• 200820 - Liturgie du jeudi 20 août 2020 – Parchemin 07

    Saint Bernard de Clairvaux

    Abbé et docteur de l'Église

    Liturgie du jeudi de la 20ème semaine du Temps Ordinaire

    * 07 - Saint-Bernard de Clairvaux 20 08 20

    Brève biographie

    Bernard naît en 1090. Il entre en 1112 au monastère de Cîteaux. En 1114, ses supérieurs lui confient la fondation d’une nouvelle abbaye, celle de Clairvaux, qu’il va gouverner jusqu’à sa mort. Il restaure l’unité de l’Église et est le médiateur entre la Papauté et l’Empire. Il contribue à l’extension de l’ordre cistercien par la construction de nombreuses abbayes filles de Clairvaux. A sa mort en 1153, le monastère compte 700 moines, et 160 filles relèvent de Clairvaux. Il est canonisé le 18 janvier 1174.

    La Croix – Questions de vie – Questions de foi

    Saint Bernard de Clairvaux, la conversion du désir

    En 1112, Bernard de Fontaines (1090-1153) entre au Nouveau Monastère de Cîteaux (Côte-d’Or). L’enthousiasme de ce jeune homme de 22 ans a entraîné à sa suite frères, cousins et amis dans l’aventure cistercienne. Pour les moines de Cîteaux, ce souffle nouveau marque l’éclosion de la plante qu’ils avaient laborieusement semée et arrosée depuis 1098. Elle ne cessera dès lors d’étendre ses rameaux dans l’Église. De cette expansion, saint Bernard est regardé comme la figure de proue. Sa forte personnalité, sa doctrine spirituelle toute de feu, son charisme de guide ont fait de lui le conseiller des grands de son époque. Il reste aujourd’hui pour tous un guide éclairé sur les chemins de Dieu.

    Une moniale de l'Abbaye de Rieunette

    Ne manquez pas de consulter notre dossier :

    «  Saint Bernard de Clairvaux »

    (6 parchemins à découvrir ou à relire !)

    * 07 - Saint-Bernard de Clairvaux 20 08 20

    1ère lecture : « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous mon esprit »

    Lecture du livre du prophète Ézéchiel (Ez 36, 23-28)

    Voici les paroles que dit le Seigneur : « Je sanctifierai mon grand nom, profané parmi les nations, mon nom que vous avez profané au milieu d’elles.

    Alors les nations sauront que Je suis le Seigneur – oracle du Seigneur Dieu – quand par vous je manifesterai ma sainteté à leurs yeux.

    Je vous prendrai du milieu des nations, je vous rassemblerai de tous les pays, je vous conduirai dans votre terre.

    Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; de toutes vos souillures, de toutes vos idoles, je vous purifierai.

    Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau.

    J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair.

    Je mettrai en vous mon esprit, je ferai que vous marchiez selon mes lois, que vous gardiez mes préceptes et leur soyez fidèles.

    Vous habiterez le pays que j’ai donné à vos pères : vous, vous serez mon peuple, et moi, je serai votre Dieu ».

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * 07 - Saint-Bernard de Clairvaux 20 08 20

    Ézéchiel parmi les déportés du Kébar (P Comestor Bible historiale) – Jean Bondol

    Commentaire 1 a :

    Comment ne pas penser aujourd’hui, à lire ce beau passage d’Ezéchiel, à ces chrétiens et ces Yazidis d’Irak qui ont été brutalement chassés de leurs terres séculaires, et qui errent dans des camps de fortune, ayant tout perdu, ne pouvant plus imaginer leur avenir ? N’est-ce pas le Nom de Dieu qui est aussi profané dans ces contrées où s’est installée une violence meurtrière ?

    La Parole de Dieu est vérité.

    Puisse-t-elle s’accomplir pour nos frères et sœurs en humanité de là-bas, ceux qui fuient comme ceux qui pourchassent ! Que le Seigneur ramène les exilés sur leur terre, et donne à tous un cœur et un esprit nouveaux !

    Commentaire de Véronique Belen publié le 21 août 2014 dans "Méditations bibliques"

    * 07 - Saint-Bernard de Clairvaux 20 08 20

    Commentaire 1 b :

    Je vous donnerai un cœur nouveau (26). Beaucoup pensent qu’il est impossible de changer le cœur de l’homme. Certains l’acceptent tel qu’il est et préfèrent ne pas voir la médiocrité et le péché. D’autres deviennent amers envers tout et contre tous. Mais le « cœur nouveau » est précisément ce que Dieu promet dans ce texte, proche de Jérémie 31 31 et d’Ézéchiel 11 19.

    L’expérience du peuple juif a montré que les hommes sont faibles et incapables d’observer les commandements. Mais si Dieu se révèle lui-même et communique son propre esprit à ceux qu’il a fait entrer chez lui, ne pourra-t-il pas les renouveler en profondeur ?

    C’est là que se situe la vraie conversion. Nous comprenons que se convertir, c’est revenir à Dieu après s’être éloigné de lui. Mais la vraie conversion est celle qui se produit dans le cœur, c’est-à-dire au plus profond de l’homme, et qui ensuite renouvelle la mentalité et les attitudes. Cette conversion ne peut venir que de Dieu : il convertit les personnes en les aimant, en les attirant, en leur donnant son Esprit : J’enlèverai votre cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Ce sera la Nouvelle Alliance.

    Commentaire de la Bible des Peuples

    * 07 - Saint-Bernard de Clairvaux 20 08 20

    Psaume : Ps 50 (51), 12-13, 14-15, 18-19

    R/ Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés (Cf. Ez 36, 25).

    Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. Ne me chasse pas loin de ta face, ne me reprends pas ton esprit saint.

    Rends-moi la joie d’être sauvé ; que l’esprit généreux me soutienne.

    Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ; vers toi, reviendront les égarés.

    Si j’offre un sacrifice, tu n’en veux pas, tu n’acceptes pas d’holocauste.

    Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé.

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * 07 - Saint-Bernard de Clairvaux 20 08 20

    Commentaire 2 :

    La dernière phrase de ce psaume peut prêter à d'abominables contresens : « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé ». Dieu pourrait-il se réjouir de voir des cœurs brisés ? Comment concilier cette formule avec d'autres phrases de la Bible ? Par exemple, dans le livre de l'Exode, Dieu se définit lui-même comme le « Dieu miséricordieux et bienveillant, lent à la colère, plein de fidélité et de loyauté » (et cette formule, on la retrouve telle quelle dans plusieurs psaumes, par ex. Ps 86, 15). Ou encore toutes les affirmations que Dieu est Père et qu'il est amour et pardon... Et ces affirmations, on les trouve dès l'Ancien Testament car on n'a pas attendu le Nouveau Testament pour découvrir que Dieu est Amour.

    Il ne s'agit donc pas d'imaginer que Dieu pourrait trouver une quelconque satisfaction à nous voir souffrir. Penser une chose pareille, c'est lui faire injure : nous qui sommes des parents bien imparfaits, nous ne supportons pas de voir souffrir nos enfants... comment imaginer que le Père par excellence pourrait y prendre plaisir... et si une telle idée nous choque, si j'ose dire, c'est tant mieux !

    Et pourtant elle est bien là cette phrase « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé ». En fait, l'expression « cœur brisé » ne veut pas dire ce que nous croyons : il faut savoir qu'elle n'a pas été inventée par l'auteur du psaume. On ne peut pas dire exactement quand le psaume 50/51 a été écrit mais il est certain que ses derniers versets au moins ont été écrits très tard, après l'Exil à Babylone. La preuve, c'est qu'ils parlent de la destruction de Jérusalem par Nabuchodonosor et prient pour sa reconstruction, ce qui, évidemment, n'était pas le souci de David !

    Voici les derniers versets : « Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem ». Nous sommes donc après le retour de l'Exil à Babylone. Or c'est pendant l'Exil que le prophète Ézéchiel a développé l'expression « cœur de pierre, cœur de chair »... C'est au chapitre 36 d'Ézéchiel : « Je vous donnerai un cœur neuf et je mettrai en vous un esprit neuf ; j'enlèverai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair » (Ez 36, 26).

    L'auteur de ce psaume reprend l'image d'Ézéchiel : ce qu'il appelle un « cœur brisé », c'est le cœur de chair qui apparaît quand notre cœur de pierre, notre carapace, est enfin brisé. Un peu comme la coque dure de l'amande, quand on la casse, laisse apparaître l'amande elle-même qui est bonne. Dans le même sens, Jésus, à son tour, employait l'expression « doux et humble de cœur » : cela se traduit dans notre relation à Dieu et dans notre relation aux autres. Dans notre relation à Dieu, le cœur de chair, c'est tout le contraire des nuques raides dont parlait Moïse pendant l'Exode (voir supra la première lecture). Dans notre relation aux autres, le cœur brisé, ou le cœur de chair, c'est celui qui est compatissant et miséricordieux, un cœur tendre, aimant.

    Si l'image « cœur de pierre, cœur de chair, cœur brisé » est nouvelle, l'affirmation que le sacrifice est avant tout affaire de cœur, elle, ne l'est pas. Car, si la Loi prévoyait bien des sacrifices d'action de grâce, les prophètes étaient depuis bien longtemps passés par là pour critiquer violemment l'attitude un peu facile qui consiste à offrir des sacrifices au Temple sans changer son cœur. C'est Isaïe, par exemple, qui disait de la part de Dieu : « Ce peuple m'honore des lèvres mais son cœur est loin de moi » (Is 29, 13). Et Osée : « C'est la miséricorde que je veux et non les sacrifices »... Ou encore Michée qui s'adressait justement à des gens qui cherchaient à plaire à Dieu et se demandaient quelle sorte de sacrifice Dieu préfère, des veaux, des béliers ou encore de l'huile? : « Avec quoi me présenter devant le Seigneur ?... Me présenterai-je devant lui avec des holocaustes ? Avec des veaux d'un an ? Le Seigneur voudra-t-il des milliers de béliers ? Des quantités de torrents d'huile ? Donnerai-je mon premier-né pour prix de ma révolte ? Et l'enfant de ma chair pour mon propre péché ? » Rien de tout cela, répondait Michée, dans une phrase superbe : « On t'a fait savoir, ô homme, ce qui est bien, ce que le Seigneur exige de toi : rien d'autre que respecter le droit, aimer la fidélité et t'appliquer à marcher avec ton Dieu » (Mi 6, 6-8).

    Visiblement, l'auteur du psaume 50/51 a retenu la leçon des prophètes. Et il la dédie au peuple qui se rend au Temple de Jérusalem pour une célébration pénitentielle, et qui, lui aussi, se demande ce qui pourrait plaire à Dieu. Pour célébrer le pardon de Dieu, le peuple se compare au roi David : lui aussi avait péché et pourtant il était le roi, il avait tout reçu de Dieu, il lui devait tout, lui le petit berger de rien du tout, choisi, protégé, comblé par Dieu... (Vous vous souvenez de ce qu'on appelle le péché de David : c'est l'histoire de la trop belle Bethsabée que David avait aperçue par la fenêtre. Il l'avait fait venir au palais en l'absence du mari. Un peu plus tard, quand il avait appris que Bethsabée attendait un enfant de lui, David s'était arrangé pour faire tuer le mari gênant, pour pouvoir épouser Bethsabée et reconnaître l'enfant)... Après sa faute, David, rappelé à l'ordre par le prophète Nathan, est resté célèbre pour son repentir.

    A son tour, le peuple, qui, lui aussi, doit tout à Dieu, se reconnaît pécheur et annonce la miséricorde de Dieu. Et il veut rendre grâce... et c'est là qu'il se demande quelle est la meilleure manière de rendre grâce. Qu'est-ce qui plaît à Dieu ? C'est là que le psaume répond : « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé ». La leçon est magnifique et encourageante : plaire à Dieu, au fond, c'est bien facile : il suffit d'aimer.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    * 07 - Saint-Bernard de Clairvaux 20 08 20

    Epître : Une sagesse de vie dans le Christ

    Lettre de saint Paul aux Philippiens (4, 12-14. 19-20)

    Frères, je sais vivre de peu, je sais aussi avoir tout ce qu’il me faut.

    Etre rassasié et avoir faim, avoir tout ce qu’il me faut et manquer de tout, j’ai appris cela de toutes les façons. Je peux tout supporter avec celui qui me donne la force. Cependant, vous avez bien fait de m’aider tous ensemble quand j’étais dans la gêne. Et mon Dieu subviendra magnifiquement à tous vos besoins selon sa richesse dans le Christ Jésus.

    Gloire à Dieu notre Père pour les siècles des siècles. Amen.

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * 07 - Saint-Bernard de Clairvaux 20 08 20

    Commentaire 3 a :

    Paul termine sa lettre à ses Philippiens. Je sais vivre de peu, je sais aussi être dans l'abondance. Paul dit avoir appris tout cela par expérience : j'ai été formé à tout et pour tout. Richesse et pauvreté, nourriture et faim, être muni de tout le nécessaire ou en manquer… Mais ce n'est pas pour lui sagesse purement humaine, philosophie de la vie. C'est autre chose.

    Je peux tout en celui qui me donne la force, voilà le secret de Paul. Il s'agit bien évidement de Jésus-Christ. Paul se sait En Christ, ce « En Christ » qui émaille très souvent les écrits de l'apôtre. Ce n'est pas une formule devenue banale à force d'être répétée, c'est la source de la vie de Paul, c'est son ancrage. Ce chant : Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ (Galates 3,27). Dimanche dernier : Ne vous inquiétez de rien, mais en toute circonstance, priez et suppliez...

    Vous avez bien fait de vous montrer solidaires. La communauté de Philippes est venue en aide à Paul, et celui-ci tient à les en remercier. Dans les 4 versets non cités au milieu de la lecture dominicale, Paul, en prison à ce moment-là, rappelle l'aide en argent reçue des fidèles de Philippes, comme une offrande d’agréable odeur, un sacrifice digne d’être accepté et de plaire à Dieu. Paul est à l'aise avec l'argent comme avec la pauvreté, à l'aise avec les dons reçus comme avec ce qu'il donne. Cette sagesse découle d'une vie communautaire en Christ. Les chrétiens de Philippes ont bien intégré ce que l'apôtre écrit aux chrétiens de Rome : nous formons un seul corps en Christ et nous sommes tous membres les uns des autres (Rm 12,5).

    Mon Dieu comblera tous vos besoins selon sa richesse, magnifiquement, dans le Christ Jésus. La prière d'offrande à la messe : « Tu es béni, Seigneur Dieu de l'univers, toi qui nous donnes ce pain et ce vin, fruits de la terre et de la vigne, et du travail des hommes… ». Tous ces biens sont des dons de Dieu. Nous n'en sommes que les gestionnaires. Que les riches mettent leur espérance non pas dans des richesses incertaines, mais en Dieu qui nous procure tout en abondance pour que nous en profitions (1 Timothée 6,17). Il écrit ailleurs avec sagesse : Il ne s’agit pas de vous mettre dans la gêne en soulageant les autres, il s’agit d’égalité. Dans la circonstance présente, ce que vous avez en abondance comblera leurs besoins, afin que, réciproquement, ce qu’ils ont en abondance puisse combler vos besoins, et cela fera l’égalité (2 Corinthiens 8,13-14).

    Et moi, comment suis-je touché par ce texte ? J'ai à le relire comme s'adressant à moi, comme écrit pour moi. L'argent ou le manque d'argent, ou ceci ou cela. Dans tel ou tel secteur de ma vie… Si je me sens interrogé, c'est par grâce de Dieu.

    Ma lecture et ma réflexion, je les transforme en prière en Christ… La première lecture me présente, sous des images, le Seigneur pourvoyant à tout pour son peuple : En lui nous espérions, et il nous a sauvés. Le psaume : Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien… L'Évangile : le Seigneur invite plus largement que prévu aux noces… J'y ai ma place, avec mes pauvretés et avec mes richesses.

    Commentaire de Paul C. de la Paroisse Colomiers, publié le 12 octobre 2017

    * 07 - Saint-Bernard de Clairvaux 20 08 20

    Commentaire 3 b :

    C’est depuis sa prison, probablement à Ephèse, vers l’an 50, que Paul écrit aux chrétiens de Philippes. Ils viennent de lui envoyer une aide financière par l’intermédiaire d’un certain Épaphrodite. Et Paul les en remercie. Cela nous vaut une superbe réflexion sur l’usage des biens de ce monde : « Je sais vivre de peu, je sais aussi avoir tout ce qu’il me faut. Etre rassasié et avoir faim, avoir tout ce qu’il me faut et manquer de tout… » Et Paul parle d’expérience puisqu’il ajoute : « J’ai appris cela de toutes les façons ». Et il fait même ici allusion à un vrai problème d’argent « Vous avez bien fait de m’aider tous ensemble quand j’étais dans la gêne ».

    Il y a là une leçon de liberté par rapport aux biens matériels. Ce n’est pas de la philosophie, ce n’est pas du stoïcisme, puisqu’il ajoute « Je peux tout supporter avec celui qui me donne la force (sous-entendu le Christ) ».

    En même temps, Paul n’a ni fausse honte pour accepter une aide bienvenue, ni fausse pudeur pour parler d’argent. La vraie liberté par rapport à l’argent ne consiste pas à faire semblant de ne pas en avoir besoin ou envie. Il serait indécent vis-à-vis de tous les pauvres de la terre d’afficher de l’indifférence pour les biens matériels, quand on a la chance de ne pas en manquer.

    Si on regarde bien, la Bible propose tout un enseignement sur l’usage des richesses. On peut retenir trois points principaux :

    • Premièrement, les richesses sont une chance, elles méritent bien leur nom de « richesses ».
    • Deuxièmement, elles peuvent aussi devenir un risque, une « pauvreté ».
    • Troisièmement, contrairement aux apparences, nous ne sommes pas propriétaires de nos richesses, nous en sommes intendants.

    Les richesses sont une chance

    • Premièrement, les richesses sont une chance, elles méritent bien leur nom de « richesses ». Aucun auteur biblique n’a jamais dit que les richesses étaient mauvaises en elles-mêmes : bien au contraire puisque la prospérité est reconnue comme un don de Dieu. Comme le dit Qohélet (l’Ecclésiaste) : « Tout homme à qui Dieu donne richesse et ressources et à qui il a laissé la faculté d’en manger, d’en prendre sa part et de jouir de son travail, c’est là un don de Dieu » (Qo 5, 18).

    Les richesses sont aussi un risque

    • Deuxièmement, elles peuvent aussi devenir un risque, une « pauvreté »… et cela de deux manières : d’abord la richesse amassée pour elle-même devient un esclavage. « Nul ne peut avoir deux maîtres », on le sait bien. Et si la Bible fustige ceux qui accumulent des biens matériels, c’est d’abord parce qu’ils y perdent leur liberté. Par exemple, le livre du Deutéronome dit du roi : « Il ne devra pas posséder un grand nombre de chevaux… il ne devra pas non plus avoir un grand nombre de femmes et dévoyer son cœur. Quant à l’argent et à l’or, il ne devra pas en avoir trop » (Dt 17, 16-17). C’est Salomon qui est visé, lui, dont le livre des Rois racontait « Le roi Salomon fit qu’à Jérusalem l’argent était aussi abondant que les pierres et les cèdres aussi nombreux que les sycomores du Bas Pays » (1 Rois 10, 27). On trouve chez tous les prophètes une croisade contre l’accumulation des richesses quand elles deviennent un but en elles-mêmes.

    D’autre part, la richesse accumulée par les uns engendre la pauvreté des autres et cela on le sait bien. Il suffit de lire les diatribes du prophète Amos par exemple : « Écoutez ceci, vous qui vous acharnez sur le pauvre pour anéantir les humbles du pays… » (Am 8, 5) ou celles d’Isaïe « Malheur ! Ceux-ci joignent maison à maison, champ à champ, jusqu’à prendre toute la place et à demeurer seuls au milieu du pays » (Is 5, 8).

    Nous sommes seulement intendants de nos richesses

    • Enfin, troisièmement, contrairement aux apparences, nous ne sommes pas propriétaires de nos richesses, nous en sommes intendants pour nous-mêmes et pour les autres. C’est le sens du geste d’offrande que nous faisons à chaque célébration de l’Eucharistie : nous apportons le pain et le vin qui symbolisent toutes les richesses de la terre et tout le travail humain : nous ne les donnons pas à Dieu… au contraire, nous reconnaissons qu’ils lui appartiennent déjà et qu’il nous les a confiés pour le bonheur de tous les hommes : « Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes… ». Peu à peu, ce geste répété nous fait entrevoir le mystère du plan de Dieu : ces biens reconnus comme ne nous appartenant pas, nous pourrons les partager et c’est ainsi que pourra s’instaurer le royaume de justice.

    Dans la Lettre à Timothée, Paul fait en quelque sorte la synthèse de tout cet enseignement biblique : « Aux riches de ce monde-ci, ordonne de ne pas mettre leur espoir dans une richesse incertaine, mais en Dieu, lui qui nous dispense tous les biens en abondance, pour que nous en jouissions. Qu’ils fassent le bien, s’enrichissent de belles œuvres, donnent avec largesse, partagent avec les autres. Ainsi amasseront-ils pour eux-mêmes un beau et solide trésor pour l’avenir afin d’obtenir la vie véritable » (1 Tm 6, 17).

    Au fond, il nous est simplement demandé d’être des serviteurs fidèles et avisés, comme dit Saint Matthieu : « Quel est donc le serviteur fidèle et avisé que le maître a établi sur les gens de sa maison pour leur donner la nourriture en temps voulu ? Heureux ce serviteur que ce maître trouvera en train de faire ce travail. En vérité je vous le déclare, il l’établira sur tous ses biens » (Mt 24, 45).

    Compléments à Phi 4

    - On trouve chez tous les prophètes une croisade contre l’accumulation des richesses, par exemple Zacharie : « Tyr s’est construit une forteresse, elle a accumulé de l’argent, épais comme la poussière et de l’or comme la boue des rues, mais voici que le Seigneur s’en emparera, il abattra son rempart dans la mer, et elle-même, le feu la dévorera » (Za 9, 3-4).

    - « Ce que vous avez en trop compensera ce qu’ils ont en moins, pour qu’un jour ce qu’ils auront en trop compense ce que vous aurez en moins » : peut-être est-ce cela que Jésus appelle « se faire des amis avec les richesses d’iniquité » ? Vous connaissez sa fameuse phrase : « Faites-vous des amis avec l’argent trompeur pour qu’une fois celui-ci disparu, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles » (Luc 16, 9).

    - Enfin saint Paul lui-même précise bien qu’il nous est demandé de partager, mais non pas de nous ruiner ! Dans la deuxième lettre aux Corinthiens, il écrit : « Il ne s’agit pas de vous mettre dans la gêne en soulageant les autres, mais de rétablir l’égalité. En cette occasion, ce que vous avez en trop compensera ce qu’ils ont en moins, pour qu’un jour ce qu’ils auront en trop compense ce que vous aurez en moins : cela fera l’égalité » (2 Co 8, 13-14).

    * 07 - Saint-Bernard de Clairvaux 20 08 20

    Évangile : « Tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce ».

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 22, 1-14)

    En ce temps-là, Jésus se mit de nouveau à parler aux grands prêtres et aux anciens du peuple, et il leur dit en paraboles : « Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités : ‘’Voilà : j’ai préparé mon banquet, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez à la noce’’. Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent.

    Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et incendia leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : ’’Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce’’.

    Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives.

    Le roi entra pour examiner les convives, et là il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce. Il lui dit : ‘’Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ?’’ L’autre garda le silence. Alors le roi dit aux serviteurs : ‘’Jetez-le, pieds et poings liés, dans les ténèbres du dehors ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents’’. Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus ».

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * 07 - Saint-Bernard de Clairvaux 20 08 20

    Commentaire 4 a :

    Voilà bien un texte profond sur l’amour de Dieu. Un texte qui mériterait à lui seul une retraite !

    Le « repas de noces de son fils » quel est-il ? C’est l’eucharistie, c’est le sacrement de la communion au Christ dans la foi en sa mort et sa résurrection. Et Dieu nous y invite. Mais bien souvent nous préférons nos occupations personnelles à la messe.

    Et puis il y a ceux qui sont aussi invités mais qui préfèrent déclarer la guerre aux serviteurs de Dieu qui les invitent …. Ceux-là vont trouver la mort … Ce n’est pas que Dieu soit un Dieu de vengeance ou de mort mais tout péché porte en lui-même sa propre condamnation et la guerre ne peut que produire la mort !  On le voit bien dans le monde d’aujourd’hui …

    Du coup sont invités tous ceux qui n’était pas prévu au départ,  quels qu’ils soient, et ceux-là acceptent, de venir et de revêtir l’habit de fête, c’est à dire de revêtir la joie du pardon et de la communion à Dieu

    Mais même au milieu de ceux-là s’en trouve un, c'est-à-dire une catégorie de personnes, qui tout en venant au banquet ne savent pas rentrer dans la communion d’amour avec Dieu … ils sont alors jetés dehors … là encore ce n’est pas Dieu qui rejette, mais c’est le choix fait par ces personnes qui les conduit à vivre finalement en dehors de la communion de Dieu …

    Et l’Évangile se termine par une phrase importante : «la multitude des hommes est appelée, mais les élus sont peu nombreux». Dieu en effet offre son salut à tous, mais combien y répondent ? Et dans ceux qui répondent combien vivent vraiment du salut offert ? …

    Cet Évangile nous interpelle sur notre propre foi, sur notre propre adhésion à l’amour de Dieu pour nous, sur notre vie sacramentelle notamment dans l’eucharistie ….

    Quelle est notre vraie vie avec le Christ quelle notre vraie relation avec Dieu ?

    Commentaire de Myriam de Gemma – Août 2014 – Passionistes de Polynésie

    * 07 - Saint Bernard de Clairvaux 08 20

    Commentaire 4 b :

    Voici deux paraboles qui se suivent et ne se ressemblent pas ! Celle de l’invitation au repas de noce et celle du renvoi de l’homme qui ne portait pas la robe de noce. Certains pensent que ces deux paraboles n’étaient pas liées à l’origine : il serait contradictoire d’exiger une tenue de cérémonie de quelqu’un qu’on a ramassé sur la route. Mais si Matthieu les juxtapose volontairement c’est qu’il y a un enseignement à tirer de ce rapprochement. Prenons-les l’une après l’autre.

    L’Alliance entre Dieu et l’humanité ressemble à des noces

    « Un roi célébrait les noces de son fils »… et ce n’est pas n’importe quel roi, puisque, d’entrée de jeu, nous sommes prévenus, il s’agit du « Royaume des cieux » : cette seule expression nous suggère donc irrésistiblement qu’il s’agit de l’Alliance entre Dieu et l’humanité, Alliance qui s’accomplit en Jésus-Christ. Lui-même dans les évangiles se présente comme l’époux. Et d’ailleurs le mot « noce » revient sept fois dans cette parabole.

    Cette symbolique des noces n’est pas très habituelle dans notre langage chrétien aujourd’hui et pourtant c’est dans ces termes-là que les textes tardifs de la Bible parlent du projet de Dieu sur l’humanité. Depuis les dernières prophéties d’Isaïe jusqu’à l’Apocalypse, en passant par le Cantique des Cantiques, et les livres de Sagesse, pour n’en citer que quelques-uns, l’amour de Dieu pour l’humanité est décrit en termes d’amour conjugal. Et c’est bien pour cela que saint Paul dit que le mariage est « la meilleure image de la relation de Dieu avec l’humanité ».

    Le peuple juif premier invité

    Mais dans l’Ancien Testament, il était clair que cette annonce et l’accomplissement du salut universel de l’humanité passaient par Israël. Le peuple élu était en mission pour toute l’humanité. C’est dans ce sens qu’on a appris à lire la phrase de Dieu à Abraham « en toi seront bénies toutes les familles de la terre » (Gn 12, 3). Pour reprendre la comparaison de la noce, on dira que les Juifs étaient les premiers invités à la noce. Et le maître comptait sur eux pour élargir ensuite l’invitation et faire entrer derrière eux toute l’humanité.

    Mais on sait la suite : la grande majorité des Juifs a refusé de reconnaître en Jésus le Messie. Dans la parabole, ils sont représentés par ces invités qui refusent de venir à la noce et vont jusqu’à maltraiter les serviteurs qui venaient les chercher. Que va-t-il se passer ? Dans la parabole, les serviteurs remplissent la salle de convives invités à la dernière minute. Dans la lettre aux Romains, Paul commente en disant que ce refus d’Israël, non seulement ne va pas faire obstacle à la noce, mais va même favoriser l’entrée de tous les peuples dans la salle du festin. « Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils rencontrèrent, les mauvais comme les bons, et la salle des noces fut remplie de convives ».

    La robe de noces

    Passons à la deuxième parabole : un homme, invité de la dernière heure, entre sans habit de noce. Il est bien incapable de répondre à la question « Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ? » Alors il est chassé. Cela ne signifie certainement pas qu’il lui fallait satisfaire à une exigence de comportement, que le vêtement de noce pourrait symboliser un mérite quelconque… Dès qu’on parle de « mérite » on dénature la grâce de Dieu, qui, par définition, est gratuite ! Avec Dieu, il n’y a pas de conditions à remplir. La première parabole dit bien que tous ont pu rentrer, les mauvais comme les bons.

    Alors, que peut signifier cette deuxième parabole ? Regardons la multitude qui entre dans la salle du festin des noces. Bons ou mauvais, tous ont été invités, tous ont accepté et ont revêtu la robe nuptiale : dans le vocabulaire du Nouveau Testament, on le sait, cette robe nuptiale, c’est celle des baptisés. Nous savons bien que ce que nous appelons aujourd’hui une « robe de baptême » est en réalité une « robe de mariée » ! La deuxième parabole concerne donc les baptisés : ce sont eux qui sont entrés dans la salle des noces. Mais l’habit ne fait pas le moine, on le sait. Ce que Jésus rappelle ici, ce sont les exigences qui découlent de notre Baptême. Comme il le dit lui-même « Il ne suffit pas de dire : ''Seigneur, Seigneur !’’ pour entrer dans le Royaume des cieux ; il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux » (Mt 7, 22).

    Complément sur Mt 22

    Les premiers invités ayant décliné l’invitation, ce sont d’autres qui sont entrés. Historiquement, c’est ce qui s’est passé. Dans les Actes des Apôtres, on voit se répéter plusieurs fois le même scénario : chaque fois qu’il aborde une nouvelle ville, Paul se rend d’abord à la synagogue et commence par annoncer aux Juifs que Jésus est le Messie attendu. Certains le croient et deviennent chrétiens. Mais quand le succès de Paul commence à sortir des limites de la synagogue, et que des païens deviennent chrétiens à leur tour, ceux des Juifs qui ne se sont pas laissé convaincre prennent peur et chassent Paul. C’est exactement ce qui s’est passé à Antioche de Pisidie : « C’est à vous d’abord que devait être adressée la Parole de Dieu ! Puisque vous la repoussez et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, alors nous nous tournons vers les païens » (Ac 13, 46).

    A Iconium, à Thessalonique, il s’est passé la même chose (Ac 14, 1). Et c’est parce que les apôtres étaient chassés de ville en ville que l’Évangile s’est répandu de ville en ville. Une des leçons de la première parabole est alors que le refus d’Israël ne fait pas définitivement obstacle au projet de Dieu. De la même manière que les prostituées et les publicains ont pris la place des autorités religieuses du temps de Jésus, de la même manière, quelques années plus tard, au moment où Matthieu écrivait son Évangile, les païens sont entrés en masse dans l’Église grâce au refus des Juifs. D’un mal Dieu fait toujours sortir un bien.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    * 07 - Saint-Bernard de Clairvaux 20 08 20

    Homélie :

    Moine réformateur, voyageur infatigable, prêcheur de la seconde Croisade, théologien et mystique, chantre de Notre-Dame... Bernard s'impose aussi bien aux Papes et aux princes qu'aux foules accourant vers lui. Il fut vraiment au cœur et aux frontières de l'Église « la torche qui brûle et éclaire ». Né en 1090, il termine sa course en 1153. Le jeune seigneur de Fontaine-lès-Dijon qui, à 22 ans, frappe à la porte de l'abbaye de Cîteaux, est de la race des chercheurs d'Absolu. Dans sa quête de Dieu, il entraîne amis et parents : même son père et son oncle le rejoindront.

    Bernard s'est mis à l'École du seul Maître capable de ravir son cœur et de combler son intelligence : le Christ. Prenant comme guide la règle de saint Benoît, il fonde Clairvaux, qui rassemblera jusqu'à 700 moines et fera naître d'innombrables monastères à travers l'Europe. Maître spirituel, il aura à vivre l'écartèlement de la Croix. Assoiffé de solitude et d'oraison, le voilà propulsé sur les routes de France, d'Allemagne et d'Italie. Partout, il prêche la paix, l'unité, la réconciliation. Il aura pour mission d'entraîner la Croisade pour libérer les Lieux Saints, à Vézelay en 1146.

    Bernard est aussi un écrivain prodigieux qui a rédigé de multiples ouvrages de théologie et de mystique, ainsi que des milliers de lettres et plus de 300 homélies. Écoutons-le crier : « J'aime aimer ! Lorsque Dieu aime, il ne veut qu'une chose, être aimé et il n'aime que pour qu'on l'aime ». L'amour de Dieu incarné en Jésus a fait naître chez Bernard la tendresse pour Marie, Notre Dame et Notre Mère : « Elle est non seulement pureté, humilité, transparence... la volonté de Dieu est que nous ayons tout par Marie ». Saint Bernard est entré dans la Vie le 20 août 1153.

    Frère Bernard Pineau, Dominicain

    * 07 - Saint-Bernard de Clairvaux 20 08 20

    Prières :

    1. Seigneur, tu as voulu que saint Bernard, rempli d’amour pour ton Église, soit dans ta maison la lampe qui brûle et qui éclaire. Accorde-nous, par son intercession, la même ferveur de l’esprit, afin de vivre comme des fils de la Lumière. Par Jésus-Christ.

    Extraite du site « Réflexion chrétienne »

    2. Je prie Marie avec saint Bernard de Clairvaux :

    Souvenez-vous, ô très miséricordieuse Vierge Marie, qu'on n'a jamais entendu dire qu'aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection, imploré votre assistance ou réclamé votre secours, ait été abandonné.

    Animé d'une pareille confiance, ô Vierge des vierges, ô ma Mère, je cours vers vous, je viens à vous et, gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds.

    Ô Marie, Mère du Verbe incarné ne rejetez pas mes prières, mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer.

    Ainsi soit-il.

    Saint Bernard de Clairvaux (1090-1153)

    Commentaire :

    « Souvenez-vous, ô très miséricordieuse Vierge Marie » est une prière catholique dédiée à la Vierge Marie. Elle a été composée au 12ème siècle, en 1153, par saint Bernard de Clairvaux, fondateur de l'Ordre des Cisterciens. La Très Sainte Vierge Marie n’abandonne jamais ceux qui prient son intercession et cette prière permet d’accomplir l’impossible.

    * 07 - Saint-Bernard de Clairvaux 20 08 20

    Conclusion :

    Les origines de Bernard de Fontaines lui assuraient une vie dans l’opulence, sans aucun souci matériel. Bernard n’en a pas voulu. Il a fait très jeune l’expérience de Dieu, et n’avait qu’un souhait : pouvoir prier et méditer hors de son siècle. Sa foi incommensurable, alliée à un potentiel intellectuel, et des qualités littéraires et oratoires hors du commun, lui ont valu des sollicitations innombrables lui faisant jouer un rôle prépondérant dans la conduite des affaires de l’Église et de l’État. Quel paradoxe pour un moine mystique, d’avoir contribué à façonner l’Europe occidentale et l’Église du 12ème siècle, avec pour motivation ultime, la défense et les intérêts de Dieu.

    Il a été canonisé le 18 janvier 1174 par Alexandre III, et est ainsi devenu saint Bernard de Clairvaux.

    Conclusion d’un article publié par Daniel Nowak le 12 décembre 2011

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    * 07 - Saint-Bernard de Clairvaux 20 08 20

    Méditation proposée par Frère Raffaele de l’Abbaye Notre-Dame de Tamié :

    Nous qui, bien pauvrement, essayons d'aimer Dieu,

    mettons-nous à l'école de Bernard de Clairvaux,

    ce maître inégalé du divin amour.

    Références :

    https://croire.la-croix.com/Definitions/Figures-spirituelles/Saint-Bernard-de-Clairvaux

    https://www.notrehistoireavecmarie.com/fr/esc/saint-bernard-de-clairvaux-la-conversion-du-desir/

    https://www.aelf.org/2020-08-20/romain/messe

    http://utpictura18.univ-montp3.fr/GenerateurNotice.php?numnotice=A2912

    http://passionistedepolynesie.e-monsite.com/pages/enseignement-myriam-de-gemma/reflexions-bibliques/matthieu/matthieu-22-1-14.html

    https://www.histoiredunefoi.fr/meditations-bibliques/4357-jenleverai-votre-coeur-de-pierre-et-je-vous-donnerai-un-coeur-de-chair-ezekiel-36-26

    http://paroissecolomiers.com/philippiens-4-12-14-19-20.html

    http://www.bibledespeuples.org/LecturesJour/Homel/_Ez_36.23-28.htm

    http://thierry.jallas.over-blog.com/2016/09/commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-c-24e-dimanche-du-temps-ordinaire-11-septembre-2016.html

    http://thierry.jallas.over-blog.com/2014/10/commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-a-28e-dimanche-du-temps-ordinaire-12-octobre-2014.html

    http://thierry.jallas.over-blog.com/2017/10/commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-a-28e-dimanche-du-temps-ordinaire-15-octobre-2017.html

    http://www.chautard.info/2014/08/20-aout-fete-de-saint-bernard-de-clairvaux-france-1090-1153.html

    http://reflexionchretienne.e-monsite.com/

    http://site-catholique.fr/index.php?post/Priere-de-Saint-Bernard-de-Clairvaux

    https://st-bernard-escaut.cathocambrai.com/vie-saint-bernard-clairvaux.html

    https://www.abbaye-tamie.com/archives/la_communaute/la_liturgie/homelies_tamie/archives-homelies-tamie/homelies_2013/homelie-saint-bernard


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  • 20 août 2019 - Saint Bernard - Parchemin 06

    Bernard de Clairvaux était-il Templier ?

    Le 20 août 2018, à l’occasion de notre première « commémoration » des 900 ans de notre « Ordre du Temple », nous avions sollicité notre ami l’Abbé Pierre P. N. pour qu’il tente de cerner les relations entre les premiers Chevaliers qui se sont rendus en Palestine vers 1114 et Bernard de Fontaine, devenu entretemps Bernard de Clairvaux.

    Certes, la tentation de faire passer Bernard de Clairvaux pour un Templier est grande mais répondre à cette question : « saint Bernard était-il templier ? » est très difficile.

    Même s’il existe des preuves évidentes de liens d’amitié - voire de famille - entre Bernard et Hugues de Payns, notamment, je ne suis pas persuadé que Bernard de Clairvaux soit devenu un Templier, au même  titre que les preux chevaliers qui ont tout quitté en Europe pour aller défendre les chemins fréquentés par les pélerins et les lieux sacrés à Jérusalem.

    Rappelons que parmi ces neuf chevaliers, deux au moins étaient proches de Bernard de Clairvaux : Hugues de Payns, chef de mission, et le frère de la mère de Bernard de Clairvaux, André de Montbard.

      * Bernard de Clairvaux était-il Templier ?   * Bernard de Clairvaux était-il Templier ?   * Bernard de Clairvaux était-il Templier ?

                                                 Hugues de Payns           Bernard de Clairvaux                       André de Montbard

    Pour tenter de chercher par moi-même une réponse à cette énigme, je me suis posé d’autres questions pour étayer ma thèse : neuf questions exactement. Neuf comme les neuf chevaliers fondateurs de notre Ordre. Tout un symbole !

    Tentative de réponse en neuf questions !

    Songeant en premier lieu aux qualités indispensables et aux compétences requises pour remplir cette double mission au Proche-Orient, j’émets des doutes sérieux pour ce qui concerne les capacités physiques de Bernard de Clairvaux pour devenir un combattant de terrain !

    En effet…

    1. Avait-il des qualités, des compétences pour être un vaillant combattant comme les chevaliers Templiers ?

    Il était certes soutenu par une énergie indéfectible, malgré une santé fragile, et par un caractère passionné, parfois véhément et autoritaire.

    Mais…

    2. Était-il dans un état de santé idéal pour aller combattre les infidèles ?

    La spiritualité de Bernard était fortement marquée par la pénitence. Il a fait subir à son corps les plus cruels traitements, mettant ainsi sa santé en danger. Son goût pour l'austérité s'accordait à merveille avec le dépouillement des églises cisterciennes.

    Sa constitution chétive autant que son état de puîné l'ont éloigné de la carrière des armes.

    3. Que savons-nous de ses motivations et de l’état de sa santé ?

    A vingt ans il perd sa mère. Pour lui cette épreuve fut certainement révélatrice de sa vocation. Il décline la carrière des armes, l’opulence, la vie d’un chevalier comme l'y destine sa naissance. Bernard n’a d’attrait que pour la vie spirituelle. Il aime aussi la vie intellectuelle. Il songe au cloître, il n’est pas attiré par la vie mondaine et ses nombreuses tentations, il a le désir de consacrer sa vie à Dieu.

    C’est en avril 1111, époque où Cîteaux semble déchoir, où la nourriture manque, que Bernard et ses recrues se présentent à l’abbaye. Trois ans plus tard, ses supérieurs n’hésitent pas à lui confier, malgré sa jeunesse et sa santé chancelante, la conduite de douze religieux pour fonder une nouvelle abbaye, celle de Clairvaux, qu’il va gouverner jusqu’à sa mort, repoussant toujours les honneurs et les dignités qui s’offriront si souvent à lui au cours de sa carrière.

    En 1118, l'état de santé de Bernard se dégrade. Il est contraint de vivre loin de sa communauté et des responsabilités de sa charge. Déchargé de l'administration spirituelle et temporelle de sa maison, il passe une année dans un ermitage. (Référence 6)

    Je note aussi que l’abbé est qualifié d’impétueux… ; qu’il est doué d'une très forte personnalité, et qu’il sort de son abbaye pour participer aux grandes affaires de son siècle ; qu’au concile de Troyes, en 1128, il fonde l'ordre du Temple et en rédige les statuts. Mais je remarque également que la deuxième croisade qu’il a prêchée et son combat contre l'hérésie cathare ont débouché sur des échecs cinglants.

    4. Quelle a été la formation de Bernard de Clairvaux ?

    • Il a fait ses études chez les chanoines de Saint-Vorles à Châtillon sur Seine.
    • Il s'est exercé aux matières de l'époque : le trivium et le quadrivium.
    • Il se destinait à des études littéraires avant d'entendre l'appel monastique.
    • Il est devenu moine avec deux de ses frères, un oncle et des amis.
    • Il s’est vu confier la fondation d'une abbaye pour approfondir la réforme spirituelle.
    • Il a développé la dévotion à la Vierge Marie.
    • Mort d'épuisement le 20 août 1153, saint Bernard de Clairvaux a été canonisé sans difficulté en 1174 et a été proclamé « Docteur de l'Église » en 1830.

     * Bernard de Clairvaux était-il Templier ?

    5. Mais aurait-il été prêt à tuer pour défendre le tombeau du Christ ?

    Puisqu’il était de santé fragile, j’émets de nettes réserves sur ses aptitudes physiques qui auraient certainement été insuffisantes pour « tenir le coup » sur un champ de bataille, pour livrer combat contre les infidèles et autres persécuteurs de chrétiens sur les chemin de Jérusalem…  Bernard était certes un soldat de Dieu, un combattant doté d'une foi incomparable...

    6. N’était-il pas plutôt un bon diplomate ?

    Vu son éloquence, saint Bernard de Clairvaux est devenu pendant huit années le principal avocat du pape Innocent II.

    Il a tenté de régler les différends entre le pape et certains souverains.

    Bernard de Clairvaux est devenu l'arbitre auquel on faisait régulièrement appel. Il était de tous les litiges et de tous les conciles. Saint Bernard de Clairvaux était même présent lors de la signature de certaines chartes !

     * Bernard de Clairvaux était-il Templier ?

    7. N’était-il pas plutôt un bon théoricien, une « lumière », un « phare » pour réformer la vie monastique ?

    Doté d'un charisme et d'une élocution redoutables, porté par des convictions inflexibles, Bernard de Clairvaux fut l'une des principales figures du 12ème siècle chrétien. En s'appuyant sur l'ordre cistercien, il a contribué à hisser l'Église médiévale à son apogée.

    Une charte datée de l’année 1147, très abîmée, ne nous apporte que peu d’informations sur les liens entre Bernard de Clairvaux et les Templiers, sinon que le Temple était présent lors d’une cession entre deux abbés rédigée, et sans doute encouragée sinon provoquée, par l’abbé de Clairvaux.

    Fort heureusement d’autres documents nous sont parvenus dans un état plus satisfaisant qui nous mettent à même d’entrapercevoir de l’intérieur le rôle que saint Bernard a joué, non seulement dans la création et dans la promotion, mais aussi dans le soutien qu’il a toujours manifesté en paroles et en actes à l’égard de l’Ordre du Temple.

    Saint Bernard de Clairvaux semble avoir été à l'origine de la règle des Templiers. Celle-ci était d'essence augustinienne plutôt que cistercienne. Elle devait être adaptée à des guerriers. Or la règle cistercienne était adaptée à des moines.

    Il était nécessaire d’adapter la Règle des Templiers à la nature particulière du Temple : contemplation, oui, mais une action bien singulière pour un ordre religieux : les armes. C’est de cette nécessité de faire entrer cette aspiration nouvelle dans un cadre nouveau qu’est née la Règle telle qu’elle fut finalement entérinée lors du Concile de Troyes, le 28 février 1128.

    C’est lors de ce concile que Bernard fit reconnaître la milice du Temple dont il aurait rédigé lui-même les statuts et aurait donné aux Chevaliers Templiers leur règle et leur costume. En 1610, on a retrouvé l'acte aux archives de la bibliothèque de Paris, ainsi qu’à Rome et à Dijon. Leur charte définitive leur sera donnée en 1163 ainsi que la constitution de l'Ordre.

     * Bernard de Clairvaux était-il Templier ?

    Bien que saint Bernard de Clairvaux  semble ne pas avoir été parmi les plus enthousiastes, il a certainement donné son avis et fait admettre quelques-unes de ses idées ainsi que des idées d'essence cisterciennes. La règle du nouvel Ordre a tenté de concilier la règle de Saint-Augustin avec les nécessités de la vie militaire.

    Le soutien de l’abbé de Clairvaux ne s’est pas résumé à des courriers d’intercession auprès des grands de l’époque mais a aussi pris des formes beaucoup plus précises qui témoignent de son implication personnelle dans la vie de l’Ordre.

    L’abbé de Clairvaux a œuvré toute sa vie pour semer la graine de ce monde nouveau et l’Ordre du Temple apparaît comme une pièce majeure dans cette stratégie fondée essentiellement sur la diplomatie.

    8. De nos jours, Bernard de Clairvaux aurait-il sa place dans une de nos résurgences templières ?

    Il est évident que de nos jours, seuls les buts spirituels sont encore poursuivis au sein des Commanderies templières traditionnelles et régulières. Bernard de Clairvaux y aurait très certainement sa place et y apporterait notamment sagesse, lumière et humilité, et serait un exemple parfait, un « phare » pour nous tous.

    9. Aurait-il eu sa place dans l’Ordre Intérieur ?

    Avec son intelligence, son éloquence, la formation exceptionnelle qu’il possédait, Bernard de Clairvaux aurait sans nul doute eu place dans l’Ordre Intérieur du Temple qui, pour moi, existait déjà.

    Il me semble en effet que la première mission des Chevaliers fondateurs de notre Ordre a été d’entrer en contact avec les sphères spirituelles d’ordres équivalents en Orient et qu’ils en ont ramené bien des connaissances culturelles, techniques, scientifiques, qui ont permis notamment la construction des cathédrales gothiques, la naissance des lettres de changes, préludes aux activités bancaires…

    Conclusion provisoire

     * Bernard de Clairvaux était-il Templier ?

    Voilà sans doute un des hommes les plus extraordinaires de cette époque. Abbé de Clairvaux, docteur de l’Église, c’est grâce à sa personnalité hors du commun et à son charisme, et malgré une santé très fragile, que Bernard de Clairvaux a pu exercer une influence considérable sur la vie de son temps, intervenant dans toutes les affaires de l'Église. Il a pris parti, notamment, pour les premiers Templiers et peut-être même a-t-il été indirectement le véritable créateur de l’Ordre des Chevaliers du Temple de Jérusalem… bien que notre Ordre soit issu des « Pauvres Chevaliers du Christ », symboliquement constitué par neuf chevaliers.

    Sans doute, saint Bernard n'avait-il pas une constitution physique suffisamment solide que pour aller soutenir les chevaliers « sur le terrain », mais il avait « l'esprit templier » par l'influence considérable qu'il a exercée sur eux sur le plan spirituel. Ce n'est donc pas étonnant que nous, Chevaliers Templiers contemporains, considérons saint Bernard comme notre père spirituel.

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    Moine Chevalier de Notre-Dame

    Références sitographiques

    http://www.templiers.net/saint-bernard/

    https://gw.geneanet.org/belphegor84?lang=fr&n=de+clairvaux&oc=0&p=bernard

    http://rue-des-9-templiers.eklablog.com/bernard-de-clairvaux-a80922292

    https://st-bernard-escaut.cathocambrai.com/vie-saint-bernard-clairvaux.html

    https://www.cath.ch/newsf/limmaculee-conception-long-processus-de-gestation/

    http://fr.biobble.com/membres/1514/Bernard_De_Clairvaux/decennie/1111-1120

    http://www.templum-aeternum.net/articles/histoire/saint-bernard-et-le-temple.html

    http://commanderie-des-templiers.com/fr/content/77/46/histoire/histoire-des-templiers

    http://ordredutemple.canalblog.com/archives/2007/07/25/5772076.html

    http://www.templum-aeternum.net/articles/histoire/saint-bernard-et-le-temple.html

    http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bernard/tome02/templiers/templiers.htm

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_de_Clairvaux

    http://oesb-international.com/histoire/bernard-de-clairvaux/

    http://www.templiers.net/saint-bernard/

    https://www.herodote.net/Saint_Bernard_de_Clairvaux_1091_1153_-synthese-2059.php

    http://jesusmarie.free.fr/bernard_de_clairvaux.html

    https://www.editionsducerf.fr/librairie/auteurs/livres/102/bernard-de-clairvaux

    http://fr.biobble.com/membres/1514/Bernard_De_Clairvaux/decennie/1111-1120

    http://lectures49.over-blog.com/2015/08/saint-bernard-de-clairvaux.html


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  • 20 août 2019 : Fête de saint BernardParchemin 05

    La vie de Bernard de Fontaine

     * La vie de Bernard de Fontaine

    Naissance

    Bernard de Fontaine (± 1090 – 1153) naquit au château de Fontaines, au nord de Dijon. Si son père est un chevalier de rang modeste, sa mère, Aleth de Montbard, est d'une lignée prestigieuse, tournée tant vers la Bourgogne que vers la Champagne.

    Issu d'une famille distinguée par sa noblesse et par sa piété, il fut, dès sa naissance, consacré au Seigneur par sa mère, qui avait eu en songe le pressentiment de sa sainteté future. Une nuit de Noël, Bernard, tout jeune encore, assistait à la Messe de Noël. Il s'endormit, et, pendant son sommeil, il vit clairement sous ses yeux la scène ineffable de Bethléem, et contempla Jésus entre les bras de Marie. Il en garda un grand amour pour le Christ et pour Notre-Dame.

    Formation et influences

    Troisième de sept enfants de Tesselin et de la Bienheureuse Aleth, Bernard de Fontaine subit profondément dans son enfance l'influence de sa mère qu'il perdit à l'âge de seize ou dix-sept ans. Destiné à être clerc, il reçut une formation littéraire solide chez les chanoines séculiers de Châtillon-sur-Seine.

    A dix-neuf ans, malgré les instances de sa famille, il obéit à l'appel de Dieu, qui le voulait dans l'Ordre de Cîteaux fondé en 1098 par Robert de Molesme au sud de Dijon et où se pratiquait l'ascèse monastique la plus rude, dans un strict retour à la Règle bénédictine, loin des agitations du monde.

    Abbé de Clairvaux

    Mais il n'y entra pas seul : Il convainquit ses frères et ses proches de se « convertir » avec lui. Six de ses frères et vingt-quatre autres gentilshommes le suivirent. L'exemple de cette illustre jeunesse et l'accroissement de ferveur qui en résulta pour le couvent suscitèrent tant d'autres vocations, qu'on se vit obligé de faire de nouveaux établissements. Trois ans après, saint Etienne Harding l‘envoya fonder l’abbaye de Clairvaux dans le Val d'Absinthe, au bord de l'Aube, non loin de Troyes.

    Attaché viscéralement à sa communauté, et refusant toute autre dignité dans l'Église, Bernard resta toute sa vie abbé de Clairvaux. Pendant quinze ans, Bernard se consacre au développement de ce monastère qui devint célèbre et fut la source de cent soixante fondations, du vivant même du Saint. A sa mort, l'ordre de Cîteaux comptait 345 couvents, dont 167 dépendaient de Clairvaux même.

     * La vie de Bernard de Fontaine

    Bernard de Clairvaux prêche la croisade

    Très vite, ce contemplatif dénonça partout l’injustice, prêcha la seconde croisade et joua un rôle de prophète auprès des papes et des princes. Abbé de 700 moines, créateur de 68 monastères, il laissa une œuvre écrite considérable notamment le commentaire sur le « Cantique des cantiques », où se révélèrent son expérience mystique et sa science théologique. Ce «chantre de Marie» est, au dire de Mabillon « le dernier des Pères de l’Église et l’égal des plus grands ».

    Chaque jour, pour animer sa ferveur, il avait sur les lèvres ces mots : « Bernard, qu'es-tu venu faire ici ? » Il y répondait à chaque fois par des élans nouveaux. Il réprimait ses sens au point qu'il semblait n'être plus de la terre. Voyant, il ne regardait point, entendant, il n'écoutait point, goûtant, il ne savourait point. C'est ainsi qu'après avoir passé un an dans la chambre des novices, il ne savait si le plafond était lambrissé ou non. Côtoyant un lac, il ne s'en aperçut même pas. Un jour, il but de l'huile pour de l'eau, sans se douter de rien.

    Bernard avait laissé Nivard, le plus jeune de ses frères au château de sa famille. Plus tard, Nivard vint avec son vieux père rejoindre Bernard au monastère de Clairvaux.

    Le saint n'avait point étudié dans le monde mais l'école de l'oraison suffit à faire de lui un grand Docteur, admirable par son éloquence, par la science et la suavité de ses écrits. Il fut le conseiller des évêques, l'ami des Papes, l'oracle de son temps. Mais sa principale gloire, entre tant d'autres, semble être sa dévotion incomparable envers la Très Sainte Vierge.

    Moine réformateur

     * La vie de Bernard de Fontaine

    Saint Bernard, pourtant si engagé dans son monastère, sillonnera les routes d'Europe pour défendre l'Église et porter témoignage à la Vérité dans toute son orthodoxie. En 1129 par exemple, il participe au Concile de Troyes, convoqué par Sa Sainteté le Pape Honorius II, mais aussi, quelques années plus tard au Concile de Sens en 1140 où il fait condamner les 19 hérésies de Pierre Abélard. Il ne cessera de combattre les hérésies cathares mais aussi l'antisémitisme de son époque : « ne sommes-nous pas spirituellement des sémites ? » écrira-t-il.

    Il prêchera ensuite à Vézelay la deuxième croisade par un discours historique, le 31 mars 1146. Épuisé, il meurt le 20 août 1153 à 63 ans dans son Abbaye de Clairvaux, laissant derrière lui plus de 500 abbayes cisterciennes ! Il sera par la suite canonisé le 18 juin 1174 par Alexandre III, et déclaré Docteur de l'Église par Pie VIII en 1830.

     * La vie de Bernard de Fontaine

    Bernard de Fontaine est un moine français, réformateur de la vie religieuse au 12ème siècle. Directeur de conscience et important promoteur de l'ordre cistercien, il rechercha par amour du Christ la mortification la plus dure. Bernard fit preuve, toute sa vie durant, d'une activité inlassable pour instruire ses moines de Clairvaux, pour émouvoir et entraîner les foules, pour allier son ordre avec la papauté et pour élaborer une idéologie militante que son ordre et toute l'église catholique mettront en œuvre.

    Il fut aussi un conservateur qui réagit contre les mutations de son époque (la « renaissance du 12ème siècle »), marquée par une profonde transformation de l'économie, de la société et du pouvoir politique.

    Il joua un rôle déterminant dans la transposition de la croisade en guerre sainte contre les Cathares. Il fut canonisé en 1174 et devint ainsi saint Bernard de Clairvaux. Il a été déclaré docteur de l'Église en 1830 par le Pape Pie VIII.

    Bernard de Clairvaux

    En 1115, Étienne Harding a envoyé le jeune homme à la tête d'un groupe de moines pour fonder une nouvelle maison cistercienne dans la vallée de Langres. La fondation appelée « claire vallée » devint ensuite « Clairvaux ». Bernard a été élu abbé de cette nouvelle abbaye.

     * La vie de Bernard de Fontaine

    L’abbaye de Clairvaux

    Les débuts de Clairvaux furent difficiles : la discipline imposée par Bernard était très sévère. Bernard poursuivit ses études sur l'Écriture Sainte et sur les Pères de l'Église. Il avait une prédilection presque exclusive pour le Cantique de Salomon et pour saint Augustin.

    En 1128, Bernard participa au concile de Troyes, convoqué par Honorius II et présidé par Matthieu d'Albano, légat du pape. Bernard fut nommé secrétaire du concile, mais en même temps il était contesté par une partie du clergé.

    C'est lors de ce concile que Bernard fit reconnaître les statuts de la milice du Temple, les Templiers, dont il rédigea lui-même les statuts.

    Conclusion

    Mort il y a un peu plus de 850 ans, Bernard de Clairvaux (1091 – 1153) est de ces personnages à ce point complexes qu'ils en deviennent paralysants. Y compris pour les historiens. Issu d'une famille de l'aristocratie, premier abbé de Clairvaux, il est, d'abord, la figure de proue du prodigieux essor des cisterciens, ces « moines blancs » qui ont rénové en profondeur – et durablement – la vie religieuse de l'Occident médiéval.

    Encore fallait-il jauger le poids réel d'un génie aux facettes innombrables en le replaçant au cœur d'un siècle lui aussi complexe qui aura connu un schisme dévastateur et des mutations qui touchent à tous les aspects de la vie de l'Orient et de l'Occident. Celui qui s'est dit « la chimère de son siècle » a initié une croisade et théorisé la « guerre sainte », a mis la main à tout ce qui a pu agiter la vie religieuse, politique, intellectuelle ou artistique d'un moment de l'Histoire entre tous fécond.

    Moine engagé aux foucades redoutées des papes comme des princes, brutal dès lors qu'il s'engage – pas toujours à bon escient, l' « affaire Abélard » en est une illustration caricaturale – Bernard de Fontaine devenu Bernard de Clairvaux est aussi un prêcheur formidable, un écrivain de haute volée, un ascète exigeant et un mystique parmi les plus inspirés.

    Un demi-siècle et plus de savantes recherches bernardines intenses ont permis d'évaluer la personnalité la plus charismatique et la plus controversée du premier 12ème siècle, tout comme l'exacte nature des impulsions d'un homme tout entier féodal qui, souvent hors du cloître, a pesé sur son temps davantage que quiconque.

    L'impact de celui qui est devenu saint Bernard dans cette première moitié du douzième siècle en occident fut si considérable qu'il paraît inconcevable, pour ce siècle, de ne pas étudier cette grande figure au même titre, par exemple, que les souverains qui lui furent contemporains. La personnalité de Bernard de Fontaine devenu abbé, séduit peu : son intransigeance, son absence de doute en toutes choses, les perfidies dont il usa sans honte et sans mesure pour faire triompher ses convictions qu'il croyait justes sans doute, ternissent l'image de l'abbé de Clairvaux et le rendent, au final, avec notre regard contemporain, bien peu sympathique.

    L'importance du personnage avec l'influence prépondérante qu'il eut sur son temps en bien des domaines, l'autorité morale sur l'occident dont il jouit, supérieure bien souvent à celle du souverain pontife lui-même, ne sont plus à démontrer..

     * La vie de Bernard de Fontaine

    Saint Bernard n'a pas fondé l'ordre cistercien, mais il a fait son succès. Pendant les deux derniers tiers du 12ème siècle, à travers l'Europe entière, va s'édifier le grand bâtiment, le vaste chantier issu de Cîteaux. Et saint Bernard en est bien le patron, le maître d'ouvrage dont la parole a gouverné, comme le reste, l'art. Parce que cet art est inséparable d'une morale, qu'il incarnait.

    Mais si la parole de saint Bernard eut cette force de persuasion, si la congrégation qu'il animait put édifier ce qui voulait être la représentation visible d'une éthique et si cet édifice exerça tant d'influence sur la culture européenne, c'est que le siècle attendait cette parole, cette exigence morale, de rigueur, de renoncement et de dépassement. Car si la manière cistercienne de construire fut suscitée par l'enseignement de saint Bernard, elle le fut aussi par tout l'élan du 12ème siècle.

    En devenant moine, Bernard souhaitait mener une vie recluse. De rencontre en rencontre, il s’est trouvé en relation avec les hommes les plus en vue de l’époque et devint un personnage influent. Sa vie monastique a fréquemment été interrompue. On venait de plus en plus le consulter pour les affaires de l’Eglise. Mystique et contemplatif, saint Bernard fut tout au long de sa vie arraché à la solitude de Clairvaux pour arbitrer des affaires royales, épiscopales, papales et internationales, à caractère religieux ou non...

    Frère André B. Grand Chancelier Prieural

    Lien vers le parchemin suivant : Bernard de Clairvaux, Templier ?


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  • Ce 20 août 2018, c’est la fête de saint Bernard de Clairvaux - Parchemin 04

     * Bernard de Fontaine ou de Clairvaux

    Avertissement

    A l’occasion de cette célébration, nous nous proposons de regrouper dans un nouveau dossier l’essentiel des informations dont nous disposons actuellement à propos de saint Bernard, un de nos protecteurs spirituels. Certains parchemins édités au cours des années précédentes ont été modifiés, retravaillés et intégrés dans le présent dossier. Leur version originale a ensuite été supprimée.

    Bernard de Fontaine ou de Clairvaux

     * Bernard de Fontaine ou de Clairvaux

    Bernard est issu d’une famille noble de Bourgogne. Il est le troisième fils de Tescelin, comte de Chatillon et d’Alette ou Aleth, elle-même fille du comte de Montbard, et sœur d'André de Montbard qui sera plus tard l'un des fondateurs de l'Ordre du Temple. La famille de Bernard appartient ainsi à la moyenne noblesse.

    La date exacte de sa naissance n’est pas connue : elle se situe entre avril et août 1090 (ou 1091). Mais ce que l’on sait de façon plus certaine, c’est qu’il est né au château de Fontaines, près de Dijon, en Bourgogne.

    Bernard, un personnage très humble

    Le petit Bernard s’est lui-même comparé à une plante sauvage qui a poussé dans le désert à la grâce de Dieu, comme un ignorant nourri dans les forêts. C'est trop d'humilité.

    Ce jeune homme de noble famille, mais modeste, reçut dès l’âge de 7 ans une éducation sévère d’une servante d’extraction celte, pour ne pas dire une formation d’ovate, une formation réservée au jeune druide. Ensuite il poursuivra sa formation de «lettré». Il l’aurait parachevée, sans certitude, à l'université de Paris.

    Bernard aurait pourtant pu se destiner à de hautes fonctions à la cour ! Sa constitution chétive autant que son état de puîné l'ont éloigné de la carrière des armes. Mais par son intelligence, sa gentillesse, sa culture – jouvenceau, déjà, il taquinait la muse – et par son rang, il était promis aux plus hautes dignités à la cour.

    On le voyait devenir avocat à la cour de Bourgogne. Mais, à l'instar de saint Augustin, la piété ardente de sa mère et la mort de cette dernière, quand Bernard avait dix-sept ans, l’ont poussé vers la religion. Ainsi, à vingt-deux ans, il renonce au monde et opte pour la vie monacale. Alors que ses proches cherchent à l'en dissuader, c’est lui qui finit par les convertir ! Notamment son oncle, son père et cinq de ses sept frères et sa sœur ! Et il ouvre, dans une maison de Châtillon, une communauté d'une trentaine de membres qui aurait pu devenir un nouvel ordre monacal s'il n'avait décidé de rejoindre l'abbaye de Cîteaux, dans les forêts de Beaune.

    L’abbaye de Cîteaux

     * Bernard de Fontaine ou de Clairvaux

    A cette époque, l’abbaye de Cîteaux est dirigée par l'Anglais Étienne Harding. D'obédience bénédictine, c'est la sœur – et la rivale – de l'abbaye de Cluny. Bernard y a été bien accueilli, autant que les compagnons qu'il entraîne dans son aventure mystique. Ceux-ci sont issus des meilleures familles de Bourgogne, donc riches.

    Bernard ne tarde pas à entrer en conflit avec son abbé. Bernard, déjà ascète, trouve Cîteaux trop splendide et trop riche.

    Étienne Harding était pourtant considéré comme un réformateur de l'Ordre, auquel il avait imposé plus de rigueur. Mais Etienne Harding avait osé faire illustrer la Bible, ce qui lui valut l'apostrophe de « bibliophile » décochée par le futur saint Bernard qui n’en ratait jamais une !

    Bernard, abbé de Clairvaux

     * Bernard de Fontaine ou de Clairvaux

    Lorsque l’Abbaye de Cîteaux devint trop étroite, elle dut se séparer d'une partie de ses moines devenus trop turbulents, trop revanchards et les envoyer fonder une abbaye-fille. C’est ainsi que Bernard s'est exilé, avec douze compagnons, le 25 juin 1115, en Champagne, dans les environs de Langres, au cœur de la forêt, dans le Val d'absinthe.

     * Bernard de Fontaine ou de Clairvaux

    Le Val d’absinthe

    Le terrain offert par Hugues de Champagne, proche parent de Bernard, dédié à l'implantation d’une abbaye, fut choisi avec précaution dans une clairière isolée, le Val d'Absinthe. Ce terrain comprenait les éléments essentiels à l'organisation d'une abbaye cistercienne : il fallait de l'eau et du bois.

    Le lieu avait cependant mauvaise réputation : c’était un repaire de brigands. Mais Bernard le rebaptisa aussitôt en « claire vallée ». Clairvaux était né !

    Les terres sur lesquelles fut bâti le monastère avaient donc été données par Hugues 1er, le septième comte de Champagne qui, en 1125, rejoindra l'Ordre des Templiers pour devenir « pauvre soldat du Christ » et y mourir un an plus tard.

    Ainsi, devenu chef de la congrégation, Bernard l'organisa selon ses principes.

    Les Cisterciens se doivent de respecter la règle de saint Benoît qui stipule la vie en autarcie et le respect du vœu de stabilité, c’est-à-dire d’enfermement.

    L'austérité et la rudesse sont les bases de sa règle. Il exhorte ses moines à respecter intégralement à règle de saint Benoît, en veillant à ne pas en dévier, ni à gauche, ni à droite.

    Cette règle essaimera dans plus de soixante-dix monastères en Italie, en Espagne, et jusqu'en Suède et au Danemark du vivant de l'abbé, et avoisinera les deux cents abbayes à son apogée. Là, il put mener à son gré cette vie de douleurs qu'il lui fallait. Rien ne l'en arracha. Jamais il ne voulut entendre à être autre chose qu'un moine.

    Bernard de Clairvaux, « le chien blanc de la Vierge Noire » ?

    Guillaume de Saint-Thierry, hagiographe de saint Bernard, rapporte, sans l’avoir constaté, que Bernard était, dès sa naissance, promis à un destin d'exception. Sa mère Aleth, alors qu'elle était enceinte, avait vu en songe un chien blanc au dos couvert de taches brunes – allusion à la rousseur de Bernard, héritée de son père – qui aboyait bruyamment. Un ermite, un ancien druide consulté, en avait déduit que l'enfant à venir serait un prédicateur zélé, toujours en éveil, comme un chien de garde de Dieu !

     * Bernard de Fontaine ou de Clairvaux

    Bernard de Clairvaux fut l'un des plus ardents propagateurs du culte de la Vierge, avec laquelle il entretint des relations aussi mystiques que privilégiées.

    Adolescent, il avait coutume de prier en cachette dans la chapelle de ses parents. Ensuite dans la petite église de Saint-Vorles, à Châtillon-sur-Seine. En cette église Saint-Vorles existait une image de la Mère de Dieu, faite d'un bois que l'âge a plus noirci que le soleil. Le visage est longuet, les yeux grands sans excès, les joues ni trop enflées ni trop abattues. La couleur en est brune et par l'art et par l'âge. Elle est assise et tient le petit Jésus en son giron.

    La Vierge de Saint-Vorles était une Vierge Noire. Et la légende veut qu'un jour Bernard s’agenouilla devant elle et lui adressa cette prière : « Monstra te esse matrem », c’est-à-dire « Montre que tu es la Mère » !

     * Bernard de Fontaine ou de Clairvaux

    On dit qu'aussitôt Marie pressa son sein et que trois gouttes de lait glissèrent sur les lèvres du futur Bernard de Clairvaux. De cet épisode légendaire, certains en ont déduit que, puisqu’il avait été nourri du lait d'une Vierge Noire, il se rattachait aux sources de la tradition primitive, préchrétienne, donc celtique. De là à en faire le dernier druide initié de France…

     * Bernard de Fontaine ou de Clairvaux

    Bien plus tard, traversant l’abbaye d'Afflighem, il s'arrêta devant une statue de la Vierge et la salua d'un Ave Maria plein de dévotion. Marie, s'inclina à son tour et lui rendit son salut avec cette simplicité qui a beaucoup contribué à la popularité de son culte : Ave, Bernarde ! Cet autre épisode légendaire est rapporté dans l'ouvrage « Les fondateurs des Ordres religieux » publié en 1897.

    Le culte de la Vierge noire

    Le culte de la Vierge noire s'opérait notamment dans les cryptes des églises romanes. Il annonce celui de la Vierge Marie, en pleine lumière celui-là, soutenu par Bernard. La Vierge noire descend en ligne directe de la déesse-mère des Celtes et de l'Isis des Égyptiens. D'où les soupçons, pour moi réels, de druidisme pesant sur Bernard de Clairvaux, qui comme beaucoup de théologiens de son époque, s'ingéniait à concilier l'ancien héritage druidique, encore fortement implanté dans les campagnes, et les dogmes instaurés par les Pères de l'Église à partir de la Bible, et notamment d'un Nouveau Testament réaménagé par leurs soins. Il s’agit ici du cinquième Évangile qui, hélas, est resté apocryphe, mais dont la lecture est surprenante. Il est écrit dans le même style que celui de l’Évangile de Thomas.

    Particularité de la Vierge noire

     * Bernard de Fontaine ou de Clairvaux

    La Vierge noire est représentée avec l’enfant Jésus à l’âge de 7 ans, ce qui soulève quelques questions :

    • Pourquoi un enfant à l’âge de 7 ans, est-il encore assis sur les genoux de sa mère ?
    • Que représente-t-elle, cette Vierge ?
    • Et quelle est son origine ? Est-elle druidique ? Égyptienne ?

    Je crois me souvenir que lorsque j’ai été introduit dans notre Commanderie, il m’a été donné de méditer. Certes il faisait sombre. Mais la vierge qui a été proposée à ma réflexion et située sur le côté gauche de l’autel avait cette attitude particulière ! Là il y a quelque chose à creuser…

    Bernard, « l'homme des bois »

    C’est dans la sauvagerie de la nature environnante qu’il puise son mysticisme. Je vous rapporte ses propres paroles :

    « J'ai trouvé le sens des Écritures en méditant et en priant dans les bois et je n'ai jamais eu d'autres maîtres que les chênes et les hêtres ». « Je ne connais pas les philosophes et j’ai plus appris dans la forêt que dans vos livres ».

    Dans les premiers temps, sa nourriture est faite d’une simple bouillie de feuilles de hêtre et d'avoine cuites avec de l'eau, du sel et un peu d'huile. Son pain, mélange d'orge et de millet, ressemble à de la terre.

    Même lorsque la prospérité sera venue, l'ordinaire restera frugal. L'unique repas se composera de pain et de légumes. Œufs, laitages et poisson ne paraissent sur la table des moines que lors des fêtes. Ils ne boivent que de l'eau ou un peu de bière ; pas de vin.

    Les moines, suivant l'exemple de leur chef, entre les prières, doivent mettre la main à la houe et à la bêche. « Le cloître, écrit-il, est un Paradis, c'est une belle chose que de vivre parfaitement unis dans la même demeure ! L'un pleure ses péchés, l'autre chante les louanges du Seigneur ; celui-ci prodigue de bons offices à ses Frères, celui-là donne les enseignements de la science ; l'un prie, l'autre lit ! L'un est tout ému de compassion pour le pécheur ; cet autre tout occupé de punir le péché. Celui-ci brûle les feux de la charité, celui-là se distingue pour son humilité. L'un travaille dans la vie active, l'autre se repose dans la vie contemplative »...

    La santé de Bernard était fragile

    La spiritualité de Bernard est fortement marquée par la pénitence. Il fait subir à son corps les plus cruels traitements, mettant ainsi sa santé en danger. Son goût pour l'austérité s'accorde à merveille avec le dépouillement des églises cisterciennes. Sa santé est fragile : en réalité il est même tuberculeux. Et les austérités qu'il s'impose affaiblissent tant son organisme qu'il doit, fréquemment, accepter d'être soigné par des médecins et des rebouteux c'est-à-dire des ovates, d’anciens druides et se résigner à vivre hors de son monastère, c’est-à-dire dans une cabane adossée à son monastère. Malgré cet état de santé fragile, Bernard se voit confier des missions.

    Les missions de Bernard de Clairvaux

    L'évêque de Chalons le charge fréquemment de missions, et c'est en prêchant dans les églises de ce diocèse qu'il développe une éloquence qui restera célèbre. S'il écrit en latin, il harangue en langue romane, voire en patois, ce qui lui permet d'être compris de tous.

    Un exemple de son franc parlé. Et en quels termes ! Il s’adresse aux petites gens :

    « Dût votre père se coucher sur le seuil de votre porte... Dût votre mère, les cheveux épars et les vêtements déchirés, vous montrer les mamelles qui vous ont allaité... Passez par-dessus le corps de votre père... Passez par-dessus le corps de votre mère... Le plus haut degré de la piété filiale, en pareil cas, est d'être cruel pour le Christ », tonne-t-il.

    Bernard de Clairvaux, « fou de Dieu » !

    La théologie mystique de Bernard s'applique d'abord au moine.

    La vie monastique a pour fin l'union à Dieu et l'extase, et ce, par un parcours progressif passant par deux grandes étapes :

    • la méditation ou considération, dans la recherche graduelle de la vérité (purification, examen de soi, lutte contre les péchés) ;
    • puis la contemplation qui suppose le recueillement, la pureté, la prière et la possession de toutes les vertus.

    Dans cette quête s'imposent les thèmes de la connaissance de soi, en un véritable « socratisme chrétien », et de la responsabilité de l'homme dans ses actions.

    Rôle de l’Ordre cistercien créé par Bernard de Clairvaux

     * Bernard de Fontaine ou de Clairvaux

    L'ordre cistercien a joué un rôle de premier plan dans l'histoire religieuse du 12ème siècle. C’est essentiellement à Bernard de Clairvaux, le plus célèbre des Cisterciens, que l’ordre doit le développement considérable qu’il a connu dans la première moitié du 12ème siècle.

    Cet homme, d’une personnalité et d’un charisme exceptionnels, peut être considéré comme son maître spirituel. Ses origines familiales et sa formation, ses appuis et ses relations, sa personnalité même, expliquent en grande partie le succès cistercien.

    Par son organisation et par son autorité spirituelle, l’ordre cistercien s'est imposé dans tout l'Occident. L'ordre a fait « progresser à la fois le christianisme, la civilisation et la mise en valeur des terres. Il a promu l’ascétisme, rigueur liturgique, et a érigé, dans une certaine mesure, le travail comme une valeur cardinale, ainsi que le prouve son patrimoine technique, artistique et architectural. Outre le rôle social qu’il a occupé, l’ordre a exercé une influence de premier plan dans les domaines intellectuel ou économique ainsi que dans le domaine des arts et de la spiritualité. Après avoir été un ‘’homme des bois’’, Bernard semble être devenu ‘’l’homme des rois’’ ».

     * Bernard de Fontaine ou de Clairvaux

    Bernard, « l’homme des rois »

    Bernard de Clairvaux est tout à la fois austère et ardent, enthousiaste et intolérant, exclusivement dévoué au triomphe de l'Église. Geoffroy, son secrétaire, le décrit comme violent, hautain mais aussi doux et épris de pureté. Capable de colères qu'il justifie ensuite : elles peuvent être bonnes ou mauvaises, selon l'objet auquel elles s'appliquent...

    Sa sérénité, son humilité autant que sa science théologique et sa ferveur religieuse lui valent une réputation qui devient européenne, sinon universelle. Il aurait pu devenir archevêque et pape.

    Forcé de répondre à tous les rois qui le consultaient, il se trouvait tout-puissant malgré lui et condamné à gouverner l'Europe. On s'étouffait pour pouvoir le toucher ; on s'arrachait un fil de sa robe ; toute sa route était tracée par des miracles.

    Les principales préoccupations de Bernard de Clairvaux

    Devenu une personnalité importante et écoutée dans la chrétienté, Bernard de Clairvaux était un abbé engagé dans les affaires de son temps. Il intervint dans les affaires publiques. Il défendit les droits de l'Église contre les princes temporels et conseilla même les papes. Il attachait en effet une grande vénération au trône de saint Pierre.

    Mais ce n'étaient pas là ses plus grandes affaires. Ses lettres nous l'apprennent. Il se prêtait au monde, et ne s'y donnait pas : son amour et son trésor étaient ailleurs. Il écrivait dix lignes au roi d'Angleterre, et dix pages à un pauvre moine. Homme de vie intérieure, d'oraison et de sacrifice, personne, au milieu du bruit, ne sut mieux s'isoler.

    Les sens ne lui disaient plus rien du monde. Il marcha tout un jour le long du lac de Lausanne, et le soir il demanda où était le lac. Il buvait de l'huile pour de l'eau, prenait du sang cru pour du beurre. Il vomissait presque tout aliment. C'est de la Bible qu'il se nourrissait, et il se désaltérait de l'Évangile. À peine pouvait-il se tenir debout, et il trouva des forces pour prêcher la croisade à cent mille hommes.

    C'était un esprit plutôt qu'un homme qu'on croyait voir, quand il paraissait ainsi devant la foule, avec sa barbe rousse et blanche, ses blonds et blancs cheveux ; maigre et faible, à peine un peu de vie aux joues. Ses prédictions étaient terribles ; les mères en éloignaient leurs fils, les femmes leurs maris ; ils l'auraient tous suivi aux monastères.

    Pour lui, quand il avait jeté le souffle de vie sur cette multitude, il retournait vite à Clairvaux, rebâtissait près du couvent sa petite loge de ramée et de feuilles, et calmait un peu son âme, malade d'amour, dans l'explication du Cantique des Cantiques qui l'occupa toute sa vie.

    L'abbé de Clairvaux n'était pas un modèle de tolérance. Il n'admettait qu'une seule foi, la sienne, et n'hésitait pas à pourfendre, sous prétexte de la défendre, jusqu'à ses amis et ses pères. Ainsi conspua-t-il les abbés de Cluny, abbaye dont Cîteaux et Clairvaux sont issues. Voilà résumée d’une façon hâtive la vie de ce grand homme.

    Le culte de la Vierge Marie

    C’est lui qui, par ses 90 sermons prononcés, a institutionnalisé le culte de la Vierge Marie. Saint Bernard de Clairvaux, cet initié celte, va favoriser le culte de la Vierge. Certes, mais de quelle Vierge ? Par cette affirmation à peine voilée, saint Bernard l’initié, nous montre qu’il accédait à d’autres connaissances que celles véhiculées au niveau du vulgaire ! Pourtant réputé pour sa dévotion mariale, saint Bernard s’est opposé avec véhémence à la notion de l’Immaculée Conception qui ne deviendra un dogme de l’Eglise catholique qu’en 1854. Ce dogme n’a été adopté qu’après moult débats théologiques pour s’imposer, non sans oppositions, qu’au 19ème siècle.

    Comment faire coïncider sa dévotion au culte de la Vierge sans rien renier de son initiation celtique ? Dans un trait de génie, ou une inspiration divine, il a inventé l’expression : Notre Dame !

    Ainsi, le culte de la Vierge Marie habilement rebaptisé culte de Notre Dame va pouvoir se développer dans l’ensemble de la chrétienté, sans que celle-ci ne soupçonne un seul instant que Notre Dame, pour les initiés, désigne en fait la Déesse – Mère d'une part et que d'autre part il n'est pas interdit de penser que derrière Notre Dame soit cachée Marie de Magdala …

     * Bernard de Fontaine ou de Clairvaux

    Bernard de Clairvaux, auteur de la Règle de l’Ordre du Temple

    Les fondateurs de l’Abbaye de Clairvaux se sont détachés de l'ordre de Cluny, alors en pleine gloire, pour vivre intégralement la règle de saint Benoît. Ils souhaitaient répondre à un idéal plus rigoureux : retour à la simplicité dans la vie quotidienne, dans le culte et dans l'art ; rupture avec le monde, pauvreté, silence, travail manuel, tels seront les éléments principaux de la création cistercienne.

    Cela correspondait aux souhaits de Bernard qui voulait retourner à l'ascèse monastique la plus rude. Cette ascèse est comparable selon lui à la route de Jérusalem : par la montée rude, vers la Jérusalem de la liberté, celle d'en-haut, notre mère.

    Bien qu'ils suivaient la règle de saint Benoît, les Cisterciens n’étaient pas à proprement parler considérés comme des Bénédictins. Notre Ordre des Chevaliers du Temple de Jérusalem doit le développement considérable qu’il a connu dans la première moitié du 12ème siècle à Bernard de Clairvaux, que l’on considère comme le plus célèbre des Cisterciens et son maître spirituel.

    La Règle de l'Ordre du Temple

     * Bernard de Fontaine ou de Clairvaux

    Dès la création de l'Ordre du Temple, l'établissement d'une règle s’était avérée nécessaire pour officialiser et légaliser l'arrivée des Templiers, ordre de moines –soldats au milieu de la société médiévale de ce début de 12ème siècle. Rappelons que le pape Honorius II et Bernard de Clairvaux avaient voulu instaurer une force militaire permanente dans les nouveaux royaumes francs pour pallier aux retours des Croisés en Europe.

    En janvier 1128, un concile s’est réuni à Troyes en Champagne et sur base des travaux de Bernard de Clairvaux. Désigné comme secrétaire du Concile de Troyes, Bernard a largement influencé la rédaction de la règle primitive de l'Ordre, dans la stricte lignée de sa pensée exhortant la noblesse à renoncer aux guerres privées pour se mettre au service de la foi.

    Cette règle initiale, dite « Règle Latine » a été traduite, adaptée, réformée et complétée au fil des ans par la publication des « Retraits ». Cette règle, qui comprend 686 articles, est divisée en plusieurs parties que nous n’allons pas détailler ici mais qui pourrait faire l’objet d’autres moments de réflexion : la règle primitive ; les statuts hiérarchiques ; l'élection du maître de l'Ordre ; les pénalités ; la vie conventuelle des frères ; les chapitres ; les pénitences ; des détails concernant les pénalités ; la Réception dans l'Ordre…

    Remarquons cependant que s’il était effectivement présent et actif en 1128 au Concile de Troyes au cours duquel, entre autres points, fut soumis le projet de Règle préparé pour le nouvel Ordre d’Hugues de Payns, Bernard de Clairvaux n’en est nulle part désigné comme l’auteur.

    Proximité n’est pas paternité. Et ce n’est pas parce que Bernard de Clairvaux était en harmonie avec l’esprit dans lequel l’Ordre du Temple devait œuvrer qu’il en a rédigé la Règle. Ce qui n’ôte naturellement rien à sa richesse ni à sa valeur spirituelle !

    Bernard de Clairvaux et le projet de création de l’Ordre du Temple

    C’est au retour des neufs Templiers, tous connus, qu’a été promulguée, en 1128, la règle de l’Ordre du Temple lors du Concile de Troyes, convoqué sous l’impulsion du même Bernard de Clairvaux.

     * Bernard de Fontaine ou de Clairvaux

    Le Concile de Troyes a officialisé l'Ordre du Temple et lui a accordé une totale indépendance vis-à-vis du clergé séculier et des souverains temporels, sous la houlette d'Etienne Harding et de Bernard de Clairvaux. Nous le savons, l'origine de la création de l'Ordre du Temple est à peu de choses près une affaire de famille et tout s'articule autour du comte de Champagne et du mouvement cistercien. Les principaux créateurs et leurs maîtres à penser sont originaires du comté de Champagne.

    Leurs autres compagnons sont issus de la maison des Princes de Flandres, croisés et pélerins de la première heure.

    La présence omniprésente de Bernard de Clairvaux et d'Etienne Harding autour des fondateurs de notre Ordre éclaire sur le fondement religieux et même mystique des origines de l'Ordre.

    Les Chevaliers Templiers sont partis chercher quelque chose en Orient. Quelque chose de primordial pour la religion de Bernard et d’Etienne. Quelque chose ne pouvant se trouver que sur les Lieux Saints. Quelque chose de tellement secret que seul le pape a dorénavant prise sur l'Ordre. Quelque chose de si fabuleux que seuls les liens du sang des fondateurs peut le protéger...

    Mais qu'ont-ils cherché, trouvé ou cru trouver ? Nul ne le sait et rien ne peut être affirmé.

    Une chose demeure certaine cependant : la création de l'Ordre du Temple ne s'est pas faite dans le but un peu simpliste de protéger les pélerins sur les routes mais répond à une démarche longuement réfléchie voire une quête mystique plus ou moins commanditée par les moines cisterciens, Etienne Harding et Bernard de Clairvaux.

    Les premiers Templiers ont été les « dépositaires des Arcanes majeurs de la tradition primordiale », connaissances qui leur auraient permis d’instruire les bâtisseurs des cathédrales.

    Mais les premiers Templiers auraient aussi pu occulter leur mission officielle de défenseurs des routes pélerines pour se livrer à d’intenses fouilles dans les ruines du Temple de Salomon à Jérusalem et auraient pu y retrouver, par exemple, l’Arche d’alliance, réceptacle des Tables de la Loi ; les secrets architecturaux qui feront rayonner l'art gothique à partir du 12ème siècle, ou des objets porteurs de lois mathématiques régissant l’univers. La clé, en quelque sorte, du progrès humain.

    Ramenés secrètement en France pour être mis en lieu sûr, ces objets auraient été contemplés par quelques initiés, dont saint Bernard de Clairvaux, le phare spirituel de l’Occident. Mais il n’existe aucune preuve de cela… Une absence qui participe au mystère des Templiers !

    Bernard de Clairvaux, « saint Bernard »

     * Bernard de Fontaine ou de Clairvaux

    Bernard a joué un rôle déterminant dans la transposition de la croisade en « guerre sainte » contre les Cathares. Il a effectivement été canonisé quelques années après son décès, en 1174 plus précisément, et est devenu ainsi saint Bernard de Clairvaux. Il a aussi été déclaré docteur de l’Église en 1830 par Pie VIII.

    Bernard a parlé aux rois, aux évêques et même au pape avec une telle autorité que tout le monde pliait devant lui et le révérait. Il connaissait tout sur tout, c'était un thaumaturge exceptionnel !

    La pensée du futur saint Bernard et l'abbaye de Clairvaux règneront sur tout le monde chrétien durant le 12ème siècle et influenceront toute la civilisation occidentale pour les siècles à venir.

    Les enseignements de Bernard de Clairvaux doivent nous concerner au plus haut degré, surtout si nous y incluons chacun des 686 articles de la Règle de l’Ordre.

    Pour terminer ce parchemin à caractère essentiellement historique, rappelons un des enseignements élémentaires de Bernard de Clairvaux : « Si tu désires voir, écoute d’abord, l’audition est un degré vers la vision ».

    Frère André D., ancien Chapelain, Gardien de la Foi au sein du Grand Prieuré de Belgique

    Lien vers le parchemin suivant : La vie de Bernard de Fontaine


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  • 20 août 2018 - Fête de saint Bernard - Parchemin 03

    Saint Bernard de Clairvaux

     * 03 - Saint Bernard de Clairvaux

    Introduction

    Saint Bernard (1090-1153) naquit au château de Fontaines, près de Dijon, d'une famille distinguée par sa noblesse et par sa piété, et fut, dès sa naissance, consacré au Seigneur par sa mère, qui avait eu en songe le pressentiment de sa sainteté future. Une nuit de Noël, Bernard, tout jeune encore, assistait à la Messe de Noël. Il s'endormit, et, pendant son sommeil, il vit clairement sous ses yeux la scène ineffable de Bethléem, et contempla Jésus entre les bras de Marie. A dix-neuf ans, malgré les instances de sa famille, il obéit à l'appel de Dieu, qui le voulait dans l'Ordre de Cîteaux. Mais il n'y entra pas seul : il décida six de ses frères et vingt-quatre autres gentilshommes à le suivre.

    L'exemple de cette illustre jeunesse et l'accroissement de ferveur qui en résulta pour le couvent suscitèrent tant d'autres vocations, qu'on se vit obligé de faire de nouveaux établissements. Bernard fut le chef de la colonie qu'on envoya fonder à Clairvaux un monastère qui devint célèbre et fut la source de cent soixante fondations, du vivant même du saint.

    Chaque jour, pour animer sa ferveur, il avait sur les lèvres ces mots : « Bernard, qu'es-tu venu faire ici ? » Il y répondait à chaque fois par des élans nouveaux. Il réprimait ses sens au point qu'il semblait n'être plus de la terre. Voyant, il ne regardait point, entendant, il n'écoutait point, goûtant, il ne savourait point. C'est ainsi qu'après avoir passé un an dans la chambre des novices, il ne savait si le plafond était lambrissé ou non. Côtoyant un lac, il ne s'en aperçut même pas. Un jour, il but de l'huile pour de l'eau, sans se douter de rien.

    Bernard avait laissé, au château de sa famille, Nivard, le plus jeune de ses frères : « Adieu, cher petit frère, lui avait-il dit. Nous t'abandonnons tout notre héritage. - Oui, je comprends, avait répondu l'enfant, vous prenez le Ciel et vous me laissez la terre. Le partage n'est pas juste ». Plus tard, Nivard vint avec son vieux père rejoindre Bernard au monastère de Clairvaux.

    Le saint n'avait point étudié dans le monde mais l'école de l'oraison suffit à faire de lui un grand Docteur [de l’Église], admirable par son éloquence, par la science et la suavité de ses écrits. Il fut le conseiller des évêques, l'ami des Papes, l'oracle de son temps. Mais sa principale gloire, entre tant d'autres, semble être sa dévotion incomparable envers la Très Sainte Vierge. Bernard meurt en 1153 à 63 ans laissant derrière lui plus de 500 abbayes cisterciennes !

    Saint Bernard, pourtant si engagé dans son monastère, sillonnera les routes d'Europe pour défendre l'Église et porter témoignage à la Vérité dans toute son orthodoxie. En 1129 par exemple, il participe au Concile de Troyes, convoqué par Sa Sainteté le Pape Honorius II, mais aussi, quelques années plus tard au Concile de Sens en 1140 où il fait condamner les 19 hérésies de Pierre Abélard. Il ne cessera de combattre les hérésies cathares mais aussi l'antisémitisme de son époque : « ne sommes-nous pas spirituellement des sémites ? » écrira-t-il. Il prêchera ensuite à Vézelay la deuxième croisade par un discours historique, le 31 mars 1146. Epuisé, il meurt le 20 août 1153 dans son Abbaye de Clairvaux. Il sera par la suite canonisé le 18 juin 1174 par Alexandre III, et déclaré Docteur de l'Église par Pie VIII en 1830. On le fête le 20 août.

    Extrait du blog « notredamedesneiges.over-blog »

     * 03 - Saint Bernard de Clairvaux

    A quoi pouvait rêver dans l’éclat de sa jeunesse le fils de Tescelin, chevalier du duc de Bourgogne, et de dame Aleth de Montbard, si bonne chrétienne ? De chasses ou de tournois ? De chants de guerre ou de galantes conquêtes ? En tout cas, certainement pas de vie monastique comme il en fera le choix à l’âge de vingt-trois ans. D’autant qu’il entraînait avec lui une trentaine de jeunes en quête d’absolu

    Dès 1115, après trois années de vie monastique à Cîteaux, Bernard est envoyé à Clairvaux pour y fonder l’abbaye dont il restera père-abbé jusqu’à sa mort. Mais loin de rester cloîtré, il parcourt les routes d’Europe devenant, comme on a pu l’écrire, « la conscience de l’Église de son temps ».

    Il vint plusieurs fois à Paris, à Saint-Pierre de Montmartre, à la chapelle du Martyrium, à la chapelle Saint-Aignan où il venait souvent prier devant la statue de la Vierge qui se trouve maintenant à Notre-Dame de Paris.

    Sa correspondance abondante avec des princes, des frères moines ou des jeunes gens qui requièrent son conseil ne l’empêche pas de se consacrer à la contemplation tout autant qu’à l’action directe dans la société de son temps.

    Infatigable fondateur, on le voit sur sa mule, traînant sur les routes d’Europe sa santé délabrée et son enthousiasme spirituel. Sa réforme monastique l’opposa à l’Ordre de Cluny dont il jugea l’interprétation de la règle de saint Benoît trop accommodante. A sa mort, en 1153, ce sont déjà trois cent quarante-trois abbayes cisterciennes qui ont surgi du sol européen.

    Extrait d’une publication de l’Église catholique de France

     * 03 - Saint Bernard de Clairvaux

    Aimer l’amour

    Arbitre des conflits politiques, intellectuels et religieux de son temps, saint Bernard a aussi initié au 11ème siècle un retour aux sources de la spiritualité bénédictine, notamment par l’attachement à la sobriété primitive de la Règle de saint Benoît. Mais il a d’abord été un immense mystique, dont l’influence, conjuguée à celle de saint Augustin, dominera la suite de la littérature chrétienne. « Aimer l’amour » : ce leitmotiv de la littérature courtoise est également celui de la mystique nordique depuis saint Bernard. Il vient de l’un des textes les plus fameux de la spiritualité occidentale, indéfiniment repris et commenté au fil des siècles : le Cantique des cantiques.

     * 03 - Saint Bernard de Clairvaux

    Renaître sans cesse à l’amour

    « Dieu est amour », nous dit saint Jean. C’est une « bonté qui se diffuse d’elle-même », renchérit par la suite sait Thomas d’Aquin. Tout vient de lui et va à lui. Il ne sert à rien et tout le sert. Il explique tout et n’est expliqué par rien. Il est nécessaire et suffisant au bonheur de l’homme, puisque l’homme est appelé à être Dieu, si bien que son bonheur est le même que celui de Dieu : « Il n’aime que pour qu’on l’aime, sachant que ceux qui l’aimeront seront par cet amour même heureux ».

    Dans la sainte Trinité, l’amour vient du Père. C’est pourquoi, explique saint Bernard, dans notre position filiale, il nous faut « remonter à son principe » et « y puiser sans cesse » pour renaître sans cesse à notre identité divine. Dès que nous nous détournons de cette source, nous retombons dans le néant, d’où la Parole aimante du Père nous avait tirés. C’est tout le thème chez saint Bernard de l’imago curva : l’image de Dieu qui retombe en nous et se replie sur elle-même.

     * 03 - Saint Bernard de Clairvaux

    Ressemblance de Dieu mais pas égalité

    En se donnant à nous, Dieu fait de nous ses semblables, si bien que l’amour  est le moteur de notre âme, et tous ses « mouvements, sentiments et affections » en dépendent. Attention : cette ressemblance n’est pas non plus égalité – car enfin Dieu est tout et nous ne sommes rien, ou du moins rien d’autre que ce qu’il nous fait être. Mais cela n’empêche pas que nous soyons pleinement Dieu quand nous aimons. C’est de cette manière que saint Bernard comprend, avec toute la Tradition antérieure, notre création « à la ressemblance de Dieu » au livre de la Genèse (Gn 1, 26). La question n’est pas d’être à la taille de Dieu – ce qui a été l’orgueil luciférien. Mais d’être pleinement Dieu, quelle que soit notre taille.

    Installant pour toujours le Cantique des cantiques dans la littérature mystique, saint Bernard développe ainsi l’amour sponsal comme modalité de l’amour filial de Dieu. Même si l’un donne et l’autre reçoit, les mettre en situation d’époux permet de souligner l’égale dignité entre Dieu et l’homme – sans laquelle il n’y aurait pas d’amour vrai. Ainsi que la parfaite réciprocité de leur union – sans laquelle elle serait fusion. Et enfin, le fait qu’elle soit appelée à se consommer dans la chair – l’Incarnation de Dieu est liée à l’objectif de la divination de l’homme. Avec saint Bernard, le « mariage spirituel » sera dominant dans la spiritualité occidentale, donnant lieu à des développements extraordinaires quatre siècles plus tard, chez sainte Thérèse d’Avila et saint Jean de la Croix.

    Père Max Huot de Longchamp

     * 03 - Saint Bernard de Clairvaux

    Le message spirituel de saint Bernard

    Dans l’un de ses derniers sermons (83) sur le Cantique des Cantiques, aux approches de la fin de sa vie, Bernard de Clairvaux écrivait :

    « L’amour se suffit à lui-même, il plaît par lui-même et pour lui-même. Il est à lui-même son mérite, à lui-même sa récompense. L’amour ne cherche hors de lui-même ni sa raison d’être ni son fruit. Son fruit, c’est l’amour même. J’aime parce que j’aime, j’aime pour aimer !

    Quelle grande chose que l’amour, si du moins il remonte à Dieu, son principe, s’il retourne à son origine, s’il reflue vers sa source, pour y puiser toujours son jaillissement. De tous les mouvements de l’âme, de ses sentiments, de ses affections, seul l’amour permet à la créature de répondre à son Créateur, non pas certes d’égal à égal, mais tout de même dans une réciprocité de ressemblance. Car dans son amour, Dieu ne veut rien d’autre que d’être aimé. Il n’aime que pour qu’on l’aime. Car il le sait : ceux qui l’aiment trouvent précisément dans cet amour la plénitude de la joie. Oui, quelle grande chose que l’amour ! ».

    Saint Bernard – Sermon 83 sur le Cantique des cantiques, 4 - 6

    Nous avons ici comme le testament doctrinal de Bernard, comme le condensé vibrant et palpitant de son message spirituel. Ce message est d’abord l’expression du sens premier et ultime de son existence.

    Ce message, il le livre à l’Église, le lègue à l’humanité entière, et, en cela même, il constitue l’accomplissement de son itinéraire le plus personnel, de sa grâce monastique propre.

    Extrait de France-Catholique.fr / n° 3629 / 19 avril 2019

    Brève analyse de deux lectures de la liturgie du 20 août 2019

     * 03 - Saint Bernard de Clairvaux

    Psaume : Ps 84 (85), 9, 11-12, 13-14

    R/ Ce que dit le Seigneur, c’est la paix pour son peuple. (cf. Ps 84, 9b)

    J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ? Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles ; qu’ils ne reviennent jamais à leur folie ! Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ; la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice. Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit. La justice marchera devant lui, et ses pas traceront le chemin.

    Texte fourni par Vercalendario.info

     * 03 - Saint Bernard de Clairvaux

    Commentaire :

    Le psaume 84 (85) a été écrit après le retour d’Exil du peuple d’Israël : ce retour tant attendu, tant espéré. Ce devait être un merveilleux recommencement : c’était le retour au pays, d’abord, mais aussi le début d’une nouvelle vie… Dieu effaçait le passé, on repartait à neuf… La réalité est moins rose. D’abord, on a beau prendre de « bonnes résolutions », rêver de repartir à zéro, on se retrouve toujours à peu près pareils… et c’est très décevant. Les manquements à la Loi, les infidélités à l’Alliance ont recommencé, inévitablement.

    Ensuite, il faut dire que l’Exil à Babylone a duré, à peu de chose près, cinquante ans (de 587 à 538 av. JC.). Ce sont des hommes et des femmes valides, d’âge mûr pour la plupart, qui ont été déportés et qui ont survécu à la marche forcée à travers le désert qui sépare Israël de Babylone… Cela veut dire que cinquante ans après, au moment du retour, beaucoup d’entre eux sont morts. Ceux qui rentrent au pays sont, soit des jeunes partis en 587, mais dont la mémoire du pays est lointaine, évidemment, ou bien des jeunes nés pendant l’Exil. C’est donc une nouvelle génération, pour une bonne part, qui prend le chemin du retour. Cela ne veut pas dire qu’ils ne seraient ni très fervents, ni très croyants, ni très catéchisés… Leurs parents ont eu à cœur de leur transmettre la foi des ancêtres. Ils sont impatients de rentrer au pays tant aimé de leurs parents, ils sont impatients de reconstruire le Temple et de recommencer une nouvelle vie. Mais au pays, justement, ils sont, pour la plupart des inconnus, et, évidemment, ils ne reçoivent pas l’accueil dont ils avaient rêvé. Par exemple, la reconstruction du Temple se heurtera sur place à de farouches oppositions.

    Dans le début de ce psaume de la liturgie de ce jour, on ressent bien ce mélange de sentiments. Voici des versets qui ne font pas partie de la liturgie de ce dimanche, mais qui expliquent bien le contexte : le retour d’Exil est une chose acquise : « Tu as aimé, Seigneur, cette terre, tu as fait revenir les déportés de Jacob. Tu as ôté le péché de ton peuple, tu as couvert toute sa faute ; tu as mis fin à toutes tes colères, tu es revenu de ta grande fureur » (v. 2-4). Mais, pour autant, puisque les choses vont mal encore, on se demande si Dieu ne serait pas encore en colère : « Seras-tu toujours irrité contre nous, maintiendras-tu ta colère d’âge en âge ? » (v. 6). Alors on supplie : « Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, que nous soit donné ton salut » (v.8).

    Et on demande la grâce de la conversion définitive : « Fais-nous revenir, Dieu notre salut » (v.5). Toute la première partie du psaume joue sur le verbe « revenir » : « revenir » au sens de rentrer au pays après l’exil, c’est chose faite. « Revenir » au sens de « revenir à Dieu », « se convertir », c’est plus difficile encore ! Et on sait bien que la force, l’élan de la conversion est une grâce, un don de Dieu. Une conversion qui exige un engagement du croyant : « J’écoute… que dira le Seigneur Dieu ? ». «Écouter», en langage biblique, c’est précisément l’attitude résolue du croyant, tourné vers son Dieu, prêt à obéir aux commandements, parce qu’il y reconnaît le seul chemin de bonheur tracé pour lui par son Dieu. « Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles ». Mais le compositeur de ce psaume est réaliste ! Il ajoute « Qu’ils (les fidèles) ne reviennent jamais à leur folie ! » (9c).

    La fin de ce psaume est un chant de confiance superbe, en quelque sorte « le chant de la confiance revenue », la certitude que le projet de Dieu, le projet de paix pour tous les peuples avance irrésistiblement vers son accomplissement. « La gloire (c’est-à-dire le rayonnement de la Présence de Dieu) habitera notre terre (10)… La justice marchera devant lui et ses pas traceront le chemin (14)… Amour et Vérité se rencontrent, Justice et Paix s’embrassent (11). Le psalmiste, ici, est-il bien réaliste ? Il parle comme si l’harmonie régnait déjà sur la terre. Pourtant, il n’est pas dupe, il n’est pas dans le rêve ! Il anticipe seulement ! Il entrevoit le Jour qui vient, celui où, après tant de combats et de douleurs inutiles, et de haines imbéciles, enfin, les hommes seront frères !

    Pour les chrétiens, ce Jour est là, il s’est levé lorsque Jésus-Christ s’est relevé d’entre les morts, et, à leur tour, les chrétiens ont chanté ce psaume, et pour eux, désormais, à la lumière du Christ, il a trouvé tout son sens. Le psaume disait : « Son salut est proche de ceux qui l’aiment » (10) et justement le nom de Jésus veut dire « Dieu-salut » ou « Dieu sauve ». Le psaume disait : « La vérité germera de la terre ». Jésus lui-même a dit « Je suis la Vérité » et le mot « germe », ne l’oublions pas, était l’un des noms du Messie dans l’Ancien Testament. Le psaume disait « La gloire habitera notre terre », et saint Jean, dans son Évangile dit « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire, cette gloire qu’il tient du Père » (Jn 1, 14). Le psaume disait : « J’écoute, que dira le Seigneur Dieu ? ». Jean appelle Jésus la Parole, le Verbe de Dieu. Le psaume disait : « Ce que Dieu dit, c’est la paix pour son peuple ». Lors de ses rencontres avec ses disciples, après sa Résurrection, la première phrase de Jésus pour eux sera « La paix soit avec vous ». Décidément, toute la Bible nous le dit, la paix, cette conquête apparemment impossible pour l’humanité, est pourtant notre avenir, à condition de ne pas oublier qu’elle est don de Dieu.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * 03 - Saint Bernard de Clairvaux

    Évangile :

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 19, 23-30)

    Jésus disait à ses disciples : « Amen, je vous le dis : un riche entrera difficilement dans le Royaume des cieux. Je vous le répète : il est plus facile à un chameau de passer par un trou d'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume des cieux ».

    Entendant ces paroles, les disciples furent profondément déconcertés, et ils disaient : « Qui donc peut être sauvé ? »

    Jésus les regarda et dit : « Pour les hommes, c'est impossible, mais pour Dieu tout est possible ».

    Alors Pierre prit la parole et dit à Jésus : « Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre : alors, qu'est-ce qu'il y aura pour nous ? ».

    Jésus leur déclara : « Amen, je vous le dis : quand viendra le monde nouveau, et que le Fils de l'homme siégera sur son trône de gloire, vous qui m'avez suivi, vous siégerez vous-mêmes sur douze trônes pour juger les douze tribus d'Israël. Et tout homme qui aura quitté à cause de mon nom des maisons, des frères, des sœurs, un père, une mère, des enfants, ou une terre, recevra beaucoup plus, et il aura en héritage la vie éternelle. Beaucoup de premiers seront derniers, beaucoup de derniers seront premiers ».

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par Vercalendario.info

     * 03 - Saint Bernard de Clairvaux

    Commentaire :

    Généralement quand nous entendons ce texte, nous nous arrêtons à l’aspect purement matériel, financier... mais la parole de Jésus va plus loin. Le détachement auquel Jésus nous appelle est certes matériel dans un premier temps, car tant que nous possédons des biens matériels nous y sommes attachés, nous avons peur de les perdre … et nous en voulons généralement encore plus. Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui nous crée ce genre de besoins. Or le temps que nous passons à courir pour acquérir ces biens, nous ne le passons pas avec Dieu et nous ne le passons pas non plus dans l’amour des autres ! Voilà pourquoi Jésus nous dit que l’attachement aux biens matériels nous empêche d’entrer dans le royaume de Dieu.

    Passer ce niveau et relativiser donc les biens financiers et matériels est déjà un grand pas, mais Jésus nous appelle plus loin. Il nous appelle à nous détacher de tout attachement, de tout ce qui prend le pas sur notre amour de Lui. Cela va jusqu’au détachement de ceux que l’on aime ... et cela va même jusqu’au détachement de notre propre vie …. Savoir se renoncer, savoir renoncer à tous ses désirs pour combler ceux de Dieu ! Voilà ce à quoi Jésus appelle son véritable disciple.

    Il est évident que pour arriver à cela, seul le cœur compte, et non plus le niveau social, ou le niveau d’éducation …. Oui en ce sens dans le royaume de Dieu les derniers de ce monde pourront bien se retrouver les premiers !

    Et nous où nous retrouverons nous ? Quelle place faisons-nous réellement à Dieu dans notre vie, dans notre cœur ? Cette question est importante car c’est dès maintenant que nous préparons notre place auprès du Seigneur pour l’éternité !

     Myriam de Gemma, août 2013

     * 03 - Saint Bernard de Clairvaux

    Conclusion :

    L'homme questionne : « Qu'est-ce qu'il y aura pour nous ? », signe de la grande liberté de parole qui existe entre l'homme et Dieu. Le Seigneur appelle. Mais la réponse de celui qui croit n'est pas aveugle. Le croyant cherche à connaître Celui en qui il remet sa vie. L'obéissance se fait dans un dialogue à la croisée du réel et du surnaturel, dans une écoute mutuelle qui se veut responsable et respectueuse. À l'impossible, Dieu répond : « Je serai avec toi ». Et à celui qui quitte tout pour le suivre, il donne la vie éternelle.

     * 03 - Saint Bernard de Clairvaux

    Prenons conscience de la force de cette Parole pour nous aujourd'hui. Quoi de plus fou, en effet, que de réaliser que Dieu est avec nous et qu'Il veut nous partager sa vie ! Il nous semble parfois difficile d'aller à Dieu. Nous nous décourageons et nous peinons sur le chemin de la perfection. Mais n'oublions pas que c'est surtout Lui qui veut nous rejoindre ! Alors que nous pensons perdre, il nous demande de nous laisser aimer. Alors que nous avons peur de la souffrance et de la mort, iI nous parle de vie et de relation en abondance. La conversion du cœur se trouve ici. Avec le Seigneur nous ne sommes pas dans une relation du donnant-donnant, mais du don, plus même du « par (dessus le)-don ». Merci Seigneur pour cette merveille !

    Sœur Laurence Levisse - La Croix - Méditation de mardi de la 20ème semaine du Temps ordinaire

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

     * 03 - Saint Bernard de Clairvaux

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS :

    A l’écoute de Bernard de Clairvaux

    Ô toi, qui que tu sois, qui te sais vacillant sur les flots de ce monde parmi les bourrasques et les tempêtes, plutôt que faisant route sur la terre ferme, ne détourne pas les yeux de l’éclat de cet astre si tu ne veux pas te noyer durant les bourrasques.

    Si surgissent en toi les vents des tentations, si tu navigues parmi les écueils des épreuves regarde l’étoile, appelle Marie. Si tu es balloté sur les vagues de l’insolence et de l’ambition, du dénigrement ou de la jalousie, regarde l’étoile, appelle Marie.

    En la suivant, tu ne t’égares pas ; elle te tient, tu ne t’écroules pas ; elle te protège, tu ne crains pas ; elle te guide, tu ne te lasses pas, elle favorise, tu aboutis. Ainsi par ta propre expérience tu sais à quel point se justifie la parole : « Et le nom de la Vierge était Marie » (Lc 1,27).

     * 03 - Saint Bernard de Clairvaux

    Références :

    http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-11185479.html

    http://nova.evangelisation.free.fr/leblanc_bernard_de_clairvaux.htm

    http://www.citeaux.net/collectanea/Raciti2.pdf

    France-Catholique.fr / n° 3629 / 19 avril 2019

    https://fr.aleteia.org/daily-prayer/lundi-20-aout/

    https://www.vercalendario.info/fr/evenement/liturgie-catholique-20-aout-2019.html

    https://www.bible-notes.org/article-1537-meditations-suivies-le-livre-des-juges-6.html

    http://thierry.jallas.over-blog.com/2014/08/commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-a-19e-dimanche-du-temps-ordinaire-10-aout-2014.html

    http://passionistedepolynesie.e-monsite.com/pages/enseignement-myriam-de-gemma/reflexions-bibliques/matthieu/matthieu-19-23-30.html

    https://www.la-croix.com/Archives/2011-08-13/Mardi-de-la-20e-semaine-du-Temps-ordinaire-Mt-19-23-30-_NP_-2011-08-13-698851

    Magnificat du 20 août 2019 page 20


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  • Le 20 août, selon le calendrier général romain, l'Eglise catholique romaine célèbre saint Bernard de Clairvaux, père spirituel de l’Ordre des Chevaliers du Temple. - Parchemin 02

     * Fête de saint Bernard de Clairvaux

    Fête de saint Bernard de Clairvaux

    Biographie

    Saint Bernard (1090 – 1153), abbé de Clairvaux, docteur de l’Église, naquit au château de Fontaines, près de Dijon, d'une famille distinguée par sa noblesse et par sa piété, et fut, dès sa naissance, consacré au Seigneur par sa mère, qui avait eu en songe le pressentiment de sa sainteté future. Une nuit de Noël, Bernard, tout jeune encore, assistait à la Messe de Noël. Il s'endormit, et, pendant son sommeil, il vit clairement sous ses yeux la scène ineffable de Bethléem, et contempla Jésus entre les bras de Marie.

    Bernard de Fontaine, troisième enfant de Tesselin et de la Bienheureuse Aleth eut, tout enfant, « sa grâce de Noël ». Il en garda un grand amour pour le Christ et pour Notre-Dame.

    A dix-neuf ans, malgré les instances de sa famille, il obéit à l'appel de Dieu, qui le voulait dans l'Ordre de Cîteaux. Mais il n'y entra pas seul : il décida six de ses frères et vingt-quatre autres gentilshommes à le suivre. L'exemple de cette illustre jeunesse et l'accroissement de ferveur qui en résulta pour le couvent suscitèrent tant d'autres vocations, qu'on se vit obligé de faire de nouveaux établissements. Trois ans après, saint Etienne Harding l‘envoie fonder l’abbaye de Clairvaux. Bernard fut le chef de ce monastère qui devint célèbre et fut la source de cent soixante fondations, du vivant même du Saint. 

    Très vite, ce contemplatif dénonce partout l’injustice, prêche la seconde croisade et joue un rôle de prophète auprès des papes et des princes. Abbé de 700 moines, créateur de 68 monastères, il laisse une œuvre écrite considérable notamment le commentaire sur le « Cantique des cantiques », où se révèlent son expérience mystique et sa science théologique. Ce « chantre de Marie » est, au dire de Mabillon « le dernier des Pères de l’Église et l’égal des plus grands ».

    Chaque jour, pour animer sa ferveur, il avait sur les lèvres ces mots : « Bernard, qu'es-tu venu faire ici ? » Il y répondait à chaque fois par des élans nouveaux. Il réprimait ses sens au point qu'il semblait n'être plus de la terre. Voyant, il ne regardait point, entendant, il n'écoutait point, goûtant, il ne savourait point. C'est ainsi qu'après avoir passé un an dans la chambre des novices, il ne savait si le plafond était lambrissé ou non ; côtoyant un lac, il ne s'en aperçut même pas. Un jour, il but de l'huile pour de l'eau, sans se douter de rien.

    Bernard avait laissé Nivard, le plus jeune de ses frères au château de sa famille. Plus tard, Nivard vint avec son vieux père rejoindre Bernard au monastère de Clairvaux.

    Le Saint n'avait point étudié dans le monde mais l'école de l'oraison suffit à faire de lui un grand Docteur, admirable par son éloquence, par la science et la suavité de ses écrits. Il fut le conseiller des évêques, l'ami des Papes, l'oracle de son temps. Mais sa principale gloire, entre tant d'autres, semble être sa dévotion incomparable envers la Très Sainte Vierge.

     * Fête de saint Bernard de Clairvaux

    Saint Bernard, pourtant si engagé dans son monastère, sillonnera les routes d'Europe pour défendre l'Église et porter témoignage à la Vérité dans toute son orthodoxie. En 1129 par exemple, il participe au Concile de Troyes, convoqué par Sa Sainteté le Pape Honorius II, mais aussi, quelques années plus tard au Concile de Sens en 1140 où il fait condamner les 19 hérésies de Pierre Abélard. Il ne cessera de combattre les hérésies cathares mais aussi l'antisémitisme de son époque : « ne sommes-nous pas spirituellement des sémites ? » écrira-t-il.

    Il prêchera ensuite à Vézelay la deuxième croisade par un discours historique, le 31 mars 1146. Épuisé, il meurt le 20 août 1153 à 63 ans dans son Abbaye de Clairvaux, laissant derrière lui plus de 500 abbayes cisterciennes ! Il sera par la suite canonisé le 18 juin 1174 par Alexandre III, et déclaré Docteur de l'Église par Pie VIII en 1830.

    Commission francophone cistercienne

    Lien vers le parchemin relatif à la vie de saint Bernard de Clairvaux

    Lien vers le parchemin relatif à la fête de saint Bernard de Clairvaux

     

    Analyse de la liturgie de ce jour

    20ème dimanche du temps ordinaire

    Aie pitié de moi

    Une première fois Jésus s’était retiré « dans un endroit désert » (c’était le 18ème dimanche). Aujourd’hui, deuxième retraite « vers la région (païenne) de Tyr et de Sydon » et rencontre d’une Cananéenne à la foi explosive.

    Les Cahiers – Prions en Eglise

    Le Seigneur n’oublie aucun de ses enfants. Avec confiance, tournons-nous vers lui et prenons dans notre prière tous nos sœurs et frères humains.

    Vie liturgique, revue de pastorale liturgique publiée par Novalis (Bayard Presse Canada inc), Montréal Canada

    1ère lecture : « Les étrangers, je les conduirai à ma montagne sainte »

    Lecture du livre d’Isaïe (56, 1. 6-7)

    Ainsi parle le Seigneur :

    Observez le droit, pratiquez la justice, car mon salut approche, il vient, et ma justice va se révéler. Les étrangers qui se sont attachés au Seigneur pour l’honorer, pour aimer son nom, pour devenir ses serviteurs, tous ceux qui observent le sabbat sans le profaner et tiennent ferme à mon alliance, je les conduirai à ma montagne sainte, je les comblerai de joie dans ma maison de prière, leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel, car ma maison s’appellera « Maison de prière pour tous les peuples. »

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    Commentaire 1 a :

    Au retour de l’Exil à Babylone, la question se pose de l’admission des étrangers au sein de la communauté israélite. Le prophète donne une réponse très ouverte en faveur de tous les hommes sans distinction : n’importe quel membre du genre humain peut accéder à la foi au Dieu d’Israël et entrer dans son Alliance à condition d’en observer les prescriptions religieuses et morales.

    Commentaire du Père François Brossier, exégète, professeur honoraire de l'Institut Catholique de Paris

    Commentaire 1 b :

    Il est intéressant de voir à quel point les lectures de ce dimanche se rejoignent : la question, au fond, est toujours la même : jusqu’où nos communautés doivent-elles accepter de s’ouvrir aux étrangers ? Ce qui revient à nous demander si Dieu a des préférences ou s’il aime tous les hommes ?

    Évidemment, entre la prédication d’Isaïe (notre première lecture), la lettre de Paul aux chrétiens de Rome et l’évangile de Matthieu, le contexte historique et les circonstances concrètes sont bien différents, mais l’annonce de la miséricorde de Dieu résonne avec la même intensité.

    Commençons par Isaïe : il s’agit ici de celui que l’on appelle habituellement le « Troisième Isaïe » ; l’auteur écrit dans les premières décennies qui ont suivi l’Exil, donc à la fin du sixième siècle vraisemblablement, ou au début du cinquième. Nous avons eu souvent l’occasion de voir que la réadaptation n’a pas été simple ; au bout de cinquante ans d’absence, on ne retrouve pas tout comme on l’a laissé ; et comment faire pour cohabiter avec les étrangers qui ont occupé la place entre temps? Réciproquement, ceux-ci s’inquiètent du retour des exilés ; ils se disent entre eux : « le Seigneur va certainement me séparer de son peuple. » Les eunuques, eux aussi, se posent des questions : « Voici que je suis un arbre sec » (sous-entendu, on va m’exclure). Toutes ces craintes sont fondées car jusqu’ici, la doctrine de l’élection marquait une nette séparation entre le peuple élu et les autres. Les plus scrupuleux parmi ceux qui rentrent pourraient bien avoir une tendance à l’élitisme ou à l’exclusive, dans un souci de fidélité.

    Des deux côtés, probablement, on est venu trouver le prophète ; et celui-ci édicte donc ici de la part de Dieu une règle pratique ; elle n’est probablement pas du goût de tout le monde, puisqu’il prend bien soin de faire précéder son texte de la mention « Parole du Seigneur » et il va jusqu’à la répéter trois fois dans la formulation de la décision, dont nous ne lisons qu’un extrait ici ; effectivement, la décision qu’il prône est celle de l’ouverture : si des étrangers veulent entrer dans la communauté juive, acceptez-les ; « Qu’il n’aille pas dire, le fils de l’étranger qui s’est attaché au Seigneur, qu’il n’aille pas dire : Le Seigneur va certainement me séparer de son peuple ! Et que l’eunuque n’aille pas dire : Voici que je suis un arbre sec ! Car ainsi parle le Seigneur : Aux eunuques qui gardent mes sabbats, qui choisissent de faire ce qui me plaît et qui se tiennent dans mon alliance, à ceux-là je réserverai dans ma Maison, dans mes murs, une stèle porteuse du nom ; ce sera mieux que des fils et des filles ; j’y mettrai un nom perpétuel, qui ne sera jamais retranché » (v. 3-5).

    Au passage, le prophète a quand même clairement indiqué les conditions de l’ouverture : garder les sabbats, pratiquer l’alliance, faire ce qui plaît au Seigneur. Mais l’ouverture est bel et bien là et marque une étape très importante dans la découverte de l’universalisme du projet de Dieu. Même ouverture et mêmes conditions pour les étrangers : « Les étrangers qui se sont attachés au service du Seigneur pour l’amour de son nom et sont devenus ses serviteurs, tous ceux qui observent le sabbat sans le profaner et s’attachent fermement à mon alliance, je les conduirai à ma montagne sainte. Je les rendrai heureux dans ma maison de prière, je ferai bon accueil, sur mon autel, à leurs holocaustes et à leurs sacrifices » (6-7).

    L’insistance sur la pratique du sabbat « sans le profaner » est très révélatrice : pendant l’exil, la pratique du sabbat a été un élément très important de la sauvegarde de la vie communautaire et de l’identité juive. Il ne faudrait pas qu’une trop grande ouverture entraîne une perte d’identité ; toutes les religions se heurtent à la difficulté de conjuguer ouverture et maintien des traditions, tolérance et fidélité.

    Le prophète n’en reste pas là ; au-delà de la règle pratique, il ouvre sur une annonce prophétique du projet de Dieu, ou plutôt, il replace la règle pratique dans la perspective du projet de Dieu : « Parole du Seigneur. Observez le droit, pratiquez la justice. Car mon salut approche, il vient, et ma justice va se révéler. » L’annonce de la venue prochaine du salut de Dieu remplissait les chapitres précédents (du Deuxième Isaïe), ainsi que la condition de l’accueil du salut de Dieu : « Observez le droit, pratiquez la justice. » Déjà aussi, on mentionnait les peuples étrangers, les nations, mais il semble bien qu’ils n’étaient encore que témoins de l’œuvre de Dieu en faveur du peuple élu. « Alors la gloire du Seigneur sera dévoilée et tous les êtres de chair ensemble verront que la bouche du Seigneur a parlé » (Is 40, 5) ; « Ma justice, je la rends proche, elle n’est plus éloignée et mon salut ne sera plus retardé ; je donnerai en Sion le salut, à Israël je donnerai ma splendeur » (Is 46, 13) ; « Elle est proche ma justice ; il sort mon salut, et mes bras vont juger les peuples ; les îles mettront leur espérance en moi et seront dans l’attente de mon bras » (Is 51, 5-8).

    Avec le texte d’aujourd’hui, semble-t-il, un pas est franchi : quiconque observe le droit et pratique la justice (v. 1) est désormais admis dans la Maison de Dieu. Voici le texte du verset 2 que la liturgie ne nous fait pas lire ce dimanche : « Heureux l’homme qui fait cela, le fils d’Adam qui s’y tient, gardant le sabbat sans le déshonorer, gardant sa main de faire aucun mal. » Et le prophète conclut « Car ma maison s’appellera Maison de prière pour tous les peuples. »

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

    Psaume : Ps 66, 2b-3, 5abd, 7b-8

    R/ Dieu, que les peuples t'acclament ! Qu'ils t'acclament, tous ensemble !

    Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que ton visage s’illumine pour nous ;

    et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations.

    Que les nations chantent leur joie, car tu gouvernes le monde avec justice ;

    tu gouvernes les peuples avec droiture sur la terre, tu conduis les nations.

    La terre a donné son fruit ; Dieu, notre Dieu, nous bénit.

    Que Dieu nous bénisse, et que la terre tout entière l’adore !

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    Commentaire 2 :

    La première phrase de bénédiction des prêtres reprend exactement un texte très célèbre du livre des Nombres : « Le Seigneur dit à Moïse : Voici comment Aaron et ses descendants béniront les fils d’Israël : que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse 4 briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix !... C’est ainsi que mon nom sera prononcé sur les fils d’Israël et moi, je les bénirai » (Nb 6, 24-26). Vous avez reconnu ce texte : c’est la première lecture du 1er janvier de chaque année. Pour un 1er janvier, jour des vœux, c’est le texte idéal ! On ne peut pas formuler de plus beaux vœux de bonheur.

    Et au fond, une bénédiction, c’est cela, des vœux de bonheur ! (c’est d’ailleurs ce choix d’une formule de bénédiction pour la lecture du 1er janvier qui nous permet de comprendre le sens du mot « bénédiction »). Comme des « vœux de bonheur », effectivement, les bénédictions sont toujours des formules au subjonctif : « que Dieu vous bénisse, que Dieu vous garde ... ».

    […] Dieu ne sait que nous bénir, que nous aimer, que nous combler à chaque instant. Et quand le prêtre (que ce soit au temple de Jérusalem ou à l’hôpital, ou dans nos églises), quand le prêtre dit « Que Dieu vous bénisse », cela ne veut évidemment pas dire que Dieu pourrait ne pas nous bénir ! Le souhait est de notre côté : ce qui est souhaité c’est que nous entrions dans cette bénédiction de Dieu sans cesse offerte...

    Ou bien, quand le prêtre dit « Le Seigneur soit avec vous », c’est la même chose : le Seigneur est toujours avec nous... mais ce subjonctif soit dit notre liberté : c’est nous qui ne sommes pas toujours avec lui. On peut en dire autant de la phrase « Que Dieu vous pardonne » ; Dieu pardonne sans cesse : à nous d’accueillir le pardon, d’entrer dans la réconciliation qu’il nous propose.

    Nous savons bien que, du côté de Dieu, les vœux de bonheur à notre égard sont permanents. Vous connaissez la phrase de Jérémie : « Moi, je sais les projets que j’ai formés à votre sujet, dit le Seigneur, projets de prospérité et non de malheur » (Jr 29, 11). Nous savons bien que Dieu est Amour. Toutes les pensées qu’il a sur nous, si j’ose dire, ne sont que des vœux de bonheur.

    Autre piste pour comprendre ce qu’est une bénédiction au sens biblique : je reviens au texte du livre des Nombres que nous lisions tout à l’heure et qui ressemble si fort à notre psaume d’aujourd’hui : « Que le Seigneur te bénisse et te garde... » ; la première phrase du même texte disait : « Le Seigneur dit à Moïse : Voici comment Aaron et ses descendants béniront les fils d’Israël » et la dernière phrase : « C’est ainsi que mon nom sera prononcé sur les fils d’Israël et moi, je les bénirai. » Quand les prêtres bénissent Israël de la part de Dieu, la Bible dit : « ils prononcent le Nom de Dieu sur les fils d’Israël », et même pour être plus fidèle encore, au texte biblique, il faudrait dire « ils mettent le Nom de Dieu sur les fils d’Israël ». Cette expression « Mettre le Nom de Dieu sur les fils d’Israël » est aussi pour nous une définition du mot « bénédiction ». On sait bien que, dans la Bible, le nom, c’est la personne. Donc, être « mis sous le nom de Dieu », c’est être placé sous sa présence, sous sa protection, c’est entrer dans sa présence, sa lumière, son amour. Encore une fois, tout cela nous est offert à chaque instant. Mais encore faut-il que nous y consentions. C’est pour cela que toute formule de bénédiction prévoit toujours la réponse des fidèles. Quand le prêtre nous bénit à la fin de la Messe, par exemple, nous répondons « Amen », qui est l’expression de notre accord, notre consentement.

    Dans ce psaume d’aujourd’hui, la réponse des fidèles, c’est ce refrain « Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu’ils te rendent grâce tous ensemble ! » Il y a là une superbe leçon d’universalisme ! Aussitôt qu’il entre dans la bénédiction de Dieu, le peuple élu répercute en quelque sorte sur les autres la bénédiction qu’il accueille pour lui-même. Et le dernier verset est une synthèse de ces deux aspects : « Que Dieu nous bénisse (sous-entendu, nous son peuple choisi) et que la terre tout entière l’adore ». C’est dire que le peuple d’Israël n’oublie pas un instant sa vocation, sa mission au service de l’humanité tout entière. Il sait que de sa fidélité à la bénédiction reçue gratuitement, par choix de Dieu, dépend la découverte de l’amour et de la bénédiction de Dieu par l’humanité tout entière.

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

    Épître : Le rôle des Juifs dans la nouvelle Alliance   

    Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 11, 13-15.29-32)

    Frères,
    je vous le dis à vous, qui venez des nations païennes : dans la mesure où je suis moi-même apôtre des nations, j’honore mon ministère,  mais dans l’espoir de rendre jaloux mes frères selon la chair, et d’en sauver quelques-uns.

    Si en effet le monde a été réconcilié avec Dieu quand ils ont été mis à l’écart,
    qu’arrivera-t-il quand ils seront réintégrés ? Ce sera la vie pour ceux qui étaient morts !

    Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance.

    Jadis, en effet, vous avez refusé de croire en Dieu, et maintenant, par suite de leur refus de croire, vous avez obtenu miséricorde ; de même, maintenant, ce sont eux qui ont refusé de croire, par suite de la miséricorde que vous avez obtenue, mais c’est pour qu’ils obtiennent miséricorde, eux aussi. Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans le refus de croire pour faire à tous miséricorde.

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    – Parole du Seigneur –

    Commentaire 3 a :

    C’est la fin du développement de Paul concernant les juifs. Dans une formule audacieuse, Paul montre que juifs et païens se retrouvent dans la désobéissance à Dieu. Si la désobéissance des païens a conduit à la miséricorde, la désobéissance des juifs les conduira également à la miséricorde. Tout s’ordonne au salut des hommes, juifs et païens.

    Commentaire du Père François Brossier, exégète, professeur honoraire de l'Institut Catholique de Paris

    Commentaire 3 b :

    Aux yeux de Paul, avant sa vision sur le chemin de Damas, l’humanité comprenait deux groupes bien distincts : les Juifs et les non-Juifs, qu’on appelait les « nations » ou les « païens ». Les Juifs avaient une mission et une responsabilité auprès des païens : leur faire connaître le Dieu unique.

    Lorsque Jésus ressuscité apparut à Paul, et se fit reconnaître par lui comme le Messie que le peuple d’Israël attendait, Paul comprit que la mission du peuple juif consistait désormais à faire connaître le Christ aux missions païennes. La première tâche de Paul était donc de faire connaître Jésus-Christ à ses frères juifs, et, dans un deuxième temps, les Juifs tous ensembles pourraient en témoigner auprès des non-Juifs.

    Cela, c’était le rêve, mais la réalité fut tout-autre : on sait que les Juifs, dans leur grande majorité, ont refusé l’Évangile. D’après les Actes des Apôtres, c’est à Antioche de Pisidie que le problème éclata violemment pour la première fois. Très logiquement, dans un premier temps, Paul a commencé à prêcher au nom de Jésus de Nazareth au cours d’une réunion du shabbat, un samedi matin, à la synagogue. Ce jour-là, on les écouta avec intérêt (lui et Barnabé) et on leur demanda de revenir le samedi suivant. Mais, pendant la semaine, on a eu le temps de réfléchir et des clans se sont formés. Le samedi suivant, il y avait une 6 foule nombreuse, paraît-il, mais bigarrée : des Juifs de souche dont certains étaient prêts à croire Paul et d’autres tout à fait hostiles ; mais aussi des non-Juifs, sympathisants de la religion juive, mais non circoncis ; c’étaient donc des païens (on les appelait généralement les « craignant Dieu »).

    L’opposition est venue des Juifs de souche : « Le sabbat venu, presque toute la ville s’était rassemblée pour écouter la parole du Seigneur. À la vue de cette foule, les Juifs furent pris de fureur et c’étaient des injures qu’ils opposaient aux paroles de Paul » (Ac 13, 44).

    Paul pouvait parfaitement les comprendre, puisqu’il avait connu lui aussi une période de violente opposition à la communauté chrétienne récente, mais il avait à cœur désormais d’annoncer l’évangile de toute urgence. Il a donc décidé de passer outre l’opposition de ses frères juifs et de s’adresser désormais à toutes les bonnes volontés, qu’il s’agisse de Juifs ou de païens.

    Voici les paroles qu’il a adressées aux membres de la synagogue d’Antioche : « C’est à vous d’abord que devait être adressée la parole de Dieu. Puisque vous la repoussez, et que vous vous jugez indignes de la vie éternelle, nous nous tournons vers les païens » (Ac 13, 46).

    Même discours à Corinthe quelques années plus tard : « Lorsque Silas et Timothée furent arrivés de Macédoine, Paul se consacra entièrement à la parole, attestant devant les Juifs que le Messie était Jésus. Devant leurs oppositions et leurs injures, Paul secoua ses vêtements et leur déclara : « Que votre sang vous retombe sur la tête ! J’en suis pur et, désormais, c’est aux païens que j’irai » » (Ac 18, 5 - 6).

    On retrouve le récit d’autres événements semblables à Éphèse (Ac 19, 9). On peut donc dire que si Paul a évangélisé les païens, c’est, en fait, parce que les Juifs, dans leur grande majorité, ont refusé l’Évangile. Et c’est pour cela qu’il écrit aux Romains, anciens païens : « Maintenant, à cause de la désobéissance (le refus) des fils d’Israël, vous avez obtenu miséricorde. » Désobéissance, ici, veut dire refus d’écouter ou même plutôt refus de croire. C’est grâce au refus des Juifs de reconnaître en Jésus le Messie que les apôtres ont commencé à évangéliser des non Juifs. Au passage, cela veut dire que les anciens païens n’ont aucun mérite à faire valoir, puisqu’ils sont en partie redevables de leur propre conversion à Israël lui-même et à son refus.

    Mais, dans le plan de Dieu, que devient le peuple juif désormais ? Est-il perdu et en quelque sorte remplacé par les païens ? Pour Paul, il est évident que l’Alliance offerte par Dieu au Sinaï ne peut pas être reniée : « Les dons de Dieu et son appel sont irrévocables. » C’est pour cela que Paul ne désespère pas de l’avenir d’Israël, bien au contraire : autrefois loin de Dieu, les païens ont maintenant obtenu miséricorde, et les Juifs, par la même occasion, se sont enfermés dans le refus. Mais, tôt ou tard, Israël, à son tour, découvrira avec émerveillement la miséricorde de Dieu. Et Paul a cette affirmation incroyablement audacieuse : « Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous les hommes. »

    Ne nous trompons pas sur le sens de cet « enfermement » : nous pourrions y voir une sorte de calcul machiavélique de la part de Dieu : comme s’il avait voulu conduire tous les hommes au péché pour pouvoir leur pardonner à tous. Une telle interprétation serait en contradiction absolue avec l’enseignement de Paul, tout au long de cette lettre : de même que Dieu donne toute sa grâce par amour, de même, dans son amour, il respecte notre liberté ; et lorsque notre liberté va jusqu’à refuser la grâce, il n’insiste pas. Mais, comme toujours, de tout mal, si nous le laissons faire, Dieu fait surgir du bien. La préposition « pour » ne veut pas dire que Dieu a dirigé tous les événements dans un but bien précis ; mais de nos erreurs même, Dieu fait surgir des conséquences bénéfiques : en définitive, Dieu a laissé les hommes s’enfermer dans leur refus et il en a tiré le salut de tous.

    Essayons de résumer le raisonnement de Paul : Grâce au refus des Juifs, les païens ont été évangélisés ; cet accueil des païens a exaspéré les juifs et donc ils se sont enfermés dans leur refus d’un Messie qui ouvrait les portes à n’importe qui. Mais Dieu n’oublie pas son Alliance : il leur suffira d’ouvrir leurs cœurs pour être eux aussi accueillis dans l’Église du Christ.

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

    Évangile : « Femme, grande est ta foi ! »

     * Fête de saint Bernard de Clairvaux

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (15, 21-28)

    Jésus s'était retiré vers la région de Tyr et de Sidon. Voici qu'une Cananéenne, venue de ces territoires, criait : « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. » Mais il ne lui répondit rien. Les disciples s'approchèrent pour lui demander : « Donne-lui satisfaction, car elle nous poursuit de ses cris ! » Jésus répondit : « Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues d'Israël. » Mais elle vint se prosterner devant lui : « Seigneur, viens à mon secours ! » Il répondit : « Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. — C'est vrai, Seigneur, reprit-elle ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Jésus répondit : « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! » Et, à l'heure même, sa fille fut guérie.

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    Commentaire 4 a :

    Cet épisode a toujours surpris : comment comprendre que Jésus puisse traiter les païens de « chiens » même si le qualificatif de « petits chiens » vient atténuer la rudesse du terme ?

    En fait, il faut bien comprendre le contexte dans lequel Matthieu rapporte cet épisode. Le gros problème de l’Église, composée au début uniquement de juifs, est de savoir si l’on peut vraiment y intégrer les païens sans pour autant nier que Jésus comble l’espérance du peuple juif. La réponse est double : oui, Jésus est venu pour les brebis perdues d’Israël ; et en même temps, il accueille les païens. La seule condition pour s’asseoir à la table de l’Église et y recevoir le pain des enfants, c’est de croire en Jésus-Christ, le Seigneur. À ce point de vue, la Cananéenne est vraiment un modèle : elle reconnaît en Jésus le Seigneur et le Messie (fils de David) et ne se laisse pas démonter par la réponse première de Jésus. C’est pourquoi Jésus peut louer cette grande foi.

    Commentaire du Père François Brossier, exégète, professeur honoraire de l'Institut Catholique de Paris

    Commentaire 4 b :

    En ce 20 août, les textes nous rappellent que le Salut de Dieu est offert à tous les hommes.

    La Parole est une parole à découvrir… L’Amour de Dieu se découvre lui aussi…

    Pour comprendre cela, je ferai un parallèle simple avec un cadeau qui nous serait offert et que nous refuserions d’ouvrir…

    Comment le découvrir ? Comment apprendre à l’apprécier si nous n’ouvrons pas le paquet et si nous ne nous y intéressons pas un minimum ?

    Dieu est ainsi… Il nous offre le Salut, c'est-à-dire son Amour pour que nous le découvrions, que nous nous l’approprions, que nous le laissions nous imprégner et nous guider chaque jour. Alors c’est vrai, nous ne sommes pas toujours réceptifs…

    Il arrive qu’on nous fasse de très beaux cadeaux mais que nos cœurs ne soient pas en condition pour les recevoir…

    Bien souvent nos souffrances ou simplement nos occupations nous empêchent de les apprécier.

    Heureusement, Dieu est persévérant… Il ne se contente pas de nous offrir son cadeau une seule fois… Il ne se formalise pas si nous le refusons ou si à plusieurs reprises nous ne sommes pas prêts… Il revient vers nous encore et encore et encore… Ne se lassant jamais.

    Sans cesse il met sur notre route des témoins de l’Évangile, des parents, des amis, parfois des inconnus, qui par une parole placée au bon moment nous aideront enfin à apprécier ce cadeau qui nous est fait.

    Dieu continuera à nous offrir ce cadeau jusqu’à notre dernier souffle…

    Jusque-là, il nous sera donné d’ouvrir les yeux sur son Amour et toutes les conversions qu’Il peut opérer en nous.

    C’est ce que nous disent les textes de ce jour. Nul ne peut se dire exclu de l’Amour de Dieu quelle que soit sa vie.

    Et aucun d’entre nous ne doit oublier que même les plus grands criminels qui ont traversé et traversent encore les siècles ont en eu une graine de cet amour, une graine qui – comme pour saint Paul – peut éclore à n’importe quel moment et les transformer en témoins vivants et heureux de l’Évangile.

    Il vous arrive sans doute comme à moi, de maugréer sur untel ou une telle parce qu’il a fait ceci ou cela de mal, parce qu’il a mal agit en telle ou telle circonstance… Je suis certain que vous trouverez sans peine un exemple dans un coin de votre tête.

    C’est là un comportement bien humain c’est vrai… et pourtant nous sommes alors dans l’erreur.

    Nous râlons, nous crions même parfois… Mais quand ces cris retombent… essayons de nous souvenir que dans cette personne que nous montrons du doigt est aussi présent l’Amour de Dieu.

    Plutôt que de nous demander comment la punir, comment nous venger même parfois, redoublons d’efforts et prions pour que la graine dont j’ai parlé éclose… Soyons encore et encore les témoins de l’Amour qui se donne.

    Comme d’habitude, l’Évangile vient en point d’orgue de ces textes. C’est le texte de la Cananéenne qui nous est proposé aujourd’hui. Il faut savoir qu’un Cananéen est un non-juif et donc un Païen ! Il n’est considéré par personne… Rejeté bien souvent ou tout du moins ignoré. Elle a beau être païenne, elle a entendu parler de l’arrivée de Jésus et vient à sa rencontre… Elle a beau ne pas en savoir davantage sur l’écriture et sans doute même de l’amour de Dieu, elle place son espoir en cet homme dont elle a sans doute entendu parler pour tout ce qu’il a déjà fait de bien.

    Comme nous quand cela ne va pas, nous cherchons quelqu’un qui puisse répondre à nos attendre… Nous mettons le peu d’espoir qui nous reste en celui ou celle qui semble pouvoir nous aider.

    « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon »

    Et pourtant Jésus commence par ignorer cette supplique… Il insiste en disant qu’il n’a été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël… sous-entendant qu’elle n’en fait même pas partie… Il va jusqu’à la comparer à un chien dans cette phrase que nous connaissons : « Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. » Mais elle ne s’en offusque pas… Au contraire ; elle fait preuve d’encore d’avantage d’humilité… Elle se prosterne devant lui…   « C'est vrai, Seigneur » repend-elle « mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »

    Par ce court dialogue, elle reconnaît son ignorance. Elle sait que jusque-là elle n’a rien fait de « religieux » ; elle se reconnait indigne de participer au repas… Et elle précise simplement qu’elle est prête à se contenter des miettes de l’Amour de Dieu… Elle sous-entend ainsi que le peu que le Christ pourra lui donner suffira à libérer sa fille, elle reconnait en lui la grandeur de Dieu qui peut tout.

    Jésus voit alors qu’elle est inspirée par Dieu… La graine a germé et il lui offre ce qu’elle demande. Oui, la Bonne Nouvelle est offerte à tous et chacun a bien évidemment droit à bien plus que des miettes.

    Il y a deux semaines nous entendions l’Évangile de la multiplication des pains. Il resta 12 paniers pleins de ce repas !

    Chaque fois que nous venons à la Messe, chaque fois que nous rencontrons Dieu, nous repartons nous aussi avec un panier plein de l’Amour de Dieu… Aujourd’hui encore, nous venons refaire le plein. Qu’avons-nous fait de cet Amour entre temps ? L’avons-nous gardé pour nous ou alors sommes-nous allés en faire don à ceux qui nous entourent, les Cananéens de notre monde ?

    Trop souvent nos communautés restent centrées sur elles-mêmes, autour d’un clocher. Depuis la Pentecôte, nous sommes pourtant envoyés dans le monde pour lui transmettre l’amour de Dieu. Une foi authentique ne se cantonne pas à l’intérieur des murs de nos églises, elle est faite pour porter du fruit en dehors de ces murs. Elle se proclame dans le monde, elle ne craint pas de se montrer même là où elle n’a pas l’habitude d’être vue, voir même là où elle n’est pas forcément la bienvenue, là où elle bouscule les consciences également.

    Pour terminer, je ne peux résister au besoin de vous parler ici de nos frères chrétiens d’Irak, de Syrie et de tous les endroits du monde où ils sont en dangers. C’est à nous chrétiens d’occident qu’il appartient de faire monter nos voix pour le faire savoir au monde qui nous entoure, un monde qui semble l’ignorer ou ne s’en soucie que parce que derrière leur intervention se trouve des intérêts économiques. Il nous appartient aussi de faire monter nos voix pour que ce monde bouge sauver nos frères. Et je ne parle pas de prendre les armes… Je parle de témoigner, d’alerter, de déranger les consciences comme je viens de le dire… Je parle de prier pour que les esprits de ceux qui les persécutent soient éclairés par l’amour de Dieu comme l’a été celui de Saint Paul.

    Nos témoignages, notre engagement, nos prières ne peuvent que porter du fruit… Nous sommes invités à sortir de nos murs. Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas nous enfermer dans nos seules envies de bonheur. 

    Ne l’oubliez pas : Le Salut de Dieu est offert à tous les hommes !

    Pascal Demette

    Commentaire 4 c :

    Il est intéressant de voir que cette scène intervient tout de suite après un enseignement de Jésus à propos de la pureté ; on sait que dans le monde juif, la pureté n’est pas l’absence de péché, mais l’aptitude à s’approcher de Dieu. Les Pharisiens attachaient beaucoup d’importance aux règles de pureté, pour être dignes de prier et de se rendre au Temple. Jésus, lui, vient de dire que la pureté est d’abord affaire de cœur et d’intention. Au risque de scandaliser les Pharisiens, il a dit : « Ce qui sort de la bouche provient du cœur, et c’est cela qui rend l’homme impur. Du cœur, en effet, proviennent les intentions mauvaises... C’est là ce qui rend l’homme impur ; mais manger sans s’être lavé les mains ne rend pas l’homme impur » (Mt 15, 19-21).

    Or, c’est juste après cette controverse que Jésus décide de se rendre en territoire païen, là où justement, tout le monde est impur aux yeux des Juifs puisque personne ne respecte les règles de pureté de la loi juive. Cette Cananéenne, en particulier, qui vient à la rencontre de Jésus est une païenne ; pourtant, elle n’hésite pas à s’adresser à lui pour lui demander de guérir sa fille : « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. » Sans doute a-t-elle eu vent de la réputation de guérisseur de Jésus.

    Curieusement, celui-ci ne répond pas ; ce qui incite ses disciples à intervenir : « Donne-lui satisfaction car elle nous poursuit de ses cris ». Cela fait penser à la parabole de l’ami importun rapportée par saint Luc : « Si l’un de vous a un ami et qu’il aille le trouver au milieu de la nuit pour lui dire : Mon ami, prête-moi trois pains, parce qu’un de mes amis m’est arrivé de voyage et je n’ai rien à lui offrir, et si l’autre, de l’intérieur, lui répond : Ne m’ennuie pas ! Maintenant la porte est fermée ; mes enfants et moi nous sommes couchés ; je ne puis me lever pour te donner du pain, je vous le déclare : même s’il ne se lève pas pour lui en donner parce qu’il est son ami, eh bien, parce que l’autre est sans vergogne, il se lèvera pour lui donner tout ce qu’il lui faut » (Lc 11, 5-8).

    Il semble bien que par cette parabole Jésus recommande la persévérance dans la prière. La parabole de la veuve opiniâtre et du juge inique (au chapitre 18 de Luc) va dans le même sens et saint Luc précise que Jésus a raconté cette parabole pour dire à ses disciples « la nécessité de prier constamment et de ne pas se décourager ». C’est exactement ce que fait la Cananéenne et elle importune les disciples qui supplient Jésus d’intervenir. Ce à quoi il leur répond que cette femme est une étrangère, une Cananéenne : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël. »

    Pourquoi appelle-t-elle Jésus, fils de David, et quel sens ce titre a-t-il dans sa bouche ? Nous ne le saurons pas ; mais c’est bien en tant que berger d’Israël (messie, descendant de David) qu’il se place quand il dit à ses disciples : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël ».

    En disant cela, il se situe résolument dans la perspective du projet de Dieu dont la première étape concerne le peuple d’Israël. Il avait déjà pris position très clairement de la même manière lorsqu’il avait envoyé ses apôtres en mission.

    Matthieu raconte : « Ces apôtres, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : Ne prenez pas le chemin des païens et n’entrez pas dans une ville de Samaritains ; allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël » (Mt 10, 6).

    On sait qu’au début de son activité missionnaire, saint Paul s’était d’abord adressé prioritairement aux Juifs ; c’est ce que l’on pourrait appeler la « logique de l’élection » : Dieu a choisi le peuple d’Israël pour se révéler à lui, à charge pour le peuple élu de relayer cette révélation auprès des autres peuples. Saint Paul, résolument, respectait ce choix. Et seulement dans un deuxième temps, après son échec auprès de la majorité des Juifs, Paul s’est tourné vers les païens. C’était exactement le thème de notre deuxième lecture de ce dimanche.

    Il semble bien que Jésus, ici, se situe également dans cette logique de l’élection. C’est au peuple d’Israël et à lui seul qu’il est envoyé pour annoncer la venue du royaume de Dieu et en donner des signes par sa parole et par ses actes.

    Mais une autre question se pose ici : comment répondre aux étrangers, aux païens qui souhaitent rejoindre le peuple élu ? Peuvent-ils se frayer un chemin vers le salut ? Et, si oui, à quelles conditions ? Cette même question habitait déjà nos deux premières lectures. Vers 500 avant JC, Isaïe répondait : oui, des étrangers peuvent être admis dans la maison de Dieu et donc dans la communauté juive, à condition de respecter la loi juive.

    Jésus, lui, va encore plus loin. Il commence par justifier son refus d’intervenir : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. » Mais il finit par agir en faveur de la Cananéenne ; et pourquoi change-t-il d’avis ? Parce qu’elle a la foi, dit-il : « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! »

    Je ferai trois remarques :

    1) Jésus dit que la Cananéenne a la foi simplement parce qu’elle s’obstine à lui faire confiance ; elle ne se laisse pas rebuter, au contraire, elle insiste : « les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » La foi n’est-ce pas cela : s’obstiner à faire confiance ?

    2) Jésus n’exige de la Cananéenne aucune des pratiques de la religion juive : seulement la foi. C’est très exactement la position que Paul prendra plus tard lorsqu’il évangélisera les païens.

    3) Il est évident que l’opiniâtreté de la maman était guidée par son amour pour sa fille. Peut-être aurons-nous l’opiniâtreté suffisante pour demander et obtenir le salut du monde... quand nous l’aimerons assez ?

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

    Conclusion :

    Le don de Dieu dépasse les frontières

    Le mal qui atteint sa fille est profond et la souffrance ne peut que faire crier cette maman. Elle a entendu parler de ce Jésus qui vient d’Israël ; elle sait sa renommée et engage toutes ses forces dans ses cris. Elle exaspère les disciples qui n’hésitent pas à se tourner vers Jésus pour demander son renvoi. Scène étonnante qui nous montre, semble-t-il, un Jésus en décalage entre son message et son attitude présente. Où donc est l’homme de l’accueil, de la miséricorde et des béatitudes ? Ne nous trompons pas sur cette attitude qui pourrait nous choquer. Reprenons la situation dans son déroulement originel : Jésus est venu pour le peuple d’Israël. Or il est en terre étrangère : l’appel de cette femme pourrait le laisser insensible…Mais le dialogue qui s’instaure change la donne. La proclamation de foi de cette femme, son à-propos, sa profondeur sont le chemin que prend Jésus pour ouvrir la porte de sa mission hors des frontières habituelles. L’humilité et la ténacité habitent la foi de la Cananéenne, qui n’hésite pas à se comparer aux petits chiens ramassant les miettes de la table… La porte est ouverte à tous ; enfin peut s’accomplir la prophétie d’Isaïe : « Ma maison s’appellera “Maison de prière pour tous les peuples”. » Paul n’hésitera pas à prendre la même voie en se disant « apôtre des nations ». Quelle chance, au cœur de ce temps de vacances, d’avoir une liturgie qui appelle à l’ouverture… Le don de Dieu dépasse l’imagination ! Jésus se laisse émerveiller par la foi et le cri d’une étrangère… Osons ce cri et cette foi et nous recevrons certainement au centuple !

    Père Pierre-Yves Pecqueux, eudiste

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS.

    La force de la prière

    Que penser quand on lit : « Toute chair viendra se prosterner devant ma face » (Is 66,23) ? Tout cela n’a-t-il pas été affirmé comme si personne n’était exclu de ce don que fait Dieu ?

    L’Apôtre affirme que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (1 Tm 2,4). Partout donc, l’Eglise adresse à Dieu des supplications, pas seulement pour les Saints et ceux qui sont déjà régénérés dans le Christ, mais pour tous les infidèles, pour les ennemis de la croix du Christ, pour tous les adorateurs des idoles, pour tous ceux qui persécutent le Christ dans ces membres.

    Le Seigneur miséricordieux et juste veut donc, qu’on le supplie pour tous les hommes, ainsi quand nous voyons tant de personnes délivrées de maux profondément ancrés en elles, nous sommes certains que Dieu a donné ce qu’il lui avait été demandé dans la prière ; nous rendons grâce pour ceux qui ont été sauvés.

    Saint Prosper d’Aquitaine

    Références :

    http://www.cfc-liturgie.fr/index.php?option=com_content&task=section&id=115&Itemid=269

    http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-11185479.html

    http://www.vieliturgique.ca/index.php?option=com_content&task=view&id=52

    http://www.aelf.org/2017-08-20/romain/messe

    https://www.vercalendario.info/fr/evenement/liturgie-catholique-20-aout-2017.html

    http://homeliepartage.blogspot.be/2014/08/2014-08-17-20-dimanche-du-temps.html

    http://www.paroissesaintmaxime.org/commentairesPourSite/14-08-2011.pdf

    http://thierry.jallas.over-blog.com/2014/08/commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-a-20e-dimanche-du-temps-ordinaire-17-aout-2014.html

    http://www.catholique-blois.net/actualite/commentaires-evangile/commentaires-devangile/20e-dimanche-a-20-aout-2017

    http://www.prionseneglise.fr/Dimanche-en-eglise/Dimanche-20-aout-2017

    Magnificat du dimanche 20 août 2017 – page 289


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  • Le 20 août, c’est la fête de saint Bernard de Clairvaux - Parchemin 01

    Bernard de Clairvaux, notre protecteur…

    La Saint-Bernard de Clairvaux

    Bernard de Fontaine est un moine français, réformateur de la vie religieuse au 12ème siècle.

    Directeur de conscience et important promoteur de l'ordre cistercien, il rechercha par amour du Christ la mortification la plus dure.

    Bernard fit preuve, toute sa vie durant, d'une activité inlassable pour instruire ses moines de Clairvaux, pour émouvoir et entraîner les foules, pour allier son ordre avec la papauté et pour élaborer une idéologie militante que son ordre et toute l'église catholique mettront en œuvre.

    Il fut aussi un conservateur qui réagit contre les mutations de son époque (la « renaissance du 12ème siècle »), marquée par une profonde transformation de l'économie, de la société et du pouvoir politique.

    Il joua un rôle déterminant dans la transposition de la croisade en guerre sainte contre les Cathares. Il fut canonisé en 1174 et devint ainsi saint Bernard de Clairvaux. Il a été déclaré docteur de l'Église en 1830 par le Pape Pie VIII.

    En 1115, Étienne Harding a envoyé le jeune homme à la tête d'un groupe de moines pour fonder une nouvelle maison cistercienne dans la vallée de Langres. La fondation appelée « claire vallée » devint ensuite « Clairvaux ». Bernard a été élu abbé de cette nouvelle abbaye.

    Les débuts de Clairvaux furent difficiles : la discipline imposée par Bernard était très sévère. Bernard poursuivit ses études sur l'Écriture Sainte et sur les Pères de l'Église. Il avait une prédilection presque exclusive pour le Cantique de Salomon et pour saint Augustin.

    En 1128, Bernard participa au concile de Troyes, convoqué par Honorius II et présidé par Matthieu d'Albano, légat du pape. Bernard fut nommé secrétaire du concile, mais en même temps il était contesté par une partie du clergé.

    C'est lors de ce concile que Bernard fit reconnaître les statuts de la milice du Temple, les Templiers, dont il rédigea lui-même les statuts.

    Lien vers la liturgie du dimanche 20 août 2017

     


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