• * 05 - Jean, un Evangéliste "à part"

    Jean, un Évangéliste à part - Pourquoi ?

    Les Chevaliers de l’Ordre du Temple de Jérusalem, membres du Grand Prieuré Traditionnel et Régulier de Belgique, exercent une dévotion particulière à l’égard de Jean l’Évangéliste car il en est un des protecteurs spirituels.

     * Jean, un Evangéliste "à part". Pourquoi ?

    Jean l'Evangéliste - Tableau de Le Corrège

    La tradition chrétienne attribue l'Évangile de Jean  à l'apôtre Jean. Elle identifie l'apôtre au « disciple bien aimé » ou au « Disciple que Jésus aimait ». La tradition chrétienne lui attribue également trois épîtres, ainsi que l'Apocalypse, dont l'auteur s’y présente comme ayant reçu une vision de Jésus-Christ dans l'île de Patmos. Cet ensemble d'écrits constitue ce qu'il est convenu d'appeler le « corpus johannique », un ensemble de cinq textes du Nouveau Testament que la tradition chrétienne attribue à Jean depuis l'Antiquité, étant entendu qu'il s'agit plus que vraisemblablement d'une œuvre collective rédigée par une communauté.

    Certains historiens modernes lui contestent cette paternité en assimilant l'auteur de l'Évangile dit « selon Jean » à Jean le Presbytre (l'Ancien), et non à l'apôtre Jean.  Pour ne pas entrer dans des controverses et des polémiques contre productives, je fais appel à l'argumentaire d'un éminent bibliste et exégète, le Père Yves Marie Blanchard : ''Jean, un auteur contesté''.

     * Jean, un Evangéliste "à part". Pourquoi ?

    Yves Marie Blanchard est un spécialiste de l'Évangile selon Saint-Jean et un œcuméniste convaincant et convaincu. Le raisonnement du Père Blanchard  permet de prendre de la hauteur par rapport aux considérations purement historiques :

    « L’analyse historique, si attentive à la lettre, a détaché d’abord, pour des raisons de critique interne, l’Apocalypse du reste du corpus. Puis, elle a distingué entre la première épître et les deux autres. Enfin, elle a nié le lien traditionnel entre le fils de Zébédée et le « Disciple que Jésus aimait » qui se revendique auteur de l’évangile. Ce faisant, elle nous a rendus sensibles à la diversité des écritures, au lent processus rédactionnel qui aboutit aux textes actuels, aux contextes de leur élaboration et à la vie des communautés qui les ont portés. »

    Selon le Père Blanchard, donc, cette « géguerre » entre historiens n'est en fin de compte pas ce qu'il y a de plus important.

    Yves-Marie Blanchard insiste tout d'abord sur l’unité du corpus johannique. Son analyse concerne en particulier les communautés chrétiennes d’Asie Mineure qui, d’une manière ou d’une autre, se sont référées au « Disciple que Jésus aimait ».

    Mieux, croisant la méthode historique et l’analyse narrative, le Père Blanchard s’intéresse, dans chaque écrit, à ce que dit la « voix » du narrateur.

    La personnalité historique des auteurs compte peu aux yeux du Père Blanchard. Mais, dans l’écoute de la « voix narrative », apparaît un jeu subtil de présence et d’autorité entre le « je » qui raconte ou argumente, le « nous » de la communauté chrétienne et le « il » de la parole première, celle de Jésus-Christ.

    Au terme de l'analyse, la question du disciple ne se pose plus à propos de ceux qui ont vu autrefois le salut de Dieu, mais à propos de ceux qui le lisent aujourd’hui, dans les écrits johanniques et dans la vie de tous les jours. Le Père Yves-Marie Blanchard présente une argumentation serrée mais convaincante.

    Ce qui est essentiel ici, c'est de ne pas confondre le « disciple que Jésus aimait » avec le personnage historique de Jean, car le quatrième Évangile est un texte profondément symbolique, au sens fort, c'est-à-dire qu'il relie Dieu et l'humanité. A cet égard l'Évangile de Jean se présente comme un évangile théologique et anthropologique, qui nous parle de Dieu et de l'être humain. Sous un autre angle, l'Évangile selon Saint-Jean est aussi un évangile poétique. Il ne raconte pas la naissance de Jésus. La mère de Jésus apparaît pour la première fois aux noces de Cana et tout à la fin au pied de la Croix. Elle n'est jamais appelée par son nom mais par « la mère ». C'est d'ailleurs le seul des quatre évangiles qui la situe, avec Marie-Madeleine et le disciple bien-aimé, au pied de la Croix.

    L'écrivain l'appelle « la mère » pour insister non pas sur le personnage historique, mais sur sa fonction théologique, poétique et symbolique.

    De même, peu importe qui était « le disciple bien-aimé », il est notre ancêtre dans la foi. Relevons au passage la force de cette citation prononcée par le Père Gérard Billon, président de l'Alliance Biblique française.

     * Jean, un Evangéliste "à part". Pourquoi ?

    Pour le Père Billon, La Bible est le témoignage de l'amitié de Dieu pour le peuple humain.

    Jean, un apôtre atypique devenu le fils de Marie

    N.B. Notre blog vous propose une description exhaustive de Jean l'Évangéliste, personnalité riche et contrastée, et de son côté atypique. Lien direct avec le premier dossier consacré à saint Jean l'Évangéliste.

    En ce qui me concerne, je me contenterai – très modestement – de mettre en exergue un aspect de la personnalité de Jean qui m'a fortement interpellé, à savoir comment Jean est devenu le fils de Marie.

    Fils de Zébédée et frère de Jacques, surnommé « le fils du tonnerre » en raison de son tempérament ardent et destructeur comme un orage, Jean est le seul des Douze qui ait été présent au pied de la Croix.

    Le moins qu'on puisse dire, c'est que Jean a eu un destin extraordinaire. Tentons de l'expliquer.

    La nature du secret de saint Jean est à chercher dans le fait qu'il a été confié comme fils à la Vierge Marie et qu'ils se retrouvèrent ensemble pendant sans doute une vingtaine d'années !

    Mis en perspective, les grâces et les privilèges que saint Jean a reçus nous éclairent sur la qualité d' « aigle » que la Tradition reconnaît en lui (« aigle »  en raison notamment de l'acuité de son intelligence spirituelle).

     * Jean, un Evangéliste "à part". Pourquoi ?

    Jean a d'abord été disciple de Jean-Baptiste, puis disciple de Jésus pendant 3 ans. Ensuite, il a passé une vingtaine d'années seul avec la Vierge Marie, ce qui l'aida à mûrir cet évangile et à lui insuffler clairvoyance et précision. Ensuite, pendant 40 ans, Jean va enseigner oralement l'évangile avant de recevoir la grande révélation de l'Apocalypse. Une révélation qui donnera une vision plus aiguisée du mystère du Christ à travers la méditation de l'Incarnation, méditation que saint Jean creusa pendant de longues années avec la Vierge Marie.

    Le Pape Jean Paul II a très souvent insisté sur ce moment si important où Jésus va confier à sa Mère ce disciple qu'il aimait et qui l'aimait tellement, et dans lequel chaque disciple du Christ est invité à se reconnaître : « Le nom du disciple était Jean ».

     * Jean, un Evangéliste "à part". Pourquoi ?

    C'est précisément lui, Jean, fils de Zébédée, apôtre et évangéliste, qui entendit les paroles du Christ venant du haut de la Croix : « Voici ta mère ».

    Auparavant, le Christ avait dit à sa Mère : « Femme, voici ton Fils ». C'était là un testament admirable.

    En quittant ce monde, le Christ donna donc à la Mère un homme qui serait pour elle comme un fils : Jean.

    Il le lui confia. Et à la suite de ce don, Marie devint la mère de Jean. La mère de Dieu est devenue la mère de l'homme.

    Par la volonté du Christ, Jean est donc devenu le fils de la Mère de Dieu. Quoi de plus extraordinaire que ce destin !

    Pour plus de détails sur ce sujet, veuillez consulter : Au pied de la Croix (1)

    Jean, l'apôtre de l'amour

     * Jean, un Evangéliste "à part". Pourquoi ?

    Jean a eu un destin extraordinaire comme fils de la Mère, mais encore comme « préféré de Jésus ».

    J'en veux comme preuve supplémentaire le fait que, lors du repas de la Cène, Jésus invite Jean à se pencher sur sa poitrine. Par ce geste exceptionnel, Jésus tient à lui transmettre tout l’Amour débordant de son Divin Cœur.

    Jean, le plus pur de tous les apôtres, fut pressé par Pierre de demander secrètement à Jésus qui le livrerait aux mains des juifs. C’est Jésus qui demanda à Jean de s’incliner sur sa poitrine pour lui révéler le nom de celui d’entre eux qui le trahirait.

    Conclusion provisoire : la postérité de Jean

    Jésus a confié Jean à la Vierge Marie pour qu'il soit comme son fils. La Vierge obéissante va lui faire vivre à Ephèse ce que Jésus a vécu à Nazareth, en le faisant grandir de la même manière. La « Maison de Marie » à Ephèse préfigure en quelque sorte le premier monastère dans lequel Jean va prendre le temps d'approfondir puissamment le mystère du Christ, en compagnie de Marie, dans une vie de silence, de prière et de contemplation.

     * Jean, un Evangéliste "à part". Pourquoi ?

    Ce temps aura une immense postérité dans l'Eglise des religieux et religieuses, centrée sur la vie de prières, la contemplation et l'approfondissement du mystère du Christ, loin du monde, dans le silence d'une vie cachée comme l'écho de ce qu'ont vécu Marie et Jean.

    Recherches effectuées par le Frère Freddy D.

    pour le séminaire du 16 novembre 2018 à la Commanderie de St Léger

    Sitographie :

    https://www.bible-service.net/extranet/pages/716.html

    https://africa.la-croix.com/le-pere-gerard-billon-a-la-tete-de-lalliance-biblique-francaise/

    https://www.laprocure.com/biographies/Billon-G%C3%A9rard/0-1381315.html

    https://www.laprocure.com/biographies/Blanchard-Yves-Marie/0-1184807.html


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