• 200409 - Liturgie du Jeudi Saint – 9 avril 2020

    Jeudi Saint 2020

    * Jeudi Saint 2020

    Le Jeudi Saint

    Le Jeudi Saint, c'est le jeudi précédant la fête de Pâques. Ce jour-là, les chrétiens commémorent la Cène, le repas où Jésus a béni le pain et le vin pour la première fois. Jésus signifiait ainsi qu'il offrait son corps et son sang pour le salut du monde. Les chrétiens se rappellent aussi que Jésus lava les pieds de ses apôtres les invitant ainsi à se faire les serviteurs des autres.

    C'est le silence qui caractérise ce temps de veille avec le Seigneur. Il peut y avoir quelques textes ou chants, mais c'est le silence qui se doit de dominer.

    La Croix – Questions de vie – Questions de foi

    * Jeudi Saint 2020

    Il commémore pour les chrétiens l'institution par Jésus-Christ du sacrement de l'Eucharistie, lors de la Cène qui est le dernier repas pris avec ses disciples avant son arrestation. C'est le début du Triduum pascal, célébrant la Passion et la Résurrection de Jésus. Lors de la messe vespérale du Jeudi saint, a lieu une cérémonie particulière, le lavement des pieds.

    * Jeudi Saint 2020

    L'Évangile du jour est celui où le Christ lave les pieds des douze apôtres (Jean XIII, 1-15).

    C'est aussi la commémoration de la Cène de Jésus-Christ instituant l'Eucharistie.

    Wikipédia

    Ne manquez pas de consulter nos parchemins : « Le sens du Jeudi Saint » et « Jeudi Saint 2019 » !

    * Jeudi Saint 2020

    Un repas de pélerins

    Lors de son dernier repas, Jésus bouleverse les perspectives. Il donne un sens inédit au pain et au vin : son corps et son sang, signes de son « exode » (cf. Luc 9, 31) où s’accomplit notre salut. Le Maître prend aussi la place du serviteur. Il nous convie à faire de même.

    Vie liturgique, revue de pastorale liturgique publiée par Novalis (Bayard Presse Canada inc), Montréal Canada

    * Jeudi Saint 2020

    1ère lecture : Le Seigneur m’a consacré par l’onction, il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, et leur donner l’huile de joie.

    Lecture du livre du prophète Isaïe (Is 61, 1-3a.6a.8b-9)

    L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction.

    Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur, et un jour de vengeance pour notre Dieu, consoler tous ceux qui sont en deuil, ceux qui sont en deuil dans Sion, mettre le diadème sur leur tête au lieu de la cendre, l’huile de joie au lieu du deuil, un habit de fête au lieu d’un esprit abattu.

    Vous serez appelés « Prêtres du Seigneur » ; on vous dira « Servants de notre Dieu ». Loyalement, je vous donnerai la récompense, je conclurai avec vous une alliance éternelle.

    Vos descendants seront connus parmi les nations, et votre postérité, au milieu des peuples. Qui les verra pourra reconnaître la descendance bénie du Seigneur.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * Jeudi Saint 2020

    Commentaire 1 :

    L’auteur de la troisième partie du Livre d’Isaïe présente sa mission, puis il s’adresse à ceux qu’il vient secourir.

    La mission du prophète prêtre

    Le Deuxième Isaïe (42, 1.7) évoquait le Serviteur dont Dieu dit : « J’ai fait reposer sur lui mon Esprit …Tu feras sortir les captifs de leur prison ». Dans le recueil du Troisième Isaie (56 – 66) le nouveau prophète, qui est sans doute aussi un prêtre, prend la relève, mais la situation a changé : la Bonne Nouvelle concerne « les humbles » au sens social, c’est-à-dire les pauvres. Car le pays est dans la misère, les cœurs sont brisés, les endettés jetés en prison. Le héraut proclame donc « une année de bienfaits », c’est-à-dire une année jubilaire*, dont le grand prêtre fixait la date et qu’il faisait ouvrir au son de la trompe rituelle, le shophar, en la fête du Kippour, jour des Expiations.

    * L’année jubilaire, tous les cinquante ans, exigeait juridiquement le retour de chacun dans son patrimoine, l’extinction des dettes et la libération des esclaves (cf. Lévitique 25, 8-17). C’est l’année de « l’affranchissement » qui commençait avec la fête de Kippur ou « des Expiations » dans laquelle le grand prêtre oint obtenait pour le peuple le pardon de Dieu.

    Consacré lui aussi par l’Esprit des prophètes et des prêtres, Jésus s’appliquera ce poème, par son homélie, dans la synagogue de Nazareth.

    L’huile de joie

    Ceux qui pleuraient vont alors connaître un revirement spectaculaire symbolisé par le diadème, les habits de fête et « l’huile de joie » l’huile d’olive parfumée qui s’imposait dans tous les repas de fête. Surtout, ils retrouveront leur dignité. Dieu les appellera « prêtres du Seigneur », selon la promesse faite lors de l’alliance du Sinaï : « Vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte » (Exode 19, 6).

    En cette messe chrismale, nous nous rappelons que nous avons reçu cette consécration, cette onction, par notre baptême.

    Commentaires du Père Claude Tassin – Sedifop – 18 mars 2016

    * Jeudi Saint 2020

    Psaume : (88 (89), 20ab.21, 22.25, 27.29)

    R/ Ton amour, Seigneur, sans fin je le chante ! (cf. 88, 2a)

    Autrefois, tu as parlé à tes amis, dans une vision tu leur as dit :

    « J’ai trouvé David, mon serviteur, je l’ai sacré avec mon huile sainte ».

    « Ma main sera pour toujours avec lui, mon bras fortifiera son courage ».

    « Mon amour et ma fidélité sont avec lui, mon nom accroît sa vigueur ».

    « Il me dira : ‘’Tu es mon Père, mon Dieu, mon roc et mon salut !’’

    Sans fin je lui garderai mon amour, mon alliance avec lui sera fidèle ».

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * Jeudi Saint 2020

    Commentaire 2 :

    Le long psaume 88 chante la fidélité de Dieu envers la dynastie de David, malgré les aléas de l’histoire. Trois leaders, trois messies possibles, au long de l’Ancien Testament, étaient consacrés à Dieu par une onction : le roi, le prêtre et le prophète. Ce dernier n’était sans doute pas oint matériellement, mais il l’était « spirituellement », puisqu’il était l’homme de l’Esprit, l’onction conférant l’Esprit à ceux qui la recevaient.

    À tout baptisé, l’onction qui achève le rituel du sacrement, confère la triple dignité de prêtre, de prophète et de roi, une dignité offerte à tous les croyants, bien supérieure à la légion d’honneur. Et on ne le sait plus ! On notera surtout la formule de la dernière strophe du psaume retenue par notre liturgie : Il me dira « Tu es mon Père. C’est la première moitié d’un contrat d’alliance, supposant la réponse divine : Tu es mon Fils » (comparer Psaume 2, 7). Car, au jour où le roi d’Israël était sacré, il devenait le fils adoptif de son Dieu. C’est ce qui nous arrive dans le sacrement du baptême. Et on ne s’en souvient plus.

    Commentaires du Père Claude Tassin – Sedifop – 18 mars 2016

    * Jeudi Saint 2020

    Épître : « Il a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père ».

    Lecture de l’Apocalypse de saint Jean (Ap 1, 5-8)

    Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né des morts, le prince des rois de la terre.

    À lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père, à lui, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Amen.

    Voici qu’il vient avec les nuées, tout œil le verra, ils le verront, ceux qui l’ont transpercé ; et sur lui se lamenteront toutes les tribus de la terre.

    Oui ! Amen ! Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * Jeudi Saint 2020

    Commentaire 3 :

    Dans la petite liturgie qui ouvre le livre de l’Apocalypse, on peut distinguer trois parties où reviennent tour à tour le lecteur et l’assemblée. C’est une préface à la grandiose vision du Fils de l’homme (1, 9-20).

    La bénédiction initiale est donnée « de la part de » Jésus. Il est « le témoin fidèle », la preuve vivante, par sa résurrection, de la véracité de la promesse faite à David, à savoir que son descendant deviendrait « le prince des rois de la terre » (Psaume 89, 28).

    L’acclamation de l’assemblée qui suit, conclue par un « amen », salue le Christ comme « lui qui nous aime » et nous l’a montré « par son sang ». Voici évoqués ainsi le sang de l’agneau pascal qui sauva les Hébreux (Exode 12, 23) et l’alliance du Sinaï où Dieu fit d’Israël un « royaume de prêtres » (Exode 19, 6 ; cf Apocalypse 5, 10 ; 20, 6).

    Mais, reprend le lecteur, Jésus est aussi, à la fois, le Ressuscité et le Crucifié, le Fils de l’homme glorieux (Daniel 7, 13) qui vient « avec les nuées », et le pasteur transpercé par les siens (Zacharie 12, 10-14 ; cf. Jn 19, 37). Les païens le verront et se convertiront (« se lamenteront »). La conclusion est plus solennelle encore : « Oui ! Amen ! ».

    Amen. Ce mot hébreu, passé dans toutes les liturgies chrétiennes, signifie : c’est vrai, c’est du solide, c’est ce que l’on doit souhaiter voir se produire (« ainsi soit-t-il »). C’est le nom même de Dieu, le « Dieu de l’Amen » (Isaïe 65, 16). C’est le nom du Christ : « Ainsi parle l’Amen, le Témoin fidèle et vrai… » (Apocalypse 3, 14). Notre « amen » liturgique nous consacre dans ce mystère de la solidité divine.

    Tout cela, dit l’oracle final à la première personne, est l’œuvre de Dieu, Alpha et Oméga (première et dernière lettre de l’alphabet grec), principe et aboutissement de toute chose. Il domine toute l’histoire, comme «celui qui est, qui était et qui vient». Par cette expression, le judaïsme du 1er siècle développait la révélation d’Exode 3, 14 : « Je suis qui je suis ».

    C’est dans ce grand projet du « souverain » de l’univers (en grec, Pantokrator, maître de tout, qui était aussi un titre de l’Empereur romain) que nous sommes « les prêtres pour Dieu », chargés par notre baptême d’assurer la vraie louange en ce monde, chargés par le sacrement de l’ordre d’annoncer aux hommes et aux femmes « le premier-né d’entre les morts ».

    Commentaires du Père Claude Tassin – Sedifop – 18 mars 2016

    * Jeudi Saint 2020

    Évangile : « L’Esprit du Seigneur est sur moi ; il m’a consacré par l’onction ».

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Lc 4, 16-21)

    En ce temps-là, Jésus vint à Nazareth, où il avait été élevé.

    Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe.

    Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction.

    Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.

    Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit.

    Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.

    Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ».

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * Jeudi Saint 2020

    Commentaire 4 :

    C’est après son baptême que Jésus se rend à Nazareth pour sa première prise de parole en public. Au centre de cette scène se trouve une citation du livre d’Isaïe qui éclaire aussi notre vocation chrétienne.

    Jésus vint à Nazareth

    Jésus enseigne en milieu ouvert, dans les synagogues (cf. Luc 4, 15), lieu habituel de rassemblement des communautés juives locales. Mais il vient cette fois dans sa propre patrie, c’est effectivement, selon Luc, sa première prise de parole en public, et ce discours éclaire non seulement tout l’Évangile, mais encore les Actes des Apôtres écrits par le même Évangéliste. C’est dans une scène synagogale analogue que Paul, citant aussi le livre d’Isaïe (49, 6) orientera sa mission vers les païens (Actes 13, 44-47).

    La prophétie d’Isaïe

    Le service du sabbat s’ouvrait par des prières, puis on lisait un chapitre de la Loi de Moïse, suivi d’un bref passage tiré des prophètes et de l’homélie. On confiait volontiers celle-ci à un visiteur important, tel Jésus (ou plus tard Paul, cf. Ac 13, 15). Ici, délaissant l’ensemble des rites, Luc se concentre sur le passage d’Isaïe choisi par Jésus (Cf. 1ère lecture).

    « L’Esprit du Seigneur est sur moi », dit le texte. Luc a insisté sur le lien entre Jésus et l’Esprit (Luc 3, 22 ; 4, 1.14). Le lecteur devine donc d’emblée que cette prophétie concerne Jésus. Ou, en d’autres termes, la prophétie éclaire le sens du baptême de Jésus, une scène de vocation. L’Esprit que Jésus a reçu l’a « oint », consacré pour une mission de prophète auprès des pauvres, des infirmes, des opprimés. C’est à eux d’abord qu’est destinée la Bonne Nouvelle, l’Évangile. Luc élimine du texte d’Isaïe la mention du « jour de revanche de notre Dieu ». Il ajoute au contraire : « apporter aux opprimés la libération ». Cette phrase d’Isaïe 58, 6 était lue à la synagogue à la fête du Grand Pardon (Kippur), celle qui ouvrait les années jubilaires (Cf. 1ère lecture). C’est le grand prêtre qui ouvrait officiellement l’année sainte, et peut-être l’Évangéliste veut-il suggérer que Jésus remplit cette fonction sacerdotale (Cf. 1ère et 2ème lecture).

    Tout cela qui dessine la mission de Jésus, Pierre le résumera ainsi : « Dieu l’a consacré par l’Esprit Saint et rempli de force… Il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable » (Actes 10, 38). D’ailleurs, dans l’Ascension selon Luc 24, 50-52, le Ressuscité prend la posture du grand prêtre bénissant son peuple au jour du Kippur (Cf. Siracide 50, 20-21).

    « Aujourd’hui »

    Jésus ne dit pas : C’est de moi que parle le prophète, mais plus discrètement : « Cette parole de l’Écriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ». Jésus appelle ses auditeurs à une démarche de foi : il leur revient d’écouter Jésus, de voir ses actes, et de découvrir eux-mêmes, au long des pages de l’Évangile de Luc, que la prophétie s’accomplit en lui. La suite de l’épisode dira que cet accomplissement d’une vocation universelle engendre une crise grave entre Jésus et Israël.

    Par notre baptême, nous participons à cette mission du Christ, à sa dignité. C’est ce que signifie l’onction du saint chrême, comme le rappelle la bénédiction de la messe chrismale :

    « Tes enfants, après être ‘’renés’’ dans l’eau du baptême, sont fortifiés par l’onction de l’Esprit, et, rendus semblables au Christ, ils participent à sa fonction prophétique, sacerdotale et royale ».

    * Jeudi Saint 2020

    L’onction. Les mots Christ, chrême, chrismal viennent de la même racine grecque qui signifie « oindre ». Le Messie est «l’Oint» (mot inélégant en français), et nous le sommes aussi par « l’onction » baptismale. Dans l’Ancien Testament, trois personnages sont bénéficiaires d’une onction : le Roi, le Prêtre, et le Prophète. Peut-être ce dernier ne recevait-il pas une onction matérielle (malgré 1 Rois 19, 16). Mais, puisque l’onction confère l’Esprit de Dieu et que le prophète est l’homme de l’Esprit, il est réellement un Oint. Quand le Nouveau Testament présente Jésus comme Oint (Messie), il insiste tantôt sur sa royauté, tantôt sur sa mission prophétique et, plus rarement, sur sa fonction sacerdotale (Lettre aux Hébreux).

    Commentaires du Père Claude Tassin – Sedifop – 18 mars 2016

    * Jeudi Saint 2020

    Homélie :

    1. Nous entrons dans le premier jour du « triduum pascal ». Jésus lave les pieds de ses apôtres les faisant ainsi entrer dans la grande vertu de l’humilité. Il quitte son vêtement nous annonçant déjà le dépouillement de ses vêtements avant la crucifixion et le dépouillement de son corps de chair pour ressusciter en Corps de gloire. Jésus annonce le don total de sa personne pour le salut de l’humanité et la gloire de son Père. Si ce geste était normal à l’époque de Jésus, cette tâche revenait à un serviteur de la maison. Jésus manifeste l’amour et l’humilité qui sont les deux ailes nous permettent d’avancer vers le Royaume éternel de Dieu notre Père avec lui. Jésus n’hésite pas, toute sa vie est orientée en ce sens. Il nous prépare, comme ses disciples, au don de l’Eucharistie qui nous sera donnée, pour que nous ayons le courage d’entrer dans sa Passion. Il donne en partage son Corps et son Sang, prémices de l’acte d’amour suprême de sa crucifixion.

    * Jeudi Saint 2020

    2. Pierre est dans l’étonnement : Jésus se fait le serviteur. Par ce geste ingrat et humiliant, il se baisse, s’abaisse et lave les pieds poussiéreux et il les essuie. Pierre refuse ce geste de Jésus mais il finira par l’accepter quand Jésus lui dira clairement qu’il n’aurait point de part avec lui s’il refuse cet abaissement. Jésus, par ce geste du lavement des pieds, invite ses disciples à entrer dans l’humilité, grâce par laquelle ils entreront dans le Royaume de Dieu. Nous voulons nous dépouiller de nos complexes pour accepter avec joie de servir les autres ou d’être servi par eux dans un acte d’humilité réciproque. Quand il leur lave les pieds, Jésus bouleverse nos conceptions de service pour nous transformer de fond en comble. Jésus, par cet acte de lavement des pieds, nous révèle que la plus haute humilité consiste à nous vider de nous-même pour toucher la grâce ineffable de Dieu. Au cours de ce dernier repas, Jésus gratifie ses disciples d’une nouvelle présence par le mystère de l’Eucharistie.

    * Jeudi Saint 2020

    3. Jésus a fait le geste du lavement des pieds non pas avant le repas, mais pendant le repas. Il nous montre ainsi comme ce dernier repas revêt une importance véritable. En lavant les pieds de tous ses disciples, y compris de Judas, Jésus veut les faire entrer dans cet amour du Père qu’il est venu nous révéler. Le geste du lavement des pieds donne aux disciples d’entrer dans le mystère de la Croix qui approche et lui donne son sens. Nous entrons dans la nouvelle Alliance avec Jésus dans une ouverture d’amour incroyable. C’est dans le prolongement du lavement des pieds que Jésus prend du pain, prononce la bénédiction et dit: « Prenez et mangez en tous ceci est mon corps livré pour vous ». Jésus va nous sauver par sa Passion, par sa mort et par sa Résurrection, par la victoire de son amour infini sur toute violence. Jésus ressuscitera en Corps de gloire dans le Corps que Marie lui a tissé. Il nous invite à nous laisser laver « les pieds » par lui, à nous mettre à son écoute, à le regarder, à nous laisser servir. C’est lui qui agit dans nos vies, nous le contemplons jusque sur la Croix, là où son amour va jusqu’au bout.

    Père Gilbert Adam

    * Jeudi Saint 2020 * Jeudi Saint 2020

    Prières :

    1. Demandons la grâce de comprendre l’amour du cœur de Jésus, d’être proches de nos Frères et Sœurs.

    Père Gilbert Adam

     2. 

    Tu as donné Ta vie, comme du pain posé sur la table,

    mis en morceaux et distribué

    pour que chacun, tendant la main et le cœur,

    puisse en recevoir et s’en nourrir.

    Tu as donné Ta vie, comme du vin versé dans la coupe et offert

    pour que chacun, tendant les lèvres et le cœur,

    puisse en prendre et s’en réjouir.

    Tu as tout livré, Seigneur Jésus,

    Et dans Ta vie donnée comme du pain, comme du vin,

    Le monde entier peut goûter l’amour de Dieu multiplié sans compter

    pour tous les enfants de la terre !

    Nous voici Seigneur, tendant vers Toi nos mains et nos cœurs !

    Charles Singer, prêtre coopérateur de la Cathédrale de Notre-Dame de Strasbourg

    * Jeudi Saint 2020 * Jeudi Saint 2020 * Jeudi Saint 2020 

    Conclusions :

    1. Le Jeudi Saint marque, bien évidemment le jour de l’institution du Très Saint Sacrement de l’Eucharistie par Notre-Seigneur Jésus-Christ, et, en conséquence logique, afin de perpétuer la Sainte Eucharistie, le jour de l’institution du sacrement de l’Ordre (le sacerdoce).

    2. Le Jeudi Saint est aussi la « fête du sacerdoce catholique ».

    J’aimerais vous encourager à penser dès à présent à souhaiter ce jour-là une bonne fête à tous les prêtres que vous connaissez, et en particulier à notre ami l’abbé Pierre N., Chevalier d’honneur de notre Ordre.

    3. En outre, le Jeudi Saint reçoit aussi un caractère particulier du fait des exhortations et de l’exemple de Notre-Seigneur en ce qui concerne la pratique de la charité : Lui-même va laver les pieds de Ses Apôtres puis donnera la consigne de se mettre ainsi au service les uns des autres.

    4. C’est aussi le Jeudi Saint que l’on peut organiser dans les églises la collecte des « offrandes de carême ». Nous ne devons pas l’oublier, en effet, l’un des pôles essentiels du carême chrétien est – avec la prière et la pénitence – la pratique de l’aumône. Je me permets donc ces questions : avez-vous vraiment pensé à ce que sera votre offrande de carême ? Avez-vous « mis de côté » les sommes correspondant à ce dont vous vous êtes privés, en vue de le donner à Dieu pour Ses pauvres et Ses nécessiteux ? Chacun est libre de disposer de son aumône en faveur de qui il veut, mais ce qui compte, c’est la pratique de l’aumône. Or l’aumône est pour chacun des fidèles qui prend son carême au sérieux un impérieux devoir !

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère Grand Chancelier Prieural

    * Jeudi Saint 2020

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS :

    L’heure est venue de quitter mes amis, l’angoisse m’étreint…

    Voici la Pâques, le temps est proche ! Tristesse de mort qui ronge le cœur sans répit.

    L’heure est venue de lutter dans la nuit, un pauvre a crié…

    Voici la Pâques, le temps est proche ! Silence lourd. Pour l’homme au jardin d’agonie

    Références :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeudi_saint

    http://www.vieliturgique.ca/index.php?option=com_content&task=view&id=80

    https://croire.la-croix.com/Paroisses/Textes-du-dimanche/2018/Jeudi-Saint-jeudi-29-mars-2018/Pratique/Un-temps-d-adoration

    https://www.aelf.org/2020-04-09/romain/messe

    https://www.sedifop.com/messe-chrismale-par-p-claude-tassin-mercredi-23-mars/

    http://www.pere-gilbert-adam.org/Jeudi-Saint.html

    http://www.pere-gilbert-adam.org/Jeudi-Saint.html

    https://martinique.catholique.fr/priere-pour-le-jeudi-saint

    http://leblogdumesnil.unblog.fr/2014/04/09/2014-36-deux-choses-importantes-auxquelles-il-nous-faut-penser-parce-que-le-jeudi-saint-est-dans-une-semaine/

    Magnificat Jeudi 18 avril 2019 page 80


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  • 200103 - Liturgie du dimanche 03 janvier 2020

    Le saint nom de Jésus

     * Le saint Nom de Jésus - 01 03

    Introduction : Belle fête du saint nom de Jésus !

    Fête accordée en 1530 aux Frères Mineurs et étendue à l’Église universelle en 1722 par Inoccent XIII. Malheureusement supprimée après la réforme liturgique, elle est rétablie officiellement en 2002 par Jean-Paul II.

    C’est au jour de Sa circoncision, selon la Loi de Moïse, que le Divin Enfant de Bethléem reçut le Nom de Jésus, le huitième jour après Sa naissance. L’Archange Gabriel le Lui avait assigné à l’avance au jour de l’Annonciation : « Vous L’appellerez Jésus, car Il délivrera Son peuple de l’esclavage du péché ».

    Le saint nom de Jésus

    Qui dira la grandeur de sa signification, puisqu’il signifie Sauveur, la grandeur de son origine, puisqu’il fut apporté du Ciel, sa grandeur sur la terre, où il a opéré et opère toujours tant de merveilles, sa grandeur jusque dans les enfers où il fait trembler les démons ? Qui dira sa puissance, puisque c’est par ce Nom que l’Église prie, qu’elle administre les sacrements et donne ses bénédictions, et que les apôtres et les Saints ont opéré des multitudes de miracles ? Qui dira sa douceur, ses charmes, son amabilité, puisque les saints l’ont si bien chanté et que les chrétiens l’ont invoqué et l’invoquent toujours avec tant de confiance, de fruits et d’amour ? Puisse donc le Nom de Jésus être souvent sur nos lèvres, et toujours dans notre cœur pendant la vie ! Puisse-t-il être notre espérance et notre dernière parole à l’heure de la mort, notre joie et notre chant éternel dans les Cieux.

     * Le saint Nom de Jésus - 01 03

    Saint Bernard de Clairvaux, notre protecteur spirituel

    Saint Bernard ressentait une joie et une consolation merveilleuse en répétant le nom de Jésus. Il était pour lui, nous dit-il, « comme du miel dans la bouche et une paix délicieuse dans le cœur ».

    Nous ressentirons nous aussi cette immense consolation et la paix descendra dans nos âmes si nous imitons saint Bernard en répétant ce saint nom.

    Chaque fois que nous disons « Jésus », nous accomplissons un acte d’amour parfait, car nous offrons à Dieu l’amour infini de Jésus.

    Le saint nom de Jésus nous sauve d’innombrables maux et nous délivre spécialement du pouvoir du diable qui cherche continuellement à nous nuire.

    Le nom de Jésus emplit graduellement notre âme d’une joie et d’une paix que nous ne connaissions pas auparavant.

    Le nom de Jésus nous donne une telle force que nos souffrances deviennent légères et faciles à porter.

     * Le saint Nom de Jésus - 01 03

    Que signifie le nom de Jésus ?

    Le saint nom de Jésus est, avant toute chose, une prière toute-puissante. Notre-Seigneur lui-même a promis solennellement que tout ce que nous demanderons au Père en son nom, nous le recevrons. Dieu ne manque jamais à sa parole.

    Par conséquent, lorsque nous disons « Jésus », demandons à Dieu tout ce dont nous avons besoin avec l'absolue confiance d'être entendus.

    C'est pour cette raison que l'Église termine sa prière avec ces paroles « par le Christ Jésus », ce qui donne à la prière une nouvelle et divine efficacité.

    Mais le saint nom est quelque chose de plus grand encore !

    Nous procurons à Dieu une joie et une gloire infinies, car nous lui offrons les mérites infinis de la Passion et de la Mort de Jésus-Christ.

    Saint Paul nous dit que Jésus a mérité le nom de Jésus par sa Passion et sa Mort.

    Chaque fois que nous disons « Jésus », nous devons clairement vouloir offrir à Dieu toutes les messes dites partout dans le monde pour toutes les intentions. Nous participons ainsi à ces milliers de messes.

    Chaque fois que nous disons « Jésus », nous accomplissons un acte d'amour parfait, car nous offrons à Dieu l'amour infini de Jésus.

    Le saint nom de Jésus nous sauve d'innombrables maux et nous délivre spécialement du pouvoir des forces du mal qui cherchent continuellement à nous nuire.

    Le nom de Jésus emplit graduellement notre âme d'une joie et d'une paix que nous ne connaissions pas auparavant.

    Le nom de Jésus nous donne une telle force que nos souffrances deviennent légères et faciles à porter.

     * Le saint Nom de Jésus - 01 03

    « Jésus » signifie « Dieu-fait-homme », c’est-à-dire l’Incarnation. Lorsque le Fils de Dieu s’est fait homme, Il a été appelé Jésus, de sorte que lorsque nous disons « Jésus », nous offrons au Père éternel l’amour infini, les mérites infinis de Jésus-Christ; par une parole, nous lui offrons son divin Fils lui-même. Nous lui offrons le grand mystère de l’Incarnation. Jésus EST l’Incarnation.

    Le nom de Jésus est la plus courte, la plus facile et la plus puissante de toutes les prières. Notre-Seigneur nous dit que tout ce que nous demanderons au Père en son nom, c’est-à-dire au nom de Jésus, nous le recevrons. Chaque fois que nous disons, « Jésus », nous disons une prière fervente pour tout, tout ce dont nous avons besoin.

    Père Jean-Daniel Planchot – le 3 janvier 2014 – Association de la Médaille miraculeuse

     * Le saint Nom de Jésus - 01 03

    1ère lecture : « Quiconque demeure en lui ne pèche pas »

    Lecture de la première lettre de saint Jean (1 Jn 2, 29 – 3, 6)

    Bien-aimés, puisque vous savez que lui, Jésus, est juste, reconnaissez que celui qui pratique la justice est, lui aussi, né de Dieu.

    Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes.

    Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu.

    Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté.

    Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est.

    Et quiconque met en lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur.

    Qui commet le péché transgresse la loi ; car le péché, c’est la transgression.

    Or, vous savez que lui, Jésus, s’est manifesté pour enlever les péchés, et qu’il n’y a pas de péché en lui.

    Quiconque demeure en lui ne pèche pas ; quiconque pèche ne l’a pas vu et ne le connaît pas.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * Le saint Nom de Jésus - 01 03

    Commentaire 1 :

    On pourrait bien vouloir demander : mais qui sont les enfants de Dieu ? Et comment les distinguer avec exactitude d’avec ceux qui n’en sont pas ?

    La réponse donnée ici c’est que ceux qui sont nés de Dieu sont les enfants de Dieu, et qu’on peut les distinguer par ce qu’ils pratiquent la justice. Pratiquer, c’est quelque chose d’habituel et de caractéristique. Ce n’est pas qu’ils agissent selon la justice par intermittence, de temps à autre. Mais ils la pratiquent comme une habitude dans leur vie. Ils sont loin de le faire parfaitement — Un seul l’a fait. Et encore, comme nés de Dieu ils ont nécessairement Sa nature. Il est juste : nous le savons très bien. Alors ceux qui sont nés de Lui sont nécessairement caractérisés par la justice : il ne pourrait pas en être autrement. Ainsi donc quand nous voyons quelqu’un pratiquer réellement la justice, nous pouvons à bon droit admettre qu’il s’agit d’un vrai enfant de Dieu.

    La pratique de la justice est une question très importante, qui dépasse de beaucoup le fait de payer cent centimes en échange d’un euro. Il faut commencer avec Dieu et Lui rendre ce qui Lui est dû, et ensuite considérer comment rendre à tous les autres ce qui leur est dû. On ne peut pas dire d’un inconverti qu’il pratique la justice, car il n’a jamais commencé par le premier pas de la justice. Il ne pratique pas ce qui est juste au regard de Dieu.

     * Le saint Nom de Jésus - 01 03

    Nous connaissons Dieu. Il est juste. Voici quelqu’un qui pratique la justice. Nous pouvons sans risque considérer qu’il est né de Dieu. Il appartient à la famille divine. Mais alors quel merveilleux amour il y a là ! Et il nous est accordé par le Père Lui-même !

    Le mot que Jean utilise ici est « enfants » plutôt que « fils ». C’est un terme plus intime. Il est parlé des anges dans l’Écriture comme étant des « fils de Dieu ». Toutes choses sont à Lui comme ayant été créées par Lui, mais pour être Ses enfants il nous faut être « nés de Lui ». C’est quelque chose de plus profond et en même temps de plus intime, et nous pouvons bien nous émerveiller de la manière dont l’amour de Dieu agit, nous accordant une pareille grâce. Nous avons été introduits dans cette nouvelle relation par l’opération de Dieu Lui-même, accomplie en nous par la puissance du Saint-Esprit. Il aurait pu Lui plaire, tout en nous sauvant, de nous introduire dans une relation avec Lui bien inférieure à celle-ci. Mais non, telle a été la manière d’agir de Son amour.

    Mais il y a plus. Tout comme cet acte de nous engendrer nous a liés à Lui dans cette nouvelle relation, ainsi aussi cet acte nous a détachés du monde, et cela d’une manière tout à fait fondamentale. Quand Christ était ici-bas, le monde n’a connu et compris ni Lui ni Son Père : c’était parce qu’Il lui était totalement opposé, tant quant à l’origine que quant au caractère. Il leur dit : «Vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut : vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde». Et encore, quand ils prétendaient avoir Dieu pour Père, Il dit : « Si Dieu était votre père, vous m’aimeriez » (Jean 8:23, 42). Le problème était qu’ils n’avaient pas la nature qui les aurait rendus capables de connaître ou de comprendre Christ. Or nous, grâce à Dieu, nous avons la nature qui Le connaît et qui L’aime. Mais c’est justement la raison pour laquelle, nous non plus, le monde ne nous connaît pas, ni ne nous comprend. C’est inhérent à la nature des choses.

    Commentaire extrait de Bibliquest

     * Le saint Nom de Jésus - 01 03

    Psaume : (97 (98), 1, 3cd-4, 5-6)

    R/ La terre tout entière a vu le salut de notre Dieu. (cf. 97, 3)

    Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles.

    Par son bras très saint, par sa main puissante, il s’est assuré la victoire.

    La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu.

    Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez !

    Jouez pour le Seigneur sur la cithare, sur la cithare et tous les instruments.

    Au son de la trompette et du cor, acclamez votre roi, le Seigneur !

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * Le saint Nom de Jésus - 01 03

    Commentaire 2 :

    Je vous propose simplement ces deux remarques.

    1) D’abord, ce psaume est un cri de victoire, le cri que l’on pousse sur le champ de bataille après la victoire, la « terouah ». Le mot de victoire revient trois fois dans les premiers versets. Ce cri de victoire a pris sa place dans la liturgie du peuple juif, chaque année, à l’automne, au cours de la fête des Tentes, à Jérusalem.

    Cette fête durait huit jours et comptait de nombreuses célébrations : célébrations pénitentielles, sacrifices d’action de grâce, et aussi des « fêtes pour le roi ». Et c’est ce roi que l’on acclamait en poussant des cris de victoire au son des trompettes, des cornes dans les applaudissements de la foule. Or l’étonnant, c’est que quand on célébrait ces « fêtes pour le roi », au cours de la fête des Tentes, après l’exil à Babylone (6ème siècle av. J.-C. et les siècles suivants), il n’y avait justement plus de roi en Israël ! Plus de roi visible en tout cas.

    Mais d’abord, on se rappelait la promesse de Dieu : on savait qu’un roi, fils de David viendrait et on le fêtait déjà. C’était un moyen d’encourager l’espérance. Par ailleurs, en Israël – même quand un roi régnait encore –, on n’a jamais oublié que le seul roi au monde, le seul pouvoir, le seul maître, c’est Dieu. C’est lui qu’on acclame dans ce psaume 97.

     * Le saint Nom de Jésus - 01 03

    2) Les deux amours de Dieu : son amour pour Israël son élu, son peuple choisi, et son amour pour l’humanité tout entière. Relisons le verset 2 : les nations, ce sont tous les autres, les païens, ceux qui ne font pas partie du peuple élu. En chantant cela, on imagine déjà (parce qu’on sait qu’il viendra) le jour où Dieu sera vraiment le roi de toute la terre, c’est-à-dire reconnu par toute la terre. Puis au verset 3 : « en faveur de la maison d’Israël ». C’est l’expression consacrée pour rappeler ce qu’on appelle l’élection d’Israël. On veut dire par là : oui, Israël est le peuple choisi, élu, mais ce n’est pas pour en jouir égoïstement, c’est pour être le frère aîné, mais non pas l’enfant unique. Dieu aime toute l’humanité, pas seulement Israël. Et quand le peuple d’Israël, au cours de la fête des Temples à Jérusalem, acclame Dieu comme son roi, il sait bien qu’il le fait déjà au nom de l’humanité tout entière. Remarquez enfin la construction en « inclusion » des versets 2-3 : une phrase centrale, encadrée par deux phrases synonymes. C’est un procédé intentionnel, que nous avons déjà rencontré, qui met en valeur la phrase centrale. Oui, l’élection d’Israël est centrale, mais on n’oublie pas qu’elle doit rayonner sur l’humanité tout entière et cette construction le manifeste bien.

    Bien plus, nous pouvons admirer en ce dimanche le génie de la liturgie puisqu’elle nous fait acclamer Dieu comme le roi le jour précis où tous les textes proposés nous révèlent que Dieu est amour….Quel moyen superbe de nous rappeler que, seul, l’Amour est tout puissant, seul, l’Amour est roi !

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * Le saint Nom de Jésus - 01 03

    Évangile : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde »

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 1, 29-34)

    Le lendemain, voyant Jésus venir vers lui, Jean le Baptiste déclara :

    « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : ‘’L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. Et moi, je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté à Israël’’. ».

    Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint”. Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu ».

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * Le saint Nom de Jésus - 01 03

    Commentaire 3 :

    La dernière formule est très solennelle : « Oui, j'ai vu et je rends ce témoignage : c'est lui le Fils de Dieu ». A l'époque de Jean-Baptiste, il ne s'agissait pas encore de l'affirmation théologique au sens où nous disons aujourd'hui que Jésus est le Fils de Dieu, ou au sens de saint Jean dans son Prologue, quand il dit « le Fils Unique, plein de grâce et de vérité ». Cette expression était synonyme de Messie. Pour Jean-Baptiste, c'était donc une manière de dire que Jésus était bien le Messie qu'on attendait, celui qui devait apporter le bonheur parfait sur la terre. Jean-Baptiste ne pouvait pas encore tout percevoir du mystère de Jésus, (la suite a prouvé qu'il s'est posé bien des questions), mais appliquer ce titre de Messie à son cousin, le fils de Marie, c'était déjà considérable !

    Pourquoi ce titre de « messie » et de fils de Dieu étaient-ils équivalents ? Parce que chaque roi, lorsqu'il prenait possession du trône de Jérusalem, recevait ces deux titres. Le rite de l'onction d'huile faisait de lui un consacré, un « messie » (le mot veut dire « frotté d'huile », tout simplement) et d'autre part, il recevait le titre de fils de Dieu, du seul fait qu'il était le roi et que, désormais, il pouvait être assuré que Dieu l'inspirait et le soutenait à tout instant.

     * Le saint Nom de Jésus - 01 03

    Voilà donc Jésus désigné par Jean-Baptiste comme le Messie qu'on attendait déjà depuis quelques siècles. Evidemment, on se demande ce qui permet à Jean-Baptiste d'affirmer avec assurance que Jésus est bien le Messie d'Israël : c'est qu'il a vu de ses yeux l'Esprit Saint demeurer sur lui. Et, là encore, la formule est très solennelle : « J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui. Je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit : L'homme sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer, c'est celui-là qui baptise dans l'Esprit Saint ». Le mot « demeurer » ici est important : chaque roi, le jour de son sacre, recevait l'onction d'huile, signe de l'Esprit qui l'accompagnait dans toute sa mission. De David, par exemple, on disait que l'Esprit de Dieu avait fondu sur lui à ce moment-là. Seulement voilà, les uns après les autres, les rois d'Israël avaient fait la preuve qu'ils pouvaient fort bien ne pas suivre les inspirations de l'Esprit. De Jésus au contraire, Jean-Baptiste nous dit qu'il est celui sur qui l'Esprit demeure, manière de nous dire que toute son action sera aussi celle de l'Esprit.

    Le Messie, on le savait donc, serait habité, guidé en permanence par l'Esprit de Dieu et c'est lui qui devait apporter l'Esprit saint à toute l'humanité. Le prophète Joël avait annoncé de la part de Dieu : « En ces jours-là, je répandrai mon Esprit sur toute chair ». Donc, quand Jean-Baptiste dit « Jésus est le fils de Dieu » ou « j'ai vu l'Esprit descendre et demeurer sur lui », ce sont deux manières absolument équivalentes de dire : le Messie est enfin parmi nous.

     * Le saint Nom de Jésus - 01 03

    Ce mystère de Jésus, Jean-Baptiste le décrit encore d'une troisième manière, mais cette fois, totalement inattendue, ou presque : il dit « Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». La majorité du peuple d'Israël attendait un Messie-roi : il régnerait à Jérusalem (ce qui supposait que les Romains ne seraient plus les maîtres), le pays serait libéré de la tutelle étrangère (l'occupation romaine), on connaîtrait enfin la sécurité, la paix, le bonheur. Mais un Messie-agneau, bien peu de gens en parlaient ! Il semble donc que Jean-Baptiste a bien deviné que Jésus serait bien le Messie qu'on attendait, mais pas du tout comme on l'attendait !

    L'agneau, cela fait penser d'abord à l'agneau pascal : le rite de la Pâque chaque année, rappelait au peuple que Dieu l'avait libéré. La nuit de la libération d'Égypte, Moïse avait fait pratiquer par le peuple le rite traditionnel, mais il avait insisté «désormais, chaque année, ce rite vous rappellera que Dieu est passé parmi vous pour vous libérer. Le sang de l'agneau signe votre libération».

    L'Agneau, cela fait penser aussi au Serviteur de Dieu dont parle le deuxième livre d'Isaïe (53) : il était comparé à un agneau innocent qui portait les péchés de la multitude.

    Enfin « l'Agneau de Dieu » signifie l'Agneau donné par Dieu : là je pense à l'offrande d'Abraham : quand Isaac avait posé à son père la question « mais où est donc l'agneau pour l'holocauste ? », Abraham avait répondu : « C'est Dieu qui pourvoira à l'agneau pour l'holocauste, mon fils ».

    Quand Jean-Baptiste dit que Jésus est l'agneau de Dieu, il le présente donc comme le libérateur de l'humanité (c'est l'agneau pascal). Cet agneau est envoyé par Dieu, choisi par Dieu comme dans le récit d'Abraham. Mais en faisant référence au serviteur d'Isaïe, il laisse entendre que cette œuvre de libération de l'humanité sera accomplie par un innocent qui donne sa vie pour sauver ses frères.

    Il reste que le péché n'a pas encore disparu, que je sache ! Alors, en quoi pouvons-nous dire que Jésus est réellement le Messie, le libérateur de l'humanité ? La vérité, c'est que le péché n'est plus une fatalité : le Christ nous apporte la possibilité de nous libérer de son engrenage. Si nous restons greffés résolument sur lui dans toutes les circonstances de notre vie, si nous nous laissons en permanence guider par l'Esprit Saint dans lequel nous sommes plongés depuis notre baptême, nous pouvons découvrir en nous cette liberté nouvelle. Nous pouvons vivre comme lui l'amour, la gratuité, le pardon.

    Par ailleurs, la référence au serviteur d'Isaïe nous donne la clé du mystère : Isaïe avait deviné que l'œuvre du salut de l'humanité ne serait pas l'œuvre d'un homme solitaire mais d'un peuple. Les chrétiens du monde entier forment ce peuple que saint Paul appelle le « Corps du Christ » qui grandit d'heure en heure si nous laissons l'Esprit de Dieu agir en nous.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * Le saint Nom de Jésus - 01 03

    Homélie :

    Nous fêtons le Saint Nom de Jésus et nous demandons à Marie d’entrer dans la connaissance de Jésus. C’est par lui que nous sommes sauvés, que les Apôtres reçurent la grâce et la Sagesse. Personne n’a jamais vu Dieu et Jean Baptiste déclare : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde». Dieu habite une lumière inaccessible que nul d’entre les hommes n’a vue, ni ne peut voir. Parlant des petits et des pauvres Jésus dira : « Leurs anges voient sans cesse la face de mon Père». A la Résurrection, les hommes verront l’Agneau de Dieu, lorsqu’Il apparaîtra, nous Lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu’Il est. Fêter le Saint Nom de Jésus, c’est, dans l’Esprit Saint, être introduit dans l’intimité de Dieu comme Marie. Selon un mode éminent, par grâce, elle entre dans une lumière unique de contemplation : Tu l’appelleras « Jésus », Dieu sauve. Dans son cœur de mère, elle entre dans l’intelligence d’un Amour totalement nouveau.

    Jean-Baptiste voyait toutes les réalités créées, toutes les personnes de son entourage. Il voit Jésus maintenant et il en est étonné, « je ne le connaissais pas». Jean-Baptiste désire le connaître, « lui qui doit être manifesté à Israël». Dieu se cache derrière toutes les réalités et l’intelligence recherche comment le connaître. Son désir naturel reste insatisfait tant qu’il ne voit pas et ne connaît pas qui est Dieu. A Noël, Marie verra Jésus corporellement. Cette vision corporelle lui donne de saisir Dieu qui est incorporel et immatériel. Dieu est esprit, ceux qui l’adorent, « c’est en esprit et en vérité qu’ils doivent l’adorer ». « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu », dit Jésus. Marie entre dans le « rayonnement de la gloire de Dieu ». Jésus, son enfant divin, l’introduit dans le mystère de Dieu telle qu’elle peut l’accueillir. Marie sa mère, le connaît comme une mère connaît son enfant. Elle est Immaculée, elle est purifiée des passions corporelles et libérée des affections terrestres, elle peut s’élever dans la Contemplation de la vérité et goûter combien le Seigneur est doux.

    Jean le Baptiste voit l’Esprit descendre du ciel, comme une colombe, et demeurer sur Jésus. Il « comprend » la réalité de Jésus par un Autre, l’Esprit Saint. Dieu, infini dans la puissance de son Amour est « connu » par Marie sa mère d’une manière unique. « L’Esprit Saint viendra sur toi», lui est-il dit à l’Annonciation. Dieu est grand, Il surpasse tout et il vient nous sauver par Jésus qui nous enseigne la Sagesse. Jésus, étant le Fils unique, connaît le Père : « Le Seigneur m’a dit : Tu es mon fils d’une manière unique, avant tous les autres, aujourd’hui je t’ai engendré». Marie entre dans le secret du Père avec Jésus qui transcende toute puissance et toute connaissance. Dieu, infiniment caché dans son Amour est donné à Marie pour qu’il soit notre Sauveur. Dépassant la capacité de l’intelligence créée de Marie, l’Esprit Saint qui connaît les choses de Dieu le manifeste à Marie. « Nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler ». Jésus Sauveur, vrai Dieu et vrai homme, apporte la guérison à l’humanité par la connaissance de son Nom.

    Père Gilbert Adam

     * Le saint Nom de Jésus - 01 03

    Prières :

    1. Demandons la grâce d’entrer dans la connaissance du Nom de Jésus.

    Père Gilbert Adam

    2. Prière au Saint Nom de Jésus :

    Ô très doux Jésus,

    vous êtes venu en ce monde

    pour donner à toutes les âmes la vie de votre grâce,

    nous vous prions humblement par votre saint Nom,

    de convertir ceux qui ont le malheur d'être en état de péché mortel

    afin qu'ils recouvrent la vie de la grâce qu'ils ont perdue,

    et que ceux qui, par votre grâce, participent déjà à cette vie divine,

    s'approchent pieusement, chaque jour, s'ils le peuvent,

    de votre sainte Table.

    Ainsi soit-il.

    Prière de la communauté Hozana

     * Le saint Nom de Jésus - 01 03

    Conclusion :

    Le nom du Sauveur ne lui a pas été donné au hasard ni d’après le caprice des hommes, mais il l’a reçu directement de Dieu. Car son nom devait exprimer son sublime ministère sur la terre.

    Nous lisons en effet dans l’Écriture que l’ange Gabriel annonça à la Vierge Marie le nom de Notre Seigneur : « Tu lui donneras le nom de Jésus ». Et à saint Joseph, son père nourricier, l’ange dit encore davantage, il n’annonça pas seulement le nom, mais encore il en expliqua la signification : « tu lui donneras le nom de Jésus, car il rachètera son peuple de ses péchés ». Ainsi donc Notre Seigneur ne devait pas seulement être le Sauveur, mais encore en porter le nom. Chez Notre Seigneur, le nom exprime donc véritablement son essence.

    Voilà pourquoi ce nom doit être si saint pour les chrétiens. Toutes les fois que nous prononçons ce nom, nous devons incliner la tête, car ce nom nous rappelle à lui seul le plus grand bienfait que nous ayons jamais reçu : notre qualité de rachetés et d’enfants de Dieu.

    Le très saint Nom de Jésus est le divin poème qui exprime ce que la sagesse et la miséricorde de Dieu ont pu inventer de plus sublime et de plus humble pour sauver l’humanité déchue. Ce Nom adorable, prononcé d’abord par l’Ange, puis imposé au Verbe incarné par Marie et par Joseph, se trouva aussi sur les lèvres de Pilate quand il lut la sentence de mort contre le Sauveur. Jésus fut le rebut du monde. Mais précisément par les mérites de son sacrifice spontané, le Père éternel le constitua juge des vivants et des morts et voulut que son Nom figurât aussi en signe de salut sur le front des prédestinés.

    Qui dira la grandeur de sa signification, puisqu’il signifie Sauveur, la grandeur de son origine, puisqu’il fut apporté du ciel, sa grandeur sur la terre, où il a opéré et opère toujours tant de merveilles, sa grandeur jusque dans les enfers, où il fait trembler les démons ?

    Qui dira sa puissance, puisque c’est par ce Nom que l’Église prie, qu’elle administre les sacrements et donne ses bénédictions, et que les Apôtres et les saints ont opéré des multitudes de miracles ?

    Qui dira sa douceur, ses charmes, son amabilité, puisque les saints l’ont si bien chanté et que les chrétiens l’ont invoqué et l’invoquent toujours avec tant de confiance, de fruits et d’amour ?

    Puisse donc le Nom de Jésus être souvent sur nos lèvres, et toujours dans notre cœur pendant la vie ! Puisse-t-il être notre espérance et notre dernière parole à l’heure de la mort, notre joie et notre chant éternel dans les cieux !

    Que votre Nom sacré, ô Emmanuel, nous rappelle toujours ce sublime mystère ! Que son souvenir nous garde du péché, et nous rende toujours fidèles !

    Michel Deglise, administrateur délégué du site internet diocésain de l’Eglise catholique en Martinique - Fort-de-France

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B., Chevalier du Christ

     * Le saint Nom de Jésus - 01 03

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS :

    Seigneur, sois la lumière de ton peuple et brûle toujours son cœur aux splendeurs de ta gloire ; alors il n’hésitera pas à reconnaître son Sauveur et pourra se donner à Lui en toute vérité. Lui qui règne avec toi et le Saint-Esprit.

    Références :

    eucharistiemisericorde.free.fr

    https://www.mariereine.com/3-janvier-belle-fete-du-saint-nom-de-jesus/

    https://www.aelf.org/2020-01-03/romain/messe

    https://www.bibliquest.net/index.html

    https://www.paroissesaintmaxime.org/commentairesPourSite/25-12-2011.pdf

    http://thierry.jallas.over-blog.com/article-commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-a-2e-dimanche-ordinaire-16-janvier-2011-64736746.html

    http://www.pere-gilbert-adam.org/Le-Saint-Nom-de-Jesus.html

    https://hozana.org/communaute/5486-priere-au-saint-nom-de-jesus

    https://martinique.catholique.fr/fete-du-saint-nom-de-jesus

    Magnificat du vendredi 3 janvier 2020 page 61


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  • 191101 - Liturgie de la Toussaint

    Fête de la Toussaint

     * Fête de la Toussaint 2019

    Origine de la Toussaint

    • Littéralement, la Toussaint est la fête de tous les saints. Pour les chrétiens, c'est une fête en l'honneur des saints et des martyrs. Bien que la Toussaint soit fêtée depuis le 5ème siècle, la date de la célébration fut déplacée à plusieurs reprises.
    • La fête de la Toussaint est aujourd'hui célébrée le premier novembre, probablement parce que c'est la date à laquelle le pape Grégoire III dédia aux morts l'une des chapelles de la Basilique Saint Pierre. La Toussaint précède le jour des morts. Mais dans l’esprit de nombreux pratiquants occasionnels, la Toussaint est aussi la fête des morts et l'occasion de prier pour leurs proches défunts.
    • Le 1er novembre, nous prions « tous les saints». Tous les saints et les saintes inconnus, qu'on ne fête qu'à la Toussaint. C’est pourquoi ce jour-là, on lit, dans les églises, le texte des Béatitudes (voir ci-dessous « Évangile », 4ème lecture de ce jour).

    La Croix – Questions de vie – Questions de foi

    Un peu d’histoire !

    La Solennité de tous les saints semble liée, historiquement, à la dédicace de l’ancien temple romain du Panthéon par le pape Boniface IV au début du 7ème siècle. Originellement dédié à tous les dieux — c’est le sens du nom en grec — le Panthéon fut consa­cré à Marie et à tous les martyrs, auxquels on ajouta plus tard les confesseurs. L’anniversaire de la dédicace du Panthéon, et donc la fête de tous les saints, fut fixée d’abord au 13 mai, puis, en 835, au 1er novembre.

    La fête de la Toussaint unit l’Église de la terre à la béatitude de l’Église du ciel : cette célébration groupe non seulement tous les saints canonisés, c’est-à-dire ceux dont l’Église assure, en engageant son autorité, qu’ils sont dans la Gloire de Dieu, mais aussi tous ceux qui, en fait et les plus nombreux, sont dans la béatitude divine.

    Dom Robert Le Gall

     * Fête de la Toussaint 2019

    Ne nous trompons pas de jour !

    La Toussaint est une fête joyeuse, c’est la fête de la communion des saints, c’est-à-dire de tous ceux, vivants ou morts, qui sont déjà réunis en Dieu par la foi.

    La Toussaint se célèbre le 1er novembre, la veille du jour de la commémoration des fidèles défunts, le 2 novembre, où l’on prie pour les morts.

    Aujourd'hui la fête de la Toussaint est celle de tous les saints anonymes qui n'ont pas été reconnus officiellement par l'Église. C'est un appel qui s'adresse à tous de devenir des saints. Mais cette fête n'a pas toujours eu le même sens.

    La Toussaint n'a pas son origine dans les textes bibliques, comme la plupart des grandes célébrations liturgiques : Noël, Pâques, Pentecôte. Elle a été instituée par l'Église pour répondre à différentes situations. Après les persécutions, on a d'abord fait une célébration de tous les martyrs qui s'est étendue plus tard à tous les saints.

    À Rome, cette fête existait certainement dès le 5ème siècle. Elle est déplacée une première fois à la date du 13 mai en l'an 610, par le pape Boniface IV. Ce jour-là, il fait transporter dans l'ancien temple païen du Panthéon toutes les reliques des martyrs des catacombes romaines. Le Panthéon devint l'église « Sainte-Marie et des martyrs ».

    Un siècle plus tard, cette fête est transférée définitivement au 1er novembre par le pape Grégoire III, qui dédicaça en ce jour une chapelle de Saint-Pierre de Rome en l'honneur de tous les saints.

    En 835, Grégoire IV ordonna que cette fête soit célébrée dans le monde entier. C'est seulement au 20ème siècle que Pie X l'insère dans la liste des huit fêtes, avec obligation d'entendre la messe. La fête de tous les saints devient une fête chômée. Elle illumine le jour suivant, le 2 novembre, journée du souvenir de tous les défunts.

    La Croix – Questions de vie – Questions de foi

     * Fête de la Toussaint 2019

    1ère lecture :

    « Voici une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues ».

    Lecture de l'Apocalypse de saint Jean (Ap 7, 2-4.9-14)

    Moi, Jean, j’ai vu un ange qui montait du côté où le soleil se lève, avec le sceau qui imprime la marque du Dieu vivant ; d’une voix forte, il cria aux quatre anges qui avaient reçu le pouvoir de faire du mal à la terre et à la mer : « Ne faites pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu ».

    Et j’entendis le nombre de ceux qui étaient marqués du sceau : ils étaient cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des fils d’Israël.

    Après cela, j’ai vu : et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues.

    Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main.

    Et ils s’écriaient d’une voix forte : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau ! ».

    Tous les anges se tenaient debout autour du Trône, autour des Anciens et des quatre Vivants ; se jetant devant le Trône, face contre terre, ils se prosternèrent devant Dieu.

    Et ils disaient : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! »

    L’un des Anciens prit alors la parole et me dit : « Ces gens vêtus de robes blanches,

    qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? ».

    Je lui répondis : « Mon seigneur, toi, tu le sais ».

    Il me dit : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau ».

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * Fête de la Toussaint 2019

    Commentaire 1 a :

    Avant d'aller plus avant dans ses voies de jugement, Dieu met à part et scelle ceux qui Lui appartiennent. Un premier groupe (v. 4 à 8) est formé par des Juifs des différentes tribus. Il constitue ce résidu fidèle dont les Psaumes nous révèlent les sentiments. La seconde classe de personnes se compose d'une multitude d'entre les nations qui auront cru à l'évangile du royaume (v. 9…). En nous présentant dès maintenant ces fidèles, c'est comme si Dieu nous disait : ces châtiments ne sont pas pour eux. Ils traverseront l'épreuve sous ma protection. De la même manière, pendant la nuit de la Pâque, les Israélites étaient distingués et mis à l'abri des coups de l'ange destructeur par le sang de l'Agneau (Ex. 12:13 ex 12.3-13). C'est dans ce sang que ces croyants venus de « la grande détresse » auront lavé et blanchi leurs robes (v. 14). Leur salut ne sera pas assuré par un autre moyen que le nôtre : le précieux sang de Christ. Puis, le même Agneau qui les aura purifiés les fera paître, les protégera et les abreuvera aux sources de la vie (És. 49:10 es 49.7-12). Dieu lui-même essuiera leurs larmes. Quelles promesses ! Elles viennent d'avance les consoler en vue d'une détresse sans précédent !

    Commentaire extrait du site « BibleEnLigne.com »

     * Fête de la Toussaint 2019

    Commentaire 1 b :

    La foule des baptisés

    « Moi, Jean, j’ai vu » il s’agit donc d’une vision : « Moi, Jean, j’ai vu un ange qui montait du côté où le soleil se lève », et un peu plus loin : « Après cela, j’ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer ». Nous sommes prévenus : la description qui va suivre, et qui, ici, est superbe, grandiose, est d’ordre mystique. Il n’est pas question de la prendre au pied de la lettre. Pour la comprendre, il faut nous laisser prendre, elle nous emporte dans un autre monde.

    Lorsque l’apôtre Jean raconte la vision qu’il a eue à Patmos, ses auditeurs comprennent fort bien ce qu’il veut leur dire. Pour nous c’est moins clair. Je vais donc reprendre les éléments les uns après les autres.

    Jean nous décrit une immense procession composée de deux foules distinctes : la première est composée de cent quarante-quatre mille personnes, (bien sûr, c’est un nombre symbolique) qu’il appelle les serviteurs de Dieu. Ils sont marqués du « sceau qui imprime la marque du Dieu vivant ». C’est le Baptême*.

    * C’était l’usage dans l’armée romaine de marquer les recrues d’un signe sur le front. De la même manière, le baptisé était devenu soldat du roi des cieux. Le sceau protecteur était également un thème connu de l’Ancien Testament (Ex 12, 7 ; Ez 9, 4).

     * Fête de la Toussaint 2019

    Voici donc le peuple des baptisés : c’est à eux que Jean adresse son Apocalypse.

    Il décrit ensuite une autre foule : c’est une foule immense, innombrable, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Vous notez au passage qu’il y a quatre termes dans cette énumération : le nombre quatre dans ce genre de textes évoque le monde créé, le cosmos et donc aussi l’humanité (peut-être en référence aux quatre points cardinaux). Cette foule de « toutes nations, tribus, peuples et langues » représente donc l’humanité. Ils sont en vêtements blancs, ce qui veut dire qu’ils ont revêtu la robe des noces. Ensuite, ils se tiennent debout devant le Trône et devant l’Agneau, avec des palmes à la main. La position debout (qui est la posture du ressuscité), la robe nuptiale, les palmes de la victoire : tout nous dit qu’ils sont sauvés. Et d’ailleurs, ils le proclament : « Le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône, et par l’Agneau ! ».

    Et pourtant les membres de cette deuxième foule ne sont pas marqués du sceau du Baptême. Qui les a introduits dans le salut ? La foule des cent quarante-quatre mille justement. Les cent quarante-quatre mille, je vous ai dit que ce sont les baptisés, les contemporains de saint Jean. Or ils sont à ce moment précis affrontés à une terrible persécution, celle de l’empereur Domitien à la fin du premier siècle.

    Et la foule innombrable des hommes sauvés

    Je crois que le message de l’Apocalypse aux chrétiens persécutés est le suivant : tenez bon ; votre témoignage portera ses fruits. Dans votre épreuve se trouve le salut de tous les hommes. Grâce à vous, grâce à vos souffrances endurées dans « la grande épreuve » (v. 14) de la persécution, la foule innombrable des nations sera sauvée.

    Évidemment, on peut se poser deux questions : tout d’abord, pourquoi la souffrance des uns entraîne-t-elle le salut des autres ? D’autre part, pourquoi Jean parle-t-il ainsi dans un langage tellement codé que nous avons du mal à le déchiffrer ? Pourquoi ne parle-t-il pas en clair ?

    À propos de la souffrance des uns qui entraîne le salut des autres, c’est le grand mystère dont le prophète Isaïe parlait dans les chants du serviteur souffrant : il disait que le cœur du bourreau ne peut être touché que par la prise de conscience de la douleur de ses victimes. « Reconnu juste, mon serviteur dispensera la justice », disait Isaïe (Is 53). Zacharie reprenait la même méditation lorsqu’il disait : « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé » (Za 12, 10) et ce jour-là leur cœur sera enfin changé. Et l’Évangéliste Jean lui-même a précisément repris cette phrase dans le récit de la Mort du Christ. Ici, Jean dit la même chose à ses frères persécutés : dans vos souffrances se trouve le salut de vos frères.

    Pourquoi saint Jean ne parle-t-il pas en clair ? C’est tout le problème du style de son discours, il s’agit de ce que l’on appelle une « Apocalypse », c’est-à-dire que c’est un écrit clandestin qui circule sous le manteau, à la barbe des autorités. Ici, il s’agit des autorités romaines, à la fin du premier siècle après Jésus-Christ. Ce livre s’adresse donc à des croyants qui vivent sous la menace perpétuelle de la persécution. Et donc, il se présente comme tous les messages de réseaux de résistance, avec un langage codé, compréhensible par les seuls initiés. C’est la première caractéristique de ce genre littéraire : tous les écrits apocalyptiques rapportent des visions et emploient des images et des nombres symboliques.

    La deuxième caractéristique des Apocalypses, c’est leur thème. Dans toutes les périodes sombres de l’histoire d’Israël, Dieu a suscité des prophètes dont la mission était de réveiller l’espérance. En période de persécution, le discours tenu pour réveiller les énergies consiste à dire : apparemment vous êtes vaincus, on vous écrase, on vous persécute, on vous élimine. Et vos persécuteurs sont florissants : mais ne perdez pas courage. Les forces du mal ne peuvent rien contre vous. Elles sont déjà vaincues. Les vrais vainqueurs en définitive, c’est vous, les croyants, à l’image du Christ lui-même. Il est l’Agneau apparemment vaincu, égorgé, mais en réalité, il a vaincu le monde, il a vaincu la mort. **

    ** Apocalypse : Jean voit la victoire des pauvres et des petits, non pas comme une revanche mais comme le dévoilement de la victoire de Dieu sur les forces du mal.

    Alors, on comprend le titre de ce livre « Apocalypse » qui signifie « lever le voile ». Une « apocalypse » est toujours une « révélation », un « dévoilement » au sens de « retirer un voile ». Cet écrit lève le voile de l’apparence (à savoir la domination triomphante de Rome) et il annonce, il révèle la victoire de Dieu et de son Christ sur toutes les forces du mal, si terrifiantes soient-elles.

    Nous retrouvons ces deux caractéristiques dans le texte d’aujourd’hui.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * Fête de la Toussaint 2019

    Psaume : (Ps 23 (24), 1-2, 3-4ab, 5-6)

    R/ Voici le peuple de ceux qui cherchent ta face, Seigneur. (cf. Ps 23, 6)

    Au Seigneur, le monde et sa richesse, la terre et tous ses habitants !

    C’est lui qui l’a fondée sur les mers et la garde inébranlable sur les flots.

    Qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ?

    L’homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles.

    Il obtient, du Seigneur, la bénédiction, et de Dieu son Sauveur, la justice.

    Voici le peuple de ceux qui le cherchent ! Voici Jacob qui recherche ta face !

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * Fête de la Toussaint 2019

    Commentaire 2 :

    Qui peut gravir la montagne du seigneur ?

    Comme dans tout psaume, nous sommes au Temple de Jérusalem : une gigantesque procession s’approche. A l’arrivée aux portes du Temple, deux chorales alternées entament un chant dialogué : « Qui gravira la montagne du Seigneur ? » (Vous vous souvenez que le Temple est bâti sur la hauteur). « Qui pourra tenir sur le lieu de sa sainteté ? ». Déjà Isaïe comparait le Dieu trois fois saint à un feu dévorant. Au chapitre 33, il posait la même question : « Qui de nous tiendra devant ce feu dévorant ? Qui tiendra devant ces flammes éternelles ? ». Sous-entendu « par nous-mêmes, nous ne pourrions pas soutenir sa vue, le flamboiement de son rayonnement ».

    C’est le cri de triomphe du peuple élu, admis sans mérite de sa part dans la compagnie du Dieu saint. Telle est la grande découverte du peuple d’Israël : Dieu est le Saint, le tout-Autre. « Saint, Saint, Saint le Seigneur, Dieu de l’univers » proclament les séraphins pendant l’extase de la vocation d’Isaïe… (Is 6, 3) et en même temps ce Dieu tout-Autre se fait le tout-proche de l’homme et lui permet de « tenir », comme dit Isaïe, en sa compagnie.

    Vous voyez combien ce psaume consonne avec la fête de tous les saints. Ils ont « gravi la montagne du Seigneur », ils sont admis en présence du Dieu saint et ils chantent désormais le chant d’Isaïe, celui auquel nous unissons nos voix chaque dimanche, comme le dit la Préface de la Toussaint : juste avant de chanter ce que nous appelons le Sanctus, le prêtre dit « C’est pourquoi avec cette foule immense que nul ne peut dénombrer, avec tous les anges du ciel, nous voulons te chanter… »

    Le psaume continue : « l’homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles » : voilà la réponse, voilà l’homme qui peut « tenir » devant Dieu. Il ne s’agit pas ici, d’abord, d’un comportement moral : le peuple se sait admis devant Dieu, sans mérite de sa part. Il s’agit d’abord ici de l’adhésion de la foi au Dieu unique, c’est-à-dire du refus des idoles. La seule condition exigée du peuple élu pour pouvoir « tenir » devant Dieu c’est de rester fidèle au Dieu unique. C’est de « ne pas livrer son âme aux idoles », pour reprendre les termes de notre psaume. D’ailleurs, si on y regarde de plus près, la traduction littérale serait : « l’homme qui n’a pas élevé son âme vers des dieux vides ». Or l’expression « lever son âme » signifie « invoquer ». Nous retrouvons là une expression que nous connaissons bien : « Je lève les yeux vers toi, mon Seigneur ». Même chose dans la fameuse phrase du prophète Zacharie reprise par saint Jean « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé » : « lever les yeux vers quelqu’un » en langage biblique, cela veut dire le prier, le supplier, le reconnaître comme Dieu.

    L’homme qui peut tenir devant le Dieu d’Israël, c’est celui qui ne lève pas les yeux vers les idoles, comme le font les autres peuples.

    Un cœur pur, entièrement tourné vers dieu

    « L’homme au cœur pur » cela veut dire la même chose : le mot « pur » dans la Bible a le même sens qu’en chimie : on dit qu’un corps chimique est pur quand il est sans mélange. Le cœur pur, c’est celui qui se détourne résolument des idoles pour se tourner vers Dieu seul.

    « L’homme aux mains innocentes », c’est encore dans le même sens. Les mains innocentes, ce sont celles qui n’ont pas offert de sacrifices aux idoles, ce sont celles aussi qui ne se sont pas levées pour la prière aux faux dieux.

    Il faut entendre le parallélisme entre les deux lignes (on dit les deux « stiques ») de ce verset : « L’homme au cœur pur, aux mains innocentes… qui ne livre pas son âme aux idoles ». Le deuxième membre de phrase est synonyme du premier.

    « L’homme au cœur pur, aux mains innocentes, (c’est celui) qui ne livre pas son âme aux idoles ».

    Nous touchons là à la lutte incessante que les prophètes ont dû mener tout au long de l’histoire d’Israël pour que le peuple élu abandonne définitivement toute pratique idolâtrique. Depuis la sortie d’Égypte (Vous vous rappelez l’épisode du veau d’or), et jusqu’à l’Exil à Babylone et même au-delà. Il faut dire qu’à toutes les époques, Israël a été en contact avec une civilisation polythéiste. Ce psaume chanté au retour de l’Exil réaffirme encore avec force cette condition première de l’Alliance. Israël est le peuple qui, de toutes ses forces, « recherche la face de Dieu », comme dit le dernier verset. Au passage, il faut noter que l’expression « rechercher la face » était employée pour les courtisans qui voulaient être admis en présence du roi : manière de nous rappeler que, pour Israël, le seul véritable roi, c’est Dieu lui-même.

    Effectivement, c’est la seule condition pour être en mesure d’accueillir la bénédiction promise aux patriarches, pour entrer dans le salut promis. Bien sûr, à un deuxième niveau, cette fidélité au Dieu unique entraînera des conséquences concrètes dans la vie sociale : l’homme au cœur pur deviendra peu à peu un homme au cœur de chair qui ne connaît plus la haine. L’homme aux mains innocentes ne fera plus le mal. Le verset suivant « il obtient de Dieu son Sauveur la justice » dit bien ces deux niveaux : la justice, dans un premier sens, c’est la conformité au projet de Dieu. L’homme juste c’est celui qui remplit fidèlement sa vocation. Ensuite, la justice nous engage concrètement à conformer toute notre vie sociale au projet de Dieu qui est le bonheur de ses enfants.

    En redisant ce psaume, on entend se profiler les Béatitudes : « Heureux les affamés et assoiffés de justice, ils seront rassasiés… Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu ». La dernière phrase « Voici le peuple de ceux qui le cherchent, qui recherchent la face de Dieu ! » est peut-être une bonne définition de la pauvreté de cœur dont parle Jésus dans les Béatitudes : « Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux ! »

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * Fête de la Toussaint 2019

    Épître : « Nous verrons Dieu tel qu’il est »

    Lecture de la première lettre de saint Jean (1 Jn 3, 1-3)

    Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes.

    Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu.

    Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté.

    Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est.

    Et quiconque met en lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * Fête de la Toussaint 2019

    Commentaire 3 a :

    On peut considérer cette deuxième lecture de la messe du jour de la fête de tous les saints comme une charnière entre les autres textes de cette messe : elle en est comme la clef de compréhension et de prière.

    En première lecture, un extrait du livre de l'Apocalypse nous a plongés dans la « foule immense… de toutes nations, tribus, peuples et langues » de notre avenir en Dieu, vers ce que l'on nomme habituellement le ciel, ou le paradis, ou l'au-delà, ou en mieux, le Royaume des Cieux et tant d'autres dénominations dans la bible, etc.

    L'Évangile du jour, c'est le beau texte des Béatitudes, c'est notre situation actuelle de « pauvres » en route vers les Cieux (le bibliste Chouraqui traduit « Heureux » par « En marche »…)

    C'est alors que notre seconde lecture nous livre le secret de notre marche vers cette foule immense de l'au-delà en Dieu : ce secret, c'est le grand amour de Dieu envers nous qui fait que nous sommes enfants de Dieu et aujourd'hui même, dès maintenant. Mais enfants de Dieu en chemin d'achèvement, de finalisation, de maturation. Remarquons les deux verbes « nous sommes » et « nous serons », il y a en nous un présent et un futur. Un présent souvent difficile à vivre, un présent de combat, au milieu d'un monde qui ne nous connaît pas, c'est-à-dire qui ne nous estime pas, ou qui nous rejette, ou simplement qui nous pollue spirituellement, humainement et moralement, parce qu'il n'a pas connu Dieu. Un futur en Dieu où nous le verrons tel qu'il est. Et arrive le mot « espérance », une espérance qui purifie, qui clarifie notre route actuelle, la certitude traduite dans le psaume du jour : « Voici le peuple de ceux qui le cherchent, qui cherchent la face de Dieu ».

    Fête de « tous les saints », les couronnés d'une béatification ou d'une canonisation… Mais aussi, et encore plus nombreux, impossibles à compter, fête de tous les autres et en particulier de tous les sanctifiés de nos familles. Et nous, nous sommes dès maintenant « tous saints », saints parce que participants de la sainteté de Dieu, sanctifiés par Dieu, enfants de Dieu, ayant dès à présent part à l'intime de Dieu.

    Je vais demander à l'Esprit Saint d'ouvrir mon cœur à ce qu'il veut me dire en cette fête, et rendre grâce pour mes prédécesseurs en foi, en espérance et en humanité, par Jésus-Christ le premier en chemin vers la maison du Père.

    Dans la Préface du jour, avec le prêtre, je peux dire : « Père très saint … nous fêtons aujourd'hui la cité du ciel, notre mère la Jérusalem d'en haut. C'est là que nos frères les saints, déjà rassemblés, chantent sans fin ta louange. Et nous qui marchons vers elle par le chemin de la foi, nous hâtons le pas, joyeux de savoir dans la lumière ces enfants de notre Église que tu nous donnes en exemple ».

    Commentaire de Paul C. – Paroisse  Colomiers – publié le 30 octobre 2015 

     * Fête de la Toussaint 2019

    Commentaire 3 b :

    L’urgence d’ouvrir les yeux

    « Mes bien-aimés, voyez… » : Jean nous invite à la contemplation. Parce que c’est la clé de notre vie de foi : savoir regarder. Toute l’histoire humaine est celle d’une éducation du regard de l’homme. « Ils ont des yeux pour voir et ne voient pas », disaient les prophètes : voilà le drame de l’homme. Et que faut-il voir au juste ? L’amour de Dieu pour l’humanité, son dessein bienveillant, comme dirait saint Paul. Saint Jean ne parle que de cela dans ce que nous venons d’entendre.

    Je reprends ces deux points : la thématique du regard, et le projet de Dieu contemplé par Jean. Sur le premier point, le regard, ce thème est développé dans toute la Bible. Et toujours dans le même sens : savoir regarder, ouvrir les yeux, c’est découvrir le vrai visage du Dieu d’amour. A l’inverse, le regard peut être faussé. Je ne vous citerai qu’un texte.

    Je veux parler de la fameuse histoire d’Adam et Ève dans le jardin d’Eden : c’est bien une affaire de regard. Le texte est admirablement construit : il commence par planter le décor : un jardin avec des quantités d’arbres. « Le Seigneur Dieu fit germer du sol tout arbre d’aspect attrayant et bon à manger, l’arbre de vie au milieu du jardin et l’arbre de la connaissance de ce qui rend heureux ou malheureux » (Gn 2, 9).

    Puis Dieu permet de manger des fruits de tous les arbres du jardin, (y compris donc de l’arbre de vie) et il interdit un seul fruit, celui de l’arbre de la connaissance de ce qui rend heureux ou malheureux. C’est alors que le serpent intervient pour poser une question apparemment innocente, de simple curiosité, à la femme. « Vraiment, vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ? » Vous l’avez peut-être remarqué, le seul fait d’avoir prêté l’oreille à la voix du serpent, a déjà un peu faussé le regard de la femme. Puisque désormais c’est l’arbre litigieux qu’elle voit au milieu du jardin et non plus l’arbre de la vie, ce qui est juste le contraire de la vérité. Cela a l’air anodin, mais l’auteur le note exprès, évidemment : « Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin, mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : vous n’en mangerez pas… ». Alors le serpent, pour séduire Ève, lui promet « non, vous ne mourrez pas (sous-entendu si vous mangez le fruit interdit), mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux, possédant la connaissance de ce qui rend heureux ou malheureux ». Et le texte continue, toujours sur cette thématique du regard : « Alors la femme vit que l’arbre était bon à manger, séduisant à regarder, précieux pour agir avec clairvoyance ». Vous avez remarqué, en une seule phrase, l’accumulation des mots du vocabulaire du regard. Vous connaissez la suite : la femme prend un fruit, le donne à l’homme et ils en mangent tous les deux. Alors le texte note : « leurs yeux à tous deux s’ouvrirent… ». Mais pour voir quoi ? « Et ils virent qu’ils étaient nus ». Non, ils ne sont pas devenus comme des dieux, comme le Menteur le leur avait prédit, ils ont seulement commencé à vivre douloureusement leur nudité, c’est-à-dire leur pauvreté fondamentale.

    Vous vous demandez quel lien je vois entre ce premier texte de la Bible et celui de saint Jean que nous lisons aujourd’hui ? Tout simplement le récit sur Adam et Ève a toujours été considéré comme donnant la clé du malheur de l’humanité : et Jean, au contraire, nous dit « voyez », c’est-à-dire « sachez voir, apprenez à regarder ». Non, Dieu en donnant un interdit à l’homme n’était pas jaloux de l’homme, il n’y a que des langues de vipère pour insinuer une telle monstruosité. C’est bien le thème majeur de saint Jean : « Dieu est amour » et la vraie vie, pour l’homme, c’est de ne jamais en douter. « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent » dit Jésus, dans l’Évangile de Jean.

    Une multitude de fils

    Dans notre texte d’aujourd’hui, Jean nous dit à sa manière cette réalité que nous devons apprendre à regarder : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu ». Saint Paul, dans la lettre aux Éphésiens, dit : « Il nous a prédestinés à être pour lui des fils adoptifs par Jésus-Christ, ainsi l’a voulu sa bienveillance » (Ep 1, 5). C’est ce qu’il appelle le « dessein bienveillant de Dieu » qui consiste à réunir toute l’humanité en un seul être, dont la tête est Jésus-Christ et dont nous sommes les membres. Jean ne dit pas autre chose : Jésus est le Fils par excellence et nous qui sommes ses membres, nous sommes appelés, c’est logique, enfants de Dieu. Et il continue : « et nous le sommes ». C’est déjà devenu une réalité par notre Baptême qui nous a greffés sur Jésus-Christ, qui a fait de nous ses membres. Paul dit exactement la même chose « Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ » (Ga 3, 27).

    Comme dit encore Jean dans le Prologue de son Évangile : « À ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12). Ceux-là, dès maintenant, sont conduits par l’Esprit de Dieu et cet Esprit leur apprend à traiter Dieu comme leur Père : « Dieu a envoyé dans nos cœurs l’esprit de son Fils qui crie Abba, Père ! » (Ga 4, 4). C’est cela le sens de l’expression « connaître le Père » chez saint Jean. C’est le reconnaître comme notre Père, plein de tendresse et de miséricorde, comme disait déjà l’Ancien Testament.

    En attendant, il y a ceux qui ont cru en Jésus-Christ et ceux qui, encore, s’y refusent. Car tout ceci apparaît lumineux pour les croyants. Mais c’est totalement incompréhensible et, pire, incroyable ou dérisoire, voire même scandaleux pour les non-croyants. C’est un thème habituel chez Jean : « Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu » au sens de « reconnu ». Comme dit Jean : « Voilà pourquoi le monde ne peut pas nous connaître : puisqu’il n’a pas découvert Dieu ». Traduisez : parce qu’il n’a pas encore eu le bonheur d’ouvrir les yeux. À ceux qui ne le connaissent pas encore, c’est-à-dire qui ne voient pas encore en lui leur Père, il nous appartient de le révéler par notre parole et par nos actes. Alors, quand le Fils de Dieu paraîtra, l’humanité tout entière sera transformée à son image. On comprend pourquoi Jésus disait à la Samaritaine « Si tu savais le don de Dieu ! ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * Fête de la Toussaint 2019

    Évangile : « Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 5, 1-12a)

    En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne.

    Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.

    Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :

    « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.

    Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.

    Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.

    Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

    Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

    Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

    Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.

    Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.

    Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.

    Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * Fête de la Toussaint 2019

    Commentaire 4 a :

    Les Béatitudes sont vraiment la perle de l’Évangile, elles sont un portrait de Jésus et nous décrivent ses traits. Nous voulons les garder en mémoire, au fond de nous. Nous gardons les Béatitudes dans notre cœur, en voyant Jésus agir, en entendant ses paroles, en l’écoutant, nous savons ce que signifie avoir le cœur pur, être pauvre, doux, miséricordieux ou artisan de paix. Heureux ceux qui refusent la volonté de puissance, ceux qui acceptent de combattre sans haïr, ceux qui savent ne pas abuser de leurs forces, ceux qui laissent toujours aux autres un espace où être libres et les moyens de se dépasser. C’est la douceur même du Christ qui pouvait dire : « Chargez-vous de mon joug, et mettez-vous à mon école car je suis doux et humble de cœur ». La fraîcheur de l’Évangile nous apparaît, elle nous amène au réalisme chrétien qui est à base de vérité intérieure et d’accueil filial de ce que Dieu fait, de miséricorde inlassable envers le monde. Jésus ne parle jamais de lui, il explique que la semence, c’est la Parole, et les sols qui la reçoivent correspondent à nos diverses situations humaines ou spirituelles. Il a soif que toute l’humanité sortie du cœur de son Père, soit ramenée vers Dieu. Les Béatitudes sont un chemin pour nous faire pénétrer dans l’amour de la Trinité, « je suis le Chemin », dit Jésus.

    La première Béatitude de Jésus s’adresse à tous ceux qui ont un cœur assez pauvre pour se retrouver petit devant Dieu, les mains ouvertes pour recevoir de lui seul la force et l’espérance. Le mot de « pauvre » a déjà une longue histoire quand Jésus a prononcé les Béatitudes. Avant, le pauvre était l’homme courbé, abaissé, opprimé, incapable de résister et de tenir tête, celui qui devait toujours céder aux puissants. L’accent était mis sur l’humiliation du pauvre qui fait figure d’homme paisible, soumis, mais qui met sa confiance en Dieu et attend de lui son secours. Nous jugeons sur des signes extérieurs trompeurs de richesse ou de pauvreté. Dieu, lui, regarde le cœur, car on peut être riche avec un cœur de pauvre, et pauvre avec un cœur de riche. Dieu a une tendresse spéciale pour ceux qui manquent de tout. Tout comme une mère garde des trésors de patience et de compréhension pour celui de ses enfants qui est le plus fragile et le plus démuni.

    Les Béatitudes nous emmènent jusqu’à la croix où, dans sa souffrance, Jésus s’adresse avec douceur à sa mère : « Femme, voici ton fils », puis au disciple bien-aimé : « Voilà ta mère ». Dieu aime tout homme comme il est, dans un monde où les relations sont durcies, et où nous dressons des barrières. Jésus les détruit, il arrive là où la haine parasite la justice et la liberté dans le cœur.

    Le monde « dominateur, jouisseur, orgueilleux » veut se sauver par lui-même et il fait tourner autour de lui toutes choses. Ce monde est à l’intérieur de chacun de nous et tous les saints sont sortis vainqueurs de ce combat. Marie nous est donnée, elle est devenue la reine de tous les saints. Notre espérance est de prendre ce chemin de l’ouverture à l’autre, le Chemin de l’Amour en regardant vers Jésus. Notre joie est immense, dans le combat de l’amour nous sommes heureux, car nous pouvons aspirer au Royaume. Heureux, nous marchons à la suite de Jésus et de Marie, nous savons que notre Chemin est sûr. Aujourd’hui nous renouvelons notre espérance dans le Royaume.

    Commentaires du Père Gilbert Adam

    Commentaire 4 b :

    Chaque fois que la communauté croyante se rassemble pour participer à la messe, nous entendons, nous recevons la Parole de Dieu, tout spécialement l’Évangile qui est lu par l’Évêque, le prêtre ou le diacre. A chaque fois, un aspect de cette parole est là, pour nous rejoindre dans notre quotidien, nous réveiller, nous donner d’avancer dans notre vie, dans notre recherche, nous aider à faire un lien entre Dieu et notre propre existence… 

    Aujourd’hui, où nous célébrons la Fête de tous les saints, nombreuses sont là, je suppose, des personnes qui ne viennent pas souvent à l’Église. Alors soyez du fond du cœur les bienvenues… Cette situation de personnes qui viennent à l’occasion rejoint celle racontée par l’Évangile que je viens de lire… Elle peut nous aider tous et chacun à mieux comprendre, à mieux recevoir la bonne nouvelle… 

    Pour redécouvrir ce qu’est la bonne nouvelle à partir de quoi nous croyons, et chacun de nous, qui que nous soyons, nous avons à le faire, car la foi est vivante, changeante, en devenir et nous avons à revenir à son origine. C’est l’aide de l’Église pour chacun de nous au cours des siècles : revenir au cœur de la Bonne Nouvelle… Pour redécouvrir ce qu’est la bonne nouvelle, cette scène d’Évangile est riche. Car elle se trouve presqu’au début de l’Évangile… Déjà des personnes sont attirées par la personnalité de Jésus, par ce qu’il fait, ce qu’il dit. Elles le suivent comme ça, un peu de loin, la foule. Il y a aussi des disciples qui suivent déjà d’un peu plus près. A ce moment du récit évangélique, un pas se franchit. Jésus va leur parler à tous, dans un premier discours, celui du sermon sur la Montagne, et, évidemment, il va leur dire ce qui compte le plus à son cœur… Recevoir ce que Jésus dit à ce moment, c’est bien recevoir le cœur de son message, le cœur de sa promesse, ce qui l’amènera au bout du compte à donner sa vie… 

    Il faut noter que Jésus met les formes pour parler : il met en scène ce discours inaugural. Il voit la foule. Alors il monte sur la montagne, et certains le suivent : ses disciples. Alors il s’assoie et il ouvre la bouche… et puis il leur parle… Cela veut dire que Jésus s’est vraiment et totalement engagé dans ce qu’il disait envers ceux qui se sont mis à l’écouter. Sur le plan humain, il s’est engagé dans sa parole comme aucune autre personne ne s’était engagée avant et après lui… Il fait ce qu’il dit, il dit ce qu’il fait. De sa manière de vivre, d’être peut naître en son auditeur la confiance.  Ce qu’il indique comme chemin est un chemin vérifiable par ce qu’il vivra… les personnes qui écrivent l’Évangile l’écrivent après sa mort et sa résurrection. En chacune de nos vies, nous n’avons pas beaucoup l’expérience de personnes qui nous parlent comme Jésus s’adresse à la foule et aux disciples… 

    Le premier mot que Jésus prononce est le mot « heureux », et il le prononcera huit fois… Il est le refrain de son tout premier enseignement… Comprenons ce mot ! Recevons-le… Il nous dit que la vie est ouverture, que nous pouvons la façonner par la manière que nous avons de nous situer par rapport à ce qui nous arrive, que la manière dont nous ferons nos choix en relation avec lui nous conduira au bonheur… que nous sommes appelés, que nous ne sommes pas seuls, que notre liberté aussi minime soit-elle compte et qu’elle est précieuse… que nous avons de la chance si nous nous orientons vers ces attitudes car elles sont porteuses de vie pour nous et pour les autres… que les difficultés, les épreuves auxquelles nous sommes confrontées n’ont pas le dernier mot, que si nous gardons notre lumière allumée, la nuit sera traversée… que Jésus nous fera découvrir peu à peu la bonté de celui qu’il appelait « Abba », son Père, notre Père… cette bonté qui le portera, cette bonté qui nous porte aussi… 

    Jésus dessine ainsi sa propre existence. Il est celui qui a été pauvre, qui a été doux, qui a pleuré, qui a eu faim et soif de la justice, qui a manifesté un cœur pur, qui a recherché la paix, qui a été persécuté… Il a vécu selon ce qu’il a annoncé. C’est donc que Jésus, dans ce discours, ce sermon sur la Montagne, nous invite à Le suivre sur ce chemin, son chemin. Les saints l’ont vécu ainsi. Ils se sont laissés captiver par la figure du Christ. Ils ont voulu imiter sa vie parce qu’ils ont aimé le Christ. Beaucoup de personnes l’ont aussi fait de manière moins extraordinaire mais non moins réelle… Cette invitation, elle est faite à chacun de nous aujourd’hui… Devenons des saints, marchons à sa suiteLaissons-nous toucher par celui qui nous parle plus presque que par ce qu’il nous dit

    Commentaires du Père Jean-Luc Fabre

     * Fête de la Toussaint 2019

    Commentaire 4 c :

    Le don des larmes

    Commençons par ce qui risque de nous choquer : « Heureux ceux qui pleurent ». Qui d’entre nous oserait dire une chose pareille devant quelqu’un qui pleure ? Et souvenons-nous que Jésus a passé une grande partie de son temps à consoler, guérir, encourager les hommes et les femmes qu’il rencontrait. Si Jésus a consacré du temps à guérir ses contemporains, cela veut dire que toute souffrance et en particulier la maladie et l’infirmité sont à combattre. Il ne faut donc certainement pas lire « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés » comme si c’était une chance de pleurer ! Ceux qui, aujourd’hui, pleurent de douleur ou de chagrin ne peuvent pas considérer cela comme un bonheur !

    Tout d’abord, il faut s’entendre sur le mot « heureux » : les auditeurs de Jésus le connaissaient bien car il était très habituel dans l’Ancien Testament. Contrairement à ce que nous imaginons, ce n’est pas un constat de bonheur du genre « tu en as de la chance ! », c’est un encouragement à tenir bon. André Chouraqui le traduisait « En marche » : sous-entendu, « Tu es bien parti. Tu es bien en marche vers le royaume ». On peut l’entendre aussi comme « Tiens bon, garde le cap ». Adressée à des gens qui pleurent, cela voudrait dire : « Ne vous laissez pas décourager, ne changez pas de ligne de vie pour autant ».

    Ensuite, sans parler des larmes de bonheur, évidemment, il y a des larmes qui sont bénéfiques : celles du repentir de saint Pierre, par exemple, dont parle le Pape Benoît XVI dans son livre sur Jésus. C’est là que l’on fait l’expérience de la miséricorde de Dieu. Il y a également celles que nous versons lorsque nous nous laissons toucher par la souffrance ou le chagrin des autres. Dans ces cas-là, nous sommes sur le bon chemin, nos cœurs de pierre sont en train de devenir des cœurs de chair, pour reprendre l’expression du prophète Ézéchiel. On pourrait dire la même chose lorsque nous pleurons devant la cruauté de certains, devant ce que j’appellerais la dureté du monde1.

    1 D’après Ézéchiel, seront marqués d’un signe spécial au Jour du Jugement, ceux qui auront pleuré devant les douleurs et les méfaits du monde (Ez 9, 4).

    Enfin, il y a là très certainement, de la part de Jésus l’annonce que le temps du Messie est venu, le temps où s’instaurera le bonheur promis à l’humanité.

    Je reviens à la première Béatitude : « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à eux ». Il me semble que cette Béatitude-là contient toutes les autres, qu’elle est le secret de toutes les autres. Évidemment, ce n’est pas une idéalisation de la pauvreté matérielle : la Bible présente toujours la pauvreté comme un mal à combattre. Mais d’abord, il faut bien dire que ce n’étaient pas les gens socialement influents, importants qui formaient le gros des foules qui suivaient Jésus ! On lui a assez reproché de frayer avec n’importe qui !

    Deuxièmement, le mot « pauvres » dans l’Ancien Testament n’a pas toujours un rapport avec le compte en banque : les « pauvres » au sens biblique (les « anavim ») ce sont ceux qui n’ont pas le cœur fier ou le regard hautain, comme dit un psaume. On les appelle « les dos courbés » : ce sont les petits, les humbles du pays, dans le langage prophétique. Ils ne sont pas repus, satisfaits, contents d’eux, il leur manque quelque chose. Alors Dieu pourra les combler. Nous retrouvons ici sous la plume de Matthieu un écho de la parabole du pharisien et du publicain : le pharisien pourtant extrêmement vertueux ne pouvait plus accueillir le salut de Dieu parce que son cœur était plein de lui-même. Le publicain, notoirement pécheur, se tournait vers Dieu et attendait de lui son salut, il était comblé.

    Heureux les pauvres, les richesses de dieu sont à vous

    La qualité dont il s’agit ici, c’est « l’esprit de pauvreté », c’est-à-dire la qualité de « celui qui a pour refuge le nom du Seigneur », comme le dit Sophonie, celui qui a besoin de Dieu, celui qui reçoit tout de Dieu comme un cadeau : celui qui prie humblement « Kyrie eleison », Seigneur prends pitié. Et qui attend de Dieu et de lui seul tout ce dont il est question dans les autres Béatitudes : être capable de miséricorde, c’est-à-dire de pardon et de compassion, être artisan de paix, être doux, ou non-violent, être affamé et assoiffé de justice. Car tout cela est cadeau. Et nous ne pouvons mettre véritablement ces talents au service du Royaume que quand nous les recevons dans cet esprit. Au fond, la première Béatitude, c’est celle qui nous permet de recevoir toutes les autres. Heureux, les pauvres : mettez votre confiance en Dieu : Il vous comblera de ses richesses … SES richesses… « Heureux » … cela veut dire « bientôt on vous enviera » !

    Tous ceux qui attendent tout de Dieu, comme le publicain, sont assurés que leur recherche sera exaucée parce que Dieu ne se dérobe pas à celui qui cherche : « Qui cherche trouve, à qui frappe, on ouvrira », dira Jésus un peu plus loin dans ce même discours sur la montagne. Ceux qui cherchent Dieu de tout leur cœur, ce sont ceux-là que les prophètes appellent également les « purs » au sens d’un cœur sans mélange, qui ne cherche que Dieu.

    Alors, effectivement, ces Béatitudes sont, comme leur nom l’indique, des bonnes nouvelles. Quelques lignes avant cet évangile des Béatitudes, Matthieu disait : « Jésus proclamait la bonne nouvelle du royaume ». La bonne nouvelle c’est que le regard de Dieu n’est pas celui des hommes (cela encore c’est une prédication habituelle des prophètes). Les hommes recherchent le bonheur dans l’avoir, le pouvoir, le savoir. Mais ceux qui cherchent Dieu savent que ce n’est pas de ce côté-là qu’il faut chercher. Dieu se révèle aux doux, aux miséricordieux, aux pacifiques. « Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups » disait Jésus à ses disciples.

    De cette manière, Jésus nous apprend à poser sur les autres et sur nous-mêmes un autre regard. Il nous fait regarder toutes choses avec les yeux de Dieu lui-même et il nous apprend à nous émerveiller. Il nous dit la présence du Royaume là où nous ne l’attendions pas : la pauvreté du cœur, la douceur, les larmes, la faim et la soif de justice, la persécution… Cette découverte humainement si paradoxale doit nous conduire à une immense action de grâces : notre faiblesse devient la matière première du Règne de Dieu.

    Autre bonne nouvelle : de cela nous sommes tous capables !

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * Fête de la Toussaint 2019

    Homélie :

    Nous savons combien nous vivons dans une société où tout est organisé, chronométré, réglé, argumenté, ordonné... Cela fait partie des normes de notre société, pour faciliter le déroulement, la transmission et la compréhension de ce que nous faisons et vivons. Je remarque surtout dans des cérémonies officielles, chez ceux qui sont chargés du protocole comment ils sont sur le qui-vive, parce que tout est presque minuté. Ce qui est curieux, c'est constater comment des cérémonies dont les préparatifs ont pris beaucoup de temps n'ont droit qu'à un événement qui, lui, ne dure que quelques minutes... C'est ça parfois notre vie et c'est ça notre société ! Il faut de l'organisation, de la  structuration, pour que ça soit logique et clair.

    C'est aussi à peu près la même logique qui s'invite dans l'organisation de l'Église, dans nos rencontres, nos célébrations, nos prises de parole. Il faudrait ça pour que l'Église soit  un peu plus organisée et crédible. L'organisation que l'on trouve dans les causes qui sont introduites pour la béatification ou la canonisation des saints. Il faut observer un certain nombre des conditions, suivre des règles bien déterminées, attestation des signes ou des miracles...Il y a des procès qui avancent vite, d'autres moins vite et d'autres encore presque laissés à l'abandon...Il y a des saints plus populaires, un peu comme des stars et d'autres qui sont comme dans les oubliettes...

    Tout ce souci d'organisation contraste fort bien avec la notion de la foule telle qu'elle est décrite dans la première lecture d'aujourd'hui dans le livre de l'Apocalypse de saint Jean. Quand on parle de la foule, il s'agit moins d'un ordre, d'une organisation que du disparate, de la désorganisation... Ce qui veut dire que l'univers des saints est constitués d'une foule, de tout sauf des gens organisés, choisis, triés à la règle ou selon une énorme extérieure... Il s'agit des milliers de femmes et d'hommes qui ont vécu organisés parce qu'ils ont été habités par la loi de l'amour de Dieu et de l'amour du prochain, ceux et celles qui, comme Jésus, se sont ou se situent devant le Père comme des pauvres qui se reçoivent de ses mains paternelles, ceux et celles qui, à l'agression et à la violence, répondent ou ont toujours répondu par la douceur, ceux et celles qui ont toujours vécu cette pureté de cœur, dont parle Jésus, sans aucune moindre duplicité, mettant en conformité leurs actes et leurs paroles, ceux et celles qui non seulement sont des femmes et des hommes justes et de paix, mais qui militent jour et nuit en faveur de ces vertus.

    Ils sont partout dans le monde, ils peuplent notre monde, éparpillés dans nos familles, nos milieux de vie, de travail. Certains sont connus, d'autres non. Mais Dieu les connaît : ils ont leurs noms inscrits dans son cœur. Ce sont ceux-là que nous fêtons aujourd'hui. C'est nous, c'est chacun de nous, dans la mesure où nous sommes invités, toutes et tous, à cette voie de la sainteté.

    Doyen Wenceslas Mungimur

     * Fête de la Toussaint 2019

    Prières :

    1.

    Seigneur que la fidélité de tous les saints

    éclaire nos propres chemins parfois bien tortueux !

    Que la Parole de ton Fils fasse fructifier la vie de chaque fidèle !

    Que ton Esprit Saint nous ramène sans cesse

    sur le chemin des Béatitudes !

    Toi qui es le Dieu vivant maintenant et à jamais, amen.

    Jardinier de Dieu

    2

    Demandons la Grâce d’entendre ces Paroles de Vie

    pour prendre le Chemin des Béatitudes, le chemin de l’Amour.

    Père Gilbert Adam

    3

    Voici le peuple de ceux qui cherchent Dieu. L’humanité rassemblée, rassemblée en amitié avec Dieu, en amitié avec elle-même, voilà l’horizon de notre quête, voilà ce que la fête de la Toussaint nous donne de célébrer en plus des saints : la multitude heureuse voilà ce qui se vit déjà entre tous les saints.

    Cette multitude intercède pour nous, pour notre devenir, prenons en conscience et, à son exemple, prions aussi pour tous nos frères et toutes nos sœurs

    Cette multitude a commencé lorsque Jésus a rassemblé ceux qui le suivaient sur la montagne pour leur donner son message d’appel au bonheur.

    La multitude à laquelle nous sommes appelés est une multitude de frères et de sœurs, dans la marche en ce monde nous donnons forme au rassemblement à venir…

    Accueillons comme une bonne nouvelle ce rapprochement des peuples qui se vit, en ces jours, là se trouve la possibilité de tisser encore davantage la multitude selon Dieu…

    Père Jean-Luc Fabre

     * Fête de la Toussaint 2019

    Conclusion :

    Chers Sœurs et Frères dans la foi,

    Pour des milliers d'êtres humains, cette page des Béatitudes est comme un monument dressé sur notre monde, la page la plus admirable de toute l'histoire de l'humanité. Mais en regard de la réalité de nos vies et des évidences les plus répandues, elle semble illustrer aussi le monde à l'envers.

    Aujourd'hui, cet Évangile nous est lu spécialement à la Toussaint, dans une atmosphère d'achèvement : c'est la réussite définitive de l'œuvre du Seigneur. C'est l'annonce aussi du Royaume dans sa racine et dans son germe.

    En saint Luc, Jésus descend de la montagne après avoir passé la nuit en prière. Il s'adresse à ses disciples et à la foule réunis « dans la plaine ». En saint Matthieu, au contraire, Jésus gravit la montagne, où il s'adresse à la foule.

    Dans les deux cas, il apparaît comme le nouveau Moïse, venu refaire l'unité du Peuple de Dieu.

    Il promulgue la loi du Royaume 1.

             1 La Loi de Moïse est aussi rattachée à la montagne, rappel et signe de la présence de Dieu.

    Ses auditeurs y trouvent un message essentiel : il faut changer de vie, se convertir, voir les choses d'une autre manière, car le Royaume des cieux est au milieu de nous.

    Depuis des siècles, le sermon sur la montagne a fasciné des générations en rejoignant les fibres humaines les plus intimes de notre être. Tout ce qui vibre en nous d'aspirations et de désirs de générosité y est touché.

    Au même moment, tout ce que notre vie comporte de douloureux et d'insupportable est enfin dévoilé, reconnu, guéri. La misère qui semble s'abattre toujours sur les mêmes, l'exclusion des malades et des infirmes, la pauvreté et la souffrance elles-mêmes deviennent sources et motifs de joie. Voici le Libérateur.

    Nous avons maintes fois essayé de poursuivre et de réaliser ce qu'il y a de plus pur en nous, mais toujours il nous a semblé que nous n'étions pas libres, comme si des forces opposées nous l'interdisaient. Il nous semble alors que le progrès annoncé par les Béatitudes demeure fuyant et insaisissable; qu'on ne peut jamais l'atteindre, et encore moins le savourer sans le secours de Dieu.

    Car il s'agit d'un renversement radical des mentalités et des valeurs; un changement si profond qu'il ne peut se faire sans la transformation complète de ce qui ne correspond pas au dessein initial du Créateur.

    Bernard Lafrenière – Congrégation de la Sainte Croix

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

     * Fête de la Toussaint 2019

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS :

    Dieu éternel et tout puissant, tu nous donnes de célébrer dans une même fête la sainteté de tous les  élus ; puisqu’une telle multitude intercède pour nous, réponds à nos désirs, accorde-nous largement tes grâces. Par Jésus Christ, ton fils, notre Seigneur et notre Dieu, qui règne avec toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

     * Fête de la Toussaint 2019

    Lien avec la publication de 2018

    Références :

    http://icalendrier.fr/religion/fetes-catholiques/toussaint

    https://liturgie.catholique.fr/accueil/annee-liturgique/le-temps-ordinaire/la-toussaint/

    https://croire.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Toussaint/La-Toussaint-un-peu-d-histoire

    https://www.aelf.org/2018-11-01/romain/messe

    http://www.bibleenligne.com/commentaire-simple/entier/ap.html

    http://paroissecolomiers.com/1-jean-3-1-3.html          

    http://www.pere-gilbert-adam.org/Toussaint.html

    http://jardinierdedieu.fr/article-fete-toussaint-2010-59990113.html

    http://thierry.jallas.over-blog.com/2015/10/commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-b-tous-les-saints-1er-novembre-2015.html

    http://www.saint-martin-arlon.be/homelies-2018/2819-homelie-de-la-toussaint-01-novembre-201

    https://croire.la-croix.com/Enfants/Fetez-la-Toussaint/Prieres-pour-la-Toussaint/Les-Beatitudes

    http://jardinierdedieu.fr/article-priere-universelle-toussaint-120818186.html

    http://jardinierdedieu.fr/bonne-fete-de-la-toussaint-multitude.html

    http://pages.videotron.com/homelie7/tousaintsB.htm

    Magnificat de la Toussaint 01 novembre 2019  page 41


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  • Cérémonie d’Adoubement en la crypte de l’Abbaye de Brogne

    de nos Frères Écuyers Arnaud D., Joffroy Br., Philippe H. et Kevin R.,

    membres de la Commanderie Majeure ND du Temple ;

    Axel VDH, membre de la Commanderie de St Léger,

    et de notre Sœur Écuyère Dominique T.,

    membre de la Commanderie St Georges,

    le samedi 14 septembre 2019

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Fête de la Croix Glorieuse

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Introduction :

    Chaque 14 septembre, la fête de la « Croix Glorieuse » nous invite à remercier Dieu pour le don de Son Fils : il a donné sa Vie pour nous en acceptant de mourir, et de mourir sur une croix.

    Le supplice de la croix est un des supplices les plus cruels inventés par les hommes.

    Jésus l’a affronté et l’a vaincu. Pour nous.

    Cette fête exprime notre gratitude et nous pousse à méditer sur l’Amour de Dieu.

    Mieux comprendre le sens de la fête de la Croix glorieuse.

    Dans la symbolique chrétienne, la croix présente un double visage. Dans le contexte de la passion et de la mort violente de Jésus, les évangiles évoquent la croix en tant qu'instrument de torture et gibet d'infamie. A cet égard, la croix ne mérite évidemment pas de devenir un objet de vénération.

    Très tôt, les chrétiens ont vu dans la croix, plutôt qu'un accessoire meurtrier, l'image du sacrifice par lequel Jésus nous affranchit du péché et de la mort. L'apôtre Paul, déjà, écrit en conclusion de son épître aux Galates : « Pour moi, il n'y a pas d'autre titre de gloire que la croix de notre Seigneur Jésus Christ » (6.14). Dans l'hymne au Christ qui ouvre l'épître aux Colossiens, on peut lire : « II a plu à Dieu de faire habiter (en son Fils) toute la plénitude et de tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, ayant établi la paix par le sang de sa croix » (1,20; cf. 2,13-15). En ce sens, la croix du Christ peut être dite « glorieuse » : telle est la signification de la fête d'aujourd'hui.

    L'Évangile de la fête joue sur le double sens du verbe « élever » : élever sur la croix et élever dans la gloire. La référence à Moïse et au serpent d'airain sert ici de parabole prophétique. Dans un autre passage du quatrième Évangile, Jésus déclare : « Quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai à moi tous les hommes », et l'Évangéliste d'ajouter : « Par ces paroles, il indiquait de quelle mort il allait mourir » (12,32-33). En même temps qu'elle donne la mort, la crucifixion symbolise la victoire sur la mort.

     * Fête de la Croix Glorieuse

    La « Croix glorieuse »

    Lorsque Jésus en fut chargé pour monter au calvaire, sa croix n'avait rien de glorieux, c'était l'instrument de supplice le plus avilissant. Paul, comme citoyen romain (Ac 22,25}, avait eu droit à la forme la plus élégante de mise à mort, l'épée. Mais Jésus n'était qu'un vulgaire condamné, livré à l'occupant romain. Ce fut la grande prouesse de Dieu, que de transformer cet odieux instrument de supplice en croix glorieuse, par la résurrection. Même la croix du bon larron devint glorieuse, car elle fut, elle aussi, porte d'entrée du paradis (Lc 23,43).

    Les croix des premières églises étaient glorieuses, comme celle que l'empereur Constantin aperçut dans sa vision. C'était une croix de lumière, signe de résurrection. Plus tard, lorsqu'on représenta le Christ en croix, c'était d'abord comme ressuscité, ou dans l'habit du grand prêtre (He 4,14-15).

    Au Moyen-Age, les misères des populations incitèrent à exprimer la solidarité de Jésus avec les souffrances humaines. De symbolique, l'image devint réaliste. Mais le temps est venu de représenter à nouveau le Christ ressuscité et glorieux sur les croix de nos églises.

    Article paru dans « Signes d'aujourd'hui »

    Analyse de la liturgie conduite par l’abbé Pierre N.

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Première lecture : « Celui qui regardait vers le serpent de bronze restait en vie ! »

    Lecture du Livre des Nombres (Nb 21, 4b-9)

    En ces jours-là, en chemin à travers le désert, le peuple perdit courage. Il récrimina contre Dieu et contre Moïse :

    « Pourquoi nous avoir fait monter d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable ! »

    Alors le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante, et beaucoup en moururent dans le peuple d’Israël.

    Le peuple vint vers Moïse et dit : « Nous avons péché, en récriminant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents ».

    Moïse intercéda pour le peuple, et le Seigneur dit à Moïse :

    « Fais-toi un serpent brûlant, et dresse-le au sommet d’un mât : tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, alors ils vivront ! »

    Moïse fit un serpent de bronze et le dressa au sommet du mât.

    Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il restait en vie !

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones et lu en Chapitre par le Frère André B.

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Commentaire :

    Le Livre de l’Exode et celui des Nombres racontent plusieurs épisodes assez semblables : le peuple arraché à l’Égypte et à l’esclavage par Moïse est en marche vers la Terre Promise. Mais une fois passée l’exaltation de la libération et du miracle de la Mer Rouge, il faut bien affronter le quotidien dans le désert (nos voyages modernes en autocars touristiques dans le Sinaï n’ont qu’un très lointain rapport avec cette laborieuse traversée, il faut bien le dire !). Le désert, par définition, est un lieu totalement inhospitalier et il faudrait une foi bien accrochée dans son guide pour le suivre sans états d’âme ! Tout le problème est là. Ils étaient esclaves en Égypte, ce qui veut dire qu’ils étaient sédentaires, donc probablement pas du tout entraînés à la longue marche à pied pour la plupart. Et puis, un maître d’esclaves, les nourrit au moins un minimum, pour qu’ils aient assez de forces pour travailler. Les Hébreux ne mouraient donc pas de faim là-bas. De loin, les oignons d’Égypte apparaissent comme un luxe ! Dans le désert, c’est fini ! Il va falloir se débrouiller avec les moyens du bord. Et ceux-ci ont dû se montrer plus d’une fois terriblement décevants !

    Les mauvais jours, inévitablement, on s’est demandé pourquoi on était là. On imagine sans peine les crises de découragement chaque fois qu’on a eu faim, soif, ou simplement peur : peur de ne jamais arriver, peur des affrontements avec d’autres tribus nomades, peur aussi d’affronter des animaux du désert pas tous inoffensifs. Ce Moïse, pensait-on, n’avait pas bien calculé les risques… Il y avait la manne, pourtant, mais à la longue, on finissait par s’en lasser.

    L’épisode du serpent de bronze se situe l’un de ces mauvais jours : on pourrait raconter le drame en quatre actes.

    Acte 1, le texte nous dit « Le peuple était à bout de courage et se mit à récriminer contre Dieu et Moïse : pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ? Etait-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable ! ».

    Acte 2, « Alors le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante (autrement dit venimeux) et beaucoup moururent ».

    Acte 3, le peuple se repent : « Nous avons péché contre le Seigneur et contre toi. S’il te plaît, intercède pour nous, que le Seigneur éloigne ces serpents ».

    Acte 4, Dieu donne à Moïse cette consigne qui nous étonne un peu : « fabrique un serpent (la tradition dit qu’il était de bronze), fixe-le au sommet d’une perche ; tous ceux qui auront été mordus n’auront qu’à le regarder, ils seront guéris ».

    Évidemment, aujourd’hui, nous ne dirions pas que les serpents sont une punition. Cette séquence : le peuple se conduit mal, donc Dieu punit, alors le peuple se repent, et Dieu passe l’éponge, nous paraît un peu surprenante. Nous avons eu plus de trois mille ans pour découvrir que les choses sont moins simples. Mais, à l’époque, c’est tout spontanément qu’on a dit « Dieu nous punit ». Justement, il est très intéressant de voir comment Moïse s’y prend. Il n’entre pas dans la discussion « est-ce que, oui ou non, les serpents sont une punition de Dieu ? ». Et d’ailleurs, quand on rencontre quelqu’un qui est dans la maladie ou le deuil, s’il est convaincu que tout cela vient de Dieu, la première urgence n’est peut-être pas de le dissuader.

    L’objectif de Moïse, c’est de convertir ce peuple toujours soupçonneux, toujours méfiant à une attitude de foi, c’est-à-dire de confiance, quelles que soient les difficultés rencontrées. Plus que tous les serpents du monde, c’est le manque de foi qui ralentit ce peuple dans sa marche vers la liberté. Car Moïse a bien entendu : il ne s’agit pas d’une simple crise de découragement. La phrase « Pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ? Etait-ce pour nous faire mourir dans le désert ? » est une véritable mise en cause de Dieu et de Moïse, le même soupçon qui revient toujours (comme à Massa et Meriba) : quelque chose comme « au fond, Dieu et toi, Moïse, vous dites que vous voulez nous sauver, mais en réalité, vous voulez notre mort ».

    Or Moïse sait déjà que la vraie vie, c’est de connaître Dieu, c’est-à-dire de lui faire confiance à tout moment. Alors il va prouver à ce peuple encore et toujours soupçonneux que Dieu ne demande qu’à le sauver. Pour éduquer son peuple à cette attitude de foi, Moïse s’appuie sur une pratique qui existait déjà. La coutume d’adorer un dieu guérisseur existait bien avant lui : ce dieu était représenté par un serpent de bronze enroulé autour d’une perche. Nos caducées en sont peut-être la trace. C’était ni plus ni moins une pratique magique : il suffit de regarder un objet magique, un fétiche et tout s’arrange. Ce que va faire Moïse consiste à transformer ce qui était jusqu’ici un acte magique en acte de foi. Une fois de plus, comme il l’a fait pour des quantités de rites, il ne brusque pas le peuple, il ne part pas en guerre contre leurs coutumes. Il leur dit « faites bien tout comme vous avez l’habitude de faire, mais moi je vais vous dire ce que cela signifie. Faites-vous un serpent, et regardez-le. (En langage biblique, « regarder » veut dire « adorer »). Mais sachez que celui qui vous guérit, c’est le Seigneur, ce n’est pas le serpent. Ne vous trompez pas de dieu, il n’existe qu’un seul Dieu, celui qui vous a libérés d’Égypte. Quand vous regardez le serpent, que votre adoration s’adresse au Dieu de l’Alliance et à personne d’autre, surtout pas à un objet sorti de vos mains ».

    Quand le Livre de la Sagesse, des siècles plus tard, médite cet événement, c’est comme cela qu’il l’interprète : « Quiconque se retournait était sauvé, non par l’objet regardé, mais par toi, le Sauveur de tous ». (Sg 16, 7).

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

    Complément :

    Soit dit en passant, la lutte contre l’idolâtrie, la magie et toutes les pratiques de divination remplit toute l’histoire biblique. Et d’ailleurs, on peut parfois se demander si nous en sommes complètement sortis ? Car chassez le naturel, il revient au galop ! Ce serpent de bronze qui devait conduire le peuple à la vraie foi est redevenu un objet magique. C’est pour cette raison que, plus tard, le roi Ezéchias le supprimera définitivement : « Ezéchias fit disparaître les hauts lieux, brisa les stèles, coupa le poteau sacré, et mit en pièces le serpent de bronze que Moïse avait fait, car les fils d’Israël avaient brûlé de l’encens devant lui jusqu’à cette époque ». (2 R 18, 4).

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Deuxième lecture : « Il s’est abaissé : c’est pourquoi Dieu l’a exalté ».

    Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens (Ph 2, 6-11)

    Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.

    Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes.

    Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.

    C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus-Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones et lu en Chapitre par le Frère Jean-Paul VS

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Commentaire :

    Nous lisons ce passage de saint Paul chaque année pour la fête des Rameaux, cette fois-ci c’est pour la fête de la Croix Glorieuse : ce qui veut bien dire que ces deux célébrations ont un point commun : qui est le lien très étroit entre la souffrance du Christ et sa gloire, ou si vous préférez entre l’abaissement de la croix et l’exaltation de la résurrection.

    Paul fait très clairement ce rapprochement : « le Christ s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir et à mourir sur une croix… C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ». « C’est pourquoi » dit bien qu’il y a un lien très fort ; le problème est de savoir comment. Une chose est sûre : il ne faut à aucun prix lire ces phrases de Paul en termes de récompense : comme si le schéma était : Jésus s’est admirablement comporté et donc il a reçu une récompense admirable ! Or, presque inévitablement, nous faisons cette lecture-là, c’est notre tendance immédiate, spontanée. J’ai dit « tendance », je devrais dire tentation, parce que c’est complètement contraire à toute la Révélation. Dieu est amour, nous le disons très facilement, mais nous n’en tirons pas toujours les conséquences ! L’amour ne connaît pas les calculs, le donnant-donnant, ou alors ce n’est pas de l’amour. Même nous, humains qui ne savons pas très bien aimer, nous savons cela, que l’amour est gratuit !

    Et donc, toute présentation du plan de Dieu en termes de calcul, de récompense, de mérite, est contraire à la « grâce » de Dieu… Curieusement, nous avons beaucoup de mal à raisonner en termes de gratuité. A la fois nous parlons sur tous les tons de la « grâce » de Dieu, et en même temps, nous en parlons en termes que j’appellerais « arithmétiques », nous sommes toujours tentés de parler de mérites. La merveille de l’amour de Dieu c’est qu’il n’attend pas nos mérites pour nous combler. C’est en tout cas ce que les hommes de la Bible ont peu à peu découvert. La grâce, comme son nom l’indique, est gratuite ! Chaque fois que nous parlons en termes de donnant-donnant, nous défigurons Dieu. Et donc, si comme nous dit Paul, Jésus a beaucoup souffert puis a été glorifié, ce n’est pas parce qu’en souffrant il aurait accumulé suffisamment de mérites pour acquérir le droit d’être récompensé.

    Donc, je crois que, pour être fidèle à ce texte, il faut le lire en termes de gratuité. Pour Paul, c’est une évidence que le don de Dieu est gratuit. Une évidence qui est sous-jacente à toutes ses lettres, parce qu’il l’a expérimentée lui-même. C’est une évidence telle qu’il ne la reprécise pas.

    Je reprends le texte : « Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ». Il est clair que Paul fait ici allusion à quelqu’un d’autre qui a revendiqué d’être traité à l’égal de Dieu. Evidemment c’est à Adam et Ève qu’il pense.

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Très certainement, Paul nous offre ici un commentaire du récit de l’épisode du Paradis terrestre : le tentateur avait dit « vous serez comme des dieux », et il avait expliqué que pour le devenir, il suffit de désobéir à Dieu. Ce qu’ils ont fait. Ève a tendu la main vers le fruit défendu, elle l’a saisi, le grec dit « elle l’a revendiqué ». Mais, parce qu’elle traite les dons de Dieu comme des proies à saisir, elle s’en exclut elle-même. Le récit de la Genèse dit de manière imagée que l’arbre de la vie lui devient désormais inaccessible. Jésus, au contraire, ne considère pas les dons de Dieu comme des proies à saisir, il fait confiance à son Père pour les lui donner, en temps voulu. Jésus-Christ n’a été qu’accueil (ce que saint Paul appelle « obéissance »), et parce qu’il n’a été qu’accueil du don de Dieu et non revendication, il a pu se laisser combler par son Père, parce qu’il était complètement offert, disponible au don de Dieu.

    Revenons à cette phrase : « lui qui était de condition divine n’a pas jugé bon de revendiquer » : ne lisons surtout pas « bien qu’il soit de condition divine… ». C’est justement parce qu’il est de condition divine, il sait ce que c’est que l’amour gratuit : il sait bien que ce n’est pas bon de revendiquer, il ne juge pas bon de « revendiquer » le droit d’être traité à l’égal de Dieu… Et pourtant c’est bien cela que Dieu veut nous donner ! Donner comme un cadeau : parce que le projet de Dieu (son « dessein bienveillant ») c’est vraiment cela, nous faire entrer dans son intimité, son bonheur, son amour parfait, en un mot nous traiter comme des dieux : ce projet est absolument gratuit, ce qui évidemment n’a rien d’étonnant, puisque c’est un projet d’amour. Ce don de Dieu, cette entrée dans sa vie divine, il nous suffit de l’accueillir avec émerveillement, tout simplement. Pas question de le mériter, c’est « cadeau » si j’ose dire.

    Etre traité à l’égal de Dieu, c’est donc bien ce que Dieu compte faire ! Et c’est bien cela qui est donné à Jésus en définitive. Paul nous dit qu’il reçoit le Nom qui est au-dessus de tout nom : le nom de « Seigneur » : c’est le nom de Dieu ! Dire de Jésus qu’il est Seigneur, c’est dire qu’il est Dieu. Dans l’Ancien Testament, le titre de « Seigneur » était réservé à Dieu. La génuflexion aussi, d’ailleurs. Quand Paul dit : « afin qu’au Nom de Jésus, tout genou fléchisse »… il fait allusion à une phrase du prophète Isaïe : « Devant moi tout genou fléchira et toute langue prêtera serment » (Is 45, 23).

    L’hymne se termine par « toute langue proclame Jésus-Christ est Seigneur pour la gloire de Dieu le Père » : en voyant le Christ porter l’amour à son paroxysme, en acceptant de mourir pour révéler jusqu’où va l’amour de Dieu, nous pouvons dire comme le centurion « Oui, vraiment, celui-là est le Fils de Dieu »… puisque Dieu, c’est l’amour.

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

    Psaume : (Ps 77 (78), 3-4a.c, 34-35, 36-37, 38ab.39)

    R/ N’oubliez pas les exploits du Seigneur ! (cf. Ps 77, 7b)

    Nous avons entendu et nous savons ce que nos pères nous ont raconté ; nous le redirons à l’âge qui vient, les titres de gloire du Seigneur.

    Quand Dieu les frappait, ils le cherchaient, ils revenaient et se tournaient vers lui : ils se souvenaient que Dieu est leur rocher, et le Dieu Très-Haut, leur rédempteur.

    Mais de leur bouche ils le trompaient, de leur langue ils lui mentaient.

    Leur cœur n’était pas constant envers lui ; ils n’étaient pas fidèles à son alliance.

    Et lui, miséricordieux, au lieu de détruire, il pardonnait. Il se rappelait : ils ne sont que chair, un souffle qui s’en va sans retour.

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones et lu en Chapitre par le Frère Jean-Paul VS

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Commentaire :

    Le psaume 77 / 78 est bien plus long que ce que nous venons d’entendre, mais nous en avons ici un bon résumé : c’est toute l’histoire d’Israël qui est là, une histoire qui s’écrit entre deux acteurs, au long des siècles, dans la succession des générations. Le Dieu fidèle face à un peuple qui se reconnaît inconstant.

    Inconstant parce qu’oublieux : Israël est très conscient de l’importance du souvenir.

    « Nous avons entendu ce que nos pères nous ont raconté, nous le redirons à l’âge qui vient ». Pour que la foi se transmette, hier comme aujourd’hui, il faut trois conditions :

    1°) quelqu’un a vécu, un événement de salut, une expérience de salut, et peut dire « Dieu m’a sauvé ».

    2°) il partage son expérience, il témoigne.

    3°) sa communauté se souvient, garde ce témoignage.

    On pourrait dire que la foi est une expérience de salut partagée en communauté. Cela suppose donc une vie de communauté… (Et c’est là peut-être que le bât nous blesse ?)

    Le peuple juif sait depuis toujours que la foi n’est pas un bagage intellectuel, mais une expérience commune : l’expérience des dons et des pardons de Dieu. Ce psaume exprime tout cela : il rappelle en soixante-douze versets son expérience de salut ; la grande expérience qui a fondé la foi d’Israël c’est celle de la libération d’Égypte, c’est pour cela que ce psaume est émaillé d’allusions à l’Exode dans le Sinaï. Et les pères ont raconté cette expérience à leurs fils qui l’ont à leur tour racontée à leurs fils et ainsi de suite. Encore faut-il que les fils veuillent bien écouter et adhérer : notre traduction « nous avons entendu » est trop faible, elle ne rend pas la force de l’expression biblique. « Ecouter », « entendre », dans la Bible, c’est adhérer de tout son cœur à la Parole de Dieu. Évidemment, si une génération néglige son devoir de transmission, la chaîne est rompue.

    Les pères ont bien été obligés également d’avouer à leurs fils qu’ils avaient souvent récriminé contre Dieu. Malgré toutes ses actions répétées de salut à l’égard de son peuple, Dieu n’avait bien souvent rencontré que de l’ingratitude. Après chaque intervention de Dieu, on commence, bien sûr, par chanter, danser, s’extasier. Et puis les jours passent et on oublie. Et si une nouvelle difficulté survient, on trouve que ce Dieu est bien absent ou inactif. Et à ce moment-là, on est tenté d’aller chercher du secours auprès d’autres dieux, comme par exemple le veau d’or.

    C’est de cela que parle le psaume quand il accuse le peuple d’infidélités, d’inconstance. « De leur bouche, ils le trompaient, de leur langue ils lui mentaient, leur cœur n’était pas constant envers lui, ils n’étaient pas fidèles à son Alliance ». Ce qui est visé, ici, c’est l’idolâtrie qui a été la cible de tous les prophètes.

    Pourquoi ? On peut être sûr que si les prophètes s’attaquent si violemment à l’idolâtrie, c’est parce que celle-ci fait le malheur de l’humanité. Parce que tant que l’humanité n’aura pas découvert Dieu, non pas tel que nous l’imaginons, je devrais dire tel que nous le caricaturons, mais tel qu’Il est, elle ne pourra pas progresser dans sa marche vers le bonheur.

    Toute idole nous fait reculer sur le chemin de la liberté. C’est même cela la définition d’une idole : ce qui nous empêche d’être libres. Quand Marx disait « La religion est l’opium du peuple », il disait crûment quel pouvoir, je devrais dire quelle dictature, quelle manipulation, une religion quelle qu’elle soit, peut exercer sur l’humanité. La superstition, le fétichisme, la sorcellerie nous empêchent d’être libres et d’apprendre à exercer librement nos responsabilités, parce qu’ils nous font vivre dans un régime de peur. Tout culte d’idole, qu’elle soit de bois ou de plâtre (on voit encore au vingt-et-unième siècle des processions de ce genre !), nous détourne du Dieu vivant et vrai : or seule la vérité peut faire de nous des hommes libres. Le culte excessif d’une personne ou d’une idéologie, fait aussi de nous des esclaves : il suffit de penser à tous les intégrismes, les fanatismes qui nous défigurent. L’argent, lui aussi peut fort bien devenir une idole…

    Dans d’autres versets qui ne font pas partie de la liturgie de ce jour, le psaume a une image très parlante, celle d’un arc faussé : le cœur d’Israël devrait être comme un arc tendu vers son Dieu, mais il est faussé. Je prends un exemple : un adolescent (ou une adolescente) oublie parfois toute l’affection dont il a été l’objet, les sourires que ses parents lui ont prodigués, la patience, les veilles, les soins de toute sorte, les fatigues… et de la meilleure foi du monde, il (ou elle) peut dire « moi, mes parents ne m’ont jamais aimé »… de toute évidence, son regard est faussé et son discours aussi !

    Mais c’est au sein de cette ingratitude même qu’Israël a fait la plus belle expérience, celle du pardon de Dieu. Le psaume le dit bien : « Leur cœur n’était pas constant envers lui ; ils n’étaient pas fidèles à son alliance. Et lui, miséricordieux, au lieu de détruire, il pardonnait. Il se rappelait : ils ne sont que chair, un souffle qui s’en va sans retour ». Cette description de ce qu’on pourrait appeler la douce pitié de Dieu prouve que ce psaume a été écrit à une époque où la Révélation du Dieu d’amour avait déjà profondément pénétré la foi d’Israël.

    En revanche, vous avez peut-être été choqués par la mention des châtiments attribués à Dieu : « Quand Dieu les frappait, ils le cherchaient, ils revenaient et se tournaient vers lui ». A l’époque où ce psaume a été composé, on attribuait encore généralement à Dieu la responsabilité de tous les événements heureux ou malheureux. Nous savons aujourd’hui que nos malheurs ne sont jamais des châtiments de Dieu (même si cette explication nous tente encore parfois parce que nous n’en avons pas d’autre). Mais il nous reste encore du chemin à faire pour être définitivement en paix avec lui. Quand la guerre à l’idolâtrie et à tous les esclavages de toute sorte sera définitivement gagnée, nous serons enfin des êtres libres et responsables et nous pourrons marcher main dans la main avec notre Dieu.

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Alléluia. Alléluia.

    Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons : par ta Croix, tu as racheté le monde.

    Alléluia.

    Évangile : « Il faut que le Fils de l’homme soit élevé ».

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 3, 13-17)

    En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème :

    « Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme.

    De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.

    Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.

    Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ».

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones et lu par l'Abbé Pierre N.

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Commentaire :

    Première surprise de ce texte : visiblement, il est question de la Croix du Christ, et Jésus emploie pour en parler un langage extrêmement positif, on pourrait dire « glorieux » : d’une part, il emploie le mot « élevé ». « Il faut que le Fils de l’Homme soit élevé ». Et, d’autre part, cette croix qui est d’abord à nos yeux un instrument de supplice, de douleur, doit nous est présentée comme une preuve de l’amour de Dieu : « Dieu a tant aimé le monde ». Comment l’instrument de torture d’un innocent peut-il être glorieux ?

    Deuxième surprise, c’est le rapprochement avec le serpent de bronze. Si Jésus emploie cette image du serpent de bronze, c’est qu’elle était très connue de ses interlocuteurs. Mais l’ennui, c’est que cet épisode nous est à peu près inconnu, et de toute façon pas très compréhensible, parce que très loin de notre culture actuelle.

    Je vous rappelle donc très rapidement l’épisode du serpent de bronze. Cela se passe dans le désert du Sinaï pendant l’Exode à la suite de Moïse. Les Hébreux sont assaillis par des serpents venimeux, et comme ils n’ont pas la conscience très tranquille, (parce qu’une fois de plus ils ont « récriminé », comme dit souvent le livre de l’Exode) ils sont convaincus que c’est une punition du Dieu de Moïse. Ils vont donc supplier Moïse d’intercéder pour eux : « Le peuple vint trouver Moïse en disant : Nous avons péché en critiquant le Seigneur et en te critiquant ; intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents ! ».

    Le texte raconte que Moïse intercéda pour le peuple et le Seigneur lui dit : « Fais faire un serpent brûlant (c’est-à-dire venimeux) et fixe-le à une hampe : quiconque aura été mordu et le regardera aura la vie sauve. Moïse fit un serpent d’airain et le fixa à une hampe. Et lorsqu’un serpent mordait un homme, celui-ci regardait le serpent d’airain et il avait la vie sauve » (Nb 21, 7 – 9).

     * Fête de la Croix Glorieuse

    A première vue, nous sommes en pleine magie, en fait, c’est juste le contraire. Je m’explique : la coutume d’adorer un dieu guérisseur existait bien avant Moïse. Ce dieu était représenté par un serpent de bronze enroulé autour d’une perche. Une fois de plus, comme il l’a fait pour des quantités de rites, Moïse ne brusque pas le peuple, il ne part pas en guerre contre leurs coutumes. Il leur dit « faites bien tout comme vous avez l’habitude de faire, mais ne vous trompez pas de dieu : il n’existe qu’un seul Dieu, celui qui vous a libérés d’Égypte. Faites-vous un serpent, et regardez-le : (en langage biblique, « regarder » veut dire « adorer »). Mais sachez que celui qui vous guérit, c’est le Seigneur, ce n’est pas le serpent. Quand vous regardez le serpent, que votre adoration s’adresse au Dieu de l’Alliance et à personne d’autre, surtout pas à un objet sorti de vos mains ». Moïse a donc transformé ce qui était jusqu’ici un acte magique en acte de foi.

    Jésus reprend cet exemple à son propre compte : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’Homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle ».

    De la même manière que, dans le désert, il suffisait de lever les yeux avec foi vers le Dieu de l’Alliance pour être guéri physiquement, désormais, il suffit de lever les yeux avec foi vers le Christ en croix pour obtenir la guérison intérieure.

    Comme souvent dans l’Évangile de Jean revient le thème de la foi : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle ».

    Mais en même temps que Jésus fait un rapprochement entre le serpent de bronze élevé dans le désert et sa propre élévation sur la croix, il manifeste le saut formidable entre l’Ancien Testament et le Nouveau Testament. Jésus accomplit, certes, mais tout en lui prend une nouvelle dimension.

    D’abord, dans le désert, seul le peuple de l’Alliance était concerné ; désormais, en lui, c’est tout homme, c’est le monde entier, qui est invité à croire pour vivre. Deux fois Jésus répète « Tout homme qui croit en lui obtiendra la vie éternelle ».

    Ensuite, il ne s’agit plus de guérison extérieure, il s’agit désormais de la conversion de l’homme en profondeur ; au moment de la crucifixion du Christ, Jean écrit : « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé » (Jn 19, 37), c’est une phrase du prophète Zacharie. Je vous la rappelle, parce qu’elle nous dit bien en quoi consiste cette transformation de l’homme, ce salut que Jésus nous apporte : « Ce jour-là, je répandrai sur la maison de David et sur l’habitant de Jérusalem, un esprit de bonne volonté et de supplication. Alors ils regarderont vers moi, celui qu’ils ont transpercé » (Za 12, 10). L’esprit de bonne volonté et de supplication, c’est tout le contraire des récriminations du désert, c’est l’homme enfin convaincu de l’amour de Dieu pour lui.

    Il y a donc deux manières de regarder la croix du Christ : elle est, c’est vrai, la preuve de la haine et de la cruauté de l’homme, mais elle est bien plus encore l’emblème de la douceur et du pardon du Christ : il accepte de la subir pour nous montrer jusqu’où va l’amour de Dieu pour l’humanité. La croix, c’est le lieu même de la manifestation de l’amour de Dieu : « Qui m’a vu a vu le Père » avait dit Jésus à l’apôtre Philippe. Sur le Christ en croix, nous lisons la tendresse de Dieu, quelle que soit la haine des hommes. C’est pour cela qu’on peut dire que la croix est glorieuse : parce qu’elle est le lieu où se manifeste l’amour parfait, c’est-à-dire Dieu lui-même.

    Que voyons-nous en effet quand nous nous tournons vers la croix ? Un Dieu assez grand pour accepter de se faire tout petit, assez grand pour continuer sa vie parmi les hommes malgré les incompréhensions et la haine, assez grand pour ne pas fuir devant ses bourreaux, assez grand pour pardonner du haut de la Croix, justement. Ceux qui acceptent de plier le genou devant cette grandeur-là sont pour toujours transformés.

    « Ceux qui croient en son nom, il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12).

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

    Homélie :

    La brève homélie prononcée ce jour par notre ami l’abbé Pierre N., a mis l’accent sur l’origine et la signification de la Croix.

     * Fête de la Croix Glorieuse

    La Vraie Croix, dite également Sainte Croix, serait la croix sur laquelle Jésus-Christ a été crucifié.

    Selon la tradition chrétienne, c'est sainte Hélène, la mère de l'empereur Constantin Ier, qui aurait découvert la Croix de Jésus ainsi que celles des deux larrons, lors d’un pélerinage en Palestine entrepris en 326. Cet événement central de la légende constantinienne lance le culte de la « Vraie Croix » qui est devenue dès lors une des principales reliques de la chrétienté, faisant l'objet d'une vénération particulière. Des reliquaires portant le nom de staurothèques sont spécialement fabriqués pour abriter les fragments.

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Pour le christianisme, la Croix du Christ est en effet considérée comme l'instrument du salut de l'humanité puisque, selon cette religion, le Christ, par sa mort, a racheté les hommes de leurs péchés, et particulièrement du péché originel. Deux fêtes marquent, dans le calendrier liturgique catholique, l'importance de cette relique : le Recouvrement de la Croix (3 mai) et l'Exaltation de la Sainte-Croix (14 septembre).

    Origine de la Fête de la Croix Glorieuse

    Quand, à Jérusalem, la reine sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin, fut convaincue d'avoir retrouvé sur le Mont Calvaire la vraie Croix du Christ, elle fit édifier en ce lieu, avec l'aide de son fils, une Basilique englobant le Calvaire et le Saint Sépulcre.

    Cette Basilique qui eut pour nom « Résurrection » fut consacrée un 14 septembre. Par la suite, ce jour fut choisi pour célébrer une fête qu'on appela « Exaltation de la précieuse et vivifiante Croix » parce que son rite principal consistait en une ostension solennelle d'une relique de la vraie Croix.

    Ce geste manifestait devant tous que la Croix est glorieuse parce qu'en elle la mort est vaincue par la vie.

    La fête se répandit à Constantinople où elle connut un éclat nouveau à partir du 7ème siècle parce que les Perses infidèles s'étaient emparés de Jérusalem et avaient emporté dans leur pays la vraie Croix comme trophée de victoire.

    L'empereur Heraclius alla la reprendre et ramena triomphalement à Constantinople le symbole de la victoire du Christ sur la mort.

    Progressivement la fête fut célébrée dans toute l'Église et des parcelles de cette relique furent distribuées à travers le monde chrétien.

    Que nous apprend le langage de la Croix ?

    Le bois de la Croix rappelle le supplice du Seigneur et apparaît comme un symbole par excellence du Salut en marche. La Croix est le signe éminent de l’amour sauveur de Dieu qui donne sa vie, mais en même temps signe de victoire sur le péché, le mal et la mort, car ce don débouche sur la Résurrection et la gloire. Ainsi, les quarante jours qui conduisent de la Transfiguration à la fête de la Croix, nous incitent à changer notre regard sur la Croix pour y voir le désir de Dieu que « la vie surgisse à nouveau d’un arbre qui donnait la mort ».

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Conclusion : L'essentiel nous est confié !

    Si l'essentiel est vraiment là où Jésus meurt : en Croix... suis-je prêt à vivre cet essentiel, à témoigner de cet essentiel : donner ma vie, m'en dessaisir pour les autres ? Car l'essentiel, nous sommes tous d'accord : c'est de vivre... et l'essentiel de la vie, c'est aimer, être aimé. Mais vivre jusqu'à ce point... aimer jusqu'à cet extrême, et puis être aimé de cette façon...

    Jésus en croix nous dit d'abord ce que n'est pas l'essentiel, il nous montre où il n'est pas :

    • l'essentiel n'est pas de réussir, de s'épanouir, de faire carrière (professionnellement, religieusement), Jésus meurt abandonné, condamné, humilié.
    • l'essentiel n'est pas dans l'argent ni dans cette apparence qu'il nous permet d'acheter : Jésus meurt nu, dépouillé, dévêtu de toute apparence, homme ordinaire, en tout semblable aux hommes et reconnu comme un homme : le Nazaréen ! Ecce Homo.
    • l'essentiel n'est pas dans le manger, ni dans le boire. « J'ai soif », dit le supplicié (Jn 19,28).

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Frères et Sœurs, qui va nous dire l'essentiel ? Jésus et tout pauvre qui lui ressemble.

    Et puis, qui va nous donner accès à cet essentiel de la Croix ?

    Voyant sa mère et près d'elle, le disciple qu'il aimait, Jésus dit à sa mère : « Femme, voici ton fils » .Il dit ensuite au disciple : « Voici ta mère » (Jn 19,26-27).

    Et à partir de cette heure-là, le disciple l’accueillit dans son intimité...

    La Femme bénie entre toutes les femmes, c'est Elle qui va nous donner le fruit de l'arbre : c'est Elle, Marie, et c'est l'Église, où l'essentiel nous est donné, la vie éternelle... l'eau et le sang, la Parole et les sacrements.

    L'essentiel, ce « Je t'aime » de Jésus, ce « Je t'aime » de la part de Dieu, jaillit de son Cœur, éternellement dit, jamais repris, offert à tous, cet essentiel, Frères et Sœurs, nous est livré dans un geste, dans un Souffle. Inclinant la tête, Jésus remit l'Esprit. La croix vivante, la croix glorieuse du Fils bien-aimé nous fait signe et nous attire, comme pour un baiser :

    • venez, approchez : vous êtes des dieux, des fils du Très Haut (Ps 81,6)
    • venez : ceci est mon corps pour vous (Lc 22,19)
    • venez mes bien-aimés : ceci est mon sang (Mt 26,28).

    L'essentiel nous est confié : aimez-vous comme je vous ai aimés. Vous êtes mes amis.

    Notre joie, c'est d'être là : témoins que quelque chose se passe : on dirait sur la croix un mariage.

    Frère Christophe

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Prière : Merci Seigneur, pour Ta Sainte Croix

    Vive Jésus, Fils de Marie,

    Venu sauver le monde

    En revêtant le corps de chair

    Que Dieu a donné à chaque âme avec amour.

    Il est mort sur la croix,

    Pour nous donner la vie.

    Il reviendra dans sa gloire

    Et son règne n’aura pas de fin.

     

    O mon Jésus,

    Tu as donné la vie à tous tes enfants,

    Par ta mort sur la croix.

    Tu nous as sauvés par ton amour infini.

    Ne nous abandonne pas, dans ce monde de ténèbres.

    Viens nous sauver à nouveau,

    Je t’en supplie. Amen.

     * Fête de la Croix Glorieuse   * Fête de la Croix Glorieuse   * Fête de la Croix Glorieuse

    Allocution de notre Frère Chapelain

    Son Excellence, Inspecteur Général magistral,

    Son Excellence, Grand Prieur magistral de Belgique,

    Excellences, Prieur de Belgique et Prieur de Wallonie, nobles Frères Commandeurs, Frères et Sœurs, chers amis, chères familles.

    Nous venons de recevoir nos Frères Arnaud, Axel, Joffroy, Kevin, Philippe, au grade de Chevalier de notre Ordre et notre Sœur Dominique au grade de Dame du Temple.

    Permettez–moi, comme il est de tradition pour un modeste Frère Chapelain, de prononcer quelques mots à leur intention.

    Après avoir suivi votre parcours initiatique en tant que Novices et ensuite comme Écuyers, vous voilà maintenant devenus Chevalier du Temple et Dame du Temple dans notre Ordre,

    L’ORDRE SOUVERAIN ET MILITAIRE DU TEMPLE DE JERUSALEM.

    Vous venez de recevoir votre manteau blanc. Celui-ci peut évoquer la grâce du baptême. Mais il traduit aussi la lumière de la gloire de la résurrection de la chair et plus immédiatement la virginité du cœur, la pureté de l’âme, et la totale oblation de la volonté humaine à la volonté de Dieu.

    Sur ce manteau blanc a été apposée une croix pattée rouge. En héraldique le rouge se dit « de gueules ». Cette croix doit vous rappeler le sacrifice d’Amour de notre Seigneur mort sur la croix pour le salut du monde.

    Votre épée symbolise l’âme, l’esprit du chevalier. Elle vous est personnelle. Elle représente la force, la parole de Dieu, la bravoure et la puissance.

    Elle ordonne la création, détruit l’ignorance et le mal, la main tenant la justice et la paix, et permet au chevalier de capter les connaissances, et de se libérer de ses passions.

    Pour vous, Sœur Dominique, maintenant Dame du Temple, vous n’avez pas été adoubée par l’épée, mais par la rose. Elle désigne une perfection achevée, un accomplissement sans défaut. Elle symbolise la coupe de la vie, l’âme, le cœur, l’amour. On peut la considérer comme un centre mystique. Parmi les fleurs spécialement attribuées à la Vierge figurent notamment la rose, le lys et la violette. La Vierge est elle-même appelée « Rose mystique » dans les Litanies de Lorette. Au XIIème siècle, saint Bernard de Clairvaux s’adresse à elle sous le nom de « Rosa sine spina », « Rose sans épines ».

    Vous êtes maintenant tous au midi de votre vie, ce qui signifie que vous êtes au commencement de votre nouvelle vie.

    Vous avez dû apprendre de mémoire les dix points de la Règle de vie du Templier, que vous aurez maintenant à appliquer.

    Mais être Chevalier du Temple et Dame du Temple, c’est aussi respecter douze commandements :

    • Toujours vous souvenir de l’exemple des anciens chevaliers et des principes du code de la chevalerie.
    • Combattre sans relâche pour les droits de la personne humaine, pour la défense des plus faibles et des opprimés et ne jamais reculer devant l'ennemi.
    • Combattre aussi pour la sauvegarde des valeurs humaines universelles.
    • Commencer par vous améliorer vous-même avant de prétendre améliorer les autres et le monde qui vous entoure.
    • Conformer votre propre vie à vos convictions personnelles profondes sans hypocrisie, tout en respectant toujours les convictions d’autrui.
    • Etre toujours franc dans vos propos et loyal dans votre conduite.
    • Etre toujours fidèle à vos engagements et honorer la parole donnée.
    • Ne rien chérir autant que l’amitié et la fraternité.
    • Toujours préférer le dialogue et la concertation à l’affrontement et à la guerre.
    • Affronter avec courage toutes les difficultés, tout en sachant que c’est d’abord en vous-même que vous trouverez la force nécessaire pour les vaincre.
    • Ne jamais oublier que vos droits et vos libertés s’arrêtent là où commencent ceux d’autrui.
    • Ne jamais oublier que la valeur d’un être humain repose dans ce qu’il est vraiment et non dans ce qu’il possède ou paraît être.

    Votre chemin ne sera pas facile.

    Vous aurez à produire un travail profond sur vous-même.

    Mais n’ayez pas peur nous serons là pour vous aider !

    NON NOBIS DOMINE, NON NOBIS, SED NOMINI TUO DA GLORIAM.

    J’ai dit, Son Excellence.

    Frère Chapelain Jean-Paul VS

    Et pour conclure :

    Au lendemain de la Croix glorieuse, l’Eglise fête la compassion de Marie, Notre Dame des sept douleurs.

     Mise en page par le Frère André B., Grand Chancelier Prieural, Moine Chevalier de Notre-Dame

    Références :

    http://reflexionchretienne.e-monsite.com/pages/les-fetes-catholiques/septembre/la-croix-glorieuse-fete-le-14-septembre.html

    https://croire.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Croix-glorieuse/14-septembre-pourquoi-feter-la-Croix-glorieuse

    https://www.aelf.org/2019-09-14/romain/messe

    http://thierry.jallas.over-blog.com/2014/09/commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-a-la-croix-glorieuse-14-septembre-2014.html

    http://reflexionchretienne.e-monsite.com/pages/les-fetes-catholiques/septembre/la-croix-glorieuse-fete-le-14-septembre.html

    https://www.moines-tibhirine.org/les-7-freres/au-fil-de-la-liturgie/113-fete-de-la-croix-glorieuse-14-septembre-l-essentiel-nous-est-confie.html

    https://www.etoilenotredame.org/actualites/14-septembre-2019-fete-de-la-croix-glorieuse


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  • 190530 - Liturgie du jeudi 30 mai 2019

    Ascension du Seigneur

     * L'Ascension du Seigneur

    Introduction

    L’Ascension du Seigneur est la Solennité célébrée le jeudi, au quarantième jour après Pâques.

    Dès la Résurrection, l’humanité de Jésus est toute revêtue de la Gloire du Père. Mais le Christ glorieux « séjourne » près des siens pour affermir leur foi, grâce aux manifestations dont il les favorise. Les quarante jours (Ac 1, 3) qui prolongent la vie terrestre de Jésus sont liés à la symbolique de la quarantaine, laps de temps convenant aux grandes expériences de Dieu.

    Au terme de ce délai, Jésus « monte » au ciel pour être à demeure avec le Père, assis à la droite de Dieu. Le mystère de l’Ascension représente les prémices de l’entrée de tous les chrétiens dans la Gloire.

    L’Ascension du Christ est intimement liée à sa résurrection, comme le soulignent les Évangiles de saint Marc et de saint Luc. Sans s’astreindre à la chronologie des faits, ceux-ci ont le souci de rattacher le retour de Jésus vers son Père à l’événement pascal, en présentant la résurrection et l’ascension comme un mouvement unique qui emporte le seigneur dans la gloire.

    Mais, plus encore qu’un événement, la solennité de l’Ascension célèbre un mystère, celui de l’accomplissement de la Pâque dans le Corps total du Christ, chef et membres.

    Liturgie et sacrements – Service National de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle

     * L'Ascension du Seigneur

    1ère lecture : « Tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva ».

    Lecture du livre des Actes des Apôtres (Ac 1, 1-11)

    Cher Théophile, dans mon premier livre j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le moment où il commença, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir, par l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis.

    C’est à eux qu’il s’est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu.

    Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre que s’accomplisse la promesse du Père.

    Il déclara : « Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours ».

    Ainsi réunis, les Apôtres l’interrogeaient : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? ».

    Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ».

    Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux.

    Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel ».

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * L'Ascension du Seigneur

    Commentaire 1 :

    Nous sommes au tout début des « Actes des Apôtres ». Les premiers versets font bien le lien avec l’Évangile de Luc, lui aussi adressé à un certain Théophile. Car il ne fait pas de doute pour personne que les Actes des Apôtres et l’Évangile de Luc sont du même auteur. L’un commence là où l’autre finit, c’est-à-dire par le récit de l’Ascension de Jésus, même si ces deux textes ne concordent pas exactement. Le premier livre (l’Évangile) rapporte la mission et la prédication de Jésus, le second se consacre à la mission et à la prédication des Apôtres, d’où son nom d’« Actes des Apôtres ».

    On peut pousser le parallèle un peu plus loin : l’Évangile commence et finit à Jérusalem, le centre du monde juif et de la Première Alliance. Les Actes commencent à Jérusalem – car la Nouvelle Alliance prend bien la suite de la Première – mais ils se terminent à Rome, carrefour de toutes les routes du monde connu à l’époque car la Nouvelle Alliance déborde désormais les frontières d’Israël. Pour Luc, il ne fait aucun doute que cette expansion est le fruit de l’Esprit Saint. Celui-ci est l’Esprit même de Jésus, et il sera l’inspirateur des Apôtres, à partir de la Pentecôte, à tel point qu’on appelle souvent les Actes «l’évangile de l’Esprit».

    Et comme Jésus s’est préparé à sa mission par les quarante jours au désert après son baptême, de même, à son tour, il prépare son Église pendant quarante jours : « Pendant quarante jours il leur était apparu, et leur avait parlé du Royaume de Dieu ». Au cours d’un dernier repas, il leur donne ses consignes : un ordre, une promesse, un envoi en mission.

    L’ordre est presque surprenant : attendre et ne pas bouger. « Il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre ce que le Père avait promis ». Que les promesses du Père se réalisent à Jérusalem n’étonnait certainement pas les onze qui étaient tous juifs : toute la prédication des prophètes ne donnait-elle pas à Jérusalem une part prépondérante dans l’accomplissement du projet de Dieu ? Par exemple, rappelons-nous Isaïe : « Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Regarde : l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi. Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore » (Is 60, 1-3). Ou encore : « Pour la cause de Jérusalem je ne me tairai pas, pour Sion je ne prendrai pas de repos, avant que sa justice ne se lève comme l’aurore et que son salut ne flamboie comme une torche. Les nations verront ta justice, tous les rois verront ta gloire. On t’appellera d’un nom nouveau, donné par le Seigneur lui-même » (Is 62, 1-2).

    Luc précise le contenu de la promesse : « Jean a baptisé avec de l’eau ; mais c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici quelques jours ». Cela aussi était familier aux apôtres. N’avaient-ils pas en tête la phrase du prophète Joël : « Je répandrai mon esprit sur toute chair » (Jl 3,1) et aussi celle de Zacharie : « Ce jour-là, une source jaillira pour la maison de David et les habitants de Jérusalem en remède au péché et à la souillure… Je répandrai sur la maison de David et sur l’habitant de Jérusalem un esprit de bonne volonté et de supplication… » (Za 13,1 ; 12,10) ; ou encore : « Je ferai sur vous une aspersion d’eau pure et vous serez purs… Je mettrai en vous un esprit neuf… Je mettrai en vous mon propre Esprit » (Ez 36, 25…27) ?

    La question des Apôtres – « Seigneur, est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ? » – n’est donc pas incongrue. Elle manifeste qu’ils ont bien compris que le fameux Jour de Dieu s’est levé. La réponse de Jésus ne devrait pas nous étonner non plus, car Dieu a besoin des hommes pour réaliser son projet. Le salut de Dieu est arrivé grâce à Jésus-Christ, mais il reste aux hommes la liberté d’y entrer. Pour cela, encore faut-il qu’ils le sachent. D’où la mission et la responsabilité des Apôtres. L’Esprit leur est donné pour cela : « Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins ». Cela veut dire qu’entre le don de l’Esprit et l’avènement définitif du Royaume, il y a un délai qui est le temps du témoignage : un délai d’autant plus long qu’il s’agit d’aller porter la nouvelle à l’humanité tout entière. « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ». Le livre des Actes suit exactement ce plan.

    Comme lorsque, au matin de Pâques, « deux hommes avec un vêtement éblouissant » avaient arraché les femmes à leur contemplation en leur disant : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité », au jour de l’Ascension, deux hommes en vêtements blancs jouent le même rôle auprès des Apôtres : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel ».

    Il reviendra, nous en sommes certains, c’est pourquoi nous disons à chaque eucharistie : « Nous attendons le bonheur que tu promets, (qui est) l’avènement de Jésus-Christ, notre Sauveur ».

     * L'Ascension du Seigneur

    Complément :

    La nuée, dans la Bible, est le signe visible de la présence de Dieu (par exemple, lors du passage de la mer Rouge, Ex 13, 21, ou lors de la Transfiguration du Christ, Lc 9, 34). La nuée dérobe Jésus au regard des hommes, c’est dire qu’il est entré dans le monde de Dieu. Il cesse avec eux un certain mode de présence charnelle, visible, pour en inaugurer une autre, spirituelle.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * L'Ascension du Seigneur

    Psaume : Ps 46 (47), 2-3, 6-7, 8-9

    R/ Dieu s’élève parmi les ovations, le Seigneur, aux éclats du cor.

    Tous les peuples, battez des mains, acclamez Dieu par vos cris de joie !

    Car le Seigneur est le Très-Haut, le redoutable, le grand roi sur toute la terre.

    Dieu s’élève parmi les ovations, le Seigneur, aux éclats du cor.

    Sonnez pour notre Dieu, sonnez, sonnez pour notre roi, sonnez !

    Car Dieu est le roi de la terre : que vos musiques l’annoncent !

    Il règne, Dieu, sur les païens, Dieu est assis sur son trône sacré.

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * L'Ascension du Seigneur

    Commentaire 2 :

    Pour comprendre ce psaume, il faut relire le récit du sacre de Salomon. Le nouveau roi était « monté » en cortège triomphal depuis la fontaine de Gihôn jusqu’en haut de la colline où se trouvait le palais royal. « On sonna du cor et tout le peuple cria ‘Vive le roi Salomon !’ Tout le peuple remonta à sa suite ; le peuple jouait de la flûte et exultait d’allégresse au point que la terre craquait sous ses clameurs » (1R 1, 39-40).

    À une époque où il n’y a plus de roi en Israël, après l’exil à Babylone, on applique à Dieu lui-même ces images et ce vocabulaire de sacre et de royauté. N’est-il pas le seul vrai roi d’Israël ? En même temps, on ravive dans tous les cœurs l’attente du roi-messie que Dieu enverra puisqu’il nous l’a promis.

    La royauté du Christ est encore bien discrète : les Évangélistes n’ont pas de cérémonie de couronnement à raconter. Raison de plus pour lui décerner déjà ce superbe hommage qui ne fait qu’anticiper le chant qu’entonneront au dernier jour les fils de Dieu enfin rassemblés : « Tous les peuples, barrez des mains, acclamez Dieu par vos cris de joie ! ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * L'Ascension du Seigneur

    Épître : « Le Christ est entré dans le ciel lui-même ».

    Lecture de la lettre aux Hébreux (He 9, 24-28 ; 10, 19-23)

    Le Christ n’est pas entré dans un sanctuaire fait de main d’homme, figure du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu.

    Il n’a pas à s’offrir lui-même plusieurs fois, comme le grand prêtre qui, tous les ans, entrait dans le sanctuaire en offrant un sang qui n’était pas le sien ; car alors, le Christ aurait dû plusieurs fois souffrir la Passion depuis la fondation du monde.

    Mais en fait, c’est une fois pour toutes, à la fin des temps, qu’il s’est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice.

    Et, comme le sort des hommes est de mourir une seule fois et puis d’être jugés, ainsi le Christ s’est-il offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude ; il apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l’attendent.

    Frères, c’est avec assurance que nous pouvons entrer dans le véritable sanctuaire grâce au sang de Jésus : nous avons là un chemin nouveau et vivant qu’il a inauguré en franchissant le rideau du Sanctuaire ; or, ce rideau est sa chair.

    Et nous avons le prêtre par excellence, celui qui est établi sur la maison de Dieu.

    Avançons-nous donc vers Dieu avec un cœur sincère et dans la plénitude de la foi, le cœur purifié de ce qui souille notre conscience, le corps lavé par une eau pure.

    Continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * L'Ascension du Seigneur

    Commentaire 3 :

    L’auteur de la lettre aux Hébreux s’adresse certainement à des chrétiens d’origine juive qui ont peut-être quelque nostalgie du culte ancien. Dans la pratique chrétienne, plus de temple, plus de sacrifices sanglants : est-ce bien cela que Dieu veut ? Alors notre auteur reprend une à une toutes les réalités, toutes les pratiques de la religion juive et il démontre que tout cela est périmé.

    Ici, il s’agit surtout du Temple, appelé le « sanctuaire ». L’auteur précise : il faut distinguer le vrai sanctuaire dans lequel Dieu réside, c’est-à-dire le ciel même et le temple construit par les hommes qui n’en est évidemment qu’une pâle copie. Les juifs étaient particulièrement fiers – et à bon droit – de leur magnifique Temple de Jérusalem. Pour autant, ils n’oubliaient jamais que toute construction humaine reste humaine par définition et donc, faible, imparfaite périssable. De surcroît, personne non plus en Israël ne prétendait enfermer la présence de Dieu dans un temple, même immense.

    Le tout premier bâtisseur du temple de Jérusalem, le roi Salomon disait déjà : « Est-ce que vraiment Dieu pourrait habiter sur la terre ? Les cieux eux-mêmes et les cieux des cieux ne peuvent le contenir ! Combien moins cette maison que j’ai bâtie ! » (1 R 8, 27). On a donc toujours su, dès l’Ancien Testament, que la Présence de Dieu n’était pas limitée à ce Lieu saint de toile ou de pierre. Mais on recevait ce Temple (au désert pendant l’Exode, c’était la Tente de la Rencontre) comme un cadeau : dans sa miséricorde, Dieu avait accepté de donner à son peuple un signe visible de sa Présence.

    Désormais, pour les chrétiens, le vrai Temple, le lieu où l'on rencontre Dieu n'est plus un bâtiment : l'Incarnation de Jésus-Christ a tout changé : désormais le lieu de rencontre entre Dieu et l'homme, c'est Jésus-Christ, le Dieu fait homme. Sous une autre forme, c'est ce que Saint Jean explique aux lecteurs de son évangile, dans l'épisode des vendeurs chassés du Temple : c'était peu de temps avant la fête juive de la Pâque, Jésus qui était monté à Jérusalem avec ses disciples, s'était permis de chasser de l'enceinte du temple tous les changeurs de monnaie et les marchands de bestiaux pour les sacrifices. Et Jean, plus tard, avait compris : dans peu de temps tout ceci serait périmé.

    Un dialogue, ou plutôt une querelle avait commencé entre les Juifs et Jésus : les Juifs lui demandaient : « Quel signe nous montreras-tu pour agir de la sorte ? » (Traduisons « Au nom de qui peux-tu te permettre de faire la révolution ? »). Et Jésus avait répondu : « Détruisez ce temple et, en trois jours, je le relèverai ». Plus tard, après la Résurrection, les disciples ont compris : « le Temple dont il parlait, c'était son corps » (Jn 2, 13-21).

    Je reviens à notre texte : la lettre aux Hébreux dit la même chose : restons greffés sur Jésus-Christ, nourrissons-nous de son corps, ainsi nous sommes mis en présence de Dieu : lui, il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire véritable et il se «tient devant la face de Dieu» (ce sont les termes que l'on employait pour parler du sacerdoce). « Le Christ n'est pas entré dans un sanctuaire construit par les hommes, qui ne peut être qu'une copie du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu ».

    Quand y est-il entré ? Par sa mort bien sûr. Une fois de plus, nous voyons la place centrale de la croix dans le mystère chrétien, pour tous les auteurs du Nouveau Testament. Un peu plus loin (He 10), l'auteur de la lettre aux Hébreux précisera que cette mort du Christ n'est que le point d'orgue d'une vie tout entière offerte et que quand on parle de son sacrifice, il faut bien entendre « le sacrifice de toute sa vie » et non pas seulement les dernières heures de la Passion. Pour l'instant, le texte que nous avons sous les yeux parle seulement de la Passion du Christ et de son sacrifice, sans préciser davantage. Il oppose le sacrifice du Christ à celui qu'offrait le grand-prêtre d'Israël, chaque année au jour du Yom Kippour (littéralement « Jour du Pardon »).

     * L'Ascension du Seigneur

    Ce jour-là, le grand prêtre entrait seul dans le Saint des saints : en prononçant le Nom sacré (YHVH) et en répandant le sang d'un taureau (pour ses propres fautes) et celui d'un bouc (pour les fautes du peuple), il renouvelait solennellement l'Alliance avec Dieu. À la sortie du grand prêtre du Saint des Saints, le peuple massé à l'extérieur savait que ses péchés étaient pardonnés. Mais ce renouvellement de l'Alliance était précaire, et il fallait recommencer chaque année : « le grand prêtre, tous les ans, entrait dans le sanctuaire en offrant un sang qui n'était pas le sien ».

    Mais l'Alliance que Jésus-Christ a conclue avec le Père en notre nom est parfaite et définitive : sur le Visage du Christ en croix, les croyants ont découvert le vrai Visage de Dieu qui aime les siens jusqu'au bout. Désormais ils ne se méprennent plus sur Dieu, ils savent que Dieu est leur Père, comme il est le Père de Jésus. Ils peuvent enfin vivre de tout leur cœur l'Alliance que Dieu leur propose. Tout cela c'est la nouveauté, la Nouvelle Alliance apportée par le Christ. On peut bien dire de lui qu’il est « le grand prêtre du bonheur qui vient » (selon une autre expression de l'auteur de cette lettre, He 9, 11) !

    Alors, nous ne craignons plus le jugement de Dieu : nous croyons et nous affirmons que « Jésus reviendra pour juger les vivants et les morts » (dans notre credo), mais nous savons désormais que, en Dieu, grâce à Jésus-Christ, jugement est synonyme de salut : « Le Christ, après s'être offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude, apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l'attendent ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * L'Ascension du Seigneur

    Évangile : « Tandis qu’il les bénissait, il était emporté au ciel ».

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Lc 24, 46-53)

    En ce temps-là, Jésus ressuscité, apparaissant à ses disciplesleur dit : « Il est écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. A vous d’en être les témoins. Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’en haut ».

    Puis Jésus les emmena au dehors, jusque vers Béthanie ; et, levant les mains, il les bénit. Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel. Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu.

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * L'Ascension du Seigneur

    Commentaire 4 :

    L’Ascension mène jusqu’à son accomplissement le salut apporté par Jésus pour notre humanité. Celui qui est venu rejoindre l’homme jusqu’au plus profond de sa nuit porte aujourd’hui notre humanité au plus haut des cieux. Comme nous le dit la prière d’ouverture, l’Ascension de Jésus est déjà notre victoire, car avec le Christ, c’est l’humanité qui est introduite dans la gloire de la Trinité, et désormais nous avons un intercesseur auprès du Père. « Il est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu » nous disait l’épître aux hébreux. L’intercession du Christ est déjà une source de grâce pour nous, mais comme homme et tête du corps mystique des croyants, son Ascension est l’inauguration de notre salut.

    Si à l’Annonciation, par l’incarnation du verbe, l’humanité et la divinité se sont à jamais liées, par l’Ascension de Jésus, un homme est accueilli au sein même de la Trinité. Le mouvement descendant du Seigneur pour venir nous chercher ne s’est pas arrêté à la réalité charnelle, mais il a pris ce qui blessait l’homme au plus profond, le péché et la mort. De même, le mouvement ascendant du Christ ne se limite pas à la résurrection de la chair, il va jusqu’à donner à notre humanité ce qui lui était le plus éloigné le partage de la vie trinitaire. Venu d’auprès de Dieu notre Père, il y revient avec notre humanité, Jésus a ainsi ouvert la porte à tous ceux qui, par lui, retrouve la communion avec le Père. « C’est avec pleine assurance que nous pouvons entrer au sanctuaire du ciel grâce au sang de Jésus : nous avons là une voie nouvelle et vivante qu’il a inaugurée en pénétrant au-delà du rideau du sanctuaire ». Par deux fois il franchit ce rideau pour en sortir et pour y revenir. « Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix! Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame, de Jésus Christ, qu’il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Ph. 2, 6-11)

    Par son incarnation, sa vie sur terre, sa mort, et sa descente aux enfers, le Christ Jésus a tout visité, et il entraîne tout vers le Père qui l’établit sur sa maison. Tous ceux qui ont reçu la visite du Fils sont appelés à reconnaître et à témoigner de celui qui est venu dans la chair. En se révélant à nous par son incarnation, et en révélant notre destinée finale par son Ascension, Jésus nous invite à proclamer qu’il est Seigneur. Au ciel, sur terre et aux enfers, toute langue doit attester de l’œuvre de Dieu pour les hommes et toute la création. Les témoins du Christ ne restent pas stupéfaits devant cette œuvre, mais ils retournent joyeux pour rendre grâce.

    C’est ce à quoi nous invitent les anges, il ne faut pas chercher le Christ en scrutant le ciel, car l’Ascension ne l’a pas placé quelque part dans le cosmos. Si Jésus est bien lié à un corps, il n’est plus lié à la corruption et à la mutation, comme l’est encore ce monde dans lequel nous vivons. Il est passé corporellement dans une autre dimension de la réalité où la mort et les dégradations n’ont plus de pouvoir. Il ne sert donc à rien de scruter le monde matériel pour le trouver ou, à l’opposer, nier son existence. La présence actuelle de Jésus à la création est de l’ordre de la Foi. C’est pourquoi seul l’Esprit promis par Jésus peut nous le faire connaître aujourd’hui. Seul l’Esprit du Seigneur peut nous mener à la vérité tout entière.

     * L'Ascension du Seigneur

    Dès lors on comprend que l’Ascension de Jésus n’est pas son départ ni une séparation d’avec ses disciples puis d’avec son Eglise. L’Ascension réalise le salut de l’homme par l’accueil trinitaire et crée l’espace pour l’œuvre de la foi dans le cœur du disciple. Car l’Esprit promis n’est pas le remplaçant temporaire de Jésus en attendant son retour en gloire. Jésus demeure au milieu de nous et l’Esprit Saint est le révélateur de l’œuvre du Seigneur pour nous, c’est lui qui nous donne de connaître Jésus. Dans l’évangile selon St jean, Jésus nous dit : « L’Esprit me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » (Jn 16, 14).

    Et Saint Paul atteste que « nul ne peut dire que Jésus est Seigneur sans l’Esprit saint » (1Co 12, 3). Jésus ne nous promet pas l’Esprit pour suppléer à une absence, mais parce que seul l’Esprit en s’unissant à l’esprit de l’homme peut révéler les mystères de la Foi. Et seul l’Esprit du Seigneur rassemble dans l’unité le Peuple de Dieu et constitue les croyants en corps dont la tête, qui est le Christ, est déjà dans les cieux. En regardant Jésus disparaître à nos yeux nous contemplons la réalisation de notre salut, et en ne scrutant pas indéfiniment le ciel, nous ouvrons notre esprit, notre cœur et notre intelligence à l’Esprit Saint pour accueillir le don de la Foi. Baptisé en recherchant le Christ là où il se donne, au plus intime de nous-même, nous renaissons de l’eau et de l’Esprit à la vie nouvelle dans le Christ.

    Jusqu’à la Pentecôte, nous sommes invités à implorer la venue de l’Esprit saint sur nous-même et sur toute l’Eglise, non pour combler une prétendue absence, mais pour découvrir la nouvelle présence du Christ, pour que se réalise en nous l’œuvre de la Foi. Car « notre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu » (Col 3,3), et « nul ne connaît ce qui concerne Dieu, sinon l’Esprit de Dieu. Or, nous n’avons pas reçu, nous, l’esprit du monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu, pour connaître les dons gracieux que Dieu nous a faits » (1Co 2,11-12).

    Le Carmel en France

     * L'Ascension du Seigneur

    Homélie :

    L’Ascension est un moment si important dans la vie de Jésus et de ses disciples. Pendant quarante jours après la Passion il est apparu à ses amis. C’est dans ce moment unique où s’échangent les dernières paroles de Jésus, moment de tristesse et de promesse. C’est un appel à ne pas se replier sur soi, mais à regarder l’Amour universel qui se donne à Marie et aux Apôtres. L’Esprit Saint, comme à l’Annonciation, donne à chacun le pouvoir d’accueillir la mission reçue de Jésus. Jésus nous fait entrer dans la patience de Dieu, dans sa tendresse et sa miséricorde. Nous allons nous mettre au rythme de l’amour de Dieu : « Mon Dieu, je crois mais augmente ma foi». Comme les Apôtres, nous attendons aujourd’hui l’Esprit Saint : « C’est la force même, le pouvoir, la vigueur qu’il a mis en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les mort et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux ». Il nous faut, dans un acte de foi, accepter un dépassement de nous-mêmes. Dieu est venu parmi nous, il a pris chair de la Vierge Marie, il s’est incarné. Nous affirmons dans l’Eucharistie : « Il est venu, il a souffert, il est mort, il est ressuscité ». C’est dans l’instant éternel de Dieu que son amour infini nous est manifesté maintenant.

    L’Ascension est l’occasion, pour chacun de nous, de considérer tous les moments où dans notre vie, nous avons été amené à quitter un bienfait venu de Dieu. Ce départ a été l’occasion qui révèle une autre présence de Jésus, une autre manière d’être en relation avec lui, alors que notre existence semblait vaciller. C’est l’occasion de faire mémoire, de bénir Dieu pour tout ce qui a été donné, et d’accueillir plus pleinement ce qui s’offre à nous maintenant. Nous vivons dans la nuit de la foi en Jésus qui éclaire notre marche. Déjà dans son abaissement sur la Croix, Jésus était élevé ! Quand il prenait notre condition humaine il descendait aux profondeurs de nos enfers. De l’abaissement dans lequel il est venu nous rejoindre, Jésus nous entraîne avec lui dans le Royaume d’amour de son Père. Il permet ainsi à notre condition humaine, libérée du péché et de la mort, de devenir le lieu de l’action de grâce. Quand nous disons que le Christ est élevé « au-dessus de tout », c’est une ascension de notre condition humaine.

    L’ascension de Jésus est déjà notre victoire. Jésus est venu dans notre chair, notre vie est désormais en lui, en Dieu. Nous vivons dans la foi, l’espérance et dans la charité car il nous faut encore grandir. Nous intensifions notre foi, notre espérance et notre amour car le temps est maintenant assumé par l’instant éternel de Dieu. Notre vie est désormais dans le Christ, elle est cachée dans le cœur de Dieu, alors que nous en vivons déjà sur la terre. « Seigneur, ouvre-nous à la joie», ouvre-nous à l’action de grâce ! Il nous faut accueillir avec une foi plus grande, l’amour de Dieu qui nous est offert. Les épousailles divines se réalisent d’une manière admirable dans mystère de Jésus glorifié. Jésus est l’unique, le Fils bien-aimé du Père. Dans cet unique, nous devenons les enfants du Père. Nous sommes vraiment son corps dans un nouveau mystère de filiation. Quand Dieu prend chair de la Vierge Marie, il fait entrer l’humanité dans l’amour éternel du Dieu Amour, Père, Fils et Saint-Esprit. Dans la foi nous demeurons dans l’amour éternel de Jésus qui vient chez nous, vit, souffre de nos souffrances, fait mourir la mort et ressuscite. Les dons de Dieu nous donnent de vivre déjà les réalités humaines de la terre dans l’Esprit Saint. Nous sommes avec Jésus ressuscité, emporté au ciel, désormais notre vie est en lui, nous sommes en mission avec lui sur notre terre, l’épouse bien-aimée de l’Agneau.

    Père Gilbert Adam

     * L'Ascension du Seigneur

    Prière : Prière au matin de l’Ascension

    Seigneur Jésus,
    quand Tu es monté au ciel,
    les anges disaient aux Onze :
    « Ne restez pas là à regarder vers le ciel ! ».
    Mais quinze jours auparavant,
    Près du tombeau, ces mêmes anges
    n’avaient-ils pas dit aux femmes :
    « Ne regardez pas vers le bas !
    Il n’est pas ici.
    Il est ressuscité !
     »

    Les anges seraient-ils capricieux
    qu’ils changent aussi vite d’idée ?
    Que faire Seigneur Jésus :
    regarder en bas vers la terre,
    ou en haut, vers le ciel ?

    Vers les deux, nous dis-Tu :
    « Je suis au ciel,
    regardez donc en haut, vers moi, et priez.
    Mais je suis aussi sur terre
    dans tous les pauvres, les petits,
    les malades et les pécheurs.
    Il vous reste tant à faire en bas, 
    pour eux
    et pour moi.
    Provisoirement du moins
     »..


    Seigneur Jésus,
    fais nous regarder vers le ciel,
    sans oublier la terre,
    et inversement.
    Car tout ce que nous faisons sur terre
    à ceux qui sont tiens
    c’est à toi que nous le faisons.

    Auteur : Cardinal Godfried Danneels

     * L'Ascension du Seigneur

    Conclusion :

    L’Ascension est un moment-clef de la vie de relation entre Jésus et ses disciples. L’Ascension, c’est ce moment unique où s’échangent les dernières paroles, moment à la fois empreint de tristesse (ce qui a été ne sera plus et cela est su) et de promesse (cette séparation est pour une vie nouvelle, en lien avec la précédente, par la parole donnée).

    Dans ce passage de Luc, aucune dimension affective, un propos objectif, rationnel.

    « Il fallait que… ». Pas une fatalité mais la proposition d’une finalité qui s’ouvre à chacun de nous, l’offre d’un sens large pour tous… être témoin, là où je me trouve de l’ensemble du sens de l’aventure humaine, un appel à ne pas se replier sur soi, sur son particulier, mais un appel à viser large, à viser l’universel qui m’est adressé et auquel je puis répondre en m’offrant… la promesse aussi  d’y être alors pleinement accueilli comme une personne, la promesse de la venue de l’Esprit qui m’aidera, me rejoindra, me donnera de pouvoir tenir cette place pour les autres, tous les autres, en y étant moi-même. Je suis pris dans une relation au mystère qui me fait vivre. J’accueille cette pauvreté radicale… où je fais l’expérience paradoxale, que je vis comme jamais je n’ai pu vivre auparavant…

    L’Ascension est, peut-être, l’occasion pour chacun de nous de (re)considérer tous ces moments où, dans ma vie, j’ai été amené à quitter ou à être quitté dans une promesse que j’avais à croire, tous ces moments où le sens de mon existence semblait toutefois vaciller, tous ces moments où j’étais si fragile…

    Ce départ n’a-t-il pas été l’occasion que se révèle une autre présence, une autre manière d’être en relation avec celui qui est parti, une relation plus spirituelle, où j’y suis plus moi-même si je m’offre… L’Ascension est peut-être l’occasion pour moi de faire mémoire, de dire du bien, de bénir… d’accueillir encore plus pleinement ce qui s’offre à moi depuis ce moment.

     Père Jean-Luc Fabre

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

     * L'Ascension du Seigneur

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS :

    Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. En effet, vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi paraîtrez avec lui dans la gloire. A toi la gloire, ô Christ ressuscité.

    Parole de Dieu – Colossien 3,1-4

    Références :

    https://liturgie.catholique.fr/accueil/annee-liturgique/du-careme-au-temps-pascal/le-temps-pascal/ascension-christ/

    https://www.aelf.org/2019-05-30/romain/messe

    https://www.paroissesaintmaxime.org/commentairesPourSite/12-5-2013.pdf

    https://www.carmel.asso.fr/Ascension-2007-Luc-24-46-53.html

    http://www.pere-gilbert-adam.org/Ascension-du-Seigneur-annee-C.html

    http://users.skynet.be/prier/textes/PR1532.HTM

    http://jardinierdedieu.fr/article-lc-24-46-53-ascension-du-seigneur-c-50274192.html

    Magnificat – Ascension du Seigneur – 30 mai 2019 page 411


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  • Ce samedi 20 avril 2019 n’est pas un jour comme les autres, pour nous, chrétiens, Pauvres Chevaliers du Christ, membres de l’Ordre des Chevaliers du Temple de Jérusalem …

    car ce samedi est le …

     * Samedi Saint

     * Samedi Saint

    Le samedi saint est, pour les chrétiens, un jour de silence, d'attente et de recueillement. Ils méditent sur les souffrances de Jésus-Christ, sa mort et sa mise au tombeau.

     * Samedi Saint

    Le jour séparant la Crucifixion et la Résurrection de Christ a été un jour de deuil et de déroute, les disciples stupéfaits cherchant à comprendre la mort de leur maître, la trahison de Judas et la fin de leur espérance.

    Les églises qui célèbrent le Samedi Saint consacrent traditionnellement cette journée à une réflexion empreinte de tristesse sur les ténèbres qui régneraient dans ce monde sans l’espérance de la Résurrection de Christ.

     * Samedi Saint

    Après avoir fait mémoire et célébré l’ensemble des événements relatifs aux dernières heures de la vie de Jésus, l’Eglise toute entière est plongée dans le silence.

    Le samedi, l’Église se tait. Son Seigneur déposé au tombeau, l’Église vit le silence du deuil. Elle médite sur les événements des derniers jours et prépare son espérance en la Résurrection promise.

     * Samedi Saint

    La célébration de la Résurrection commence le samedi soir lors de la veillée pascale.

    La seule référence biblique portant sur le Samedi Saint se trouve en Matthieu 27.62-66 : le vendredi après le coucher du soleil, le jour de la Préparation, au début du Sabbat qui, pour les Juifs, commence la veille au soir, les principaux sacrificateurs et les Pharisiens ont rendu visite à Ponce Pilate pour lui demander qu’il soit posté des gardes autour le tombeau de Jésus. Ils se souvenaient que Jésus avait annoncé sa résurrection après trois jours (Jean 2.19-21) et voulaient tout faire pour empêcher cela. Comme nous le savons, les gardes romains n’ont pas pu empêcher la résurrection et les femmes qui sont retournées au tombeau le dimanche matin l’ont trouvé vide. Le Seigneur était ressuscité.

     * Samedi Saint

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS en attendant la fête de Pâques :

    Vous le savez : ce n’est pas pour des biens corruptibles, l’argent ou l’or, que vous avez été rachetés de la conduite superficielle héritée de vos pères mais c’est par un sang précieux, celui d’un agneau sans défaut et sans tache, le Christ.

    Dès avant la fondation du monde, Dieu l’avait désigné d’avance et il l’a manifesté à la fin des temps à cause de vous. C’est bien par lui que vous croyez en Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et qui lui a donné la gloire. Ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu.

    Le Christ s’est fait pour nous obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom.

    Parole de Dieu – 1Pierre 1,18-21

    Magnificat samedi 20 avril 2019 – page 152

    Mise en page par le Frère André, G.C.P.


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  • Ce vendredi 19 avril 2019 n’est pas un jour comme les autres, pour nous, chrétiens, Pauvres Chevaliers du Christ, membres de l’Ordre des Chevaliers du Temple de Jérusalem …

    car ce vendredi est le …

     * Vendredi Saint

    Le Vendredi Saint est la commémoration de la Passion et de la Crucifixion de Jésus-Christ. Les chrétiens commémorent l’arrestation, le procès et la mort de Jésus sur la croix.

     * Vendredi Saint

    La mort du Christ et la foi en sa Résurrection sont fondamentaux pour le christianisme.

    Ce jour est célébré dans toutes les églises chrétiennes. Il s'agit d'un jour de tristesse et de méditation sur la signification de cette mort.

     * Vendredi Saint

    L’office du Vendredi Saint comporte le récit de la Passion et la vénération de la croix. Le chemin de croix n’est pas un office liturgique mais un exercice de piété.

     * Vendredi Saint

    Nous renvoyons nos fidèles lecteurs et nos membres à un parchemin publié l’an dernier et par lequel de nombreuses explications ont été fournies à propos de ce moment important pour la chrétienté : la mort de Jésus-Christ.

    Lien vers ce parchemin : Le sens du Vendredi Saint

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS :

    C’étaient nos souffrance qu’i portait, nos douleurs dont il était chargé.

    Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié.

    Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé.

    Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris.

    Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume.  

    Parole de Dieu – Isaïe 53, 4-5  

    Magnificat du vendredi 19 avril 2019 – page 143

    Mise en page par le Frère André, Grand Chancelier Prieural


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  • Ce jeudi 18 avril 2019 n’est pas un jour comme les autres, pour nous, chrétiens, Pauvres Chevaliers du Christ, membres de l’Ordre des Chevaliers du Temple de Jérusalem …

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     * Jeudi Saint

    Le Jeudi Saint célèbre le dernier repas du Christ avec ses douze apôtres.

     * Jeudi Saint

    Au cours de ce repas, la CèneJésus lave les pieds de ses disciples, instituant ainsi ses disciples comme prêtres de la Nouvelle Alliance.

     * Jeudi Saint

    Il prend le pain et le vin, il rend grâce, instituant ainsi le Sacrement de l’Eucharistie.

      * Jeudi Saint   * Jeudi Saint   * Jeudi Saint

    Il annonce que l’heure de l’épreuve approche.

    Nous renvoyons nos fidèles lecteurs et nos membres à un parchemin publié l’an dernier et par lequel de nombreuses explications ont été fournies à propos de ce moment important précédant la Passion du Christ.

    Lien vers ce parchemin : Le sens du Jeudi Saint

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS :

    Nous voyons Jésus couronné de gloire et d’honneur à cause de sa Passion et de sa mort. Si donc il a fait l’expérience de la mort, c’est, par grâce de Dieu, au profit de tous. Celui pour qui et par qui tout existe voulait conduire une multitude de fils jusqu’à la gloire. C’est pourquoi il convenait qu’il mène à sa perfection, par des souffrances celui qui est à l’origine de leur salut.

    Souviens-toi de Jésus-Christ, ressuscité d’entre les morts :

    il est notre salut, notre gloire éternelle.

     * Jeudi Saint

    Parole de Dieu  Hébreux 2, 9b-10

    Magnificat du jeudi 18 avril 2019 – page 82 

    Mise en page par le Frère André, Grand Chancelier Prieural


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  • Publication du 1er novembre 2018 

    Fête de la Toussaint

     * Fête de la Toussaint

    Introduction

    En ce 1er novembre, la liturgie de l'Église nous invite à fêter avec joie et en une seule fête toutes les personnes qui ont obtenu du Christ la grande grâce du Ciel. Après avoir cheminé et peiné sur cette terre d'exil, ces personnes goûtent désormais auprès de Dieu-Trinité d'Amour un bonheur sans fin et toujours renouvelé. À la suite de la Bienheureuse Vierge Marie, l'Église nous invite à désirer ce bonheur avec ardeur.

     * Fête de la Toussaint

    Sens de la fête

    Cette fête chrétienne veut célébrer la victoire du Christ dans la vie de beaucoup d’hommes et de femmes, martyrs ou non, appelés « les Saints » par Paul. Cette célébration nous fait entrer dans la joie de « la communion, dans le Christ, avec nos frères bien aimés qui sont déjà morts, en nous donnant l’espérance qu’ils ont trouvé près de Dieu la véritable vie », nous rappelle le Concile Vatican II.

    Mais c’est bien la multitude des Serviteurs de Dieu dont nous nous souvenons en ce jour : les Patriarches et les Prophètes, les Saints connus et inconnus : « Dieu a essuyé toutes larmes de leurs yeux », et, dans le Royaume, ils sont maintenant dans la béatitude et la louange.

     * Fête de la Toussaint

    La liturgie romaine est marquée par la lecture du chapitre 7 de l’Apocalypse, décrivant le rassemblement des élus autour du trône divin, avec en tête les douze tribus d’Israël. L’Évangile est celui des Béatitudes : ce peuple des petites gens, des humiliés et des laissés pour compte… invités à entrer dans la joie du ciel.

    Cette fête est très ancienne, célébrée, dès les premiers siècles du christianisme, dans le cadre du cycle liturgique de « Pâques à Pentecôte ». Elle reste fixée dans les Églises orthodoxes et les Églises catholiques de rite oriental au dimanche qui suit la Pentecôte. L’Église romaine en déplaça la date à plusieurs reprises et c’est le pape Grégoire IV qui en 835 en ordonna la célébration le 1er novembre, non plus seulement à Rome, mais dans le monde entier. C’est le pape Pie XI qui, en 1914, en fit une fête d’obligation pour les catholiques.

    C’est en 998 que les moines de Cluny instituèrent une Fête des trépassés, le 2 novembre, en y lisant le «Rouleau des défunts». Par la suite, cette coutume entra dans la liturgie romaine comme Commémoration des fidèles défunts.

    Pour notre culture personnelle

    Il n’y a pas de lien entre la Toussaint et Halloween, héritage d’une fête païenne très ancienne célébrant la fin de la moisson, le 31 octobre, dernier jour du calendrier celtique. Des rites folkloriques destinés à chasser les esprits mauvais ont persisté en Irlande, puis aux États-Unis, où elle devint une fête populaire de grande ampleur.

     * Fête de la Toussaint

    Quelques mots de notre père spirituel, saint Bernard de Clairvaux

    « Pourquoi notre louange à l’égard des saints? Pourquoi notre chant à leur gloire ? Pourquoi cette fête même que nous célébrons ? Que leur font ces honneurs terrestres, alors que le Père du ciel, en réalisant la promesse du Fils, les honore lui-même ? De nos honneurs les saints n’ont pas besoin, et rien dans notre culte ne peut leur être utile. De fait, si nous vénérons leur mémoire, c’est pour nous que cela importe, non pour eux. Pour ma part, je l’avoue, je sens que leur souvenir allume en moi un violent désir. Le premier désir, en effet, que la mémoire des saints éveille, ou plus encore, stimule en nous, le voici : nous réjouir dans leur communion tellement désirable et obtenir d’être concitoyens et compagnons des esprits bienheureux, d’être mêlés à l’assemblée des patriarches, à la troupe des prophètes, au groupe des apôtres, à la foule immense des martyrs, à la communauté des confesseurs, au chœur des vierges, bref d’être associés à la joie et à la communion de tous les saints. Cette Église des premiers-nés nous attend, et nous n’en aurions cure ! Les saints nous désirent et nous n’en ferions aucun cas ! Les justes nous espèrent et nous nous déroberions ! Réveillons-nous enfin, frères ; ressuscitons avec le Christ, cherchons les réalités d’en-haut ; ces réalités, savourons-les. Désirons ceux qui nous désirent, courons vers ceux qui nous attendent, et puisqu’ils comptent sur nous, accourons par nos désirs spirituels. Ce qu’il nous faut souhaiter, ce n’est pas seulement la compagnie des saints, mais leur bonheur, si bien qu’en désirant leur présence, nous ayons l’ambition aussi de partager leur gloire, avec toute l’ardeur et les efforts que cela suppose. Car cette ambition-là n’a rien de mauvais : nul danger à se passionner pour une telle gloire. Et voici le second désir dont la commémoration des saints nous embrase : voir, comme eux, le Christ nous apparaître, Lui qui est notre vie, et paraître nous aussi avec Lui dans la gloire. Jusque-là, Il ne se présente pas à nous comme Il est en Lui-même, mais tel qu’Il s’est fait pour nous : notre Tête, non pas couronnée de gloire, mais ceinte par les épines de nos péchés. Il serait honteux que, sous cette tête couronnée d’épines, un membre choisisse une vie facile, car toute la pourpre qui le couvre doit être encore non pas tant celle de l’honneur que celle de la dérision. Viendra le jour de l’avènement du Christ : alors on n’annoncera plus sa mort de manière à nous faire savoir que nous aussi sommes morts et que notre vie est cachée avec lui. La Tête apparaîtra dans la gloire, et avec elle les membres resplendiront de gloire, lorsque le Christ restaurera notre corps d’humilité pour le configurer à la gloire de la Tête, puisque c’est lui la Tête. Cette gloire, il nous faut la convoiter d’une absolue et ferme ambition. Et vraiment, pour qu’il nous soit permis de l’espérer, et d’aspirer à un tel bonheur, il nous faut rechercher aussi, avec le plus grand soin, l’aide et la prière des saints, afin que leur intercession nous obtienne ce qui demeure hors de nos propres possibilités ».

    Extrait d’un Sermon de Saint Bernard de Clairvaux pour la Solennité de la Toussaint

    Lien avec : « Le sens de la Toussaint » publié l'année passée

    Lien avec « La Tousaint » publié précédemment

    Analyse de la liturgie (2018)

    1ère lecture :

     * Fête de la Toussaint

    « Voici une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues ».

    Lecture de l'Apocalypse de saint Jean (Ap 7, 2-4.9-14)

    Moi, Jean, j’ai vu un ange qui montait du côté où le soleil se lève, avec le sceau qui imprime la marque du Dieu vivant ; d’une voix forte, il cria aux quatre anges qui avaient reçu le pouvoir de faire du mal à la terre et à la mer : « Ne faites pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu ».

    Et j’entendis le nombre de ceux qui étaient marqués du sceau : ils étaient cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des fils d’Israël.

    Après cela, j’ai vu : et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues.

    Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main.

    Et ils s’écriaient d’une voix forte : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau ! ».

    Tous les anges se tenaient debout autour du Trône, autour des Anciens et des quatre Vivants ; se jetant devant le Trône, face contre terre, ils se prosternèrent devant Dieu. Et ils disaient : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce,
    honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen !
     ».

    L’un des Anciens prit alors la parole et me dit : « Ces gens vêtus de robes blanches,
    qui sont-ils, et d’où viennent-ils ?
     ». Je lui répondis : « Mon seigneur, toi, tu le sais ».

    Il me dit : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau ».

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * Fête de la Toussaint

    Commentaire 1 a :

    L’Apocalypse est un livre surréaliste, dirait-on aujourd’hui. Codé, en tout cas, par des chiffres, des couleurs, des objets et des personnages symboliques.

    Remarquons d’abord quatre anges dévastateurs, signes de la persécution dans laquelle les chrétiens sont plongés. Mais un autre ange monte du côté où le soleil se lève, du côté d’où viendra le Christ triomphal de la fin des temps. Il marque d’un sceau le front des serviteurs de notre Dieu, coutume antique pour déclarer siens et protéger un objet, une personne. Ce sceau nous a été « imprimé » par le baptême et la confirmation. Nous appartenons à Dieu ; il nous protège, non de l’épreuve, mais dans l’épreuve.

    Ces marqués sont cent quarante-quatre mille. Ce n’est pas beaucoup ; même pas la population d’un département français. Le chiffre est évidemment symbolique : il a comme base de calcul les douze tribus d’Israël, relayées par l’Église chrétienne bâtie sur les douze apôtres du Christ ; douze mille fois douze, c’est le chiffre parfait multiplié par sa perfection. L’Église va donc au ciel dans sa plénitude.

    Une deuxième vision montre l’accomplissement de la première. Jean voit une foule immense que nul ne peut dénombrer... de toute nation, race, peuple et langue. Cette foule est là, debout dans la position du vainqueur. En vêtements blancs, signes de la grâce reçue. Avec des palmes à la main, sans doute une allusion aux cérémonies de victoire quand devant l’empereur ou le général l’armée défilait dans l’amphithéâtre aux cris de salut, honneur... Ou serait-ce une allusion à la fête juive des Tabernacles quand, les palmes à la main, le peuple faisait une procession d’action de grâce pour la libération de l’Égypte et le don de l’Alliance ? En tout cas, le chant est de victoire. Il se clame devant le trône de Dieu et devant l’Agneau pascal, le Christ ressuscité.

    Amen, louange, gloire... probablement une hymne liturgique de la communauté primitive que Jean transpose dans sa vision céleste ; elle doit être la dominante de nos eucharisties.

    Cette foule immense est sauvée, non par ses propres actions, mais par l’action du Christ, par le sang de l’Agneau qui l’a purifiée.

    Vision grandiose que Jean a décrite pour encourager les chrétiens persécutés à tenir bon dans leur foi. A la Toussaint, nous la lisons en portant notre attention plutôt sur le nombre de la plénitude, les cent quarante-quatre mille, sur l’Église qui va au ciel au grand complet - ainsi que sur la foule immense que personne ne peut compter. Réjouissons-nous ! Il n’y aura pas de chaises vides, comme souvent dans nos assemblées ! Le ciel sera plein, la bonté de Dieu triomphera de toutes nos résistances.

    René Ludmann de la Congrégation du Très Saint Rédempteur - Association Episcopale Liturgique pour les pays Francophones (AELF)

     * Fête de la Toussaint

    Commentaire 1 b :

    La foule des baptisés

    « Moi, Jean, j’ai vu » il s’agit donc d’une vision : « Moi, Jean, j’ai vu un ange qui montait du côté où le soleil se lève », et un peu plus loin : « Après cela, j’ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer ». Nous sommes prévenus : la description qui va suivre, et qui, ici, est superbe, grandiose, est d’ordre mystique : il n’est pas question de la prendre au pied de la lettre. Pour la comprendre, il faut nous laisser prendre, elle nous emporte dans un autre monde.

    Lorsque l’apôtre Jean raconte la vision qu’il a eue à Patmos, ses auditeurs comprennent fort bien ce qu’il veut leur dire. Pour nous c’est moins clair. Je vais donc reprendre les éléments les uns après les autres.

    Jean nous décrit une immense procession composée de deux foules distinctes : la première est composée de cent quarante-quatre mille personnes, (bien sûr, c’est un chiffre symbolique) qu’il appelle les serviteurs de Dieu. Ils sont marqués du « sceau qui imprime la marque du Dieu vivant ». C’est le Baptême*. Voici donc le peuple des baptisés : c’est à eux que Jean adresse son Apocalypse.

    * C’était l’usage dans l’armée romaine de marquer les recrues d’un signe sur le front ; de la même manière, le baptisé était devenu soldat du roi des cieux. Le sceau protecteur était également un thème connu de l’Ancien Testament (Ex 12, 7 ; Ez 9, 4).

     * Fête de la Toussaint

    Il décrit ensuite une autre foule : c’est une foule immense, innombrable, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Vous notez au passage qu’il y a quatre termes dans cette énumération : le nombre quatre dans ce genre de textes évoque le monde créé, le cosmos et donc aussi l’humanité (peut-être en référence aux quatre points cardinaux). Cette foule de « toutes nations, tribus, peuples et langues » représente donc l’humanité. Ils sont en vêtements blancs, ce qui veut dire qu’ils ont revêtu la robe des noces. Ensuite, ils se tiennent debout devant le Trône et devant l’Agneau, avec des palmes à la main. La position debout (qui est la posture du ressuscité), la robe nuptiale, les palmes de la victoire, tout nous dit qu’ils sont sauvés.

    Et d’ailleurs, ils le proclament : « Le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône, et par l’Agneau ! ».

    Et pourtant les membres de cette deuxième foule ne sont pas marqués du sceau du Baptême.

    Qui les a introduits dans le salut ? La foule des cent quarante-quatre mille justement. Les cent quarante-quatre mille, je vous ai dit que ce sont les baptisés, les contemporains de saint Jean. Or ils sont à ce moment précis affrontés à une terrible persécution, celle de l’empereur Domitien à la fin du premier siècle.

     * Fête de la Toussaint

    Et la foule innombrable des hommes sauvés

    Je crois que le message de l’Apocalypse aux chrétiens persécutés est le suivant : tenez bon ; votre témoignage portera ses fruits. Dans votre épreuve se trouve le salut de tous les hommes. Grâce à vous, grâce à vos souffrances endurées dans « la grande épreuve » (v. 14) de la persécution, la foule innombrable des nations sera sauvée.

    Évidemment, on peut se poser deux questions : tout d’abord, pourquoi la souffrance des uns entraîne-t-elle le salut des autres? D’autre part, pourquoi Jean parle-t-il ainsi dans un langage tellement codé que nous avons du mal à le déchiffrer. Pourquoi ne parle-t-il pas en clair ?

    À propos de la souffrance des uns qui entraîne le salut des autres, c’est le grand mystère dont le prophète Isaïe parlait dans les chants du serviteur souffrant : il disait que le cœur du bourreau ne peut être touché que par la prise de conscience de la douleur de ses victimes. « Reconnu juste, mon serviteur dispensera la justice », disait Isaïe (Is 53). Zacharie reprenait la même méditation lorsqu’il disait : « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé » (Za 12, 10) et ce jour-là leur cœur sera enfin changé. Et l’Évangéliste Jean lui-même a précisément repris cette phrase dans le récit de la Mort du Christ. Ici, Jean dit la même chose à ses frères persécutés : dans vos souffrances, se trouve le salut de vos frères.

     * Fête de la Toussaint

    Pourquoi saint Jean ne parle-t-il pas en clair ? C’est tout le problème du style de son discours, il s’agit de ce que l’on appelle une « Apocalypse » ; c’est-à-dire que c’est un écrit clandestin qui circule sous le manteau, à la barbe des autorités. Ici, il s’agit des autorités romaines, à la fin du premier siècle après Jésus-Christ. Ce livre s’adresse donc à des croyants qui vivent sous la menace perpétuelle de la persécution. Et donc, il se présente comme tous les messages de réseaux de résistance, avec un langage codé, compréhensible par les seuls initiés. C’est la première caractéristique de ce genre littéraire : tous les écrits apocalyptiques rapportent des visions et emploient des images et des nombres symboliques.

    La deuxième caractéristique des Apocalypses, c’est leur thème. Dans toutes les périodes sombres de l’histoire d’Israël, Dieu a suscité des prophètes dont la mission était de réveiller l’espérance. En période de persécution, le discours tenu pour réveiller les énergies consiste à dire : apparemment vous êtes vaincus, on vous écrase, on vous persécute, on vous élimine. Et vos persécuteurs sont florissants : mais ne perdez pas courage. Les forces du mal ne peuvent rien contre vous. Elles sont déjà vaincues. Les vrais vainqueurs en définitive, c’est vous, les croyants, à l’image du Christ lui-même. Il est l’Agneau apparemment vaincu, égorgé, mais en réalité, il a vaincu le monde, il a vaincu la mort. **

    ** Apocalypse : Jean voit la victoire des pauvres et des petits, non pas comme une revanche mais comme le dévoilement de la victoire de Dieu sur les forces du mal.

     * Fête de la Toussaint

    Alors, on comprend le titre de ce livre « Apocalypse » qui signifie « lever le voile » ; une « apocalypse » est toujours une « révélation », un « dévoilement » au sens de « retirer un voile ». Cet écrit lève le voile de l’apparence (à savoir la domination triomphante de Rome) et il annonce, il révèle la victoire de Dieu et de son Christ sur toutes les forces du mal, si terrifiantes soient-elles.

    Nous retrouvons ces deux caractéristiques dans le texte d’aujourd’hui.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * Fête de la Toussaint

    Psaume : (Ps 23 (24), 1-2, 3-4ab, 5-6)

    R/ Voici le peuple de ceux qui cherchent ta face, Seigneur (cf. Ps 23, 6).

    Au Seigneur, le monde et sa richesse, la terre et tous ses habitants !

    C’est lui qui l’a fondée sur les mers et la garde inébranlable sur les flots.

    Qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ?

    L’homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles.

    Il obtient, du Seigneur, la bénédiction, et de Dieu son Sauveur, la justice.

    Voici le peuple de ceux qui le cherchent ! Voici Jacob qui recherche ta face !

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * Fête de la Toussaint

    Commentaire 2 :

    Comme dans presque tous les psaumes, nous sommes au Temple de Jérusalem : une gigantesque procession s'approche : à l'arrivée aux portes du Temple, deux chorales alternées entament un chant dialogué : «Qui gravira la montagne du Seigneur?» (Vous vous souvenez que le temple est bâti sur la hauteur). « Qui pourra tenir sur le lieu de sa sainteté ? ». Déjà Isaïe comparait le Dieu trois fois saint à un feu dévorant : au chapitre 33, il posait la même question : « Qui de nous tiendra devant ce feu dévorant ? Qui tiendra devant ces flammes éternelles ? » sous-entendu « par nous-mêmes, nous ne pourrions pas soutenir sa vue, le flamboiement de son rayonnement ». C'est le cri de triomphe du peuple élu : admis sans mérite de sa part dans la compagnie du Dieu saint ; telle est la grande découverte du peuple d'Israël : Dieu est le Saint, le tout-Autre. « Saint, Saint Saint le Seigneur, Dieu de l'univers » s'écrie Isaïe pendant l'extase de sa vocation... et en même temps ce Dieu tout-Autre se fait le tout-proche de l'homme et lui permet de « tenir », comme dit Isaïe, en sa compagnie.

    Le chant continue : « l'homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles » : voilà la réponse, voilà l'homme qui peut « tenir » devant Dieu. Il ne s'agit pas ici, d'abord, d'un comportement moral : le peuple se sait admis devant Dieu, sans mérite de sa part. Il s'agit d'abord ici de l'adhésion de la foi au Dieu unique, c'est-à-dire du refus des idoles. La seule condition exigée du peuple élu pour pouvoir « tenir » devant Dieu c'est de rester fidèle au Dieu unique. C'est de « ne pas livrer son âme aux idoles », pour reprendre les termes du psaume. D'ailleurs, si on y regarde de plus près, la traduction littérale serait : « l'homme qui n'a pas élevé son âme vers des dieux vides » : or l'expression « lever son âme » signifie « invoquer ». Nous retrouvons là une expression que nous connaissons bien : « Je lève les yeux vers toi, mon Seigneur ». Même chose dans la fameuse phrase du prophète Zacharie reprise par saint Jean « Ils lèveront les yeux vers celui qu'ils ont transpercé » : « lever les yeux vers quelqu'un » en langage biblique, cela veut dire le prier, le supplier, le reconnaître comme Dieu. L'homme qui peut tenir devant le Dieu d'Israël, c'est celui qui ne lève pas les yeux vers les idoles, comme le font les autres peuples.

    « L'homme au cœur pur » cela veut dire la même chose : le mot « pur » dans la Bible a le même sens qu'en chimie. On dit qu'un corps chimique est pur quand il est sans mélange. Le cœur pur, c'est celui qui se détourne résolument des idoles pour se tourner vers Dieu seul.

    « L'homme aux mains innocentes », c'est encore dans le même sens. Les mains innocentes, ce sont celles qui n'ont pas offert de sacrifices aux idoles, ce sont celles aussi qui ne se sont pas levées pour la prière aux faux dieux.

    Il faut entendre le parallélisme entre les deux lignes (On devrait dire les deux « stiques » : le verset est l'unité de base de la poésie des psaumes. Le verset est composé de deux — parfois trois — membres parallèles appelés « stiques ») de ce verset « L'homme au cœur pur, aux mains innocentes... qui ne livre pas son âme aux idoles ». Le deuxième membre de phrase est synonyme du premier. «L'homme au cœur pur, aux mains innocentes, c'est celui qui ne livre pas son âme aux idoles».

    Nous touchons là à la lutte incessante que les prophètes ont dû mener pour que le peuple élu abandonne définitivement toute pratique idolâtrique ; dans la première lecture, nous avions vu Isaïe aux prises avec le roi Acaz au 8ème siècle. Mais ce ne sera pas fini. Pendant l'Exil à Babylone le peuple sera en contact avec une civilisation polythéiste. Ce psaume chanté au retour de l'Exil réaffirme encore avec force cette condition première de l'Alliance. Israël est le peuple qui, de toutes ses forces, « recherche la face de Dieu », comme dit le dernier verset. L'expression « rechercher la face » était employée pour les courtisans qui voulaient être admis en présence du roi : manière de nous rappeler que, pour Israël, le seul véritable roi, c'est Dieu lui-même.

    Tandis que les idoles ne sont que des « dieux vides » comme on dit, à commencer par le veau d'or sculpté dans le Sinaï pendant l'Exode, au moment où Moïse « avait le dos tourné », parce que Moïse tardait à redescendre de la montagne, où il avait rencontré Dieu, le peuple a fait le siège d'Aaron jusqu'à ce qu'il accepte de leur prendre tout leur or pour en faire le fameux veau. Les prophètes n'ont pas de mots trop sévères pour fustiger ceux qui fabriquent de toutes pièces une statue, pour ensuite s'agenouiller devant.

    Le psaume 115 (113 en liturgie) va dans ce sens : « Leurs idoles sont d'or et d'argent, faites de main d'homme. Elles ont une bouche et ne parlent pas ; elles ont des yeux et ne voient pas ; elles ont des oreilles et n'entendent pas ; elles ont un nez et ne sentent pas ; des mains et elles ne palpent pas ; des pieds et ne marchent pas ; elles ne tirent aucun son de leur gosier... Notre Dieu, lui, est dans les cieux ; tout ce qu'il a voulu, il l'a fait ».

    Cette fidélité au Dieu unique est la seule condition pour être en mesure d'accueillir la bénédiction promise aux patriarches, pour entrer dans le salut promis ; combat jamais tout-à-fait gagné puisque Jésus, à son tour, jugera utile de rappeler « Nul ne peut avoir deux maîtres... ».

    A un deuxième niveau, cette fidélité au Dieu unique entraînera des conséquences concrètes dans la vie sociale : l'homme au cœur pur deviendra peu à peu un homme au cœur de chair qui ne connaît plus la haine. L'homme aux mains innocentes ne fera plus le mal ; le verset suivant « il obtient de Dieu son Sauveur la justice » dit bien ces deux niveaux : la justice, dans un premier sens, c'est la conformité au projet de Dieu ; l'homme juste c'est celui qui remplit fidèlement sa vocation ; ensuite, la justice nous engage concrètement à conformer toute notre vie sociale au projet de Dieu qui est le bonheur de ses enfants.

    En redisant ce psaume, on entend se profiler les Béatitudes : « Heureux les affamés et assoiffés de justice, ils seront rassasiés... Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * Fête de la Toussaint

    Épître : « Nous verrons Dieu tel qu’il est ».

    Lecture de la première lettre de saint Jean (1 Jn 3, 1-3)

    Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes.

    Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu.

    Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté.

    Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est.

    Et quiconque met en lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * Fête de la Toussaint

    Commentaire 3 a :

    Comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblés ! Ce texte de saint Jean lu à l’occasion de la fête de la Toussaint nous rappelle que bien que nous traversions sur terre toutes sortes d’épreuves, nous sommes enfants de Dieu, c’est-à-dire aimés de Dieu, sans réserve et sans condition ! Tout se joue dès aujourd’hui : n’est-ce pas ce que nous enseignent les saints et les témoins du Christ qui, humblement, ont accepté totalement la présence de Dieu dans leur vie ?

    Commentaire d’Évelyne Montigny – Journal « La Croix »

     * Fête de la Toussaint

    Commentaire 3 b :

    L’urgence d’ouvrir les yeux

    « Mes bien-aimés, voyez… » : Jean nous invite à la contemplation parce que c’est la clé de notre vie de foi : savoir regarder. Toute l’histoire humaine est celle d’une éducation du regard de l’homme. « Ils ont des yeux pour voir et ne voient pas », disaient les prophètes : voilà le drame de l’homme. Et que faut-il voir au juste ? L’amour de Dieu pour l’humanité, son dessein bienveillant, comme dirait saint Paul. Saint Jean ne parle que de cela dans ce que nous venons d’entendre.

    Je reprends ces deux points : la thématique du regard, et le projet de Dieu contemplé par Jean. Sur le premier point, le regard, ce thème est développé dans toute la Bible. Et toujours dans le même sens : savoir regarder, ouvrir les yeux, c’est découvrir le vrai visage du Dieu d’amour.

    A l’inverse, le regard peut être faussé : je ne vous citerai qu’un texte.

    Je veux parler de la fameuse histoire d’Adam et Ève dans le jardin d’Eden : c’est bien une affaire de regard. Le texte est admirablement construit. Il commence par planter le décor : un jardin avec des quantités d’arbres. « Le Seigneur Dieu fit germer du sol tout arbre d’aspect attrayant et bon à manger, l’arbre de vie au milieu du jardin et l’arbre de la connaissance de ce qui rend heureux ou malheureux » (Gn 2, 9). Puis Dieu permet de manger des fruits de tous les arbres du jardin, (y compris donc de l’arbre de vie) et il interdit un seul fruit, celui de l’arbre de la connaissance de ce qui rend heureux ou malheureux. C’est alors que le serpent intervient pour poser une question apparemment innocente, de simple curiosité, à la femme. « Vraiment, vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ? » Vous l’avez peut-être remarqué, le seul fait d’avoir prêté l’oreille à la voix du serpent, a déjà un peu faussé le regard de la femme. Puisque désormais c’est l’arbre litigieux qu’elle voit au milieu du jardin et non plus l’arbre de la vie, ce qui est juste le contraire de la vérité. Cela a l’air anodin, mais l’auteur le note exprès, évidemment : « Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin, mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : vous n’en mangerez pas… » Alors le serpent, pour séduire Ève, lui promet « non, vous ne mourrez pas (sous-entendu si vous mangez le fruit interdit), mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux, possédant la connaissance de ce qui rend heureux ou malheureux ». Et le texte continue, toujours sur cette thématique du regard : « Alors la femme vit que l’arbre était bon à manger, séduisant à regarder, précieux pour agir avec clairvoyance ». Vous avez remarqué, en une seule phrase, l’accumulation des mots du vocabulaire du regard. Vous connaissez la suite : la femme prend un fruit, le donne à l’homme et ils en mangent tous les deux ; alors le texte note : « leurs yeux à tous deux s’ouvrirent… ». Mais pour voir quoi ? « Et ils virent qu’ils étaient nus ». Non, ils ne sont pas devenus comme des dieux, comme le Menteur le leur avait prédit, ils ont seulement commencé à vivre douloureusement leur nudité, c’est-à-dire leur pauvreté fondamentale.

    Vous vous demandez quel lien je vois entre ce premier texte de la Bible et celui de saint Jean que nous lisons aujourd’hui ? Tout simplement le récit sur Adam et Ève a toujours été considéré comme donnant la clé du malheur de l’humanité : et Jean, au contraire, nous dit « voyez », c’est-à-dire « sachez voir, apprenez à regarder ». Non, Dieu en donnant un interdit à l’homme n’était pas jaloux de l’homme, il n’y a que des langues de vipère pour insinuer une telle monstruosité. C’est bien le thème majeur de saint Jean : « Dieu est amour » et la vraie vie, pour l’homme, c’est de ne jamais en douter. « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent » dit Jésus, dans l’Évangile de Jean.

    Une multitude de fils

    Dans notre texte d’aujourd’hui, Jean nous dit à sa manière cette réalité que nous devons apprendre à regarder : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu ». Saint Paul, dans la lettre aux Éphésiens, dit : « Il nous a prédestinés à être pour lui des fils adoptifs par Jésus-Christ, ainsi l’a voulu sa bienveillance » (Ep 1, 5). C’est ce qu’il appelle le « dessein bienveillant de Dieu » qui consiste à réunir toute l’humanité en un seul être, dont la tête est Jésus-Christ et dont nous sommes les membres. Jean ne dit pas autre chose : Jésus est le Fils par excellence et nous qui sommes ses membres, nous sommes appelés, c’est logique, enfants de Dieu. Et il continue : « et nous le sommes ». C’est déjà devenu une réalité par notre Baptême qui nous a greffés sur Jésus-Christ, qui a fait de nous ses membres. Paul dit exactement la même chose « Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ » (Ga 3, 27).

    Comme dit encore Jean dans le Prologue de son Évangile : « À ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12). Ceux-là, dès maintenant, sont conduits par l’Esprit de Dieu et cet Esprit leur apprend à traiter Dieu comme leur Père : « Dieu a envoyé dans nos cœurs l’esprit de son Fils qui crie Abba, Père ! » (Ga 4, 4). C’est cela le sens de l’expression « connaître le Père » chez saint Jean. C’est le reconnaître comme notre Père, plein de tendresse et de miséricorde, comme disait déjà l’Ancien Testament.

    En attendant, il y a ceux qui ont cru en Jésus-Christ et ceux qui, encore, s’y refusent. Car tout ceci apparaît lumineux pour les croyants. Mais c’est totalement incompréhensible et, pire, incroyable ou dérisoire, voire même scandaleux pour les non-croyants. C’est un thème habituel chez Jean : « Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu » au sens de « reconnu ». Comme dit Jean : « Voilà pourquoi le monde ne peut pas nous connaître : puisqu’il n’a pas découvert Dieu ». Traduisez : parce qu’il n’a pas encore eu le bonheur d’ouvrir les yeux. À ceux qui ne le connaissent pas encore, c’est-à-dire qui ne voient pas encore en lui leur Père, il nous appartient de le révéler par notre parole et par nos actes. Alors, quand le Fils de Dieu paraîtra, l’humanité tout entière sera transformée à son image. On comprend pourquoi Jésus disait à la Samaritaine « Si tu savais le don de Dieu ! ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * Fête de la Toussaint

    Évangile : « Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 5, 1-12a)

    En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :
    « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
    Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
    Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
    Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
    Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
    Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
    Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
    Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
    Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
    Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux !
     ».

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

     * Fête de la Toussaint

    Commentaire 4 :

    Le don des larmes

    Commençons par ce qui risque de nous choquer : « Heureux ceux qui pleurent ». Qui d’entre nous oserait dire une chose pareille devant quelqu’un qui pleure ? Et souvenons-nous que Jésus a passé une grande partie de son temps à consoler, guérir, encourager les hommes et les femmes qu’il rencontrait. Si Jésus a consacré du temps à guérir ses contemporains, cela veut dire que toute souffrance et en particulier la maladie et l’infirmité sont à combattre. Il ne faut donc certainement pas lire « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés » comme si c’était une chance de pleurer ! Ceux qui, aujourd’hui pleurent de douleur ou de chagrin ne peuvent pas considérer cela comme un bonheur !

    Tout d’abord, il faut s’entendre sur le mot « heureux » : les auditeurs de Jésus le connaissaient bien car il était très habituel dans l’Ancien Testament. Contrairement à ce que nous imaginons, ce n’est pas un constat de bonheur du genre « tu en as de la chance ! », c’est un encouragement à tenir bon. André Chouraqui le traduisait « En marche » : sous-entendu, « Tu es bien parti. Tu es bien en marche vers le royaume. » On peut l’entendre aussi comme « Tiens bon, garde le cap ». Adressée à des gens qui pleurent, cela voudrait dire : « Ne vous laissez pas décourager, ne changez pas de ligne de vie pour autant ».

    Ensuite, sans parler des larmes de bonheur, évidemment, il y a des larmes qui sont bénéfiques : celles du repentir de saint Pierre, par exemple, dont parle le Pape Benoît XVI dans son livre sur Jésus. C’est là que l’on fait l’expérience de la miséricorde de Dieu. Il y a également celles que nous versons lorsque nous nous laissons toucher par la souffrance ou le chagrin des autres. Dans ces cas-là, nous sommes sur le bon chemin, nos cœurs de pierre sont en train de devenir des cœurs de chair, pour reprendre l’expression du prophète Ézéchiel. On pourrait dire la même chose lorsque nous pleurons devant la cruauté de certains, devant ce que j’appellerais la dureté du monde.

    NB : D’après Ézéchiel, seront marqués d’un signe spécial au Jour du Jugement, ceux qui auront pleuré devant les douleurs et les méfaits du monde (Ez 9, 4).

     * Fête de la Toussaint

    Enfin, il y a là très certainement, de la part de Jésus l’annonce que le temps du Messie est venu, le temps où s’instaurera le bonheur promis à l’humanité.

    Je reviens à la première béatitude : « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à eux ». Il me semble que cette béatitude-là contient toutes les autres, qu’elle est le secret de toutes les autres. Évidemment, ce n’est pas une idéalisation de la pauvreté matérielle : la Bible présente toujours la pauvreté comme un mal à combattre ; mais d’abord, il faut bien dire que ce n’étaient pas les gens socialement influents, importants qui formaient le gros des foules qui suivaient Jésus ! On lui a assez reproché de frayer avec n’importe qui !

    Deuxièmement, le mot « pauvres » dans l’Ancien Testament n’a pas toujours un rapport avec le compte en banque : les « pauvres » au sens biblique (les « anavim ») ce sont ceux qui n’ont pas le cœur fier ou le regard hautain, comme dit un psaume ; on les appelle « les dos courbés » : ce sont les petits, les humbles du pays, dans le langage prophétique. Ils ne sont pas repus, satisfaits, contents d’eux, il leur manque quelque chose. Alors Dieu pourra les combler. Nous retrouvons ici sous la plume de Matthieu un écho de la parabole du pharisien et du publicain : le pharisien pourtant extrêmement vertueux ne pouvait plus accueillir le salut de Dieu parce que son cœur était plein de lui-même ; le publicain, notoirement pécheur, se tournait vers Dieu et attendait de lui son salut, il était comblé.

     * Fête de la Toussaint

    Heureux les pauvres, les richesses de Dieu sont à vous

    La qualité dont il s’agit ici, c’est « l’esprit de pauvreté », c’est-à-dire la qualité de « celui qui a pour refuge le nom du Seigneur », comme le dit Sophonie, celui qui a besoin de Dieu, celui qui reçoit tout de Dieu comme un cadeau : celui qui prie humblement  « Kyrie eleison », Seigneur prends pitié. Et qui attend de Dieu et de lui seul tout ce dont il est question dans les autres Béatitudes : être capable de miséricorde, c’est-à-dire de pardon et de compassion, être artisan de paix, être doux, ou non-violent, être affamé et assoiffé de justice ; car tout cela est cadeau ; et nous ne pouvons mettre véritablement ces talents au service du Royaume que quand nous les recevons dans cet esprit. Au fond, la première Béatitude, c’est celle qui nous permet de recevoir toutes les autres. Heureux, les pauvres : mettez votre confiance en Dieu : Il vous comblera de ses richesses … SES richesses… « Heureux » … cela veut dire « bientôt on vous enviera » !

    Tous ceux qui attendent tout de Dieu, comme le publicain, sont assurés que leur recherche sera exaucée parce que Dieu ne se dérobe pas à celui qui cherche : « Qui cherche trouve, à qui frappe, on ouvrira », dira Jésus un peu plus loin dans ce même discours sur la montagne. Ceux qui cherchent Dieu de tout leur cœur, ce sont ceux-là que les prophètes appellent également les « purs » au sens d’un cœur sans mélange, qui ne cherche que Dieu.

    Alors, effectivement, ces béatitudes sont, comme leur nom l’indique, des bonnes nouvelles. Quelques lignes avant cet Évangile des Béatitudes, Matthieu disait : « Jésus proclamait la bonne nouvelle du royaume ». La bonne nouvelle c’est que le regard de Dieu n’est pas celui des hommes (cela encore c’est une prédication habituelle des prophètes). Les hommes recherchent le bonheur dans l’avoir, le pouvoir, le savoir. Mais ceux qui cherchent Dieu savent que ce n’est pas de ce côté-là qu’il faut chercher. Dieu se révèle aux doux, aux miséricordieux, aux pacifiques. « Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups » disait Jésus à ses disciples.

    De cette manière, Jésus nous apprend à poser sur les autres et sur nous-mêmes un autre regard. Il nous fait regarder toutes choses avec les yeux de Dieu lui-même et il nous apprend à nous émerveiller : il nous dit la présence du Royaume là où nous ne l’attendions pas : la pauvreté du cœur, la douceur, les larmes, la faim et la soif de justice, la persécution… Cette découverte humainement si paradoxale doit nous conduire à une immense action de grâces : notre faiblesse devient la matière première du Règne de Dieu.

    Autre bonne nouvelle : de cela nous sommes tous capables !

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * Fête de la Toussaint

    Homélie : Tous les saints

    1. Les Béatitudes sont vraiment la perle de l’Évangile, elles sont un portrait de Jésus et nous décrivent ses traits. Jésus nous donne le sens de chacun de ses miracles, de chacune de ses paraboles. Nous voulons les garder en mémoire, au fond de nous. Nous gardons les Béatitudes dans notre cœur, en voyant Jésus agir, en entendant ses paroles, en l’écoutant, nous savons ce que signifie avoir le cœur pur, être pauvre, doux, miséricordieux ou artisan de paix. Heureux ceux qui refusent la volonté de puissance, ceux qui acceptent de combattre sans haïr, ceux qui savent ne pas abuser de leurs forces, ceux qui laissent toujours aux autres un espace où être libres et les moyens de se dépasser. C’est la douceur même du Christ qui pouvait dire : « Chargez-vous de mon joug, et mettez-vous à mon école car je suis doux et humble de cœur ». La fraîcheur de l’Évangile nous apparaît, elle nous amène au réalisme chrétien qui est à base de vérité intérieure et d’accueil filial de ce que Dieu fait, de miséricorde inlassable envers le monde. Jésus ne parle jamais de lui, il explique que la semence, c’est la Parole, et les sols qui la reçoivent correspondent à nos diverses situations humaines ou spirituelles. Il a soif que toute l’humanité sortie du cœur de son Père, soit ramenée vers Dieu. Les béatitudes sont un chemin pour nous faire pénétrer dans l’amour de la Trinité, « je suis le Chemin », dit Jésus.
    2. La première béatitude de Jésus s’adresse à tous ceux qui ont un cœur assez pauvre pour se retrouver petit devant Dieu, les mains ouvertes pour recevoir de lui seul la force et l’espérance. Le mot de « pauvre, » a déjà une longue histoire quand Jésus a prononcé les Béatitudes. Avant, le pauvre était l’homme courbé, abaissé, opprimé, incapable de résister et de tenir tête, celui qui devait toujours céder aux puissants. L’accent était mis sur l’humiliation du pauvre qui fait figure d’homme paisible, soumis, mais qui met sa confiance en Dieu et attend de lui son secours. Nous jugeons sur des signes extérieurs trompeurs de richesse ou de pauvreté, Dieu, lui regarde le cœur, car on peut être riche avec un cœur de pauvre, et pauvre avec un cœur de riche. Dieu a une tendresse spéciale pour ceux qui manquent de tout. Tout comme une mère garde des trésors de patience et de compréhension pour celui de ses enfants qui est le plus fragile et le plus démuni.
    3. Les Béatitudes nous emmènent jusqu’à la croix où, dans sa souffrance, Jésus s’adresse avec douceur à sa mère : « Femme, voici ton fils », puis au disciple bien-aimé : « Voilà ta mère ». Dieu aime tout homme comme il est, dans un monde où les relations sont durcies, et où nous dressons des barrières. Jésus les détruit, il arrive là où la haine parasite dans le cœur la justice et la liberté.

    Le monde « dominateur, jouisseur, orgueilleux » veut se sauver par lui-même et il fait tourner autour de lui toutes choses. Ce monde est à l’intérieur de chacun de nous et tous les Saints sont sortis vainqueurs de ce combat. Marie nous est donnée, elle est devenue la Reine de tous les Saints. Notre Espérance est de prendre ce chemin de l’ouverture à l’autre, le Chemin de l’Amour en regardant vers Jésus. Notre joie est immense, dans le combat de l’amour nous sommes heureux, car nous pouvons aspirer au Royaume. Heureux, nous marchons à la suite de Jésus et de Marie, nous savons que notre Chemin est sûr. Aujourd’hui nous renouvelons notre espérance dans le Royaume.

    Père Gilbert Adam

     * Fête de la Toussaint

    Prières :

    1. Demandons la Grâce d’entendre ces Paroles de Vie pour prendre le Chemin des Béatitudes, le chemin de l’Amour.

    Père Gilbert Ada

    2. « Seigneur, Toi qui est source de vie et de bonheur, donne à tout homme ce bonheur auquel il aspire et pour lequel tu l’as créé, Toi qui vis et règnes, maintenant et toujours, pour les siècles des siècles. Amen ».

    Les prières universelles

    Conclusion :

     * Fête de la Toussaint

    Un bonheur pour aujourd’hui

    Le baptême nous fait entrer dans une condition radicalement nouvelle qu’exprime la robe « blanchie par le sang de l’Agneau » (Ap 7, 14). « Dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté » (1 Jn 3, 2). À sa manière, Paul dira la même chose : « Vous êtes ressuscités avec le Christ. Vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire » (Col 3, 1. 3-4).

    Lorsque nous célébrons la fête de tous les saints, nous contemplons notre avenir… qui est déjà là ! La victoire finale nous est déjà donnée en partage. Comme le cavalier blanc de l’Apocalypse, nous partons en vainqueur et pour vaincre encore (cf. Ap 6, 2).

    Les Béatitudes nous livrent comme une anticipation du ciel. Elles sont un don de grâce du Seigneur Jésus à ceux qui, se mettant à sa suite, entreront progressivement dans cette pauvreté de cœur qui les rendra compatissants, doux, affamés de justice, miséricordieux, purs de cœur, artisans de paix, osant s’aventurer dans le mystère de la passion du Seigneur et de sa Croix. Parce qu’ils partagent sa vie, Jésus leur donne de goûter déjà, ici et maintenant, au bonheur du ciel. Car le bonheur des Béatitudes n’est pas pour demain, mais pour aujourd’hui. Notre condition d’enfants de Dieu ouvre pour nous une « joie que rien, pas même la mort, ne pourra nous ravir », dit la bénédiction solennelle de la nuit de Pâques. C’est cette joie, fruit de la résurrection du Seigneur, qui évangélise véritablement.

    Père Emmanuel Schwab, curé de la paroisse Saint-Léon (Paris)

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

     * Fête de la Toussaint

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS :

    L’intention de l’Église est d’honorer aujourd’hui tous les saints ensemble.

    Je les aime, je les invoque, je m’unis à eux, je joins ma voix aux leurs pour louer Celui qui les a faits saints.

    Que volontiers je m’écrie avec cette Église céleste :

    Saint, Saint, Saint, à Dieu seul la gloire !

    Que tout s’anéantisse devant lui !

    Je vois des saints de tous les âges, de tous les tempéraments, de toutes les conditions : il n’y a donc ni âge, ni tempérament, ni condition qui excluent de la sainteté.

    Ils ont eu au dehors les mêmes obstacles, les mêmes combats que nous : ils ont eu au dedans les mêmes répugnances, les mêmes sensibilités, les mêmes tentations, les mêmes révoltes de la nature corrompue.

    Ils ont eu des habitudes tyranniques à détruire, des rechutes à réparer, des illusions à craindre, des relâchements flatteurs à rejeter, des prétextes plausibles à surmonter, des amis à redouter, des ennemis à aimer, un orgueil à saper par le fondement, une humeur à réprimer, un amour-propre à poursuivre sans relâche, jusque dans les derniers replis du cœur.

    Ah ! Que j’aime à voir les saints faibles comme moi, toujours aux prises avec eux-mêmes !

    J’en vois dans la retraite, livrés aux plus cruelles tentations.

    J’en vois dans les prospérités les plus redoutables et dans le commerce du siècle le plus empesté.

    O grâce du Sauveur, vous éclatez partout, pour mieux montrer votre puissance, et pour ôter toute excuse à ceux qui vous résistent. Il n’y a ni habitude enracinée, ni tempérament violent ou fragile, ni croix accablante, ni prospérités empoisonnées qui puissent nous excuser si nous ne pratiquons pas l’Évangile.

    Dirai-je avec le monde insensé : Je veux bien me sauver, mais je ne prétends pas être un saint ?

    Ah ! Qui peut opérer son salut sans la sainteté ?

    Rien d’impur n’entrera au royaume des cieux ; aucune tâche n’y peut entrer : si légère qu’elle puisse être, il faut qu’elle soit effacée, et que tout soit purifié jusque dans le fond par le feu vengeur de la justice divine, ou en ce monde, ou en l’autre.

    O sainteté de mon Dieu, aux yeux duquel les astres mêmes ne sont pas assez purs !

    O Dieu juste ! Qui jugerez toutes nos justices imparfaites, mettez la vôtre au dedans de mes entrailles pour me rendre pur.

    François de Salignac de La Mothe-Fénelon dit Fénelon

    Références :

    https://www.ajcf.fr/La-Toussaint-1er-novembre.html

    http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-4380952.html

    https://www.aelf.org/2018-11-01/romain/messe

    https://www.portstnicolas.org/chantier-naval/textes-et-commentaires-des-dimanches-et-fetes/annees-abc/tous-les-saints-1-11-commentaire.html

    http://thierry.jallas.over-blog.com/2015/10/commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-b-tous-les-saints-1er-novembre-2015.html

    http://www.pere-gilbert-adam.org/Toussaint.html

    http://www.saintdominique-paris.com/spip.php?article2324

    http://www.prionseneglise.fr/Dimanche-en-eglise/Mardi-1er-novembre-2016

    http://ursulines.union.romaine.catholique.fr/Meditation-pour-la-Toussaint


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  • Fête de la Transfiguration du Seigneur

     * La Transfiguration

    Introduction : le sens de la fête

    Qu’est-ce que la fête de la Transfiguration ?

    La fête de la Transfiguration du Seigneur célèbre le jour où, sur le mont Thabor, le Christ Jésus, devant ses Apôtres Pierre, Jacques et Jean, manifesta sa gloire de Fils bien-aimé du Père, en présence de Moïse et d’Élie apportant le témoignage de la Loi et des Prophètes.

     * La Transfiguration

    Description

    Au moment de commencer sa montée vers sa Passion, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène sur une montagne, le mont Thabor selon la tradition.

    Là, il est transfiguré devant eux et reçoit du Père ce témoignage : « Celui-ci est Mon Fils bien-aimé ».

    Au jardin des Oliviers, au soir de son arrestation, ce sont les mêmes, Pierre, Jacques et Jean, que Jésus prendra avec lui.

    Ce n'est pas une coïncidence.

    Ceux qui allaient le voir défiguré (« Il n'avait plus figure humaine » avait annoncé le prophète Isaïe) ce sont eux qui devaient, auparavant, l'avoir vu transfiguré : le Jésus Fils de Dieu est le même que le Jésus crucifié.

     * La Transfiguration

    Histoire

    La Fête de la Transfiguration est très ancienne dans l'Orient Chrétien. Elle fut très tôt fixée au 6 août, en plein été.

    Au 10ème siècle, elle devint même, par décision de l'empereur, fête chômée dans tout l'empire byzantin.

    En Occident, après avoir été longtemps fête locale, elle fut constituée fête universelle après la victoire qui stoppa l'avance turque en 1456.

    La date liturgique de sa célébration fut choisie d'après la pratique des Églises Orientales.

    Avec le Baptême du Christ, c'est une fête de Théophanie, c'est-à-dire de manifestation du Christ comme Fils de Dieu.

    Elle est célébrée en ce jour – 6 août – par l'Église d'Occident et tous les Orientaux byzantins, syriens et coptes.

    L'Église arménienne la reporte au dimanche suivant.

     * La Transfiguration

    Quarante jours avant l’Exaltation de la Croix, la Transfiguration du Seigneur rappelle comment Le Christ voulut « préparer le cœur de ses disciples à surmonter le scandale de la Croix », mais elle est aussi une annonce de la « merveilleuse adoption » qui fait de tous les croyants des fils de Dieu en Son Fils Jésus, et de la clarté dont resplendira un jour le corps entier de l’Église.

    Missel romain, messe de la Transfiguration, prière d’ouverture

     * La Transfiguration

    La Transfiguration est un épisode de la vie de Jésus-Christ relaté par les Évangiles. Il s'agit d'un changement d'apparence corporelle de Jésus pendant quelques instants de sa vie terrestre, pour révéler sa nature Divine aux trois disciples, qui devaient être témoins de Sa douloureuse agonie au jardin des Oliviers : Pierre, Jacques et Jean.

    Les trois témoins gardèrent le secret, mais plus tard ce fait extraordinaire servit admirablement à tous les Apôtres pour prouver la Divinité du Sauveur. Il leur servit aussi pour supporter avec courage les épreuves de leur apostolat.

    Le mot « transfiguration » procède en français de la traduction latine du mot grec « metamorphosis » (métamorphose).

    Cet état physique, considéré comme miraculeux, est rapporté dans trois des quatre Évangiles : Matthieu 17, 1-9 ; Marc 9, 2-9 ; Luc 9, 28-36

    Bible de la liturgie AELF

     * La Transfiguration

    Analyse de la liturgie de ce jour

    1ère lecture : « Son habit était blanc comme la neige ».

     * La Transfiguration

    Lecture du livre du prophète Daniel (Dn 7, 9-10.13-14)

    La nuit, au cours d’une vision, moi, Daniel, je regardais : des trônes furent disposés, et un Vieillard prit place ; son habit était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête, comme de la laine immaculée ; son trône était fait de flammes de feu, avec des roues de feu ardent.

    Un fleuve de feu coulait, qui jaillissait devant lui. Des milliers de milliers le servaient, des myriades de myriades se tenaient devant lui. Le tribunal prit place et l’on ouvrit des livres.

    Je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui.

    Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent.

    Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    Commentaire 1 a :

    Devant les persécutions et les menaces, le prophète Daniel n'a jamais abandonné sa foi. Après avoir interprété les visions des autres, Daniel raconte celles qu'il a eues et qui dévoilent les événements à venir. Pour Jésus, dans la prise de conscience de sa mission de Messie Sauveur, cette vision prophétique de Daniel a été une référence centrale. L’expression « Fils d’homme » signifie que le sauveur promis sera bel et bien un humain, et non pas un extraterrestre fantomatique et irréel. Daniel donne la clef de sa vision, le « Fils d’homme » représente le peuple des saints du Très-haut ». Ce peuple reçoit la domination sur tous. Dieu ne les a pas abandonnés, il leur prépare un avenir de prospérité où ils vivront enfin en paix.

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    Commentaire 1 b :

    Dans le cadre des Évangiles, on peut remarquer trois choses : premièrement, Jésus dit : « Fils de l’homme » au lieu de « Fils d’homme ». Deuxièmement, Jésus est bien le seul à employer cette expression « Fils de l’homme ». Troisièmement, Jésus modifie aussi en profondeur la représentation du Fils d’homme : chez Daniel, c’était une image de victoire, de royauté. Jésus, lui, dit que le Fils de l’homme doit souffrir.

    Premièrement, Jésus dit : « Fils de l’homme » au lieu de Fils d’homme. Fils d’homme voulait dire « un homme », mais « Fils de l’Homme » veut dire l’Humanité. En s’appliquant ce titre à lui-même, Jésus se révèle donc comme le porteur du destin de l’humanité tout entière. Ce qui est une grande audace, certainement, aux yeux de ses contemporains ! Saint Paul veut dire la même chose quand il l’appelle le nouvel Adam.

    Deuxièmement, on trouve l’expression « Fils de l’homme » plus de quatre-vingts fois dans les Évangiles, mais curieusement, toujours dans la bouche de Jésus : il est le seul à l’employer, personne d’autre ne lui attribue ce titre, on peut se demander pourquoi. Car le livre de Daniel était bien connu. Mais justement, s’il était bien connu, on ne pouvait certainement pas reconnaître ce titre à Jésus : d’abord, parce que le Fils de l’homme vient sur les nuées du ciel. Or Jésus ne venait pas du ciel... il venait comme tout le monde d’une famille bien humaine, d’un petit village de rien du tout, Nazareth... D’autre part, on savait que le Fils de l’homme n’était pas un individu isolé, mais un peuple, ce que Daniel appelait «le peuple des Saints du Très-Haut». Les contemporains de Jésus n’étaient certainement pas tentés d’identifier Jésus de Nazareth, le charpentier, avec «le peuple des saints du Très-Haut» !... et encore moins avec l’humanité tout entière.

    Troisièmement, enfin, Jésus a apporté une modification de fond à la représentation classique du Fils de l’homme. Il reprend bien les termes du livre de Daniel (c’est-à-dire une image de victoire) « On verra le Fils de l’homme venir, entouré de nuées, dans la plénitude de la puissance et de la gloire » (Mc 13, 26), mais il y ajoute tout un aspect de souffrance : (toujours chez Marc) « Il enseignait ses disciples et leur disait : Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes. Ils le tueront ... » (Mc 9, 31).

    Après sa Résurrection, tout est devenu lumineux pour ses disciples : d’une part, il mérite bien ce titre de Fils de l’homme sur les nuées du ciel, lui qui est à la fois homme et Dieu. D’autre part, Jésus est le premier-né de l’humanité nouvelle, la Tête, et il fait de nous un seul Corps : à la fin de l’histoire, nous serons tellement unis que nous serons avec lui comme «un seul homme» !... Avec lui, greffés sur lui, nous serons « le peuple des Saints du Très-Haut ».

    Alors nous découvrons la merveille à laquelle nous osons à peine croire : le « dessein bienveillant » de Dieu est de faire de nous un peuple de rois ...! C’était cela son projet, dès le début, lorsqu’il créait l’humanité. Le livre de la Genèse le disait déjà : «Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu Il le créa ; mâle et femelle Il les créa. Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la» (Gn 1, 27-28).

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * La Transfiguration

    Psaume : (Ps 96, 1-2, 4-5, 6.9)

    R/ Le Seigneur est roi, le Très-Haut sur toute la terre (Ps 96, 1a.9a)

    Le Seigneur est roi ! Exulte la terre ! Joie pour les îles sans nombre !

    Ténèbres et nuées l'entourent, justice et droit sont l'appui de son trône.

    Quand ses éclairs illuminèrent le monde, la terre le vit et s'affola ; les montagnes fondaient comme cire devant le Seigneur, devant le Maître de toute la terre.

    Les cieux ont proclamé sa justice, et tous les peuples ont vu sa gloire.

    Tu es, Seigneur, le Très-Haut sur toute la terre, tu domines de haut tous les dieux.

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    Commentaire 2 :

    Bien sûr, aujourd’hui, à la lumière de la Résurrection du Christ, quand nous disons « le Seigneur est roi », nous le pensons de Jésus-Christ. Mais ce psaume a d’abord été composé pour célébrer le Dieu d’Israël ; pour le moment, commençons donc par le méditer tel qu’il a été composé. « Le Seigneur est roi ! » Dès les premiers mots de ce psaume, nous savons qu’il a été écrit pour honorer Dieu comme le seul roi, le roi devant lequel tous les roitelets de la terre doivent courber la tête! Dieu est le seul Dieu, le seul Seigneur, le seul roi... si les psaumes et toute la Bible y insistent tant, c’est que cela n’allait pas de soi ! La lutte contre l’idolâtrie a été le grand combat de la foi d’Israël. Nous lisons ici : « Tu domines de haut tous les dieux » et un autre verset dit : « À genoux devant lui, tous les dieux ! »

    Entendons-nous bien : ces phrases ne sont pas une reconnaissance qu’il y aurait d’autres dieux mais inférieurs !...  « Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est le Seigneur UN », c’est le premier article du credo juif. Des phrases comme « à genoux devant lui, tous les dieux » ou « tu domines de haut tous les dieux » sont parfaitement claires dans la mentalité biblique : un seul être au monde mérite qu’on se mette à genoux devant lui, c’est Dieu, le Dieu d’Israël, le seul Dieu. Toutes les génuflexions qu’on peut faire devant d’autres que Dieu ne sont que de l’idolâtrie. C’est bien d’ailleurs pour cela que Jésus a été condamné et exécuté : il a osé se prétendre Dieu lui-même. C’est donc un blasphémateur et tout blasphémateur doit être retranché du peuple élu. Élu précisément pour annoncer au monde le Dieu unique.

    Il faut dire que tous les peuples alentour sont polythéistes. Même le Pharaon Akhenaton, vers 1350 av. J. - C, n’était pas réellement monothéiste. Et tout au long de l’histoire biblique, le peuple élu a  été en permanence au contact de peuples polythéistes, idolâtres. Et sa foi a chancelé plus d’une fois... À ce moment-là les prophètes comparaient Israël à une épouse infidèle ; ils la traitaient d’adultère, de prostituée... Mais aussi et en même temps, chaque fois, ils assuraient le peuple élu du pardon de Dieu.

    Une autre trace dans la Bible de cette lutte contre l’idolâtrie, ce sont toutes les ressources dont les écrivains disposent pour affirmer que Dieu est Unique. L’exemple le plus frappant en est peut-être le premier chapitre de toute la Bible, le premier récit de la Création dans le premier chapitre de la Genèse. Ce texte a été écrit par les prêtres pendant l’Exil à Babylone, donc au sixième siècle av. J. - C. À cette époque-là, à Babylone, on croit que le ciel est peuplé de dieux, rivaux entre eux, d’ailleurs, et ceux qui ont décidé de fabriquer l’homme ont bien l’intention d’en faire leur esclave : le bonheur de l’homme est le dernier de leurs soucis. La Création a été faite à partir des restes du cadavre d’une déesse monstrueuse et l’homme lui-même est un mélange : il est mortel, mais il renferme une parcelle divine qui provient du cadavre d’un dieu mauvais.

    Les prêtres d’Israël vont donc se démarquer très fort de ces représentations qui sont aux antipodes du projet de Dieu. Pour commencer, on va répéter que la Création n’est que bonne : pas de mélange monstrueux à partir du cadavre d’un dieu mauvais vaincu. C’est pourquoi, génialement, on a inséré ce refrain « et Dieu vit que cela était bon ». Ensuite, pour bien affirmer qu’il n’y a qu’un dieu, sans équivoque possible, pour qu’on ne soit pas tenté d’honorer le soleil comme un dieu, ou la lune comme une déesse, on ne va même pas les nommer. Le texte dit : « Et Dieu fit les deux grands luminaires, le grand luminaire pour présider au jour et le petit luminaire pour présider à la nuit ». Ils sont réduits à leur fonction utilitaire : deux ampoules en somme. Les voilà remis à leur place, si l’on peut dire ! Et enfin et surtout,  Dieu crée l’homme à son image et à sa ressemblance et il en fait le roi de la Création : l’homme à l’image de Dieu, il fallait bien une Révélation pour qu’on puisse oser y croire !

    Ici, dans ce psaume, une autre façon de marquer la grandeur unique de Dieu consiste à décrire de grands bouleversements cosmiques lorsqu’il apparaît : feu, éclairs, nuage, ténèbres, tremblements de terre : « Quand ses éclairs illuminèrent le monde, la terre le vit et s’affola ; les montagnes fondaient comme cire devant le Maître de toute la terre... ». Chaque fois qu’on rencontre une description de ce genre, c’est un rappel de la grande rencontre de Moïse avec Dieu sur le mont Sinaï.

    Enfin, encore une chose très intéressante dans ce psaume, la juxtaposition des deux parties de la première ligne : « Le Seigneur est roi ! Exulte la terre ! »... Cela veut dire que la royauté de Dieu s’étend à toute la terre et cela pour le bonheur et l’exultation de toute la terre ! Une fois de plus, nous rencontrons cette note d’universalisme si importante dans la découverte biblique : « Les cieux ont proclamé sa justice, et tous les peuples ont vu sa gloire ». Pourquoi est-ce dit au passé ? Parce que, déjà, les peuples ont pu voir les merveilles que Dieu a accomplies pour son peuple. Mais on attend le Jour où la terre tout entière reconnaîtra enfin vraiment la justice de Dieu. Alors on pourra vraiment chanter : « Joie pour les îles sans nombre !... Tous les peuples ont vu sa gloire ». Dans d’autres versets qui, malheureusement, n’ont pas été retenus pour cette fête, c’est la notion de l’élection d’Israël qui est une fois de plus elle aussi réaffirmée : « Pour Sion qui entend, grande joie ! Les villes de Juda exultent devant tes jugements, Seigneur ! » (Verset 8). Ces deux aspects : élection d’Israël et salut de l’humanité tout entière sont toujours liés dans les textes bibliques. Autre dimension très présente, elle aussi, la joie : parce que le projet de Dieu sur l’humanité est un projet de joie. Rappelez-vous, quand il eut achevé la Création, « Dieu vit tout ce qu’il avait fait : voilà c’était très bon ! » (Gn 1, 31).

    Tout ceci ne paraît-il pas utopique lorsque l’actualité politique semble dénier tout espoir de paix et de joie ? C’est le moment ou jamais pour les croyants d’affirmer la volonté de Dieu de voir s’instaurer la paix et de croire contre toutes les apparences contraires que nous en avons les moyens...

    Encore faudrait-il la désirer vraiment.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Épître : « Cette voix venant du ciel, nous l’avons nous-mêmes entendue ».

     * La Transfiguration

    Lecture de la deuxième lettre de saint Pierre Apôtre (2 P 1, 16-19)

    Bien-aimés, ce n’est pas en ayant recours à des récits imaginaires sophistiqués que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais c’est pour avoir été les témoins oculaires de sa grandeur.

    Car il a reçu de Dieu le Père l’honneur et la gloire quand, depuis la Gloire magnifique, lui parvint une voix qui disait : « Celui-ci est mon Fils, mon bien-aimé ; en lui j’ai toute ma joie ». Cette voix venant du ciel, nous l’avons nous-mêmes entendue quand nous étions avec lui sur la montagne sainte.

    Et ainsi se confirme pour nous la parole prophétique ; vous faites bien de fixer votre attention sur elle, comme sur une lampe brillant dans un lieu obscur jusqu’à ce que paraisse le jour et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    Commentaire 3 :

    La deuxième lettre de Pierre ressemble à un discours d'adieu : au moment de partir, celui qui s'en va rappelle les vérités fondamentales qui l'ont animé et donne des orientations pour l'avenir à ceux qui se sont rassemblés autour de son témoignage. Les versets qui nous sont proposés ici sont une introduction à l'ensemble de la lettre et en résument brièvement les principaux thèmes : premièrement, restez fermes dans la foi à Jésus-Christ, fils de Dieu. Deuxièmement, gardez-vous des faux prophètes. Tout ceci sans perdre de vue ce qui constitue l’horizon de la foi, à savoir l’espérance du retour du Christ.

    Premièrement, restez fermes dans la foi à Jésus-Christ, fils de Dieu : au moment de la naissance de Jésus, il ne serait venu à l’idée de personne que Dieu pût avoir un Fils. Le Dieu unique était solitaire. Quand Jean Baptiste entend la voix du ciel qui désigne Jésus comme Fils, il traduit certainement Messie. Car, traditionnellement, le roi d’Israël recevait le titre de Fils de Dieu le jour de son sacre, avec la formule « Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré » (Ps 2, 7). Pour les Juifs croyants, se dire Fils de Dieu relevait soit du mensonge, soit de la prétention, voire du blasphème. C’est d’ailleurs l’un des motifs de la condamnation de Jésus (cf Mc 14, 64). Peu à peu, beaucoup plus tard, en méditant le mystère du Christ à la lumière de la Résurrection, les apôtres ont découvert cette vérité inattendue : Jésus est vraiment le Fils de Dieu, il est Dieu. L’évènement de la Transfiguration leur apparaît désormais en pleine lumière : le Christ a « reçu du Père l’honneur et la gloire quand, depuis la Gloire magnifique, lui parvint une voix qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en lui j’ai mis tout mon amour ». Or la gloire, dans tout l’Ancien Testament, est une prérogative de Dieu : par exemple dans les psaumes « Donnez (au sens de reconnaissez) au Seigneur la gloire de son nom » (Ps 28/29, 2). Pourtant, d’après Matthieu et Marc, la voix venue du ciel n’a pas dit autre chose à la Transfiguration qu’au Baptême. Ce qui diffère, c’est la gloire, justement, dont est nimbé Jésus à la Transfiguration : il est seul, sur la montagne, entouré seulement des deux plus hautes figures de l’Ancien Testament. Au Baptême, il était noyé dans la foule, mêlé au peuple des pécheurs. C’est le même Jésus que les disciples ont peu à peu appris à connaître, fils d’homme, assurément, mais aussi Fils de Dieu.

    Cette foi renouvelée n’est pourtant pas pour les disciples de Jésus une trahison de leur foi passée : aucun d’entre eux ne pense avoir changé de religion en reconnaissant en Jésus le Messie de Dieu tant attendu par leur peuple. Au contraire, en relisant les Écritures, ils découvrent que Jésus est bien celui qu’elles annonçaient. D’où la phrase de Pierre : « Ainsi se confirme pour nous la parole prophétique » et le conseil qu’il donne à ses lecteurs : « Vous faites bien de fixer votre attention sur elle, comme sur une lampe brillant dans un lieu obscur ». Belle image : dans les ténèbres de l’humanité qui attend son sauveur, brille déjà la lumière des prophètes. Désormais les Chrétiens devront se remémorer sans cesse cette Parole qui annonçait Jésus.

    Deuxièmement, dit Pierre, gardez-vous des faux prophètes. Visiblement, cette crainte n’était pas sans objet, car de nombreux passages du Nouveau Testament manifestent le même souci ; par exemple l’évangile de Matthieu : « Gardez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous vêtus en brebis, mais qui au-dedans sont des loups rapaces. C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » (Mt 7, 15-16). Même chose apparemment dans l’entourage de Jean : « N’ajoutez pas foi à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu. Car beaucoup de prophètes de mensonge se sont répandus dans le monde » (1 Jn 4, 1) et de Paul : « L’Esprit le dit expressément : Dans les derniers temps, certains renieront la foi, s’attacheront à des esprits séducteurs et à des doctrines inspirées par les démons » (1 Tm 4, 1)...

    « Viendra un temps, en effet, où certains ne supporteront plus la saine doctrine, mais, au gré de leurs propres désirs et l’oreille leur démangeant, s’entoureront de quantités de maîtres. Ils détourneront leurs oreilles de la vérité, vers les fables ils se retourneront » (2 Tm 4, 3). Face à ces faux prophètes se dressent les témoins authentiques, ceux qui ont connu Jésus de Nazareth et ont, seuls, droit à la parole. Cette préoccupation de l’authenticité du témoignage est constante chez les premiers apôtres en général et chez Pierre en particulier. D’où les conditions avancées pour le choix du remplaçant de Judas : « Il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a marché à notre tête, à commencer par le Baptême de Jean jusqu’au jour où il nous a été enlevé : il faut donc que l’un d’entre eux devienne avec nous témoin de sa Résurrection » (Ac 1, 21). D’où également ici l’insistance de Pierre sur sa propre présence au moment de la Transfiguration : « Nous l’avons contemplé lui-même dans sa grandeur... Cette voix venant du ciel, nous l’avons nous-mêmes entendue quand nous étions avec lui sur la montagne sainte ». C’est parce qu’ils ont été témoins de la venue du Fils de Dieu parmi les hommes que ses apôtres peuvent désormais en toute assurance attendre sa venue à la fin des temps « jusqu’à ce que paraisse le Jour et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * La Transfiguration

    Évangile : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé »

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (Mc 9, 2-10)

    En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux.

    Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.

    Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus.

    Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie ».

    De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande.

    Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! ».

    Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.

    Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.

    Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ».

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    Commentaire 4 :

    JÉSUS LEUR ORDONNA DE NE RACONTER À PERSONNE

    « Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts ». On peut se demander pourquoi Jésus donne une telle consigne de secret à ses disciples.

    Tout d’abord, qu’ont-ils vu ? Jésus leur est apparu ici en gloire sur une montagne entre deux des plus grandes figures d’Israël : Moïse le libérateur, celui qui a transmis la Loi. Et Élie le prophète de l’Horeb. Nous qui connaissons la fin de l’histoire, si j’ose dire, nous savons (ce que les disciples ne savent pas encore) que, quelque temps plus tard, Jésus sera sur une autre montagne, crucifié entre deux brigands.

    Jésus, lui, sait bien que la plus grande difficulté de la foi des apôtres sera de reconnaître dans ces deux visages du Messie l’image même du Père : « Qui m’a vu a vu le Père » dira Jésus à Philippe la veille de sa mort (Jn 14, 9). Je crois qu’on a là une phrase-clé du mystère du Christ.

    Car ces deux images, la gloire et la souffrance, sont les deux faces du même amour de Dieu pour l’humanité tel qu’il s’est incarné en Jésus-Christ. Comme dit saint Paul dans la lettre aux Romains, l’amour de Dieu est « manifesté » (rendu visible) en Jésus-Christ (Rm 8, 39). Et, à plusieurs reprises, Jésus lui-même a fait le lien entre gloire et souffrance en parlant du Fils de l’homme. Mais il est encore trop tôt pour que les disciples comprennent et acceptent ce mystère du Messie souffrant. C’est pour cela, probablement, que Jésus leur recommande de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, « jusqu’à ce que le Fils de l’homme ressuscite d’entre les morts ».

    Je reprends cette phrase : « Jésus leur défendit de raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts ». Et Marc nous dit qu’ils ont obéi tout en se demandant ce que pouvait bien vouloir dire «ressusciter d’entre les morts». On peut penser que les disciples croyaient bien à la résurrection des morts, comme la majorité des Juifs de leur époque, mais qu’ils l’imaginaient seulement pour la fin des temps. Et donc, ils ne voyaient peut-être pas le sens de cette consigne de silence « jusqu’à la résurrection des morts » c’est-à-dire « jusqu’à la fin des temps » !

    Autre surprise pour eux, certainement, ce titre de Fils de l’homme que, visiblement, Jésus s’attribuait à lui-même : quand il parlait du Fils de l’homme, on pensait tout de suite au prophète Daniel qui parlait du Messie en l’appelant « fils d’homme ». Mais ce « fils d’homme » était en réalité un être collectif, puisque le prophète l’appelait aussi « le peuple des Saints du Très-Haut ». A l’époque de Jésus, cette idée d’un Messie collectif était courante dans certains milieux, dans lesquels on parlait volontiers aussi du Reste d’Israël, c’est-à-dire le petit noyau fidèle qui sauverait le monde.

    Mais, évidemment, Jésus, à lui tout seul, ne pouvait pas être considéré comme un être collectif ! Là encore, il faudra attendre la Résurrection et même la Pentecôte pour que les disciples de Jésus de Nazareth comprennent que Jésus a pris la tête du «peuple des Saints du Très-Haut» et que tous les baptisés de par le monde sont invités à ne faire qu’un avec lui pour sauver l’humanité.

    Deux bonnes raisons donc pour les inviter à ne pas raconter tout de suite ce qu’ils n’avaient pas encore compris. En attendant, il leur est demandé d’écouter, seul chemin pour entrer dans les mystères de Dieu : « Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, écoutez-le ».

     * La Transfiguration

    « CELUI-CI EST MON FILS BIEN-AIMÉ, ÉCOUTEZ-LE »

    L’expression « Écoutez-le » retentit aux oreilles des apôtres comme un écho de cette profession de foi qu’ils récitent tous les jours, puisqu’ils sont Juifs, « Shema Israël », « Écoute Israël ».

    C’est un appel à la confiance quoi qu’il arrive. Confiance qui sera durement éprouvée dans les mois qui viennent : car la Transfiguration a lieu au moment-charnière du ministère de Jésus : le ministère en Galilée se termine, Jésus va maintenant prendre le chemin de Jérusalem et de la croix. Le titre de « Bien-Aimé » va dans le même sens : car c’était l’un des noms que le prophète Isaïe donnait à celui qu’il appelait le Serviteur de Dieu. Il disait que ce Messie connaîtrait la souffrance et la persécution pour sauver son peuple.

    Mais Jésus estime que tout cela doit encore demeurer secret : précisément parce que les disciples ne sont pas encore prêts à comprendre (et les foules encore moins) le mystère de la Personne du Christ : cette lueur de gloire de la Transfiguration ne doit pas tromper ceux qui en ont été spectateurs : ce n’est pas la marque du succès et de la gloire à la manière humaine, c’est le rayonnement de l’amour. On est loin des rêves de triomphe politique et de puissance magique qui habitent encore les apôtres et qui les habiteront jusqu’à la fin. En leur donnant cette consigne de silence, Jésus leur fait entrevoir que seule la Résurrection éclairera son mystère.

    Pour l’instant, il faut redescendre de la montagne, résister à la tentation de s’installer ici à l’écart, sous la tente, mais au contraire affronter l’hostilité, la persécution, la mort.

    La vision s’est effacée : « Ils ne virent plus désormais que Jésus seul ». Cette phrase résonne comme un rappel de la réalité présente, inéluctable.

    La gloire du Christ, bien réelle, ne le dispense pas des exigences de sa mission. Peut-être la consigne de silence qu’il donne à ses disciples traduit-elle sa volonté de ne pas se soustraire à ce qui l’attend et de surmonter pour lui-même la tentation d’y échapper ?

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Concernant la Transfiguration, ne manquez pas de relire notre publication de l’an dernier : LIEN

    Commentaires de la fête de la Transfiguration

     * La Transfiguration

    Commentaire général du Pape Jean-Paul II

    Très chers frères et sœurs !

    C'est aujourd'hui, 6 Août, la Fête de la Transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ, Fête liturgique que les Chrétiens d'Orient et d'Occident célèbrent le même jour. [...]
    Selon le récit évangélique d'aujourd'hui, Jésus « fut transfiguré » devant Pierre, Jacques et Jean : « son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière » (Mt 17, 2).

    A travers le voile de l'humanité se révéla Le Fils de Dieu, « Lumière de la Lumière ». Et cela fut confirmé par une voix mystérieuse provenant de l'au-delà: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur, écoutez-le » (Mt 17, 5).

    Nous nous trouvons face à une véritable épiphanie : la manifestation au monde du Fils de Dieu. [...]

    La Fête de la Transfiguration rappelle à la mémoire mon bien-aimé prédécesseur, le Serviteur de Dieu Paul VI, décédé précisément le 6 août 1978.

    Il fut un prédicateur inspiré de la Transfiguration, dans laquelle il contemplait tout le mystère du Christ, vrai homme et vrai Dieu.

    A l'homme contemporain, souvent tourmenté par mille appels trompeurs, Paul VI indique, avec un Amour passionné et une doctrine savante, Le Christ, « Maître, Pasteur, Lumière de l'âme ».

    « Il est nécessaire – affirmai-il dans une homélie – et nous ne pouvons nous passer de Lui. Il est notre richesse, notre joie et notre bonheur, notre promesse et notre espérance; notre chemin, notre vérité et notre vie » (Insegnamenti, III [1965], 1192).

    Que la Vierge Marie, que Paul VI vénérait avec une affection filiale, aide tous les Chrétiens à être des témoins fidèles du Seigneur.

    Qu'il soutienne en outre l'effort que les Chrétiens des diverses confessions accomplissent pour avancer avec courage sur le chemin de la pleine unité.

     * La Transfiguration

    Au terme de l'Angélus, le Saint-Père s'est adressé aux pélerins francophones :

    « En cette Fête de la Transfiguration, je souhaite aux personnes de langue française d'accueillir avec générosité la lumière de l'Évangile pour qu'elle éclaire toute leur existence et leur donne d'être au milieu de leurs frères des témoins ardents du Christ, ‘’Lumière des peuples’’ ». [...]

    La Transfiguration est donc une Fête de la Gloire, une percée jusqu’au terme de l’histoire du Salut, qui est l’entrée plénière dans la Vie Divine Trinitaire.

    Si Moïse et Élie sont « vus dans la Gloire » (Lc 9, 31), c’est en raison de l’expérience partielle qu’ils eurent de cette Gloire au Sinaï (cf. Ex 33, 18-23 ; 1 R 19, 9-14) ; la mention des tentes par Pierre – même s’il ne savait pas ce qu’il disait (Lc 9, 33) – est une allusion à la Tente de la Rencontre où Yahvé et Moïse conversaient face à face (Ex 33, 7-11).

    La nuée évoque aussi la présence de Dieu à son Peuple dans l’Exode (13, 21-22 ; 19, 9 ; 33, 9-10).

    La voix du Père, qui dit la parole même en laquelle il engendre le Fils, manifeste que l’entrée dans la Gloire – celle du Fils (cf. Jn 17, 22-24) – n’est possible pour nous que si nous écoutons Jésus pour le suivre.

    La Transfiguration est un appel à la Gloire et un rappel du chemin de souffrances qui y mène.

    L’Église, en célébrant la Fête de la Transfiguration, demande au Père qu’il nous accorde « d’écouter la voix de Son Fils bien-aimé, afin de pouvoir un jour partager avec Lui son héritage ».

    Pape Saint Jean-Paul II - 6 août 2000 - Castel Gandolfo

     * La Transfiguration

    Un avant-goût du Royaume : la Transfiguration

    À partir du jour où Pierre a confessé que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, le Maître « commença de montrer à ses disciples qu'il lui fallait s'en aller à Jérusalem, y souffrir (...) être mis à mort et, le troisième jour, ressusciter » (Mt 16, 21) : Pierre refuse cette annonce (cf. Mt 16, 22-23), les autres ne la comprennent pas davantage (cf. Mt 17, 23 ; Lc 9, 45).

    C'est dans ce contexte que se situe l'épisode mystérieux de la Transfiguration de Jésus (Mt 17, 1-8), sur une haute montagne, devant trois témoins choisis par lui : Pierre, Jacques et Jean. Le visage et les vêtements de Jésus deviennent fulgurants de lumière, Moïse et Élie apparaissent, lui « parlant de son départ qu'il allait accomplir à Jérusalem » (Lc 9, 31). Une nuée les couvre et une voix du ciel dit : « Celui-ci est mon Fils, mon Élu ; écoutez-le » (Lc 9, 35).

    Pour un instant, Jésus montre sa gloire divine, confirmant ainsi la confession de Pierre. Il montre aussi que, pour « entrer dans sa gloire » (Lc 24, 26), il doit passer par la Croix à Jérusalem. Moïse et Élie avaient vu la gloire de Dieu sur la Montagne ; la Loi et les prophètes avaient annoncé les souffrances du Messie (cf. Lc 24, 27). La passion de Jésus est bien la volonté du Père : le Fils agit en Serviteur de Dieu (cf. Is 42, 1). La nuée indique la présence de l'Esprit Saint : « Toute la Trinité apparut : le Père dans la voix, le Fils dans l'homme, l'Esprit dans la nuée lumineuse » (S. Thomas d'A., s. th. 3, 45, 4, ad 2) :

    Tu t'es transfiguré sur la montagne, et, autant qu'ils en étaient capables, tes disciples ont contemplé ta Gloire, Christ Dieu afin que lorsqu'ils Te verraient crucifié, ils comprennent que ta passion était volontaire et qu'ils annoncent au monde que Tu es vraiment le rayonnement du Père.

    Liturgie byzantine, Kontakion de la fête de la Transfiguration

     * La Transfiguration

    Au seuil de la vie publique : le Baptême ; au seuil de la Pâque : la Transfiguration. Par le Baptême de Jésus « fut manifesté le mystère de notre première régénération » : notre Baptême ; la Transfiguration «est le sacrement de la seconde régénération» : notre propre résurrection (S. Thomas d'A., s. th. 3, 45, 4, ad 2). Dès maintenant nous participons à la Résurrection du Seigneur par l'Esprit Saint qui agit dans les sacrements du Corps du Christ.

    La Transfiguration nous donne un avant-goût de la glorieuse venue du Christ « qui transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire » (Ph 3, 21). Mais elle nous rappelle aussi qu' « il nous faut passer par bien des tribulations pour entrer dans le Royaume de Dieu » (Ac 14, 22) : cela Pierre ne l'avait pas encore compris quand il désirait vivre avec le Christ sur la montagne (cf. Lc 9, 33). Il t'a réservé cela, Pierre, pour après la mort. Mais maintenant il dit lui-même : Descend pour peiner sur la terre, pour servir sur la terre, pour être méprisé, crucifié sur la terre. La Vie descend pour se faire tuer ; le Pain descend pour avoir faim ; la Voie descend, pour se fatiguer en chemin ; la Source descend, pour avoir soif ; et tu refuses de peiner ? (S. Augustin, serm. 78, 6 : PL 38, 492-493). 

    Du Catéchisme de l'Église Catholique, § 554-556 - Site officiel du Vatican

     * La Transfiguration

    Le 6 août, nous célébrons la mémoire de la Sainte TRANSFIGURATION

    de Notre Seigneur Dieu et Sauveur JÉSUS-CHRIST

    Six jours après avoir déclaré à Ses disciples : « Il en est ici qui ne goûteront pas la mort avant d'avoir vu le Royaume de Dieu venu en puissance » (Mat. 16:28, Marc 9:l), Jésus prit avec lui Ses Disciples préférés: Pierre, Jacques et Jean; et les emmenant à l'écart, il monta sur une montagne élevée: le mont Thabor en Galilée, pour y prier.

    Il convenait en effet que ceux qui allaient assister à Son agonie à Gethsémani et qui seraient les témoins privilégiés de Sa Passion, fussent préparés à cette épreuve par le spectacle de Sa Gloire.

    Pierre, car il venait de confesser sa Foi en Sa divinité. Jacques, car il fut le premier à mourir pour Le Christ. Et Jean qui témoigna de son expérience de la Gloire Divine en faisant retentir comme « fils de tonnerre », la théologie du Verbe venu dans la chair.

    Il les fit monter sur la montagne, en signe de l'ascension spirituelle qui, de vertu en vertu, conduit à la charité, vertu suprême qui ouvre l'accès à la Contemplation de Dieu.

    Cette ascension était en fait le résumé de toute la vie du Seigneur qui, revêtu de notre faiblesse, nous a frayé le Chemin vers Le Père, en nous enseignant que l'hésychia est la mère de la prière et que c'est la prière qui nous manifeste la Gloire de Dieu.

    « Et comme Il priait, soudain, l'aspect de Son visage devint autre, Il Se transfigura et brilla comme le soleil, tandis que Ses vêtements devinrent resplendissants, d'un blanc fulgurant, tel qu'aucun foulon sur la terre ne peut blanchir » (Marc 9:3).

    Le Verbe de Dieu incarné manifesta ainsi la splendeur naturelle de la Gloire Divine, qu'Il possédait en Lui-même et qu'Il avait gardée après Son Incarnation, mais qui restait cachée sous le voile de la chair.

    Dès le moment de Sa conception dans le sein de la Vierge, en effet, la Divinité s'est unie sans confusion avec la nature de la chair, et la Gloire Divine est devenue, hypostatiquement, gloire du corps assumé.

    Ce que Le Christ manifestait ainsi à Ses disciples au sommet de la montagne n'était donc pas un spectacle nouveau, mais la manifestation éclatante de la Divinisation en Lui de la nature humaine — y compris le corps — et de son union avec la splendeur Divine.

    Alors que le visage de Moïse avait resplendi d'une gloire qui venait de l'extérieur après la révélation du mont Sinaï (cf. Ex. 34:29), le visage du Christ apparut au Thabor comme une source de lumière, source de la Vie Divine rendue accessible à l'homme, et qui se répandait aussi sur ses « vêtements », c'est-à-dire sur le monde extérieur et sur les produits de l'activité et de la civilisation humaines.

    « Il est transfiguré, assure Saint Jean Damascène, non pas en assumant ce qu'Il n'était pas, mais en montrant à Ses disciples ce qu'Il était, leur ouvrant les yeux et, d'aveugles qu'ils étaient, les faisant voyants ».

    Le Christ ouvrit les yeux de Ses disciples, et c'est d'un regard transfiguré par la puissance de L'Esprit Saint que ces derniers virent la lumière Divine indissociablement unie à Son corps.

    Ils furent donc eux-mêmes transfigurés, et c'est dans la prière qu'ils purent voir et connaître le changement advenu à notre nature du fait de son union avec le Verbe.

    St Grégoire Palamas

    « Tel est le soleil pour les choses sensibles, tel est Dieu pour les spirituelles » (St Grégoire le Théologien), c'est pourquoi les Évangélistes rapportent que le visage du Dieu-Homme, qui est la « lumière véritable qui éclaire tout homme venant en ce monde » (Jn 1:9), brillait comme le soleil.

    Mais cette lumière était en fait incomparablement supérieure à toute lumière sensible et, incapables de supporter Son éclat inaccessible, les disciples tombèrent à terre.

    Lumière immatérielle, incréée et intemporelle, elle était le Royaume de Dieu venu dans la puissance du Saint-Esprit, conformément à ce que Le Seigneur avait promis à Ses disciples.

    Entrevue alors pour un instant, cette lumière deviendra l'héritage permanent des élus dans le Royaume, quand Le Christ viendra à nouveau, resplendissant dans tout l'éclat de Sa Gloire. Il reviendra dans la lumière, dans cette lumière qui a brillé au Thabor et qui a jailli du tombeau le jour de Sa Résurrection, et qui, se répandant sur l'âme et le corps des élus, les fera resplendir eux aussi « comme le soleil » (cf. Mat. 13:43).

    « Dieu est lumière, et Sa vue est lumière ». De la même manière que les Disciples au sommet du Thabor, de nombreux Saints ont été témoins de cette révélation de Dieu dans la lumière.

    Toutefois la lumière n'est pas pour eux seulement objet de Contemplation, mais elle est aussi la grâce défiante qui leur permet de "voir" Dieu, de sorte que se vérifient les paroles du Psalmiste : « Dans ta lumière, nous verrons la lumière » (Ps. 35:10).

    Au sein de cette vision glorieuse, apparurent aux côtés du Seigneur Moïse et Élie, les deux sommets de l'Ancien Testament, représentant respectivement la Loi et les Prophètes, qui lui portaient témoignage en tant que maître des vivants et des morts.

    Et ils s'entretenaient avec Lui, dans la lumière, de l' « Exode qu'Il allait accomplir à Jérusalem », c'est-à-dire de Sa Passion, car c'est par la Passion et par la Croix que cette Gloire devait être donnée aux hommes.

    Étant sortis d'eux-mêmes, ravis dans la Contemplation de la lumière Divine, les Apôtres étaient comme accablés de sommeil et, « ne sachant pas ce qu'il disait, Pierre dit à Jésus : "Maître, il est bon que nous soyons ici, et si tu veux nous ferons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie" ».

    Détournant Son disciple de ce désir trop humain, qui consistait à se contenter de la jouissance terrestre de la lumière, Le Seigneur leur montra alors une « tente » meilleure et un Tabernacle de beaucoup supérieur pour abriter Sa Gloire.

    Une nuée lumineuse vint les couvrir de Son ombre, et la voix du Père Se fit entendre au sein de cette nuée, portant témoignage au Sauveur : « Celui-ci est Mon Fils bien-aimé, en Qui Je Me suis complu; écoutez-Le ».

    Cette nuée représentait la Grâce de L'Esprit d'adoption; et, comme lors de Son Baptême au Jourdain, la voix du Père rendait ainsi témoignage au Fils et manifestait que les trois Personnes de la Sainte Trinité, toujours unies, collaborent au Salut de l'homme.

    La lumière de Dieu, qui avait d'abord permis aux Disciples de « voir » Le Christ, les fit accéder à un état supérieur à la vision et à la connaissance humaine quand elle brilla plus intensément.

    Sortant de tout ce qui se voit ainsi que d'eux-mêmes, ils entrèrent alors dans la ténèbres supra-lumineuse, dans laquelle Dieu fait Sa retraite (cf. Ps. 17:12), et « fermant la porte de leurs sens », ils y reçurent la révélation du Mystère Trinitaire, qui transcende toute affirmation et toute négation.

    Encore insuffisamment préparés à la révélation de tels mystères, car ils n'étaient pas encore passés par l'épreuve de la Croix, les disciples en furent fort effrayés.

    Mais quand ils relevèrent la tête, ils virent Jésus, seul, ayant retrouvé Son aspect habituel, qui s'approcha d'eux et les rassura.

    Puis, descendant de la montagne, Il leur recommanda de garder le silence sur ce qu'ils avaient vu, jusqu'à ce que Le Fils de l'Homme se relève d'entre les morts.

    La Fête d'aujourd'hui est donc par excellence celle de la Divinisation de notre nature humaine et de la participation de notre corps corruptible aux biens éternels, qui sont au-dessus de la nature.

    Avant même d'accomplir notre Salut par sa Passion, le Sauveur montra alors que le but de Sa venue dans le monde était précisément de conduire tout homme à la Contemplation de Sa Gloire Divine.

    C'est pour cette raison que la Fête de la Transfiguration a connu une faveur particulière parmi les Moines, qui ont Consacré toute leur vie à la quête de cette lumière.

     * La Transfiguration

    Synthèse de recherches mise en page parle Frère André B.

    Références :

    Pour le sens de la fête :

    http://reflexionchretienne.e-monsite.com/pages/les-fetes-catholiques/aout-2012/transfiguration-de-notre-seigneur-jesus-fete-le-06-aout.html

    Pour les textes de la liturgie de ce jour :

    https://www.aelf.org/2018-08-06/romain/messe

    Pour l’analyse de la liturgie :

    http://thierry.jallas.over-blog.com/2017/07/commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-a-la-transfiguration-du-seigneur-6-aout-2017.html

    http://thierry.jallas.over-blog.com/2015/02/commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-b-2e-dimanche-de-careme-1er-mars-2015.html


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