• Tout spécialement pour nos Sœurs, (futures) Dames du Temple ! 

    Approche du symbolisme de la rose

    « C’est une folie d’haïr toutes les roses parce qu’une épine vous a piqué. »

    (Antoine de Saint-Exupéry – Le Petit Prince)

    Introduction

    Dans toutes les traditions, la rose occupe une place particulière. Dans l'iconographie chrétienne, elle symbolise, soit la coupe qui recueillit le sang du Christ, soit la transfiguration des gouttes de ce sang, soit encore les plaies du Christ.

      * Approche du symbolisme de la rose                                                              * Approche du symbolisme de la rose

    Quand on se penche sur le symbolisme de la rose, il est tellement vaste qu’il paraît inépuisable et parfois difficile à cerner. La rose n’évoque pas seulement une fleur charmante, mais tout un univers qui peut nous émerveiller quel que soit notre grade. Symbole de beauté et de perfection, elle peut aussi symboliser l’épanouissement de la réalisation la plus haute que peut atteindre l’état humain.

    Les caractères de la rose lui ont valu très tôt une symbolique forte ; éphémère et fragile, elle éveille les sens et révèle l’instant précieux. Elle est probablement la fleur la plus connue, celle que l’on offre à son amour, tel un présent sans prix, telle une image de vie.

    Au sein de notre Ordre, la rose occupe une place importante dans la cérémonie d’adoubement des Dames du Temple. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité tracer ce parchemin dans lequel j’évoquerai successivement la place de la rose en botanique, dans les traditions, les légendes et la mythologie, dans l’alchimie et dans les arts. Après un survol de son histoire, j’aborderai plus en détails son vaste symbolisme, celui de ses couleurs, du nombre des folioles des rosiers, son importance en héraldique et dans quelques emblèmes nationaux.

    La rose, l’églantier, le rosier

    La rose est sans doute la fleur la plus cultivée au monde, mais il ne faut pas oublier que le rosier est d'abord une plante sauvage, dont le représentant le plus connu en Europe est l'églantier.

     * Approche du symbolisme de la rose

    Plantes sauvages aux fleurs simples à cinq pétales, les roses sont devenues à la mode depuis quelques décennies, pour leur aspect plus naturel, sous le nom de « roses botaniques ».

    Quant aux rosiers cultivés dans nos jardins, ils sont le résultat de plusieurs siècles de transformations d'abord empiriques, puis méthodiques, en particulier par hybridation. La rose des jardins se caractérise avant tout par la multiplication de ses pétales imbriqués qui lui donnent sa forme caractéristique.

    La rose, du point de vue de la botanique

    Un botaniste nous dirait que la rose est la fleur du rosier, arbuste du genre Rosa et de la famille des rosacées. La principale modification observée chez les rosiers cultivés est la multiplication des pétales, qui sont en fait des étamines transformées. Originaire de l’hémisphère nord  on en dénombre une centaine d’espèces.

    De nombreuses sélections et hybridations ont donné naissance à plus de 20.000 espèces exhibant une diversité de formes et de couleurs incluant toutes les teintes de rose allant du blanc, passant par le rouge écarlate au jaune éclatant à l’exception du bleu.

    Il existe environ 250 espèces sauvages différentes du genre Rosa dans l'hémisphère tempéré et des milliers de variétés. Les rosiers sont des arbustes épineux, généralement à feuilles caduques. Leurs feuilles sont imparipennées, présentant le plus souvent de 5 à 7 folioles dentées. Elles ont des stipules soudées à la base du pétiole.

    Rarement solitaires, les fleurs sont groupées en corymbes [1]. Le calice est composé de cinq sépales. La corolle comprend en principe cinq pétales. Les étamines sont très nombreuses. Les styles sont souvent soudés en colonne. Le fruit, ou plutôt l'infrutescence [2], est un cynorrhodon [3] arrondi, ovale ou piriforme [4], de couleur rouge et contenant de nombreux akènes.

    La principale modification observée chez les rosiers cultivés est la multiplication des pétales, qui sont en fait des étamines transformées.

    Le mot « rose », apparu en français au début du 12ème siècle, est dérivé du latin rosa, rosae (substantif féminin) qui désignait aussi bien la fleur que le rosier lui-même. Ce terme, apparenté au grec rhodon, aurait été emprunté à une langue orientale. Il est tentant de rapprocher « rose » de « rosée », pourtant cette rencontre, source d'inspiration inépuisable pour les poètes, est fortuite en français. En effet « rosée » dérive, par l'intermédiaire du bas-latin rosata, du latin ros, roris (substantif masculin), peut-être apparenté au grec drosos, venant d'une autre racine indo-européenne.

    L’histoire de la rose remonte à la nuit des temps

    Des églantiers fossiles ont été retrouvés aux États-Unis, dans l'Oregon et le Colorado. Leur âge a été évalué à ± 40 millions d'années. La plus ancienne représentation de la rose a été retrouvée en Mongolie, dans les tombeaux de Tchoudi.

    Dans tout l’hémisphère nord, l’histoire de la rose remonte à la nuit des temps. Reine du jardin à juste titre, la rose est un joyau que les jardiniers ont façonné patiemment de génération en génération.

    Appréciée pour sa beauté, célébrée depuis l'Antiquité par de nombreux poètes et écrivains, pour ses couleurs qui vont du blanc pur au pourpre foncé en passant par le jaune franc et toutes les nuances intermédiaires, et pour son parfum, elle est devenue la « reine des fleurs », présente dans presque tous les jardins et presque tous les bouquets.

    D'après les témoignages historiques, des roses étaient également cultivées en Chine il y a environ 5 000 ans. Ces fleurs originaires d'Asie centrale, se sont répandues dans tout l'hémisphère nord sans jamais toutefois franchir l'équateur.

    Les roses ont aussi été cultivées en Perse depuis plus de 5 000 ans et en Grèce à partir de l’âge du bronze. 

    Selon les scientifiques, l’apparition des premiers rosiers remonte, au minimum, à près de 35 millions d'années. Si l’on ne sait pas grand-chose sur ces premiers spécimens, de nombreux écrits de l’Antiquité démontrent que déjà la « reine des fleurs » était appréciée des Égyptiens, des Grecs et des Romains. A l’époque, seule une variété blanche était cultivée principalement pour ses vertus médicinales.

    Des représentations de la rose en Crète, datant de 1 600 av. J.-C., nous montrent des fleurs à 5 pétales de couleur blanc rosé. Toute l’Antiquité a vénéré la rose et lui a donné une place dans ses mythes et légendes. C’est le symbolisme de la régénération et de l’éternité des cycles de vie, lié à une renaissance spirituelle.

    La rose a été utilisée lors des rituels de momifications durant le règne de Ramsès II et a fait partie de l'ornement des sarcophages et tombeaux. Un bouquet de rose a été découvert dans le sarcophage de Toutankhamon.

    En Grèce, la rose avec son parfum doux et subtil, le parfum des Dieux, était appréciée pour ses vertus médicinales et sa symbolique. Hérodote put alors observer des roses à 60 pétales dans le jardin du Roi Midas. La rose symbolisait la naissance lorsqu'elle était associée à Vénus mais était aussi constamment présente lors des funérailles.

    Cette symbolique de la naissance existe également dans l'empire romain : un esclave affranchi était couvert de roses. La rose ornait sous forme de couronnes les mariés et les guerriers. Mais, sous forme de poudre, d'infusion, d'eau de rose, elle était principalement utilisée en médecine pour guérir les douleurs, les infections, la nausée … C'est à cette époque que Pline rédigea le premier ouvrage sur la culture des rosiers. Pline l'Ancien, dans son « Histoire naturelle », décrit 20 sortes de rosiers nommés par le nom de leur lieu de provenance. Il les décrit, ce qui permet des suggestions d'identification.

    Dès l’Antiquité, la fleur fut vénérée : les Grecs et les Romains la considéraient comme un cadeau des dieux fait à la terre et aux hommes. Ils la cultivaient abondamment, notamment pour les cérémonies nuptiales. En effet, elle était l’apanage de la déesse Aphrodite (Venus chez les Romains), déesse de l’Amour. Sa fraîcheur et sa douceur en faisait l’emblème de la virginité.

    Les roses étaient également présentes lors de nombreuses fêtes, comme les fêtes de Bacchus, où elles étaient portées en couronne et où leurs pétales recouvraient le sol. La rose symbolisait alors la liesse. Elle servait aussi à accueillir les soldats au retour du combat. On retrouvait aussi la fleur dans les cérémonies funéraires, où elle servait de plus à honorer les morts, notamment en ornant les monuments.

    Dans la religion chrétienne, la rose est également symbolique : elle y est à la fois l’expression du martyre et du sang du Christ, et la représentation de la Vierge Marie. Vers l'an 400, « Rosa alba » devint l’emblème de la Vierge.

    Mais le christianisme avait d’abord rejeté la rose parce qu’elle était un symbole païen vu son attachement à Vénus et elle fut même l'emblème des prostituées. La rose survécut cependant dans quelques jardins comme ceux de Childebert 1er (511 – 558) et dans quelques couvents ou monastères où elle fut cultivée pour ses propriétés médicinales.

    La rose reprit de l'importance en France grâce à la littérature (Cf. « Le Roman de la Rose » de G. de Lorris) et elle se retrouva de nouveau associée à la femme. En 1402, à l'occasion de sa « fête des roses », le Duc d'Orléans a créé « L'Ordre de la Rose » au sein duquel les gentilshommes s'engageaient à défendre l'honneur des dames.

    Depuis le Moyen Age, sa symbolique a rejoint aussi celle de l’Antiquité : la rose devint alors l’allégorie de l’amour puissant et fragile à la fois, comme elle, mais aussi la personnification-même de l’être aimé.

    C'est au Moyen Age qu’a débuté la culture des premières roses importées de l'Orient par les Croisés.

    Au 12ème siècle, saint Bernard fit de la rose le symbole de la Vierge et donc de la pureté. Le pape bénit lui aussi la rose qui devint l'emblème de la fidélité à l'Eglise.

    Aux 12ème et 13ème siècles, alors que les Croisades embrasaient les cœurs et les passions, les voyageurs armés ramenèrent du Proche Orient de nouvelles variétés de roses dont la mythique « rose de Damas » qui, dès le 13ème siècle, fit la fortune de Provins en région parisienne. Cette rose avait été plantée originellement sur l'Ile de Samos en l'honneur de la déesse Aphrodite. Plus tard, elle fut honorée à Rome avec Venus, déesse de l'amour.

    C’est à cette époque que la culture du rosier débuta réellement en France avec la « Rose des apothicaires» (Gallica officinalis). Cette variété ramenée de Terre Sainte sera d’abord cultivée pour ses vertus médicinales avant d’être appréciée pour sa beauté au jardin. C’est à partir de cette variété que l’on fabriquait l’essence de rose au Moyen Age.

    En France, les rosiers anciens les plus cultivés étaient alors « les Galliques » aussi appelées « Roses de France » (Rose de Provins, Charles de Mills, Tuscany) mais aussi des variétés de roses blanches aussi appelées « Alba » (Céleste, Jeanne d'Arc, Cuisse de Nymphe), des « rosiers de Damas » (Félicité Hardy, Quatre Saisons, Rose du Roi), des « rosiers Centfeuilles » (Rosa Centifolia, Rose des Peintres, Petite de Hollande) et enfin des « rosiers Moussus » (Moussu commun, Salet).

    Toutes ces variétés avaient des traits communs : développées en gros buissons, elles présentaient le plus souvent une floraison unique et abondante. Chaque fleur très parfumée se composait de nombreux pétales variant du blanc pur au pourpre sombre. Seule la rose de Damas (Quatre Saisons) était remontante. Elle est à l'origine des premiers rosiers remontants de l'Occident.

    La Renaissance fit de la rose un vulgaire objet d’étude botanique et médicinale.

    Bien des années après les Croisades et l’introduction en Occident des variétés du Proche-Orient, une découverte bouleversa l’horizon des rosiéristes de l’époque. Vers l’an 1700, aux variétés désormais connues vinrent s’ajouter des variétés exotiques comme les rosiers d’Inde, de Chine ou du Japon. L’arrivée de ces variétés chinoises se fit via le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’île de la Réunion. Ces spécimens remontants ouvraient la porte à des floraisons de juin à octobre.

    L’arrivée de rosiers de Chine et du Japon bouleversa la culture de la rose en France. En quelques années, le nombre de variétés allait exploser pour le plus grand plaisir des jardiniers européens décidément tombés sous le charme de cette plante au parfum envoûtant.

    Les premiers croisements entre les rosiers déjà bien implantés et ces nouveaux venus donnèrent des variétés non remontantes comme les rosiers « Bourbon » (Mme Pierre Oger, Souvenir de la Malmaison), les rosiers « Noisette » (Rose Noisette, Desprez à fleurs jaunes), les rosiers « Thé » (Adam, Gloire de Dijon) mais aussi des hybrides remontants (Baronne Prévost, Reine des Violettes...).

    D'autres variétés furent également importées au 18ème siècle de Hollande et de Belgique dont la rose « Centifolia » ou « Rose Chou » aux cent pétales. Cette dernière variété fut rapidement adoptée par les parfumeurs de Grasse et donna naissance à son tour aux rosiers mousseux et aux rosiers à feuilles de laitue.

    C'est ensuite au 18ème siècle que les Français commencèrent à les croiser pour créer de nouvelles variétés. Au début du 18ème siècle, les botanistes avaient répertorié toutes les souches possibles.

    Dans la seconde moitié du 18ème siècle, la rose redevint la « reine des fleurs », le symbole du retour à la nature. La nouvelle place de la rose est alors le reflet des tendances nouvelles en matière d’esthétique, le renouveau des parcs et des jardins.

    Au 19ème siècle, la rose est devenue une fleur ornementale essentielle ; ses vertus médicinales sont presque oubliées, son symbolisme religieux également. Et c’est une rose nouvelle qui allait passionner botanistes et horticulteurs. Mais pendant longtemps, les rosiéristes restèrent en but à un problème. Ces rosiers originaires des pays chauds supportaient mal le froid de l'Europe !

    Pour remédier à cette fragilité, les rosiéristes de l’époque ont décidé de procéder à des hybridations pour créer des roses plus fortes et plus vigoureuses.

    Le fruit de ces premières hybridations donna un élan formidable à la création de centaines de nouvelles variétés que l’on regroupe généralement sous le nom de roses anciennes. Cette appellation comprend pas moins de 10 000 variétés qui ont toutes la particularité d’avoir été créées avant 1920.

    La rose dans les traditions et légendes

    Venant de Perse, la rose était aussi cultivée à Babylone dans les célèbres jardins suspendus. Puis on la trouve en Grèce vers le 5ème siècle avant notre ère. Les Grecs consacraient la rose à Harpocrate, le dieu du silence.

    De l’Antiquité au Moyen Age, le terme « sub rosa » était utilisé en Europe. En plus d’être un symbole de l’amour, la rose est aussi porteuse symbolique de secrets ou de compréhension tacite. Le terme « sub rosa » signifie « sous la rose » et vient de la pratique des pendaisons romaines des roses au-dessus des tables de réunion. Ici, il était entendu que ce qui s’est dit à cette table, sous les roses suspendues, a été interdit de se répéter ailleurs. Ainsi on signale qu’une réunion devait se tenir secrète en suspendant une rose au plafond. Par la suite elle fut représentée en stuc ou autre matériau solide que l’on trouve dans les châteaux ou des bâtiments anciens.

    Sa signification originelle fut petit à petit oubliée. Enfin dans la chrétienté médiévale on confectionnait des colliers de prière avec des roses, appelés « rosaires » par saint Dominique, en 1208 (du latin « rosarium », guirlande de roses). Rappelons à ce sujet que, selon la tradition, c'est saint Dominique qui a reçu le Rosaire des mains de la Vierge Marie. Le rosaire est le nom d'une prière catholique composée de quatre chapelets d’oraisons. Un rosaire de quinze dizaines consiste à dire trois chapelets. Un chapelet consiste en cinq dizaines, et une dizaine consiste en un Pater, dix Ave et un Gloria.

    La rose dans la mythologie

    La rose est associée à Aphrodite, déesse de l’amour qui a été souvent représentée ornée de roses autour de sa tête, les pieds et ou le cou. L’Antiquité faisait remonter l’origine de la rose à la mort d’Adonis, l’amant massacré de l’Aphrodite. Selon cette tradition, un osier aurait grandi au sein de la mare de sang déversé d’Adonis. Ce sang aurait fait naître les premières roses rouges. La rose devint alors le symbole de l’amour qui parfois vainc la mort. De même, dans la tradition chrétienne, il est dit qu’un rosier a grandi sur le site de la mort du Christ.

    La rose en alchimie et dans l’art

    Très vieux symbole alchimique, la rose représente la connaissance des mystères du Grand Œuvre, la connaissance intégrale, l'illumination. Elle possède 5 ou 8 ou 15 pétales, liés aux correspondances sacrées de Pythagore. Elle est le symbole de la perfection achevée. La rose blanche signifie le sacrifice, la rose rouge le devoir. Elle conduit au symbole de la roue, utilisé aussi bien en alchimie qu'en kabbale, qui, à son tour, conduit aux rosaces des églises. En kabbale, la roue est le rouha, c'est-à-dire le souffle.

       * Approche du symbolisme de la rose          * Approche du symbolisme de la rose

    Dans les textes alchimiques et de l’art, une rose à sept pétales est un symbole de l’intégration, de la compréhension universelle et de l’ordre. Vraisemblablement, parce que, dans la numérologie, le nombre sept est emblématique de la perfection dans le déroulement précis de l’univers ainsi que de la compréhension humaine.

    Remarquable par sa beauté, sa forme et son parfum, la rose est la fleur symbolique la plus employée en Occident. Elle correspond dans l'ensemble à ce qu'est le lotus en Asie, l'un et l'autre étant très proches du symbole de la roue. L'aspect le plus général de ce symbolisme floral est celui de la manifestation, issue des eaux primordiales, au-dessus desquelles elle s'élève et s'épanouit. Cet aspect n'est d'ailleurs pas étranger à l'Inde, où la rose cosmique Triparasundarî sert de référence à la beauté de la Mère divine. Elle désigne une perfection achevée, un accomplissement sans défaut. Elle symbolise la coupe de vie, l'âme, le cœur, l’amour. On peut la contempler comme un mandala et la considérer comme un centre mystique.

    Un symbole rosicrucien figure cinq roses, une au centre et une sur chacun le bras de la Croix. Cette image évoque soit le Graal, soit la rosée céleste de la Rédemption.  Toujours à propos des Rose-Croix, remarquons que leur emblème place la rose au centre de la croix, c'est-à-dire à l'emplacement du cœur du Christ, du Sacré-Cœur. Ce symbole est le même que la Rosa candida de la Divine Comédie, laquelle ne peut manquer d'évoquer la Rose mystique des litanies chrétiennes, symbole de la Vierge, le même peut-être aussi que celui du Roman de la Rose.

    Angelus Silesius a fait de la rose l’image de l'âme, et aussi celle du Christ, dont l'âme reçoit l'empreinte. La rose d'or, autrefois bénie par le Pape le quatrième dimanche de Carême, était un symbole de puissance et d'instruction spirituelle. Mais aussi sans doute un symbole de résurrection et d'immortalité.

    Approche du symbolisme de la rose

    La rose est une synthèse poétique et naturelle de la beauté et de l'harmonie. Elle a une grande valeur symbolique. 

    Remarquable par sa beauté, sa forme et son parfum la rose est la fleur symbolique la plus employée en Occident. Elle désigne une perfection, un accomplissement. On lui reconnait une certaine similitude avec le lotus en Asie, l’une et l’autre étant proches du symbole de la roue. La rosace gothique et la rose des vents marquent le passage, du symbolisme de la rose à celui de la roue.

    Symbole de l’amitié et de l’amour, la rose quelle que soit sa couleur est l’une des meilleures façons d’exprimer ses émotions. Il existe un langage quasi universel qui permet d’identifier et de comprendre le message délivré. (Exemple : Rose rouge = amour et respect).

    La rose est devenue symbole de l'amour et plus encore du don de l'amour, de l'amour pur. La rose comme fleur d'amour remplace le lotus égyptien et le narcisse grec.

    Les roses représentent le cœur et elles sont belles à l’œil, et leur arôme est aussi très important. Avec une telle présence impressionnante, la rose attise l’attention dans la culture humaine et a donc des significations symboliques anciennes à travers l’histoire humaine.

    La rose est une fleur de contraste. Belle, dégageant un parfum subtil et agréable, sa tige est parsemée d’épines, enseignant qu’il faut se défier des apparences séduisantes mais trompeuses, et que, pour parvenir à son objectif, il faut savoir se préserver des embûches ; elle enseigne donc aussi la prudence.

    Le symbolisme de la couleur rouge de la rose est celui de l’amour pouvant aller jusqu’au sacrifice. Le blanc, celui de la pureté, de la beauté.

     * Approche du symbolisme de la rose

    C'est surtout par sa valeur symbolique que la rose a laissé son parfum dans l'histoire. Voici quelques exemples :

    • Chez les Grecs, la rose était la fleur d'Aphrodite, déesse de l'amour et d'Aurora, la déesse aux doigts de roses.
    • Les Romains rattachaient la rose à Vénus. La rose aurait été blanche, mais rougie accidentellement quand Cupidon renversa son verre de vin sur elle.
    • La première nuit d'amour entre Cléopâtre et Marc Antoine se serait déroulée sur un lit de pétales de roses de quarante-cinq centimètres d'épaisseur.
    • Dans le Cantique des Cantiques, la rose symbolise Israël. Et dans le livre des Parsis[5], le rose naît sans épines et n'en est armée qu'après l'apparition du génie du mal sur terre.
    • Quand, en 1187, Saladin reprit Jérusalem aux Croisés, il fit purifier la mosquée d'Omar par de l'eau de rose amenée par une caravane de 500 chameaux. Et en 1453, Mehmed II purifia aussi à l'eau de rose l'église byzantine de Constantinople avant de la convertir en mosquée.
    • Les rosières, jeunes filles vertueuses et pures, étaient à l'origine couronnées de roses.
    • La « Rose blanche de Finlande », ordre national finlandais, a été créé en 1919 pour récompenser les services rendus au pays.

    La rose est, dans l'iconographie chrétienne, soit la coupe qui recueille le sang du Christ, soit la transfiguration des gouttes de ce sang, soit le symbole des plaies du Christ.

    Il faut enfin noter le cas particulier, en mystique musulmane, de Saadi de Chiraz, pour qui le Jardin des Roses est celui de la contemplation : « j'irai cueillir les roses du jardin, mais le parfum du rosier m’a enivré », langage que la mystique chrétienne ne refuserait en aucune manière, en commentaire du Cantique des Cantiques sur la rose de Saron. La rose, par son rapport avec le sang répandu, paraît souvent être le symbole d’une renaissance mystique : sur le champ de bataille où sont tombés de nombreux héros, poussent des rosiers et des églantiers... 

    Selon F. Portal, « la rose et la couleur rose constitueraient un symbole de régénération du fait de la parenté sémantique du latin rosa avec ros, la pluie, la rosée. La rose et sa couleur, dit-il, étaient les symboles du premier degré de régénération et d'initiation aux mystères... L'âne d'Apulée recouvre la forme humaine, en mangeant une couronne de roses vermeilles que lui présente le grand prêtre d'Isis. Le rosier, ajoute cet auteur, est l'image du régénéré, comme la rosée est le symbole de la régénération. »

    Et la rose, dans les textes sacrés, accompagne bien souvent le vert, ce qui confirme cette interprétation suivante dans l'ecclésiaste : « J'ai grandi comme les plants de roses de Jéricho, comme un olivier magnifique dans la plaine ».

    L'olivier était consacré à Athéna, la déesse aux yeux pers qui naquit à Rhodes, l’île des roses, ce qui suggère les mystères de l'initiation.

    Et les rosiers étaient consacrés à Aphrodite en même temps qu'à Athéna. La rose était chez les Grecs une fleur blanche, mais lorsque Adonis, protégé d'Aphrodite, fut blessé à mort, la déesse courut vers lui, se piqua à une épine et le sang colora les roses qui lui étaient consacrées.

    C'est ce symbolisme de régénération qui fait que, depuis l'Antiquité, on dépose des roses sur les tombes : les anciens nommaient cette cérémonie « rosalia » ; tous les ans, au mois de mai, ils offraient aux mânes des défunts des mets de roses.

    Et Hécate, déesse des Enfers, était parfois représentée la tête ceinte d’une guirlande de roses à cinq feuilles. On sait que le nombre cinq succédant au quatre, nombre d'accomplissement, marque le départ d'un nouveau cycle.

    Au 7ème siècle, selon Bède, le tombeau de Jésus-Christ était peint d’une couleur mélangée de blanc et de rouge. L'on retrouve ces deux éléments composants de la couleur rose, le rouge et le blanc, avec leur valeur symbolique traditionnelle, sur tous les plans, du profane au sacré, dans la différence accordée aux offrandes de roses blanches et de roses rouges, ainsi que dans la différence entre les notions de passion et de pureté et celles d'amour transcendant et de sagesse divine.

    « Aux armes des religieuses, dit le Palais de l'honneur, l'on met une couronne composée de branches de rosier blanc avec ses feuilles, ses roses et ses épines, qui dénotent la chasteté qu’elles ont conservée, parmi les épines et les mortifications de la vie. »

    La rose est devenue un symbole de l'amour et plus encore du don de l'amour, de l'amour pur :

    • la rose, comme fleur d'amour, remplace le lotus égyptien et le narcisse grec :
    • celle du Roman de la Rose ;
    • le mystérieux tabernacle du Jardin d'Amour de la Chevalerie ;
    • la rosa mystica des litanies de la Vierge ;
    • les roses d'or que les Papes donneront aux princesses méritantes ;
    • enfin l'immense fleur symbolique que Béatrice montre à son amant fidèle parvenu au dernier cercle du Paradis, rose et rosace à la fois.

    Blanche ou rouge, la rose est une des fleurs préférées des alchimistes dont les traités s'intitulent souvent « rosiers des philosophes ». La rose blanche, comme le lys, fut liée à la pierre au blanc, but du Petit Œuvre, tandis que la rose rouge fut associée à la pierre au rouge, but du Grand Œuvre. La plupart de ces roses ont sept pétales dont chacun évoque un métal ou une opération de l'œuvre. Une rose bleue serait le symbole de l'impossible.

    Ainsi, depuis longtemps, la rose possède une symbolique forte. La fleur est douce et colorée, ses pétales duveteux ou lisses rappellent la texture de la peau. Ses couleurs se déclinent de blanc, de jaune, de rose ou d'une gamme de rouges éclatants ; ses parfums épicés, enivrants ou légers en ont fait la fleur la plus célèbre, celle que l'on peut offrir en toute occasion.

    Toutes les roses symbolisent l’amour, mais certaines couleurs peuvent avoir
    une signification particulière. Au cours des ans, ces significations ont changé et évolué. Par conséquent, il est possible que les opinions varient concernant les nombreuses significations des roses.

     * Approche du symbolisme de la rose

    La rose blanche symboliserait plus particulièrement l'innocence, la pureté, la virginité, l’amour courtois, le silence, l’intérêt, le raffinement, l'élégance et le secret (la discrétion d'une relation, le silence et l'humilité). Elle peut également être le symbole d'un amour pur, platonique.

    La rose blanche, plus particulièrement consacrée à la Vierge Marie, à Holda, à Freia, à Vénus-Uranie, était le symbole du silence et de la prière.

    La pureté du blanc, la dignité...  l'affichage doux de l'innocence...

    Même si quelques mauvaises langues voient en la rose blanche une fausse innocence, trahie par ses enivrants parfums et en lui prétendant des occasions d’adultère et de secret, le langage des fleurs lui donne la signification de l’amour pur.

     * Approche du symbolisme de la rose

    Symbole de la sincérité et de la chasteté, la rose blanche tient sa signification de la Bible quand, au 12ème siècle, saint Bernard fit de la rose blanche le symbole de la Vierge et donc de la pureté. « Marie a été une rose blanche par sa virginité, vermeille par sa charité, blanche par la pratique de la vertu, vermeille par l'écrasement du vice ».

    Toutes les fleurs blanches représentent un sentiment pur, mais lorsqu’il s’agit d’une rose blanche, l’émotion se pare d’une grâce particulière.

    Dans l’art de la Renaissance, une rose à huit pétales est un message de renaissance et de renouveau.

    Les noces de rose symbolisent les 17 ans de mariage dans le folklore français.

    Le symbolisme de la rose, en résumé

    Amour – Honneur – Fidélité – Beauté – Passion – Sagesse – Intrigue – Dévotion – Sensualité – Intemporalité …

    L'aspect le plus général de ce symbolisme floral est celui de la manifestation, issue des eaux primordiales, au-dessus desquelles elle s'élève et s'épanouit.

    Elle désigne une perfection achevée, un accomplissement sans défaut.

    Elle symbolise la coupe de vie, l'âme, le cœur, l'amour, l’image de l'âme.

    La rosace gothique et la rose des vents marquent le passage du symbolisme de la rose à celui de la roue. La rose, par son rapport avec le sang répandu, paraît souvent être le symbole d’une renaissance mystique : sur le champ de bataille où sont tombés de nombreux héros, poussent des rosiers et des églantiers...

    Signification des couleurs des roses

    Rose jaune : joie, la protection contre les amateurs envieux, l’amour d’un âge mûr.
    Rose blanche : pureté, sainteté, secret, admiration, mysticisme
    Rose rouge : sacrifice, immoralité, amour, santé, passion
    Rose rose : premier amour, innocence, guérison

    Une rose bleue serait le symbole de l'impossible.

    Les feuilles du rosier

    Les feuilles du rosier sont alternes, composées et pennées. Sous la fleur, en descendant le long de la tige, les premières feuilles ont, le plus souvent, 3 folioles ; plus bas elles en ont 5 et plus bas encore parfois jusqu’à 7 folioles ovales, lancéolées, bleutées, glabres ou légèrement velues sur les nervures. Les stipules sont soudées au pétiole.

      * Approche du symbolisme de la rose   * Approche du symbolisme de la rose   * Approche du symbolisme de la rose

    Mais ce qui devrait retenir notre attention, à nous qui nous intéressons au symbolisme, ce sont ces nombres 357. Sans entrer dans trop de détails, survolons rapidement le symbolisme de ces trois nombres.

    Symbolisme du nombre trois

    Le nombre trois est un nombre universel que l’on retrouve dans toutes les traditions initiatiques. Il exprime un ordre spirituel dans les plans humain, cosmique ou divin. Il exprime un ordre intellectuel et spirituel, en Dieu, dans le cosmos ou dans l’homme. Il synthétise la tri-unité de l’être vivant ou il résulte de la conjonction de 1 et de 2, produit en ce cas de l’Union du Ciel et de la Terre.

    Trois n’est pas véritablement le troisième nombre mais le premier. Composé à partir des nombres 1 (nombre du Créateur) et 2 (division, dualité, binaire), trois est le premier nombre mystérieux qui intervient comme la signature de la création dans l’Ordre.

    Trois marque toutes les choses créées parce qu’il a présidé à leur création. C’est le nombre de la loi directrice des êtres et du commencement des choses matérielles. Il est le nombre de toute production à l’image du triangle.

    Les naturalistes ont observé de nombreux ternaires dans le corps humain. Il semblerait que toute fonction importante d’un organisme possède cette structure de base.

    La raison fondamentale de ce phénomène ternaire universel est sans doute à chercher dans une vue globale de l’unité – complexité de tout être dans la nature, qui se résume dans les trois phases de l’existence : apparition, évolution, destruction; ou naissance, croissance, mort ; ou encore, selon la tradition et l’astrologie : évolution, culmination, involution.

    Symbolisme du nombre cinq

    Depuis toujours, le nombre cinq est particulièrement chargé de sens. Déjà, dans les temps très anciens, on le considérait comme le nombre de la sagesse et de l’harmonie. On ne peut manquer à ce sujet de citer les cinq doigts de la main et du pied, les cinq sens, l’étoile à cinq branches que forme l’homme debout, tous membres déployés.

    Cinq est le symbole de l’homme immortalisé par Léonard de Vinci qui avait dessiné l’image d’un homme tenant les bras et les jambes écartés de façon que les quatre extrémités des membres et la tête coïncident avec les sommets d’un pentagone étoilé, inscrit dans un cercle. Selon cette représentation de l’art de la Renaissance, cinq est le nombre de l’homme, en tant qu’être placé au centre du cosmos !

    Cinq se rapporte à la quintessence, conçue comme l’esprit invisible des choses.

    Symbolisme du nombre sept

    Dans la longue suite des nombres ayant acquis une valeur symbolique au fil des siècles, le nombre sept semble tenir une place particulière.

    De fait, toutes les civilisations les plus anciennes lui ont accordé une place à part, lui conférant une aura de plénitude et en faisant quasi unanimement le symbole de la perfection et de l’harmonie, souvent sans la moindre concertation.

    Le nombre sept  a été le nombre sacré parmi toutes les nations civilisées de l’Antiquité, le nombre de la perfection, le symbole le plus rayonnant aux faces multiples. Il est fondamental entre tous et on le rencontre dans toutes les religions.

    Sept correspondait au nombre des sages de la Grèce antique : Thalès de Milet, Solon d’Athènes, Chilo de Lacédémone, Pittacos de Mitylène, Bias de Priène, Cléobule de Lindos et Périandre de Corinthe.

    Mais sept évoquerait aussi les sept vertus : trois théologales (la foi, l’espérance, la charité) et quatre cardinales (la force, la justice, la prudence et la tempérance).

    Le nombre « sept » évoque aussi les sept sacrements de l’Église catholique romaine, ainsi que les sept péchés capitaux, correspondant aux sept désirs matériels : l’orgueil, l’avarice, l’impureté, l’envie, la gourmandise, la colère et la paresse.

    Sept correspond aussi aux sept signes zodiacaux entre les solstices d’hiver et d’été, entre deux équinoxes.

    Le solstice d’été a lieu quand le soleil passe dans le 7ème signe zodiacal.

    Le solstice d’hiver a lieu quand le soleil a parcouru les sept signes suivants.

    Le nombre sept est le nombre de la réalisation : il marque la fin d’une évolution, la fin d‘un cycle. Il indique le sens d’un changement après un cycle accompli et celui d’un renouvellement positif : les sept jours de la Création, les sept ans de la construction du Temple de Salomon.

    La rose en héraldique

      * Approche du symbolisme de la rose   * Approche du symbolisme de la rose   * Approche du symbolisme de la rose

    La rose est l'un des « meubles » utilisés en héraldique et sans doute la fleur la plus représentée en ce domaine après la fleur de lys. Le dessin stylisé est inspiré de l'églantine à cinq pétales régulièrement étalés arrondis, entre lesquels apparaissent les pointes des sépales, avec au centre un bouton, souvent de couleur différente ; la tige est absente. Dans certains cas on représente une rose tigée et feuillée, plus réaliste, elle est dite « au naturel ». La rose héraldique apparaît notamment sur le blason de nombreuses communes de France.

    La rose, emblème national

    La rose est la fleur nationale de plusieurs pays : Angleterre, Bulgarie, Finlande (rose blanche), Irak, Maldives, Roumanie…

    Pourquoi le symbole de l'Angleterre est-il la rose ?

     * Approche du symbolisme de la rose

    La rose est un symbole associé à l'Angleterre depuis l'époque où le roi anglais Henri III épousa Éléonore de Provence. La rose dorée de Provence devint l'emblème floral de l'Angleterre. De cette rose dorée naquirent la rose rouge de la Maison de Lancastre et la rose blanche de la Maison d'York.

    La guerre des Deux Roses de 1453 à 1485 opposa « Rosa Alba », la rose blanche de la maison d'York et « Rosa Gallica », la rose rouge de la maison de Lancastre d'où, après le mariage d'Henri VII Tudor et Élisabeth d'York, l'emblème de la rose Tudor rouge à cœur blanc et plus tard la création du rosier « York et Lancaster ».

    A la suite de cette guerre dite « des deux roses », la nouvelle dynastie régnante des Tudor, apparentée aux Lancastre, conserva le symbole. I La rose est aujourd'hui encore la fleur symbolique de l'Angleterre. Elle est l'un des thèmes favoris du monnayage anglais.

    La rose a aussi été choisie comme emblème officiel par plusieurs États des États-Unis : Géorgie (Rosa laevigata), Iowa (Rosa arkansana), New York, Dakota du Nord (Rosa blanda ou arkansana), Oklahoma.

    Pour conclure, du moins provisoirement

    La rose, fleur aux multiples facettes et aux significations si contrastées, a été célébrée au cours des âges pour mille raisons différentes. L’Antiquité en a fait la fleur des dieux, le Christianisme la fleur de Dieu.

    Dans la mythologie grecque, on dédiait la rose à Aphrodite ; chez les Romains, on la dédiait à Vénus, toutes deux déesses de la beauté. De nos jours, la rose est certainement la fleur qui s'offre le plus !

    Reine des fleurs depuis près de 6 000 ans, la rose symbolise deux notions contradictoires, la passion et la pureté. Rouge, rose d'Aphrodite, elle symbolise l'amour, la beauté et la passion.

    Associée à Vénus ou à la Vierge, la rose blanche est devenue l'emblème de la pureté et de la vertu. Unité et synthèse des couleurs, elle est l'expression de la plus haute spiritualité.

    La rose n’a jamais cessé d’intéresser les hommes et d’accompagner leur quotidien. Considérée comme reine des fleurs, elle occupe simultanément une place importante dans leurs réjouissances, dans l’élaboration de remèdes mais aussi dans leur imaginaire.

     * Approche du symbolisme de la rose

    Pour nous, Chevaliers Templiers, la rose blanche représente l'amour, la spiritualité, la régénération et la fraternité entre tous les hommes sur Terre.  En Occident, elle trouve son équivalent oriental dans le lotus. Mais la rose personnifie aussi l'élévation spirituelle de l'homme.  Elle figure l'évolution, le passage de l'état profane à l'état sacré. Symbole de la femme par excellence, de la beauté, de la pureté et de la sainteté, pour les chrétiens, la rose est l’attribut de la Vierge. Voilà sans doute les raisons essentielles pour lesquelles les Chevaliers de l’Ordre du Temple de Jérusalem l’ont préférée à l’épée pour introniser les Dames du Temple !

    Frère André B., Grand Chancelier Prieural, E.M.O.

    Eques a continua quaestione

      * Approche du symbolisme de la rose

    Références sitographiques

    http://www.aujardin.info/fiches/rose-histoire-1.php

    http://eloviawp-live.nth.ch/la-rose-symbole-et-signification/

    http://www.ecossaisdesaintjean.org/article-la-rose-en-loge-et-le-principe-d-harmonie-101548246.html

    https://www.jweel.com/fr/blog/p/2015/signification-des-symboles-la-rose/

    http://mapage.noos.fr/crosin000v/Ronsard/roses_fr_Ronsard.html

    http://emsomipy.free.fr/Articles/Articlessog2%20=%20NON/ArtTaret207.04-Rose.htm

    Notes

    [1] En botanique, le corymbe est une inflorescence simple, indéfinie, dans laquelle l'ensemble des fleurs se trouvent dans le même plan, un peu comme dans une ombelle, et leurs pédoncules insérés sur la tige de façon étagée comme dans une grappe, les pédoncules étant d'autant plus longs que les fleurs sont périphériques. C'est en quelque sorte une grappe aplatie. Comme dans l'ombelle, les fleurs extérieures sont les plus âgées et le développement de l'inflorescence est centripète.

    [2] Une infrutescence est l'ensemble des fruits résultant du développement d'une inflorescence. Sur le terrain, l'infrutescence sera un rameau comportant des fruits et éventuellement des bractées mais pas de feuilles sans fruit. Certaines fleurs n'étant pas fécondées et certains fruits n'arrivant pas à maturité, la reconnaissance est parfois difficile.

    [3] Le cynorrhodon est le fruit du rosier et de l’églantier, et plus généralement des plantes du genre Rosa, de la famille des Rosacées. C’est, sur le plan botanique, un faux-fruit, provenant de la transformation du réceptacle floral.

    [4] Qui est en forme de poire.

    [5] Les pârsî ou « parses » - de Pârashika, peuple de Perse - sont les adeptes du parsisme, confession dérivée du zoroastrisme, qui fuirent au 8ème siècle une Perse conquise par les Arabes et s'installèrent en Inde.


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  • Un peu plus de trente mois se sont écoulés depuis l'admission de trois Écuyers et d'une Écuyère, tous quatre particulièrement assidus et dévoués envers nos Commanderies et notre Grand Prieuré. A l'occasion de la cérémonie d'Armement qu'ils vont vivre le 18 mars 2017 à Lyon, nous publions trois parchemins relatifs au symbolisme de l'épée et de la rose. Ces travaux leur sont tout spécialement dédicacés. Frère André B.

    Approche du symbolisme de l'épée du Chevalier Templier

    Introduction

     * Approche du symbolisme de l'épée

    Voici quelques années déjà que mon épée de Chevalier Templier m’a été remise au cours de la cérémonie d’adoubement [1]. Poursuivant mes recherches personnelles consacrées à l’Ordre du Temple et à ses aspects ésotériques, je me propose d’aborder dans le présent Parchemin le symbolisme de l’épée du Chevalier Templier.

    Comme d’habitude, ce sont les quelques questions que je me pose à ce sujet qui me serviront de fil conducteur. Et la première : en quoi consistait autrefois l’équipement du Chevalier Templier ?

    L'équipement du Chevalier Templier

    Selon Georges Bordonove, lors de sa réception dans l’ordre, le Chevalier Templier recevait autrefois une épée, une lance, une masse et un couteau. Aujourd’hui, le Chevalier Templier ne reçoit plus qu’une épée, toute symbolique puisque l’époque où il était question d’aller défendre le Tombeau du Christ à Jérusalem est bien révolue !

    Comment l’épée devait-elle être maniée autrefois ?

    L’épée a un double tranchant et un bout arrondi. Elle devait autrefois être maniée à deux mains, de façon à frapper de « taille », c’est-à-dire avec le tranchant. Elle était pratiquement employée comme une masse d’arme dans la mesure où elle ne permettait pas de transpercer une cotte de mailles. Toutefois, contre un ennemi qui n’avait pas cette protection, l’épée se révélait plus efficace et plus élégante que la masse.

    La masse d’arme templière était principalement une masse dite turque aux pointes saillantes. L’épée et les masses servaient à frapper l’ennemi de manière à lui briser les os. Les blessés mourraient alors d’hémorragie interne. La lance était une perche en bois terminée par une pointe en fer forgé appelée tête de fer. Chaque frère détenait trois couteaux dont un couteau d’arme, un autre « de pain taillé » qui servait à manger et un canif à lame étroite.

    Au-delà de son existence matérielle, c’est avant tout en tant que pur symbole que je vais appréhender l’épée dans le présent parchemin, bien que ce sujet important mériterait aussi de s’attarder à de nombreux termes très pertinents, comme « droiture », « noblesse », « honneur », « fidélité », « foi », « lumière », « courage », « humilité », « constance », « charité », « abnégation »,… c’est-à-dire à l’ensemble des qualités que doit posséder ou acquérir le porteur de l’arme, pour autant qu’il entre ou veuille entrer dans la voie chevaleresque.

    Parmi toutes les caractéristiques que l’épée peut incarner symboliquement, il en est sans doute deux qui méritent d’être explicitées, parce que peut-être moins évidentes, pureté et innocence. En un temps où les lames des épées sont en fer forgé, l’entretien de l’arme doit lui éviter la moindre tache de rouille, signe d’impureté. La lame de l’épée représente, de ce point de vue, l’âme du chevalier, qui doit rester pure.

    L'épée du Chevalier Templier

     * Approche du symbolisme de l'épée

    Qu’est-ce qu’une épée ? Qu’est-ce qui la distingue d’autres armes blanches ?

    L’épée est à ranger dans la famille des armes blanches, aux côtés des dagues, sabres, couteaux et autres fleurets. Une arme blanche est une arme dont l'action résulte d'une partie en métal ; elle est perforante et/ou tranchante et n'emploie pas la force d'une explosion mais celle d'un homme ou d'un mécanisme quelconque.

    L'épée est une arme blanche à double tranchant (C’est en cela qu’elle se distingue du sabre) composée d'une lame droite en métal pourvue le cas échéant d'une gouttière (dépression longitudinale), d'une poignée et, dans certaines époques, d'une garde protégeant la main et d'un pommeau.

    L'épée est l'arme par excellence du chevalier en général, de l'homme d'arme du moyen âge. Instrument de vie et de mort, d'injustice et d'équité, illustre symbole de bravoure et de puissance, l'épée est le fier emblème du Chevalier à la croix pattée rouge. Elle représente comme un fragment de la croix de lumière.

    Pourquoi le Chevalier Templier porte-t-il une épée ?

    A ses origines, ce n'était pas en vain que le Chevalier Templier portait l'épée : il était le ministre de Dieu, et il l'avait reçue pour exécuter ses vengeances, en punissant ceux qui faisaient de mauvaises actions et en récompensant ceux qui en faisaient de bonnes.

    Mais depuis que notre Ordre a été démilitarisé et que des Commanderies se sont reconstituées, seul le travail spirituel doit persister et l’épée du Chevalier est à ranger parmi les nombreux objets symboliques qui doivent susciter notre réflexion.

    Comment le Chevalier Templier porte-t-il son épée ?

    L’épée est généralement portée au fourreau. Cependant, certains Chevaliers, chargés d’un office particulier, tel le Frère Prévôt et le Gardien du Seuil sont souvent appelés à manier leur épée d’une manière particulière sur laquelle je ne m’étendrai pas ici.

    Que représente l’épée du Chevalier Templier contemporain ?

    L’épée symbolise l’âme, l’esprit du chevalier. Elle est d’ailleurs intimement personnelle ; elle devient une partie de son possesseur. L'épée représente la force, la Parole de Dieu, la bravoure et la puissance. Symbole de l'état noble et militaire, l'épée ordonne la Création, détruit l'Ignorance et le Mal, la main tenant la justice et la paix et permettant au Chevalier de capter les connaissances et de se libérer de ses passions.

    Pourquoi mon épée a-t-elle été bénie ?

    Autrefois, l'épée était pour le Chevalier l'outil qui lui servait à œuvrer pour la défense de la chrétienté, il fallait donc la bénir. La bénédiction n'était pas en soi une nouveauté à l’époque où la peur du Démon, engendrée par une foi intense, incitait tout naturellement les hommes à faire bénir tout ce qu'ils possédaient. De nos jours, la bénédiction de l'épée du Chevalier reste un geste exceptionnel, une grande consécration qui fait d'un simple soldat un défenseur de la chrétienté.

    Approche du symbolisme de l'épée du Chevalier

     * Approche du symbolisme de l'épée

    Signe de l'état guerrier et de ses vertus, la force, la puissance et le sacrifice, l'épée est duelle : destructrice du Mal, de l'injustice et de l'ignorance, et constructrice lorsqu'elle maintient la paix de Dieu et rétablit la justice. Elle sépare le bon du mauvais, établissant un équilibre, et frappe sans faiblesse le coupable. Aussi, l'épée est-elle le symbole du Logos, du Verbe, possédant un double tranchant, donc le double pouvoir. Symbole polaire et axial, elle est le lien entre le Ciel et la Terre, par lequel « descend » la puissance céleste pour féconder la terre. Surtout, l'épée est un symbole igné et lumineux, image de l'éclair et du feu.

    S'adressant aux Templiers, saint Bernard écrivait : « L'épée est tout pour vous et ce donc plus que la croix. Elle est forte image brûlante du Verbe qui s'est incarné parmi nous pour nous sauver. N'oubliez que vous portez sur votre flanc la Lumière de notre Seigneur qui devra être prestement tirée du fourreau de l'obscurité, autant de fois qu'il vous semblera juste, non pour des raisons du monde ou la colère, mais pour détruire la nuit de la mécréance, de la malignité des infidèles et que triomphe la Vérité apportée par le Christ. Répandre le sang de l'impie est faire œuvre justement de Dieu et vouer son âme au feu éternel. Chérissez votre épée comme une compagne fidèle et obéissante, et n'hésitez à vous lancer dans le trépas avec elle car elle vous permettra d'accéder à la vie éternelle ».

    De la forge d'où est issu le lingot de métal en fusion qui donnera la lame jusqu'à sa remise au futur chevalier, l'épée reçoit, inflige et transmet la matière ignée. Lors de l'adoubement a lieu la remise de l'épée.

    Lors de l'adoubement ou de la simple remise de l'épée à la suite d'un rite de passage, comme au Temple, l'initiateur ne transmet pas seulement à l'initié, futur membre de la confrérie, une série de connaissances et ne l'ordonne pas uniquement dans son futur état, mais lui donne le feu sacré et divin qu'il devra manier avec justesse et sagesse.

    L’épée comme symbole ésotérique

     * Approche du symbolisme de l'épée

    Les plus célèbres épées de l’histoire ou de la mythologie portent un nom : « Balmung », « Nagelring », « Excalibur », etc. Ces noms expriment la valeur symbolique et magique qu’elles reflètent. Leur nom et les actes qu’elles ont accomplis leur procurent simultanément une particularité. Souvent, ces épées uniques en leur genre ont une origine divine. Elles ont été données à l’homme par des dieux et reviennent souvent à ceux-ci en bout de course. Si un héros possède l’une de ces épées, il possède en même temps et puissance et salut.

    Symbole alchimique de la pureté absolue du foyer, l'épée est idéalisée. Ainsi, Roland s'adresse-t-il à Durandal comme à un Etre cher. Cette idéalisation prend toute sa dimension dans la légende des chevaliers de la table ronde, où l'épée devient un élément indispensable dans la quête du saint Graal.

    Pour cette raison, l’épée, tenue en main, exprime la force et les capacités masculines et phalliques, ce qui, par extrapolation, symbolise la puissance dominante. Ainsi, les héros solaires et les vainqueurs des forces telluriques ont pour attribut l’épée.

    Sur le plan de l’histoire évolutive de l’humanité, l’épée n’est forcément pas un symbole très ancien, car ce n’est qu’à l’Age du Bronze que les hommes ont disposé des capacités de fabriquer des épées. Les premières d’entre elles sont fort décorées, ce qui indique leur usage principalement sacré. Et si l’épée est l’attribut de la classe guerrière dominante, le fabricant d’épées, acquiert, lui aussi, une dimension plus importante : il s’agit du forgeron.

    Dans la mythologie scandinave, le dieu du tonnerre, Thor, entretient un rapport médiat avec l’épée. Si son attribut majeur est le marteau, celui reste tout de même aussi l’œuvre du forgeron, dont le travail consiste à manier le feu et d’autres marteaux, que l’on associe ensuite à l’éclair et au tonnerre.

    Dans l’hindouisme védique et dans le bouddhisme, l’épée et le « varya » revêtent le même symbolisme ; le terme sanskrit de « varya » désigne tout ce qui est masculin/viril, dont le phallus et la semence. Il signifie aussi la « foudre » et symbolise tout ce qui relève symboliquement de l’éclair. La massue à lancer, attribut d’Indra, se nomme également « varya ». Comme le marteau de Thor, cette massue d’Indra peut ôter comme donner la vie ; elle est ainsi un symbole herculéen. Dieu qui décide de l’orage, Indra est représenté en couleur rouge, ce qui indique une appartenance à la caste des guerriers, ou « kshatriya », caste qui le vénère en Inde.

    Le rapport à l’épée a une dimension encore plus philosophique en Asie. Au Japon, la noblesse chevalière, c’est-à-dire les samouraïs, cultive une conception spirituelle à l’égard des deux épées [2] que possède le samouraï, soit le katana et le wakizashi.

     * Approche du symbolisme de l'épée

    Lames de katana et de wakizashi

    L’épée, pour eux, n’est pas seulement un objet de vénération, mais est aussi un symbole de l’âme. Par voie de conséquence, les samouraïs maintenaient leurs épées dans un état de pureté absolue et ne les maniaient qu’avec le plus grand respect.

    Les ninjas, en revanche, considéraient les épées d’une manière bien plus prosaïque. Leurs épées, contrairement à celles des samouraïs, n’étaient pas courbées, mais droites, ce qui avait pour avantage de pouvoir les utiliser comme outils, d’en faire éventuellement une arme de jet, de donner des coups d’estoc, de s’en servir comme levier ou comme échelle, etc. Pour le samouraï, un usage aussi vil de l’épée était totalement inconcevable. En Orient, l’épée a une dimension féminine.

    En Occident, elle a généralement une lame droite, tandis qu’en Orient elle est courbée, à la façon des sabres ultérieurs. Au Japon, comme dans l’espace indo-européen, l’épée est l’attribut des divinités masculines du tonnerre et de la tempête, telles Susano au Japon, Indra en Inde, Mars dans le monde romain…

    Les Chinois anciens croyaient que l'épée était la seule arme à ne pas entraîner de mauvais présages.

    Cette arme a également eu des applications au sein du taoïsme. Une épée en bois de pêcher était censée écarter les démons et les esprits maléfiques, et on la suspendait souvent à un mur pour protéger et orner une demeure.

    L'épée, idéalisée et personnifiée, servait également aux enchanteurs pour tracer le cercle magique, mais aussi pour se livrer à la divination étrangement nommée dans ce cas « spathomancie ».  La spathomancie, c’est donc la divination par la lame d’une épée.

    L’épée est également mise en équation avec l’intellect et possède de ce fait une vertu séparante, scindante : Alexandre le Grand a résolu une tâche autrement impossible, défaire le nœud gordien, tout simplement en le tranchant.

     * Approche du symbolisme de l'épée

    L’épée symbolise la force de sa capacité de juger ; elle l’aide à séparer culpabilité et innocence. Au moyen âge, lorsque le chevalier passait la nuit avec la Dame qu’il admirait, il plaçait son épée entre lui et elle, posant de la sorte une barrière insurmontable qui symbolisait leur chasteté à tous deux.

    Dans de nombreuses cultures, l’apprentissage  du maniement de l’épée tient du parcours initiatique.

    Lorsque le chevalier reçoit la collée [3] lors de son adoubement, ce geste symbolise la séparation en deux de sa vie : celle d’avant l’adoubement, et donc l’entrée en chevalerie, et celle d’après. C’est clairement un rituel d’initiation

    De la forge d'où est issu le lingot de métal en fusion qui donnera la lame jusqu'à sa remise au futur chevalier, l'épée reçoit, inflige et transmet la matière ignée.

    Tacite évoquait déjà la danse de l’épée chez les Germains. L’histoire de ce rituel et de cette chorégraphie s’est poursuivie jusqu’au 20ème siècle. Bon nombre d’indices nous signalent qu’il s’agit pour l’essentiel d’une cérémonie d’initiation.

    Comme l’épée est un objet récent dans l’histoire du développement général de l’humanité, les mythes, où l’épée joue un rôle, ne datent pas d’un passé fort lointain, comme l’indique notamment le mythe judéo-chrétien où Adam et Eve sont chassés du paradis terrestre. Dans ce mythe biblique, l’épée a aussi une fonction « séparatrice » ; elle est en l’occurrence l’épée de feu de l’Archange Michel, qui sépare l’homme du Jardin d’Eden. Vu que Michel a des origines iraniennes et qu’après la christianisation de la Germanie, il a remplacé le dieu Odin (Wotan) dans tous les symboles religieux, avec une interprétation chrétienne nouvelle, où son épée de feu sépare l’homme chrétien nouveau de son passé païen organique. L’épée de Michel est pour l’humanité germanique une sorte d’épée de Damoclès…

    L’épée, c'est l'arme des rois ; elle symbolise la justice. Cette symbolique est commune à tout l'Occident ainsi qu'à nombre d'autres cultures (Japon, Chine, Inde, etc.). La tradition chrétienne en a fait l'arme noble des chevaliers.

    L’épée comme symbole de justice

     * Approche du symbolisme de l'épée

    L'épée est duelle : d’une part, elle est destructrice du Mal, de l'injustice et de l'ignorance ; d’autre part, elle est constructrice lorsqu'elle maintient la paix de Dieu et rétablit la justice. Elle sépare le bon du mauvais, établissant un équilibre, et frappe sans faiblesse le coupable.

    La déesse romaine Justitia tient en une main une balance, en l’autre une épée. Ces deux objets ne représentent pas seulement les aspects législatif et exécutif.

    Symbole de guerre mais aussi de paix, d'injustice mais surtout d'équité, les deux tranchants semblent représenter l'Etre humain dans toute sa contradiction.

    Instrument de vie et de mort, d'injustice et d'équité, manichéen par excellence, l’épée ne pouvait que devenir un des symboles majeurs de la milice du Temple.

    L’épée comme symbole de spiritualité

    L'épée est l'arme mystique par excellence. Dans de nombreuses cultures, son apprentissage est empreint de spiritualité. Les premières d’entre elles sont très décorées, ce qui indique leur usage principalement sacré.

    L’épée, glaive de vérité, est le symbole du Verbe au double pouvoir tranchant destructeur et créateur, arme de lumière qui frappe en plein cœur et vainc les Ténèbres.

    De même que dans notre monde le soleil éclaire et brûle, la lumière du Principe spirituel est feu purificateur matérialisé par l’éclair, archétype de l’épée. L'éclair est foudroyant… ainsi la Vérité foudroie l’erreur en tranchant les ténèbres de l’ignorance.

    On peut dire qu’elle est une arme de destruction positive puisqu’elle vise, par la conquête de la connaissance et la libération de l’ego, laquelle ne peut véritablement être obtenue que par la soumission à la volonté divine, la justice, l’équilibre et la paix.

    En Chine, dans la tradition du Tao, l’épée est considérée comme un symbole spirituel représentant l’élément Feu et l’éclair, récepteur de l’énergie spirituelle Yang. Les épées taoïstes portaient des noms symboliques liés à leur caractère spirituel : Vif Eclair, Loi Magique, Constellations Pures.

    Pour conclure, du moins provisoirement...

    Grandement respectée par les chevaliers de la milice du Temple, la symbolique de l'épée trouve principalement sa source, à l'instar de toute symbolique médiévale, dans les Saintes Écritures.

    La chevalerie en tant que telle, au sens ancien du terme, de même que l’esprit chevaleresque demeurent, en particulier dans notre Ordre du Temple.

    Si nos épées, même les plus belles, ne sont et ne peuvent être que des armes symboliques, elles sont toujours présentes dans nos mains ou à notre côté pour nous rappeler sans cesse l’ensemble des obligations que nous nous sommes imposées et des vertus dont nous avons promis de donner l’exemple.

    Souvenons-nous aussi, mes bien aimés Frères et Sœurs, que « Parole donnée sur épée ne peut être rompue ».

    Frère André B., Grand Chancelier Prieural, E.M.O.

    Eques a continua quaestione

     * Approche du symbolisme de l'épée

     

     

     

     

    [1] 29 novembre 2009.

    [2] Symbole de la caste des samouraïs, le katana , katanaest un sabre (arme blanche courbe à un seul tranchant) de plus de 60 cm. Il est porté glissé dans la ceinture, tranchant dirigé vers le haut (vers le bas si le porteur est un cavalier). Le wakizashi , wakizashiest un sabre japonais courbe similaire au katana mais en plus petit, dont la taille se situe entre 30 et 60 cm. Il peut être porté avec un katana, glissé dans la ceinture, auquel cas on appelle l'ensemble daisho. Les riches marchands, ne pouvant pas porter le katana, sont en revanche autorisés à porter le wakizashi.

    Certaines périodes de l'histoire japonaise étant plus calmes, le katana avait plus un rôle d'apparat que d'arme réelle. Le katana est une arme de taille (dont on utilise le tranchant) et d'estoc (dont on utilise la pointe). Par extension, le terme katana sert souvent à désigner l'ensemble des sabres japonais.

    [3] Lors de l’adoubement d’un chevalier, coup donné sur la nuque de celui-ci par son parrain.

    Bibliographie

    Biedermann, Hans

    Knaurs Lexikon der Symbole

    Augsburg, Weltbild, 2000


    Bordonove, Georges

    Les Templiers au 13ème siècle

    Editions Fayard, paris, 1964

    ou

    Editions Marabout, Collection Université, Mu n° 295, 1992

     

    Chopitel Jean & Gobry Christiane

    Les deux Saint Jean et la chevalerie templière

    Le Mercure dauphinois, 2000

     

    Cooper, J. C.

    Illustriertes Lexikon der traditionellen Symbole

     Wiesbaden, Drei Lilien, 1986

     

    Lurker, Manfred

    Lexikon der Götter und Dämonen: Namen, Funktionen, Symbole/Attribute

    Stuttgart, Kröner, 1989

     

    Pastenaci, Kurt

    Die Kriegskunst der Germanen

    Karlsbad, Adam Kraft, 1942

     

    Sitographie

    http://www.templiers.net/symbolique/index.php?page=bouclier-et-epee

    http://membres.multimania.fr/preuxchevaliers/lesarmes.html

    http://be.altermedia.info/culture/du-symbolisme-de-lepee_3746.html

    http://ch.novopress.info/853/du-symbolisme-de-l%E2%80%99epee/

    http://pagesperso-orange.fr/hmot/pages/L'epee%20du%20juste.htm

    http://www.histoiredumonde.net/article.php3?id_article=1180

    http://www.esoterique.fr/Bijoux/Epee-au-blason-Templier.asp


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  • Avec tous nos remerciements à notre bien aimée Sœur Anaïque D. qui a marqué son accord pour la publication de ce superbe parchemin !

    Symbolique de la rose et de l’épée

     * La rose et l'épée

    Introduction

    Pour ce travail, il était question de procéder à une recherche liée à la symbolique de la rose ainsi qu’à celle de l’épée.

    Il s’agira ici d’une simple approche de leur symbolique respective car il reste encore bien des aspects à découvrir sur le sujet mais il appartiendra au lecteur de choisir la direction qu’il souhaite approfondir.

    La première partie permettra de découvrir brièvement les origines de l’épée et les peuples qui l’utilisaient.

    Associée à l’image du chevalier, nous verrons qu’elle était à la fois un objet concret à l’usage offensif et défensif, mais qu’elle portait également une visée spirituelle et imaginaire. En outre, elle se situait aussi au centre du système juridique et moral.

    J’aborderai enfin quelques aspects techniques avant de conclure sur ce premier sujet et d’aborder la seconde partie, consacrée à la rose.

    Reine des fleurs, elle n’a jamais cessé d’intéresser les hommes et d’accompagner leur quotidien, tout en occupant une grande place dans leurs réjouissances, dans l’élaboration de remèdes mais aussi dans leur imaginaire.

    Nous pourrons nous rendre compte de la place qu’elle a pu prendre au fil du temps et des contrées, mais surtout dans la pensée des croyants.

    Je ferai part également, à travers cet écrit, de mes questionnements en lien avec l’alchimie, la Kabbale ou encore les Templiers avant de conclure.

    L’épée : Histoire et tour d’horizon

    L’épée remonte à l’âge du bronze, époque à laquelle la technologie métallurgique a pu rendre son invention possible. Nous nous situons alors entre 2500 et 1000 ans avant Jésus-Christ.

    Les épées de l’âge du bronze étaient aussi souvent richement décorées, ce qui pourrait indiquer que leur fonction n’était pas purement profane… Elle a acquis rapidement une riche connotation symbolique.

    Chez les Germains, on exécutait les danses des armes avec des épées que l’on baptisait du nom de héros, ce qui leur conférait alors une valeur magique.

    Au Moyen-Age, l’accolade de chevalier était administrée avec le plat de l’épée. 

    Au Japon, l’art de manier l’épée appartenait au samouraï qui en possédait 2 : l’épée longue Katana pour le combat et l’épée courte, Wakizashi, pour le combat rapproché et le suicide rituel (connu en Europe sous le nom de hara-kiri). Elles représentent l’homme idéal. Leur tranchant représente la vigueur de l’esprit et leur simplicité représente la modestie et l’humilité. Elles ne se tordent ni ne se cassent, ce qui correspond à une volonté inébranlable. Les armuriers devaient se soumettre à différentes règles d’abstinence car leur travail avait un caractère sacré. Cet aspect provient du fait que l’épée peut apporter la mort aussi bien que la vie. La garde entre la poignée et la lame était également décorée de riches ornements. Aujourd’hui, on ne livre plus de combat à l’épée qu’entre partenaires à l’entrainement et à titre d’exercice.

    En Inde, elle est l’apanage (avec l’arc) de la caste des guerriers et le symbole de la guerre spirituelle. De là, elle symbolise le combat contre l’ignorance pour atteindre la Connaissance et la pure lumière. C’est là le sens même de l’épée de Vishnou tandis que celle d’Indra est la foudre qui illumine le monde. De la même façon, Bouddha, qui renonce à entrer dans le nirvana tant que tous les hommes ne sont pas sauvés de l’empire des ténèbres, porte une épée flamboyante, destinée à « trancher le royaume de l’obscurité ».

    En Occident, l’épée est également l’arme de l’archange Saint Michel. Prince de la milice céleste, Michel est ainsi représenté en armure, brandissant lance ou épée, et terrassant Satan ou le démon qui gît à ses pieds. Un épisode qui symbolise la victoire de l’humilité sur l’orgueil, du bien sur le mal.

     * La rose et l'épée

    Dans l’Apocalypse de saint Jean, une épée sort de la bouche du Christ (I, 16) symbolisant « la force invincible de la vérité divine qui descend du ciel comme un éclair ».

    D’après l’Évangile selon saint Luc (II, 35), une épée transperce le cœur de Marie pour lui prédire la venue de grandes douleurs. Sept épées sont parfois représentées dans l’iconographie baroque qui renvoie aux « sept douleurs de Marie ».

    L'épée dont parle Siméon, dans la culture juive, c'est l'Ecriture sainte. Ce qui signifie que Marie a vécu la souffrance en se nourrissant de la Parole de Dieu, « efficace et plus incisive qu'aucun glaive à deux tranchants, elle pénètre jusqu'au point de division de l'âme et de l'esprit. » (Hébreux 4, 12). Cette épée, c'est aussi la douleur pour Marie de voir que Jésus, « Parole du Père », est persécuté, rejeté. La croix de la contradiction devient pour Marie une épée qui lui transperce l'âme.

    Instrument de la justice et du combat spirituel…

    Qu’elle tranche la tête de l’ennemi ou qu’elle sacre le roi, l’épée évoque toujours le triomphe du Bien sur le Mal. Arme noble et spirituelle, elle est chargée d'un pouvoir sacré.

    Dans bon nombre de légendes, l’épée met à l’épreuve le héros et constitue un objet permettant de tester sa bravoure, son courage et sa force spirituelle.

    En divination, l’Épée est la quatrième énergie des arcanes mineurs du Tarot de Marseille. Rattachée à l’élément Air, elle figure le plan mental, la connaissance et le travail qui élève l’homme.

    Au plan symbolique, elle n’est pas l’arme qui détruit sauvagement ou qui tue sans raison, mais l’objet vénérable, l’objet de culte, qui permet de s’élever et de s’ennoblir. Identifiée à la lumière, elle semble apporter la connaissance et délivrer l’homme en « coupant les chaînes matérielles ou intérieures qui entravent son évolution ». Épée de la justice, elle fait tomber la sentence.

    Selon le Zohar, l’épée contient le quaternaire du tétragramme sacré « Y.H.V.H. ».    

    « L’épée du Saint, béni soit-il, est formée du Tétragramme ; le Yod en est le pommeau, le Vav la lame, les deux Hé les deux tranchants » (Zohar, III, 274b).

    Dans la Bible, l’épée est l’arme qui garde l’Eden. Elle trouve là encore une valeur spirituelle de protection des lieux et des éléments saints. « C’est ainsi qu’il chassa Adam ; et il mit à l’Orient du  jardin d’Eden les chérubins qui agitent une épée flamboyante, pour garder l’arbre de vie. » (Genèse, 3, 24)

    Note : Le Sefer Ha Zohar, aussi appelé Zohar (« splendeur » en hébreu), est l'œuvre majeure de la Kabbale, rédigée en araméen. Le Zohar est un recueil de commentaires de la Torah, conçu dans le but de guider les gens qui ont déjà atteint un haut degré spirituel sur le chemin de la racine (origine) de leurs âmes. Les ouvrages de Kabbale enseignent la structure des mondes spirituels et révèlent la méthode qui permet d'y accéder.

    Le bien et le mal

    D’abord signe de l’état militaire, l’épée qui s’accompagnait d’un certain prestige social - la « noblesse d’épée » - est plutôt accessoire de parade de nos jours. Elle survit parmi les ornements mais cela ne l’empêche pas de se charger de significations multiples héritées d’une longue tradition où se lit une partie de la symbolique des armes.

    L’épée, dans son symbolisme, hésite entre les deux extrêmes ; elle est destructrice quand elle devient le moyen de faire prévaloir la force sur le droit, d’instaurer un pouvoir arbitraire, mais aussi, positive quand elle combat l’injustice, la malfaisance, quand elle est l’instrument de la réalisation d’un idéal chevaleresque. Dans ce dernier cas, elle se rapproche de son usage constructeur : défendre et garantir la paix, assurer la justice. Cette ambivalence montre que l’épée comme symbole n’a pas de sens en elle-même.

    Elle tire sa signification positive ou négative du caractère des forces qu’elle arme, des causes justes ou injustes qu’elle sert.

    Ainsi dans la Bible, l’épée est associée aux fléaux, guerre-famine-peste (Jérémie XXI, 7, Ézéchiel V, 12) ; elle symbolise l’invasion d’armées étrangères. Elle est aussi l’instrument de la vengeance divine, elle arme le bras de l’ange exterminateur (Exode).

    Elle signifie également la bonté et la puissance de Dieu, tout comme, associée à la balance, elle symbolise la justice : l’épée tranche entre le bien et le mal, frappe le coupable.

    L’épée a une importante fonction de discrimination. On peut donc l’assimiler aussi bien à la raison qui distingue le vrai du faux qu’au jugement qui vise à séparer les bons des mauvais…

    Chez les Templiers, l’épée représente l’état guerrier et ses vertus, la force, la puissance et le sacrifice. Elle est également dualité : destructrice du mal, de l’injustice et de l’ignorance mais aussi constructrice lorsqu’elle maintient la Paix de Dieu et rétablit la justice.

    Aussi l’épée est-elle le symbole du Logos, du Verbe, possédant un double tranchant, donc un double pouvoir (destructeur et créateur). Symbole polaire et axial, elle serait le lien entre Ciel et Terre et par lequel « descend  la puissance céleste pour féconder la terre ».

    De même que dans notre monde le soleil éclaire et brûle, la lumière du Principe spirituel est feu purificateur, matérialisé par l’éclair, archétype de l’épée. L’éclair est foudroyant… ainsi la Vérité foudroie l’erreur en tranchant les ténèbres dans l’ignorance.

    Note

    Le Logos a fait l'objet de nombreuses interprétations : ratio, loi du monde, comme ce qui est logique et dont on ne peut contrevenir aux lois, le sens ou la raison et même Verbe de Dieu. Philosophiquement le Logos exprimerait la cohérence sous-jacente des choses du monde.

    Et pour l’aspect technique

    Seconde arme du chevalier après la lance, l’épée occupe une place prédominante dans l’armement individuel : pour la multiplicité de ses fonctions mais aussi en raison des nombreux usages symboliques qui lui confèrent un statut particulier. L’épée, qui outrepasse son seul caractère martial (qui se rapporte au combat), est un objet polyvalent et polysémique.

    Pourtant, c’est le combat qui l’a engendrée, pour une utilisation au corps à corps, où les coups de taille et d’estoc sont privilégiés en fonction de plusieurs critères : les capacités mécaniques de l’arme dépendent des différentes technologies métallurgiques, des techniques de combat employées et de l’armement défensif qui s’opposait au combattant…

    Ainsi, les premières épées en alliages cuivreux étaient adaptées à un usage plus limité que les épées de la fin du Moyen-Age.

    Son apparence et son usage ont varié au cours des deux siècles de l’histoire des templiers. Les deux épées présentées ci-après illustrent cette évolution :

    L'épée n°1 frappe par sa finesse. L'important pommeau en forme de disque contribue à son équilibre. La mince poignée en fer était recouverte de cuir ou de corde pour assurer une meilleure prise. L'étroite gorge qui court le long de la lame permet d'alléger l'arme sans réduire sa solidité. Ici, (l’image ne permet pas vraiment de l’observer) l’épée présente une série de sept "O" damasquinés en argent, qui peut correspondre à l'initiale répétée d'un mot ou d'un nom comme à un décor sans signification. Au temps des croisades, les inscriptions sur les lames semblent courantes.

     * La rose et l'épée

    Épée n° 1 "à inscription"

    Europe du Nord-Ouest, 12ème  – 13ème siècle - Alliage ferreux, argent - L : 96,5 cm ; l : 14,3 cm

    Saint-Omer, musée de l'hôtel Sandelin, inv. 6764 

    Les épées de ce type, fines et tranchantes, à la poignée courte, ne pouvaient être maniées que d'une seule main. Elles semblent n'avoir été utilisées qu'au cours du 12ème siècle et laissent place à un type d'arme illustrée par l'épée  n° 2. Celle-ci se caractérise par une lame plus large et surtout par une poignée plus longue, permettant de l'utiliser à une ou deux mains, ce qui lui vaut son appellation d'épée « à une main et demie ».

     * La rose et l'épée

    Épée n° 2 - Type XIII

    Europe de l'Ouest, 12ème – 13ème siècle - Alliage ferreux, argent  - L : 95,2 cm ; l : 16,5 cm

    Saint-Omer, musée de l'hôtel Sandelin, inv. 3131

    Ces deux types d’épées sont utilisés aussi bien à pied qu'à cheval. Elles servent à frapper, de taille et non d'estoc, mais aussi à parer les coups de l'adversaire. L'épée est d'abord une arme de mêlée, utilisée pour le corps à corps. Elle peut également être utilisée dans une charge. Les épées présentées ici pourraient se prêter à un tel usage, notamment la n° 2. Quoique légèrement plus lourde, son centre de gravité est bien plus proche de la garde, ce qui la rend plus maniable. Sa large lame lui donne par ailleurs une plus grande force d'impact.

    Au cours du 11ème siècle, une nouvelle méthode de combat a été développée pour la cavalerie lourde, la charge avec la lance maintenue à l'horizontale. Cette technique permet au combattant de tirer le meilleur parti de la vitesse et de la puissance de sa monture. La tactique des croisés consistait à lancer une charge massive de l'ensemble de la cavalerie lourde, de manière coordonnée, au moment crucial de la bataille. Elle leur a souvent permis de vaincre des armées supérieures en nombre. La lance est donc l'arme de prédilection du chevalier. Mais les lances se brisent rapidement et ne sont d'aucune utilité dans une mêlée. Le chevalier recourt donc régulièrement à l'épée, laquelle est aussi utilisée par les assaillants comme par les défenseurs lorsqu'une forteresse est prise d'assaut. Les templiers, qui ont, comme les hospitaliers, la garde de plusieurs forteresses en Terre sainte, sont régulièrement confronté à de telles situations.

    Anatomie de l’épée

     * La rose et l'épée

    L’épée est constituée d’une monture ou poignée (I) et d’une lame (II), qui seront rangées dans un fourreau (III) afin d’en protéger le tranchant.

    Pour les armes faites de plusieurs pièces, la lame s’affine à son extrémité supérieure, qu’on appelle la soie. Viennent s’y emboîter successivement la garde, la fusée et le pommeau.

    La monture se compose :

    • du pommeau (1) : il sert de contrepoids et joue sur l’équilibre de l’arme lors de son maniement, notamment pour les armes dites « d’estoc », pour « planter ». Elles ont une pointe plus légère et donneront moins de puissance à la « taille » (trancher). Le pommeau compense alors cette perte.
    • de la fusée (2): elle est la partie par laquelle on saisit l’épée.
    • de la garde (3): elle permet de garder la main bien en place dans le cas de coup d’estoc. En effet la main risque de glisser sur la lame simplement avec la force du coup. Cette garde en forme de croix la protège donc avant tout et peut aussi parer les coups de l’adversaire.
    • de la chape (4): il s’agit d’une pièce de cuir, faisant partie de la garde et venant s’adapter sur le fourreau. Protection supplémentaire pour les doigts ou simplement là pour empêcher la pluie de pénétrer dans le fourreau…

     

    Beaucoup de matériaux différents ont été utilisés durant le Moyen-âge pour réaliser la monture : simple gainage en cuir superposé sur la soie directement, ajout de bois ou de cornes assemblés autour de celle-ci puis gainés …

    Deux parties sont à distinguer dans la lame : le fort (5) et le faible (8). Le fort est la partie la plus large et épaisse de la lame mais aussi la plus proche de soi. Le faible, fin et effilé, facilite la pénétration et sert plutôt aux gestes d’estoc.

    L’épée possède toujours un double tranchant (7) et parfois une gouttière ou gorge (6), permettant d’alléger son poids.

    L’arrête centrale (9) prolonge la gouttière jusqu’à la pointe (10), qui constitue l’extrémité de la lame.  En fonction de l’usage qu’on va faire de l’arme, le faible sera différent. Plus épais pour l’estoc puisque l’objectif est de planter mortellement l’adversaire, il sera plus fin pour la taille.

    Enfin, le fourreau se compose de deux parties essentielles la chape (11)  protège la base de la soie et par extension la lame. Une épée rouillée ou cassée n’est pas très utile, mais la chape évite également l’usure de l’entrée du fourreau à cause du frottement des tranchants. La bouterolle (12) renforce le fourreau et empêche tout simplement la pointe de le percer.

    Les matières employées sont le bois, le cuir, parfois les deux.

    En conclusion

    Indissociable de l’image du chevalier, l’épée est à la fois un objet concret dont l’usage est offensif et défensif, puisque l’on peut attaquer et parer avec cette arme.

    Elle est d’une complexité technique réelle mais elle est également un objet symbolique dans la mesure où elle donne aussi une visée spirituelle et imaginaire forte. Elle n’est pas qu’un outil concret d’attaque et de défense.

    Outre la symbolique cruciforme de la garde se dessine un portrait spirituel, et donc plus complexe de l’objet. Bon nombre de Templiers ont souvent dû prier devant une épée plantée en terre, avant de s’en servir comme d’une arme la minute suivante …

    Elle semble se situer au centre du système juridique et moral. La sagesse, le courage, la force et la justice y seraient d’ailleurs respectivement associés à la poignée, le pommeau, la lame et  la garde.

    Symbole de la justice que l’on rend à travers elle, de la transmission par les cérémonies du sacre ou les épées dites dynastiques, elle peut être aussi le rayonnement d’une personne ou d’une famille à travers les armes d’apparat…

    A ses côtés, la rose semble bien légère mais elle pèse pourtant tout autant, sinon plus encore en termes de symboles … A découvrir ci-après.

    La rose : en guise d’introduction

    Plus que toute autre fleur, la rose et son symbolisme font partie intégrante de l’inconscient de l’humanité. Pour différentes cultures, la rose représente la jeunesse, la pureté, la perfection et l’amour. Elle est la fleur des fiançailles, du mariage, mais aussi de la mort. On la distille pour en faire des parfums, des remèdes et des philtres d’amour.

    De manière générale, le rouge des pétales évoque le sang répandu et l’intensité douloureuse des passions humaines. Les roses blanches quant à elles, symbolisent la pureté, la virginité.

    Entre terre et ciel, au-dessus des eaux primordiales, la rose est régénération, son nom procédant du latin rosa, dont la racine sémantique signifie « pluie », « rosée »…

    Une fleur dédiée aux dieux

    Dans la mythologie, l’art et la poésie grecs, la rose est liée à de nombreuses légendes. Il s’agissait sans doute de la rose sauvage, Rosa canina, car les roses de jardin ont été cultivées beaucoup plus tard.

    Selon la version d’Ovide (43 av. J.-C.- 17 après J.-C.), la rose naquit dans une goutte du sang d’Adonis. D’autres versions la font naître dans une goutte du sang d’Aphrodite, déesse de grande beauté, symbolisant la fécondité. Les roses lui étaient consacrées dans la Grèce antique. (Traditionnellement, la période de la Grèce antique commence avec la date des premiers Jeux olympiques en 776 av. J.-C., mais beaucoup d'historiens datent le début de cette période à -1000. La date couramment admise pour la fin de la Grèce antique est celle de la mort d'Alexandre le Grand en 323 av. J.-C.).

    A Rhodes, l’île des roses, s’effectuaient les mystères de l’initiation. Les roses étaient blanches comme l’écume des vagues. Lorsque le bel Adonis, aimé d’Aphrodite, fut blessé, il vit courir à lui la déesse. Dans sa course éperdue, elle s’écorcha aux épines des buissons de roses blanches. Le sang de ses blessures colora de rouge les roses vouées au jeune dieu. Ainsi naquit la légende consacrant la rose comme symbole d’amour qui dure au-delà de la mort, qui peut la vaincre et voir ainsi renaître la vie…

    Bien d’autres légendes composent avec la rose mais je ne peux m’étendre plus loin. Je fais référence à la littérature nous contant l’histoire du palais de Minos, ou encore les roses d’Achille, …

    A Rome, suite à l’influence grecque, la rose était consacrée et faisait partie des rituels funéraires. On lui attribuait une origine divine par la protection qu’elle assurait jusque dans l’éternité.

    Aux époques les plus anciennes, les roses étaient cultivées et multipliées. Elles fleurissaient plusieurs fois, même en hiver. Malgré ces cultures, on en importait d’Egypte, car d’énormes masses de fleurs et de pétales étaient nécessaires pour divers usages (Vers 210 après J.-C., l’empereur Elagabal, lors d’une fête extraordinaire, enferma ses invités afin de capter leur attention sur le spectacle qu’il avait imaginé, faisant, entre autres, pleuvoir des roses à 3 reprises. La quantité de pétales utilisée était telle que plusieurs personnes périrent étouffées…

    Premières traces

    Les premières roses seraient apparues il y a 35 millions d’années : quelques fossiles de feuilles de rosier ont été découverts en Amérique du Nord. Les mythes et les légendes ayant la rose pour thème témoignent de sa présence dans les arts de toutes les époques. Elle figure notamment à Rhodes, 500 ans avant Jésus-Christ sur des pièces de monnaie, mais aussi sur des tablettes cunéiformes dans l’ancienne Mésopotamie. Elle aurait également été gravée sur de la monnaie 3000 ans avant J.-C., chez un peuple aryen. Sir William Flinders Petrie, archéologue anglais, a pu découvrir des roses séchées et tressées en couronne dans les tombes de Hawara en Egypte… elles avaient été cueillies 70 ans avant J.-C.

    En Orient… en Occident

    « La rose est le lotus de l’Occident » : tous les symboles attribués au lotus en Egypte et en Asie sont représentés par la rose en Europe. Ainsi, elle est, elle aussi, la fleur mystique par excellence, symbole de naissance et de renaissance, de résurrection chrétienne, de vie éternelle.

    A l’ouest du Croissant fertile s’étale le plateau de Perse (l’Iran d’aujourd’hui). La Perse était le paradis des roses et de toutes les fleurs. Les plans des jardins persans s’inspiraient des traditions de l’Egypte antique, où les plantations s’organisaient autour des réservoirs d’eau dépendant du Nil. Ces traditions, vieilles de plus de 300 ans, ont imposé un style allant de l’est de l’Inde à l’ouest de l’Europe, jusque vers l’Espagne.

    Cette influence s’est étendue aux pays marqués par la religion musulmane, ainsi qu’à l’Italie ancienne, donnant naissance au jardin méditerranéen. De hauts murs, de grands arbres, les lignes droites des plantations, la régularité des agencements, un bassin ou une fontaine centrale caractérisaient ce type de jardin.

    La rose de Jéricho, ou fleur de la Passion, est une petite plante originaire de Syrie, qui a la particularité de renaître une fois plongée dans l’eau, alors qu’on la croyait fanée. Cette propriété lui a valu de nombreuses légendes qui, d’Orient en Occident, en ont fait une fleur miraculeuse dont les vertus ont bien sûr été assimilées à la rose commune. De fait, la rose aux innombrables espèces aurait été introduite en Europe par l’intermédiaire des Croisés qui rapportèrent des rosiers, au 12ème siècle.

    En Occident, on disait qu’une rose suspendue au-dessus d’une table indiquait que tout secret devait être gardé, image qui a également inspiré la rosace centrale des plafonds victoriens. La rose des vents, qui désigne d’abord les 4 directions, a ensuite été réalisée sous la forme d’une étoile à 32 branches correspondant aux 32 aires du vent, sur la boussole des marins, et évoque le lotus aux 8 pétales…

    La rose revient souvent dans le langage des croyants et des mystiques ; elle sera pour les Chrétiens, la coupe qui a recueilli le sang du Christ.

    Symbole de la femme par excellence, de la beauté, de la pureté et de la sainteté, pour les chrétiens, la rose est l’attribut de la Vierge. Ainsi, le rosaire ou « rosarium », était à l’origine composé de fruits de l’églantier, une rose sauvage. Il désignait une guirlande de roses dont on couronnait les statues de la Vierge, fut utilisé comme chapelet et finit par désigner la prière que l’on prononce en l’égrenant (comme les moines hindouistes et bouddhistes, à l’autre bout du monde, récitent leurs mantras, les textes et hymnes liturgiques qu’ils considèrent comme des instruments de méditation).

    La rose, le rosier et la couronne de roses est le symbole chez les premiers chrétiens.

     * La rose et l'épée

    Image de piété 19ème siècle.

    Marie est appelée, dans l'Église catholique Rose mystique (du grec mystos mystérieux, caché) depuis le 16ème siècle ; mais l'usage courant de ce nom de Fleur ou de Rose pour la vénérer est en réalité bien plus ancien et remonte au moins au 11ème siècle, si ce n'est bien avant puisque Saint Bernard la prénommait déjà ainsi. « Fleur des fleurs, Rose mystique, Rose de Sharon, Rose sans épines, Rose de Jéricho, Jardin clos », sont autant de noms de la Très Sainte Vierge dans la liturgie catholique. En 1626, on l'appelle « Belle Rose », fleur dont l'odeur agréable ressuscite les morts. En 1701, on l'appelle « Rose Mystérieuse », rose toujours épanouie, rose cachée, rose naissante, rose odoriférante, ayant fleuri en Égypte et en Judée, des rites juif et chrétien, à la fin de l'Ancien et au début du Nouveau Testament, rose sacrée, rose délicieuse. »

    La rose domine en reine entre toutes les fleurs, par la richesse de sa couleur pourprée et le suave parfum de son odeur, et cependant elle fleurit au sommet d'un informe et rude buisson. Et dans la rose, l'Église et les Pères voient l'image et la figure de la Vierge Marie, qui tient autant de la nature viciée dont elle provient, que la rose tient de la piquante épine qui lui donne naissance. Telle est l'idée de l'Église, quand elle nomme Marie rose mystique ? Tel est le sentiment des Pères, quand ils appellent la Vierge rose odorante, rose sans épines ?

    Le rosier en tant qu'épineux évoque aussi la couronne du Christ faite d'épines. Le Pater était symbolisé par la rose rouge, l'Ave par la rose blanche et les cinq roses rouges des cinq pater associées parfois aux Cinq-Plaies du Christ.

     * La rose et l'épée

    Je ne peux entrer dans des considérations qui me dépassent de trop loin mais au fil de mes lectures, je vois sans cesse revenir un lien entre les Templiers et l’Alchimie ou la Kabbale…

    Les historiens ont longtemps cru que l'alchimie était née en Égypte à l'époque hellénistique. En fait, il semblerait qu’avant même qu'elle n'apparaisse à Alexandrie, l'Alchimie se développait déjà en Chine et en Inde. Le but de ces différentes écoles était de découvrir des procédés pour obtenir de l'or à partir de métaux moins précieux. L’Alchimie, science traditionnelle par excellence, n'est pas qu'une science physique.

    Selon René Alleau (Encyclopedia universalis) « L'Alchimie ressemble à une science physico-chimique, mais elle est aussi et surtout une mystique expérimentale. Sa nature, est à la fois matérielle et spirituelle. »

    Les Harodim étaient des Hébreux qui consacraient leur vie à l’étude de la kabbale. Il semblerait qu’ils considéraient l'alchimie comme un système permettant de passer de la vision matérielle à la vision lumineuse. A travers la Kabbale, il semble qu’ils aient révélé aux Templiers des secrets quant à l'utilisation des métaux et l'art de construire. Cela expliquerait pourquoi on trouve des signes symboliques ésotériques dans les constructions templières. Certains appartenaient à l'alphabet runique, d'autres au Ziza hébraïque (qui est une déformation des caractères hébreux sous l'influence de la vieille écriture germanique). Templiers, Alchimistes et Harodim kabbalistes pensaient que c'est dans l'activité créatrice que se forgent la continuité et l'unité de temps.

    Dans le même esprit, je lis également ceci : « La rose, très vieux symbole alchimique, représente la connaissance des mystères du Grand Œuvre, la connaissance intégrale, l'illumination. Elle possède 5, ou 8, ou 15 pétales, liés aux correspondances sacrées de Pythagore. Elle est le symbole de la perfection achevée. La rose blanche signifie le sacrifice, la rose rouge le devoir. Elle conduit au symbole de la roue, utilisé aussi bien en alchimie qu'en kabbale, qui, à son tour, conduit aux rosaces des églises.

    Dans les églises il y a toujours trois rosaces. L'abside fait face au sud-est, et le transept est orienté du nord-est au sud-ouest. Il en résulte que : la rosace septentrionale est toujours privée des rayons du soleil (en alchimie c'est l’œuvre au Noir).La rosace sud-est est éclairée par le soleil de midi (c'est l’œuvre au Blanc).La grande rosace principale flamboie au soleil couchant, (c'est la rubification) ».

    Note : Les trois étapes principales de la réalisation de la pierre philosophale sont :

    la putréfaction ou œuvre au noir, l'albification ou œuvre au blanc, et la rubification ou œuvre au rouge. 

    Pour les Templiers, toute démarche alchimique est l'allégorie du voyage spirituel vers sa propre transformation intérieure. L'expérience était exclusivement réservée aux plus grands initiés, dont l'objet, quel qu'il soit, était toujours gardé par des femmes.

    Si la rose personnifie l’élévation spirituelle de l’homme, elle représenterait aussi le passage de l’état profane à l’état sacré…

    Tout cela nous éloigne-t-il des Templiers ou fait-il lien avec la franc-maçonnerie ?

    J’avoue m’y perdre et aurai besoin de comprendre.

    Quoi qu’il en soit, emblème de chevalerie et de mysticisme sentimental, la rose convient à l’initié de l’Amour, adepte fervent du Grand Œuvre de suprême abnégation… Elle est la marque même de la renaissance spirituelle, sous les auspices de l’amour divin.

    Faut-il rappeler que les devoirs des Templiers consistaient en une foi sans faille en un Dieu Créateur. Ils devaient s’insérer dans le plan divin, suivre la Loi d’Amour révélée par le Christ. Ils avaient également une dévotion sincère envers la Vierge Marie.

    Ils devaient défendre le faible contre le fort, défendre le droit et le bien contre l’injustice et le mal… faire à l’iniquité une guerre sans trêve et sans merci.

    Tout cela faisait partie des devoirs de base et de la règle de vie des Templiers, or ces éléments ont été soulevés en plusieurs points dans la symbolique de l’épée, comme dans celle de la rose. Tout semble faire lien, même s’il reste sans doute encore beaucoup à dire, à découvrir, mais cela fera sans doute l’objet d’échanges lors des prochains Chapitres.

    Je terminerai par un proverbe qui m’a interpellée, avant de « déposer », en annexe, le sermon de St Bernard…

    « Le monde est une rose, respire-la et passe-la à ton ami » (Proverbe arabe).

    Annexe

    Sermon de Saint Bernard sur la Bienheureuse Vierge Marie

    « L'arche d'alliance fut faite de bois de Sethim, et Marie fut tirée du peuple juif, peuple couvert d'épines, rude et aride, épineux par ses péchés de détraction, rude par ses superstitions, aride parce qu'il était dépourvu de l'onction de la grâce divine. Aussi il tressa une couronne d'épines pour son roi, et il brûla de rage contre lui, comme le feu qui pétille en consumant des ronces. Séthim, en effet, signifie épines. Dans un autre sens, Ève fut une épine, Marie une rose. Ève fut véritablement une épine, elle piqua son mari jusqu'à lui donner la mort, et elle plongea dans le cœur de tous ses enfants l'aiguillon du péché. D'où vient ce langage, de l'Apôtre : « Par un homme, le péché est entré en ce monde, et la mort, à la suite du péché : et elle a ainsi pénétré en tous (Rom. V, 12). » Les saints Pères furent des bois bien que desséchés à la racine de l'arbre, ayant néanmoins une confiance très assurée dans l'arrivée du Sauveur; ils habitaient en ce monde, semblables à des voyageurs et à des étrangers, n'ayant rien et possédant tout. (II Cor. VI, 10) Ils châtiaient leurs corps avec ses vices et ses concupiscences, ils allaient pleurant et jetant leurs semences (Psal. CXXV, 6). Aussi l’un d'eux s'exprime ainsi : « je me suis retourné dans mon chagrin, tandis que l'épine pénètre dans mon cœur (Psal. XXXI. 4). » Pour faire éclater sa gloire et pour renverser la sagesse humaine, Dieu a daigné naître d'une femme vierge, issue de la tige épineuse des Pères, prendre un corps afin de devenir semblable à l'homme, de guérir le contraire par son contraire, d'arracher l'épine vénéneuse et de déchirer avec puissance la cédule de condamnation du péché. Par ce sexe féminin l'humilité se montre avec éclat, la gloire et la majesté d'une vierge nous vient en aide et la grâce chasse le péché. Ève fut donc une épine et Marie une rose : Ève une épine en blessant, Marie une rose en adoucissant les sentiments de tous les hommes. Ève épine en donnant à tous la mort : Marie rose en rendant à tous le salut. Du jus de l'écorce de l'épine on fait une sorte d'encre : de votre esprit charnel naît le flux de la concupiscence qui, péché actuel dans Adam et Ève, transmet dans leur postérité le péché originel. C'est de lui que l'Apôtre s'écrie : « la lettre tue, l'esprit vivifie (II Cor. III, 6). » Comme s'il disait : « Par un homme la mort, et par un homme la résurrection : et de même que tous périssent en Adam, ainsi tous seront vivifiés en Jésus-Christ (I Cor. XV, 22). » Marie fut une rose blanche par la virginité, rouge par la charité: blanche quant au corps, rouge quant à l'âme; blanche par la pratique de la vertu, rouge par son triomphe sur les vices ; blanche par la pureté de ses affections, rouge par la mortification de la chair, blanche par l'amour de Dieu, rouge par sa compatissante à l'égard du prochain ».

    Sœur Anaïque D.

    Bibliographie

    Corinne Morel

    Dictionnaire des Symboles, Mythes et Croyances

    Archipoche, Paris, 2004

     

    Encyclopédie des symboles

    Edition française établie sous la direction de Michel Cazenave

    Le livre de poche, La pochothèque, Paris, 1999

     

    Georges Romey

    Dictionnaire de la Symbolique

    Editions Albin Michel, Paris, 1995

     

    Didier Colin

    Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes

    Editions Hachette pratique, Paris, 2006

     

    Ratzinger / Benoît XVI

    L’enfance de Jésus

    Flammarion, Paris, 2012

     

    Breynaert Françoise, Docteur en théologie (Marianum, Rome)

    Alice Caron Lambert

    Le Roman des roses

    Collection : Carnets du jardin

    Editions du Chêne, Paris, 2007

    Les carnets du jardin

    Editions du Chêne – Hachette, Paris, 1999

     

    Sur Google livres :

    Les excellences de la Vierge ou méditations sur les litanies

    Chez Ian Corrozet, au Palais, sul le perron de la saincte chappelle, Paris, 1626

     

    Charles Joret

    La rose dans l'antiquité et au Moyen Âge

    Histoire, légendes et symbolisme

    Slatkine, 1892

     

    Jankélévitch Sophie

    Pierre philosophale

    Encyclopædia Universalis

    http://www.universalis.fr/encyclopedie/pierre-philosophale/

    Sitographie

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeux_olympiques_antiques

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_le_Grand

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Ann%C3%A9es_1000_av._J.-C.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Symbolique

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_catholique

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_de_Clairvaux

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Couronne

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pine

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Plaies_du_Christ

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Arche_d%27alliance

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_(m%C3%A8re_de_J%C3%A9sus)

    https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=S%C3%A9thim&action=edit&redlink=1

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%88ve

    https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9ch%C3%A9_originel

    https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9surrection

    http://www.histoireetspiritualite.com/autres-traditions-spiritualites/alchimie-spagyrie/dictionnaire-alchimique/rubification.html

     


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  • Le « tétramorphe »

    Introduction

    La présence des quatre Évangélistes dans les édifices religieux chrétiens (sous la forme de sculptures, fresques, mosaïques) est très fréquente. On peut les trouver figurés sous leur forme humaine, tenant ou écrivant leur évangile, mais le plus souvent ils prennent une apparence symbolique. Ils sont alors tous représentés avec des ailes et trois d'entre eux sous une forme animale. Cette dernière représentation est appelée le « tétramorphe ».

    Le présent parchemin devrait apporter à nos lecteurs un peu plus de précisions à ce sujet.

    L'Évangéliste Jean prend l'apparence d'un aigle, Luc celle d'un taureau ailé, Marc celle d'un lion ailé et Matthieu celle d'un homme qui, avec ses ailes, s'apparente à un ange. Ils tiennent souvent dans leurs pattes ou mains, leur évangile, symbole de la foi et de la connaissance.

    Qu’est-ce que le « tétramorphe » ?

    Le tétramorphe, c’est-à-dire le symbolisme des quatre animaux (appelés aussi « les quatre vivants ») ou des quatre Évangélistes, fut l’un des thèmes favoris de l’art religieux et l’un des plus commentés.

    La symbolique des quatre Évangélistes ne s’est pas imposée d’emblée aux chrétiens. Aux premiers siècles du christianisme, les quatre Évangélistes ont été rapprochés des quatre grands prophètes (Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, Daniel), des quatre Pères de l’Eglise (St Augustin, St Ambroise, St Jérôme, St Grégoire-le-Grand), des quatre fleuves du Paradis et enfin des quatre chérubins entourant le trône de Dieu.

    Les quatre Évangélistes ne furent identifiés avec le « tétramorphe » et fixés qu’à partir du 5ème siècle. Ceci se vérifie dans les textes et dans l’iconographie.

    Diverses thèses ont été proposées par les Pères de l’Eglise.

    Pour n’en citer que deux :

    • Irénée de Lyon (vers 180) a vu dans les quatre figures animales autant d’images de l’activité du Fils de Dieu : « Le premier de ces vivants, est semblable à un lion, ce qui caractérise la puissance, la prééminence et la royauté du Fils de Dieu ; le second est semblable à un jeune taureau, ce qui manifeste sa fonction de sacrificateur et de prêtre ; le troisième a un visage pareil à celui d’un homme, ce qui évoque clairement sa venue humaine ; le quatrième est semblable à un aigle qui vole, ce qui indique le don de l’Esprit volant sur l’Eglise. » (Contre les hérésies, Livre III, 11,8).
    • Quant à l’interprétation de saint Jérôme (347 - 420) s’inspirant de la vision d’Ézéchiel et de la citation de l’Apocalypse, elle est celle que la Tradition a retenue.

    La figure humaine

    représente

    Matthieu

     

     * Le tétramorphe

    L'aigle

    représente

    Jean

    Le lion 
    représente

    Marc

    Le taureau

    représente

    Luc

    Le « tétramorphe », ou les « quatre vivants », ou encore les « quatre êtres vivants », représente les quatre animaux ailés tirant le char de la vision d'Ezéchiel (Ez 1 ; 1-14). Leur origine est tirée sur Livre d'Ézéchiel d'abord, puis avec saint Jean dans l'Apocalypse (Apoc 4; 7-8). Plus tard, les Pères de l'Église y ont vu l'emblème des quatre Évangélistes : le lion pour Marc, le taureau pour Luc, l'homme pour Matthieu et l'aigle pour Jean. Ils accompagnent souvent les représentations du Christ en majesté.

    Les attributs des quatre évangélistes peuvent donc être mis en référence avec le début de chacun de leur Livre :

    • Matthieu est représenté par l'homme ou l'ange parce qu’il commence son Évangile par la généalogie du Christ.
    • Marc est désigné par le lion car dès les premières lignes de son récit, il nous parle de la voix qui crie dans le désert (Marc 1, 3). Il s’agit de celle de Jean-Baptiste (« Un cri surgit dans le désert »).
    • Luc est représenté par un taureau, animal du sacrifice pour l’allusion que l’évangéliste fait au sacrifice offert à Dieu par Zacharie (Luc 1, 5). Dans le bestiaire traditionnel, le taureau est signe de sacrifice.
    • Jean enfin, est figuré par l'aigle, car son Évangile commence par le mystère céleste et nous place, dès le début, en face du Verbe, « vraie lumière » (Jean 1, 1-4). De plus, l’aigle est le seul animal  à  pouvoir regarder le soleil en face.

    Ajoutons encore que le « tétramorphe » rappelle les étapes de la vie du Christ : l’Incarnation (homme), le Sacrifice (taureau), la Résurrection (lion) et l’Ascension (aigle).

    Origine de ces symboles

    Vu le rôle central joué par ces symboles, ils semblent avoir une origine plus lointaine. Dans l’Ancien Orient, le nombre 4 évoque les 4 saisons, les 4 points cardinaux, les quatre gardiens du monde, ou les quatre porteurs du ciel disposés aux quatre coins du firmament. Ces images reposent sur les symboles stellaires du zodiaque, de la « croix fixe » qui sont le taureau, le lion, le scorpion et le verseau. Ce découpage quaternaire tirerait son origine des quatre éléments, du dualisme entre les forces amies et ennemies de l’homme : le feu (le taureau) et l’eau (l’homme) d’un côté, contre la terre (le lion) et l’air (l’aigle) de l’autre côté. 

    Ces symboles peuvent illustrer aussi la majesté, la force, le savoir et la souplesse selon des traditions très anciennes rappelant peut-être même certains dieux païens.

    La représentation artistique (peinture, mosaïque, sculpture, vitraux) qui en est faite se confirme également au cours des siècles. On la trouve, pour la décoration, dans les lectionnaires manuscrits qui ont pu être conservés, notamment celui de Raban Maur (v.780-856) qui restera classique en passant dans l'enseignement au 12ème siècle. L’art roman, qui a multiplié largement l’image du « tétramorphe », lui a prêté bien d’autres sens encore…

    L'ensemble iconographique s’inspire directement de la vision de Saint Jean : «  Un trône était dressé dans le ciel, et quelqu’un était assis sur ce trône… Et autour de lui, se tiennent quatre vivants constellés d’yeux…. Le premier vivant est comme un lion ; le deuxième vivant est comme un jeune taureau ; le troisième vivant a comme un visage d’homme ; le quatrième vivant est comme un aigle en plein vol. »  (Apocalypse IV, 2, 7). 

    Cependant bien avant la fin du 1er siècle chrétien, les quatre animaux étaient déjà apparus à Ézéchiel au bord du fleuve Kobar.  Le récit d’Ézéchiel est probablement la première source du « tétramorphe ».

    L'origine biblique du « tétramorphe »

    La vision d'Ézéchiel

    Dès les premières lignes de sa prophétie, Ézéchiel (Ez 1, 1-14) décrit une vision : « le ciel s'ouvrit et je fus témoin de visions divines » (Ez 1, 1). « Au centre, je discernais quelque chose qui ressemblait à quatre êtres vivants » (Ez 1, 5).

    « Ils avaient chacun quatre faces et chacun quatre ailes (...) leurs sabots étaient comme des sabots de bœuf » (Ez 1, 6-7). « Quant à la forme de leurs faces, ils avaient une face d'homme, et tous les quatre avaient une face de lion à droite, et tous les quatre avaient une face de taureau à gauche, et tous les quatre avaient une face d'aigle » (Ez 1, 10).

    Il s'agit de quatre animaux identiques dotés chacun de quatre pattes de taureau, de quatre ailes d'aigle, de quatre mains humaines et de quatre faces différentes d'homme, de lion, de taureau et d'aigle. Ces quatre animaux ont leur place au pied du trône de la gloire de Dieu.

    L'Apocalypse

    L'apôtre Jean a une vision qu'il relate dans le livre de l'Apocalypse (4, 7-8). La parenté avec celle d'Ézéchiel est évidente. Les Vivants sont au milieu du trône et autour de lui, mais ils ne sont plus identiques et ils sont beaucoup moins hybrides : ce sont, dans l'ordre : un lion, un taureau, un homme et un aigle. Ils ont chacun six ailes et ils sont recouverts d'une multitude d'yeux. Ils ne cessent de répéter jour et nuit : « Saint, Saint, Saint, Seigneur, Dieu Maître de Tout, qui était qui est et qui vient ».

    Le tétramorphe dans l'antiquité

    Avant la Bible, on trouve ces quatre figures des quatre vivants en Egypte et à Babylone en Mésopotamie. Ce sont sans doute les légendes babyloniennes qui ont influencé les visions d'Ezéchiel dont s'est vraisemblablement inspiré l'auteur de l'Apocalypse. C'est saint Irénée de Lyon, au 2ème siècle, soit de nombreux siècles après leurs premières apparitions qui, le premier, a identifié ces quatre vivants aux quatre Évangélistes.

    Égypte

    En Égypte, il existait « quatre gardiens du créateur » –– à l'apparence, et à la mission bien différente — représentés dans quelques temples, dont celui d'Edfou.

    Voici ce qu'en dit Nadine Guilhou, égyptologue à l'université de Montpellier :

    « De son côté, pressentant lui aussi des combats, le créateur résolut de créer à partir de lui-même quatre gardiens. L'un avait les apparences d'un rapace. Le visage encadré d'ailes, il portait un harpon. On le nomma Seigneur du harpon. Le deuxième était un lion puissant ; il portait un couteau. C'était le Seigneur du couteau. Le troisième, un serpent, brandissait un poignard. On le dénomma « celui dont la terreur est grande ». Le quatrième, enfin, portait aussi un couteau, c'était un taureau et son nom fut : celui dont le mugissement est puissant.

    Ces quatre gardiens se subdivisèrent en quatre compagnies, les lions au nord, les serpents à l'est, les faucons au sud, les taureaux à l'ouest. Munis de leurs armes, ces génies gardiens constituaient à Edfou le rempart vivant du créateur. Ils se figèrent autour de lui, constituant la mer d'enceinte de son temple. Et c'est ainsi que fut créée la demeure de Rê, semblable à l'horizon du ciel, immense, où il pouvait séjourner pendant des millions de millions d'années ».

    Il ne s'agit pas là du « tétramorphe » mais de quatre esprits du temple qui vont constituer autour de lui un rempart vivant. On a pu évoquer aussi le « tétramorphe » à propos des représentations des vents dans l'Egypte ancienne, mais il s'agit là uniquement de rapprochements iconographiques, les quatre animaux gardiens à Edfou et la personnification des vents étant sensiblement différents du « tétramorphe », même si certains aspects existent.

    Babylone

    À Babylone, les « quatre Vivants » représentaient quatre divinités secondaires. Ils figuraient les quatre points cardinaux et en astrologie, science inventée par les civilisations mésopotamiennes, ils symbolisent les quatre signes fixes du zodiaque.

    Le « tétramorphe » et les quatre Évangiles

    Les premières paroles de chaque Évangile

    Saint Jérôme de Stridon nous donne la clé de l'attribution de l'un des quatre Vivants à chacun des quatre Évangiles. C'est la première page du texte qui est déterminante et il présente au 4ème siècle cette attribution comme une tradition acquise de longue date. Ainsi :

    • Matthieu ouvre son évangile par la généalogie légale de Jésus, celle qui comprend Joseph, mais en précisant la filiation biologique par Marie :

            « Livre de la genèse de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham : Abraham engendra Isaac... » (Mt 1, 1-2).

      L'homme (et non pas l'ange puisque les ailes qu'il porte sont l'attribut des Quatre Vivants et non pas les ailes d'un                ange) représente l'évangile selon Matthieu.

    • Marc commence ainsi son évangile :

            « Commencement de l'Évangile de Jésus Christ, fils de Dieu. Selon qu'il est écrit dans Isaïe le prophète :

            Voici que j'envoie mon messager en avant de toi pour préparer ta route. Voix de celui qui crie dans le désert :                              Préparez le chemin du Seigneur... » (Mc 1, 1-3).

           La voix qui crie dans le désert est celle d'un lion, symbole de l'évangile selon Marc.

    • Luc, après une dédicace à Théophile (Lc 1, 1-4), commence ainsi le corps de son évangile : « Il y eut aux jours d'Hérode, roi de Judée, un prêtre du nom de Zacharie, de la classe d'Abia... » (Lc 1, 5).

           Le prêtre sacrifie au Temple et le taureau, ou le veau, est l'animal emblématique du sacrifice.

           Il est devenu le symbole de l'évangile selon Luc.

    • Jean ouvre son évangile par un prologue (Jn 1, 1-18) sur le Verbe, la voix venue du ciel. 

           Le symbole attribué à l'évangile selon Jean est l'aigle.

    Le résumé de la mission du Christ

    Saint Jérôme de Stridon nous apprend aussi que les quatre Vivants rassemblés ont une autre signification que de représenter les quatre évangiles : ils résument à eux quatre les quatre moments essentiels de la vie du Christ.

    Le Verbe de Dieu s'est incarné (l'homme), il a été tenté au désert (le lion), il a été immolé (le taureau) et il est monté au ciel (l'aigle).

    Lorsqu'ils symbolisent l'histoire du salut, les quatre Vivants se trouvent précisément placés dans l'ordre qui a été retenu pour le canon des Écritures. Cette coïncidence doit nous amener à nous demander s'il n'y a pas un lien entre l'attribution des symboles à chacun des Évangélistes et les choix opérés par l'Église naissante d'écarter certains textes comme apocryphes et d'en retenir d'autres comme canoniques.

    La fixation du canon des Évangiles

    On ignore tout de la fixation de ce canon : la date, les modalités, les auteurs. Les « Actes des Apôtres » n'en parlent pas, mais la première épître de Paul à Timothée (ch.5 v. 18) cite déjà l'Évangile de Luc avec la même autorité que le Deutéronome.

    Se fit-elle par un concile ou par un groupe restreint de personnes ayant été disciples du Christ ou des apôtres ? Quelle qu'elle soit, cette instance devait faire autorité car l'histoire n'a pas gardé trace d'une controverse. Le choix de quatre textes canoniques semble bien inspiré des quatre Vivants d'Ézéchiel et de l'Apocalypse, ainsi que de la symbolique du nombre 4 dans la tradition hébraïque et biblique.

    Les pages qui ouvrent chacun des quatre textes ont dû guider ceux qui avaient à décider. La difficulté éventuelle de rattacher un texte à l'un des quatre Vivants de l'Apocalypse a pu être une raison de l'écarter. Visiblement en tout cas, il est fort probable que l'ordre canonique des livres retenus s'est inspiré de la symbolique rapportée par saint Jérôme. Dans ce cas précis en tout cas, la Tradition ne s'oppose pas à l'Écriture. Elle est à la source de la fixation du canon scripturaire, l'Écriture en est tributaire.

    Interprétation symbolique

    Le « tétramorphe », outre les quatre signes qu'il emprunte au zodiaque (taureau, lion, scorpion & verseau) est également un symbole de l'humain, sous ses 4 composantes, telles qu'indiquées chez Luc (10, 27). Les correspondances sont les suivantes :

    • le taureau est le symbole du corps et des forces de l'homme,
    • le lion est le symbole du cœur et des passions,
    • l'homme est le symbole de l'esprit et des pensées,
    • l'aigle est le symbole de l'âme.

    Le célèbre sphinx égyptien de la pyramide de Giseh qui remonte à la nuit des temps représente ces 4 éléments : corps de taureau, ailes d'aigle repliées sur ses flancs, griffes de lion, tête d'homme. Sont-ce aussi les symboles des 4 éléments : la terre, le feu, l'eau, l'air ?

    Textes liturgiques

    Les quatre Vivants, issus d'une vision symbolique, se prêtent mal à une utilisation par l'hymnographie liturgique, qui privilégie habituellement les faits et les images matériels. La liturgie byzantine, dans ses célébrations eucharistiques, mentionne cependant les quatre Vivants en s'inspirant du texte de l'Apocalypse (4, 8). Une des formules introduisant le Sanctus est la suivante :

    « Les anges célestes chantent, mugissent, rugissent et crient l'hymne triomphal en disant : Saint, Saint, Saint est le Seigneur Sabaoth... »

    Les symboles des Évangélistes - Le « tétramorphe »

    Les quatre Évangélistes doivent leur place éminente dans la religion chrétienne à une double circonstance. Ils sont tous, d'une part, les auteurs des Évangiles canoniques. D'autre part, deux d'entre eux (Matthieu et Jean) ont compté au nombre des douze apôtres et ont connu personnellement Jésus. Les autres (Marc et Luc) n'ont pas connu le Christ et ont rédigé leur Évangile dans la seconde moitié du 1er siècle. Une immense vénération les a entourés tous les quatre dans l'Eglise.

    Les Évangélistes peuvent être représentés sous leur forme humaine en train d’écrire leurs Évangiles. Pour être reconnus ils sont toujours accompagnés de leur image symbolique. Celle-ci peut paraître sous une forme figurative seule – le « tétramorphe » (du grec tetra : 4 et morphe : forme) : l’homme, le lion, le taureau et l’aigle. Ces 4 figures sont toujours ailées.

    Le « tétramorphe » se trouve déjà dans le livre d’Ézéchiel, décrivant la gloire de Dieu ainsi que dans l’Apocalypse de Jean.

    De cette recherche, nous retiendrons donc que, dans la symbolique biblique, le « tétramorphe » est un ensemble constitué par un lion, un aigle, un taureau et un ange, symboles qui seront ensuite affectés aux quatre évangélistes.

    Les quatre représentations ci-dessous se trouvent dans la chapelle des Pazzi de la basilique Santa Croce de Florence.

    La construction de la chapelle par la famille Pazzi commença en 1441 sur des plans de Brunelleschi mais ne fut terminée qu’en 1470. La décoration intérieure fut confiée à Luca della Robbia. Les écoinçons de la coupole hémisphérique se terminent par les tondis des 4 évangélistes. Ils furent exécutés par l’atelier della Robbia en céramique polychrome d’après les dessins de Filippo Brunelleschi.

    La chapelle Pazzi se trouve dans le premier cloître du 14ème siècle. Elle devait servir de chapelle funéraire à la famille Pazzi, mais suite à leur conjuration (les membres de la famille étant soit exécutés soit exilés) celle-ci  resta vide. C’est l’un des chefs d’œuvres architectural de Brunelleschi mais elle ne fut terminée qu’en 1470 soit 20 ans après sa mort.

    Chaque symbole est une référence à un passage de l’Évangile :

    Saint Jean l’aigle

     

    Le Prologue de Jean dans l’Apocalypse est d’une telle élévation, que seul l’aigle peut voler aussi haut.

     

     * Le tétramorphe

     

     

    Saint Marc le lion

     

    Il cite Isaïe : « Je suis la voix qui crie dans le désert ».

    A l’époque, les lions étaient encore fréquents dans les régions désertiques.

     

     * Le tétramorphe

     

     

    Saint Matthieu l’homme

     

    Il commence son évangile par la généalogie humaine de Jésus. Il s’agit bien d’un homme et non d’un ange.

     

     * Le tétramorphe

     

     

    Saint Lucle taureau

     

    L’annonce de la naissance de saint Jean Baptiste est faite au prêtre Zacharie. Celui-ci pratiquait les sacrifices imposés par sa fonction sacerdotale et le sacrifice d’expiation est un taureau sans défaut.

     

     * Le tétramorphe

    Pour Irénée de Lyon (-120 – 202 après J.C.), le « tétramorphe » est une représentation symbolique du Christ.

    Le lion : la puissance et la royauté

    Le taureau : son rôle de sacrificateur et de prêtre

    L’homme : sa venue humaine

    L’aigle : un esprit volant au-dessus de l’Église.

    Recherches synthétisées et mises en forme par le Frère André B.

    Bibliographie

    Fromaget Michel

    Le Symbolisme des quatre Vivants

    Ézéchiel, saint Jean et la tradition

    Éditions du Félin, 1992

     

    Encyclopédie catholique Théo

    Éditions Droguet-Ardant / Fayard, Paris, 1992

     

    Péneaud Philippe

    Les Quatre Vivants

    Éditions de l'Harmattan, Paris, 2007

     

    E. Schuré

    Les Grands initiés

    Editions Perrin, 110ème édition, 1929, pp. 116-117

     

    Sitographie – Références

    http://jfbradu.free.fr/mosaiques/germigny/evangelistes.htm

    http://www.pastourisme71.com/pages/tetramorphe.htm

    https://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9tramorphe

    http://www.1oeuvre-1histoire.com/tetramorphe-symbole-evangeliste.html

    http://catreims.free.fr/ico011.htm


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  • Approche du symbolisme de l'Apocalypse de Jean

    Introduction : le mot « Apocalypse »

    Le mot « apocalypse » est un terme qui s'est chargé au fil des siècles d'une série de connotations et de travestissements qui l'ont éloigné de son sens d'origine pour souvent évoquer une catastrophe massive et violente.

    Dans l’inconscient de nombreux chrétiens, l'Apocalypse est synonyme de destruction, de fin du monde que certains aiment à prédire périodiquement....

    Comment ce texte peut-il évoquer pour tant de gens des images de fin du monde, alors que les spécialistes le traduisent comme un message d'espoir ? Les images terrifiantes utilisées par l'auteur de l'Apocalypse n'étaient pas destinées à faire peur, mais plutôt à aider des gens en difficulté et les avertir que la fin de leurs malheurs est proche.

    Le mot « Apocalypse » est aussi devenu populaire pour de mauvaises raisons. Cette perception est notamment liée à la difficulté d'appréhender un genre littéraire déroutant qui ne trouve pas de comparaison dans la littérature contemporaine.

    En grec, « apocalypse » signifie « dévoilement », ou, selon la racine latine, « révélation ». Il s’agit d’un texte concernant des événements ou des personnages dans un langage codé et que l’écrivain met sous l’autorité divine, comme si c’était Dieu lui-même qui « dévoilait » ce que lui seul peut connaître.

    Dans la Bible et dans les livres de la tradition juive, avant et après le Christ, les « apocalypses » désignent des discours qui cherchent à interpréter les événements passés ou présents de manière symbolique, c’est-à-dire avec des images.

    Par exemple dans le livre de Daniel, les rois païens qui ont fait ou faisaient la guerre au petit royaume de Juda (Babylone, les Mèdes, les Perses et le royaume d’Alexandre le Grand) sont successivement représentés par un lion aux ailes d’aigles, par un ours dressé sur ses pattes et dévorant les restes d’une proie, par un léopard doté de quatre têtes et quatre ailes, enfin par une bête monstrueuses ayant dix têtes, chacune représentant un des rois successeurs d’Alexandre. La dixième tête finit par dominer les autres et à se poser en maître arrogant du monde : par elle, Daniel désignait le nouveau tyran du Proche Orient, le roi grec Antiochus IV Épiphane, le plus terrible persécuteur de la nation juive 170 ans seulement avant Jésus-Christ.

    Il y a plusieurs passages du Nouveau Testament qui sont des discours d’apocalypse : par exemple les discours de Jésus arrivé à Jérusalem quelques jours avant sa mort, dans les évangiles de Matthieu (ch. 24-25), de Marc (ch. 13) et de Luc (21,5-36) ; certains passages des épîtres de Paul (2 Th 1,6-12 ; 2,3-12) ou de Pierre (2 P 3,10) utilisent la même manière de parler.

    La littérature apocalyptique constitue un genre littéraire ancien qui est probablement apparu à l'époque de l'exil du peuple juif à Babylone — au 6ème siècle av. J.-C. — avec les textes d'Ézéchiel, de Joël et de Zacharie avant de s'épanouir avec Daniel (vers 165 av. J.-C.) qui sert de modèle à l’Apocalypse de Jean mais aussi aux apocalypses apocryphes juives et chrétiennes ou encore aux textes apocalyptiques de Paul de Tarse.

    Dans les littératures juives et chrétiennes, le genre de ces écrits se définit par certaines relations entre leur forme, leur contenu et leur fonction sans qu'ils appartiennent pour autant à un mouvement ou un milieu particuliers. Ils ne témoignent d'aucun courant théologique spécifique et peuvent véhiculer des idéologies très éloignées, voire opposées.

    On peut cependant déceler comme terreau commun à ce genre prophétique une ossature narrative qui a pour fondement une vision-révélation divine transmise à un homme, généralement par l'entremise d'un être surnaturel, dans une représentation du monde caractérisée par la présentation de deux ordres de la réalité : celui de l'expérience humaine sensible et celui d'une réalité spirituelle invisible et inaccessible à l'expérience courante mais déterminant pour le destin humain. La révélation elle-même procède d'une réalité transcendante qui propose à la fois une dimension temporelle, dans la mesure où elle propose un salut eschatologique, et spatiale, dans celle où elle annonce l'imminence d'un monde nouveau.

    Trois traits apparaissent également caractéristiques de ce genre de littérature :

    1°) le voyant de l'apocalypse est un écrivain qui, à la différence d'un prophète, consigne ses visons dans un écrit ; 

    2°) celui-ci est souvent pseudépigraphique (Un pseudépigraphe est un ouvrage dont le nom de l'auteur ou le titre sont faux.) ;  

    3°) l'auteur fait usage de nombres, d'objets et de personnages symboliques, sans s'attacher à rendre cohérent ce symbolisme.

    Mais qui est donc l’auteur de cette Apocalypse ?

    L'auteur de l'Apocalypse

    L'auteur de l'Apocalypse est inconnu. À quatre reprises dans le texte, le voyant s'attribue le nom de « Jean », qui est un prénom très fréquent dans les écrits néotestamentaires. Celui-ci se décrit comme exilé forcé sur l'île de Patmos « à cause de la Parole de Dieu et du témoignage de Jésus », dans ce qui pourrait s'apparenter à l'idée contemporaine de « délit d'opinion ».

    L'analyse exégétique contemporaine s'oppose à la tradition car rien ne permet d'identifier Jean de Patmos à l'apôtre Jean ; avant tout, l'auteur ne revendique jamais ce titre et exprime que pour lui le groupe des apôtres appartient au passé. De la même manière, il n'utilise pas davantage le titre d'« Ancien » (Presbytre).

    L'auteur a vraisemblablement été un personnage important des communautés judéo-chrétiennes d'Asie Mineure aux sept Églises desquelles il s'adresse et dont le texte peut laisser penser qu'il était un prophète itinérant.

    En se fondant sur l'analyse exégétique et textuelle, il est vraisemblable que sa langue soit l'araméen voire l'hébreu, ce qui rend possible la thèse des chercheurs qui en font un prophète apocalyptique judéo-chrétien qui aurait fui la Palestine à la suite de la révolte juive des années 60 et se serait réfugié en Asie Mineure — peut-être à Éphèse — avant de s'exiler sur l'île de Patmos, peut-être sous la pression de ce que la tradition chrétienne appelle « la persécution de Domitien » mais dont la réalité est largement mise en question par les historiens.

    Les relations de cet auteur avec la tradition et l'école johanniques sont débattues. Mais une majorité de chercheurs incline à ne pas associer Jean de Patmos aux courants johanniques, même si des contacts ont pu avoir lieu.

    « L’Apocalypse » ou « Apocalypse de Jean » ou encore « Livre de la révélation », également appelé « Révélation de Jésus-Christ »(en grec ancien : apokálupsis Iēsou Christoũ) suivant les premiers mots du texte, est le dernier livre du Nouveau Testament canonique.

    Selon d’autres sources, l'œuvre aurait été composée vers la fin du 1er siècle par un auteur judéo-chrétien qui se nomme Jean et qui réside à Patmos au moment de l’écriture du texte, et que la tradition a identifié parfois à l'apôtre Jean, fils de Zébédée, ou à Jean le Presbytre.

    Une autre tradition, contestée dès son apparition au 2ème siècle, estime que le même auteur aurait écrit « l'Evangile selon Jean ».

    Le mot « apocalypse » est emprunté au latin « apocalypsis » (« révélation »), lui-même emprunté au grec ancien  « ἀποκάλυψις,  apokálupsis » (« découvert »). Il provient du verbe grec « καλύπτω, kalúptô » (« cacher »), précédé du préfixe de privation « ἀπό ápó ». Littéralement donc « dé-caché », et donc par extrapolation, « dévoilé aux yeux », « retrait du voile », « le voile est levé ».

    Étymologiquement, le mot « apocalypse » signifie donc « dévoilement » ou, sous un aspect religieux, « révélation ». Il appartient à un genre littéraire juif puis chrétien de type ésotérique qu’on appelle « la littérature apocalyptique » et qui présente une grande diversité mais qui a en commun un goût prononcé pour l'allégorie ainsi que pour le symbolisme et dont « l’Apocalypse de Jean » constitue un modèle du genre.

    Le texte, d'essence prophétique et dont l'auteur se réclame d'Ézéchiel, se présente ainsi comme une « révélation de Jésus-Christ » (Ap 1,1) qui dévoile à Jean « quel est le sens divin de son époque et comment le peuple de Dieu sera bientôt délivré ».

    Ce n’est que bien plus tard que les écritures religieuses assimileront le mot pour l’associer au jugement dernier et donc à la découverte de la vérité de Dieu.

    Pour Laurence Gardner, auteur de l’ouvrage « La descendance de Marie Madeleine au-delà du Code Da Vinci », l’Apocalypse de Jean est très différent des autres livres de la Bible car ce n’est pas une chronique suivie. C’est un livre de type visionnaire : Jean semble comme assis dans un théâtre, regardant les évènements qui se déroulent sur la scène devant lui ! Essentiellement, c’est plus ou moins ce qu’est l’Apocalypse car il n’est en réalité qu’une continuation chronologique des Evangiles et des Actes des Apôtres. Son statut a été obscurci, à cause de l’interposition d’une série d’Epîtres de Paul, de Pierre, et autres ouvrages secondaires (vingt et un livres au total !) entre les Evangiles et les Actes, et lui. L’Apocalypse devrait faire suite aux Actes, alors que les autres livres et épîtres ne forment rien de plus qu’une annexe au Nouveau Testament.

    Au premier abord, il peut sembler déconcertant que l’Apocalypse fût incluse dans le Nouveau Testament, car elle est postérieure aux vies post-résurrectionnelles de Jésus, de Marie-Madeleine et de leur descendance.

    Cependant, l’inclusion de l’Apocalypse s’est révélée être une remarquable stratégie car sa nature ésotérique a permis à Rome de la tourner à son avantage considérable, en donnant une interprétation fausse de son texte. Cela prévalait bien évidemment quand les gens n’avaient pas de Bibles qu’ils auraient pu lire eux-mêmes !

    Dans l’Apocalypse (16 :16), la grande guerre finale entre la Lumière et l’Obscurité (c’est-à-dire entre le bien et le mal) doit avoir lieu sur les hauteurs de Meggido, un important champ de bataille palestinien, où une forteresse militaire gardait les plaines de Jezréel, au sud des collines galiléennes.

    Le « Manuscrit de Guerre » décrit en détail le combat prévu entre les Enfants de la Lumière et les Fils des Ténèbres à la grande bataille de Har Meggido. D’un côté, il devait y avoir les tribus d’Israël, de l’autre, les Romains, et diverses factions païennes. Ce devait être un violent combat moral entre la Lumière qu’est Israël, et les Ténèbres de la Rome impériale.

    A une époque ultérieure, cet ancien concept fut adopté et adapté par la naissante Eglise de Rome. La bataille de Har Meggido fut sortie de sa localisation spécifique, et appliquée à l’échelle du monde, avec Rome (l’Obscurité devenant la Lumière) du jour où l’Empereur Constantin se mit à la tête du christianisme.

    Pour que la domination des évêques catholiques prévalût, il fut décrété que le Jour du Jugement n’était pas encore venu. A ceux qui obéiraient aux principes modifiés de l’Eglise catholique romaine, était promise l’entrée au Royaume des Cieux, car ils étaient sanctifiés par les évêques.

    A Har Megiddo fut attribuée une dimension surnaturelle et Armageddon fut entouré d’une aura de terreur. Il marquait ainsi la terrifiante fin de toutes choses. La seule voie vers le salut était une obéissance absolue au pouvoir de Rome. Cela se révéla être l’une des manœuvres politiques les plus ingénieuses de tous les temps jusqu’à ce que les Manuscrits de la Mer Morte furent découverts !

    Présentation succincte de l’Apocalypse

    Un livre bien construit

    Le livre de l’Apocalypse commence par une introduction dans laquelle nous apprenons que l’auteur s’appelle Jean et qu’il se trouve en exil sur une île de la Mer Méditerranée, Patmos. On pense souvent que c’est le même Jean qu’on trouve dans les évangiles, le fils de Zébédée, mais ce n’est pas sûr. C’est pourquoi on parle de l’Apocalypse de Jean pour le distinguer des autres livres d’apocalypse qui ont été écrits avant et après le premier siècle de l’ère chrétienne.

    Après l’introduction, toujours dans le chapitre 1, Jean nous fait part d’une vision étonnante, celle d’un homme glorieux vêtu comme le grand-prêtre de Jérusalem ou comme le Fils de l’homme du chapitre 7 du livre de Daniel. Il tient dans sa main sept étoiles, symboles des sept communautés chrétiennes qui dépendaient de la communauté d’Ephèse. Il est puissant, lumineux, revêtu de sainteté, sa parole est comme une épée, capable de pénétrer les cœurs et d’annoncer des châtiments.

    Les deux chapitres suivants, les chapitres 2 et 3, sont plus faciles à lire : ils nous rapportent sept lettres ou sept messages adressés aux sept communautés : Ephèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie, Laodicée. On appelle cela un « cadre épistolaire » (qu’on retrouve à la conclusion du livre).  C’est un peu comme si on écrivait des lettres à Abidjan et aux diocèses qui lui sont rattachés : Grand-Bassam, Yopougon, Agboville, etc. Les lettres transmettent de la part du Christ, car c’est le Christ qui en est l’auteur, à la fois des encouragements face aux épreuves et des corrections pour certaines formes d’infidélité. Ce sont des textes qu’on devrait lire plus souvent, notamment pendant le temps du carême.

    Voici le plan général du livre : 

    · Les chapitres 1à 3 contiennent l'introduction du livre et les lettres aux sept Églises d'Asie. 

    Chapitre 1 : « les choses que tu as vues » 

    1/1. 3        - Introduction 

    1/4-9         - Adresse et présentation 

    1/10-16    - Vision de la gloire du Seigneur 

    1/17-20    - Mission confiée à Jean par Jésus-Christ

     

    Chapitre 2 et 3 : « et celles qui sont » 

    2/1. 7        Ephèse: image de la première Eglise qui suit le départ des apôtres 

    2/8-11      Smyrne: premières persécutions 

    2/12-17    Pergame: christianisation 

    2/18-29    Thyatire: cléricalisme 

    3/1. 6        Sardes: image du protestantisme 

    3/7-13      Philadelphie: réveil évangélique 

    3/14-22    Laodicée: Eglise de la fin des temps. Orgueil et tiédeur 

    · Les chapitres 4 à 5 sont le compte-rendu de visions reçues par l'auteur montrant la majesté et la puissance de la justice de Dieu et du Christ. 

    · Aux chapitres 6 à 9, de même que dans le chapitre 11, Jean raconte avoir vu un livre scellé de sept sceaux, sceaux représentant mille années de l'histoire temporelle de la terre. Ces chapitres traitent avant tout des événements contenus dans le septième sceau (voir Ap 8-9, 11:1-15). 

    · Le chapitre 10 parle d'un livre avalé par Jean. 

    · Le chapitre 12 rapporte la vision du mal qui commença dans le ciel lorsque Satan se rebella et fut chassé. La guerre qui commença là-bas continue à faire rage sur la terre. 

    · Au chapitre 13, ainsi que dans les chapitres 17 à 19, Jean décrit les royaumes terrestres pervers dominés par Satan et leur sort, ainsi que la destruction finale du mal. 

    · Les chapitres 14 à 16 décrivent la justice des saints au milieu du mal, juste avant la seconde venue du Christ. 

    · Enfin, les chapitres 20 à 22 décrivent le millénium, la création d'une deuxième terre et la nouvelle Jérusalem. 

    Chapitre 4 à 22 : « et celles qui doivent arriver après elles… » 

    4/5            - scènes célestes 

    6               - Première série de jugements (les sceaux) 

    7               - le reliquat des nations et d'Israël 

    8/9            - Deuxième série de jugements (les trompettes) 

    10/11        - Ministère des 2 témoins 

    12             - Satan, l'accusateur est précipité du ciel vers la terre avec les anges déchus 

    13             - vision des 2 « Bêtes », l'Antichrist et le faux prophète, puissances démoniaques, politiques et religieuses. 

    14/15        - deux groupes de martyres 

    16             - Troisième série de jugements (les coupes) 

    17/18        - Jugement de l'Eglise Romaine c'est à dire « La Grande Babylone » 

    19             - Apparition glorieuse de Jésus-Christ 

    20             - règne de Jésus-Christ et jugement final 

    21             - Eternité et Nouvelle Jérusalem céleste 

    22             - Conclusion et dernières paroles de Jésus-Christ

    La partie principale du livre commence au chapitre 4

    Il est facile de diviser cette partie en trois : dans un premier temps les chapitres 4 et 5 nous transportent dans le sanctuaire de Dieu situé au Ciel ; on ne voit pas Dieu, car il est invisible, mais on nous représente d’autres personnages qui forment sa cour céleste : quatre animaux symboliques (les « 4 vivants »), 24 Anciens dont les trônes sont placés autour de celui de Dieu et autour de l’autel, et des millions de millions d’anges. 

    Au chapitre 5, de manière inattendue, un nouveau personnage fait son apparition : le Christ sous la forme d’un agneau. Attention : on ne pourra jamais représenter visuellement exactement cet agneau car il faudrait le représenter à la fois comme une victime de sacrifice égorgé et comme un lion puissant, le lion de Juda, symbole de la royauté. On nous dit que cet Agneau, pourtant animal sans armes, faible face aux bêtes féroces, a reçu l’autorité sur tout l’univers et toutes les puissances célestes. Plus encore, il reçoit la même adoration, la même louange que Dieu ! 

    Avec le chapitre 6 commence la partie qui est la plus longue et la plus connue

    C’est là en effet qu’on trouve les descriptions de châtiments, de guerres entre armées célestes, de chiffres symboliques, etc. Le récit est organisé par la succession de trois séries de symboles : une série de châtiments sont décrits à l’occasion de l’ouverture de sept sceaux ; mais, lorsque l’Agneau ouvre le septième sceau, une nouvelle série de châtiments arrive à chaque fois que retentit la trompette du Temple céleste ; de même, lorsque le septième ange sonne pour la septième fois, une autre série de châtiments commence, sous la forme de sept coupes contenant des catastrophes…

    Sept sceaux ouverts les uns après les autres, puis sept sonneries, puis sept coupes versées sur la surface de la terre. Apparemment, cela ressemble à une succession d’événements, mais, quand on lit de plus près, c’est plutôt une superposition de situations symboliques qui renvoient à des situations historiques semblables, contemporaines. Autrement dit, pour essayer de comprendre ce qui se passe dans le monde – la persécution des chrétiens – Jean utilise plusieurs types d’images : elles se succèdent dans le récit, mais en fait c’est toujours la même chose qui est visée.  

    En réalité, cette deuxième partie du livre de l’Apocalypse, les chapitres 6 à 20, la plus longue, se répartit en deux sous-parties. 

    Première sous-partie : du chapitre 6 au chapitre 11.

    Les châtiments qui viennent du Ciel sont des catastrophes cosmiques : ce sont des fléaux comme la famine ou la peste, ou encore la guerre ; puis des étoiles qui tombent du ciel ou le soleil qui perd sa lumière… Ce sont les mêmes fléaux qu’on lit dans les écrits de l’Exode ou des prophètes de l’Ancien Testament, ce qui veut dire qu’il n’y a rien de nouveau là-dedans. On ne nous parle pas de personnages qui viennent nous détourner de Dieu, car, dans cette partie, l’auteur parle comme les prophètes Isaïe ou Jérémie, qui adressaient au peuple de la Loi leur message de conversion ; le peuple connaissait leur Dieu, leur Loi, la force de leur liturgie… et pourtant, ils restaient attachés à l’injustice sociale et à l’idolâtrie… Le mal se trouve dans le cœur endurci, incapable de prendre au sérieux la prédication des prophètes. 

    La description du mal prend une toute autre forme. En effet, on nous dit de manière imagée que, si le peuple de Dieu et les hommes en général ont tant de difficulté à adorer le vrai Dieu, c’est à cause du Diable, de Satan. Il n’agit pas seul : il utilise des intermédiaires qui se comportent comme le Christ ou comme l’Esprit Saint, faux sauveurs et faux prophètes. 

    Ils nous sont décrits sous la forme de monstres mi-hommes mi-animaux, extrêmement puissants, rusés, déterminés à ruiner le peuple de Dieu, ceux qui demeurent fidèles à Dieu et à son messie, le Christ Agneau. Le monstre principal, donc Satan, a la forme d’un dragon. Dans l’Ancien Testament, le dragon correspond à la fois à un serpent et à un crocodile. Ici, il a sept têtes (symbole de l’intelligence) et sur ses têtes dix cornes (symboles de la force) réparties bizarrement. Il porte aussi des couronnes, symboles de l’autorité royale. Il se déplace partout. Les autres monstres ont leur forme composée de plusieurs parties d’animaux sauvages ou puissants : panthère, ours, lion. 

    Deuxième sous-partie : à partir du chapitre 12. 

    La deuxième sous-partie, celle qui commence au chapitre 12, est connue pour un autre type de symbole, celui de la Femme. En fait, l’Apocalypse présente trois femmes, trois symboles du peuple : la Femme enveloppée du soleil et qui enfante dans la douleur, c’est l’Église dans sa condition terrestre, donnant naissance, génération après génération,  au messie royal annoncé par le Ps 2, immédiatement persécuté. Au chapitre 17, une autre femme apparaît, présentée comme une prostituée, symbolisant la ville perverse, sans doute Rome, la capitale du monde, le centre du commerce et du pouvoir. Cette femme est soumise au pouvoir du Dragon et de ses serviteurs, elle profite des persécutions. 

    La troisième Femme symbolique apparaît tout à la fin du livre, dans la troisième partie, qui est une extraordinaire page d’espérance. C’est la dernière page de toute la Bible chrétienne, ce qui veut dire que toute la Bible s’achève sur une vision éblouissante, celle d’une ville qui est aussi une Femme, symbole de la ville parfaite, magnifique, pure, toute prête et parée comme une épouse le jour de ses noces. 

    La conclusion du livre

    La conclusion du livre est un avertissement aux lecteurs : qu’ils n’en restent pas à la simple lecture, mais qu’ils mettent en pratique ce qu’ils auront lu !  

    Trois monstres, trois femmes, mais toujours un seul Seigneur, le Christ Agneau, celui à qui le Dieu unique a remis toute autorité et puissance. S’il est le Seigneur, si Dieu lui a remis tout pouvoir, alors pourquoi met-il tant de temps à vaincre et à éliminer les causes du Mal ? Il en faut du temps au Christ pour arriver à bout du Mal ! On lit des pages et des pages de combats, de victoires du Christ et de victoires du Dragon… 

    Cela semble ne jamais finir ! Et c’est bien un des enseignements de l’Apocalypse de Jean de nous dire qu’il ne faut pas s’attendre à une fin des temps pour demain. La fin des temps, on ne la connaîtra jamais ; il faut bien se mettre cela dans la tête. En l’attendant, nous avons une chose seulement à faire : rester fidèles à celui qui sera le vainqueur définitif, Jésus le Christ, l’Agneau dont le Sang nous sauve et nous lave.

    Clefs de lecture de l'Apocalypse de Jean

    Clef A : Le monde est sous l’emprise du démon ; mais tout est racheté dans le Christ Agneau vainqueur proclamé dans le cadre du mystère pascal, célébré le Jour du Seigneur.

    Clef B : Les images ne sont pas des paraboles, mais renvoient à des réalités théologiques ou historiques.

    Clef C : L’arrière-fond vétérotestamentaire : la plupart des pièces du puzzle à reconstituer.

    Clef D : Découvrir les réalités historiques derrière les images (jeter la couronne : Hérode et Octave).

    Clef E : Il y a des tableaux qui se superposent plutôt qu’une trame historique ou logique.

    Clef F : Châtiments, car, selon la tradition biblique, Dieu veut conduire les hommes à la conversion.

    Clef G : Le temps est dilaté par le recours à l’origine et la projection dans le futur : vérité définitive.

    Clef : La valeur des nombres, surtout 3, 4, 7, 10, 12, 1000.

    Parole et images

    L’Apocalypse de Jean se présente comme une mise en scène de style cinéma : fondu – enchaîné ; zoom sur une partie des acteurs.

    C’est un langage qui « montre » plus qu’il n’explique. « Je vis » : 46 x ; « J’entendis » : 27 x. 

    Caractéristique du témoignage. Il faut écouter l’Apocalypse les yeux fermés. La méthode de lecture doit donc beaucoup à la cinématographie. La Parole se donne en images ; les images doivent nous renvoyer à la Parole. Si l’on veut rester fidèle à cette technique du langage imagé, il faut éviter toute formalisation systématique, toute simplification conceptuelle.

    D’autant plus qu’un grand nombre d’images sont polysémiques : l’agneau est à la fois la victime du sacrifice (pascal) et le jeune bélier royal, deux figures qui, normalement, ne vont pas ensemble ! Carrefour de deux figures réunies par le thème de la mort – résurrection du Christ pour la libération de son peuple. Il peut y avoir contradiction entre les diverses figures réunies en une image ; mais cette contradiction est porteur de sens à un autre niveau que celui de la réalité historique. Les réalités vers lesquelles nous orientent les images sont beaucoup plus riches qu’elles.

    Comment lire l’Apocalypse de Jean ?

    L'auteur écrit ce long message d'espérance dans la perspective d'une intervention finale et totale de Dieu en faveur de l'Eglise. Il y a donc une continuité qui part de la résurrection du Christ (l'Agneau égorgé mais vainqueur, debout, au chapitre 5) et aboutit à l'entrée dans la gloire de la Jérusalem nouvelle (chapitre 22). Cependant, à l'intérieur de ce cadre qui relève du dessein de salut, l'auteur ne suit pas un ordre d’événements comme on le ferait dans un livre d’histoire moderne. Il juxtapose plutôt plusieurs descriptions du mal et du combat.

    Comme au théâtre…

    Du début à la fin nous sommes comme des spectateurs d’une pièce de théâtre : des multitudes de figurants apparaissent tour à tour, accomplissant des actions souvent terrifiantes. La scène se déroule en trois lieux différents et on passe constamment d’un lieu à un autre :   

      • Il y a tout d’abord le Ciel, en fait le sanctuaire de Dieu, entouré de ses anges qui lui rendent gloire et qu’il envoie sur terre pour exécuter ses décisions.  
      • Puis, il y a la terre, avec les hommes, les chrétiens et les païens, les villes et les campagnes, les armées et les commerçants. On nous parle de Jérusalem comme d’une ville qui appartient au passé. On nous parle de Rome comme du centre du monde politique. Souvent on nous donne à voir et à entendre les chrétiens persécutés. Dieu leur envoie les anges pour qu’ils les marquent du sceau de l’Agneau (7,1-8 – une croix sur le front ? On ne saura jamais). 
      • Enfin, il y a les abîmes, situés sous la terre, là où sont jetés le Diable et ses serviteurs, pour un châtiment horrible et sans fin. 

    Dieu ne descend jamais sur la terre et le Christ non plus, sauf pour le combat final. C’est pourquoi il envoie ses anges. Le Dragon, lui, peut circuler dans le Ciel. Il n’a pas accès au Sanctuaire. Il envoie sur terre les deux monstres, la Bête de la mer et la Bête de la terre, et les utilise pour que s’accomplisse son projet d’aliénation de tous les hommes à lui-même : il veut qu’ils soient marqués au bras ou à l’épaule comme on marquait les soldats des légions romaines ou les esclaves (13,16). 

    Donc, lire l’Apocalypse de Jean, c’est passer du Ciel à la Terre, de la Terre aux Abîmes, de la Terre au Ciel. Et tout se terminera au Ciel, le cosmos, ou plutôt l’humanité sera transformée en une Jérusalem céleste, magnifique ! 

    Il faut ajouter un lieu particulier : on nous parle de disciples de l’Agneau qui sont morts et qui attendent la fin des temps sous l’autel. Qu’est-ce que cela signifie ? C’est mystérieux. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ne sont pas dans le séjour des morts comme les anciens se l’imaginaient, mais à l’abri des combats, tout proches de Dieu, où ils attendent la fin des temps.

    Un langage symbolique

      

    Les symboles dans l’Apocalypse sont légion. Au 4ème siècle, saint Jérôme disait déjà que l’Apocalypse contient autant de mystères que de mots ! Dans l’Apocalypse, tout n’est que symbole ! Mais il n’y a pas que le nombre qui impressionne : tout aussi remarquables sont l’originalité et l’audace de certaines images, de même que la manière dont elles sont agencées.

     

    Elles défilent en cascade, s’entrechoquent, se fondent les unes dans les autres en surimpression… L’auteur s’impose comme un grand créateur qui aura pris plaisir à exploiter la théâtralité de son sujet.

     

    Bon nombre des symboles contenus dans l’Apocalypse avaient déjà cours depuis longtemps dans les religions mésopotamiennes, égyptiennes, perses et hellénistiques, notamment pour le symbolisme astral et pour la représentation de la cour céleste avec sa multitude d’anges et de chérubins.

     

    Il faut toujours se rappeler que les images et les expressions que nous lisons du début à la fin sont avant tout symboliques. Les anges n’ont pas de trompette et le peuple de Dieu ne sera pas une ville entourée de remparts avec des maisons faites de diamants de toutes les couleurs ! Les étoiles ne tomberont pas sur la terre et le soleil ne peut pas perdre son éclat d’un seul coup !

     

    Par exemple, on nous dit que 144 000 serviteurs de Dieu sont marqués du sceau (7,4). Et les autres ? Il n’y aurait que 144 000 sauvés et tout le reste de l’humanité serait perdue ? En fait, il faut interpréter ce nombre non pas comme le nombre exact des sauvés, mais comme désignant l’immense groupe des sauvés, innombrables (1.000) comme le peuple parfait, car 144 = 12 x 12, 12 étant le nombre symbolique du peuple de Dieu.

     

    De l’Ancien Testament à l’Apocalypse

    L’Apocalypse est un livre rédigé grâce à une multitude de textes provenant de l’Ancien Testament. Pour bien comprendre ce livre, il faut bien connaître les passages de l’Ancien Testament qu’il utilise du début à la fin. 

    Si l’on observe le grand Arc de triomphe de Constantin, près du Colisée à Rome, édifié vers l’an 320 pour commémorer la victoire de Constantin et son accession au pouvoir unique, on peut remarquer que les architectes ont tout simplement réutilisé des statues en provenance du Forum de Trajan. De même, beaucoup d’édifices de Rome ont utilisé les nombreuses colonnes qui soutenaient les voûtes et les toits des immenses Thermes de Caracalla. C’est pareil pour le livre de l’Apocalypse. 

     

    Presque tous pensent que c’est un livre rapportant des visions célestes communiquées directement par Dieu et incompréhensibles sauf aux initiés ! C’est faux ! Celui qui a écrit l’Apocalypse, Jean, n’avait pas un savoir ésotérique, comme on dit, mais il a réinterprété l’histoire des chrétiens de la fin du premier siècle en cherchant dans les livres des prophètes Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et Daniel les images, les formules qui lui convenaient.

     

    Il a fait un travail de rédacteur en utilisant sa grande connaissance des Écritures en fonction de sa théologie de l’histoire, et non comme s’il était drogué ou dans une sorte de rêve surpuissant pendant lequel tout lui aurait été dévoilé et qu’il aurait transcrit immédiatement avec sa plume ou en dictant à un secrétaire… C’est dommage pour ceux qui voudraient que ce livre soit un livre à secrets, un livre qui fascinerait parce qu’il est plein de secrets, mais ce n’est pas la réalité !

     

    Par exemple, le personnage impressionnant, à la voix puissante comme une trompette ou comme les vagues de l’océan quand il y a une tempête, vient du chapitre 13 du livre de Daniel. Mais il y a ajouté des éléments tirés de la description du grand prêtre dans le livre du Lévitique, comme sa grande robe blanche et sa ceinture en or.

     

    Ou encore les 4 animaux sur lesquels est posé le trône divin sont repris au début du livre d’Ézéchiel : ce sont eux qui tirent le char divin quand il circule au-dessus des nuages (Cf. les 4 représentations des Évangélistes).

    Au cœur de l’histoire : la liturgie

    On est certain qu’au moment où Jean écrit son Apocalypse le Temple de Jérusalem est en ruines. Les Juifs ne peuvent donc plus avoir de liturgie avec trompettes, offrande de sacrifices d’animaux et d’encens, avec pèlerinages, processions et libations… Quel drame ! Or, c’est par la liturgie que le monde peut être sauvé !

    L’Apocalypse est une réponse très forte à ce drame : elle affirme qu’il n’y a plus besoin du Temple de Jérusalem et même nulle part au monde. Il n’y a pas d’autre sanctuaire qu’au Ciel… Dieu agit dans l’histoire des hommes depuis ce sanctuaire sans passer par un sanctuaire fait de main d’homme, même pas celui de Jérusalem, le centre du monde selon la tradition biblique et juive ! Depuis son sanctuaire, Dieu intervient en envoyant ses anges et son Logos, l’Agneau vainqueur !

    C’est pourquoi beaucoup d’images qu’on lit dans l’Apocalypse de Jean nous renvoient au culte du Temple, mais transféré au Ciel. Pour l’instant, seuls les anges et les créatures y participent ; à la fin du livre, tous les fidèles de l’Agneau, transportés au Ciel, chanteront la gloire de Dieu et de l’Agneau. Ils le feront « devant le trône, les palmes à la main » comme lors de la grande procession de la fête des Tentes.

    Notons que l’Apocalypse ne parle pas de sacrifices à offrir : celui de l’Agneau, égorgé, dont le sang nous lave, est définitif et son efficacité s’étend à l’ensemble de l’humanité et pour tous les temps. Le seul culte est la louange et la fidélité à l’Évangile. Mais avant de parler de louange, l’Apocalypse parle d’adoration, du début à la fin. Sans doute pour s’opposer à l’adoration et à la vénération de l’empereur.

    Au cœur de l’histoire, il y a donc une splendide et puissante liturgie… Mais elle se passe au Ciel. La liturgie chrétienne se passe sur la terre. Nos méditations, nos veillées, la célébration de messes, nos prières de dévotion devraient être l’écho, le prolongement de la liturgie céleste…   

    Le présent et le futur

    Ainsi, nous n’avons pas besoin de chercher à décoder des formules indiquant par avance les événements qui marqueront la fin des Temps, identifiant des tyrans ou des catastrophes… On pense généralement que l’Apocalypse de Jean est un livre qui annonce des événements pour le futur. En fait, ceux qui pensent ainsi ignorent que les autres livres d’Apocalypse n’ont pas pour but de prédire l’avenir mais d’interpréter le présent et d’encourager les lecteurs à s’attacher à Dieu pour braver les persécutions ou rester fidèles face à l’influence des cultures païennes. 

    Plus précisément, l’Apocalypse de Jean parle du présent en montrant que ce qui se passe aujourd’hui correspond au plan de Dieu et que cela va continuer encore pendant longtemps jusqu’au jour où Dieu, dans une décision libre et imprévisible, mettra fin au pouvoir du Mal. Il ne prétend pas annoncer des guerres qui auront lieu 1.000 ou 2.000 ans plus tard ! 

    On dit par exemple que le nombre 666, qui désigne la Bête de la Mer, est un nombre codé. En fait, la Bible dit que c’est un nombre d’homme ; donc, il désigne un homme et on peut le comprendre avec un petit calcul.

    En effet, quand on sait que les hébreux utilisaient des lettres pour dénommer les nombres et quand on additionne certaines lettres, celles qui composent le nom de NERON CAESAR, on obtient tout simplement 666. Ou encore, les mathématiciens connaissent tous la formule appelée « nombre triangulaire », qui s’obtient en additionnant tous les nombres antérieurs à tel nombre donné ; et bien, 666 est le nombre triangulaire de 36, lui-même fruit de la multiplication de 6 par 6. Or, 6 est le nombre  inférieur à celui de la plénitude, 7. Donc, c’est comme si on nous disait que la Bête de la Mer était un gouvernant qui essayait d’atteindre par lui-même la plénitude de l’Esprit de Dieu et qu’il n’y arriverait jamais : il ne peut pas dépasser le nombre 6 !

    Autre exemple : on nous dit qu’on marque les serviteurs de Dieu au front pour les distinguer des hommes païens au milieu de qui ils vivent. Et on nous dit qu’ils sont au nombre de 144.000. Puis, on nous fait voir une foule immense, des millions de personnes qui sont passés par le martyre et sont restés fidèles. Ils suivent l’Agneau partout. Mais, à l’époque où Jean écrit, il n’y a eu qu’un petit nombre de martyrs ! Que nous dit Jean ? Il nous dit qu’il y en aura tout au long de l’histoire du monde ! Il voit la persécution de Domitien, qui s’est achevée récemment ; il l’interprète en fonction de celle de Néron, qui ne concernait qu’une centaine de chrétiens ; il envisage les persécutions qui auront lieu dans le futur. Mais il en exagère le nombre pour glorifier le martyre et encourager les chrétiens à qui il écrit de se préparer à le subir en pensant plus à la gloire qui les attend qu’aux souffrances et aux renoncements.

    Un livre qui s’appuie sur l'histoire

    L’île de Patmos

     

    L’île de Patmos est une petite île située à l’est des îles grecques des Sporades, en Mer Égée, proche de la Turquie. Des documents anciens témoignent qu’elle a servi de lieu de déportation au temps des Romains. En effet, une fois arrivés sur cette petite île, les prisonniers ne pouvaient s’échapper sinon par bateau et les cachettes étaient faciles à trouver… 

     

    Les destinataires

     

    L’Apocalypse de Jean est écrit pour les chrétiens d’Asie mineure, autour des sept grandes villes situées à proximité de la capitale régionale qu’était Éphèse, évangélisée par Paul puis par des disciples de Jean. Il existe des documents historiques concernant les communautés juives et chrétiennes qui habitaient dans ces villes. 

     

    Les persécutions de chrétiens 

     

    Les événements affectant les communautés chrétiennes au temps de Domitien (fin du 1er siècle) sont interprétés dans la lumière de la persécution de Néron (64-68). Ils seront limités dans le temps et font partie de l’histoire du salut, pourvu qu’on demeure fidèle. 

     

     « Les textes contemporains font des allusions imprécises à une recrudescence de la persécution sous le règne de Domitien : ainsi la Lettre aux Corinthiens de Clément de Rome. On ne connaît rien de précis sur ces épreuves. Domitien fit exécuter certains de ses parents ainsi que des sénateurs sous l’inculpation d’athéisme et d’adoption des mœurs juives. S’agissait-il de chrétiens ? » (Lepelley, H.C., t. 1, p. 231). 

     

    Victorinus (fin du 3ème s.) : « Lorsque Jean eut ses visions, il se trouvait dans l’île de Patmos, condamné aux mines par l’empereur Domitien. Là, il vit la révélation... Lorsqu’il fut libéré, il transmit cette révélation qu’il reçut de Dieu ». Jérôme donne un récit encore plus détaillé : « Pendant la 14ème année après la persécution de Néron, Jean fut banni à l’île de Patmos et là, il écrit l’Apocalypse... À la mort de Domitien et à l’appel du sénat, il retourna à Éphèse, Nerva était l’empereur. » Eusèbe dit : « Jean, l’apôtre et l’évangéliste, raconta ces choses aux églises lorsqu’il retourna après son exil dans l’île, à la mort de Domitien ». 

     

    Un des traits historiques qu’on retrouve dans l’Apocalypse est le phénomène de l’adoration de l’empereur. Que ce soit de son vivant ou à sa mort, il était normal et quelquefois même obligatoire de le vénérer comme un dieu et de lui élever des temples, des autels et des statues. Les Romains étaient très attachés à la religion officielle de l’Empire et tous se devaient de la pratiquer. C’est ce qu’on retrouve au chapitre 7, où nous lisons que la Bête de la mer oblige les hommes à adorer la Bête de la terre, qui représente donc l’Empereur. On sait par des documents anciens que Domitien, l’empereur régnant Jean rédigeait l’Apocalypse, demandait qu’on lui rende un culte sous le titre clair de « Dominus et deus ».

     

    Néron avait développé la musique, la poésie et le théâtre. Les représentations théâtrales étaient devenues très compliquées et toute une technique avait été élaborée pour obtenir des effets dramatiques ou comiques. C’est ce qu’on retrouve dans le récit des prodiges que le Dragon et la Bête de la Mer réalisent au chapitre 13 : ils correspondent fort bien à la mise en scène théâtrale qui consiste à faire descendre des figurants du toit. Ce sont d’excellents moyens de séduire le peuple. Ce sont des liturgies païennes très médiatiques, dirions-nous aujourd’hui ! 

     

    Quel est le but de l’Apocalypse de Jean ?

      

    L’Apocalypse de Jean a été écrite en premier lieu pour encourager les fidèles du Christ à persévérer au milieu des persécutions auxquelles ils étaient soumis. Jean veut leur faire comprendre qu’elles font partie du dessein de Dieu, et qu’il n’y a pas une contradiction avec l’espérance en la victoire définitive du Christ. En effet, il faut savoir que les premiers chrétiens, au temps de Paul et de Pierre, attendaient le retour glorieux du Sauveur dans un avenir proche. Ils pensaient qu’ils avaient la mission de faire connaître l’Évangile aux nations. Mais alors pourquoi tant de persécutions ? Pourquoi Dieu semble-t-il insensible, absent, inactif ? Comment annoncer la Parole de Dieu dans un contexte de tyrannie païenne, de recherche de pouvoir, de gloire, de la part de gouvernants qui se prennent pour Dieu, qui veulent être comme Dieu et éliminent tous ceux qui n’entrent pas dans leur politique, qui s’opposent à leurs intérêts ? Cela existe encore aujourd’hui, me semble-t-il.

     

    À une chrétienté en proie au découragement, l’Apocalypse de Jean répond : 

     

    ·       en réaffirmant fortement la seigneurie et la victoire du Christ sur l’ensemble de l’histoire et de la création, actuellement cachée mais au dernier jour totalement réalisée ; 

    ·       en dénonçant les persécutions, présentées comme les effets d’un Mal personnifié, en lutte contre le Christ lui-même à travers ses disciples, les saints ; 

    ·        en recourant aux écrits vétérotestamentaires pour fonder dans la première révélation les intuitions nouvelles et montrer comment l’histoire postérieure à la glorification du Christ, prophétisée par les Écritures, est vraiment dans les mains du Dieu d’Israël ; 

    ·       en élargissant la perspective et en présentant l’interaction des acteurs du drame en fonction du cadre plus vaste de l’histoire à venir, de sorte que le Persécuteur n’est pas seulement considéré dans sa réalité individuelle et circonscrite dans un temps et un espace précis (p. ex. dans le cas de l’identification de la bête de la Terre avec l’empereur Néron, 13, 18, et de la ville de Rome aux 7 collines, 17), mais aussi et surtout comme élément d’un Mal fondamental et universel. Autrement dit, l’empereur qui ordonna la persécution de l’Église dans les années 64-65 (Néron) ne fut qu’un acteur particulier d’un drame qui se joue à un niveau plus profond et sur une échelle plus étendue de l’histoire de l’humanité.

     

    Le genre littéraire d'Apocalypse

    Des discours formatés

    Diverses « apocalypses » ont vu le jour à l’intérieur de la tradition juive dès le troisième siècle avant Jésus-Christ (deuxième partie de Daniel), proposant de scruter le présent (la persécution d’Antiochus IV) et l’avenir (en particulier l’avènement du Jour de Dieu) et mettant ces intuitions sous l’autorité d’un personnage du passé. La validité de certaines a été reconnue et leur a permis d’entrer dans le Canon des livres inspirés, en particulier celles d’Ézéchiel, de Zacharie et de Daniel.

    Ces discours utilisent tout un langage imagé

    Certaines images ont pour but de manifester que le contenu vient de Dieu : le visionnaire voit les cieux ouverts ; il entend une voix céleste ; il doit manger un livre présenté par un ange ; des connaissances lui sont transmises par un ou des anges.

    D’autres images sont utilisées pour impressionner, faire peur : des rois sont comparés à des ours énormes (Antiochus Epiphane dans le livre de Daniel) ; la puissance de Dieu est telle qu’elle est capable de bouleverser les étoiles du ciel, d’occasionner des tremblements de terre ; le châtiment divin va se réaliser sous la forme de famines, de guerres...

    Tout au long de l’Apocalypse de Jean, il nous est rappelé à plus de cinquante reprises que Jean « voit » ou « entend » : « Et je vis… », « Et j’entendis… ». De plus, par trois fois, la vision s’effectue après un déplacement « en esprit » : il se dirige vers l’Ange pour lui demander son livre qu’il mange (10,8-11) ; il se déplace vers la grève de la mer pour assister au surgissement de la Bête de la mer (12,18) ; il est emporté dans le désert pour y voir Babylone, symbole de la cité corrompue (17,3) ; il est emporté sur une haute montagne pour y contempler la Jérusalem céleste (21,10).

    Ce qu’il perçoit provoque en lui des réactions sensibles, tout comme il ressent la durée : « Et je pleurais fort de ce qu’il n’y eut personne digne d’ouvrir le livre et de le lire » (5,3) ; « Et il se fit un silence d’environ une demi-heure » (8,1). Son extase comporte des dialogues avec les personnages, un Ancien, un Ange ou une voix : ils prennent la parole, s’adressent à Jean qui leur répond (5,5; 7,13; 21,9) ou se met à écrire (10,4; 14,13; 19,9; 21,5), ou encore se prosterne à tort devant eux (19,10).

    Des « révélations » ?

    L’inspiration n’existe que sur la base d’une certaine compétence de la part de l’auteur, car elle utilise un certain fonds de culture et de connaissances religieuses, susceptible de porter les intuitions qui lui appartiennent en propre. De fait, l’étude de l’Apocalypse fait apparaître combien ce livre est le fruit d’une longue réflexion, correspondant à un réel souci d’élaborer son œuvre à partir d’une multitude d’éléments vétérotestamentaires et d’adresser aux lecteurs un enseignement qui réponde à ce dont ils ont besoin. Pas plus dans l’Apocalypse que dans les autres livres inspirés, la part qui relève directement de l’inspiration surnaturelle ne peut être distinguée de ce qui relève du travail humain.

    Les deux sont totalement intégrés l’un dans l’autre, au cours d’une longue méditation et d’une patiente maturation ouvertes à l’action de l’Esprit Saint.

    En employant le titre de « Révélation », on entend aussi définir le livre comme n’étant pas d’abord le fruit d’un raisonnement humain, d’une réflexion rationnelle savamment calculée pour aboutir à des conclusions plus ou moins certaines, mais d’une vision intuitive du passé, du présent et du futur, du dessein de Dieu et de la manière dont il se réalisera au cours de l’histoire.

    En réalité, on ne peut pas expliquer comment la victoire du Christ change le cours de l’histoire et le guide imperceptiblement envers et contre tout ce qui semble le vouer à l’échec, pas plus qu’on ne peut comprendre rationnellement en quoi consiste le Mal et comment il agit dans la conscience individuelle ou collective des hommes.

    Quant à la manière dont s’accomplira le temps, l’histoire temporelle, avec la transformation finale de l’univers à travers laquelle toute la création participera de la glorification du Premier-né, on ne peut prétendre s’en faire une idée précise par simple mode de déduction. C’est davantage le domaine de l’intuition. Celle-ci doit cependant être accompagnée d’une authentique réflexion capable de la maintenir dans la fidélité aux fondements de la foi.

    Les apocalypses du Nouveau Testament

    Ce qui caractérise les apocalypses du Nouveau Testament, c’est qu’elles concernent les événements de la fin des temps et qu’elles les présentent comme des catastrophes. Plus exactement, elles ont pour but de nous dire que le jugement de Dieu sera radical et définitif ; que les hommes doivent s’y préparer comme on se prépare à une catastrophe, c’est-à-dire en se libérant des biens de ce monde.

    Donc les Evangélistes ont cherché dans les textes de l’Ancien testament des images susceptibles de bouleverser le lecteur. Mais ils écrivaient à des lecteurs habitués à lire les livres d’Isaïe, d’Ezéchiel et de Daniel, de sorte que les lecteurs païens ne peuvent pas les comprendre s’ils ne font pas l’effort d’intégrer le langage des prophètes bibliques.

    Cependant, pour comprendre ces textes, il faut se rappeler que la fin des temps a commencé dès la mort et la résurrection du Christ. On l’oublie trop souvent. C’est extrêmement important. Par exemple, la première partie de l’Apocalypse de Jean est remplie d’annonces et de réalisations de châtiments : guerres, famines, pestes, cataclysmes… Mais nous, nous croyons que Dieu ne châtie plus : la mort du Christ nous a délivrés des châtiments ! Il a pris sur lui tous nos péchés ! Nous ne pouvons plus lire l’Apocalypse de Jean comme les apocalypses d’Isaïe et d’Ézéchiel !

    Est-il possible de résumer l’Apocalypse ? 

    Quand on essaie de réaliser un résumé de l'Apocalypse de Jean, on se trouve rapidement dans l'embarras. Ce petit livre se présente d'une façon tellement multicolore et multiforme ! Comme dans un « feu d'artifice », une image émerge, puis aussitôt une autre, tandis qu'une autre s'y mêle au-dessus, au milieu ou au-dessous. Les scènes se déroulent les unes après les autres tout en paraissant simultanées. À première vue, il n'y a pas de construction logique déterminée. 

    C'est pourquoi jusqu'à aujourd'hui en exégèse on discute vivement sur l'ordre interne de ce petit livre. Il y a presque autant de propositions de structure que de commentaires sur l'Apocalypse. 

    Puisque la raison d'être de ce parchemin ne peut pas être d'ajouter un autre essai aux nombreux déjà parus, je me limiterai à donner ici un aperçu des différentes formes littéraires de l'Apocalyptique. 

    La forme épistolaire 

    La première chose qui frappe, c'est la forme épistolaire, selon laquelle ce petit livre est écrit. Après un avant-propos, l'Apocalypse commence par une introduction épistolaire (1,4-8) et se termine par un souhait final, comme nous pouvons le constater dans la première épître aux Corinthiens (16,22s.) ou dans l'épître aux Hébreux (13,25) : « La grâce du Seigneur Jésus soit avec tous ! » De plus, ce petit livre contient également, dans une forme épistolaire, des lettres, envoyées à sept communautés de la province d'Asie Mineure. Ceci nous montre que dans ces sept communautés, représentantes de toutes les communautés chrétiennes de la province, le contenu de l'Apocalypse devait être communiqué comme une espèce de « circulaire ». 

    Les septénaires 

    Ce qui, avec les sept lettres, apparaît pour la première fois comme une caractéristique de la structure, à savoir les séries de sept, se retrouve tout au long du livre : clairement dans le cas des sept sceaux, des sept trompettes et des sept coupes de la colère, et moins apparemment pour les sept visions de la fin du livre (respectivement introduites par : « Alors je vis... » : 19,11.17.19; 20,1.4.11; 21,1) ou pour les sept béatitudes présentes dans l'ensemble du livre. 

    De telles structures numériques sont importantes pour la mémorisation. Mais elles représentent aussi une espèce de langage secret qui ne s'ouvre qu'aux initiés : le nombre « sept » est le nombre de la perfection, comme le nombre « trois » est le nombre divin, et « quatre » est celui du monde (quatre Vivants, 4,6 et autres ; quatre cavaliers apocalyptiques (6,2-8) ; quatre coins de la terre, quatre vents (7,1). 

    Du nombre « sept » dérive la moitié : « trois et demi ». « Trois et demi » est le temps limité par Dieu ; il apparaît sous plusieurs formes : « trois ans et demi » = « un temps et deux temps et un demi temps » (12,14; cf. Dn 7,25; 12,7) = 42 mois (11,2; 13,5) = « 1260 jours » (1 1,3; 12,6).

    Du sept aussi dérive indirectement le « six », qui se manifeste ensuite dans le « nombre de la bête » : 666 (13,18). La bête désirait être divine (trois fois le même chiffre) et parfaite (« sept »), mais elle n'arrive qu'au triple « six » marque de son arrogance contre Dieu. 

    Insertions 

    Toutefois ces séries de sept ne sont pas simplement des images, ni des événements racontés les uns les autres. Ils sont interrompus sans cesse par des insertions. Ainsi, avant l'ouverture du septième sceau, les élus d'Israël sont marqués sur le front (7,1-17) et après l'ouverture du septième sceau, il ne se déroule pas simplement un autre événement comme dans le cas des six premiers sceaux, il y a au contraire une grande pause : « environ une demi-heure » (8,1). 

    Une nouvelle série de sept commence ensuite par la remise des sept trompettes aux sept anges. Cependant, avant même que l'on joue de ces trompettes, un « autre ange » est introduit. Celui-ci « offre à Dieu les prières de tous les Saints ». C'est seulement après cette « insertion » que « les sept anges se préparent à jouer des sept trompettes » (8,6). 

    De même avant la sonnerie de la septième trompette, on trouve une telle « insertion » (10,1-11,14) : la septième trompette est annoncée par un « ange puissant » qui donne à manger un petit livre au visionnaire. Ensuite le Temple est mesuré et on annonce la venue de deux témoins qui trouveront la mort à Jérusalem. 

    Annonces préliminaires

    À vrai dire, cette « insertion » appartient déjà aux visions décrites plus tard à partir du chapitre 12. Par la technique de l' « insertion », l'auteur de l'Apocalypse anticipe en partie quelque chose qu'il développe ultérieurement. 

    Une anticipation analogue se trouve avant les sept coupes de la colère : le jugement sur Babylone est déjà annoncé en 14,6-20, avant qu'il ne soit accompli lors du versement de la septième coupe de la colère (17,1 -19,10). De telles annonces préliminaires permettent aussi de créer un suspens.

    Tandis que notre pensée occidentale s'attendrait à un enchaînement linéaire qui classerait les images les unes après les autres, le visionnaire, Jean, travaille avec des insertions et des inclusions, avec des anticipations et des développements. Alors que cette technique littéraire dynamique agit plutôt en embrouillant les lecteurs — du moins au premier abord — l'auteur a besoin de facteurs « stabilisateurs » dont voici quelques exemples. 

    Les répétitions

    Ainsi, l'Agneau apparaît non seulement dans la vision de la salle du trône (5,1ss.) et ouvre ensuite le sceau du livre (6,1ss.), mais il se présente encore en 14,1ss. avec son cortège et à la fin du livre dans la Jérusalem céleste en compagnie de Dieu lui-même (21,22s.). 

    Il en est de même pour le trône de Dieu. Il joue un rôle central non seulement dans la vision de la salle du trône encadrant la vision d'effroi et dans la vision de la Jérusalem céleste, mais aussi à l'intérieur de la vision d'effroi elle-même où on ne le perd pas de vue. Il permet ainsi aux lecteurs et aux auditeurs d'être sûrs de qui détient le vrai pouvoir (7,9-17; 14,1-5; 19,110). 

    Il est remarquable aussi que toutes séries de fléaux — les sept sceaux, les sept trompettes, les sept coupes de la colère — se terminent par des hymnes devant le trône de Dieu. De cette façon, ces hymnes montrent que tout ce qui est effrayant ne doit pas vraiment terrifier. Celui qui est capable de chanter en prison, dans la souffrance et la persécution, est plus fort que son bourreau. 

    Les encadrements 

    Cette certitude qu'en fin de compte les persécuteurs n'ont pas de prise sur les croyants, le visionnaire la donne aussi à l'aide du procédé stylistique d'un cadre dans lequel il situe sa vision d'effroi : Dieu, « celui qui est, qui était et qui vient » (1,4), est le Puissant au début du livre dans la vision céleste de la salle du trône (Ap 4s.) et il exerce son pouvoir à la fin dans la « Jérusalem céleste » (Ap 21s.); il est « l'Alpha et l'Oméga » (1,8; 21,6; 22,13).

    La relecture 

    Dans l'ensemble, Jean amène son lecteur et auditeur en voyage, dans un mouvement qui, comme pour le chemin de l'Exode, le conduit par des plaies vers la Terre Promise, vers l' « être avec Dieu » vers la « Jérusalem céleste ». 

    Pour les lecteurs et auditeurs initiés dans les Écritures, ce n'est pas un voyage inconnu. Ils en savent déjà amplement. L'auteur de l'Apocalypse rassure ses destinataires. Ils se trouvent dans « leur monde » dans leur Écriture Sainte. 

    La référence directe aux plaies du récit de l'Exode se trouve spécialement développée dans les fléaux déclenchés par les sept trompettes, mais aussi en relation avec les coupes de la colère : Grêle (8,7; cf. Ex 9,23ss) ; eau changée en sang (8,8; 16,3s; cf. Ex 7,20s.) ; Soleil, lune et étoiles qui s'obscurcissent (8,12; cf. Ex 10,22) ; Sauterelles (9,3; cf. Ex 10,13ss.) ; Ulcères (16,2; cf. Ex9,9s.) ; Ténèbres (16,10; cf. Ex10,21s.) ; Grenouilles (16,13; cf. Ex 8,1ss.). 

    Dans cette « relecture » de l'histoire de l'Exode, les lectrices et les lecteurs vivent « leurs » plaies et accomplissent leur propre sortie, plus seulement d'Égypte, mais dans le cœur même de l'Empire romain (Pablo Richard).

    Interprétations générales

    Le langage hautement symbolique de ce livre a ouvert la voie à de très nombreuses interprétations, qui diffèrent selon les sensibilités et les époques. Cependant cinq grands courants sont en général retrouvés.  

    1.   Le premier courant inclut la thèse idéaliste, qui voit l'Apocalypse comme un combat entre les forces du bien et celles du mal. Tout est affaire de symboles. Parmi les adeptes de cette interprétation, Clément d'Alexandrie et Origène (3e siècle) peuvent être notés.  

    2.   Le deuxième courant inclut la thèse prétériste (praeter : avant), qui considère l'Apocalypse comme un livre d'histoire y retrouvant des événements comparables à ceux survenus durant la guerre de Judée (1er siècle). 

    3.   Le troisième courant, la thèse présentiste ou historique, fait le rapprochement de l'actualité et des événements décrits dans le texte. De nombreuses personnalités illustres ont soutenu cette vision, comme Wycliffe, Luther, Joseph Mede ou encore Isaac Newton. 

    4.   Le quatrième courant, thèse futuriste, voit dans ce livre une peinture des événements à venir, une prophétie. Cette dernière conception donne  lieu à de multiples interprétations, visant à rattacher les symboles à des événements du présent. 

    5.   Enfin, le cinquième courant, la thèse mystagogique, la plus permanente dans l'exégèse, qui voit dans ce livre une description de l'Église elle-même, dans sa liturgie, en tant que Jérusalem céleste. À ce titre, ce qui y est dévoilé correspond aussi aux aspects de l'Église terrestre qui n'est que son reflet en perpétuel devenir (sa liturgie, ses sacrements, ses temps – y compris ses derniers). 

     

    Approche du symbolisme de l'Apocalypse de Jean

    Œuvres inspirées par le livre biblique

     L’Apocalypse de Jean semble être le livre du Nouveau Testament qui a été le plus illustré. Mosaïques, icônes, fresques, peintures, tapisseries, enluminures, gravures ont puisé dans ce livre comme à une source puissante et intarissable, pour le plus grand bonheur des artistes qui les ont conçues, mais aussi du public. Bon nombre de ces créations artistiques ont été exposées dans les plus grandes cathédrales et les plus grands musées du monde.

     

    Fichier:Tapisserie de l'apocalypse.jpg

     

    Tenture de l'Apocalypse. Angers

      Fichier:Autun St Lazare Tympanon.jpg

     Tympan de la cathédrale Saint-Lazare d'Autun, représentant le « Jugement dernier »

    L'importance de l'Apocalypse dans le christianisme occidental a rendu ce thème très présent dans les beaux-arts, notamment au moyen âge et à la Renaissance. Il est moins systématiquement utilisé dans l'orthodoxie, même si elle connait de très belles représentations du Jugement dernier. 

    La musique a également abondamment traité le sujet : 

    ·    Une partie du texte des messes de Requiem se réfère au Jugement dernier et à l'Apocalypse (Dies Irae en particulier). 

    ·    Pierre Henry en a donné une interprétation musicale. 

    ·    Bob Marley se réfère abondamment à l'Apocalypse dans ses chansons, notamment dans son célèbre Redemption Song et dans Natural Mystic (où il évoque notamment les trompettes). 

    ·    L'album 666 des Aphrodite's Child.

    Le point de vue de l’Eglise catholique

    Les interprétations du livre de l'Apocalypse donnent lieu, indubitablement, aux débats les plus échauffés sur ces passages de la Bible. L'Église Catholique n'a pas officiellement interprété les passages difficiles de l'Apocalypse. Mais plusieurs universitaires catholiques les ont commentés et ont débattu de leurs multiples interprétations.

    L'Église Catholique autorise une très grande palette de possibilités d'interprétations qui inclut des formes de futurismes, prétérismes, historicismes et idéalismes. Par un exemple, un catholique peut croire que le livre de l'Apocalypse décrit le combat du bien et du mal comme les vivent des chrétiens pris individuellement, ou bien l'Église (idéalisme), et faire des assertions prophétiques à propos d'événements encore à venir (futurisme), et aussi se référer aux événements qui sont déjà arrivés soit dans l'Église primitive soit dans l'histoire ultérieure de l'Église (prétérisme et historicisme). 

    Dans la sphère de l’Eglise catholique, il semble exister quatre approches principales du livre de l'Apocalypse : futuriste, prétériste, historiciste, et idéaliste :

    ·         les futuristes croient que la plupart du contenu du livre de l'Apocalypse n'est pas encore accompli ;

    ·         les prétéristes disent que tout ou presque tout son contenu a été accompli au cours du premier siècle ;

    ·         les historicistes affirment que les événements décrits dans l'Apocalypse se sont actualisés plusieurs fois au cours des deux derniers millénaires ;

    ·         et les idéalistes croient que le livre de l'Apocalypse est allégorique et n'a rien ou que peu à voir avec des événements historiques.

    La flexibilité catholique se base sur le fait que l'Écriture, inspirée par Dieu, a souvent des significations différentes, quoique complémentaires.

    Depuis les premiers temps, l'Église, suivant en ceci l'exemple du Christ et des Apôtres (i.e., Luc 24:25-27; 1 Cor 10:1-4), a compris que l'Écriture devait avoir des sens différents, un sens littéral et un sens spirituel (CCC 115). Comme l'explique le catéchisme : le sens spirituel est toujours enraciné dans le sens littéral : « Le sens littéral est la signification portée par les mots de l'Écriture et découverte par l'exégése qui suit les règles véritables de l'interprétation. Tous les autres sens de l'Écriture Sacrée sont basés sur le sens littéral » (CCC 116).

    Une erreur commune est de considérer que les catholiques interprètent l'Écriture – spécialement le livre de l'Apocalypse – « symboliquement », tandis que les évangéliques l'interprètent « littéralement ».

    Cet argument a souvent été utilisé pour expliquer pourquoi l'Église catholique rejette un règne terrestre et millénaire du Christ, quoique peu de « littéralistes » se soucient d'interpréter littéralement les autres images de l'Apocalypse, comme « la Bête », « le dragon », « les sauterelles », et « les quatre cavaliers ».

    L'Église catholique dit relativement peu de choses à propos des événements futurs qui conduisent à la Seconde Venue du Christ. Beaucoup de ses enseignements sont des réfutations (explicites ou implicites), pas des affirmations, de croyances particulières comme la dichotomie dispensationaliste entre l'Église et Israël, l'Enlèvement « secret », et le royaume terrestre et millénaire.

    Ce qu'elle enseigne est aussi clair que succinct : il y aura une Seconde Venue, un temps d'épreuve que devra endurer l'Église, un Antéchrist, une conversion d'Israël au Christ, un jugement définitif de tous les peuples, et l'accomplissement du Royaume qui a déjà commencé dans l'Église. 


    En tenant compte de ces paramètres, les chrétiens peuvent explorer librement, fouiller les écritures, et chercher à mieux comprendre la Parole de Dieu.

    Pour conclure, du moins provisoirement

    L'Apocalypse, dernier livre de la Bible, jouit d'une réputation détestable : on veut généralement y trouver l'annonce prophétique des catastrophes qui annonceront la fin du monde.  C'est un total contresens. Il n'est besoin, pour s'en convaincre, que de lire les premiers mots du livre : « Apocalypse de Jésus-Christ » et, un peu plus loin : « Heureux celui qui lit (ces paroles)... ». Le livre est donc un écho du message de Jésus-Christ, un message de bonheur.  

    La parole de Dieu a une efficacité qui dépasse les limitations humaines. Elle ne vieillit pas et ce qu'elle accomplit demeure à jamais : Dieu est, selon l'Apocalypse, celui qui était, qui est et qui vient. Ce livre prophétise aussi bien sur ce qui est arrivé, sur ce qui arrive, que sur ce qui doit arriver plus tard.

    Il faut pourtant reconnaître qu'on y trouve des descriptions étonnantes et des chiffres mystérieux. Ce ne sont pas des indications codées invitant à des identifications passées, présentes ou à venir, ni à des calculs chronologiques. Il s'agit d'un langage symbolique emprunté aux prophètes de l'Ancien Testament et dont il faut saisir la signification. 

    L'Apocalypse de Jean est, dans la Bible, un livre bien étrange qui semble plein de secrets redoutables que l'on tente toujours à nouveau de percer. Or, depuis quelques années, on a découvert d'anciens écrits juifs qui projettent sur l'Apocalypse une lumière nouvelle : les malheurs des fidèles y sont considérés comme l'aspect visible et superficiel d'une histoire en réalité glorieuse ; l'intervention dernière de Dieu a commencé et l'histoire présente en révèle les signes à qui sait voir.

    L'Apocalypse est la transposition chrétienne de ce message : depuis la venue du Christ, le monde est entré dans l'ère finale, Satan est défait et la victoire de Dieu et des siens est certaine. 

    C'est un message de dimension cosmique, mais le fantastique est mis au service d'un évangile à vivre présentement sur la terre. Les chrétiens d'Asie mineure du 1er siècle risquaient la persécution et la mort à refuser le culte de l'empereur. L'Apocalypse leur dit que le totalitarisme du pouvoir n'est le plus fort qu'en apparence.

     

    Le Christ est le vrai vainqueur et les chrétiens peuvent participer à cette victoire dès maintenant et pour l'éternité. Loin d'être un recueil de menaçantes prophéties sur la fin du monde, l'Apocalypse est un message de vie qui appelle à une constante vigilance pour mieux servir le Seigneur de l'univers. 

      

    L'Apocalypse n'est pas un livre de terreur : il est un livre du désir. Pour les croyants, ce n'est pas la fin du monde qui est redoutée, mais la continuation sans clôture discernable de l'épreuve qu'ils ne cessent de subir.

     

    Si tel est ton désir, mon Frère, je te souhaite à présent une lecture de l’Apocalypse en espérant t’en avoir facilité l’accès.

     

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    Sitographie

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Apocalypse

    http://lepeupledelapaix.forumactif.com/t13236-les-interpretations-faites-a-lapocalypse-de-saint-jean

    http://www.jeuxvideo.com/forums/1-89-280022-1-0-1-0-interpretations-de-l-apocalypse.htm

    http://www.bible-service.net/site/942.html

    http://formationkt.over-blog.com/article-apocalypse-de-jean-53077262.html

    http://www.cosmovisions.com/textApocalypse.htm

     

    Bibliographie

    Alexander John H.

    L'Apocalypse verset par verset

    Genève-Paris, La Maison de la Bible, 9e édition, 2001

     

    Bernard Allo E.

    Saint Jean, L'Apocalypse

    Éditions Large, 1933

     

    Brütsch Ch.

    La clarté de l'Apocalypse

    Commentaires bibliques

    Editions Labor et Fides, Genève, 1966

     

    Cothenet E.

    Le Message de l’Apocalypse

    Editions Mame/Plon, 1995

     

    Delebecque E.

    L’Apocalypse de saint Jean

    Commentaire grammatical et philologique

    Editions Mame, 1992

     

    Gardner Laurence

    La descendance de Marie Madeleine au-delà du Code Da Vinci

    Guy Trédaniel Editeur, Parie, 2007

     

    Herrmann Léon

    La vision de Patmos

    Texte grec de l'Apocalypse, avec traduction française en regard

    Bruxelles, Collection Latomus LXXVIII, 1965

     

    Läpple A.

    L'Apocalypse de Jean

    Editions du Cerf, 1970

     

    Prévost Jean-Pierre

    Les symboles de l’Apocalypse

    Editions Bayard, 2012

     

    Prigent Pierre

    L'Apocalypse de saint Jean

    Editions Labor et Fides, 2000

     

    Saout Y.

    Je n’ai pas écrit l’Apocalypse pour vous faire peur

    Editions Bayard, 2000

     

    Steiner Rudolf

    L'Apocalypse de Jean

    Présentation selon une autre perspective que la tradition des églises chrétiennes

    Editions Triades, 2005

     

    Urs von Balthasar Hans

    L’Apocalypse

    (Court et dense commentaire).

    Éditions du Serviteur, 2000


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