à Éphèse ce qu’elle a fait vivre à Jésus à Nazareth, en le faisant grandir de la même manière, comme pendant les 30 années de vie cachée à Nazareth.

    La « Maison de Marie » à Éphèse est donc un peu comme le premier monastère où Jean va prendre le temps d’approfondir puissamment le mystère du Christ, avec Marie, dans une vie de silence, de prière et de contemplation qui aura une immense postérité puisque toute l’Eglise mariale, l’Eglise des religieux et religieuses, centrée sur la vie de prière, la contemplation et l’approfondissement du mystère du Christ, loin du monde, dans le silence d’une vie cachée se rattache d’une certaine manière à ce qu’ont vécu Marie et Jean.

    Les premiers moines appelaient Jean leur « père », comme Evagre le Pontique le mentionne, et Épiphane de Salamine qui confirme qu’ils se réunissaient « pour imiter la vie de Marie et Jean à Éphèse » (règle monastique des Agapètes). Par la suite, saint Augustin et beaucoup d’autres désigneront en saint Jean le modèle de la vie contemplative : « Jean est à l'origine de notre plus haute spiritualité. Comme lui, les « silencieux » connaissent ce mystérieux échange de cœurs, invoquent la présence de Jean et leur cœur s'enflamme » (Athenagoras, Patriarche œcuménique de Constantinople - « Dialogues avec Athenagoras » O. Clément Turin 1972, p. 159).

    9. L’approfondissement du mystère du Christ avec la Vierge Marie

    La découverte de « Meryem Ana », la « Maison de la Vierge » à Éphèse, à la suite des visions d’Anne-Catherine Emmerich, eut lieu sous le pontificat de Léon XIII (1878 – 1903). Informé de la chose, il manifesta ouvertement sa satisfaction, et Pie X, Benoit XV, Pie XI s’intéressèrent beaucoup à cette découverte également.

    Paul VI, Jean-Paul II et Benoit XVI ont depuis lors fait pélerinage sur place, indiquant que la vie contemplative de Jean auprès de la Vierge Marie à Éphèse est d’une certaine manière un modèle pour tous : « le Saint-Esprit guide les efforts de l'Eglise, l'engageant à adopter le même comportement que Marie ».

    Dans le récit de la naissance de Jésus, Luc note que sa mère « conservait toutes ces choses, les méditant dans son cœur », s'efforçant donc de « mettre ensemble » (en grec : Symballousa), avec un regard plus profond, tous les événements dont elle avait été le témoin privilégié. De façon analogue, le peuple de Dieu et lui aussi poussé par le même Esprit à comprendre en profondeur tout ce qui est dit de Marie, pour progresser dans l'intelligence de sa mission intimement liée aux mystères du Christ.

    «Le mystère de Marie engage chaque chrétien, en communion avec l'Eglise, à méditer dans son cœur ce que la révélation évangélique affirme de la mère du Christ» (Jean-Paul II). C’est aussi à Éphèse qu’Héraclite a popularisé la notion de Logos, et c’est certainement là que Jean composera, avec Marie, le Prologue de son Évangile, et le reste de son enseignement qui sera centré sur le mystère de l’Incarnation, que la Vierge Marie lui aura permis de découvrir en profondeur et qu’il aura dès lors soif de transmettre.

    Frère André B., Grand Chancelier Prieural

    Tentons à présent de cerner davantage qui est réellement saint Jean l’Évangélise.

    [1] Boanerges (fils du tonnerre) est un surnom donné par le Seigneur à Jacques et Jean, les fils de Zébédée, Ce nom semble dénoter leur zèle ardent et destructeur qui ressemblait à un orage !


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