• 4ème réflexion à propos d’un extrait de l'Évangile de Thomas

    Notre Frère Grand Prieur nous avait demandé de réfléchir à propos de ce 4ème extrait de l’évangile de Thomas, la fin du logion 50.

    Il s’agit d’une description de ce qui gît au fond de notre humanité :

    « S’ils vous demandent : Quel est le signe de votre Père qui est en vous ?

    Dites-leur : c’est mouvement et c’est quiétude. »

    Mais pour bien comprendre cette question et cette réponse, il est nécessaire de les replacer dans leur contexte : l’entièreté du logion 50 :

    Jésus a dit :

    s'ils vous disent vous venez d'où

    dites leur nous sommes venus de la lumière

    là où la lumière s'est produite

    par elle-même elle s'est dressée

    et elle s'est manifestée dans leur image

    s'ils vous disent qui êtes-vous

    dites nous ( sommes ) ses enfants

    et nous (sommes ) les choisis du père le vivant

    s'ils vous demandent

    quel est le signe de votre père qui est en vous

    dites leur c'est un mouvement et un repos

    Voici une des paroles les plus impressionnantes de cet évangile. Il s'agit en quelque sorte d'un mini récit de la genèse, tel qu'il nous est proposé dans le Prologue de l'Évangile de Jean. Le symbolisme du verbe y est repris et précisé par celui de la lumière. L'accès à une juste compréhension du contenu de cette parole nécessitera temps et patience… Que celui (ou celle) qui cherche ne cesse de chercher…

    La lumière est un symbole éminemment riche et universellement utilisé. Elle est non seulement la condition première pour toute expérience visuelle, elle détermine également le rythme des jours et des nuits, de l'activité et du repos, des saisons. En plus, en harmonie avec la matière, elle est responsable pour la chaleur comme pour la production de l'oxygène. Sans la lumière la vie sur terre ne pourrait exister… C'est la raison pour laquelle elle représente le symbole par excellence pour l'action ô combien essentielle de l'Esprit.

    La qualité la plus évidente de la lumière est celle de permettre la visibilité. Symboliquement « voir » réfère à la faculté d'accéder à une vision, à une connaissance.

    Et pourtant, la lumière elle-même n'est pas visible…

    Des images ne se révèlent à nos yeux que grâce à une union harmonieuse de lumière et matière…

    Ainsi une projection cinématographique nécessite un écran pour révéler l'image que la lumière porte en elle.

    Quel est le signe par lequel l’enfant du père le vivant, qui porte en lui la lumière et dont la tâche est d’illuminer, est reconnaissable ?

    C’est une expression d’harmonie, la loi unique à la base de toute forme de vie. Harmonie signifie équilibre, mesure…

    Le rythme essentiel propre à la création est « mouvement et repos », activité et non-activité, jour et nuit, été et hiver…

    C’est la loi de mesure qui régit et soutient la nature toute entière, qui nous révèle l’unité au-delà de la dualité, l’ordre au-delà du chaos. Lorsque l’unité s’est établie dans l’état de conscience, « mouvement et repos », activité et non-activité, ne sont plus qu’un…

    Dans l'Évangile de Jean, Jésus nous présente le signe de reconnaissance de ses disciples comme : « si vous vous aimez les uns les autres ». Ici, dans l’évangile de Thomas, le signe est : « c'est un mouvement et un repos ». 

    Se pose alors le problème de savoir comment concilier ces deux paroles…

    Je vous ferais alors la proposition suivante :

    Comme l'intelligence est l'expression d'une harmonie dans les pensées, l'amour est l'expression d'une harmonie dans les sentiments…

    Une complicité dans Sa loi d'harmonie est donc la condition première pour toute expression d'amour…

    Frère André B.


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  • La prière

    Les Novices de notre Prieuré ont été invités à réfléchir à propos de l’acte de prier.

    Les questions suivantes leur ont été soumises peu avant le Chapitre du 27 avril 2016 :

    • v  Qui prions-nous ?
    • v  Que signifie « prier » ?
    • v  Qu’est-ce qu’une prière ?
    • v  Comment prions-nous ?
    • v  Où prier ?
    • v  Que préconise l’Eglise catholique ?
    • v  Pourquoi prions-nous ?
    • v  Pourquoi remercions-nous ?
    • v  A quels moments prions-nous ?
    • v  Quelles sortes de prières existe-t-il ?
    • v  Quelles prières sont plus particulièrement recommandées au sein de notre Ordre ?
    • v  Qu’est-ce que la liturgie des heures ?
    • v 

    Qu'ils soient remerciés pour leur participation active. Voici la synthèse de leurs réflexions.et les apports culturels du Frère qui a animé le séminaire.

    1.    Qui prions-nous ?

    • Dieu, l’Etre suprême, l’Éternel, le Grand Architecte de l’Univers, notre Père, le Créateur du ciel et de la terre,….
    • Jésus-Christ, notre Seigneur, notre Sauveur, le Messie, …
    • Notre-Dame, la Vierge Marie, Mère de l’Eglise, l’Immaculée, Mère de Jésus,
    • Les saints les plus populaires (Jean, André, Ghislain, Paul, Rita, Thérèse, …)
    • Nos saints protecteurs (Jean l’Évangéliste, Jean-le-Baptiste, Georges,…)
    • Les anges, notre ange gardien, l’Archange Michaël, Gabriel, …

    2.    Que signifie « prier » ?

    Prier, c’est :

    • ·         se mettre en communication avec Dieu ;
    • ·         s’adresser à notre Créateur qui est en permanence à notre écoute ;

    Au sens le plus large du terme, prier, c’est parler à Dieu. Ce n'est pas seulement l’expression des sentiments ou des besoins mais c’est s'adresser à l’Etre Suprême qui nous écoute

    Ce qui est important, c'est de faire comme cela nous vient spontanément et de beaucoup prier. Mais c’est aussi de savoir à qui l'on s'adresse. Dieu peut être appelé à tout moment. Les intercesseurs aussi.

    3.    Qu’est-ce qu’une prière ?

    Une prière est :

    • ·         un acte de foi chrétienne ;
    • ·         une mise en communion avec Dieu.
    • ·       La prière est un acte codifié ou non, collectif ou individuel, par lequel une requête est adressée à Dieu ou à une divinité ou à un être désigné comme médiateur de Dieu ou de la divinité.
    • ·    La prière qui s'appuie sur les promesses de la Bible est un acte fondamental de la foi chrétienne, vécue comme une action de Grâce et de communion avec Dieu, une communion d’esprits entre Dieu et les Siens. C’est « Dieu le Père » que le croyant prie « au Nom du Seigneur Jésus-Christ ». 
    • ·         Pour notre Chapelain, la prière, c'est la respiration de l'âme !

    4.    Pourquoi prions-nous ?

    En général, nous prions…

    • ·         pour demander quelque chose à Dieu : la paix, la guérison, le pardon…
    • ·         pour souhaiter qu’il se passe quelque chose…
    • ·         pour espérer quelque chose…
    • ·         pour remercier pour quelque chose que nous avons obtenu.

    Constatons que :

    ·         trop souvent pour nous, prier c'est demander.

    ·         trop rarement, c’est pour remercier si l’on a obtenu satisfaction…

    • §  pour une guérison obtenue…
    • §  pour une faveur particulière obtenue…
    • §  pour la réussite d’études entreprises…
    • §  pour l’acquisition d’un bien matériel tant espéré…
    • §  pour un bon moment passé…
    • §  pour des épreuves bien supportées…
    • § 

    ·         Prier, n'est-ce pas arrêter un moment notre occupation ? N’est-ce pas donner du temps à Dieu ?

    ·         Prier n'est-ce pas d'abord se tourner vers Dieu ?

    ·       Pour nos Frères Protestants, la prière est un dialogue Dieu-Homme. Elle peut prendre trois formes différentes :  un remerciement, une demande pour soi-même, une demande pour quelqu'un d'autre.

    5.    Que préconise l’Eglise catholique ?

    L’Eglise nous demande de prier Dieu, la Vierge Marie, les saints.

    Elle nous propose quelques prières (cf. le catéchisme de notre enfance !).

    Dans les Églises catholique et orthodoxe la prière se tourne vers Dieu, vers les Saints et la Vierge Marie.

    Les principales prières sont le Credo, profession de foi en un seul Dieu, et le Notre Père.

    La prière journalière est la liturgie des heures, suivie par les congrégations monastiques, les prêtres et les diacres, et conseillée aux laïcs.

    Traditionnellement, les laïcs prient le matin, le midi (Angélus), le soir et bénissent les repas.

    La prière peut s'appuyer sur des liturgies précises et selon des rites particuliers (signe de croix avec les mains, génuflexion, …).

    L'utilisation d'objets de culte était autrefois bien plus courante que de nos jours : crucifix, icônes, chapelets, statues, etc.

    Remarquons que les cultures et les milieux sociaux ont également une grande influence sur les manières de prier.

    6.    Quelles sortes de prières existe-t-il ?

    Il existe :

    ·    des prières traditionnelles telles que l’Ave Maria, le « Notre Père », le « Credo » ou symbole des Apôtres, l’acte de foi, l’acte d’espérance, l’acte de charité, l’acte de contrition, l’acte d’humilité, le chapelet, le Rosaire, …

    ·     des prières quotidiennes : toutes les occasions sont bonnes pour prier !

    ·    des prières particulières, de circonstances ; des prières propres à notre Ordre.

    Trois types de prières existent :

    •  la prière d'intercession (pour demander un bienfait pour quelqu'un ou soi-même) ;

    Le Christ était désigné dans le Nouveau Testament comme l’intercesseur (médiateur) parfait.A cause de cela, toute prière devient une prière d’intercession puisqu’elle est offerte à Dieu à travers et par le Christ.

    • la prière de confession, ou de réconciliation avec Dieu ;

    Exemple : Le Confiteor (fatere avouer). Depuis Vatican II, la confession a été renommée « sacrement de réconciliation », soit le retour à Dieu, le repentir.

    • la prière de gratitude. Remerciements pour les bienfaits de la vie, elle est parfois présentée comme une attitude intérieure, méditative, quand elle ne contient pas explicitement de requête et cherche alors à produire un sentiment d'unité avec Dieu.

    7.    Quelles prières nous sont plus particulièrement recommandées au sein de notre Ordre ?

    ·         La Grande Invocation

    ·         La prière du Chevalier à Notre-Dame

    ·         La prière simple de saint François d’Assise

    ·         La prière des Templiers

    ·         La prière du Chevalier à Notre-Dame du Temple

    ·        

    8.    Comment prions-nous ?

    Nous pouvons prier  soit spontanément, soit à l’invitation d’un officiant, d’un prêtre, du pape,…

    • Il faut vouloir prier car vouloir prier c'est déjà prier.
    • Notre prière vaut d'abord par l'effort qu'elle nous demande.
    • Ne rêvons pas de conditions exceptionnelles pour la prière !
    • Nous voudrions changer le Monde, le transformer de fond en comble ? Rien ne sera fait si nous ne prions pas !

    Car prier c'est :

    §  laisser la Volonté de Dieu s'installer progressivement en nous,

    §  laisser l'Amour de Dieu nous envahir à la place de l'amour de nous-même,

    §  par nous, introduire le Plan du Père et Son Amour tout-puissant parmi les hommes.

    Nous pouvons prier seul, mentalement (en méditant), oralement (à voix basse ou à voix haute). Mais n’oublions pas que la prière nécessite un niveau spécifique de concentration constant.

    Des pratiques de méditations, de jeûne et de veille peuvent être associées à la prière, de même que des lectures de textes, bibliques ou non.

    Une « prière efficace » est une prière qui augmente notre relation avec Dieu ou les autres.

    Dans son Évangile, saint Jean nous fait comprendre comment prier, en citant des propos de Jésus-Christ :

    ·         Et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. Jean 14:13-14

    ·         En ce jour-là, vous ne m'interrogerez plus sur rien. En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom. Jusqu'à présent vous n'avez rien demandé en mon nom. Demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite. Jean 16:23

    9.    Où prier ?

    • ·      N’importe où !
    • ·      A l’église !
    • ·      Chez nous !
    • ·      Dans notre salle capitulaire !
    • ·      Pour le croyant, Dieu est partout et la prière peut donc avoir lieu en n'importe quel lieu.
    • ·      Nous pouvons aussi nous rendre dans une chapelle, une église, un lieu qui nous semble propice à la méditation,…

    10. A quels moments prions-nous ?

    • N’importe quand : selon nos envies, nos besoins…
    • A des moments vivement suggérés par notre pratique religieuse : matin, midi, soir, avant les repas, pendant les offices…
    • Les musulmans prient aussi, et sans doute bien plus régulièrement que nous !       

    - Sobh (la prière du matin) : Prière qui commence à l’aube ou au crépuscule du matin. Le sobh se termine juste avant le lever du soleil.

    - Dhor (la prière de la mi-journée) : Prière qui commence à la mi-journée, quand les rayons du soleil ont dépassé le méridien.

    - Asr (la prière de l’après-midi) : L’horaire de la prière du Asr dépend de la taille de l’ombre projeté par un objet.

    -  Maghrib (la prière au coucher du soleil) : Prière qui commence au coucher du soleil et se termine au début de Icha.

    - Icha (la prière de la nuit) : Prière qui commence quand la nuit tombe et que le crépuscule du soir disparaît.

    • Dans les monastères, l’office divin est le principal exercice de la journée. Mais les moines prient sept fois par jour et une fois par nuit : c’est la liturgie des heures. Dans les monastères bénédictins et cisterciens, le grand silence est observé depuis les complies jusqu’à l’office de Tierce.
    • Pour le catholicisme, les heures canoniales sont des offices liturgiques qui sont consacrés à la prière, en plus de la messe quotidienne, au sein des ordres religieux aussi bien que pour le clergé séculier. 
    • Depuis le 12ème siècle, suivant la règle de Saint Benoît, la journée est divisée en sept temps de prières et la nuit une :
    1. Mâtines ou Vigiles : sanctifier le temps de la nuit.
    2. Laudes (louanges) : rendre grâce à Dieu pour le jour qui se lève.
    3. Prime : rendre grâce à Dieu à la première heure du jour
    4. Tierce : 3ème heure du jour, heure à laquelle le Saint Esprit est descendu sur les apôtres.
    5. Sexte : midi, heure à laquelle Jésus a été cloué sur la Croix.
    6. None : 15 h 00, heure de la mort de Jésus-Christ.
    7. Vêpres : lors du coucher du soleil (vesper. hespéros).
    8. Complies : avant le coucher (completorium, ce qui est achevé).
    • La journée commence par la grande prière des Vigiles. Les frères se retrouvent dans le chœur.
    • Au solstice d’été au moment des prières de Matines, le soleil, levé à 4 heures, éclaire le chœur. 
    • Laudes est le grand office du lever du jour. Comme dans l’Antiquité, les religieux vaquent à leurs activités pendant les heures de la journée.
    • Prime(vers 6 heures pour nous) et les autres Petites Heures, tierce (vers 9 heures pour nous), sexte (vers midi pour nous), none (vers 15 heures pour nous) correspondent aux quatre divisions du jour chez les Romains ; les prières sont plus courtes de façon à pouvoir être récitées sur place pendant les travaux…

    De Pâques à la Pentecôte, les frères déjeunent à sexte. Les jours de jeûne, ils attendent nones. De Carême à Pâques, ils prennent un repas après Vêpres.

    La sixième heure tombait toujours à midi ; la neuvième suivant les saisons entre 14 h 30 et 15 h 30.

    L’heure de l’office de Vêpres doit être fixée de façon que les frères n’aient pas besoin d’allumer une lampe pour le repas, et que tout se termine à la lumière du jour.

    Après les vêpres, les religieux se rendent à la lecture des Conférences. Quand tous sont réunis, ils disent Complies, ensuite nul n’a la permission de parler. Deux grands moments encadrent ainsi la vie de la communauté : les vigiles et les vêpres le soir, célébrations solennelles de deux offices de louanges.

    Pour mener une vie exemplaire, les frères de l’Ordre du Temple se levaient tôt. Saint Bernard a fait l’éloge des heures de vigile, « pleine de fraîcheur et de tranquillité, où la prière pure et libre s’élance avec allégresse vers le Ciel, où l’esprit est lucide, où règne un silence plus parfait que tous ceux qui suivront ».

    Les heures permettent aux religieux de prier pour le monde en essayant d’approcher de la prière perpétuelle. Cependant, comme les plus humbles, ils doivent s’adapter à la lumière du jour.

    11. Réflexions personnelles du Chevalier en questionnement permanent

    Ø  Pour pouvoir s’impliquer davantage dans la prière, il me semble bon :

    ·         de bien comprendre le texte, (N.B. C'est la raison pour laquelle figurent ci-dessous deux analyses de prières)

    ·         de ne pas l’ânonner sans en comprendre le sens,

    ·         de pouvoir disposer d’un texte imprimé plutôt que de se contenter de l’écouter lire par quelqu’un d’autre : dans ce cas, c’est l’autre qui prie seul !

    Ø  Si la prière est lue par plusieurs fidèles ou Frères ensemble, il est bon d’apprendre à respecter le rythme de lecture à haute voix afin de préserver l’égrégore.

    12. Brève analyse d’une prière

    Nous avons recherché la preuve que la prière suivante est une prière de DEMANDE.

    LA GRANDE INVOCATION

    Du point de Lumière dans la Pensée de Dieu,
    Que la lumière afflue dans la pensée des hommes.
    Que la lumière descende sur la terre.                                                 (2 souhaits !)

    Du point d'Amour dans le Cœur de Dieu,
    Que l'amour afflue dans le Cœur des hommes.
    Puisse le Christ revenir sur Terre.                                                       (2 souhaits !)

    Du centre où la volonté de Dieu est connue,
    Que le dessein guide le faible vouloir des hommes.                           (1 souhait !)

    Le dessein que le Maître connait et sert.

    Du centre que nous appelons la race des hommes
    Que le Plan d' Amour et de Lumière s'épanouisse,
    Et puisse-t-il sceller la porte de la demeure du mal.                           (2 souhaits !)

    Que Lumière, Amour et Puissance restaurent le Plan sur la Terre.    (1 souhait !) 

    Cette prière comprend 8 souhaits que nous pouvons considérer comme des demandes ! Pour exprimer ces souhaits, l’auteur de cette prière a utilisé le mode subjonctif présent.

    Le subjonctif est par excellence le mode de l’incertain qui souligne les possibilités de réalisation d’une action mais peut aussi les mettre en doute.

    Dans les propositions indépendantes ou principales, il est alors le mode de l’affectivité et permet, avec l’aide de la ponctuation, l’expression de nombreux sentiments. C’est précisément le cas dans cette prière.

     

    13. Analyse d’une prière traditionnelle, voire quotidienne 

    Notre Père

    Eléments de la prière

    Signification, en d’autres termes

    Notre Père, qui es aux cieux...

    Père de Jésus,
    Père de tous les hommes,
    Notre Père, Tu es là présent,
    au cœur de chacun de nous...
    Tu es source de vie...
    Tu fais de nous tes enfants...

    Que ton Nom soit sanctifié !

    Notre Père, Toi qui es le Père de tous les hommes...
    Que dans tous les pays, dans toutes les familles, dans toutes les maisons, ton nom soit connu, ton nom soit aimé !

     

    Que ton règne vienne...

    Viens, Seigneur, viens,
    que ton amour grandisse,
    dans le cœur de tout homme !
    Viens, Seigneur, viens change nos cœurs !

    Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel

    Que tous les hommes écoutent ta Parole
    Qu'ils la gardent 
    Qu'ils se laissent guider par Elle.

    Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour

    Donne-nous le pain pour notre faim,
    la joie pour notre cœur, la lumière pour nos yeux.
    Donne-nous le Pain de ta Parole,
    le Pain de Vie, toi Jésus, vrai Pain de Dieu.

     

    Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés

    Apprends-nous, Seigneur,

    à pardonner comme toi, tu pardonnes !

    Apprends-nous, Seigneur,

    le geste du pardon, la parole du pardon !
    Apprends-nous, Seigneur,

    les gestes et les paroles

    qui construisent la Paix !

     

    Ne nous soumets pas à la tentation mais délivre-nous du mal

    Seigneur, toi qui es lumière,
    empêche-nous de rester dans la nuit,
    empêche-nous de nous perdre, que rien ne puisse nous séparer de toi,
    que tu deviennes lumière en moi !

     

    14. L’Angélus

    Que signifient les trois coups de cloche que l’on entend de temps en temps à l’église paroissiale toute proche de notre salle capitulaire ? Non pas « il est trois heures ou quinze heures » mais « l’heure de l’Angélus ! »

    L’Angélus est une prière de tradition populaire de l’Eglise latine en l’honneur de l’Incarnation du Christ et de la participation de la Vierge Marie à son œuvre de salut.

    Cette prière se dit trois fois par jour : le matin, le midi et le soir.

    Elle se compose de trois antiennes, citations des Évangiles de Saint Luc et de Saint Jean, suivie chacune d’un Ave Maria – « Je vous salue Marie » -, et elle se termine par une oraison adressée à Dieu, le Père.

    Le texte de l’Angélus tire son nom du premier mot de la première antienne en latin : « Angelus Domini nuntiavit Mariæ ».

     

    V. L'Ange du Seigneur annonça à Marie
    R. Et elle conçut du Saint-Esprit

     

    V. Je vous salue Marie…
    R. Sainte Marie, mère de Dieu…

     

    V. Voici la servante du Seigneur
    R. Qu’il me soit fait selon ta parole

     

    V. Je vous salue Marie…
    R. Sainte Marie, mère de Dieu…

     

    V. Et le Verbe s’est fait chair
    R. Et il a habité parmi nous

     

    V. Je vous salue Marie…
    R. Sainte Marie, mère de Dieu…

     

    V. Priez pour nous Sainte Mère de Dieu
    R. Afin que nous soyons rendu dignes des promesses du Christ.

    Prions

    Que ta grâce, Seigneur notre Père, se répande en nos cœurs.

    Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître, 
    l’incarnation de ton Fils bien-aimé. 
    Conduis-nous, par sa passion et par sa croix, 
    jusqu’à la gloire de la résurrection. 

    Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. 
    Amen.

    15. L’Angélus à travers l’Histoire

    La prière de l’Angélus remonte au Moyen-Âge. Elle tire son origine du culte de Marie, Mère de Jésus qui date du début même du christianisme. La place réduite et discrète que la Vierge Marie occupe dans les Évangiles de Matthieu, Luc et Jean et dans les Actes des Apôtres, s’explique, selon les termes du pape Jean-Paul II, « par le fait que la perspective des évangélistes est entièrement christologique et ne s’intéresse à la Mère que par rapport à l’annonce joyeuse du Fils. »

    ·         L’Angélus, prière du soir

    L’Angélus s’avère être d’abord une prière du soir

     * La prière

    Jean-François Millet – L’Angélus

    ·         L’Angélus du matin

    A partir du 14ème siècle, l’Angélus se récite aussi le matin à l’heure de prime (au lever du soleil). De nombreuses localités adoptent très vite cette dévotion populaire en l’accompagnant du tintement de la cloche.

    ·         L’Angélus de midi

    Au milieu du 15ème siècle, l’Angélus de midi viendra compléter la pratique de cette dévotion quotidienne. 

    En méditant la traditionnelle prière de l’Angelus Domini trois fois par jour, à l’aube, le midi et au crépuscule, les fidèles font mémoire du message de Dieu, transmis à la Vierge Marie par l’archange saint Gabriel. L’Angélus se réfère donc à l’événement central du salut: selon le dessein du Père, le Verbe de Dieu, par l’action de l’Esprit Saint, s’est fait homme dans le sein de la Vierge Marie.

     16. Prière suggérée par notre Frère Kevin R.   (N.B. : à la suite des évènements tragiques à Paris et à Bruxelles notamment) 

    « Mon Dieu, puisses-tu éclairer de ta lumière et de ton amour tous ceux qui ont souffert ce terrible jour. Puisses-tu faire en sorte que notre douleur ne se transforme pas en haine.

    Puisse ton Amour nous aider à surmonter cette lourde épreuve. Je te prie Seigneur, d'éclairer les plus profondes ténèbres où se cachent tes fils perdus. Il n'y a que toi, Seigneur, qui puisses apporter le Pardon. Seigneur, fait que les ténèbres puissent être percées par ta divine Lumière pour que nous puissions enfin nous reconnaître comme frères, comme nous l'a appris ton Fils. Je te prie Seigneur de nous envelopper de ton Amour, qu'il nous réconforte et qu'il sèche nos larmes. Je te prie de nous aider à cheminer vers ton Pardon, la route sera longue pour nous, et je te prie de nous guider à travers ce sombre chemin vers ta divine Lumière. »

    17. Prière proposée par notre Frère Laurent R. :

    Prière contre les maux diaboliques

    Que le Père, le Fils et le Saint-Esprit, la Sainte Trinité toute entière descende sur nous !

    Que la Vierge Immaculée, les sept Archanges qui se tiennent en présence de Dieu et tous les chœurs célestes, les saints et les saintes du Paradis se penchent sur nous.

    Investissez-nous, Seigneur, transformez-nous, remplissez-nous de Vous, servez-Vous de nous.

    Chassez loin de nous toutes les forces du mal, anéantissez-les, détruisez-les, pour que nous puissions être en bonne santé et faire le bien.

    Chassez loin de nous : les maléfices, les sorcelleries, la magie noire, les messes noires, les mauvais sorts, les liens, les malédictions, le mauvais œil, l’infestation diabolique, la possession diabolique, l’obsession diabolique, tout ce qui est mal, péché, envie, jalousie, perfidie, la maladie physique, psychique, morale, spirituelle et diabolique.

    Brûlez tous ces maux en enfer pour qu’ils ne nous accablent plus, ni aucune créature au monde.

    Au nom de Jésus-Christ notre Sauveur, par l’intercession de la Vierge Immaculée et avec la force de Dieu Tout-Puissant, j’ordonne et commande à tous les esprits impurs de nous laisser immédiatement, de nous quitter définitivement et de s’en aller immédiatement, de nous quitter définitivement, et de s’en aller dans l’enfer éternel, enchaînés par saint Michel Archange, saint Gabriel Archange, saint Raphaël Archange et par nos anges gardiens, écrasés sous le talon de la très Sainte et Immaculée Vierge Marie.

    Synthèse élaborée par le Frère André B. avec les apports des Frères Guy D.,  Kevin R. et Laurent R.


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  • 3ème réflexion à propos d’un extrait de l'Évangile de Thomas

     La parabole de la cruche vide

    Excellence,

    Noble Frère Commandeur,

    Vous nous avez demandé de réfléchir au sujet d’une parabole tirée de l’évangile apocryphe de Thomas. Cette « parabole de la cruche vide », développée au logion 97, n’est-elle pas l’occasion de montrer que la foi n’est pas nécessairement la victoire d’une force intérieure héroïque, mais qu’elle peut aussi être l’expérience d’une vacuité permettant d’accueillir Dieu ?

    Pour bien recadrer cette parabole dans son contexte général, j’aimerais vous rappeler, mes bien aimés Frères et Sœurs, que l’évangile de Thomas, découvert en 1945 dans le village égyptien de Nag Hammadi, est un cas particulier de la littérature extra-canonique. Il est le témoin d’un courant de pensée original du christianisme primitif, entièrement axé sur une compréhension de l’enseignement de Jésus mais dans une perspective qui enseigne la sagesse. Il se présente comme une collection de paroles du Maître et ne contient aucun élément narratif tel que les guérisons ou la passion. Il a de sérieuses chances de contenir des paroles inédites du Jésus historique que le Nouveau Testament ignore.

    Probablement est-ce le cas de la « parabole de la cruche vide », appelons-la ainsi. Vous l’avez probablement tous sous les yeux mais je vous la relis :

    « Jésus dit : le Royaume du Père est comparable à une femme. Alors que portant une cruche remplie de farine elle faisait une longue route, l’anse de la cruche se brisa et la farine s’écoula derrière elle sur la route. Elle ne le savait pas, elle n’a pas su peiner. Lorsqu’elle parvint à la maison, elle déposa la cruche et la trouva vide. » (Logion 97)

    Voilà bien une parabole discordante ! Ce qui saute aux yeux est la différence avec les paraboles qui nous sont familières.

     

    Pour parler de Dieu et de son action mystérieuse, Jésus a multiplié les comparaisons. Ainsi, dans les évangiles canoniques, le Royaume des cieux est semblable à un homme qui a semé une bonne semence dans son champ, à un grain de sénevé, à du levain dans trois mesures de farine, à un trésor caché, à un homme qui a trouvé une perle de grand prix, à un filet jeté en mer et qui ramène toute sorte de poissons, et ainsi de suite…

    Ces comparaisons bien connues tournent autour des idées de plénitude, de dynamique positive et de croissance spirituelle. Elles tirent leur sève du messianisme juif et en partagent l’optimisme.

    Par contre, le logion 97 développe exactement le contraire. Il est question d’une cruche de farine qu’une femme croit posséder, mais le long du chemin la farine se perd. À la fin la cruche est vide et la femme découvre qu’elle ne possède rien de la réalité divine. Cette comparaison tourne autour de l’idée de vide, de vacuité.

    Jésus est un maître en dialectique. Il serait vain d’opposer les deux perspectives, l’une canonique à l’autre hérétique. Sont plutôt suggérées deux attitudes possibles devant Dieu en tension l’une avec l’autre, dans une dialectique qui appartient à la vie de la foi, entre le plein et le vide.

    La plénitude de la foi est cette énergie spirituelle dont un seul petit grain permet de déplacer les montagnes selon Jésus. C’est une force intérieure grâce à laquelle nous pouvons vaincre toute sorte d’obstacles. Cette force nous donne une haute idée de nous-mêmes. Nous sommes enfants de Dieu et ouvriers avec Lui. Nous œuvrons pour augmenter Sa lumière en ce monde, pour ajouter à cette terre le sel qui lui manque et finalement pour parachever, pour poursuivre Son œuvre de création. Car au septième jour, Dieu s’est symboliquement reposé, c’est-à-dire qu’il s’est retiré en laissant à l’homme les clés du monde pour poursuivre son œuvre.

    Ainsi entendue, la plénitude de notre foi suppose que nous ayons à préserver une image positive de nos compétences et de nos capacités vis-à-vis de Dieu.

    Dieu stimule notre amour-propre. Il demande que nous soyons à la hauteur. En quelque sorte, Il exige des héros de la foi.

    C’est un très bel idéal qui est l’une des sources de l’âme occidentale. Mais en même temps se profile une difficulté. Dieu nous propulse dans la recherche de la perfection, dans la quête de sainteté, puisque le saint est par excellence la figure chrétienne du héros.

    Nous pourrions vite nous retrouver enfermés dans le culte de l’effort, de la volonté et du dépassement de soi, ce qui à la longue deviendrait écrasant.

    Dans les Évangiles synoptiques (de Matthieu, de Marc et de Luc), si Jésus admire le plein de foi chez certains, il déplore souvent le manque de foi, même chez les disciples…

    Si nous parlons de plein, nous parlons symétriquement de vide, ce qui n’a pas dû échapper à l’esprit dialectique de Jésus dans sa fonction d’enseignant. C’est ici qu’à mon avis la petite histoire de « la cruche vide » prend tout son sens.

    Méditons le vide, mes bien aimés Frères et Sœurs...

    Que se passe-t-il lorsque nous sommes renvoyés à notre vacuité ? Lorsque les montagnes ne sont pas déplacées ? Lorsque les obstacles ne sont pas vaincus ? Lorsque notre force intérieure s’avère défaillante ? Lorsque nous sommes des ouvriers inutiles ? Lorsque la lumière n’augmente pas et lorsque le sel perd sa saveur ? Lorsque nous ne parvenons à être ni des héros ni des saints ? Lorsque le Royaume de Dieu s’évapore ? L’évangile de Thomas nous place devant la réalité incontournable de l’échec spirituel.

    Que faire lorsque nous avons le sentiment, comme cette femme, que nous n’avons pas su travailler comme il l’aurait fallu (« Elle n’a pas su peiner ») puisque au bout du compte notre vie intérieure se révèle vide ?

    D’abord ceci : l’expérience de la vacuité appartient au rythme propre à la foi. Elle est un autre moment de la révélation de Dieu, tout comme son silence est une autre manière de nous parler. Ce n’est pas le seul moment ou la seule manière, mais c’en est un. Ce n’est pas naturel, plutôt contraire à nos habitudes de pensée. Le logion 97 précise : « Elle ne le savait pas… ».

    En effet la plupart du temps nous ne savons pas : ce que nous croyons plein peut en fait s’avérer vide… Il en découle que la foi peut être pensée avec d’autres images que celles d’augmentation, de croissance ou d’accumulation d’énergie. La foi désigne aussi ce point de vide en nous, angoissant certes, mais où quelque chose peut être reçu.

    Permettez-moi de vous citer deux exemples bibliques :

    1) Un premier exemple est celui de la manne au désert.

    La manne est cette nourriture reçue d’en haut qui va permettre aux enfants d’Israël de continuer leur marche au jour le jour, pas après pas. Mais ils sont prévenus qu’ils n’auront pas le loisir d’en faire provision. « Celui qui avait ramassé plus n’avait rien de trop et celui qui avait ramassé moins n’en manquait pas » (Ex 16,18). L’accumulation ou la thésaurisation de la manne est impossible.

    2) Un deuxième exemple est celui de Marie.

    Sa virginité a une évidente dimension symbolique. Elle est vierge en ce sens qu’elle n’a rien à apporter d’elle-même ; elle est une figure de la vacuité en attente de quelque chose qui pourrait se produire. L’humilité de Marie désigne une attente vide que Dieu peut venir combler. Si le vide est un manque, il désigne tout autant une place vacante.

    Quelle leçon pourrions-nous retirer de cette parabole ?

    Tantôt notre foi connaît des moments d’énergie créatrice, de vitalité communicative et de volonté triomphante. Tantôt elle connaît des moments de passage à vide, c’est le cas de le dire !

    Ces moments ne sont pas rien, ils sont vides et le vide n’est pas le rien. Ces moments nous invitent à l’écoute et à l’attente, comme les enfants d’Israël au désert ou comme Marie, cette très jeune femme d’à peine quinze ans.

    Ainsi au cœur de notre existence chrétienne, nous découvrons une pratique de la vacuité. C’est sans doute une épreuve pour nous qui sommes programmés pour accumuler, augmenter et faire croître. C’est aussi une épreuve pour l’Église qui bizarrement pense toujours qu’elle peut se sauver par ses propres moyens, alors qu’elle est censée prêcher le contraire. Mais une telle épreuve initie au Royaume de Dieu.

    Pour en terminer, je dirais que l’évangile de Thomas attire notre attention sur cette attitude de sagesse qui consiste à nous attendre à recevoir ce que nous n’avons pas. Ne nous soucions pas de donner si nous n’avons rien à donner, attendons-nous plutôt à recevoir. Ce que nous avons à recevoir, la seule chose qui compte vraiment, n’est-ce pas la présence de Dieu dans le vide de notre vie ? Alors acceptons ce vide qui est aussi la part que Dieu se réserve en nous !

    Frère André B. 


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  •  2ème réflexion à propos d’un extrait de l'Évangile de Thomas 

    Excellence,

    Noble Frère Commandeur,

    Vous nous avez demandé de réfléchir au sujet d’une phrase tirée de l’évangile apocryphe de Thomas :

    « Aime ton frère comme ton âme,

    protège-le comme la prunelle de ton œil. »

    Mes bien aimés Frères et Sœurs, le trait principal de l’humanisme de l’évangile de Thomas nous laisse une grande liberté. Cette liberté s’exprime à travers une grande finesse psychologique qui l’éloigne d’une grande finesse moraliste contraignante afin de laisser à chacun son entière responsabilité.

    Dans cette vie nous sommes toutes et tous enfants du même Père, Dieu. Bien sûr nous sommes génétiquement différents et nous avons subi des influences diverses par notre éducation, nos attaches culturelles ainsi que les convictions éthiques ou religieuses de nos aînés.

    Surmonter ces différences relatives et focaliser notre mental sur cette unique réalité, en laquelle tous nous sommes de manière égale unis à une même loi absolue, voilà le défi qui nous concerne tous. À l’exemple de toutes les cellules de notre corps, notre tâche consiste à vivre en harmonie avec les autres. Ceci implique également que nous soyons toutes et tous responsables les uns des autres.

    Permettez-moi de vous rappeler cet extrait de l’Évangile de Jean :

    « A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres.» (Jn 13.35).

    Comme, dans leur naïveté, les disciples pensaient devoir redevenir petits, pour avoir accès au royaume, nombreux sont ceux qui pensent qu’il suffit de respecter le commandement de l’amour du prochain, pour se garantir d’une vie éternellement bienheureuse.

    Il va de soi que le souci du prochain est une tâche essentielle dans l’expression de l’harmonie. L’amour ne pourrait pourtant être considéré comme le moyen suprême par lequel un but imaginaire – l’accès au Royaume dans un au-delà inconnu – peut se réaliser.

    Notre faculté d’aimer est le fruit du lien qui nous unit à une source spirituelle. Elle est un emprunt qui nous est consenti, pas une possession personnelle…

    Nous ne pouvons donner que ce que nous recevons !

    Il ne convient donc pas d’accorder à nous-mêmes le mérite de la bonté.

    Notre tâche principale consiste à fixer solidement nos racines dans une source donatrice.

    Dans une prise de conscience de notre intégration dans cette source, de notre participation ici et maintenant à la royauté du Père, réside notre responsabilité au service de notre prochain.

    L’amour du prochain est sans doute l’enseignement principal qui fut retenu des évangiles. Convenez avec moi, mes bien aimés Frères et Sœurs, que cet évangile-ci, celui de Thomas, laboure bien davantage le champ de notre conscience !

    La valeur absolue à la base de toute expression de la vie s’appelle harmonie. Dans nos pensées, elle s’exprime en intelligence, dans nos sentiments en amour

    L’harmonie des deux est nécessaire pour qu’une action soit juste. Utiliser un savoir dans un état mental égoïste est aussi peu justifiable que de vouloir exprimer la bonté sans posséder une connaissance appropriée.

    Chaque conscience individuelle peut recevoir une inspiration lui permettant d’exprimer harmonieusement amour et intelligence.

    La valeur accordée à sa propre personne est le fruit du psychisme individuel.

    Toutefois, chaque « moi » jaillit de manière égale d’une source absolue et a donc une valeur égale.

    Discerner cette égalité permet de reconnaître dans chaque personne, blanche ou de couleur, arabe, juive ou chrétienne, cette qualité essentielle : d’être tous et toutes égaux dans notre unité avec l’Être absolu

    Frère André B.


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  •  1ère réflexion à propos de l’évangile de Thomas : le Royaume intérieur 

    Excellence,

    Noble Frère Commandeur,

    Vous nous avez demandé de réfléchir au sens de cet extrait de l’évangile de Thomas à propos du Royaume intérieur :

    « Que celui qui cherche ne cesse pas de chercher jusqu’à ce qu’il trouve ; et lorsqu’il aura trouvé, il sera troublé ; et lorsqu’il sera troublé, il admirera, et il règnera sur le tout. »

    Ce règne sur le tout, il le désigne par la suite par « le Royaume », désignant par-là la sagesse ultime. Celui qui atteint cet état « ne goûtera pas la mort ». L’objet de son évangile est précisément d’expliquer en quoi consiste le Royaume et comment l’acquérir.

    Commençons par nous poser la question :

    Où est donc le royaume, tant recherché par les chrétiens ?

    Le  verset 21 du chapitre 17 de l’Évangile de Luc nous précise que « Le royaume est à l’intérieur de nous ». L’original grec et son exacte traduction latine n’ont jamais signifié autre chose qu’« à l’intérieur de nous » ou « en nous ». Or on trouve aussi une autre traduction : « au milieu de nous ». Manifestement ces versions ne veulent pas d’un royaume seulement intérieur et lui préfèrent un royaume vécu en communauté. D’heureuses corrections ont tout de même été apportées au fil du temps et l’on trouve enfin que « Le royaume de Dieu est au-dedans de nous ».

    Tout se passe comme s’il y avait là un fonds commun, un enseignement de sagesse introvertie, prônant non pas l’attente de quelque chose de nouveau, mais la restauration ou le rétablissement de quelque chose de perdu. Les disciples ont demandé à Jésus : « Dis-nous comment sera notre fin ? ». Et Jésus leur a répondu : « Avez-vous donc dévoilé le commencement pour que vous vous préoccupiez de la fin, car là où est le commencement, là sera la fin » (Évangile de Thomas, 18).

    Mais ce type de pensée a été suivi par de tout autres perspectives, dont la perspective apocalyptique et messianique qui remplace le royaume intérieur et invisible par une vision du Jugement dernier.

    Différentes conceptions du Royaume de Dieu

    Le Royaume de Dieu ne vient pas de manière à attirer l'attention.

    Le royaume de Dieu est au milieu de nous.

    Cette simple déclaration devrait suffire pour que nous réalisions que la Chrétienté n'a pas la moindre idée de ce que Jésus prêchait. Beaucoup d’entre nous ont pu penser depuis longtemps que le Royaume des Cieux se découvrira à la suite de notre décès. Certains diront que nous sommes probablement déjà dans le Royaume des Cieux, sans même le réaliser. Ou bien ils ne le pensent pas.

    Dieu, le Père est en nous tous. Jésus-Christ est en nous tous, et le Royaume des Cieux est en nous, dans notre cœur. C'est là que nous les trouverons tous. Il est là sondant nos cœurs, et sachons le trouver en éprouvant nos pensées et notre cœur.

    L’Evangéliste Luc nous incite à croire que « le Royaume de Dieu est au milieu de nous » ou même «  parmi nous » (Luc 17, 21). Aussi, est-il toujours incommodant de contourner le sens ordinaire, pour finalement comprendre « autre chose ». Certains iraient jusqu’à expliquer qu’un «  sens ésotérique » se cacherait derrière le sens ordinaire.

    Saint Jérôme, dans la traduction de la Vulgate, pratiquée par les Pères de l'Eglise, nous a donné une traduction très explicite de ce verset : « le royaume de Dieu est au dedans de vous ».

    Il s’agit de comprendre et d’appuyer une réalité intérieure : soit « une dimension verticale qui renvoie chacun à lui-même, soit c’est une réalité qui privilégierait une dimension horizontale … ».

    Si nous privilégions le Royaume de Dieu comme «  à l’intérieur de soi », le règne de Dieu serait essentiellement spirituel. Le Royaume qui serait «  parmi nous » aurait une dimension sociale, ecclésiale …

    Quant aux Pharisiens « enfermés dans une conception messianique temporelle et matérielle du Royaume de Dieu », Jésus les a invités à abandonner leur conception sensible et matérielle du Royaume, au profit de sa seule dimension spirituelle !

    Le Royaume de Dieu est-il dans notre cœur ?

    La Bible n’enseigne pas que le Royaume des cieux règne dans le cœur d’une personne. Elle indique toutefois que la « parole du royaume », ou la « bonne nouvelle du royaume », peut et doit toucher nos cœurs (Matthieu 13:19 ; 24:14).

    Comment comprendre « Le royaume de Dieu est au-dedans de vous » ?

    Certaines personnes ont du mal à comprendre où se trouve le Royaume de Dieu à cause de la façon dont certaines traductions de la Bible ont rendu le verset de Luc 17:21. Par exemple, la Bible à la Colombe rend ce verset ainsi : « Le royaume de Dieu est au-dedans de vous ». Pour comprendre ce verset correctement, il faut examiner son contexte.

    Jésus parlait à des Pharisiens, un groupe de chefs religieux qui s’opposaient à lui et qui complotaient de le tuer (Matthieu 12:14 ; Luc 17:20). Est-il logique de penser que le Royaume était dans leurs cœurs obstinés ? Jésus leur a dit : « Au-dedans vous êtes remplis d’hypocrisie et d’injustice » (Matthieu 23:27, 28).

    D’autres traductions ont donné le sens exact des paroles de Jésus rapportées en Luc 17:21 : « Le royaume de Dieu est ici avec vous » ; « le royaume de Dieu est au milieu de vous » (Traduction du monde nouveau). Le Royaume des cieux était « avec » les Pharisiens ou « au milieu » d’eux parce que Jésus, qui avait été choisi par Dieu pour être Roi, se trouvait devant eux (Luc 1:32, 33).

    Revenons à présent à l’évangile de Thomas qui fut découvert en 1945, en Égypte près de NAG HAMMADI. On le trouva dans une jarre contenant 12 manuscrits écrits dans la langue copte et qui remonteraient au 4ème siècle de notre ère. Cet évangile donne la trame d'un enseignement qui a pour but de mener chaque personne à la sagesse ultime, désignée par « le Royaume ».

    Le Jésus qui y est décrit ne ressemble pas vraiment à celui dépeint dans les évangiles canoniques. Quant à l'enseignement dans le texte, il ressemble fortement au savoir spirituel des gnostiques de l'époque, sévèrement pourchassés par l'église orthodoxe pour leur liberté de pensée et leur compréhension profonde, au-delà des dogmes du christianisme.

    On y rencontre un Jésus plus proche d'un Socrate ou d'un Bouddha, enseignant une voie de connaissance et d'amour, un salut en forme de quête intérieure, ouverte et libre ; un amour du divin en l'homme et non une soumission aveugle à un créateur anthropomorphisé et rigoriste.

    Centré sur l'intériorité, cet évangile donne la trame d'un enseignement qui a pour but de mener chaque personne à la sagesse ultime, désignée par le Royaume.

    « Le royaume de Dieu est en toi et tout autour de toi, pas dans les palais de bois et de pierre… ».

    L'Evangile de Thomas fut considéré par le Vatican comme une hérésie. Nous pouvons y déceler la peur de perdre son pouvoir temporel. Car si le royaume de Dieu n'est pas dans les édifices de bois et de pierre, alors quel rôle sacré joueraient les riches palais d'or et de marbre qui font l’église ? Vous pouvez reconnaître qu'un message spirituel est falsifié quand celui-ci ne propose pas au pratiquant de devenir son propre flambeau, de développer son état créateur, s'il subsiste un clergé intermédiaire qui impose l'expérience indirecte du divin, s'il possède un dogme et si ses lois ne sont pas flexibles et adaptables à l'évolution culturelle. A nous ensuite de travailler notre discernement !

    La conception du Royaume pose indéniablement problème. Des théologiens ont tenté de nuancer les paroles de Jésus présentées par Luc en les interprétant non pas comme : le royaume de Dieu est au-dedans de vous, mais parmi vous… Toujours est-il que vingt siècles et des millions de chrétiens plus tard, la supposée présence d’un Royaume divin parmi nous s’est avérée d’une extrême discrétion

    Si nous avons foi en Dieu, Créateur de l’Univers, nous pouvons imaginer que nous avons en nous une parcelle de la divinité, une « petite étincelle divine ». Certains préfèrent l’appeler « une âme ». Dès lors, nous pouvons retenir cet extrait de l’évangile de Thomas : « Le royaume de Dieu est en toi et tout autour de toi. Pas dans les édifices de bois et de pierre. Fend le morceau de bois et je suis là. Soulève la pierre et tu me trouveras ».

    Que signifie « le royaume de Dieu » ?

    « Le royaume de Dieu » est une image.

    C'est une métaphore qui représente Dieu en soi. En parlant de royaume, il ne s'agit pas d'un lieu concret, d'un lieu physique ou d'un lieu qui existerait après la mort. Il s'agit du Dieu qui existe en chacun de nous, en chaque âme. Nous pouvons ainsi admettre que le Royaume de Dieu est intérieur. C'est la particule de vie qui existe partout dans le Monde. Le royaume de Dieu est donc partout, partout où votre cœur s'ouvre pour exprimer Dieu et recevoir l'énergie divine.

    Faire exprimer Dieu dans sa vie, c'est participer à l'œuvre divine et créatrice de ce Monde. Faire ouvrir notre cœur, c'est reconnaître notre nature divine et c'est la faire vivre de telle sorte que notre vie soit la manifestation de l'Amour sur Terre.

    C'est pour cela qu’il est important d'ouvrir son cœur. Il ne s'agit pas seulement d'un concept ou d'une image : ouvrir son cœur, c'est ouvrir un canal vers le divin. En nous reliant au divin, nous nous relions à notre source. Voilà pourquoi il est important de vivre dans les énergies d'Amour. Plus nous serons en harmonie avec les énergies d'Amour, plus nous serons en harmonie avec nous-même, avec notre entourage et avec le divin et ses œuvres divines.

    En soi, ce n'est donc pas compliqué de s'ouvrir à l'Amour, ce qui est le plus compliqué pour nous, c'est de lâcher-prise, lâcher les angoisses et avoir un nouveau fonctionnement de pensées pour vivre selon les lois d'Amour.

    En vivant en harmonie avec Dieu, nous serons le royaume de Dieu. C'est un état d'être. Etre Dieu, faire vivre Dieu en soi. Ne croyons pas que cela est trop dur pour nous : si notre âme réclame cet éveil de conscience, sachons l’écouter et autorisons-nous à vivre une vie épanouie spirituellement. Ne brimons pas notre élan à ouvrir notre cœur aux énergies d'Amour.

    N'écoutons pas les « qu'en dira-t-on ? ». N'écoutons pas la société et les petits esprits qui nous croient incapables de vivre en confiance et en Amour avec Dieu. Écoutons-nous ; écoutons ce que réclame notre âme et faites-lui confiance dans ce qu'elle demande. Vous êtes votre seul guide. Faisons-lui donc confiance, mes bien aimés Frères et Sœurs, et soyons persévérants dans notre démarche spirituelle.

    Celui qui ouvre son cœur reconnaît les joies que cela lui procure. Celui qui s'écoute et vit selon ses propres lois, selon ses propres aspirations n'est pas égoïste : il vit ce que Dieu lui dit en lui.

    Si tout le monde vivait selon ce que son cœur lui dicte alors tout le monde serait épanoui car toutes les énergies qui partiraient des personnes seraient en harmonie avec l'Univers.

    Quand tout est en harmonie, alors tout vit dans des énergies d'Amour. C'est la disharmonie qui provoque des maladies et des émotions comme la colère et la tristesse. N'écoutez donc que votre cœur, que votre royaume intérieur. Personne d'autre que vous ne peut savoir ce qu'il y a à changer et à opérer comme transformations.

    Le royaume de Dieu est donc l'Amour. N'ayez pas peur de connaître cette transformation intérieure. N'ayez pas peur de dépasser les préjugés comme quoi ce n'est pas pour vous, que vous n'êtes pas capable ou que cela prendrait trop de temps. Ecoutez-vous tout simplement dans le calme, l'Amour, la sécurité et la bienveillance et faites naître à vous votre propre royaume d'Amour. Il sera à l'image de votre foi et de votre confiance dans ce processus de transformation. Ayez confiance en vous, n'écoutez que votre cœur !

    Frère André B. 

    Sitographie

    https://www.jw.org/fr/la-bible-et-vous/questions-bibliques/royaume-dans-coeur/

    http://perceval.over-blog.net/article-traduction-le-royaume-de-dieu-est-au-dedans-de-vous-66082874.html

    http://www.unisson06.org/dossiers/religion/ecrits_spirituels/christianisme/evangile_thomas.htm

    https://searchworks.stanford.edu/view/10291511

    http://www.source-lumiere.net/serendipity/archives/32-Le-royaume-de-Dieu.html


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  •  Présentation de l'évangile de Thomas 

    Introduction

    Les récits de la vie de Jésus qui n'ont pas été retenus comme faisant partie du canon officiel ont été réunis sous le terme d'« évangiles apocryphes », étymologiquement : « évangiles cachés ». Longtemps délaissés, l'exégèse moderne s'y intéresse à nouveau.

    Que signifie « apocryphe » ?

    Pour Gérard Billon, ce mot vient d'un mot grec qui veut dire « caché ». Cela ne veut pas dire que ces écrits ont été cachés, mais que dans des communautés chrétiennes, les responsables ont considéré que ce n'était pas les livres à lire en priorité pour les nouveaux baptisés, même si certains de ces textes sont très beaux. Donc on les a mis de côté. Ces textes n'ont pas tous été diffusés. Ils sont apparus dans le sillage des écrits du Nouveau Testament, vers la fin du 1er siècle.

    Et l'Évangile de Thomas, est-ce celui de l'apôtre ?

    L'Évangile de Thomas est évidemment attribué à l'apôtre Thomas, celui qu'on appelle « Didyme », le jumeau. Il y a eu certainement un groupe chrétien qui a fantasmé sur ce nom et qui a fait de l'apôtre le jumeau de Jésus lui-même. A ce Thomas, Jésus aurait donné des paroles secrètes, qu'il n'aurait pas révélées aux autres. Et l'on voit poindre ici l'une des raisons pour lesquelles on a écarté cet évangile, qui était connu en Orient, mais vraisemblablement pas en Occident. C'est un évangile qui va du côté de la gnose, avec des « arcanes » et tout un côté mystique qui flatte notre imaginaire contemporain, et déjà celui de l'Antiquité.

    Le texte est ainsi assigné à un certain « Didyme Judas Thomas » ou, plus simplement, à « Judas, qui est aussi appelé Thomas ».

    Il est admissible que l’évangile dit « de Thomas » ait été composé par une série de rédacteurs variant dans le temps et dans l’espace. Il n'est donc pas nécessaire d'attacher trop d'importance historique à la mention de cet incipit très probablement pseudonyme. Si le nom de Judas est bien attesté comme tel, les noms « didyme » et « thoma » ne sont que des mots utilisés respectivement en grec et en araméen pour désigner un « jumeau » ! Ainsi, le document a été originalement attribué à « Judas le Jumeau » puis, ultérieurement, un rédacteur a ajouté le terme grec pour éclairer les lecteurs ne comprenant pas la racine sémitique « thoma ».

    Y aurait-il encore d’autres évangiles ?

    Depuis la découverte de Nag-Hammadi, à côté des Évangiles de Matthieu, de Marc, de Luc et de Jean, nous pourrions méditer aujourd’hui ceux de Philippe, de Pierre, de Barthélemy et, plus particulièrement, celui de Thomas. A côté de ces évangiles à présent un peu mieux connus, il en est un qui ne semble pas avoir retenu l’attention des spécialistes et qui demeure pratiquement ignoré du grand public : celui de Marie, attribué à Myriam de Magdala, écrit en copte sahidique.

    Qu’en est-il de l’évangile selon Thomas ?

    L’évangile selon Thomas est un écrit apocryphe chrétien qui figure dans la deuxième partie du codex II de Nag Hammadi. Au nombre de 114, les logia qui le composent sont le plus souvent précédés de la mention « Jésus a dit ». Bon nombre ont leur parallèle dans les Évangiles selon Matthieu et selon Luc ainsi que, dans une moindre mesure, dans l’Évangile selon Marc.

    La bibliothèque de Nag Hammadi est un ensemble de treize codex de papyrus reliés en cuir, datant du milieu du 4ème siècle.

    Les codex de Nag-Hammadi sont des traductions d’originaux grecs en langue copte.

    Retrouvés en 1945 dans la ville de Nag Hammadi au nord-ouest de Louxor en Haute-Égypte par des paysans égyptiens, ils sont désormais conservés au musée copte du Caire.

    Associé dans le même codex à d’autres textes également rédigés en copte, le manuscrit qui nous intéresse ici date du 4ème siècle. Mais il a probablement été rédigé sur base d'un original grec dont on a retrouvé des traces dans un ensemble de papyrus grecs anciens sur le site d'Oxyrhynque en Égypte. Ils seraient datés du 3ème siècle.

    Rappelons que :

    • Nag Hammadi est une ville de la Haute-Égypte. À l'origine, dans l'Égypte hellénistique, elle était située sur la rive gauche du Nil à 80 km au nord-ouest de Louxor, et comptait environ 40 000 habitants, dont 75 % étaient probablement coptes.
    • Un codex est un cahier formé de pages manuscrites reliées ensemble. Cet ancêtre du livre moderne a été inventé à Rome durant le 2ème siècle avant J.-C. et s'est répandu à partir du 1er siècle, pour progressivement remplacer le rouleau de papyrus grâce à son faible encombrement, son faible coût, sa maniabilité et la possibilité qu'il offre d'accéder directement à n'importe quelle partie du texte.

      * L'évangile de Thomas   * L'évangile de Thomas

    Précisions encore que :

    • En décembre 1945, des bergers ont découvert fortuitement une jarre, enfouie dans le sol, contenant treize codex en langue copte datant du 4ème siècle. Ils proviennent probablement d'un monastère pacômien, peut-être même de celui de Chenoboskion (où saint Pacôme commença sa vie érémitique) ou de celui de Pabau, située à 8 kilomètres du lieu de la découverte. Ces écrits ont un fort relent gnostique. L'ensemble, représentant environ 1 200 pages (voire même de simples fragments de page) est aujourd'hui connu comme la « bibliothèque de Nag Hammadi ».
    • Ces manuscrits anciens ont une grande importance pour la recherche biblique autour des textes du Nouveau Testament. Parmi eux, l'exemplaire le plus complet que l'on connaisse de l'Évangile selon Thomas a eu également un grand retentissement.
    • Ces codex (les plus anciens connus), contiennent une cinquantaine de traités en copte, traductions de textes écrits initialement en grec ancien. Ils datent vraisemblablement du 2ème siècle au 3ème siècle. La majorité sont des écrits dits « gnostiques », mais on trouve également trois textes de la tradition hermétique, dans la lignée du Corpus Hermeticum, et une traduction partielle de « La République» de Platon. La plupart de ces textes n'étaient pas connus par ailleurs, ou seulement de façon fragmentaire.
    • Le plus célèbre est sans doute « l'Évangile selon Thomas», dont la bibliothèque de Nag Hammadi contient le seul exemplaire complet.

    Ce « cinquième évangile » pourrait provenir d'un milieu syriaque ou palestinien, rédigé par une série de rédacteurs entre le 1er et le 2ème siècle. Certains chercheurs y ont détecté des éléments présynoptiques. Toutefois, ce point de vue ne fait pas l’unanimité. Il s'agit d'un recueil de sentences que l’on nomme « des logia » et qui, selon l’incipit du texte, auraient été prononcées par Jésus et transcrites par « Didyme Jude Thomas ».

    Précisons que le mot « incipit » désigne les premiers mots d'un texte, religieux ou non, chanté ou non. Selon la tradition des Hébreux reprise dans le christianisme, l'incipit donne son titre au document.

    Quelles sont les caractéristiques de l’évangile de Thomas ?

    1. Les historiens considèrent en général que « l'évangile selon Thomas » contient des éléments qui précédent l'écriture des évangiles synoptiques, même s'il a continué à être modifié par la suite, au moins autant que les autres textes chrétiens. La littérature ésotérisante insiste donc naturellement pour y voir un texte antérieur aux écrits néotestamentaires.

    Dans les premières années après sa découverte, l’évangile de Thomas a été classé dans les écrits gnostiques — à l’instar des autres traités de la collection de Nag Hammadi — caractérisés alors par le refus gnostique du monde.

    Certains chercheurs y ont vu une relecture gnostique des évangiles canoniques. On a ainsi affirmé que le deuxième logion de cet évangile, réputé comme résumant la démarche gnostique et invitant à la recherche et au doute, se trouvait aussi dans « l’évangile des Hébreux », totalement perdu, ou un évangile appelé « Traditions de Matthias », d'après les citations qu'en donnent les Pères de l’Église comme par exemple Clément d'Alexandrie (2ème siècle).

    Mais plusieurs chercheurs envisagent le texte comme issu d'une tradition indépendante, et la tendance actuelle de la recherche est d'envisager le document indépendamment du problème de ses sources.

    Suivant Claudio Gianotto, la rédaction de l’évangile de Thomas prend place dans un groupe judéo-chrétien qui, s'il reconnaît l’autorité de Jacques le Juste, est porteur d'un certain radicalisme propre au mouvement de Jésus de Nazareth de son vivant. À la différence des communautés judéo-chrétiennes perpétuant les pratiques juives dont il dénie la valeur salvifique (celle qui a trait au salut), l’auteur de l’évangile de Thomas propose une « ascèse abstentionniste radicale » qui affirme puiser ses origines dans un enseignement ésotérique de Jésus.

    Quoi qu'il en soit, le caractère gnostique du texte est désormais à relativiser : la définition du gnosticisme ne fait pas consensus et des critères de qualification dans ce sens font débat.

    Ainsi, April De Conick explique que le gnosticisme et l’évangile de Thomas partagent un riche héritage judaïco-hermétique dont ce dernier adopte certains schémas sotériologiques. Mais la chercheuse considère pour sa part qu'au-delà de ses influences judéo-chrétiennes, hermétiques, et encratites, le texte est marqué par le mysticisme juif qui explique son aspect ésotérique bien mieux qu'une influence gnostique. Elle argue également qu'un « usage » gnostique n'implique pas une « origine » gnostique : l’étude de l’influence de l’évangile de Thomas sur les systèmes gnostiques du 2ème siècle reste à faire.

    Précisons que l'encratisme est l'une des nombreuses appellations par lesquelles les hérésiologues de la « Grande Église » désignaient ce qui, selon eux, constituait une « déviance » de certains chrétiens, par rapport à l'attitude orthodoxe en cours de formation dans les premiers siècles de l'ère commune.

    Les chrétiens qui étaient désignés du nom péjoratif d'Encratites — du grec enkratis  signifiant continents — s’astreignaient ou prônaient un style de vie très ascétique.

    Une attitude présente dès la création du mouvement, aussi bien dans sa branche juive appelée mouvement nazôréen (notsrim en hébreu) avec comme tête de file le chef du mouvement, l'évêque de Jérusalem et « frère de Jésus », Jacques le Juste, mais aussi dans sa branche romaine, comme le montre tant les épîtres des apôtres, que les nombreux Actes des martyrs décrivant les chrétiens romains du  1er siècle.

    Cette attitude et ce positionnement, qui a joué un rôle important dans l'édification du mouvement, a été vivement combattue par les Pères de l'Église à partir de la moitié ou de la fin du 2ème siècle, qui associa souvent cette lutte à ce qu'ils appellent le docétisme puis à partir du 3ème siècle au gnosticisme et à l'ébionisme, trois autres « raisons sociales hérésiologique ».

    Précisons aussi que la sotériologie est un domaine de la théologie chrétienne qui étudie les différentes doctrines du salut.

    Le terme « sotériologie » provient des deux mots grecs (sôtêria, salut) et (logos, discours, science). Cette « théologie du salut » est indissociable du mystère de la rédemption, et par conséquent a partie liée avec les notions de péché et de grâce. De nombreux débats opposent les doctrines catholique et protestante, en particulier sur les concepts de justification et de prédestination.

    Cela crée des divisions à l'intérieur même des confessions. En théologie catholique, la question du « salut universel » n'est pas tranchée définitivement et fait toujours débat. Les protestants, pour leur part, sont divisés en plusieurs courants, chacun interprétant l'Écriture avec sa propre sensibilité; la question du salut ne fait pas exception et aucun consensus n'a été trouvé ni cherché.

    Dans la théologie catholique, la sotériologie est liée à la doctrine du péché originel. La sotériologie est l'un des champs de recherche de la christologie.

    2. La particularité du témoignage que nous a laissé Thomas est que, d’une part, il propose un nombre considérable de paroles, présentes également dans les évangiles canoniques, mais qu’il il nous confronte d’autre part à une perception religieuse différente de celle proposée par la croyance chrétienne. Le nouveau dont témoigne Jésus est foncièrement différent de l’ancien. Il est le vin nouveau, qui ne peut se garder dans de vieilles outres, le vêtement neuf qui ne nécessite aucune retouche à l’aide d’un vieux tissu, une approche religieuse inédite, qui n’a que faire d’une circoncision juive…

    Par une prise de conscience du lien intérieur et spirituel qui l’unit à sa Source de vie absolue - lien qu’il précise par l’image de la relation qui dans sa culture unissait un fils à son père - chaque être humain peut avoir accès à une perception religieuse plus conforme à la réalité. Car de ce Père nous sommes toutes et tous, au même titre que Jésus, les enfants. Le but de son témoignage aurait donc été de rendre chacun de ses frères et sœurs conscient de cette réalité spirituelle.

    Le problème auquel cet évangile nous confronte concerne donc l’interprétation de l’enseignement de Jésus. Le fait que son témoignage eut lieu il y a vingt siècles n’en facilite guère une juste appréciation aujourd’hui. Le fossé culturel qui nous sépare du monde juif d’antan ressemble en effet davantage à un gouffre. Car les croyances n’appartiennent plus aujourd’hui à une minuscule minorité d’êtres divinement choisis ! L’histoire passée et actuelle de ces croyances nous contraint en plus à apprécier leurs vérités comme un savoir humain, imprégné de toutes les limitations inhérentes à la nature humaine.

    Il en découle que l’approche que nous pouvons en faire ne peut être que foncièrement différente de celle des habitants de la Palestine d’antan. Le temps ne pourrait constituer un obstacle à la recherche d’une compréhension plus judicieuse de son témoignage.  

    3. La conscience religieuse universelle nous offre aujourd’hui l’opportunité d’aborder l’enseignement de Jésus, vieux de deux mille ans, par le biais d’une conscience libre et disponible. Cette disposition nous permet de transcender les vérités, les commandements et interdits, que des institutions religieuses se sont imposées à elles-mêmes ainsi qu’à leurs fidèles.

    L’évangile selon Thomas est appelé gnostiqueGnosis est un mot grec qui signifie connaissance. Définir la conception religieuse que représente la gnose n’est pas chose simple ! Le caractère gnostique de la plupart des manuscrits découverts à Nag Hammadi est en outre foncièrement différent de celui dans cet évangile. La gnose n’est pas l’impossible connaissance du divin mais la connaissance, engendrée par une expérience personnelle, du lien qui unit chaque être à sa Source absolue. Jésus précise en effet qu’une telle perception est à la portée de chaque être humain. Mais, comme toute expérience est dépendante de l’état de la conscience individuelle, il s’en suit qu’une démarche gnostique sera toujours évolutive, en fonction de l’évolution de cette conscience. La gnose ne pourra donc jamais être enseignée comme une vérité établie. La gnose est le fruit d’une démarche personnelle, indépendante, libérée de toute conviction d’autrui. 

    La gnose, ou la connaissance engendrée par une démarche de recherche personnelle, conduit à la reconnaissance de l’être humain en tant qu’expression temporelle d’un Être intemporel, en lequel réside la source de toutes ses facultés vitales. Les facultés de penser, d’éprouver des émotions, de percevoir par nos sens et d’agir librement nous parviennent à chaque instant de ce qui, comme une source, est continuellement donatrice.

    S’il est exact que l’Être absolu ne peut faire l’objet d’une connaissance humaine, il est tout aussi évident que Son expression en une réalité relative peut être connue par l’homme. Cette connaissance du monde phénoménal, est appelée science. Tout savoir exact, dans quelque domaine que ce soit, ne pourrait être en désaccord avec un autre savoir exact ! Une appréciation correcte des lois naturelles ne pourrait s’opposer à une juste démarche religieuse. Il importe toutefois d’être toujours conscient des limitations propres à tout savoir humain.

    L’expression de l’Être non-manifesté en une création manifestée a sa loi. La physique nucléaire nous apprend qu’à chaque instant se manifestent des vibrations, des ondes énergétiques, dont l’origine se situe dans un vide, appelé vacuum physique. Ces vibrations sont créatrices de matière. Ainsi apparaissent d’abord des particules élémentaires, qui s’harmonisent et forment des atomes. Ceux-ci s’harmonisent à leur tour pour créer des molécules qui, en se combinant entre elles, forment des structures de plus en plus complexes. Ainsi naissent nos cellules et la vie… La science nous apprend donc que, en provenance d’un vide, la vie se manifeste de façon continue par une expression coordonnée d’énergie et de matière, de synthèse et de dissolution. La principale propriété de la loi à l’origine de cette manifestation s’appelle harmonie.

    Un vide est sans valeur, car absence de toute chose. Un vide qui porte en soi la totalité du potentiel de la création est une merveille, qui dépasse tout entendement humain ! Pourtant, à ce vide-là chaque être est uni, car chaque atome de son corps y est enraciné.

    Ceci implique que chaque atome ou chaque cellule de notre corps est continuellement et spontanément à l’écoute d’une loi d’harmonie. Dans la prise de conscience d’une intégration individuelle à cette loi, qui constitue la cause même de notre existence, réside la finalité de notre vie : à l’exemple de la nature tout entière, transformer en harmonie toutes les facultés qui, par une source créatrice, sont mises à notre disposition.

    L’expression de l’harmonie dans nos pensées, qui engendre la faculté de discerner et de connaître, est appelée intelligence. L’expression de l’harmonie dans nos sentiments et nos émotions, qui se manifeste par la bonté, est appelée amour. Toute connaissance n’a de valeur que quand elle sert. L’amour n’a de valeur que quand il se donne. L’harmonie des deux est nécessaire pour réaliser une action juste. Dans un repos, le silence du vide à l’intérieur de soi, chaque être peut recevoir une inspiration lui permettant d’exprimer harmonieusement intelligence et amour. C’est cette inspiration qui lui révèle son unité spirituelle dans l’Être absolu.

    La réalité de notre vie ne correspond hélas plus à cette situation idéale, car l’homme à dédaigné la source de ses facultés. Dans le récit du livre de la Genèse, Adam – l’homme – trompé par le serpent – son savoir prétentieux – a usurpé du fruit de l’arbre de la connaissance – l’autorité propre au Créateur – dont il s’est accaparé. Le juste fruit d’une connaissance est autorité. L’abus d’une connaissance engendre le pouvoir… L’homme a abusé de l’autorité du Créateur pour en faire son pouvoir. Par ce geste il a rompu son intégration dans une loi d’harmonie. Ce conte symbolise ce qui fut et est toujours sa faute originelle, qui est péché d’orgueil : ce qui était un et devait le rester, l’homme a séparé ; il a fait le deux. Des perturbations, qui sont la conséquence de son acte, l’homme seul est responsable. Sa tâche consiste dès lors à rétablir en sa conscience une unité originelle.

    Dans l’évangile selon Thomas l’idée fondamentale est unité. Parce que la nature du lien qui nous unit à l’Être absolu est d’un ordre spirituel, le témoignage en est plus que délicat. Pour témoigner de sa conscience d’unité, Jésus fit donc appel à des images. Une image est un moyen dont la finalité est de révéler une réalité. Jamais pourtant le moyen et son but ne peuvent être confondus. Jamais l’image ne peut se substituer à la réalité qu’elle tente de dévoiler. La relation intime qui unissait jadis un fils à son père, image par laquelle Jésus tenta de visualiser le lien intérieur l’unissant à l’Être absolu, ne fut toutefois pas perçue comme une image mais comme une réalité. Il se présenta donc comme un fils de Dieu, ainsi l’image fut-elle perçue… Cette confusion devint la principale cause de sa crucifixion. Pour chaque auditeur de ses paroles dans cet évangile le défi sera donc de discerner correctement la connaissance cachée dans l’image et d’accéder à une perception plus judicieuse de la notion d’unité.

    Dans certaines présentations de cet évangile chaque logion ou parole de Jésus est suivi d’un commentaire. Le but de celui-ci est de permettre à tous ceux ou celles qui le désirent, d’accéder plus aisément au contenu non-conventionnel de son enseignement. Toutefois, comme toute interprétation découle directement de la conscience individuelle, il s’en suit que jamais une interprétation ne pourra être proposée, voir imposée, comme une vérité.

    Dans le contexte religieux la vérité ne peut qu’appartenir au prétentieux savoir humain, au venin du serpent biblique… C’est ce venin-là qui empoisonne depuis bien longtemps toute tentative de dialogue entre croyances.

    Une liberté mentale est la condition essentielle à toute connaissance humaine. Cette liberté nous offre l’opportunité de considérer Jésus comme un homme qui, tel que le Bouddha et bien d’autres encore, a un jour rendu témoignage de sa conscience religieuse. Son avènement donna lieu à la genèse d’une croyance nouvelle. Nous imaginons bien qu’une remise en question de l’interprétation de l’enseignement, qui fut à l’origine de la croyance chrétienne, peut toucher la susceptibilité de nombreux croyants. Pour cette sensibilité nous avons de la compréhension et du respect. Mais il n’y a pas de liberté sans responsabilité, et une connaissance n’a de valeur que lorsqu’elle est mise à disposition. Aucune connaissance, ressentie ou non comme dérangeante, ne pourrait altérer ni la liberté, ni la responsabilité d’autrui.

    Une approche correcte de la réalité religieuse se doit d’être universelle. Elle ne  repose pas sur une tradition culturelle limitée, mais sur la liberté propre à la conscience individuelle. Car seule cette liberté est universelle. Dans la recherche de réponses à des questions existentielles, chaque être se retrouve face à soi-même dans une nudité solitaire. À ce point les convictions d’autrui ne lui sont plus d’aucun secours ! Le défi que pose l’enseignement de Jésus à chaque personne, croyante ou non-croyante, est donc de témoigner d’une humilité décente par rapport à ses propres idées ou convictions. Cette condition est nécessaire à une écoute sereine, sans parti pris, et permet de s’engager sur la voie de la recherche d’une connaissance, dont a témoigné un homme voici deux mille ans. La question existentielle, qui nous concerne tous dans cette vie, n’est pas de savoir qui ou quoi pourrait bien être Dieu, mais plutôt : qui suis-je, être humain sur cette Terre, quelle est la raison d’être de ma vie, quelle en est la finalité ?

    Tout au long des 114 logia de cet évangile, les mêmes thèmes se réitèrent. L’essentiel du message se résume à quelques idées radicales, qui souvent donnent lieu à des images diversifiées. Il est par conséquent difficile d’éviter de se répéter !

    Conclusion provisoire en forme de synthèse

    1. Qu’est-ce que l’évangile de Thomas ?

    « L’évangile de Thomas » est un ensemble d’enseignements que certains attribuent à Jésus de Nazareth. Des parties des versions grecques du texte ont été trouvées à Oxyrhynchos, en Egypte à la fin des années 1800. Une version complète en Copte (une langue égyptienne dérivée de l’alphabet grec) a été retrouvée à Nag Hammadi, en Egypte en 1945. Le texte complet a été daté d’environ 340 après J.-C., alors que certains fragments grecs sont datés d’au moins 140 après J.-C.

    2. Qui l’a écrit l’évangile de Thomas ?

    Les érudits ne savent pas avec certitude qui a écrit l’évangile de Thomas. Les premières lignes du texte réfèrent à « Didymos Judas Thomas » en tant qu’auteur. Le mot « didymos » en grec signifie jumeau et le mot « thomas » en araméen aussi. Il apparaît que le nom de l’auteur était Judas et son surnom était « le jumeau » (utilisé en deux langages). Les Évangiles canoniques de la Sainte Bible mentionnent un homme nommé Thomas que Jean appelait « didymos thomas ». Remarquons que, dans le Nouveau Testament, plusieurs personnes autres que le bien connu Judas Iscariot s’appellent aussi Thomas, et qu’on n’y mentionne pas de Judas dont le surnom était Thomas, « le jumeau ».

    3. Que nous dit l’évangile de Thomas ?

    L’évangile de Thomas déclare que le Royaume de Dieu existe sur terre actuellement si les gens veulent bien ouvrir les yeux. La « lumière divine » en chacun de nous nous permet de voir le Royaume de Dieu dans notre environnement physique. L’Image de Dieu au début de la création (Genèse 1) existe toujours aujourd’hui. Nous pouvons imaginer toujours cette Image qui est différente de l’Image de l’homme déchu (Adam) en Genèse 2.

    L’évangile de Thomas révèle que l’humanité peut et devrait restaurer son identité selon l’image de Dieu sur terre aujourd’hui. Ce texte traite des deux premiers chapitres de « Genèse » d’une façon non traditionnelle. Il présume qu’il y avait deux créations d’humanité, la première était parfaite et la seconde était défaillante. Plutôt que d’attendre que dans le futur un Royaume des temps de la fin ne revienne, l’auteur de ce livre exhorte les gens à retourner, aujourd’hui, aux conditions parfaites du Royaume de Genèse 1.

    4. Pourquoi l’évangile de Thomas ne fait-il pas partie de la Bible ?

    L’évangile de Thomas est considéré comme « gnostique » à l’origine et par beaucoup de chrétiens fondamentaux et c’est peut-être la raison pour laquelle ce livre a été tenu à l’écart des canons de la Sainte Bible. Était-il seulement connu des premiers chrétiens ?

    Généralement les gnostiques considèrent que le salut de l’âme vient d’une connaissance quasi-intuitive des mystères de l’univers et de formules secrètes faisant référence à cette connaissance.

    Comme les chrétiens considèrent la Bible comme un ensemble inspiré de façon supra-naturelle des paroles de Dieu aux humains, complètement intégré en pensée et doctrine, il ne peut y avoir de « livre perdu » de la Bible avec des secrets spéciaux pour les sages. Même d’un point de vue non surnaturel, si la Bible que nous avons lue pendant les 2000 dernières années reflète les croyances des chrétiens à l’origine, alors tout texte qui fut rejeté au départ, supprimé ou « perdu » n’est pas un livre de la Bible chrétienne par définition.

    Une église qui ajoute l’évangile de Thomas aux Écritures sortirait des lignes du christianisme fondamentaliste, et nous ne connaissons aucune dénomination établie qui le fasse ou qui devrait le faire.

    Recherche effectuée par le Frère André B.

    Sitographie

    http://volte-espace.fr/levangile-de-thomas-le-royaume-interieur-francois-de-borman/

    http://www.universdelabible.net/la-bible/une-bibliotheque/pourquoi-quatre-evangiles

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89vangile_selon_Thomas

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Nag_Hammadi

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Papyrus_d%27Oxyrhynque

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Biblioth%C3%A8que_de_Nag_Hammadi

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Encratisme

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Sot%C3%A9riologie

    http://www.evangilethomas-pmestdagh.be/Evangile%20selon%20Thomas.htm


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