• * Le Bon Pasteur

    240421 – Liturgie du 4ème dimanche de Pâques

      Le bon pasteur  

    4ème dimanche de Pâques

     * Le Bon Pasteur

    Introduction : « Moi, je suis le bon pasteur…».

    On donne souvent à l’Évangile du jour le titre de « Parabole du bon pasteur ». Mais il y a ici plus qu’une comparaison. Ce « Moi, je suis… », fréquent dans l’Ancien Testament, revendique une autorité égale à celle de Dieu et une relation étroite avec le Père.

    La Croix – Questions de vie – Questions de foi

    Le bon pasteur, le Ressuscité

    Jésus est le bon pasteur, le vrai berger envoyé par son Père pour nous révéler son amour, nous rassembler et nous conduire à la vie éternelle. À nous de le suivre sur le chemin du service et du don de soi pour faire grandir la vie en abondance.

    Vie liturgique, revue de pastorale liturgique publiée par Novalis

    La résurrection de Jésus est une force, celle de l’Esprit.

    Elle a dynamisé les apôtres, elle leur a donné de l’audace.

     * Le Bon Pasteur

    1ère lecture : « En nul autre que lui, il n’y a de salut »

    Lecture du Livre des Actes des Apôtres (Ac 4, 8-12)

    En ces jours-là, Pierre, rempli de l’Esprit Saint, déclara :

    « Chefs du peuple et anciens, nous sommes interrogés aujourd’hui pour avoir fait du bien à un infirme, et l’on nous demande comment cet homme a été sauvé.

    Sachez-le donc, vous tous, ainsi que tout le peuple d’Israël : c’est par le nom de Jésus le Nazaréen, lui que vous avez crucifié mais que Dieu a ressuscité d’entre les morts, c’est par lui que cet homme se trouve là, devant vous, bien portant.

    Ce Jésus est la pierre méprisée de vous, les bâtisseurs, mais devenue la pierre d’angle.

    En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. »

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

     * Le Bon Pasteur

    Commentaire 1 :

    Luc prend soin de préciser d'entrée de jeu que Pierre était rempli de l'Esprit Saint quand il fit cette déclaration solennelle devant le Sanhédrin, c'est-à-dire le tribunal. Cela veut dire que ce que dit Pierre est particulièrement important, et qu'il y faut un certain courage ! Ceci se passe après la guérison d'un boiteux au Temple de Jérusalem, près de la Belle Porte : aussitôt après ce miracle, Pierre avait improvisé un discours dans lequel il disait aux Juifs qui l'écoutaient : c'est ce Jésus, crucifié par vous et ressuscité, qui vient d'opérer ce miracle sous vos yeux, par notre intermédiaire, à nous, ses apôtres. Il est vrai que vous n'avez agi que par ignorance, et Jésus lui-même vous a pardonné, à preuve sa phrase sur la croix, « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font ». Vous n'avez plus qu'à vous convertir à votre tour.

    Ce petit discours en a effectivement converti un certain nombre, mais il n'a pas été du goût de tout le monde. Ce qui se comprend : les mêmes qui ont décidé la mort de Jésus il n'y a pas si longtemps aimeraient bien ne plus jamais en entendre parler ! Luc raconte : « Pierre et Jean parlaient encore au peuple quand les prêtres, le commandant du Temple et les Sadducéens les abordèrent. Ils étaient excédés de les voir instruire le peuple et annoncer, dans le cas de Jésus, la résurrection des morts. Ils les firent appréhender et mettre en prison jusqu'au lendemain, car le soir était déjà venu... Le lendemain, les chefs, les anciens et les scribes qui se trouvaient à Jérusalem s'assemblèrent. Il y avait Hanne, le grand-prêtre, Caïphe, Jean, Alexandre et tous les membres des familles de grands prêtres. Ils firent amener Pierre et Jean devant eux et procédèrent à leur interrogatoire : « A quelle puissance ou à quel nom avez-vous eu recours pour faire cela ? ».

    Aujourd'hui, nous ne pouvons pas mesurer la gravité de cette question, parce que nous ne sommes plus dans le même contexte, mais Pierre, lui, ne peut pas s'y tromper : dans le cadre de la lutte farouche menée dans tout l'Ancien Testament contre tout ce qui pouvait ressembler à de l'idolâtrie, de la magie, de la sorcellerie, invoquer un autre nom que celui de Dieu revenait à prier un autre Dieu, c'était de l'idolâtrie, et donc cela méritait la lapidation.

    A moins que... en invoquant le Nom de Jésus, précisément, Pierre ait conscience d'invoquer le Dieu d'Israël lui-même. Tout le problème est là, justement, et notre texte d'aujourd'hui ne parle que de cela : Luc commence par dire que Pierre est rempli de l'Esprit Saint, manière d'authentifier ce qu'il va dire. Puis il rappelle la question posée à Pierre et à Jean par les autorités : « A quel nom avez-vous eu recours ? ». Enfin, il nous rapporte la réponse de Pierre : « On nous demande comment cet homme a été sauvé. Sachez-le donc, vous tous, ainsi que le peuple d'Israël : c'est grâce au Nom de Jésus le Nazaréen... En dehors de lui, il n'y a pas de salut. Son Nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver ». Pierre n'y va pas par quatre chemins ! Il reconnaît avoir invoqué le Nom de Jésus, et, ce qui revient au même, il lui décerne le titre de « sauveur », qui était strictement réservé à Dieu : les prophètes étaient très fermes là-dessus. Par exemple Osée (13, 4 ; 12, 10) : « Et moi, (je suis) le Seigneur ton Dieu, depuis le pays d'Égypte, moi excepté, tu ne connais pas de Dieu, et de sauveur, il n'y en a point sauf moi ». Ou Isaïe : « ... Nul autre n'est Dieu, en dehors de moi ; un dieu juste et qui sauve, il n'en est pas, excepté moi » (Is 45, 21).

    Première affirmation absolument scandaleuse de Pierre, donc, Jésus est Dieu. Il y en a une deuxième : il dit « Son Nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver ». À l'infirme lui-même qui tendait la main pour de l'argent, Pierre avait dit «de l'or ou de l'argent, je n'en ai pas ; mais ce que j'ai, je te le donne : au Nom de Jésus Christ le Nazôréen, marche !» (Ac 3, 6). Pour des oreilles juives, c'était proprement inacceptable : le Nom de Dieu avait bien été révélé au peuple élu, mais il s'interdisait de le prononcer, par respect : parce que l'homme ne peut pas posséder Dieu.

    Voilà des juges bien embarrassés : d'un côté, cet infirme connu de tous, qui a plus de quarante ans, nous dit Luc et dont la guérison spectaculaire n'est pas contestable. De l'autre ces forcenés qui leur font la leçon sur ce Jésus dont on se croyait débarrassé. Luc raconte : « Ils constataient l'assurance de Pierre et de Jean et, se rendant compte qu'il s'agissait d'hommes sans instruction et de gens quelconques, ils en étaient étonnés. » Ils reconnaissaient en eux des compagnons de Jésus, ils regardaient l'homme qui se tenait près d'eux, guéri, et ils ne trouvaient pas de riposte. Alors nos juges ont fait comme on fait toujours en pareil cas, ils ont renvoyé les prévenus et annoncé qu'ils allaient délibérer. C'est encore Luc qui parle : «Qu'allons-nous faire de ces gens-là, se disaient-ils. Ils sont bien les auteurs d'un miracle évident : la chose est manifeste pour toute la population de Jérusalem et nous ne pouvons pas le nier. Néanmoins il faut en limiter les suites parmi le peuple : nous allons donc les menacer pour qu'ils ne mentionnent plus ce nom devant qui que ce soit. Ils les firent alors rappeler et leur interdirent formellement de prononcer ou d'enseigner le nom de Jésus

    Mais rien ni personne n'a plus jamais pu faire taire les témoins du Christ. Et cela grâce à la force de l'Esprit Saint. Jésus le leur avait bien dit juste au moment de les quitter : « Vous allez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre ».

    Dernière remarque : « Son Nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver » : « Chrétiens », nous portons le nom même du Christ, son Nom nous est confié. D'où notre responsabilité d'annoncer le salut.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    La pierre rejetée par les responsables d’Israël, c’est Jésus.

    Mais Dieu a fait de lui la pierre d’angle de son projet.

    Avec Jésus, appuyons-nous sur Dieu, non sur nos forces humaines.

     * Le Bon Pasteur

    Psaume : Ps 117 (118), 1.8-9, 21-23, 26.28-29

    R/ La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle.

    Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Éternel est son amour !

    Mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur que de compter sur les hommes ;

    mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur que de compter sur les puissants !

    R/ La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle.

    Je te rends grâce car tu m’as exaucé : tu es pour moi le salut.

    La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle :

    c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux.

    R/ La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle.

    Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient !

    De la maison du Seigneur, nous vous bénissons !

    Tu es mon Dieu, je te rends grâce, mon Dieu, je t’exalte !

    Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Éternel est son amour !

    R/ La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle.

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

     * Le Bon Pasteur

    Commentaire 2 :

    Ce psaume est souvent retenu par la Liturgie pendant le Temps Pascal, mais pas toujours avec le même choix de versets. Par chance, aujourd'hui, nous lisons le premier et le dernier versets, ce qui nous permet d'admirer la construction en inclusion. Car ces deux versets sont exactement les mêmes : ils nous disent donc à eux tout seuls le contenu entier de ce psaume : « Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Eternel est son amour ! », c'est le premier verset. Et le dernier est identique : «Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Eternel est son amour !» Et pour un Juif, ces deux versets pourraient suffire ! Ils disent toute l'expérience d'Israël, la découverte qu'il a faite, grâce à la révélation par Dieu lui-même de son mystère. Un Dieu d'amour, un Dieu fidèle : il fallait bien la Révélation pour qu'on puisse oser penser une chose pareille !

    A l'intérieur de cette inclusion, donc au coeur de la méditation de ce psaume, nous retrouvons encore une fois cette phrase que nous connaissons bien, mais qui reste peut-être un peu obscure : « La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle ; c'est là l'œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux. » Pour commencer, Jésus lui-même a cité cette phrase quelque temps avant sa Passion : ce qui veut dire qu'elle lui paraissait éclairer un aspect de son propre mystère.

    Cela se passait au cours d'une de ses discussions avec les grands prêtres et les anciens : il leur avait raconté une parabole, celle qu'on appelle des « vignerons homicides » (Mt 21, 33-46) : « Il était une fois un propriétaire qui planta une vigne, l'entoura d'une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour ». Pour les interlocuteurs de Jésus, tous ces détails étaient d'une très grande importance. Ils disaient tout de suite de quelle vigne Jésus voulait parler. Car Isaïe avait employé exactement ces mots-là pour parler du peuple d'Israël. Et le propriétaire représentait Dieu, bien sûr. Dans la parabole d'Isaïe, le propriétaire se plaignait parce que, malgré tous ses soins, cette vigne ne donnait rien. Jésus reprend cette parabole, mais il y ajoute un nouveau chapitre : le propriétaire a confié sa vigne à des vignerons et il est parti en voyage. Ce qui prouve, déjà, qu'il faisait confiance. Quand est arrivé le temps des fruits, il a envoyé ses serviteurs réclamer son dû aux vignerons. Mais les vignerons ont empoigné les serviteurs. Ils ont battu à mort le premier, tué le second, lapidé le troisième. Qu'a fait le maître ? Il a envoyé d'autres serviteurs, plus nombreux, mais ils ont subi le même sort. Finalement, le propriétaire a envoyé son propre Fils. Lui, quand même, les vignerons le respecteraient, pensait-il. Au contraire, les vignerons l'ont tué, lui aussi, justement parce qu'il était le fils et donc l'héritier.

    Comme souvent, à la fin d'une parabole, Jésus pose une question à ses auditeurs : à votre avis, que va faire maintenant le maître de la vigne ? Réponse évidente : il va traiter ces premiers vignerons comme ils le méritent et confier sa vigne à d'autres. Alors Jésus enchaîne : « N'avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs, c'est elle qui est devenue la pierre angulaire ; c'est là l'œuvre du Seigneur : Quelle merveille à nos yeux. » C'est la citation littérale de notre psaume d'aujourd'hui. Mais Jésus continue : « Aussi je vous le déclare : le Royaume de Dieu vous sera enlevé, et il sera donné à un peuple qui en produira les fruits. Celui qui tombera sur cette pierre sera brisé, et celui sur qui elle tombera, elle l'écrasera. » Cette pierre angulaire est donc à double tranchant, si l'on peut dire : précieuse pour les uns, qui peuvent s'y appuyer, et on parle alors d'œuvre merveilleuse de Dieu, elle est redoutable pour les autres. En matière de construction, c'est logique : les pierres utilisées pour la construction du mur du Temple de Jérusalem sont absolument gigantesques. C'est dire leur solidité, mais aussi le danger qu'elles représentent pour celui sur qui elles tomberaient.

    Isaïe, déjà, employait cette image pour parler de Dieu : « C'est le Seigneur, le tout-puissant que vous tiendrez pour saint, c'est lui que vous craindrez, c'est lui que vous redouterez. Il sera (à la fois) un sanctuaire pour vous (c'est-à-dire lieu de protection pour les fidèles) et une pierre que l'on heurte, et un rocher où l'on trébuche... Beaucoup y trébucheront, tomberont, se briseront... » (Is 8, 13-14). Il veut dire par là que Dieu est source de vie pour les croyants, mais que ceux qui le méprisent font leur propre malheur.

    On retrouve là, d'une certaine manière, un thème très habituel de la Bible. Il y a deux chemins possibles dans la vie : celui qui nous mène à Dieu et le chemin opposé. Et le propre d'un chemin, c'est qu'il va quelque part. Si on prend la bonne direction, chaque pas nous rapproche du but. Si on se trompe au carrefour, chaque pas nous éloigne du but. Ceux qui ont accepté de croire en Jésus, qui l'ont « reçu », comme dit l'Évangile de Jean, grandissent tous les jours dans la paix, la lumière, la connaissance de Dieu. Ceux qui, au contraire, et par ignorance, tout simplement, ont refusé de croire, sont entraînés dans un aveuglement croissant. Dans le texte des Actes des Apôtres de ce dimanche, par exemple, il est frappant de voir comme les autorités religieuses de Jérusalem s'enferrent et, après avoir liquidé Jésus, ne songent qu'à faire taire ses disciples sans accepter de laisser remettre en question leurs certitudes, même quand les miracles leur crèvent les yeux.

    Pour ceux qui ont accepté de croire, au contraire, tout est devenu lumineux, l'Esprit Saint les a ouverts peu à peu à l'intelligence des Écritures. Déchiffrant le dessein de Dieu qui se réalise peu à peu dans l'histoire des hommes, ils peuvent dire : « Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Eternel est son amour ! »

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    L’apôtre nous explique le plus beau titre qui nous soit donné,

    celui que nous avons reçu au baptême : enfants de Dieu.

     * Le Bon Pasteur

    Épître : « Nous verrons Dieu tel qu’il est. »

    Lecture de la Première Lettre de saint Jean (1 Jn 3, 1-2)

    Bien-aimés,

    voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes.

    Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu.

    Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté.

    Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

     * Le Bon Pasteur

    Commentaire 3 a :

    L'amour de Dieu Père, « agapé » dans le texte originel grec, l'amour don total de soi, l'accueil purement gratuit de l'autre, sans attendre la réciprocité. C'est le sens le plus fort de l'amour, c'est le mot qui exprime le mieux ce que sont les sentiments de Dieu envers nous, un Dieu Père qui donne tout, gratuitement, sans se crisper sur le genre de réponse de notre part. […]

    « Dieu est amour », écrit Jean dans la suite de sa lettre (4,8) : une définition de Dieu brève, mais qui dit tout.

    Appelés enfants de Dieu et nous le sommes. C'est la suite logique, enfants de Dieu depuis notre conception et notre naissance. Tous les êtres humains sont enfants de Dieu. En ai-je conscience ? Jean dans le Prologue de son Évangile (1,12) nous présente le « Verbe ». Autrement dit, la Parole, Jésus. A tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Nous sommes enfants de Dieu (c'est présent), mais aussi nous le devenons (c'est futur) en accueillant Jésus. Nous le devenons en recevant Jésus, dans la Parole de Dieu, dans les sacrements, dans notre vie concrète, dans nos actions, peu à peu. Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Il y aura un jour où nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. Ce moment de la rencontre définitive dans l'au-delà de la mort, dans un face à face éternel avec Dieu. Jean écrit audacieusement : Nous le verrons tel qu'il est. Nous avons la grâce de cette Espérance.

    Entre temps, il y a le monde ! Le monde qui ne nous connaît pas et ne connaît pas Dieu. Connaître, ici, c'est entrer en relation, aimer. Un obstacle, le monde ? Pour l'apôtre Jean, le mot monde (cosmos, en grec) a deux sens, selon le contexte. Un sens positif, le monde créé et aimé de Dieu (donc à aimer par nous) : Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique... (Jean 3,16). Un autre sens, négatif, le monde hostile à Dieu, dont on doit se méfier, voire le combattre : Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, mais le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. (Jean 1,9-10).

    Dans la première lecture de ce dimanche, l'apôtre Pierre y témoigne de l'amour de Dieu en Jésus : En nul autre que lui, il n'y a de salut. Et il souligne le climat d'hostilité qui a entouré la passion de Jésus. Il cite une parole du psaume choisi pour la liturgie de ce dimanche : La pierre qu'on rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle. Dans l'Évangile, Jésus bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis.

    Commentaires rédigé le 19 avril 2018 par Paul C. – Paroisse Colomiers – Diocèse de Toulouse

     * Le Bon Pasteur

    Commentaire 3 b :

    Arrêtons-nous sur la phrase : « Le monde ne peut pas nous connaître ». Pour la comprendre, il faut se souvenir que, pour Jean, le mot « monde » (cosmos en grec) a deux sens : parfois, il vise le monde que Dieu aime de toute éternité et qu'il veut sauver. Parfois, il vise tout ce qui est hostile ou au moins imperméable à Dieu. Dans son Évangile, par exemple, Jean nous rapporte ce que Jésus a dit à ses disciples le soir du Jeudi Saint à propos du monde : « Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï le premier. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartiendrait ; mais vous n'êtes pas du monde : c'est moi qui vous ai mis à part du monde et voilà pourquoi le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : le serviteur n'est pas plus grand que son maître ; s'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi ; s'ils ont épié ma parole, ils épieront aussi la vôtre. Tout cela, ils vous le feront à cause de mon nom, parce qu'ils ne connaissent pas celui qui m'a envoyé. » (Jn 15, 18-21). Manière de dire : Il n'y a pas de raison que les disciples soient mieux traités que le maître.

    C'est dire les rapports inévitablement très ambigus entre Jésus et le monde, puis entre les chrétiens et le monde. D'une part, Jésus est venu pour sauver le monde. Et l'Église, à son tour, n'a pas d'autre raison d'être que de se mettre au service du monde. Et donc, il faut commencer par aimer le monde. D'autre part, Jésus puis ses disciples sont « à part » du monde et nécessairement méconnus, haïs, persécutés par le monde.

    Reprenons ces deux points :

    1°) Jésus est venu dans le monde pour le sauver. Le salut consiste à connaître le vrai visage de Dieu. Nous avons réentendu ces derniers temps dans la Passion la parole de Jésus à Pilate « Je suis né, je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jn 18, 37). Et si Dieu veut sauver le monde, c'est parce qu'il l'aime : « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils Unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. » (Jn 3, 16). Jean, dans la suite de sa Première Lettre, répète : « Voici comment s'est manifesté l'amour de Dieu au milieu de nous : Dieu a envoyé son Fils Unique dans le monde afin que nous vivions par lui. » (1 Jn 4, 9). Et Jésus accepte d'aller jusqu'au bout pour que le monde découvre cet amour du Père. Dans sa prière, le dernier soir, il dit son grand désir : « Que le monde puisse connaître que c'est toi qui m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé » (Jn 17, 23). Donc Dieu aime le monde et veut son salut. Jésus aime le monde et veut son salut. Vous voyez ce qu'il nous reste à faire !

    Saint Augustin disait : « Etends ta charité sur le monde entier, si tu veux aimer le Christ ; parce que les membres du Christ sont étendus sur le monde... Le Christ, lui, aime son corps. »... Et le Père Teilhard de Chardin disait : « On ne convertit que ce qu'on aime. »

    2°) Mais aimer quelqu'un, on le sait bien, ne veut pas dire être toujours d'accord avec ses agissements ! Aimer le monde consistera justement parfois à oser le contredire. Et le mot « monde », alors, chez saint Jean, vise certains agissements, ce que Paul appellerait l'attitude d'Adam, la manière de vivre de ceux qui s'éloignent de Dieu. « Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l'a pas reconnu » (Jn 1, 10). Et la distance se creuse de plus en plus entre l'Envoyé de Dieu et le monde qui le refuse. Le dernier soir, encore, Jésus a bien prévenu : « Je vous ai dit tout cela afin que vous ne succombiez pas à l'épreuve. On vous exclura des synagogues. Bien plus, l'heure vient où celui qui vous fera périr aura le sentiment de présenter un sacrifice à Dieu. Ils agiront ainsi pour n'avoir connu ni le Père ni moi. » (Jn 16, 2-3). Et il continue : « Désormais je ne suis plus dans le monde... ils (les disciples) ne sont pas du monde, comme je ne suis pas du monde... » (Jn 17, 11-18). Dans ce sens-là, non pas d'un mépris des hommes, mais du courage de témoigner, Jean a dit un peu plus haut, dans cette lettre que nous lisons aujourd'hui : « N'aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui, puisque tout ce qui est dans le monde - la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, la confiance orgueilleuse dans les biens - ne vient pas du Père, mais provient du monde. Or le monde passe, lui et sa convoitise ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure à jamais. » (1 Jn 2, 15-17). Et Jésus a dit dans le même sens « En ce monde, vous faites l'expérience de l'adversité, mais soyez pleins d'assurance, j'ai vaincu le monde » (Jn 16, 33).

    Autrement dit, le jour vient où, enfin, le monde saura, acceptera de croire à l'amour de Dieu, et où les hommes se conduiront en fils de Dieu et en frères les uns des autres. Parce que c'est bien cela le dernier mot de toute l'histoire humaine. Comme dit Paul : « J'estime que les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire qui doit être révélée en nous. Car la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu... elle garde l'espérance... car elle aura part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu » (Rm 8, 19-21).

    En attendant, il y a ceux qui ont cru en Jésus-Christ et ceux qui, encore, s'y refusent. Comme dit Jean dans le Prologue de son Évangile : « A ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12). Ceux-là, dès maintenant, sont conduits par l'Esprit de Dieu et cet esprit leur apprend à traiter Dieu comme leur Père. « Dieu a envoyé dans nos cœurs l'esprit de son Fils qui crie Abba, Père ! » (Ga 4, 4).

    C'est le sens de l'expression « connaître le Père » chez saint Jean. C'est le reconnaître comme notre Père, plein de tendresse et de miséricorde, comme disait déjà l'Ancien Testament. A ceux qui ne le connaissent pas encore, c'est-à-dire qui ne voient pas encore en lui leur Père, il nous appartient de le révéler par notre parole et par nos actes. Alors, quand le Fils de Dieu paraîtra, l'humanité tout entière sera transformée à son image. Oui, vraiment, il est grand, l'amour dont le Père nous a comblés !

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * Le Bon Pasteur

    Alléluia. Alléluia.
    Je suis le bon pasteur, dit le Seigneur ;
    je connais mes brebis et mes brebis me connaissent.
    Alléluia.

    Jésus entretient avec son peuple une relation tellement originale,

    qu’il l’a comparée à celle du berger et des brebis.

     * Le Bon Pasteur

    Évangile : « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. »

    Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 10, 11-18)

    En ce temps-là, Jésus déclara : « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse.

    Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui.

    Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.

    J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur.

    Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. »

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

     * Le Bon Pasteur

    Commentaire 4 a :

    Jésus se présente comme le bon berger. Et de fait il l’est ! Il donnera sa vie pour ses brebis, c’est à dire pour chacun et chacune de nous. Il le fera volontairement, librement et par amour.

    Nous aimons bien voir cette image du bon berger, mais est-ce que nous y mesurons à quel point Dieu nous y aime ? A quel point aussi cet amour inconditionnel attend une réponse d’amour de notre part ?

    Par ailleurs, ce passage s’adresse à tous les bergers, car Jésus en est le modèle. Qui sont ces bergers ?

    Certes d’abord les prêtres qui ont charge du salut des âmes, car c’est bien là leur mission, avant toute autre considération. Et la question se pose donc à chaque prêtre : es-tu un bon berger ? As-tu réellement le souci des âmes ? Donnes-tu vraiment ta vie pour les brebis qui te sont confiées ?

    Mais elle s’adresse aussi à chacun de nous, baptisés, car en Jésus nous sommes rendu solidaires de tous ceux qui nous entourent et nous avons à prendre soin d’eux autant que nous le pouvons. Donc la question se pose aussi à chacun et chacune. Comment suis-je à l’image de mon Seigneur, Bon Berger au quotidien de ma vie ?

    Puissions-nous nous arrêter en ce jour, un moment et réfléchir à tout cela !

    Commentaires de Myriam de Gemma – Passionistes de Polynésie – Avril 2018

     * Le Bon Pasteur

    Commentaire 4 b :

    Cette comparaison du berger nous parle évidemment moins qu'aux contemporains de Jésus. Elle nous parle d'autant moins que qui dit berger dit troupeau, or nous ne rêvons pas d'être comparés à un troupeau ! Nous ne trouvons pas le terme très flatteur. Mais il faut nous replacer dans le contexte biblique : à l'époque, le troupeau était peut-être la seule richesse de son propriétaire. Il n'y a qu'à voir comment le Livre de Job décrit l'opulence puis la déchéance de son héros. Cela se chiffre en nombre d'enfants, d'abord, puis en nombre de bêtes, tout de suite après : « Il y avait au pays de Ouç un homme du nom de Job. Il était, cet homme, intègre et droit, craignait Dieu et s'écartait du mal. Sept fils et trois filles lui étaient nés. Il possédait sept mille moutons, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs, cinq cents ânesses et une nombreuse domesticité. Cet homme était le plus grand des fils de l'Orient. » Et quand on vient annoncer à Job tous les malheurs qui s'abattent sur lui, cela concerne ses troupeaux et ses enfants.

    Déjà d'Abraham, on disait « Abram était riche en troupeaux, en argent et en or » (Gn 13, 2). Si les troupeaux sont considérés comme une richesse, nous pouvons oser penser que Dieu nous considère comme une de ses richesses. Ce qui est quand même une belle audace sur le plan théologique !

    Dieu est donc habituellement comparé à un berger, dont le troupeau est le peuple d'Israël. Par exemples :

    « Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer... » (Ps 22/23)...

    « Berger d'Israël, écoute, toi qui conduis ton troupeau, resplendis... » (Ps 79/80).

    Cette image du berger dit la sollicitude de Dieu qui rassemble son peuple. Et, très souvent, ce thème du berger est associé à l'expérience de l'Exode, la libération d'Égypte. On sait bien que c'est grâce à Dieu, et à lui seul, qu'on peut parler de peuple ! Sans lui, on ne s'en serait jamais sortis.

    Par exemple, le psaume 94/95 affirme : « Oui, il est notre Dieu, nous sommes le peuple qu'il conduit, le troupeau guidé par sa main ».

    Son troupeau, Dieu le confie à des lieutenants (tenant-lieu). Dans cette optique, les rois d'Israël sont comparés à leur tour à des bergers. Et toute une idéologie de la royauté va se développer sur ce thème-là : faite à la fois de sollicitude et de fermeté. Car un berger sérieux sait faire preuve des deux : c'est avec le même bâton, son bâton de marcheur, qu'il guide et rassemble les brebis qui ont du mal à suivre, mais aussi qu'il éloigne les indésirables, qu'il sépare les brebis et les boucs... et qu'il chasse les bêtes sauvages qui menacent le troupeau. Et l'on sait bien que, primitivement, le sceptre des rois était un bâton de berger. Vers 1750 av. J.C. le fameux roi Hammourabi de Babylone se comparait déjà, lui aussi, à un berger, et disait « je suis le berger qui sauve et dont le sceptre est juste ».

    Malheureusement, il y a les rêves, l'idéal, et puis la réalité... les rois d'Israël, comme bien d'autres ont trop souvent failli à leur mission, ils ont oublié qu'ils n'étaient que des lieutenants de Dieu et ils ont recherché leur propre intérêt et non celui de leur peuple. Au lieu de veiller sur leur troupeau, ils se sont préoccupés d'eux-mêmes, de leur richesse, de leur honneur, de leur grandeur. Et au lieu de faire régner la justice dans le pays, ils ont laissé s'installer l'injustice au profit de l'opulence des uns, au risque de la misère des autres. Les prophètes ont des paroles très dures pour eux : «Malheur aux bergers d'Israël qui se paissent eux-mêmes ! N'est-ce pas le troupeau que les bergers doivent paître ?» (Ez 34, 2).

    Mais, à travers ou malgré toutes les déceptions, les croyants ne perdent jamais l'espérance. Puisque le vrai berger d'Israël, c'est Dieu lui-même, et puisque Dieu est fidèle, on sait qu'on est en bonnes mains. Et on attend le roi idéal, celui qui gardera le troupeau au nom de Dieu, qui sera un instrument docile dans la main de Dieu. Par exemple, dans le Livre d'Ezéchiel : « Moi-même je ferai paître mon troupeau, moi-même le ferai coucher, dit Dieu. La bête perdue, je la chercherai ; celle qui se sera écartée, je la ferai revenir ; celle qui aura une patte cassée, je lui ferai un bandage ; la malade, je la fortifierai. » (Ez 34, 16).

    Donc, quand Jésus s'attribue le titre de Bon Pasteur, cela revient exactement à dire «Je suis le Messie, celui que vous attendiez ; le Sauveur, c'est moi». D'ailleurs, ses interlocuteurs ne s'y sont pas trompés. Puisque saint Jean note dans les versets suivants que cette déclaration a provoqué à nouveau la division parmi les Juifs. Les prêtres et les chefs du peuple ont très bien compris derrière les propos de Jésus une attaque à peine déguisée contre eux qui sont les pasteurs en titre du troupeau qui leur a été confié par Dieu. Plus tard, les chrétiens découvriront ce qu'Ezéchiel ne pouvait pas encore deviner : que, réellement, le Messie serait non seulement un lieutenant de Dieu mais le Fils de Dieu lui-même. Son sceptre à lui, c'est sa croix : «Quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai tout à moi» (Jn 12, 32).

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * Le Bon Pasteur

    Homélie :

    On est habitué à retrouver dans la bouche de Jésus des images de toutes sortes qui donnent lieu souvent à des histoires ou des paraboles comme celle de la semence ou celle du levain dans la pâte. Ici, l’image du bon pasteur qu’emploie Jésus dans cet Évangile est plus qu’une image. Jésus le précise d’entrée de jeu en disant « Je suis le bon pasteur », il ne dit pas « je suis comme le bon pasteur », mais « je suis le bon pasteur ». Puis il se charge lui-même de décrire ce que cela signifie pour lui. Suivons-le.

    I – Jésus, bon pasteur connaît ses brebis.

    En premier lieu, Jésus insiste sur l’amour des brebis qu’il y a dans son cœur de pasteur. C’est ce qu’il retient en tout premier lieu. Comme le pasteur, Jésus aime ceux et celles vers qui il est envoyé. Il ne s’agit pas d’un amour de convenance. Cet amour reflète une familiarité de tous les instants. Le partage des joies et des peines, comme le berger qui est toujours auprès de ses brebis.

    Le berger mercenaire, lui, regarde avant tout son intérêt. Les brebis passent en second. Il les abandonne s’il voit venir le loup, lorsque des difficultés ou des dangers apparaissent. Il n’en va pas ainsi dans le plan de Dieu sur l’humanité que Jésus vient accomplir.

    Jésus n’agit pas comme le berger mercenaire, il entre dans ce plan de Dieu en donnant sa vie pour montrer à quel point Dieu aime l’humanité. « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son propre Fils » dira saint Jean (Jean 3, 16). Les brebis comptent pour lui. De la plus faible à la plus forte, de la plus jeune à la plus vieille, de la plus agile à la plus malhabile, toutes sont l’objet de son attention et de son soutien.

    Une image moderne serait celle de la bonne grand-maman, toujours alerte qui se penche sur ses petits enfants avec attention et empressement, qui les suit avec intérêt, qui les accueille sans questionnement, qui leur donne du temps etc. comme font plein de nos connaissances. C’est cela « aimer ses brebis ».

    II – Jésus, bon pasteur connaît ses brebis.

    La seconde application de l’image du bon pasteur que fait Jésus à sa mission réside dans le mot connaître. « Je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent ».

    Le terme « connaître » ici a une grande richesse. Il ne se réfère pas à une connaissance avec sa tête seulement ou une connaissance théorique. Il faut plutôt penser qu’il a le sens qu’on lui donne quand on dit dans le langage courant « lui, je le connais bien » ou « elle, je la connais bien » ou encore « si j’avais bien connu cette personne, je ne lui aurais pas fait autant confiance ».

    On indique dans ces usages que connaître une personne c’est aller plus loin que le côté superficiel qu’on voit d’elle à tous les jours. C'est aller vers ce qui la fait vivre, c'est entrer dans ses sentiments et ses attentes, c'est porter ses fardeaux et ses deuils parfois, c’est marcher à côté d’elle, c’est la relever lorsqu’elle est abattue et blessée etc.

    Voilà comment se déploie la vraie connaissance des brebis. Tous ces gestes sont ceux que Jésus a faits pour nous et qu’il continue de faire : il porte nos fardeaux, il marche avec nous, il nous relève, il nous guérit etc. Car son rôle de bon pasteur n’est pas terminé. Toujours vivant, le Christ Ressuscité est le pasteur de nos âmes. Il est secondé dans l’Église par des pasteurs, comme les évêques et les prêtres qui sont, par le sacrement de l'Ordre, des signes visibles du Christ Pasteur. Il est important de prier pour eux aujourd’hui parce qu’ils ont à porter une mission qui rend le Christ Pasteur présent dans l’Église et dans le monde.

    III – Jésus, bon pasteur va vers les brebis qui sont en dehors de l’enclos.

    Le troisième volet de la mission du bon pasteur c’est d’aller vers les brebis qui ne sont pas encore dans l’enclos. Jésus est explicite « J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi il faut que je les conduise ».

    Le pape François reprend souvent cette idée en nous invitant aller vers les périphéries ou encore à voir l’Église comme un hôpital de campagne où les blessés de toutes sortes sont accueillis. En effet, Jésus, le Bon Pasteur, ne s’enferme pas dans un enclos.

    C’est une leçon qui nous interpelle aujourd’hui. Devant les difficultés de l’annonce de l’Évangile, il est tentant de se refermer dans la chaleur de l’enclos au lieu d’aller vers l’extérieur comme disciples - missionnaires, pourtant les disciples qui suivent Jésus, leur Maître et leur Seigneur, sont en même temps envoyés pour dire et proclamer la Bonne Nouvelle qui les fait vivre.

    Aller vers les brebis du dehors a toujours été l’une des préoccupations des communautés chrétiennes. Aujourd’hui, cette ouverture se manifestera de diverses façons. Elle subira le test des engagements politiques parfois. Elle s’inscrira dans les défis d’aujourd’hui comme la question des réfugiés et des migrants que le pape François soulève à chaque occasion qui se présente pour lui d’en parler et comme tant d’autres défis que nous côtoyons dans nos milieux de vie et dans nos contrées. Et ce faisant, «  il y aura un seul troupeau et un seul pasteur ».

    Conclusion

    En conclusion de l’Évangile, Jésus nous donne le secret où il puise l’énergie nécessaire à sa mission de bon pasteur : « Je donne ma vie pour la recevoir de nouveau ».

    Par ce don, il est devenu pour nous comme le dit la première lecture tirée des Actes des Apôtres « la pierre d’angle ». « En nul autre que lui, il n’y a de salut car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver ».

    Recevons cet amour dans la présence de Jésus Ressuscité qui est là au milieu de nous, dans notre rassemblement comme le bon pasteur, le vrai berger. Dans la foi, nous le reconnaissons comme Seigneur et Sauveur sous les signes du Pain et du Vin consacrés et nous lui disons comme les premiers chrétiens « Maranatha ! Viens Seigneur, viens ! » Amen !

    Commentaires de Mgr Hermann Giguère P.H.

    Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval – Séminaire de Québec – Le 20 avril 2021

     * Le Bon Pasteur

    Prières :

    1. Demandons la grâce de comprendre le cœur blessé de Jésus pour entrer dans l’amour fou de Dieu pour nous.

    Père Gilbert Adam

    2.

    Seigneur Jésus, l’humanité est riche de tant de visages divers !

    Malheureusement, nous nous opposons entre nous, et souvent jusqu’au cœur de ton Église.

    Que l’Amour qui presse ton cœur brûle aussi chacun de tes enfants.

    Il n’a de cesse que toutes tes brebis ne soient rassemblées, et pour cela, tu as livré ta vie.

    Que ton Esprit me donne la force de livrer ma vie avec toi pour tous mes frères, sans jamais en rejeter un seul !…

    Mère du Bon Pasteur, garde en mon cœur cette exigence de l’Amour divin, source de la vraie joie. Amen.

    La Croix – Questions de vie – Questions de foi

    3.

    Seigneur Jésus, en bon pasteur tu as risqué ta vie

    pour rassembler les enfants de Dieu dispersés.

    Donne-nous d'écouter aujourd'hui ta voix

    et écoute la nôtre qui te supplie,

    toi qui règnes maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

    Vie liturgique, revue de pastorale liturgique publiée par Novalis

     * Le Bon Pasteur

    Conclusion : « Jésus, berger de toute humanité… »

    À cause de cette page d’Évangile, c’est aujourd’hui la journée de prière pour les vocations. Le pape Paul VI l’a instituée en 1963 et l’a fixée au 4ème dimanche de Pâques. Quand nous parlons des vocations, nous pensons aux prêtres, aux religieux et religieuses qui prennent de l’âge. Mais dans les textes bibliques de ce dimanche, les lamentations stériles n’ont pas leur place. Le plus important, c’est de découvrir le Christ qui se présente à nous comme le bon berger.

    Ce bon berger est un observateur attentif. Il connaît chacune de ses brebis. Aucune ne se ressemble. Elles sont toutes uniques. Qui que nous soyons, nous avons du prix à ses yeux. Cette conviction de foi doit nous conduire à l’action de grâce pour tout ce qui nous est donné. Cela signifie également que chacun a une vocation propre : tous les états de vie sont des vocations, non seulement les prêtres et les religieux, mais aussi le mariage, la présence au monde. Nous sommes tous appelés à une vocation particulière au service de tous. C’est ensemble, en communion avec toute l’Église que nous participons à la mission du Christ Bon Berger.

    Dans un deuxième temps, le Christ nous dit que le bon berger donne sa vie pour ses brebis. Il reste solidaire. Il ne les abandonne pas quand vient le loup, quand vient l’épreuve. Jésus expose sa vie pour protéger ses brebis. Il va jusqu’au bout en se donnant totalement à ceux qui viennent l’arrêter. Il donne sa vie pour le salut du monde. Lui-même nous l’a dit : « Ma vie, nul ne la prend mais c’est moi qui la donne ». Et quand nous chantons « Jésus Berger de toute humanité », nous proclamons que nous voulons le suivre et lui donner la première place dans notre vie.

    Enfin, le Bon Pasteur nous dit qu’il a d’autres brebis dans d’autres bergeries. Il s’en préoccupe. Il veut les rassembler toutes en un seul troupeau dans l’unité. Quand il dit cela, il ne pense pas seulement aux bons chrétiens. Il pense aussi à tous ceux et celles qui ne connaissent pas Dieu, ceux et celles qui organisent leur vie sans lui et en dehors de lui. Il voit aussi ceux et celles qui combattent l’espérance chrétienne ou la tournent en dérision. Les uns et les autres sont connus et aimés de Dieu. Nous sommes envoyés dans ce monde tel qu’il est pour être les témoins et les messagers de cette bonne nouvelle.

    Depuis la Pentecôte, les apôtres sont devenus les messagers de l’Évangile. Après la résurrection de Jésus, Pierre a connu une transformation très forte. Lui qui avait peur au moment de la Passion fait preuve d’une force merveilleuse. Il n’hésite pas à proclamer devant tous ses adversaires qu’en dehors de Jésus, il n’y a pas de salut. Ce n’est que grâce à lui que nous pouvons obtenir la vie nouvelle qui fait de nous des enfants de Dieu. C’est de cela que nous avons à témoigner tout au long de nos journées. Les évêques, les prêtres, les diacres, les laïcs sont tous donnés à l’Église et au monde comme le Christ notre berger. Nous ne sommes pas à notre compte mais à celui de Jésus qui nous appelle et nous envoie pour être les témoins de la Bonne Nouvelle de l’Évangile.

    La Lettre de saint Jean (2ème lecture) va dans le même sens. Nous sommes peut-être trop habitués à entendre que Dieu nous aime. C’est vrai que nous sommes devenus des enfants gâtés. Mais il nous faut imaginer le bouleversement de cette révélation d’amour a pu provoquer à l’époque. Elle s’adressait aux grandes cités de l’empire Romain, à des gens exploités et méprisés, à des mal-aimés de Corinthe et d’Éphèse. Pour eux c’était un véritable renversement. Le monde de l’amour n’avait rien à voir avec celui du pouvoir.

    Ce qui est premier c’est cette révélation inimaginable d’un Dieu dont le nom est « Amour ». Nous y avons été plongés au jour de notre baptême. « Mes bien-aimés, voyez comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblés. Il a voulu que nous soyons enfants de Dieu ». C’est une expérience vraiment extraordinaire. Il s’agit moins d’aimer que de se savoir aimés par lui. Pour nous, cela a commencé au jour de notre baptême et cela se développe tout au long de notre vie. Un jour viendra où nous atteindrons la parfaite ressemblance avec le Fils de Dieu. « Nous luis serons semblables parce que nous le verrons tel qu’il est ». Il suffit de se laisser aimer.

    Si nous allons communier au Corps et au sang du Christ c’est pour puiser à la source de cet amour qui est en Dieu, c’est pour entrer dans ce projet qui anime Jésus. Alors oui, nous te prions Seigneur : donne-nous force et courage pour rester fidèles à cette mission que tu nous confies.

    Abbé Jean Compazieu – Le 18 avril 2021

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

     * Le Bon Pasteur

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS :

    Dieu éternel et tout puissant, Guide-nous jusqu’au bonheur du ciel. Que le troupeau parvienne, malgré sa faiblesse, là où son pasteur est entré victorieux.

    Références :

    http://www.gcatholic.org/calendar/2022/General-D-fr.htm

    https://croire.la-croix.com/Paroisses/Textes-du-dimanche/4e-dimanche-de-paques-annee-b

    http://www.vieliturgique.ca/index.php?option=com_content&task=view&id=80

    https://www.aelf.org/2024-04-21/romain/messe

    https://paroisse-colomiers.over-blog.com/1-jean-3-1-2.html

    http://passionistedepolynesie.e-monsite.com/pages/enseignement-myriam-de-gemma/reflexions-bibliques/jean/jean-10-11-18.html

    http://thierry-jallas.over-blog.com/article-commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-b-4e-dimanche-de-paques-29-avril-2012-103937073.html

    https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-4e-dimanche-de-Paques-Annee-B-Moi-je-suis-le-bon-pasteur_a1003.html

    https://www.la-croix.com/Definitions/Lexique/4e-dimanche-Paques-B-Je-suis-bon-pasteur-2021-04-20-1701151830

    https://dimancheprochain.org/9208-homelie-du-4eme-dimanche-de-paques-8/

    Magnificat du dimanche 21 avril 2024 page 267


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