• Entendu récemment à la Commanderie St Georges de Notre-Dame de Leffe :

    Approche du symbolisme du pain et du vin 

    Il y a des questions qu’on ne se pose pas souvent, entre autres, celle de savoir pourquoi les chrétiens utilisent du pain et du vin lors des célébrations sacerdotales. La réponse qui vient d’abord à l’esprit c’est que les chrétiens ne font que suivre l’exemple du Christ lors de la dernière Cène. Mais pourquoi du pain et du vin ?

    On peut dire que le Christ a utilisé des nourritures déjà lourdes de symboles. Depuis que le blé et la vigne sont entrés dans la vie et la culture des hommes, ils ont toujours eu un sens religieux parce que le blé est devenu la base de la nourriture, que son cycle contient une phase de mort et une phase de résurrection, parce que le vin, couleur de sang et procurant l’ivresse, est la boisson de joie des vivants. Rappelons-nous les paroles prononcées lors de l’Offertoire :

    « Tu es béni, Dieu de l’Univers, Toi qui nous donne ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes.

    Tu es béni, Dieu de l’Univers, Toi qui nous donne ce vin, fruit de la vigne et du travail des hommes. »

    La formule « fruit de la terre et du travail des hommes » nous aide à comprendre pourquoi le Christ prit du pain et du vin, plutôt qu’autres choses telles de l’eau, des fruits, du poisson ou de la viande.

    Le pain et le vin ne sont pas les aliments les plus simples car ils sont issus d’un processus de transformation et ils sont le fruit d’un travail. Le Christ ne pouvait pas prendre de l’eau qui seule désaltère vraiment. Il a choisi du vin, une boisson de fête qui « réjouit le cœur de l’homme », et qui s’obtient par le foulage des fruits de la vigne suivi d’une longue fermentation. De même, Il a choisi du pain, aliment non naturel, qui suppose lui aussi du travail, et la mort du grain planté lors du broyage du grain récolté.

    Dans le pain et le vin, la mort est bel et bien présente ; de plus, c’est une mort prévue, organisée et exécutée par les hommes, de même que le Christ est mort de la main des hommes ; mais c’est dans cette mort qu’Il nous offre notre rédemption.  Le pain et le vin portent en eux, du fait de leur processus de fabrication, cette dimension du Salut : la mort du Sauveur qui seule peut donner aux hommes la vraie nourriture et la vraie boisson, c’est-à-dire l’accès par le Christ à la Vie du Royaume du Père.

    Quelle est donc la valeur symbolique du grain de blé ?

    La parabole du semeur, dans l’évangile de Luc, est assez significative à ce sujet. Le grain de blé est la parole de Dieu, et le terrain où il est jeté est le cœur de l’homme mais aussi l’homme lui-même dont le cycle de vie est représentatif de ce que devrait être notre itinéraire spirituel. En effet, dans le jardin d’Eden, Adam s’est détourné de la communion avec Dieu en suivant les promesses du Serpent. Avec comme conséquence de son péché que l’homme est condamné à travailler et à mourir, alors qu’il lui avait été donné de jouir d’une vie sans limites en consommant le fruit de l’Arbre de Vie.

    En travaillant la terre, l’homme devient humble, et c’est bien ce que lui apprend le grain de blé, lui qui en étant enfoui dans le sol, va disparaître dans la matière pour s’y décomposer, s’y dissoudre, se transformer afin de donner naissance à la petite pousse qui donnera l’épi. Il faut du courage et de la force pour sortir du sol, mais animée d’une force irrésistible, la jeune pousse traverse tout pour aller vers le soleil. Dans sa recherche de verticalité, le blé en herbe doit affronter le vent, la pluie, la grêle, en s’alimentant à la source de toute énergie, le soleil, et en puisant ses ressources dans l’humus nourricier.

    De même, le Chrétien qui a reçu le germe de la foi, doit se transformer et se construire avec une énergie semblable. Il doit aussi tirer parti de tout ce qui l’entoure, tout ce qui fait sa vie et celle de ses proches : bonheurs, malheurs, soucis et difficultés de la vie de tous les jours, et cela à la lumière de l’enseignement du Christ.                             

    Cependant, les grains doivent être récoltés et passés sous la meule afin de devenir farine puis pain, c’est-à-dire nourriture pour faire vivre d’autres. Et c’est là la seconde transmutation. Après la transformation du grain en plante, c’est la transformation du grain en farine. Ce sont deux changements différents. Le premier est individuel, le deuxième, collectif, dans lequel le grain perd sa forme et son individualité mais donne une nouvelle matière à laquelle il participe. Ainsi le chrétien véritable est-il devenu une créature nouvelle appelée à vivre à l’imitation du Christ et à devenir lui aussi du pain de vie.

    Il nous faut donc travailler pour continuer à produire le pain et le vin du Saint Sacrement dont nous avons besoin pour que le Christ demeure en nous. Le Christ ne vient pas en nous d’une façon abstraite, mais dans une nourriture que nous avons nous-mêmes produite. Finalement, n’oublions pas que cette nourriture, si extraordinaire qu’elle puisse paraître, nous est donnée réellement comme une nourriture : pour être mangée ! Le Corps et le Sang du Christ ne sont pas des reliques magiques mais le Vrai Pain et le Vrai Vin qui n’ont d’intérêt pour nous que si nous les consommons, afin de devenir ce qu’ils sont : le Corps du Christ, c’est-à-dire l’Eglise.

    La quête spirituelle et le parcours initiatique du Frère Templier peuvent être mis en parallèle avec cette image symbolique du grain de blé.  En effet, telle la pierre brute devant sans cesse être polie, l’homme se doit de grandir inexorablement et tendre vers la Lumière, quelles que soient les embûches rencontrées sur sa route pour finalement en tirer une expérience nourrissante.

    Sœur Novice Adrienne d L.


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  • Le Templier, moine - soldat ? Une question d'éthique.

    Après avoir traité, lors de mon précédent parchemin, du thème de l’immortalité de l’âme, principalement dans la philosophie platonicienne, j’ai souhaité, cette fois-ci, aborder une question historique, en l’occurrence l’aspect moral du concept de soldat-moine ou moine-chevalier.

    Lien vers ce parchemin précédent

    Pour ce faire, transportons-nous quelques siècles auparavant.

    Pâques 1119. Toute la chrétienté célèbre la résurrection du Christ. Pourtant, à Jérusalem, le roi Baudouin II fait grise mine : il vient d’apprendre qu’une caravane de pèlerins a été surprise près du Jourdain et trois cent d’entre eux ont été massacrés.  Mais que peut-il y faire ? La grande majorité des chevaliers sont repartis en Occident, leur promesse de libérer le tombeau du Christ tenue.  Il ne lui reste que quelques centaines de chevaliers éparpillés dans des dizaines de places fortes et, les Turcs au Nord, les Égyptiens au Sud et les bédouins locaux multiplient les raids.

    Toujours plongé dans ses réflexions, Baudouin reçoit en audience deux chevaliers, jusque-là membres d’une confrérie laïque vouée à la protection du Saint Sépulcre. Hugues de Payns et Geoffroy de Saint-Omer sont venus lui demander, à lui et au Patriarche de Jérusalem, de constituer avec d’autres camarades une milice combattante pour protéger les pèlerins, tout en s’astreignant à une vie religieuse contemplative.

    Cependant, le concept de « moine-soldat » est à l’antithèse du rôle de moine cloîtré et méditatif. L’offre n’était pas évidente : jamais l’Eglise n’avait compté d’hommes de guerre dans ses rangs. Verser le sang est-il moral lorsqu’on voue sa vie à Dieu ? L’union de l’idéal du moine à celui de chevalier n’était pas loin d’être un scandale à l’époque où le schéma trifonctionnel des trois ordres s’impose à la société chrétienne, à savoir ceux qui prient (oratorum), ceux qui combattent (defensorum) et ceux qui travaillent (laboratorum). Or ces trois ordres sont nettement séparés et subordonnés hiérarchiquement les uns aux autres : le clergé domine les deux autres et le monachisme forme la couche supérieure de ce même clergé. Mais pour l’heure, le réalisme politique l’emportera sur la doctrine : la Terre Sainte a besoin de lances et la création d’une institution militaire permanente, à l’heure où un tel concept n’existe pas, est en outre une idée séduisante.  Baudouin II décidera d’accepter.

    Le problème d’ordre éthique était de loin le plus difficile à résoudre, et Hugues de Payns ne tarda pas à en faire l’expérience.  En 1128, Guigues, Prieur de la Grande Chartreuse, lui adressa une lettre quelque peu décourageante, insistant sur le fait qu’il était inutile de s’attaquer à des ennemis extérieurs si l’on ne dominait pas ses ennemis intérieurs, c’est-à-dire les vices, et qu’il était vain de chercher à libérer la Terre Sainte des infidèles si l’on n’avait pas d’abord libéré son âme de ses fautes.

    Citant l’Épître de Saint Paul aux Éphésiens, le Prieur affirmait que « ce n’est pas contre les adversaires de chair et de sang que nous avons à lutter, mais contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de Ténèbres, contre l’Esprit du Mal qui habitent les espaces célestes ».                                                                                                        

    Les réticences du Prieur de la Grande Chartreuse correspondaient à une ligne de pensée chrétienne assez répandue. La morale chrétienne a toujours fait montre d’une attitude de refus vis-à-vis des professions guerrières, même si l’Évangile ne contient sur le sujet aucun jugement de condamnation ; déjà, aux premiers temps du christianisme, le choix de la vie militaire était regardé comme un acte de mépris envers la loi de Dieu.

    S’il y avait eu des figures exemplaires de Saints qui, pour embrasser la vie chrétienne, avaient fait un adieu solennel aux armes, le thème de la légitimité des armes demeurait extrêmement délicat.

    Toutefois, les graves problèmes qu’avait traversés la société occidentale lors des deux siècles précédents avaient incité l’Eglise à porter un jugement plus souple sur la pratique militaire ; un exemple en est une lettre du pape Nicolas I (858-867) redonnant aux pénitents la possibilité de l’usage des armes si celles-ci devaient servir à lutter contre les païens.

    Le long conflit survenu en 1075 entre la papauté et l’Empire à propos de l’investiture des évêques, dit « Querelle des Investitures* », et le combat de l’Eglise pour s’affranchir des interférences du pouvoir laïque avaient favorisé un peu plus une évolution de la pensée chrétienne, en montrant la nécessité où étaient les pontifes de disposer sous leur commandement d’une milice à mobiliser en cas d’urgence pour décourager d’éventuels agresseurs ; cependant, ce n’étaient pas des moines mais des laïcs qui avaient toujours pratiqué la guerre et continuaient à le faire.

    La proposition qui arrivait de Jérusalem avait un caractère tout à fait différent, bien éloigné de la mentalité qui avait dominé pendant des siècles le monachisme occidental, à savoir que seule permettait d’accéder au salut éternel une conversion totale fondée sur l’abandon du monde et le choix du cloître.

    Saint Pierre Damien (1007-1072), l’un des grands concepteurs de la réforme de l’Eglise, par ailleurs maître à penser du pape Grégoire VII, avait catégoriquement condamné la pratique de la guerre comme étant contradictoire avec la perfection spirituelle qui ne peut s’atteindre que par la vie contemplative.

    Il y avait pourtant un homme capable d’aider Hugues de Payns dans sa tentative de fusionner deux idéaux jugés incompatibles par la plus grande partie de la société chrétienne.

    Né dans une famille de chevaliers de petite noblesse bourguignonne, Bernard de Fontaine avait choisi le cloître à l’âge de vingt et un ans. Promoteur convaincu de la réforme monastique, Bernard partageait l’idéal du contemptus mundi : la conviction qu’on ne peut accéder au salut éternel qu’en se cloîtrant, dans l’ascèse et le renoncement au monde avec ses multiples corruptions.

    Le voyage en Occident, effectué en 1127 par Hugues de Payns, est à considérer sous trois angles ; celui du recrutement de combattants ; celui de la crise de croissance, l’ordre a grandi mais pas suffisamment pour faire face à sa mission ; mais surtout celui de la crise de conscience, ou, si l’on préfère, de la crise d’identité. Cette dernière résulte des critiques faites à la nouvelle milice mais aussi des doutes, des interrogations des frères sur la qualité spirituelle de leur engagement. Hugues cherchera auprès de Bernard de Clairvaux une réponse à ces questions.  

    Nul doute qu’Hugues de Payns essaya d’obtenir l’aide de Bernard de Clairvaux mais que, dans un premier temps, il fut tout à fait ignoré. L’idée de ce nouvel ordre religieux formé de frères destinés à faire la guerre dut d’abord sembler incohérente à l’abbé. En effet, Bernard avait exprimé, dans une lettre envoyée  à Hugues de Blois, comte de Champagne, son regret profond et sincère que ce dernier eût renoncé à son ancien projet d’entrer à Cîteaux, pour devenir Templier en 1125. Rappelons également ses paroles : « les moines sont faits pour être dans les monastères, pas sur les champs de bataille ».

    Cependant, Bernard de Clairvaux n’était pas un rigoriste comme Pierre Damien mais il ne connaissait que trop bien, par ses origines, les habitudes de vie de la chevalerie et doutait fortement qu’elles puissent se concilier avec la nature de quelque ordre religieux que ce soit. L’arrogance, le goût du luxe ostentatoire, le mépris de la vie humaine, la prédisposition à l’agressivité et à la violence, telles étaient les manifestations exaltant la qualité d’un chevalier laïque. Comment prétendre alors que les chevaliers du Temple, issus de ce monde et élevés depuis l’enfance selon ce modèle, pourraient renoncer du jour au lendemain à un tel style de vie ? 

    Bernard, qui connaissait le pouvoir de l’obéissance et de l’ascèse, et Hugues de Payns, qui avait vécu les souffrances des pèlerins, savaient bien qu’il n’y avait pour cela qu’un seul moyen : isoler ceux dont le sentiment religieux est le plus affirmé, les endoctriner et les préparer à la vie dans le nouvel ordre en suivant un long parcours de discipline, extrêmement rigide.

    En 1129, le Concile de Troyes offrit une excellente occasion pour discuter sur la constitution de cet ordre religieux et militaire ; il ne s’agissait pas simplement de créer un corps militaire guidé par des valeurs religieuses, il fallait trouver le moyen de donner une existence canonique à un ordre de frères habilités à guerroyer et à tuer. En se bornant à institutionnaliser la confrérie militaire d’Hugues de Payns, on courrait le risque que cette future armée ne tombe sous le contrôle d’un pouvoir laïque.  Il fallait donc la soustraire à toute autorité et en faire le sujet de l’Eglise exclusivement, ce qui ne pouvait se réaliser que si elle prenait la forme d’un ordre monastique. 

    Bernard de Clairvaux fera attendre longtemps Hugues de Payns, assez pour que la demande soit renouvelée plusieurs fois.  Mais plus tard, lorsqu’il donnera sa réponse, son appui sera déterminant pour le sort du Temple, simplement parce qu’il aura réussi à trouver une formule susceptible de contenter le pape et Baudouin II sans trahir les intentions louables qui avaient animé le groupe originel des Pauvres Chevaliers du Christ : une éthique et un style de vie adaptés aux nécessités de la guerre mais ne contrevenant pas à la dignité d’un ordre religieux.

    Les historiens se sont longuement interrogés sur le rôle joué par Bernard de Clairvaux dans la constitution de l’Ordre. Si Saint Bernard fut le concepteur de la règle du Temple comme c’est expressément déclaré dans le prologue du texte approuvé par le concile de Troyes, règle d’inspiration principalement bénédictine, il n’en est pas moins vrai que les Templiers forgèrent leur éthique propre sur la spiritualité augustinienne et orientale des Chanoines** qui les hébergeaient à Jérusalem et qui leur donnèrent la formation religieuse  de base ainsi que l’ordinaire de la liturgie : celle du Saint-Sépulcre avec la règle de Saint Basile, que l’Ordre continuera également à observer.

    Les historiens ont également discuté longtemps pour savoir si les Templiers devaient être considérés comme membres d’un ordre monastique au sens propre. La difficulté principale à laquelle on se heurte vient du fait que les Templiers ne recevaient pas la consécration sacerdotale, contrairement à ce qui arrivait dans la majorité des autres ordres religieux.

    Dans le cas des Templiers, la profession religieuse avait bien un caractère irrévocable et permanent, mais elle se limitait aux trois vœux de pauvreté, obéissance et chasteté ; l’accès aux ordres supérieurs, le sacerdoce proprement dit, qui donnait la possibilité d’administrer les sacrements, n’était pas possible en vertu d’une interdiction canonique qui empêchait depuis des siècles les prêtres de combattre et de verser le sang.

    En 1139, par sa bulle « Omne datum optimum » dans laquelle l’indépendance religieuse des Templiers fut reconnue, le pape Innocent II avait jeté les bases pour que l’Ordre possède un jour ses propres chapelains ; mais il s’agissait de prêtres qui intégraient le Temple alors qu’ils avaient déjà reçu, dans la vie séculière, la consécration sacerdotale. En outre, il était absolument interdit de les envoyer au combat.

    Il ne faudrait surtout pas négliger l’opinion de Saint Bernard : « J’hésiterais devant le nom qui leur convient le mieux, moines ou chevaliers, s’il ne m’apparaissait plus adéquat de leur attribuer l’un et l’autre de ces noms. On peut s’en rendre compte en effet : il ne leur manque ni la bonté du moine ni le courage du chevalier. » En 1130, parut un ouvrage élogieux envers l’Ordre du Temple (De laude novae militiae ad milites templi » dans lequel il opposait la chevalerie séculière et la chevalerie céleste des Templiers, tout en louant l’existence de ces derniers.

    Au-delà de ces discussions, le fait est que les Templiers prononçaient les trois vœux sacrés des ordres monastiques et que leur temps était ordonné par une règle modelée sur base de la règle bénédictine : le principe fondamental de l’ora et labora était respecté puisque leur vie se partageait entre devoirs religieux (messes, prières liturgiques en commun) et activité matérielle, en l’occurrence le combat et l’entraînement quotidien.

    En 1307, Philippe le Bel amorçant, par l’arrestation arbitraire des Templiers, le mécanisme du procès, tenta de déplacer la procédure vers une compétence judiciaire civile en arguant que les Templiers n’étaient pas des moines mais plutôt des militaires. Le souverain chercha à faire avaliser ses exigences par l’autorité des théologiens de la Sorbonne. Après de longs débats, ceux-ci répondirent que l’arrestation était illégale : milice et vie consacrée à la religion ne s’excluaient pas si la pratique militaire était vouée à la défense de la Foi. Le Temple avait été institué par l’Eglise comme ordre religieux, ses membres faisaient profession de vie monastique : c’était donc un ordre religieux à part entière qui, dans sa double nature d’institution religieuse de de corps militaire, allait être le protagoniste et le symbole du temps des croisades. 

    A notre époque, cette ambivalence n’est plus formellement caractérisée. Originellement les Templiers formaient un ordre religieux : ils vivaient sous une règle monastique bien définie en y ajoutant le vœu de consacrer leurs forces à la conquête et la défense de la Terre Sainte.

    Aujourd’hui, les seuls engagements que prennent les Templiers sont la fidélité à l’Ordre, le respect des statuts et règlements, le devoir de dispenser amitié et fraternité dans le plus pur esprit chevaleresque. Ils ont pour mission la défense des libertés individuelles, des droits de l’homme, la sauvegarde du patrimoine culturel de l’humanité ainsi que l’établissement d’un climat de compréhension et de tolérance, le tout en restant fidèles aux préceptes de leur Eglise et vivant en conformité avec leur foi. L’ensemble de ces actions se déroule au cœur même de ce monde et pas exclusivement sur un plan purement idéaliste.

    Les Templiers  avaient amorcé un renouveau social, moral et religieux qui aurait fait avancer la civilisation dans un clivage bien différent de celui dans lequel nous sommes aujourd’hui englués. Ils avaient les clés là où nous n’avons désormais que des verrous. A contre-courant de la pensée sociétale actuelle méprisant largement les règles morales, où les libertés de pensée et d’expression nous sont souvent régentées, la chevalerie templière a pour mission de perpétuer le souffle originel qui a permis de générer la création de l’Ordre.

    Montrons-nous donc dignes et fidèles aux valeurs de nos illustres prédécesseurs.   

    Non nobis domine, non nobis, sed nomini tuo gloria da gloriam.

    Frère Novice Guy D.

    Parchemin présenté à la Commanderie Majeure N D du Temple le 22 février 2017

    * Pénitence de Canossa en 1077.

    Episode marquant de la Querelle des Investitures dans lequel Henri IV, empereur germanique du Saint Empire, vint s’agenouiller devant le pape Grégoire VII afin que ce dernier lève l’excommunication prononcée contre lui lors du concile de Rome en 1076 faisant suite à la Diète de Worms de la même année.

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    ** En 1114, des clercs catholiques latins furent faits chanoines par le Patriarche de Jérusalem et adoptèrent la règle de Saint Augustin. Ils se fondirent avec le clergé grec de rite orthodoxe. Ce clergé, dans les siècles précédents, avait été institué à la basilique d’Anastasie (Naos tés anastaséôs / basilique de la Résurrection / basilique du Saint-Sépulcre) par les empereurs byzantins.

    Au sein de ce clergé , quelques frères convers furent accueillis et firent vœu de vivre auprès de chanoines en suivant les habitudes prévues par leur règle sans prendre l’état de chanoines mais en continuant à être membres de l’aristocratie militaire, se considérant comme des oblats au service de la Basilique du Saint Sépulcre.

    La Règle du Temple a sans doute été rédigée en Orient avec l’aide du patriarche de Jérusalem. La règle de Saint Augustin régissait en général les communautés de chanoines réguliers.  Or, à ses débuts, le nouvel ordre a été rattaché à la communauté des chanoines réguliers du Saint Sépulcre de Jérusalem.

    Des difficultés sont ensuite apparues pour les nouveaux chevaliers : les chanoines réguliers étaient d’abord et exclusivement des clercs. Or les exigences, incarnées par les Templiers, étaient incompatibles avec un modèle uniquement monacal ;  il fallait une synthèse des deux idéaux.

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    Basile de Césarée (329-379) est fondateur d’un monastère d’orientation cénobitique (vie religieuse en communauté) refoulant l’extrême austérité physique et les jeûnes excessifs prônés par l’érémitisme (vie religieuse en solitaire).

    Il est l’auteur d’une règle devenue la principale règle monastique de l’Eglise d’Orient.

    Docteur de l’Eglise, il est vénéré par les orthodoxes et les catholiques, fêté notamment le 31 janvier lors de la « fête des trois docteurs œcuméniques » avec Saint Grégoire de Nazianze et Saint Jean Chrysostome.


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  • Réflexions sur la Grâce et le Baptême

    Je voudrais partager avec vous mes réflexions personnelles sur le baptême chrétien. Elles sont basées en très grande partie sur le texte que le pasteur de ma communauté m’a demandé de rédiger et de lire le jour de mon baptême.

    L’origine de ces réflexions est le fruit d’une année de travail avec le pasteur sur différentes thématiques chrétiennes en préparation de mon baptême, lui-même alimenté par des années de développement spirituel dans différents courants de pensés.

    Comme vous allez pouvoir vous en rendre compte dans cette introduction, je me suis fait baptiser « sur le tard », il y a à peine quelques mois, et ce à cause d’un cheminement spirituel atypique, ou devrais-je dire, inversé.

    Normalement, nous héritons de la religion de nos parents, et celle-ci nous pousse plus tard à approfondir l’aspect spirituel en rejoignant des groupes comme l’Ordre du Temple, en tout cas pour ceux qui n’ont pas été dégoûtés par la religion et qui éprouvent une curiosité saine, une soif d’approfondir le Grand Mystère Divin.

    Dans mon cas, je suis né dans une famille athée et quand, arrivé à l’âge adulte, jeune adulte, ma curiosité envers ce Grand Mystère m’a poussé à chercher à comprendre d’avantage, j’ai d’abord rejoint certains groupes spirituels, et de fil en aiguille, après maintes années je suis arrivé à l’Ordre du Temple.

    A mon arrivée dans l’Ordre, bien que chrétien, je n’appartenais à aucune église, persuadé qu’il n’en existait aucune qui avait la même compréhension, la même interprétation du Christ que moi. Donc, peu après mon arrivée, j’ai eu l’envie d’approfondir l’aspect religieux manquant en moi et je me suis mis en quête d’une église, persuadé de ne rien trouver ! Mais je me suis trompé. Quelle belle leçon d’humilité cela fut pour moi !

    J’ai donc trouvé en l’église protestante réformée le mouvement christique qui semble le mieux me convenir. Je ne creuserai pas plus cet aspect : ce serait un parchemin à part entière, surtout qu’il devrait être écrit, abordé, de telle manière à n’heurter aucune autre croyance, aucune autre religion, car je suis persuadé qu’aucune des religions chrétiennes existantes, et j’irais même jusqu’à inclure les courants judaïques et musulmans, ne sont dans l’exactitude et que chacune de ces religions permet à chacun d’entre nous de vénérer le même Dieu mais d’une manière qui nous parle le plus, un peu comme si nous mangions tous de la glace mais que certains préfèrent le gout chocolat, d’autres le gout vanille !

    Je pense que la plupart de mes frères et sœurs ne sont pas passés par un baptême à l’âge adulte et donc il pourrait sembler de prime abord que ces réflexions ne sont point utiles mais, sans vouloir dévoiler tout le travail et ce dans un ordre totalement chaotique, je me permettrais de dire que ces réflexions personnelles sur mon baptême peuvent être extrapolées sur notre manière de vivre notre vie et de prendre des décisions et qu’elles sont construites, comme nous allons le voir, sur ma conception de la Grâce Divine, sujet ô combien universel.

    Mais ces réflexions peuvent tout aussi bien convenir au baptême d’un enfant, plus parlant d’un point de vue catholique ou autre religion pédobaptiste (1), mais cette fois pas du point de vue du baptisé, de l’enfant, qui, du fait de son jeune âge, n’est pas en mesure de prendre conscience de cette décision mais plutôt du point de vue des parents qui, eux, prennent la décision de faire ou de ne pas faire baptiser leur enfant, et ce pour telle ou telle raison.

    Donc nous allons parler de mon baptême. Alléluia ! Soyons dans l’allégresse ! Faisons sonner les cloches !

    C’est beau d’être joyeux, d’être ému, mais qu’est-ce que cela apporte vraiment ? Suis-je différent après, comparé à avant ? Oui et non. La réponse, ou plutôt devrais-je dire les réponses à cette question sont complexes et fort personnelles car elles dépendent de notre manière de concevoir le baptême, de l’interpréter. A travers les quelques paragraphes qui suivront, je vais essayer d’éclaircir sa symbolique, au moins celle qui me parle, le chemin qui m’a mené jusque ici, au midi de ma vie, et ce que je pense que le baptême m’apportera.

    Mais d’abord, ce que le baptême n’est pas. Non, la communauté ne m’accueillera pas davantage. Non, Dieu ne me pardonnera pas plus. Non, Jésus ne m’aimera pas davantage. Alors ce baptême ne change-t-il rien ? Ne sert-il à rien ?

    En observant le baptême, en méditant dessus, il me fait penser à la Grâce Divine dans sa caractéristique sous-jacente mais uniquement dans le sens où il est l’image terrestre de la Grâce, le symbole humain de la Grâce Divine, comme nous nous sommes fait à l’image de Dieu. Pour le comprendre, nous devons d’abord comprendre la Grâce et c’est seulement à ce moment que nous pourrons voir le sens et le changement profond et imperceptible que le baptême apporte.

    La Grâce est le pardon ; elle est l’Amour, sans limites, sans conditions, incomparable et immensurable à toute forme d’Amour terrestre, mais ce n’est pas cette caractéristique que j’assimile au baptême mais la conséquence qui en découle sur nos vies.

    Elle est donc un don de Dieu totalement indépendant de nos actions, paroles ou pensées mais qui engendre une responsabilité lourde de conséquence, lourde car celui qui accepte de recevoir la Grâce, même si nous ne pouvons pas la refuser, accepte en même temps la responsabilité, la prise de conscience, qui opère en nous un changement fondamentale et c’est cette caractéristique que je retrouve dans le baptême.

    Creusons plus cette notion de « Grâce » qui ne nous oblige à rien et nous donne tout, qui nous laisse le choix d’avancer en harmonie ou en dissonance avec le Plan divin.

    Ce Plan divin – et les traits de la Grâce qui le composent – nous a été révélé par les Saintes Écritures et ce pour nous aider à éclairer notre route, pour nous montrer le chemin. Mais à travers les siècles, nous n’avons jamais réussi à maintenir le cap ; nous avons à chaque fois erré, avec la seule conséquence de retarder le Plan divin, la Grâce nous étant de toute façon acquise.

    Combien de fois Dieu n’est-il pas intervenu pour nous remettre dans le droit chemin, le chemin de l’Amour fraternel ? Combien de fois nous sommes-nous égarés ?

    Ces Saintes Écritures se sont montrées insuffisantes pour garder notre regard sur cette Grâce qui brille en nous, de nous garder sur le chemin de la fraternité et donc, dans un ultime effort, Dieu dans son incommensurable bonté s’est fait chair en son Fils Jésus-Christ pour nous montrer par son sacrifice sur la croix l’immensité de son Amour et sa Grâce qui en découle.

    Qui y-a-t-il de plus beau, de plus prenant que de voir Dieu dans son infinité s’humilier devant nous, par amour, pour nous sortir de notre désespoir et de notre errance ? Ce sacrifice, la Grâce faite chair, est marquée à jamais en nous et, des siècles après, elle continue d’influencer et de montrer le chemin.

    Mais comme dans toute l’Œuvre divine, passée, présente ou future, nous avons le choix de le suivre ou pas, toujours sans autre conséquence que de retarder l’arrivée du Royaume de Dieu.

    En regardant le monde d’aujourd’hui, nous pouvons facilement voir les effets désastreux de la conséquence de ne pas suivre le chemin du Plan Divin.

    Non, ce n’est pas une punition de Dieu : juste une conséquence de la manière dont Dieu nous aime. Il nous aime tellement qu’il accepte que nous ayons choisi le chemin de la dissonance ! Mais c’est à nous d’accepter les conséquences de nos choix, tel un enfant qui veut devenir adulte doit accepter que ses choix, quels qu’ils soient, aient des conséquences, agréables ou désagréables.

    La route à suivre est celle de la fraternité, de l’acceptation de l’autre, mais y parviendrons-nous un jour ? Pourtant cette question n’a aucune importance ! Dieu, dans sa miséricorde, continuera de nous pardonner et de nous accueillir sans réserve. Et, en plus, ce monde où beaucoup de choses vont de travers est un terrain fertile pour certains d’entre nous qui arriveront à tirer les marrons du feu, certes au détriment des autres. Alors pourquoi devrions-nous aimer notre prochain au lieu de nous occuper exclusivement de notre petite personne ? Dieu nous pardonnera de toute façon !

    C’est cette question sur l’égoïsme, sur le faire ou ne pas faire, qui explique tant la responsabilité liée à l’acception, à la prise de conscience, de la Grâce que la signification, l’utilité du baptême.

    Je m’explique : la Grâce ne nous oblige à rien, ne change rien ; elle est acquise, irrévocablement acquise et nous avons donc le choix.

    C’est notre libre arbitre de vivre notre vie en contemplant notre nombril, en nous repliant sur nous-même, en ne nous occupant de rien d’autre que de notre bonheur matériel et éphémère.

    N’est-il donc pas plus confortable de nager dans ce bonheur matériel même si c’est au détriment des autres ? Pourquoi choisirais-je le bonheur d’autrui au-dessus du mien ? Je défie n’importe qui, qui a été touché par cette Grâce, par le message universel d’Amour de Jésus, de vivre exclusivement pour soi sans s’occuper des autres.

    J’ai reçu, ou plutôt j’ai vu, cette Grâce comme un feu qui ne s’éteint jamais dans les obscurités de mon être que je ne puis plus jamais éteindre ni ignorer. De la prise de conscience et à cause de la responsabilité qui s’ensuit, je ne puis faire autrement que d’essayer, et je dis bien essayer, de vivre dans l’exemple du Christ, en remerciement pour ce merveilleux cadeau de la Grâce.

    Je dis « à cause » et pas « grâce à » car cette responsabilité à la lourde conséquence de mettre en lumière les obscurités, les ténèbres qui restent au fond de moi, de me montrer mes manquements, et, à chaque fourvoiement, de me faire ressentir une forte culpabilité, non pas dans la crainte de perdre l’Amour de Dieu, qui m’est acquis, mais liée à une tristesse d’avoir été incapable de remercier Dieu dans sa juste mesure. Je sais que je place la barre fort haut, mais je ne veux pas revenir en arrière et cette hauteur me permet de me tirer en avant.

    Je viens de loin : au début,  je vivais en égoïste, je voulais toujours plus, plus pour moi, pas pour les autres, moi en premier. Mais, un jour, au détour d’un chemin tortueux, d’une mer agitée, Dieu m’a montré sa Grâce : certes rien qu’une petite lueur au fond de mon être sombre, mais suffisante pour que je ne puisse l’ignorer.

    Comment pouvais-je continuer de vivre ma vie comme avant ? J’aurais eu l’impression de cracher consciemment dans le visage de Dieu. Non, je ne pouvais pas. Et j’ai donc pris la décision facile de changer ma façon de vivre. Mais de facile il n’y avait que la décision.

    La mise en pratique fut et est beaucoup plus difficile, mais Dieu a toujours été là avec moi. Dieu me guide mais me laisse le choix de la route et de ma vitesse de croisière, et même si la route a été longue et parfois difficile pour arriver ici aujourd’hui, je n’aurais jamais voulu que Dieu pilote ma vie à ma place : je n’aurais rien appris. Ce libre arbitre est une lourde responsabilité mais il me permet de grandir, d’évoluer et c’est cette évolution qui est le Plan divin, l’Œuvre divine.

    Cette Grâce est donc non seulement une bouée de secours mais également une source d’apprentissage par le libre arbitre qu’elle engendre et les choix de faire ou de ne pas faire qui s’offrent à nous. Ce concept divin de l’indissociabilité de la Grâce et du libre arbitre se transpose au concept humain du baptême où nous avons le choix de le subir ou pas, sans conséquence. Maintenant, en appliquant cette conception au baptême, nous pourrons mieux comprendre ce qu’il représente pour moi et pourquoi j’ai décidé de le demander.

    Le baptême est à comprendre sur 3 niveaux différents et complémentaires.

    • Le premier niveau, au plan humain, est un rituel d’accueil dans la communauté, mais l’accueil, je l’avais déjà et sans réserve, et donc le rituel, de prime abord, aurait était inutile mais en inversant notre attente il devient ma manière de remercier la communauté de m’avoir ouvert sa porte, sans contrainte, sans conditions, avec bienveillance et suivant les préceptes de notre Maître Jésus.
    • Le deuxième niveau, en suivant le même principe mais au plan divin cette fois, est mon remerciement à Dieu, mon cri de joie et de ralliement. Il est une marque indélébile que je ne puis jamais enlever, comme le feu éternel de la Grâce, ce qui a été ne pourra jamais ne pas avoir été, mais ce n’est pas une manière d’être accepté par Dieu, acceptation qui m’est de facto acquise, comme je l’ai inlassablement répété.
    • Le troisième niveau est au niveau symbolique et initiatique, celui qui permet et opère le changement profond et imperceptible. Ce troisième niveau, dans le cadre du baptême d’enfant, ne pourra pas s’appliquer au baptême lui-même mais plutôt à la confirmation de sa foi, et par confirmation je veux parler du moment où, à l’âge mûr, la religion passe d’une habitude, d’une tradition, à une foi profonde.

    En regardant le rituel du baptême dans son ensemble, y compris mon cheminement de vie qui m’a amené ici, au jour de mon baptême, je trouve que ce baptême symbolise par analogie la Passion du Christ. Le chemin vers la crucifixion étant mon cheminement tortueux, avec toute la lourdeur de la tâche mais parsemé d’éléments qui me permettent de tenir et d’avancer. Ce chemin se termine évidement par la crucifixion et la mort, symbolisé par l’immersion, suivi de la résurrection, symbolisé par l’émersion, début d’un nouveau chemin de vie.

    Non, je ne suis pas différent, non mon nouveau chemin n’est pas une brusque volte-face ; il est une continuation qui passe nécessairement par ce point de flexion mais qui m’offre des racines solides sur lequel je peux faire grandir mon arbre de vie.

    Oui, ma foi en Dieu, en Jésus-Christ, m’a profondément changé. Par ce choix conscient de me faire baptiser, choix libre et sans contrainte, j’ai voulu marquer ma décision, mon choix, de suivre la voie de l’Amour fraternel, la voie que le Fils Jésus nous a enseignée.

    Oui, c’est une route impossible ; oui, il y aura toujours de l’obscurité, mais ce n’est pas l’aboutissement qui est important mais le cheminement, et avec Dieu à mes côtés, quelles que soient les épreuves, les difficultés, les tempêtes rencontrées, je veux naviguer en son nom et pour sa gloire.

    Il n’y a que cette fraternité qui puisse transformer notre enfer terrestre en son royaume. C’est à travers Son Œuvre divine, et non à travers mes gloires, que je puisse trouver le bonheur et notre devise est plus que jamais notre pierre angulaire de la construction de notre temple : « Non nobis, Domine, non nobis, sed Nomini Tuo da gloriam ».

    Frère Novice Kevin R.

    Parchemin présenté à la Commanderie Majeure N D du Temple, le 22 février 2017

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    (1) pédobaptiste : qui préconise ou pratique le baptême des enfants.


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  • Notre Sœur Adrienne DL, Novice à la Commanderie Saint-Georges de N-D de Leffe, nous a présenté le parchemin ci-dessous à l’occasion d'un chapitre à la Commanderie majeure. D’une grande qualité, nous ne résistons pas à l’envie de vous permettre de le relire.

    Le taux vibratoire

    Dans ce parchemin, je vais essayer d’expliquer, en toute modestie, le principe appelé « taux vibratoire ».

    Tout vibre dans l’Univers ; pour reprendre la phrase d’Albert Einstein : « tout est énergie », autrement dit « tout est vibration ».

    Les études réalisées ont déterminé que la planète est entourée d’un immense réseau énergétique, un « tissu » d’énergie qui possède une distribution de forme géométrique. Toute la structure de ce que nous connaissons comme l’univers physique s’ordonne selon des schémas géométriques  déterminés.

    En 1958, le professeur Bernacki a découvert une sorte d’anneau qui enveloppe la planète et qui contient un champ d’énergie : ce champ énergétique, ne se situant pas sur un plan physique, fut néanmoins détecté avec des instruments scientifiques et en utilisant des médiums entraînés à le faire.

    Ce champ est un tissu éthérique chargé d’émotions. C’est pourquoi il est nécessaire de contrôler nos passions : chacun de nous a le pouvoir d’affecter ce champ de manière positive ou négative. Toute la négativité exprimée, comme la haine ou la peur, a une incidence directe sur l’état de la planète et celle-ci réagit violemment à nos pensées et nos sentiments.

    Le Vivant est animé par deux forces : la force montante tellurique et la force descendante cosmique ; il vit en harmonie avec son environnement quand ces deux forces sont en équilibre.

    Pour le radiesthésiste Alfred Bovis, tout corps ou contour du corps, toute forme ou dessin, est à la fois induit et inducteur ; le corps a  la propriété de capter les ondes telluriennes et devient émetteur ou capteur d’ondes.  C’est à partir de cette théorie qu’il a été amené à construire tous ses appareils de détection et à concevoir son Biomètre mesurant toutes les radiations et les classant par catégorie.

    Loi de Bovis : « Tout corps, de forme allongée et quelle que soit sa nature, a la propriété de capter les ondes telluriennes lorsqu’il est placé en direction Nord-Sud.  Si l’on donne à ce corps une forme géométrique quelconque, il deviendra émetteur et capteur d’ondes, quelle que soit sa position. »

    Pour mesurer les taux vibratoires, ou de préférence les  «  taux énergétiques », on se sert du  biomètre de Bovis : une sorte de réglette qu’on utilise avec un pendule. Elle détermine la valeur énergétique d’un lieu  d’un lieu ou d’une personne en unités Bovis (ub).

    Cependant, il est à noter qu’Alfred Bovis n’a jamais parlé ou utilisé le terme « unité Bovis » puisqu’il utilisait un biomètre étalonné en Angströms.

    Le biomètre nous donne trois dimensions :

    • de 0 à 20.000 ub, le niveau physique,
    • de 000 à 40.000 ub, le niveau du corps éthérique, des nadis et des chakras,
    • à partir de 40.000 ub, le domaine spirituel, les hauts lieux cosmo-telluriques, perceptibles seulement dans les plus grands sanctuaires.

    Un lieu moyennement équilibré présente 20.000 ub. 

    En dessous, le lieu est affaibli et peut devenir nocif.

    Le rayonnement moyen d’une habitation « saine » pour l’homme se mesure, sur cette échelle, entre 6.500 et 9.000 ub.

    Elle peut parfois atteindre 12.000 : ce sera le seuil maximum à ne pas dépasser pour l’homme. (Au-delà, on trouvera un tel niveau vibratoire dans les églises, les temples anciens, les calvaires, etc.)

    Si on trouve un taux inférieur à 6.500 ub, le lieu est considéré comme dérangeant pour l’être humain et peut même engendrer des maladies à répétition, voire des maladies graves.   

    On peut aussi mesurer la vitalité de l’homme avec le biomètre : à 4.000 ub, l’homme est malade,   à 3.000, il est très malade, et à partir de 2.000, il a un pied dans la tombe ! Mais à plus de 12.000, il est en pleine forme physique. Ainsi donc, la référence de base est de 12.500 unités, mesure moyenne de l’être humain en bonne santé. Toute mesure inférieure indique une perte d’énergie, toute mesure supérieure un gain, une réserve d’énergie.

    Tout être humain possède un taux vibratoire définissant la fréquence d’énergie correspondante à son degré d’évolution spirituelle ; c’est la nature et le degré de son énergie qui caractérisent son taux vibratoire. Cela implique que nous pouvons le modifier et le faire augmenter : c’est le but de l’évolution spirituelle.

    Toute l’humanité a vocation à élever sa vibration et à l’ajuster à celle de la planète. L’élévation du taux vibratoire d’un individu augmente son intuition, qui représente la capacité d’une personne à être inspirée par des êtres supérieurs et les guides spirituels.

    Les vibrations que nous émettons créent un champ autour de nous qui entre en contact avec les lieux, les objets et les êtres qui nous entourent ; cet échange de rayonnement a pour effet de créer des affinités ou des inimitiés, de nous rapprocher ou de nous éloigner les uns des autres.  La sympathie, l’antipathie, l’amour ou la haine en découlent.

    Sur le plan sanitaire, le fait d’augmenter le taux vibratoire des cellules de l’organisme a pour effet de faire barrage à la maladie qui déclenche un abaissement du même taux.

    Un nettoyage s’impose pour se libérer de nos peurs, de nos pulsions, de nos colères, qui nous polluent et contribuent à abaisser notre rythme vibratoire. Nous devons nous alléger, nous épurer, afin justement d’augmenter notre taux vibratoire.

    Les énergies vibratoires sont invisibles mais tangibles puisque nous en percevons les effets.

    Au-delà des apparences, il existe un grand champ d’énergies fait d’ondes, de vibrations reliant tous les éléments de l’Univers dont nous sommes partie intégrante.

    Surtout depuis 2007 la planète connaît une élévation de sa fréquence vibratoire que les physiciens nomment résonance de Shumann, permettant à la Terre de passer lentement d’une dimension à l’autre, ce qui est déstabilisant pour nous terriens. De ce fait le temps s’accélère, tout va plus vite.

    La période que nous vivons actuellement est exceptionnelle du fait de l’accélération de la descente énergétique qui s’opère par vagues successives et on constate l’activation des vibrations que beaucoup peuvent ressentir sans en percevoir l’origine, mais qui, en augmentant le taux vibratoire, entraîne chez certains des malaises attribués à toute autre chose que la montée vibratoire.

    Il n’est pas facile de définir exactement ce qu’est le "Taux Vibratoire". Tout est énergie, la matière n’étant qu’une sorte d’ultime concentration de l’énergie.

    On peut d’ailleurs remarquer que toute matière ne possède pas la même dureté, la même masse, donc la même « concentration » d’énergie.

    Or l’énergie se transmet et se mesure en « vibrations » comme les sons ou la lumière se transmettent par des vibrations qui leur sont propres. Le Taux Vibratoire est la mesure de la qualité de cette énergie structurelle.

    Les scientifiques estiment que le chaos émotionnel humain perturbe énormément la Terre qui réagit de plus en plus violemment à cette saturation.  Cette étude doit déclencher un  changement radical de tous nos comportements.

    Chaque être vivant possède son propre taux vibratoire, variable en permanence. Depuis une dizaine d’années, on constate une élévation du taux qui conduit essentiellement à deux sortes de manifestations : surexcitation pour certains avec difficultés à se contrôler, ouverture à d’autres états de conscience pour d’autres.

    Mais les baisses de niveau vibratoire sont plus fréquentes et trouvent leur origine dans un mode de vie de plus en plus déséquilibré et en rupture avec l’évolution de la planète. Les causes sont multiples : alimentation industrielle, champs électromagnétiques artificiels, pensées négatives, qualité de l’air, stress, drogue, etc.

    Plus le taux vibratoire de l’être humain descendra, plus il deviendra vulnérable aux maladies et autres dysfonctionnements du corps physique.

    Instabilité, tristesse, confusions, douleurs physiques, tensions se font sentir ; nous sommes dans une transition vibratoire du cœur.  Nous ne recevons pas une montée d’énergie venant de la terre, mais une descente d’énergie de l’infini.

    Pour mieux en saisir l’importance, à chaque fois que nous commencerons quelque chose ou que nous déciderons de nous impliquer, demandons- nous si cela nous apportera ou nous inspirera de la joie, et le tout dans une pleine réalisation d’Amour.

    Tout nous portera à nous développer intérieurement, à ne plus nous concentrer sur le passé : le passé n’est plus compatible avec l’évolution d’une dimension plus raffinée, plus subtile.

    N’écoutons plus ceux qui vivront dans l’éternelle peur, qui préféreront vivre comme des somnambules et qui voudront ramener tout le monde à la médiocrité.

    Essayons de tenir notre fréquence dans un espace vibratoire d’Harmonie et d’Unité. Nous sommes sur terre pour partager notre quintessence sans artifice.

    Le changement de vibration est l’éveil à notre profonde identité, sans détours ni confusions.

    En guise de conclusion, je me permettrai d’apporter quelques pistes et réponses à certaines questions que nous pourrions nous poser.

    Pourquoi remonter son niveau vibratoire ?

    En cas de maladie, de mal-être, l’une des choses à faire est de remonter son niveau vibratoire.

    • Tout simplement pour être mieux, pour mieux vivre !
    • Ne plus être accessible à de basses vibrations.
    • Etre en harmonie avec les composants de notre être : physique, psychique, spirituel.
    • Retrouver la santé et s’y maintenir.
    • Renforcer la connexion avec notre âme.
    • Bénéficier d’un réel bien-être nous permettant d’accueillir le bonheur et la joie de vivre.

    Comment élever son niveau vibratoire ?

    Bien sûr, un thérapeute en soins énergétiques peut commencer à aider, en transmettant de l’énergie. Mais il est nécessaire que la personne concernée travaille sur elle-même. Pour cela, diverses attitudes, actions, pensées peuvent aider à élever le niveau vibratoire :

    • Rire, sourire.
    • Chanter, bouger.
    • Faire ce qu’on aime et ce qui nous détend.
    • Avoir des pensées positives et voir le positif dans toutes choses.
    • Prononcer des affirmations positives (« je suis bien », « je suis zen », « la vie est belle »).
    • Se débarrasser des vibrations négatives (tristesse, colère).
    • S’aimer soi-même et avoir de la gratitude pour ce que nous sommes et que nous avons.
    • Ouvrir sa conscience à toutes les opinions, écouter et accepter sans juger.
    • Entrer en contact avec la Nature et s’émerveiller devant tout ce qu’elle nous offre.
    • Manger sainement, privilégier une alimentation de préférence biologique.
    • Supprimer toutes sources de champs électromagnétiques inopportunes.
    • Se rendre dans un haut lieu énergétique.

    Voilà donc quelques pistes pour pouvoir élever notre niveau vibratoire, notre potentiel énergétique, et, par conséquent, je me permets de souhaiter à tous et toutes, en toute fraternité, un bon travail sur vous-même dès à présent.  

    Sœur Adrienne de L.

    Novice à la Commanderie Saint-Georges de Notre-Dame de Leffe

    Pour approfondir certaines notions :

    http://ngsm.eu/taux-vibratoire/624-le-taux-vibratoire

    http://www.biorespire.com/2014/05/08/le-taux-vibratoire/

    http://institut-symbiosis.com/2014/03/radiesthesie-planches-bovis/

    http://www.conscienceverte.fr/la-regle-de-bovis-(premiere-partie)-2-168.html

    http://energievitale.wixsite.com/energievitale/le-cadran-de-bovis

    http://www.gassies-acmos.fr/onde-de-forme/taux-vibratoire-echelle-de-bovis/

    http://www.quovadis.be/regle-de-bovis.html

    http://www.geepi.fr/lechelle-de-bovis-ou-letalonnage-du-subconscient/

    http://messagesdelanature.ek.la/quel-est-votre-niveau-vibratoire-p838626

    http://infos-santes.blogspot.be/2014/06/mesure-du-taux-vibratoire-energetique.html

    http://www.energie-sante.net/fr/eh/EH160_nadis.php

    Mise en page par le Frère André B.


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  • Consécutivement à la publication de ce dimanche 8 janvier 2017 relative à la liturgie de la fête de l’Épiphanie, notre Frère Jean-Paul VS nous propose une méditation extraite du "Magnificat 08 janvier 2017" (en page 129).

    Lien vers la liturgie de la fête de l'Epiphanie

     * L'Etoile les précédait

    L’étoile les précédait

    Nous ne sommes pas seuls. Les mages avaient l’étoile pour les guider et Abraham la voix de Dieu. Notre étoile intérieure est la voix mystérieuse qui s’adresse à chacun de nous. Le Seigneur nous donne pour nous aider à le chercher : c’est l’Esprit Saint. En nous faisant comprendre peu à peu que le Dieu vivant que nous cherchons vit en nous, il nous transforme de clarté en clarté. Paradoxalement celui qui se quitte ne se quitte que pour trouver Dieu en lui. Celui qui se quitte est comme ramené à lui, mais au meilleur, au plus près de lui-même.

    Esprit d’ordre, de stabilité, l’Esprit nous fait goûter ce Dieu que nous possédons. Mais il est aussi un Esprit perturbateur. Il nous secoue sans cesse, combat nos scléroses, nos satisfactions prématurées et nous crie : « vous contentez de trop peu de choses ! » il insiste en nous, chez les autres et dans l’Eglise.

    Parce que l’Esprit est notre étoile et notre voix, la grande quête de chaque chrétien et la grande quête de l’Eglise ne sont pas une divagation téméraire. Alors même qu’on s’imagine assister à un bouleversement, ce n’est jamais qu’un enracinement, un retour aux sources par un appel à une tradition plus forte, plus vraie. On ne cherche, avec lui, que pour trouver plus et mieux.

    Ambroise-Marie Carré, O.P.

    Auteur de nombreux ouvrages de spiritualité, le père dominicain Ambroise-Marie Carré (+2004) il fut une figure de la résistance.

    Il a été élu à l’Académie française.


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  • Notre bien aimé Frère Écuyer Jean-Paul V.S. nous a déniché un texte explicatif de la Toussaint, produit par l'ancien Curé de Belgrade (Namur) :

    La fête de tous les saints

    C'est une fête typiquement catholique. Car les chrétiens non catholiques pensent que le qualificatif de saint est réservé uniquement à Dieu. Il ne peut donc pas être attribué à l'homme. C'est exact de penser ainsi. Car la sainteté est une prérogative de Dieu. C'est pour cela que Moïse ne peut le « voir » que de dos. (Ex 33, 22-23).

    Toutefois, les catholiques eux aussi se fondant sur la Parole de Dieu soutiennent que si la sainteté est le propre de Dieu, tout ce qui pénètre dans sa sphère participe à sa divinité. C'est le cas du même Moïse : « Le Seigneur parlait avec Moïse face à face, comme on parle d'homme à homme ». (Ex 33, 11).

    Dieu par son serviteur, Moïse dira à son peuple comment un humain doit se comporter dans la sphère de Dieu. Il lui donne deux tables avec les dix commandements. Ainsi, pour participer à la sainteté de Dieu, le peuple élu devait observer fidèlement la loi.

    Dès lors Dieu peut formuler cette exhortation : « Soyez saints, car, moi, le Seigneur votre Dieu, je suis Saint » (Lv19, 2 b). L'appel à la sainteté est donc lancé à toute la créature de Dieu.

    Saint Jean dans sa célèbre vision de Patmos dit qu'il vit « une foule immense, que nul ne peut dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues » (Ap 7,9) : c'est l'universalité du salut de Dieu.

    Mais les disciples du Christ ont une plus grande responsabilité pour la sainteté de l'humanité. Car « l'idéal chrétien est un idéal maximaliste et par conséquent indépassable » (H. U. Von Balthazar, Tu couronnes l'année de tes bontés, Paris, Salvador, 2003, p.181).

    En effet, la participation à la sainteté de Dieu n'est plus le résultat de l'observance fidèle de la loi, ou la pratique rigoureuse de la vertu.

    La sainteté consiste à la foi en Jésus-Christ vécue dans la perfection de l'amour. Nous accueillons donc le salut qui est acquis par la mort et la résurrection de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.

    Saint Jean décrit une autre foule composée de cent quarante-quatre mille personnes (c’est un chiffre symbolique, bien sûr) qu'il appelle « serviteurs de Dieu ». Ils étaient marqués du « sceau qui imprime la marque du Dieu vivant » (Ap 7, 2) : c'est le baptême. Celui-ci fait de nous, membres de la grande famille de Dieu qu'est l'Église aux dimensions universelles, fils et filles de Dieu, frères et sœurs de Jésus-Christ.

    La sainteté chrétienne n'est donc pas dans la pratique parfaite de la loi ni dans l'héroïsme de la vertu. Elle ne requiert pas d'accomplir les choses extraordinaires. Elle est obtenue dans les choses ordinaires faites avec amour et avec la pleine adhésion à la volonté de Dieu révélé par Jésus-Christ.

    Abbé Pierre Paglan Ndenguè

    Sur le même sujet : Lien URL

    Analyse de la liturgie de la messe de la Toussaint : Lien URL


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  • Notre Frère Grand Prieur nous a demandé de méditer la pensée suivante de Gandhi :

    « La règle d’or de la conduite est la tolérance mutuelle car nous ne penserons jamais tous de la même façon ; nous ne verrons qu’une partie de la vérité et sous des angles différents. »

    Après avoir longuement réfléchi à ce sujet, il m’a paru important d’effectuer un travail de recherche et de certitude sur l’ensemble de cette affirmation et de comprendre exactement ce que cela voulait réellement dire.

    Je me suis donc demandé qui est Gandhi, ce qu’il voulait dire par « règle », « règle d’or », la « conduite » et la « tolérance ». Je vous livrerai ensuite mes réflexions au sujet de la tolérance.

    GANDHI

    Gandhi est un Apôtre religieux de l’Inde (1869 – 1948).

    Il est né en 1869 à Porbandar en Inde. Issu d’une famille de marchands aisés, très religieuse, il fut surtout élevé par sa mère.

    Il part en Grande Bretagne pour y effectuer des études de droit. Il devient avocat en 1893 et exerce cette profession en Afrique du Sud ou il défend de nombreux immigrants  indiens contre la ségrégation.

    Il recourt pour cela à la non - violence et à la résistance, ce qu’il va appliquer en Inde. Son retour en Inde en 1915 pour soutenir la cause nationaliste lui vaut un retour triomphal.

    De 1915 à 1922, il mène une lutte politique et sociale. Pour arriver à cette fin, il recourt à des périodes de jeûnes, de désobéissance, de boycotte, comme moyen de pression sur les autorités coloniales britanniques.

    En désaccord avec son parti, il prend une longue période d’interruption de 1922 à 1928.

    En 1928, il entame une campagne contre les monopoles anglais (marche du sel) pour la non-reconnaissance de l’Inde ayant le statut du dominion et lutte contre les intouchables.

    En 1934 de nouveau il se retire pour cause de divergence de vue avec son parti du congrès.

    Il sort de sa retraite à la seconde guerre mondiale. Il fut mis en prison après avoir enjoint les Britanniques de partir de l’Inde. Il y restera jusqu’en 1944.

    Après la guerre, l’indépendance de l’Inde devint inéducable.

    Reste la partition entre Hindous et Musulmans dans deux états distincts.

    Gandhi s’insurge de cet état de chose.

    En 1947 l’Inde et le Pakistan accèdent à leur indépendance. Gandhi vit cela comme un échec personnel.

    Etant mal compris par ses semblables, il fut assassiné par un fanatique hindou en 1947.

    LA RÈGLE

    La règle, c’est tout ce qui relève d’une obligation formelle dans divers domaines.

    Dans le monde profane.

    Ainsi dès notre plus tendre enfance, nous connaissons des règles, à la maison à l’école, dans les mouvements de jeunesse, plus tard au travail nous devions signer un document appelé « Règlement de travail », qui réglemente la vie dans l’entreprise. Pour faire simple, des règles et règlements vont nous suivre toute notre vie.

    Dans le monde religieux.

    La règle désigne le règlement qui organise la vie monastique ou celle de toute communauté comme par exemple la « règle de Saint Benoît », la « règle de Saint Augustine et encore plein d’autres.

    Chez les Chevaliers du Temple.

    C’est en 1128, que notre Ordre a reçu sa règle originale, écrite par saint Bernard, abbé de Clairvaux, responsable de l’Ordre monacal des Cisterciens.

    Pour notre ordre, tout chevalier a besoin d’une sorte de code, d’un canevas qui l’aidera en route. Les Templiers y ont pensé et l’ont intitulée «  Règle de vie ».

    Voici l’essentiel de la « règle de vie du Chevalier » :

    • Tu n’auras de cesse dans la quête de la lumière.
    • Tu auras le sens du sacré dans le plus grand esprit de tolérance.
    • Tu auras le culte de l’honneur mais tu mépriseras les honneurs.
    • Tu tiendras la dame en grand respect.
    • Ta charité sera plus en actes qu’en paroles.
    • Tu seras instrument de paix, toujours et en tout lieu.
    • Ta maison et ta table seront celles de tes frères.
    • Ta vie de tous les jours sera service, jusqu’au moindre de tes actes.
    • Tu considéreras le bien de l’homme, ensuite l’affaire, jamais le seul lucre ne te guidera.
    • Tu respecteras la vie sous toutes ses formes, nul n’a le droit d’en disposer à sa guise.

    En ce qui concerne la « Règle d’or » évoquée par Gandhi, André Couture, professeur faculté de théologie et de sciences religieuses Université Laval, la formule de la manière suivante : « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fasse ».

    On trouve cette maxime dans les livres de plusieurs religions, comme le livre de Tobit, le Talmud de Babylone (univers Juif), l’Évangile de Mathieu, l’Évangile de Luc (univers chrétien), le Recueil canonique de Sunna (univers musulman), le livre des entretiens de Confucius ( univers chinois), Veludvâreyya-suyya ( univers bouddhique).

    Les mots clés de la règle d’or sont, pour moi, « éthique » et « Tradition religieuse ».

    C’est en Angleterre uniquement, entre 17ème siècle et jusqu’au 19ème siècle que cette expression a été utilisée appelée « Golden Rule », aujourd’hui  elle intéresse de plus en plus les spécialistes de l’éthique.

    Nous pouvons dire que la règle d’or est une maxime qui définit le comportement éthique d’un individu. Elle nous a été transmise de siècle en siècle à l’intérieur des prescriptions morales conservées dans les grandes traditions religieuses.

    La règle d’or est donc celle qui a le plus de valeur, règle fondamentale, que personne ne peut ou n’oserait transgresser.

    La conduite, c’est l’action de conduire. Par exemple, conduire un véhicule.

    Conduire, c’est aussi  guider des personnes par exemple au cours de la visite d’un musée ou d’une ville. Dans la Bible nous connaissons l’épisode dans lequel Moïse conduit son peuple vers la terre promise.

    C’est aussi le fait de mener à bien un projet.

    Pour notre réflexion, il s’agit d’un comportement.

    LA TOLÉRANCE

    Qu’est-ce que la tolérance?

    Je suis allé consulter Google et j’ai trouvé quelques définitions du mot « tolérance ».

    La tolérance est avant tout une attitude.

    C’est le fait d’admettre que l’autre puisse « être », « penser » ou « agir » différemment de soi. Il s’agit donc d’admettre comme acceptable qu’une personne agaçante, ayant des idées opposées aux siennes, une manière de s’exprimer radicalement différente puisse exister !

    C’est aussi le respect de la liberté de conscience et l’ouverture d'esprit à l'égard de ceux qui professent une religion ou des doctrines religieuses différentes des nôtres.

    Dans son sens le plus général, la tolérance, du latin tolerare (supporter), désigne la capacité à permettre et respecter ce que l'on désapprouve, c'est-à-dire ce que l'on devrait normalement refuser.

    Il ne s’agit donc pas d’aimer ou d’accepter tout le monde !

    Parfois l’autre est trop différent ; on n’arrive pas à le comprendre, mais plutôt que de ressasser, on peut tout simplement se dire qu’il a autant le droit d’exister que soi. Il ne s’agit pas d’essayer d’aller lui parler ou de se disputer avec lui sans arrêt, mais simplement d’avoir une relation courtoise avec lui…

    En somme, éviter les embrouilles !

    Il y a certaines personnes que l’on ne pourra jamais comprendre ou accepter telles qu’elles sont. Il s’agit donc de supporter au moins qu’elles puissent partager le même espace que soi !

    Pourquoi est-ce si dur d’être tolérant ?

    C’est vrai que parfois, c’est plutôt compliqué de supporter la manière d’être de certains. Par exemple, l’allumeuse de service alors que l’on est une jeune fille plutôt timide, ou alors, le frimeur qui parle aux autres comme s’ils étaient inférieurs… Être tolérant suppose d’abord de s’accepter soi-même et de prendre confiance en soi. Étonnant non ? L’autre peut être différent sans être une menace. Mais, quand on est un peu complexé, il est compliqué de se dire que l’on a autant de chances avec les garçons que celle qui drague à tout va ou que le garçon qui parle de manière un peu méprisante ne pense peut-être pas réellement qu’il est mieux que les autres, au contraire…

    Mais, au fait, à quoi ça sert d’être tolérant ?

    Tout simplement à être plus cool et à prendre de la distance. Cela ne sert à rien de se faire des nœuds au cerveau au sujet d’une personne dont tout nous sépare… Être tolérant, c’est aussi apprendre à se protéger. Même si on est en tête à tête avec quelqu’un à qui on n’a rien à dire et avec qui on n’a rien à partager, rien ne sert de s’énerver. Cela n’arrangera rien, bien au contraire. La tolérance permet de rester zen…

    Même dans les cas les plus désespérés, une fois que la tolérance a pu permettre une petite prise de distance, on peut se rendre compte que finalement il y a peut-être un petit quelque chose à partager (au minimum le même air). Et puis, tolérer, c’est aussi voir que l’autre ne se résume pas à un point de différence.
    Être tolérant, oui, mais pas indifférent. En effet, notre différence à nous, c’est aussi de ne pas tout tolérer. D’ailleurs, parce que différent, on peut aussi être parfois intolérable pour d’autres !

    Tous différents, ça, c’est sûr ! Mais, parfois, la différence devient un vrai fossé. L’autre est « trop » différent, il peut faire un peu peur, ou, tout simplement, malgré tous les efforts du monde, on ne pourra jamais l’apprécier… Trop différent, voire détestable, oui, c’est possible et on n’a pas à se sentir coupable ! Mais, un soupçon de tolérance peut permettre de vivre côte à côte, sans se prendre la tête.

    Ce qui m’a le plus interpellé, c’est la phrase suivante : « être tolérant suppose d’abord de s’accepter soi-même et de prendre confiance en soi ».

    La tolérance et l’ordre

    Le mot tolérance est repris dans notre règle de vie de Chevalier : «  tu auras le sens du sacré dans le grand esprit de tolérance » …

    Dans notre Rituel d’Ouverture des Travaux dans la construction du Temple nous retrouvons :

    Le gardien allume le  cierge  blanc et dit : « Que la Tolérance et la Fraternité règnent sur la terre des Hommes ».

    Le Temple est construit par le Nombre 9 dans les quatre colonnes nous trouvons la tolérance.

    Conclusion provisoire

    La tolérance est une attitude difficile à appliquer. Elle demande beaucoup d’humilité, le dépassement de son égo, avoir une connaissance profonde de soi, défendre le principe d’égalité, pouvoir avec intelligence comprendre que nous tous croyons détenir la vérité qui peut être différente d’un individu à l’autre.

    Voltaire a dit « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrais jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire ».

    Au cours d’un concert à la cathédrale de Beyrouth, le chanteur Jean-Claude Gianadda a chanté avec des jeunes de confessions différentes la même chanson pour la paix.

    Vivons-nous dans un monde tolérant ?

    Nous vivons aujourd’hui dans un monde où la tolérance n’est plus à l’ordre du jour.

    Regardons autour de nous :

    • les différentes guerres pour le pouvoir,
    • les attentats contre des innocents,
    • les dictatures dans certains pays où le chef d’état n’a aucune tolérance et ne vise qu’à asseoir son seul pouvoir et à servir son seul ego.

    Frère Écuyer Jean-Paul V. S. (Novice au moment de la rédaction de ce travail

    Mise en page effectuée par le Frère André B.

    Références sitographiques

    http://www.enseigner-ecr.org

    http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/tolerance/

    http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/tol%C3%A9rance/78312

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Tol%C3%A9rance

    http://www.filsantejeunes.com/la-tolerance-5217

    WWW.enseigner-ecr.org .

    Références bibliographiques

    Texte d’André Couture (règle d’or) Professeur à la Faculté de théologie et de science religieuse.

    Blog « Rue des 9 Templiers » :

    « Approche synthétique de l'histoire de l'Ordre » et « Qu’est-ce qu’un devoir ? » Parchemins de notre Frère André B.


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  • Notre Frère Jean-Paul VS nous a fait parvenir un beau texte qui parle de miséricorde, écrit par le Pape François.

    Qu’est-ce que la miséricorde ?

    Étymologiquement, « être miséricordieux » signifie ouvrir son cœur au mystère. Regardons l’attitude du Seigneur : la miséricorde, c’est l’attitude divine qui consiste à ouvrir les bras, c’est Dieu qui se donne et qui accueille, qui se penche pour pardonner. Jésus a dit qu’il n’était pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs. Il n’est pas venu pour ceux qui sont en bonne santé, qui n’ont pas besoin d’un médecin, mais pour les malades. On peut donc dire que la miséricorde est la carte d’identité de notre Dieu. Dieu de miséricorde, Dieu miséricordieux.

    J’ai toujours été frappé en lisant l’histoire d’Israël telle qu’elle est racontée dans la Bible, dans le chapitre 16 du livre d’Ézéchiel. Israël est comparée à une enfant à laquelle on n’a pas coupé le cordon ombilical ; on l’a laissée souillée de sang, puis on l’a jetée en pleine campagne. Dieu la voit se battre dans sang. Il la lave, l’oint d’huile, l’habille ; plus tard une fois qu’elle a grandi, il la pare de soie et de bijoux. Mais elles infatuée de sa propre beauté, se prostitue, non contre de l’argent, mais en offrant des cadeaux à ses amants. Et pourtant, Dieu n’oubliera pas son alliance et la préférera à ses sœurs aînées, afin qu’Israël se souvienne et éprouve de la honte (cf. Ez 16,63) lorsqu’on lui pardonnera ce qu’elle a fait.

    Pour moi, c’est une des révélations les plus grandes : tu seras toujours le peuple élu, tous les péchés te seront pardonnés. C’est ainsi, la miséricorde est indissociable de la fidélité de Dieu. Saint Paul l’explique très bien dans la deuxième épître à Timothée(2,3) ; Si nous sommes infidèle, lui reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même. On peut renier Dieu, on peut pêcher contre lui, mais Dieu ne peut se renier lui-même, lui, il reste fidèle.

    Le Pape François

    Référence : Livre mensuel "Magnificat" - septembre 2016 page 293.

    Prenez aussi connaissance de la prière de Sœur Faustine Kowalska à la Divine Miséricorde proposée par notre Frère Philippe H. : lien URL


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  • Comment vivaient les Templiers

    Les temps de prières

    La vie des Templiers était rythmée par les temps de prière, qui comprenaient des récitations, des chants et des célébrations de la messe. Les heures suivantes sont données à titre indicatif car elles variaient selon la période solaire de l'année :

    • Matines : à minuit            
    • Laudes : à 4 heures     
    • Prime : à 6 heures
    • Messe
    • Tierce : à 9 heures
    • Sexte : à midi
    • None : à 15 heures
    • Vêpres : à 17 heures
    • Complies : avant le coucher

    Les Templiers vouaient un culte particulier à la Vierge Marie. Dans la chapelle, les frères se tenaient debout pour entendre les offices de matines à laudes et toutes les heures ( prières) à Notre-Dame. Ils devaient s'asseoir pour chanter le psaume Venite, le premier de l'office de matines, appelé l'Invitatoire. Ils devaient dire leur oraison en silence, simplement. À la fin des psaumes, ils devaient se lever, se courber pour chanter le Gloria Patri en l'honneur de la Sainte-Trinité tandis que les faibles et les malades qui ne se levaient pas, pouvaient simplement baisser la tête.  

    (Articles 13 et 14 de la Règle)

    Les frères qui ne pouvaient assister aux offices, devaient réciter des paternôtres à l'endroit où ils se trouvaient. Les frères souffrants étaient dispensés de suivre l'office de matines à minuit, mais devaient dire treize paternôtres.

    Pour les frères morts

    Après le prologue de la règle française, le deuxième sujet traité concerne les frères morts ce qui indique l'importance qu'on pouvait leur accorder. " Là où se trouve le corps, tous les frères qui sont présents doivent dire cent paternôtres durant les sept jours qui suivent." Et deux cents pour la mort d'un maître.

    Les frères mourants devaient se confesser et recevaient l'extrême onction par un chapelain de l'ordre.

    Par charité et en souvenir du mort, un pauvre devait être nourri pendant quarante jours (Article 11). Les templiers se faisaient enterrer dans leurs propres cimetières près de leurs chapelles, et de la manière la plus humble, le corps enroulé d'un linceul et déposé dans un trou à même le sol. Tout l'équipement du chevalier templier était restitué au couvent et réattribué à ses frères.

    La guerre Sainte se déroulait en Orient et en Espagne. Les frères du Temple savaient qu'ils s'engageaient à mourir pour la mémoire du Christ en protégeant les pèlerins chrétiens pendant leur pèlerinage en Palestine : transport des pèlerins, sécurité des routes, protection des lieux saints et croisades. Pour cela, ils acceptaient et même souhaitaient mourir. Ainsi, l'article 12 de la règle explicite : "De jour comme de nuit, avec le grand courage donné par la profession, que chacun puisse se comparer avec le plus sage des prophètes qui dit : "Calicem salutaris accipiam", c’est-à-dire : "je prendrai le calice du salut", qui est encore, "je vengerai la mort de Jésus Christ par ma mort."

    Comment les frères devaient manger ?

    Six articles de la règle française sont consacrés aux grandes lignes des us et coutumes de la table complétés par de nombreux articles des retraits.

    Les templiers comme religieux, avaient droit à deux repas par jour, le midi (dîner) et le soir (souper), sauf les jours de jeûnes où un seul repas était servi. Ils étaient pris dans le réfectoire de la commanderie, appelé le "palais", en commun et dans le silence. Un frère lisait à voix haute des passages des textes sacrés, saintes paroles et saints commandements. Les templiers disposaient d'une seule écuelle pour deux et mangeaient avec les doigts comme les gens de leur époque. Chacun avait un couteau de table personnel.

    À la fin du repas, les frères rendaient grâce à Dieu.

    Les jours gras

    L'article 17 stipule quels étaient les jours de "chair", c’est-à-dire les jours où était servie de la viande rouge (porc, agneau), car il n'en fallait pas quotidiennement pour ne pas corrompre le corps. Les venaisons étaient défendues, comme l'était la pratique de la chasse (article 46). Les plats sans viande étaient constitués de légumes, légumineuses et de soupes avec du pain, base de l'alimentation médiévale. De nombreux jours de fêtes étaient marqués par un repas carné : Noël, la Toussaint, les fêtes de la Vierge, celles de chacun des douze apôtres. Le détail des jours de fête ou de jeûne est donné à l'article 74. Deux repas de viande étaient servis chaque dimanche, sauf pour les sergents et les écuyers.

    Le jeûne

    Les jours maigres correspondaient aux jours ou périodes de jeûne. Le vendredi était le jour de la nourriture de Carême, viande blanche de poisson ou de volaille, provenant des élevages templiers. Le jeûne durait de la Toussaint jusqu'à Pâques, soit plus de cinq mois, en excluant les fêtes précitées (article 20). Les templiers comme militaires ne devaient pas être affaiblis par le jeûne, aussi celui-ci n'était-il jamais sévère.

    Le vin et le pain

    Le vin était servi à part égale pour tous dans la proportion quotidienne vraisemblable d'une hémine de vin (Règle de Saint-Benoît). L'hémine est une unité de mesure du Moyen Âge équivalente à un quart de litre. Le repas était un moment de partage de la communauté et de charité. Le dixième du pain du repas ainsi que tous les pains entamés étaient donnés aux pauvres par l'aumônier de la commanderie.

    Les interdits

    L'article 294 des retraits nous apprend qu'il était interdit de se lever pendant le repas sauf dans deux circonstances d'urgence :

    • Lorsqu'un frère saignait du nez ;
    • Lorsque les frères entendaient un homme de la commanderie crier pour prévenir d'une ruade de chevaux ou d'un incendie.

    Une troisième situation n'est pas notifiée dans la règle de l'ordre :

    • Lorsqu'il y avait l'alerte pour prévenir d'une attaque ennemie.

    Les nourritures interdites étaient celles de tous les monastères : les venaisons provenant de la chasse (article 46), et les épices très utilisées dans la cuisine noble du Moyen Âge, parce "qu'ils chauffent le sang" et excitent les sens, et sont donc incompatibles avec la chasteté des religieux.

    La parole et le silence

    "Trop parler incite le pêché", "la vie et la mort sont au pouvoir de la langue" et "pour fuir le péché, on doit cesser et s'interdire de parler mal". Ainsi, de nombreuses mises en garde étaient faites aux frères quant à la tenue de leur langage et leur devoir de silence, dans le souci de préserver l'harmonie fraternelle de la communauté et le bon déroulement "du travail de chevalerie".

    La règle explique qu'il était nécessaire de savoir garder le silence à certains moments de la journée comme après complies, avant le coucher et pendant le repas. Les "paroles oiseuses" et les "vilains éclats de rire" étaient défendus. Chacun devait être capable de se contrôler et "ne pas inciter son frère au courroux, ni à la colère (...)" (Articles 15, 23, 24, 42, 46, 51 et 67.)

    Les frères malades et les vieux frères

    Les frères malades devaient être traités "en paix et avec soins" selon l'article 50 de la règle. Le frère infirmier avait obligation de pourvoir aux besoins de soin des malades, notamment par l'administration de nourritures "qui rendent la santé". Les retraits du frère infirmier aux articles 190 à 197 donnent des informations sur l'infirmerie templière. Les frères sains pouvaient s'y faire saigner et s'y reposer. On y apprend le nom de quelques maladies et maux communs : fièvre quarte, dysenterie (maladie commune des armées à cette époque, dont est d'ailleurs mort Saint Louis), mauvaise blessure, vomissement et frénésie.

    La lèpre était une maladie incurable et très répandue. Le roi de Jérusalem, Baudoin IV (1174-1184) en était atteint. Les templiers lépreux étaient invités à se rendre dans une léproserie de l'ordre de Saint-Lazare, sans que ce soit une obligation. S'ils ne le souhaitaient pas, ils pouvaient rester dans leur ordre mais y vivraient à l'écart de leurs frères. ( articles : 444 et 445 des retraits)

    Les vieux frères devaient également être traités et honorés avec tous les égards (article 59 de la règle).

    Le vêtement

    Six articles de la Règle portent sur le sujet. Il était important que les frères soient habillés de façon réglementaire : manteau blanc pour les frères chevaliers, manteaux brun ou noir pour les frères sergents. Les robes fournies par le drapier de l'ordre, devaient être sans superflus, sans fourrures, ni ornements, ni trop longues, ni trop courtes. Le trousseau templier comprenait également chemises, braies, chausses et ceintures. Il était donné aux écuyers et aux sergents les vieilles robes, quand elles n'étaient pas offertes aux pauvres. ( articles 27, 28, 29, 30, 31, 32)

    Le rapport aux femmes

    "La compagnie des femmes est chose périlleuse", rappelle la règle et "nous croyons qu'il est chose périlleuse à toute religion de regarder les femmes en face." Il était interdit d'embrasser une femme, quelle qu'elle soit (même sœur ou tante, indique la règle), afin de "demeurer perpétuellement devant Dieu avec pure conscience et une vie sûre." ( articles 53 et 68)

    L'entraînement militaire

    Les historiens n'ont aucune information sur ce point. Cependant, l'article 95 des retraits de la règle indique que le combat à la lance, c’est-à-dire la joute, était pratiqué avec autorisation du maître.

    La justice au sein de l'Ordre du Temple

    L’Ordre du Temple possédait une justice interne comme tout seigneur sur ses terres.

    Cette justice était principalement rendue lors des Chapitres généraux ou provinciaux. Le chapitre de l’ordre n’avait pas pour première mission de rendre la justice à l’intérieur de la maison mais de traiter les affaires courantes. Il avait donc un rôle de conseil de discipline concernant les problèmes d’ordre judiciaire.

    Lorsque le chapitre ne pouvait statuer sur le cas d’un frère de l’Ordre, il pouvait le faire remonter au niveau supérieur et même jusqu’au Pape.

    Le cérémonial

    Lors d’une séance du chapitre et lorsqu’il fallait rendre la justice, le frère templier concerné pénétrait dans la salle d’audience pour confesser sa ou ses fautes et « crier merci » à l’ensemble de l’ordre. Il se retirait ensuite pour laisser le temps de la délibération puis entrait à nouveau pour entendre la sentence qui lui était infligée.
    De plus, si le templier ne confessait pas sa faute, il pouvait se faire dénoncer par un autre frère mais seulement si le fautif avait refusé de parler lui-même devant le chapitre.

    Classification des fautes

    Les fautes possédaient des punitions échelonnées selon leur gravité.

    • Perte de la maison ou expulsion définitive de l’Ordre du Temple,
    • Perte de l’habit : ce qui correspond à une expulsion temporaire d’une durée d’un an et un jour au maximum,
    • Perte de l’habit sauf Dieu : le frère avait droit à un sursis
    • Pénitence (d’un jour, de deux à trois jours, du vendredi, ...),
    • Nourris au pain et à l’eau pendant un jour,
    • Sermons administrés publiquement après la prière.

    Bibliographie

    • Georges Bordonove, La vie quotidienne des Templiers au XIIIème siècle, Hachette,‎ 2008, 246 p. 
    • Alain Demurger, Les Templiers, une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire »,‎ 2008 (1re éd. 2005), 664 p., poche
    • Alain Demurger, Chevaliers du Christ, les ordres religieux-militaires au Moyen Âge, Seuil,‎ 2002, 407 p.
    • Laurent Dailliez, Règles et Statuts de l'ordre du Temple, Dervy,‎ 1998, 2ème éd., 397 p. (version originale et traduction française)
    • Bruno Hapel, L'ordre du Temple : les textes fondateurs,‎ 1991
    • Marion Melville, La vie des Templiers, Gallimard, coll. « La Suite des temps »,‎ 1974 (1ère éd. 1951), 339 p., broché

    Frère Raymond F.


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  • De l'immortalité de l'âme

    Lors de la cérémonie de Réception au grade de Novice, j’avais précisé, comme ce le fut également dans ma lettre de motivation, le désir personnel d’une recherche accrue de spiritualité dans le cadre idéal, à mes yeux, de notre Ordre. Le sens du travail que j’ai le plaisir et l’honneur de vous présenter ici s’inscrit dans cette quête permanente en tentant de répondre à certaines questions existentielles car, dans notre foi profonde, nous sommes tous censés croire à l’immortalité de l’âme.

    Qu’est-ce que l’être humain ? Un corps simplement, une âme ou un composé des deux ?

    Les préoccupations de l’humanité sur la nature de l’âme et le sort qui lui est réservé au terme de la vie sur Terre réapparaissent dans toutes les croyances et dans toutes les religions à travers les siècles. La question de l’âme présente une actualité intemporelle incontestable, elle pose de nombreuses interrogations sur l’existence, les causes de la vie, le sens de la mort.

    Presque tous les peuples, dès l’aube de l’humanité, se sont fait une très haute idée de l’âme et de son immortalité. Sa survie était fréquemment représentée par l’existence d’un monde parallèle à celui des vivants. L’homme de Neandertal lui-même enterrait des aliments et des armes avec le corps du défunt, convaincu qu’il aurait à s’en servir dans l’au-delà.

    A mesure que progressait la civilisation, la notion d’âme devint de plus en plus raffinée. De nombreuses tribus croyaient et croient encore actuellement que l’âme mène une existence séparée du corps, du temps même de son vivant. L’on pensait que l’âme d’un malade s’était momentanément enfuie ou avait été dérobée. On menait alors le malade au chaman ou à l’homme-médecine afin qu’il capture l’âme et la restitue à son corps : seul un chaman y était habilité, car il avait seul le pouvoir de quitter son corps et d’aller dans le royaume des esprits pour en ramener l’âme errante.

    Pour sir Edward Tylor, professeur d’anthropologie à Oxford au siècle dernier, ces croyances primitives sont la source des religions ultérieures, qu’elles soient fétichistes, polythéistes ou monothéistes. En 1871, il conçut la notion d’ « animisme », en tant que « doctrine des âmes et autres esprits en général ». Aux yeux de Tylor, l’animisme avait doté d’une âme tous les objets, animés ou non (entre autres les arbres, les rochers, les cours d’eau, les astres) censée leur insuffler la vie et le mouvement.

    Son œuvre démontre à l’évidence l’intérêt de nos ancêtres pour l’âme et sa localisation. D’aucuns étaient convaincus que le sang constituait à la fois le véhicule et la substance de l’âme. L’historien grec Hérodote raconte que les Scythes, peuple nomade d’Asie centrale, buvaient rituellement le sang de leurs victimes afin d’en assimiler les vertus et le courage. Ce breuvage était parfois servi dans un crâne humain, en raison sans doute de la croyance localisant l’âme dans la tête et le cerveau. Chez les Aztèques, par exemple, la décapitation constituait un élément essentiel d’un rituel au cours duquel les victimes étaient sacrifiées aux divinités.

    Pour d’autres cultures, le siège de l’âme ne se trouvait ni dans le sang ni dans la tête, mais dans la respiration, le souffle, une croyance probablement justifiée par l’arrêt de cette fonction lors du décès. Les peuplades des îles Marquises et de la Nouvelle-Calédonie avaient coutume d’obturer le nez et la bouche des agonisants pour tenter de les maintenir en vie, empêchant ainsi leur âme de s’envoler.

    Mais c’est dans l’Egypte ancienne que le concept d’âme trouva sa formulation la plus complexe et la plus nuancée. En réaction à la terreur de la mort, ressentie comme un arrêt brutal des joies et des plaisirs d’ici-bas, et à l’anéantissement de toute beauté, les Égyptiens puisaient un réconfort dans leur croyance à la résurrection et à une vie bienheureuse dans l’au-delà, au cours de laquelle leur corps et leur âme seraient préservés dans leur intégrité. Le culte d’Osiris conforta les Égyptiens dans leur espérance dans la résurrection : le corps devait être préservé dans sa pureté et son intégrité physique après le décès, par le rite de la momification, afin de permettre l’éclosion de l’âme.

    Mais comparée à celle des Grecs de l’Antiquité, la vision égyptienne de la mort et de la putréfaction qui en résulte apparaît presque réconfortante. En effet, pour les Grecs, la perspective de la mort n’offrait comme consolation qu’un tourment éternel. A l’époque d’Homère, ils ne croyaient qu’au châtiment pour celui qui avait offensé les dieux, mais nulle récompense pour celui qui avait mené une vie vertueuse. Les exemples abondent de ces damnés expiant dans l’autre monde les fautes commises de leur vivant : Sisyphe, réputé pour sa ruse, fut condamné à rouler éternellement un rocher sur la pente d’une montagne ; le rocher retombait avant d’avoir atteint le sommet et tout était à refaire. Ou encore Tantale, fils de Zeus, qui, pour avoir gravement offensé les dieux, fut précipité dans les Enfers et condamné à une faim et à une soif dévorantes.

    Face à cette conception si désespérée du royaume des morts, les philosophes de la Grèce classique estimèrent nécessaire d’en atténuer l’horreur en y introduisant l’idée de la rédemption et d’une survie de l’âme. De par sa formation de musicien et de mathématicien, Pythagore fut amené à formuler une conception originale de l’âme, en tant qu’ « harmonie des éléments contraires réunis dans le corps ». Il croyait en l’origine divine de l’âme et à la nécessité de la purifier mais il alla plus loin en certifiant la notion de la réincarnation et de la métempsycose, à savoir la survie de l’âme individuelle, indestructible, et à sa renaissance dans un autre corps, humain ou animal. Cette doctrine, connue sous le nom de transmigration, constitue les prémices de nombreuses croyances en la réincarnation. La philosophie de Pythagore marqua une étape importante pour l’évolution de la notion d’âme au sein de la civilisation occidentale. La théorie de la transmigration impliquait le concept d’une essence humaine capable de survivre à la mort du corps et portait en germe la croyance moderne en l’immortalité de l’âme.

    A présent, venons-en au corps même de ce parchemin-exposé.

    Qu’est-ce que l’âme ? Quel est son rapport avec le corps ? Qu’entend-on par immortalité de l’âme ? Ces questions devinrent un des thèmes de prédilection des diverses écoles philosophiques, surtout à partir de la Grèce classique.

    En 399 av. J.-C., un tribunal athénien avait condamné à mort l’un des plus grands penseurs de la Grèce sous le prétexte «d’impiété et de corruption de la jeunesse ».

    L’acte d’accusation était des plus fallacieux : ce qu’on reprochait à Socrate était en réalité ses critiques acerbes et répétées de la classe dirigeante athénienne. En effet, durant sa vie, il n’eut de cesse de révéler à ses contemporains, aveuglés par l’orgueil ou l’obstination, les contradictions de leurs discours par l’interrogation. C’est ce qu’on connaît sous le terme de « maïeutique » : ne pas convaincre quelqu’un par le discours mais le faire « accoucher » de ses propres idées. Cette maïeutique est elle-même indissociable de la dialectique ; c’est par la confrontation des idées de chacun que l’on peut acquérir le savoir.

    Le célèbre « gnôthi séauton » (connais-toi toi-même), précepte gravé sur le fronton du temple d’Apollon à Delphes, indique que l’exigence de l’homme doit se porter sur sa nature. C’est en se connaissant, en cherchant lui-même, que l’homme peut trouver la sagesse.

    Socrate aurait pu échapper à la mort en fuyant Athènes ou en se montrant plus conciliant et coopératif, mais cela eût constitué une reconnaissance de culpabilité.

    La date fatidique arrivée, Socrate décida de consacrer sa dernière journée à son activité de prédilection : converser avec ses amis et disciples. Sa conversation aborda le thème de l’éternité : qu’y a-t-il après la mort ? Socrate était convaincu que la mort représentait la délivrance de l’âme de sa prison corporelle mais son entourage, profondément affligé, ne faisait pas preuve du même optimisme, un de ses disciples manifestant la crainte de voir l’âme, au moment du trépas, se dissoudre dans le néant. Le débat qui s’ensuivit dura jusqu’aux derniers instants de Socrate ; mais quand le serviteur lui présenta la coupe de ciguë, toute l’assemblée partageait désormais ses convictions quant à l’immortalité de l’âme.

    Parmi les membres de l’assistance se trouvait un jeune Athénien d’origine aristocratique nommé Platon qui suivait depuis une dizaine d’années l’enseignement du philosophe ; sous le coup de l’indignation après la condamnation à mort de son maître, il mit ses paroles par écrit, sous forme de dialogues. En effet Socrate ne prit pas la peine d’écrire ou, du moins, nous n’avons aucune trace avérée de son écriture.

    Notre première question était donc: qu’est-ce-que l’âme ?

    L’âme se définit nominalement comme le principe de la pensée ou le principe de la vie ou les deux à la fois, ce qui pose le problème de son unité, ce qui soulève le problème de son rapport avec le corps en même temps que celui de sa possible immortalité. En effet, si ce rapport est une union réelle, ils seront vraisemblablement solidaires dans leur destin mortel ; inversement pour que l’âme puisse prétendre survivre à la mort corporelle, il faut qu’elle soit d’une nature autre que corporelle, et il devient alors malaisé de penser leur union comme réelle.

    Étymologiquement, « âme » se traduit en grec par le terme « psukhé » qui signifie au sens premier le souffle, la respiration qui est signe de vie. Pour Platon, si l’âme est bien signe de vie, elle est donc porteuse de vie et ne peut être son contraire, c’est-à-dire la mort.

    Platon défendait une vision dualiste de l’être humain, à la fois corps et esprit, ou encore corps et âme. Une telle doctrine impliquait que chaque individu se composait d’une âme incorporelle momentanément emprisonnée dans une enveloppe charnelle. Aux yeux de Platon, l’âme, d’origine divine, est immortelle, intellectuelle, uniforme et indissoluble.

    Platon expose clairement que l’âme n’a pas de parties distinctes (La République) il indique plutôt que l’âme est constituée de trois « principes » ou « entités » : la raison (logos), l’agressivité (thumos) et les désirs (épithumia). Ces trois « principes » sont à comprendre en terme de fonctions et non pas de parties. Ces « principes » sont complémentaires mais non primaires, c’est-à-dire qu’on ne peut les localiser comme des organes dans le corps humain par exemple.

    En cela, il rejoint Socrate pour qui l’âme humaine se partage en trois instances distinctes qui prennent place dans trois parties du corps : au niveau de la tête, la raison qui permet d’acquérir le savoir, au milieu, la colère, qui pousse le cœur à des emportements ; tout en bas, dans le ventre, le désir, qui force à rechercher les plaisirs les plus divers.

    Avant d’aborder la question de l’immortalité de l’âme, regardons le fonctionnement de l’âme et du corps séparément et analysons leur rapport, cela permettra de saisir pourquoi il est possible, selon Platon, d’envisager l’immortalité de l’âme.

    Platon affirme clairement la primauté de l’âme ; elle est, selon lui, la partie la plus haute de l’humain. Elle est encore ce qu’il y a de meilleur en l’homme et qui lui permet de « dépister et saisir ce qu’il y a de meilleur au monde ». Elle est première par rapport à la matière, car « première-née, antérieure à tous les corps ». Ainsi Platon définit l’âme préexistant à son enveloppe mortelle et lui survivant quand elle en est libérée.

    A l’appui de sa doctrine de l’immortalité de l’âme et de sa préexistence, Platon crée la notion de réminiscence : toute connaissance a déjà été acquise et apprendre équivaut à se souvenir. Etant née à plusieurs reprises, l’âme est immortelle et a vu tout ce qui existe, soit dans cette vie ou dans une vie précédente. Comme l’affirme Platon dans le Phédon, l’homme est né avec un acquit de connaissances et de vérités absolues que le monde réel ne peut lui fournir ; c’est donc dans une autre vie, antérieure à sa vie présente, qu’il a dû recueillir cette connaissance.

    Dans le Phédon également, il fait exposer par Socrate sa théorie de la réincarnation : le vivant est engendré par le mort et le mort provient du vivant ; et la vie sur Terre ne représente qu’une étape de l’âme vers le royaume supérieur de l’intelligence pure.

    Platon nous parle du vivant, de l’être, comme étant un composé d’âme et de corps. L’âme est séparée du corps chez Platon pour qui le corps est obstacle à la vraie connaissance que seule peut atteindre l’âme, et pour qui le corps est le « tombeau de l’âme ».

    L’âme est insaisissable, elle ne se révèle à l’humain que par la pensée et non par les sens. Cependant, Platon met tout de même en lumière une certaine communication entre les deux : le rapport de l’âme et du corps est une relation de « servitude et obéissance ».

    Ce rapport a de ce fait un impact considérable sur l’humain. Il y a, selon Platon, un lien avec « la santé ou la maladie et la vertu ou le vice ». Indubitablement, lorsque l’influence de l’âme sur le corps est élevée et négative, c’est la maladie qui s’en suit.

    A l’inverse, lorsque c’est le corps qui assujettit l’âme, il se produit ce que Platon appelle « l’ignorance », car l’homme dans une telle condition fait moins usage de son intellect : il est dominé par les désirs du corps.

    Le remède que Platon propose à cette maladie, « l’ignorance », c’est de prendre soin de l’âme et du corps ensemble ; il est donc clair que le rapport de l’âme et du corps a un impact très important sur l’humain.

    Les exposés précédents sur l’âme et son rapport avec le corps nous ont permis de relever que ces deux entités sont distinctes : l’âme est immatérielle à l’opposé du corps. Cela nous amène à évoquer maintenant l’immatérialité de l’âme, le désir d’immortalité qui est en l’humain, ainsi que le principe divin qui existe dans l’âme, car ce sont des éléments qui expliquent et montrent le principe d’immortalité en l’âme.

    La plupart des philosophes, y compris les présocratiques, s’accordent pour reconnaître en l’âme une caractéristique indéniable, son immatérialité.

    Manifestement, personne ne l’a jamais vue, personne ne peut la toucher, mais chacun est conscient qu’elle est l’essence de l’humain, le principe de vie. L’âme est invisible, insoluble : elle a une identité non changeante contrairement au corps qui est quant à lui visible et possède une identité changeante.

    Pour Platon, chaque fois que nous avons un désir tel l’immortalité, c’est l’âme qui nous attire vers l’objet de ce désir. Il y a un désir d’éternité très fort chez l’humain qui peut se comprendre à travers l’exemple de la faim et de la soif : incontestablement, nous avons faim et soif parce que les aliments et les boissons existent. Pareillement, l’homme désire l’immortalité parce que celle-ci existe.

    Platon expose explicitement que l’âme ressemble au divin tandis que le corps correspond au mortel. L’âme retourne vers l’invisible à la mort du corps, elle retourne à sa nature originelle, à l’objet de sa contemplation, c’est-à-dire Dieu. Il n’y a donc rien de plus divin en l’homme que l’âme.

    L’âme est pour Platon la forme de durée éternelle qui est en l’homme, à l’inverse du corps qui est périssable, mortel. Il explique cela à travers l’exemple du chaud et du froid, du feu et de la neige : ainsi, le chaud ne peut jamais être froid, tout comme la vie ne peut jamais être la mort, et similairement, l’âme qui est vie ne peut être son contraire, c’est-à-dire la mort. Elle est de ce fait immortelle. Pour Platon, « quand une chose meurt d’un mal qui lui est ni propre ni étranger, il est évident qu’elle doit exister toujours, et que, si elle existe toujours, elle est immortelle. »

    Toutefois, l’âme dont la principale caractéristique est d’être immortelle est aussi douée d’un certain nombre de qualités : sagesse, courage et tempérance. Elle est le lieu de toutes les perfections, elle est le bien le plus précieux de l’être, ce qui lui faut sauver à tout prix, et c’est la raison, selon Platon, pour laquelle il préconise la pratique de la vertu.

    La vision dualiste de Platon ainsi que sa doctrine de la réminiscence furent d’emblée adoptées par l’un de ses disciples les plus fidèles et, en tout cas le plus célèbre, Aristote.

    En effet Aristote parle de l’âme comme d’une substance distincte du corps mais en outre, il nous présente leur union comme totalement contraire aux lois naturelles. Mais il finira par s’éloigner de l’enseignement de son maître, remplaçant sa conception du corps et de l’âme par celle d’un corps qui serait plutôt l’instrument de l’âme.

    Son approche se manifeste dans son traité De l’âme, où celle-ci est définie comme le principe de toute vie. L’âme, dit Aristote, n’est ni un feu, comme le voudrait Démocrite, ni de l’air comme le soutenaient Diogène et quelques autres. En revanche, c’est la forme qui vient animer la matière. Elle donne la vie, et n’est vivant que ce qui est doté d’une âme.

    Tout être vivant présupposant l’union d’un corps et d’une âme, la mort du corps entraîne obligatoirement celle de l’âme, car corps et âme sont inséparables jusque dans la mort. Prenant le contre-pied des conceptions platoniciennes, Aristote nie la possibilité de la vie éternelle et de la réincarnation. Seul est immortel celui qu’il appelle « le Premier Moteur », cause première de tout mouvement et des incessantes mutations de l’Univers, ou encore Dieu.

    Cette conception de l’Univers constituait l’antithèse de la théorie dualiste de Platon et ouvrait la voie à toutes les écoles de pensée monistes pour lesquelles l’Univers n’est constitué que d’une seule substance qui est soit la matière (matérialisme) soit l’esprit (spiritualisme).

    Au cours des siècles suivants, philosophes et théologiens choisirent le clan de Platon ou celui d’Aristote. Saint Augustin était, par exemple, un fervent platonicien. A ses yeux, le salut dépendait de la grâce, seule capable d’éclairer l’âme dans son combat contre le corps.

    Saint Thomas d’Aquin se situait à mi-chemin entre les deux : sa doctrine de la résurrection et ses corollaires, la condamnation ou le salut éternels, rappelait à la fois la vision platonicienne d’une âme incorporelle et l’approche aristotélicienne d’une âme unie au corps, tout comme la forme est liée à la matière. Certes saint Thomas rejette la thèse de la préexistence de l’âme, mais il admet que celle-ci puisse vivre séparée du corps et admet son immortalité : « L’âme est immortelle et c’est par son immortalité qu’il nous importe de choisir notre destination (ciel ou enfer) quand le temps ne sera plus. ».

    Plusieurs questions se posent aux humains depuis la nuit des temps : le sens de la vie, celui de la mort, etc. Or notre vie humaine est mortelle. La mort est un destin qui attend tout humain, c’est pourquoi il appartient à tout un chacun de choisir de mourir dans l’inquiétude ou de manière sereine à l’image de Socrate. Ce dernier était dans la quiétude parce qu’il croyait en l’immortalité de son âme.

    Le rapport de l’âme et du corps nous a permis dans un premier temps de les présenter séparément, de montrer leur fonctionnement ainsi que de relever leur lien. Alors nous avons indiqué que dans la conception platonicienne, l’âme et le corps sont séparés. De plus, l’âme immatérielle et invisible est immortelle par rapport au corps qui est périssable. Toutes ces spécifications nous ont préparés à saisir l’immortalité de l’âme telle que perçue par Platon.

    La tentative de démonstration de l’immortalité de l’âme n’arrive pas comme de nulle part. C’est un sujet qui est bien présent : l’intelligence veut comprendre et recherche naturellement des raisons de cette immortalité.

    Cependant, la question qui pourrait se poser est de savoir s’il est possible de concilier la doctrine platonicienne de l’immortalité de l’âme et celle de la résurrection des corps, axe fondamental du christianisme.

    Rappelons d’abord quelques points essentiels de l’Eglise catholique (notes du cardinal Ratzinger) :

    •  l’Eglise croit à la résurrection des morts,
    • elle attend le retour glorieux du Christ qui est différé par rapport à la mort des hommes,
    • elle affirme la survivance d’un élément spirituel doué de conscience et de volonté, de sorte que le « moi » humain subsiste. Pour désigner cet élément, on emploie le mot « âme ».

    Comme nous l’avons vu précédemment, l’affirmation de l’immortalité de l’âme n’est donc pas un caractère propre au christianisme mais la révélation chrétienne a apporté une notion nouvelle : l’immortalité personnelle.

    La grande majorité des religions admettent l’immortalité de l’âme en tant que parcelle divine qui retourne à sa nature originelle à la mort. Mais le christianisme est allé plus loin : il affirme l’immortalité de l’âme individuelle.

    Si l’on ne parle que de la résurrection des corps en occultant ou déniant la notion de l’immortalité de l’âme, cette résurrection étant une nouvelle création, Dieu nous faisant un nouveau corps, cette affirmation peut paraître un peu fallacieuse : l’homme étant un tout, s’il doit être ressuscité, ce sera avec le même corps.

    Vu que l’âme fut unie au corps durant sa vie terrestre, il n’est pas naturel que l’âme vive indépendamment du corps. Ainsi l’immortalité de l’âme implique une résurrection future car l’âme ne peut vivre sans son enveloppe corporelle.

    Le christianisme impose une vision originale par rapport au monde juif et au monde grec : la persistance de l’identité personnelle rendue possible par la relation de connaissance et d’Amour avec Dieu. Et la nouveauté aussi par rapport au judaïsme est d’affirmer que l’âme, dans son séjour dans l’au-delà, connaîtra une grande félicité. L’âme, dans l’optique chrétienne, trouve, après la mort, le repos et la Lumière car son espoir est de demeurer face à Dieu dans une vision béatifique.

    Cependant, l’âme est encore dans un état transitoire : elle doit se purifier et elle attend la résurrection du corps auquel elle a appartenu. La théologie chrétienne insiste sur ce besoin de purification imagé par le purgatoire qui permet à l’âme de se purifier de ses fautes mais aussi de son désir d’attachement au corps. La purification achevée, l’âme connaît alors la béatitude (on ne peut en fixer la durée puisque dans l’autre monde le temps n’existe plus).

    Cette affirmation de la résurrection du corps a souvent été une incompréhension pour les uns, voire une indignation pour d’autres. Elle est pourtant l’essentiel du christianisme : Dieu, qui a créé l’homme corps et âme, ne reniera rien de sa création et le ressuscitera dans sa totalité, dans son unité. Il transfigurera le corps qui sera ainsi soustrait à la condition biologique de la vie.[1]

    Le Christ, ayant transgressé cette loi, soustraira tous les corps qui passeront à une existence incorruptible.[2]

    Voilà en quoi la résurrection des corps est bien l’axe fondamental du christianisme.

    Le concept dualiste de l’âme présenté par Platon correspond, dans les grandes lignes, à mes convictions personnelles : en effet je crois à l’immortalité de l’âme survivant au décès corporel.

    La vie terrestre n’étant qu’un passage au cours duquel il est nécessaire de vivre dans l’amour, la charité et la spiritualité afin de nous préparer au mieux à la promesse d’une vie éternelle. Par contre, je suis convaincu que l’homme est composé d’un esprit, d’un corps et d’une âme. L’esprit est le siège de la conscience. Il pense, apprend, raisonne, décide. Le corps est le véhicule de l’esprit dans le monde physique. Il est aussi ce qui relie l’esprit au monde extérieur : c’est par son intermédiaire que l’esprit en prend connaissance par les perceptions telles que l’ouïe, la vue, le toucher, l’odorat. L’âme est notre partie divine, la présence de Dieu en nous. Elle est la source de connaissance divine à laquelle l’esprit peut se connecter, par la méditation ou la prière par exemple.

    Pour conclure, relevons cependant que la connaissance de l’immortalité de l’âme ne peut et ne doit en aucun cas nous encourager à provoquer la mort, le suicide : l’immortalité de l’âme ne conduit pas à la haine de sa propre vie, mais à l’amour de celle-ci. Est-il alors nécessaire de nous rappeler une des règles de vie du Templier ? « Tu respecteras la Vie sous toutes ses formes, nul n’a le droit d’en disposer à sa guise ».

    Frère Guy D.

    * De l'immortalité de l'âme

     

    Références et sources bibliographiques :

    J.-F. Mattéi, Platon.

    Time-Life, A la recherche de l’âme.

    Renard, L’après-vie.

    Platon, Phédon.

    Platon, La République.

    Aristote, De l’âme.


    [1] « Que la poussière retourne à la terre comme elle est venue et le souffle à Dieu qui lui a donné » (Ecclésiaste XII, 7)

     « Dieu n’est pas un dieu des morts mais des vivants » (Luc, XX, 38)

    [2] Jésus rappelle que «Je suis la résurrection. Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais. » (Jean, XI, 25-26) 


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