• Parchemin 10

    200722 – Liturgie du 22 juillet 2020 – Fête de Marie-Madeleine

    Sainte Marie-Madeleine

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Introduction

    Depuis vingt siècles, l’étonnante figure de Marie-Madeleine subjugue l’Occident. Peut-on savoir qui elle était vraiment, quelle fut sa vie ? Pour y répondre remontons aux sources : les évangiles. Là est l’essentiel de son portrait.

    Extrait du site conçu par le sanctuaire de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume

    Méditation préliminaire

    Seigneur notre Dieu, c’est à Marie-Madeleine que ton fils bien-aimé a confié la première annonce de la joie pascale ; accorde-nous, à sa prière et à son exemple, la grâce d’annoncer le Christ ressuscité et de Le contempler un jour dans ta gloire, Lui qui règne avec toi.

    Extrait du Magnificat – Suggestion de notre Frère Chapelain

    La sainte de ce jour

    Délivrée par Jésus de l’emprise de « sept démons », elle se décida à le suivre. Fidèle jusqu’au bout, elle fut présente lors de la crucifixion et le premier témoin de la Résurrection au matin de Pâques. Les Pères de l’Église l’appellent «l’apôtre des apôtres». C'est à Vézelay, dans la Basilique Sainte-Marie-Madeleine, que sont conservées ses reliques. La Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, achevée en 1532 est le plus important édifice religieux de style gothique bâti en Provence.

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Extrait de « Prions en Église » et de « Wikipédia »

    Mémoire ou fête ?

    Le 22 juillet du calendrier liturgique était jusqu’alors l’occasion de célébrer la mémoire (dite obligatoire) de Marie-Madeleine : désormais ce sera une célébration d’un rang plus important, puisqu’il s’agira d’une fête. Ce changement prend effet dès l’été 2016. La décision, voulue par le Pape François, est annoncée dans un décret de la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des sacrements. Cette décision se situe dans le contexte ecclésial actuel qui impose une réflexion plus approfondie sur la dignité de la femme, la nouvelle évangélisation et la grandeur du mystère de la miséricorde divine.

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Marie de Magdala tient un rôle particulier dans les Saintes Écritures : elle est la première à rencontrer le Christ ressuscité. Elle est la première à lui rendre témoignage devant les Apôtres. Ce rôle a été souligné par saint Jean Paul II dans sa lettre « Mulieris dignitatem ».

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Lorsque Jésus lui dit : « Ne me touche pas [le bien connu "Noli me tangere"], car je ne suis pas encore monté vers le Père », c’est à toute l’Église que cette invitation s’adresse, pour qu’elle entre dans une expérience de foi capable de dépasser toute appropriation matérialiste et toute compréhension humaine du mystère divin.

    Ces mots ont une portée ecclésiale et constituent une leçon pour les disciples de Jésus afin qu’ils ne cherchent pas les certitudes humaines ou les titres mondains, mais la foi dans le Christ vivant et ressuscité.

    Voilà pourquoi la célébration liturgique de cette femme aura désormais le même caractère festif réservé à la célébration des apôtres dans le calendrier romain afin qu’elle soit un modèle pour toute femme dans l’Église.

    Extrait de « Liturgie et sacrements »Site édité par le Service National de la Pastorale Liturgique et SacramentelleConférence des évêques de France

    Pourquoi l'Église fête-t-elle Marie-Madeleine ?

    Par décision du pape François, sainte Marie-Madeleine, est désormais fêtée par l'Église entière le 22 juillet. Une manière de mettre à l'honneur « l'apôtre des apôtres » et les femmes disciples de Jésus.

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Première témoin du tombeau vide au matin de Pâques, première à annoncer la résurrection du Christ aux apôtres, sainte Marie-Madeleine a eu un rôle pionnier dans l'Église.

    C'est ce qui a motivé le Vatican dans sa décision de faire une fête de ce qui était jusqu’ici dans le calendrier liturgique romain une mémoire obligatoire. Dans les célébrations liturgiques, la fête est un degré moins élevé qu’une solennité mais plus important que la mémoire d’un saint, laquelle peut être obligatoire ou facultative.

    Le préfet de la Congrégation du culte divin et de la discipline des sacrements, le cardinal Robert Sarah, a signé le 3 juin 2016 le décret qui élève au rang de fête cette célébration. La date est fixée au 22 juillet, jour déjà prévu pour la mémoire de cette «disciple du Seigneur».

    Dans un texte publié dans « l’Osservatore Romano » en langue française du 16 juin 2016, Mgr Arthur Roche, secrétaire de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, explique les motivations de cette décision. En voici les principaux extraits.

    La décision s’inscrit dans le contexte ecclésial actuel, qui demande de réfléchir plus profondément sur la dignité de la femme, sur la nouvelle évangélisation et sur la grandeur du mystère de la miséricorde divine. [...] 

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Sainte Marie-Madeleine est un exemple d’évangélisatrice vraie et authentique, c’est-à-dire une évangéliste qui annonce le joyeux message central de Pâques (Cf. Collecte du 22 juillet et nouvelle préface). [...]

    Le Saint-Père François a pris cette décision précisément dans le contexte du Jubilé de la miséricorde pour signifier l’importance de cette femme qui a démontré un grand amour pour le Christ et fut par lui tellement aimé [...].

    Ce qu'on sait avec certitude de Marie-Madeleine

    Il est certain que la tradition chrétienne en Occident, surtout après saint Grégoire le Grand, identifie dans la même personne Marie de Magdala, la femme qui a versé le parfum dans la maison de Simon le pharisien, et la sœur de Lazare et de Marthe. [...]

    Il est certain que Marie-Madeleine a fait partie du groupe des disciples de Jésus. Elle l’a suivi jusqu’au pied de la croix et, dans le jardin où se trouvait le sépulcre, elle fut le premier testis divinae misericordiae, « témoin de la miséricorde divine » (Grégoire le Grand, XL Hom. In Evangelia, lib. II, Hom. 25, 10).  [...]

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Marie-Madeleine, des larmes d'amour

    L’Évangile de Jean raconte que Marie-Madeleine pleurait, parce qu’elle n’avait pas trouvé le corps du Seigneur (Cf. 20, 11). Et Jésus a eu de la miséricorde envers elle en se faisant reconnaître comme le Maître et en transformant ses larmes en joie pascale. [...]

    On a tout dit de Marie-Madeleine. Était-elle la sœur de Lazare ? Ou cette femme de Magdala dont Jésus « chassa sept démons » ? Ou bien peut-être cette pécheresse qui pleura aux pieds de Jésus un jour, chez Simon le Pharisien ? La voilà encore au pied de la Croix lorsque Jésus meurt comme un maudit !

    Au lendemain de sa mort, elle est de ceux qui courent dès l’aube au tombeau. Elle est en pleurs, larmes de tristesse, larmes de qui aime totalement. Se retournant, elle voit Jésus, mais le prend pour le jardinier. Il dit alors son nom : « Marie ! ». La parole de Jésus fait d’elle la toute première apôtre de la résurrection. Il l’envoie vers ses frères pour annoncer la vie plus forte que la mort, le signe de la traversée qui désormais sera la marque de tout disciple : le signe de Pâques.

    Père Jacques Nieuviarts, assomptionniste - Juin 2012

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Premier témoin de la résurrection

    Je désire mettre en évidence deux idées relatives aux textes bibliques et liturgiques de cette nouvelle fête, qui peuvent nous aider à mieux comprendre l’importance pour aujourd’hui d’une telle sainte femme.

    D’un côté, elle a l’honneur d’être « la prima testis » de la Résurrection du Seigneur (Hymnus, ad laudes matutinas), la première à voir le sépulcre vide et la première à écouter la vérité de sa résurrection. Le Christ a une considération et miséricorde particulières pour Marie-Madeleine, qui manifeste son amour envers lui, en le cherchant dans le jardin avec angoisse et souffrance, avec des « lacrimas humilitatis », comme le dit saint Anselme. [...]

    C’est justement dans le jardin de la résurrection que le Seigneur dit à Marie-Madeleine : « Noli me tangere ». C’est une invitation adressée non seulement à Marie, mais aussi à toute l’Église, pour entrer dans une expérience de foi qui dépasse toute appropriation matérialiste et toute compréhension humaine du mystère divin.

    Elle a une portée ecclésiale et c’est une bonne leçon pour chaque disciple de Jésus : ne pas rechercher des sécurités humaines et des titres mondains, mais la foi dans le Christ vivant et ressuscité ! Justement parce qu’elle a été témoin oculaire du Christ ressuscité, Marie-Madeleine a été aussi, d’un autre côté, la première à en donner le témoignage devant les apôtres.

    Elle a accompli la mission que lui a donné le Ressuscité : « Va trouver mes frères pour leur dire… ». Marie-Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur ! ». « Et elle raconta ce qu’il lui avait dit » (Jn 20, 17-18). De cette manière elle devient, comme on l’a déjà noté, évangéliste, c’est-à-dire messagère qui annonce la bonne nouvelle de la résurrection du Seigneur   [...].

    Elle est le témoin du Christ Ressuscité et elle annonce le message de la résurrection du Seigneur, comme les autres apôtres. C’est pourquoi il est juste que la célébration liturgique de cette femme ait le même degré de fête que celui qui est donné à la célébration des apôtres dans le calendrier romain général et que soit mise en évidence la mission de cette femme, qui est un exemple et un modèle pour toute femme dans l’Église.

    Gilles Donada, avec Sébastien Maillard de La Croix et la Documentation catholique

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Marie-Madeleine est « témoin de l'essentiel ».

    Dans les Évangiles, elle est présente au moment de la mort et de la résurrection de Jésus.

    Une figure qui fascine

    Apôtre, prêcheuse, pécheresse repentie, ascète, mystique… On a tout dit de Marie-Madeleine, visage ou personnage qui, depuis longtemps, fascine ou fait rêver. Parce qu'elle est une belle figure de femme. Parce qu'elle est pécheresse repentie. Parce que les Évangiles la montrent proche de Jésus. Mais pourquoi donc cette proximité, qui en a fait gamberger plus d'un, surtout après la lecture de quelques apocryphes un peu croustillants. Mais qu'en est-il vraiment ?

    Délivrée de sept démons !

    Marie-Madeleine est souvent nommée dans les Évangiles. Et il serait intéressant de voir quels textes reviennent à la mémoire quand on parle d'elle et que l'on fait d'elle le portrait contrasté évoqué plus haut. Parmi ces textes figurerait sûrement celui, un peu énigmatique, de Luc : « Jésus, dit-il, passait à travers villes et villages, proclamant la Bonne Nouvelle du règne de Dieu. Les Douze l'accompagnaient, ainsi que des femmes qu'il avait délivrées d'esprits mauvais et guéries de leurs maladies : Marie, appelée Madeleine (qui avait été libérée de sept démons), Jeanne, femme de Kouza, l'intendant d'Hérode, Suzanne, et beaucoup d'autres, qui les aidaient de leurs ressources » (Luc 8, 1-3).

    Une cohorte de femmes suit Jésus, montrant sa liberté de relation, dans une société qui supportait peu une telle proximité. D'autant que si l'une ou l'autre de ces femmes appartient à la bonne ou à la haute société, plusieurs portent encore la trace de la misère ou de la détresse qui les a marquées. C'est le cas de Marie-Madeleine, libérée de sept démons !

    Pécheresse publique ?

    Bien sûr il faut se souvenir qu'au temps de Jésus, la maladie, la fièvre, la possession diabolique, étaient autant d'aspects, comme le péché, de la rupture avec le monde de Dieu. On ne parlerait plus ainsi aujourd'hui. Aussi demeurons-nous avec nos questions sur ce que pouvaient signifier ces sept démons. Le rapprochement dès lors avec la femme pécheresse qui intervient chez Simon le pharisien, dans le même Évangile de Luc (Luc 7, 36-38), est tentant. Jésus est à table chez Simon le pharisien. Entre une femme, qui se jette aux pieds de Jésus et pleure, puis essuie les pieds de Jésus de ses cheveux, avant de verser sur eux un flacon de parfum rare. Chacun se rengorge en sa dignité, et murmure au scandale.

    Cette femme n'est pas nommée et demeure ainsi – pour toujours – anonyme. Mais il était tentant d'y voir Marie-Madeleine, qui devient dès lors la prostituée que beaucoup imaginent. Et ses sept démons sont identifiés ! Mais tout repose sur l'imagination. Car nulle part cela n'est dit !

    Femme aux mille visages

    Peu à peu, d'autres figures de femmes demeurées, elles aussi, anonymes dans les Évangiles, et que rien n'autorise véritablement à identifier, rejoignent et enrichissent le portrait de Marie-Madeleine. On rapproche ainsi la pécheresse qui versa du parfum sur les pieds de Jésus chez Simon le pharisien, de celle qui en versa sur la tête de Jésus chez Simon le lépreux, et dont nous parle Marc, soulignant l'exception de ce geste, qui préfigure la mort de Jésus, faisant sur lui un geste qui ne sera pas fait alors, précise Marc. D'ailleurs la mort ne pourra le retenir (Marc 14).

    Jean parle d'un même geste à Béthanie. Il s'agit alors de Marie, sœur de Lazare (Jean 12, 2-3). Serait-ce la même ? Et un même geste suffit-il à les identifier toutes en une ? L'analyse sur ces textes, en effet, ne permet pas d'en dire entièrement l'histoire, ni le chemin qu'emprunta la transmission de la mémoire initiale. S'agissait-il d'un même geste ou de plusieurs ? D'une ou plusieurs Marie ?

    La liberté de Jésus dans ses paroles, et sa proximité de tous, la proximité qu'il eut également à l'égard de plusieurs femmes qui le suivaient – verbe qui désigne le disciple – la considération qu'il leur porta, le geste qui libéra Marie-Madeleine de sept démons, cela explique peut-être l'attachement qu'elle ou plusieurs, purent avoir envers lui.

    Père Jacques Nieuviarts, bibliste

    Marie-Madeleine, l'amante de Jésus ?

    Les évangiles apocryphes (= d'origine cachée) ont amplifié considérablement l’image de Marie-Madeleine, en particulier avec la découverte, en 1945, des manuscrits de la communauté gnostique de Nag Hammadi, dans la vallée du Nil, et la mise au jour des évangiles de Philippe, de Thomas et de Marie… Madeleine. Plus tardifs que les Évangiles dits canoniques – ceux que nous connaissons – ils évoquent la proximité de Marie-Madeleine à l'égard de Jésus et la tendresse particulière de Jésus pour elle.

    L'évangile de Philippe va même plus loin, et en a bouleversé plus d'un : « Le Seigneur, dit-il, aimait Marie plus que les disciples et il l'embrassait souvent sur la bouche… Et Pierre dit : Sœur, nous savons que le Seigneur t'a aimée différemment des autres femmes. Dis-nous les paroles qu'il t’a dites, dont tu te souviens et dont nous n'avons pas connaissance… […] Est-il possible que le Seigneur se soit entretenu avec une femme sur des secrets que nous nous ignorons ? […] L'a-t-il vraiment choisie et préférée à nous ? ».

    L'évangile de Thomas nous emmène plus loin dans l'énigme : Jésus dit : « Voici que je vais la guider afin de la faire mâle, pour qu'elle devienne elle aussi, un esprit vivant semblable à vous mâles. Car toute femme qui se fera mâle entrera dans le royaume des cieux ».

    La marque gnostique

    Ces textes portent fortement la marque « gnostique » : homme et femme n'entretiennent pas les relations que l'on imaginerait, où il est question de secrets et de connaissance initiatique, où aimer, c'est peut-être introduire dans le secret plus qu'aimer d'amour ou d'affection. Le baiser de Jésus à Marie-Madeleine, dès lors, est-il de nature érotique ou initiatique ? On peut en douter. Et l'on est dans un autre portrait de Marie-Madeleine. Tout autre même. Du côté d'un salut par la Connaissance, loin du ressuscité que Marie-Madeleine rencontre avec émotion dans le jardin, au matin de Pâques.

    Sainte Marie-Madeleine

    Qui est donc Marie-Madeleine, si proche de Jésus et en même temps si mystérieuse ? Est-elle la pécheresse, prostituée, qui a traversé l'histoire, ou la mystique exemplaire dont se sont emparés poètes et peintres avec une fascination étonnante ? Originaire du village de Magdala, au bord du lac de Tibériade, comme son nom l'indique, elle a fait dans les Évangiles, puis dans les imaginations, un parcours étonnant. La légende la fait aller jusqu'à la Sainte-Baume en Provence, qui garde avec vénération son souvenir, sans percer entièrement son mystère. Les témoignages des Évangiles, en tout cas, sont beaucoup trop insistants pour que l'on dise qu'elle n'a jamais existé. Et le réel résistera toujours un peu au rêve.

    Père Jacques Nieuviarts, assomptionniste, bibliste

    Pour approfondir vos connaissances,

    ne manquez pas de consulter notre dossier consacré à

    Sainte Marie-Madeleine (22/07)

     

    Analyse de la liturgie du 22 juillet 2020

    Introduction

    Le 22 juillet, la liturgie propose des textes bibliques qui décrivent la personnalité de Marie-Madeleine, avec, en particulier, un extrait du Cantique des cantiques.

    La Croix – Questions de vie – Questions de foi

    Antienne d’ouverture

    À Marie-Madeleine, Jésus ressuscité a confié ce message : « Va trouver mes frères, et dis-leur : je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». (Jn 20, 17)

    Prière sur les offrandes

    Accepte, Seigneur, les offrandes que nous te présentons en fêtant sainte Marie-Madeleine, puisque ton Fils voulut bien accepter son dévouement et son amour.

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    1ère lecture : « J’ai trouvé celui que mon âme désire ».

    Lecture du Cantique des Cantiques (3, 1-4a)

    Paroles de la bien-aimée. Sur mon lit, la nuit, j’ai cherché celui que mon âme désire ; je l’ai cherché ; je ne l’ai pas trouvé.

    Oui, je me lèverai, je tournerai dans la ville, par les rues et les places : je chercherai celui que mon âme désire ; je l’ai cherché ; je ne l’ai pas trouvé.

    Ils m’ont trouvée, les gardes, eux qui tournent dans la ville : « Celui que mon âme désire, l’auriez-vous vu ? ».

    À peine les avais-je dépassés, j’ai trouvé celui que mon âme désire : je l’ai saisi et ne le lâcherai pas.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Commentaire 1 :

    Selon des exégètes juifs, le Cantique est un poème exprimant l’amour de l’Éternel pour Israël, qui « y découvraient une esquisse allégorique de l’histoire d’Israël depuis l’exode hors d'Égypte jusqu’à l’arrivé du Messie. C’est en raison de ces prétendues allusions à l’exode que le Cantique est lu dans la synagogue au huitième jour de la fête du pain sans levain ».

    Selon une exégèse chrétienne, le texte est une allégorie de la relation d'amour qu'entretiennent le Christ et son Église (ou entre le Christ et l'âme humaine), relation qui est de nombreuses fois célébrée ou illustrée dans le Nouveau Testament, principalement dans les écrits de Paul, mais aussi dans certaines paraboles de Jésus lui-même selon les Évangiles. Cependant, cette interprétation allégorique est fragilisée par les images érotiques qui émaillent le texte. De plus, la relation d'amour entre Jésus et son Église n'est jamais décrite d'une telle manière : bien que, de manière assez surprenante, le terme grec utilisé par les Septante pour dire l'Amour dans le Cantique soit l'agapè, il apparaît que cet agapè est plus proche de l'éros platonicien que de l'amour chrétien traditionnel (paulinien). Enfin, quand bien même le Nouveau Testament rapproche l'image de la bien-aimée et du bien-aimé de celle du Christ et de l'Église, jamais les auteurs du Nouveau Testament ne prennent le Cantique des Cantiques comme modèle. A cet égard, l'exégète Xavier Léon-Dufour note toutefois que la quête aimante de Jésus par Marie de Magdala en Jean 20, 11-16 renvoie au Cantique des Cantiques 3,1-4. En Jean 20, 16, Marie dit à Jésus «Rabbouni», traduit par « maître » dans l'Évangile mais qui est en réalité un diminutif de « Rabbi » (« mon maître »), ce qui pourrait constituer une nuance d'affection ou de familiarité.

    Commentaire extrait de Wikipédia

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Psaume : 62 (63)

    R / : Mon âme a soif de toi, Seigneur mon Dieu !

    Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi ;
    après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau. R /
    Je t’ai contemplé au sanctuaire, j’ai vu ta force et ta gloire.
    Ton amour vaut mieux que la vie : tu seras la louange de mes lèvres ! R /
    Toute ma vie, je vais te bénir, lever les mains en invoquant ton nom.
    Comme par un festin, je serai rassasié ; la joie sur les lèvres, je dirai ta louange. R /
    Oui, tu es venu à mon secours : je crie de joie à l’ombre de tes ailes.
    Mon âme s’attache à toi, ta main droite me soutient. R /

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Commentaire 2 :

    « Mon Dieu, je te cherche, mon âme a soif de toi... » Tout ce psaume est écrit à la première personne du singulier. Mais, comme toujours dans les psaumes, ce singulier est collectif : c'est le peuple d'Israël tout entier qui peut dire « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube » ...

    Et quand il dit « dès l'aube », il veut dire depuis l'aube des temps, car depuis toujours, le peuple d'Israël est en quête de son Dieu. « Mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau ». En Israël, ces expressions sont très réalistes : la terre désertique, assoiffée, qui n'attend que la pluie pour revivre, c'est une expérience habituelle, très suggestive.

    Depuis l'aube de son histoire, Israël a soif de son Dieu, une soif d'autant plus grande qu'il a expérimenté la présence, l'intimité proposée par Dieu. Il va jusqu'à dire « Mon âme s'attache à toi », ce qui est une expression très forte : littéralement il faudrait traduire : « mon âme adhère à toi, mon âme est suspendue... accrochée à toi, elle se presse contre toi ».

    Pour exprimer son expérience de relation à Dieu, le peuple élu se compare à un lévite : les lévites, (c'est-à-dire les membres de la tribu de Lévi) étaient par naissance consacrés au service du Temple de Jérusalem et ils y passaient le plus clair de leur temps. Il faut donc lire ce psaume en décodant les images : Israël est comme un lévite. Nous avons déjà eu des occasions de le voir, les psaumes sont toujours des prières collectives, mais ils se présentent comme le cri d'un individu isolé : c'est une mise en scène qu'on appelle le revêtement du psaume. Il faut alors lire : Israël est comme l'individu qu'on met en scène (ici un lévite).

    On ne s'étonne pas, par conséquent, de rencontrer dans ce psaume de multiples allusions très concrètes à la vie quotidienne d'un lévite dans le temple de Jérusalem. Je les reprends :

    • « Je t'ai contemplé au sanctuaire » : seuls les lévites avaient accès à la partie sainte du Temple...
    • « Toute ma vie, je vais te bénir » : effectivement toute la vie du lévite était consacrée à la louange de Dieu...
    • « Lever les mains en invoquant ton nom » : là nous voyons le lévite en prière, les mains levées...
    • « Comme par un festin je serai rassasié » : certains sacrifices étaient suivis d'un repas de communion pour tous les assistants, et d'autre part, vous savez que les lévites recevaient pour leur nourriture une part de la viande des sacrifices ...
    • Enfin l'allusion la plus flagrante c'est « je crie de joie à l'ombre de tes ailes » : voilà une expression qu'on ne peut comprendre que si on connaît les secrets de l'intérieur du Temple : là, dans le lieu le plus sacré, le « Saint des Saints », se trouvait l'Arche d'Alliance. Pour nous, il n'est pas très facile de nous représenter l'Arche d'Alliance : quand nous disons Arche aujourd'hui, nous risquons de penser à une œuvre architecturale imposante : les Parisiens penseraient peut-être à ce qu'ils appellent la Grande Arche de la Défense... Pour Israël, c'est tout autre chose !

    Il s'agit de ce qu'ils ont de plus sacré : un petit coffret de bois précieux, recouvert d'or, qui abritait les tables de la Loi. Sur ce coffret, veillaient deux énormes statues de chérubins. Les « Chérubins » n'ont pas été inventés par Israël : le mot vient de Mésopotamie. C'étaient des êtres célestes, à corps de lion, et face d'homme, et surtout des ailes immenses. En Mésopotamie, ils étaient honorés comme des divinités...

    En Israël au contraire, on prend bien soin de montrer qu'ils ne sont que des créatures : ils sont représentés comme des protecteurs de l'Arche, mais leurs ailes déployées sont considérées comme le marchepied du trône de Dieu.

    Ici, le lévite en prière dans le Temple, à l'ombre des ailes des chérubins se sent enveloppé de la tendresse de son Dieu depuis l'aube jusqu'à la nuit.

    En réalité, ce lévite, c'est Israël tout entier qui, depuis l'aube de son histoire et jusqu'à la fin des temps, s'émerveille de l'intimité que Dieu lui propose : et donc, à un deuxième niveau, c'est l'expérience du peuple qui affleure dans ce psaume : par exemple « mon âme a soif de toi, après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau » est certainement une allusion au séjour dans le désert après la sortie d'Égypte et à l'expérience terrible de la soif à Massa et Meriba (Ex 17).

    « Je t'ai contemplé au sanctuaire » est une allusion aux manifestations de Dieu au Sinaï, le lieu sacré où le peuple a contemplé son Dieu qui lui offrait l'Alliance... « J'ai vu ta force et ta gloire » : dans la mémoire d'Israël, cela évoque les prodiges de Dieu pendant l'Exode pour libérer son peuple de l'esclavage en Égypte.

    Toutes ces évocations d'une vie d'Alliance, d'intimité sans ombre sont peut-être la preuve que ce psaume a été écrit dans une période moins lumineuse ! A un moment où il faut s'accrocher aux souvenirs du passé pour garder l'espérance. Car tout n'est pas si rose : la preuve, les derniers versets (que nous n'avons pas lus aujourd'hui), disent fortement, violemment même, l'attente de la disparition du mal sur la terre... Ce qui prouve bien que les croyants sont affrontés à la souffrance. Israël attend la pleine réalisation des promesses de Dieu, les cieux nouveaux, la terre nouvelle où il n'y aura plus ni larmes ni deuil.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Épître :

    Lecture de la seconde épître de saint Paul aux Corinthiens (2 Co 5, 14-17)

    L’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul est mort pour tous, et qu’ainsi tous ont passé par la mort. Car le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux.

    Désormais nous ne connaissons plus personne à la manière humaine : si nous avons compris le Christ à la manière humaine, maintenant nous ne le comprenons plus ainsi. Si donc quelqu’un est en Jésus-Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Commentaire 3 :

    Paul poursuit son raisonnement en se « découvrant » un peu plus devant ses fidèles de Corinthe qui, pourtant, le connaissent bien. Il leur redit à nouveau le secret de sa vie, le « centrage » de sa vie qui est son amour du Christ, un Christ « mort pour tous ». Nous sommes tous « passés par la mort », nous le sommes « dans le Christ », le texte original grec est plus concis : « en Christ », dit-il.

    Il faut se rappeler le cœur de l'enseignement et de la foi de Paul. Le Christ est le Nouvel Adam, l'Homme Nouveau. Il succède à l'Ancien Adam, au Vieil Homme qui veut se suffire à lui-même, tout seul, sans Dieu ou malgré Dieu ou contre Dieu. C'est le sens du péché depuis les origines de l'humanité. C'est le sens du second récit de création dans le livre de la Genèse. Le Christ offre à l'humanité un autre centrage, un autre repère, une autre possibilité d'épanouissement, car il est, Lui, l'Homme. Le Christ récapitule tout en lui, regroupe tout, contient tout, assume tout, porte tout à son sommet… Difficile de trouver les mots justes pour dire la parole de Paul sur l'homme-Adam et sur l'Homme-Jésus. D'un côté, l'homme-Adam avec toutes ses fragilités, ses limites, dont la mort, et l'Homme-Jésus qui dans sa mort et sa résurrection a fait sauter toutes les limites.

    Alors, Paul est plein de joie, l'amour du Christ le saisit, car dans sa mort et sa résurrection se trouve la source d'une vie non centrée sur elle-même mais sur le Christ. Le Christ est la seule référence solide, le seul horizon de vie, le seul guide, le seul modèle. « Désormais » dit-il, notre regard prend une nouvelle dimension. Paul l'exprime ainsi : « Si donc quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle ». Paul oppose un « monde ancien » à un « monde nouveau ».

    Où en-suis-je ? Un pied dans ces deux mondes, probablement. Comment suis-je « en Christ », membre du Christ ? Comment suis-je, concrètement, en route vers le Christ ? Questions bien générales… Mais si je confie ces questions à l'Esprit-Saint, il saura me donner des indications. Et puis, pourquoi ne prierais-je pas saint Paul lui-même ? J'ai, certainement, des actions de grâce à dire au Seigneur pour mes moments bien clairement en Christ… J'ai des pardons à demander pour d'autres moments de vieille humanité en moi

    Commentaire de Paul C. – Paroisse Colomiers – 19 juin 2015

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Évangile : « Femme, pourquoi pleures-tu ? ».

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 20, 1.11-18)

    Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin. C’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Et en pleurant, elle se pencha vers le tombeau.

    Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus. Ils lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? ».

    Elle leur répond : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé ». Ayant dit cela, elle se retourna ; elle aperçoit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? ».

    Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre ». Jésus lui dit alors : « Marie ! ».

    S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître.

    Jésus reprend : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ».

    Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur ! », et elle raconta ce qu’il lui avait dit.

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Commentaire 4 a : « Marie Madeleine est venue et a dit aux disciples qu'elle avait vu le Seigneur ».

    Aujourd'hui nous célébrons avec joie sainte Marie-Madeleine. Nous nous réjouissons et nous en tirons profit pour notre foi car son parcours pourrait très bien être le nôtre. La Madeleine venait de loin (Cf. Lc 7,36-50) et elle est allée très loin… En effet, le matin de la Résurrection, Marie a cherché Jésus, elle a trouvé Jésus ressuscité et elle est parvenue au Père de Jésus, le « Notre Père ». Ce matin-là, Jésus-Christ lui a fait découvrir ce qu'il y a de plus grand dans notre foi : qu'elle était elle aussi une enfant de Dieu.

    Dans l'itinéraire de Marie-Madeleine, nous découvrons quelques aspects importants de la foi. En premier lieu, nous admirons son courage. La foi, même si c'est un don de Dieu, requiert du courage de la part du croyant. Pour nous, ce qui est naturel c'est de tendre vers ce qui est visible, vers ce que nous pouvons saisir avec la main. Comme Dieu est essentiellement invisible, la foi « est toujours une sorte de rupture risquée et un saut car elle implique l'audace de voir ce qui est vraiment réel dans ce qui ne se voit pas » (Benoît XVI). En voyant le Christ ressuscité, Marie « voit » aussi le Père, le Seigneur.

    D'un autre côté, « on arrive à faire le saut de la foi grâce à ce que la Bible appelle la conversion ou le repentir : il n'y a que celui qui change qui la reçoit » (Pape Benoît). N'est-ce pas le premier pas qu'a fait Marie ? N'est-ce pas aussi un pas que nous devons refaire dans nos vies ?

    Il y a eu beaucoup d'amour dans la conversion de la Madeleine : elle n'a pas économisé les parfums pour son Amour. L'amour! Voilà un autre « véhicule » de la foi car nous n'écoutons pas, nous n'entendons pas, nous ne croyons pas quelqu'un si nous ne l'aimons pas. Dans l'Évangile de saint Jean, il apparaît clairement que « croire c'est écouter et, en même temps, voir (…) ». Ce matin-là, Marie-Madeleine prend des risques pour son Amour, elle écoute son Amour (il lui suffit d'entendre « Marie » pour le reconnaître) et connaître le Père. Le matin de Pâques (…) lorsque Marie-Madeleine voit Jésus, on lui demande de le contempler dans son chemin vers le Père, jusqu'à la pleine confession : « J'ai vu le Seigneur » (Jn 20,18) (Pape François).

    Commentaires de l’Abbé Antoni CAROL i Hostench

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Commentaire 4b :

    Aujourd'hui, nous célébrons la fête de sainte Marie-Madeleine. Il est propre à la jeunesse de s'émouvoir follement pour un film, au point de s'identifier personnellement avec le protagoniste. Nous, les chrétiens, devrions être jeunes à jamais en ce sens devant la vie de Jésus de Nazareth et savoir nous identifier avec cette grande femme de laquelle parle l'Évangile, Marie-Madeleine. Elle suivit les chemins de Jésus, écouta sa Parole. Le Christ sut correspondre et lui concéda le privilège historique d'être la première à qui fut communiqué le fait de la Résurrection.

    L'Évangéliste dit d'abord qu’elle ne le reconnut pas, sinon qu'elle le confondit avec un paysan des lieux. Mais lorsque le Seigneur l’appela par son nom « Marie », peut-être pour sa façon si spéciale de le prononcer, alors cette sainte femme ne douta pas un instant : « Elle se tourne vers lui et lui dit « Rabbouni ! », ce qui veut dire « Maître » dans la langue des Juifs » (Jn 20,16). Après sa rencontre avec Jésus, elle fut la première à courir pour l'annoncer aux autres disciples : « Marie-Madeleine s'en va donc annoncer aux disciples : ‘’J'ai vu le Seigneur, et voilà ce qu'il m'a dit’’. » (Jn 20,18).

    Le chrétien qui, dans son plan de vie quotidien, prend soin de sa relation avec le Christ, dans l'eucharistie, fait un moment de prière contemplative et cultive la lecture assidue de l'Évangile de Jésus, aura aussi le privilège d'écouter l'appel personnel du Seigneur. C'est le même Christ qui nous appelle personnellement par notre nom et qui nous encourage à suivre le chemin ferme de la sainteté.

    « La prière est la conversation et le dialogue avec Dieu : contemplation pour ceux qui se distraient, sécurité des choses attendues, égalité de condition et d'honneur avec les anges, progrès et augmentation des biens, correction des péchés, remède des maux, fruit des biens présents, garantie des biens futurs » (Saint Grégoire de Nice).

    Disons-le au Seigneur :

    • Jésus, que mon amitié avec toi soit si forte et si profonde que, comme Marie-Madeleine, je sois capable de te reconnaître dans ma vie.

    Commentaires de l’Abbé Albert Sols i Lúcia - (Barcelona, Espagne)

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Homélie :

    1. Au lendemain de la grande épreuve de la Croix, Marie-Madeleine continue à chercher Jésus. Nous sommes devant son expérience de la mort et de la résurrection de Jésus. Elle est triste, elle pleure. Lorsqu’elle arrive au tombeau, sa tristesse se transforme au cauchemar car le corps de Jésus n’y est plus. Sa douleur est accentuée par l’ignorance du lieu où se trouve Jésus, il fait encore sombre, la pierre a été enlevée, et le tombeau est vide. Marie-Madeleine se penche vers l’intérieur et elle aperçoit deux anges, mais ce n’est pas Jésus ! Marie-Madeleine est le modèle de la persévérance dans notre vie spirituelle. Dans son cheminement, elle nous donne de contempler la recherche du Dieu vivant. Elle avait essayé de combler son cœur de toutes sortes de manières, et s’était trompée de chemin. Quand elle rencontre Jésus, Il lui révèle le véritable Amour. C’est ce que cherchait son cœur, et qu’elle n’avait pas encore trouvé.

    2. Jésus vient lui-même sans se faire reconnaître. Elle ne le reconnaît pas, mais Jésus l’a nommée : « Marie ! » À cet instant, la joie, le bonheur, la paix refluent dans son cœur et dans son corps. Elle veut le saisir. Elle n’aura à garder que sa joie intérieure, une joie immense qui la comble et l’illumine : « J’ai vu le Seigneur, et voilà ce qu’Il m’a dit ! ». Avec les yeux et les oreilles de la foi, son cœur peut bondir de joie. Marie-Madeleine s’est attachée à Jésus de tout son être. Jésus est passé par la Croix, elle y est passée avec lui. Il était devenu sa vie et sa vie a été crucifiée. Elle devient, après Marie, la Mère de Jésus, le modèle de ceux qui cherchent Dieu. « Entraîne-moi, nous courrons », dit le Cantique des cantiques. Dieu veut être le tout de notre vie. Il faudra progressivement que toutes les médiations s’effacent pour que nous nous trouvions face à face avec le Dieu vivant.

    3. Alors se réveille l’ardeur du cœur de Marie-Madeleine, plus encore qu’elle était au premier jour. Après être passée par des nuits d’orages, par toutes sortes d’épreuves, elle est réveillée. Jésus est réaliste, il ne nous laisse pas seuls pour combattre le malin, le monde et notre propre égoïsme. Marie Madeleine est réveillée dans son immense amour. Elle a trouvé Celui que son cœur aime. Elle ne le lâchera plus, il est devenu plus intime à elle-même qu’elle n’est intime à elle-même. Il rejoint l’origine de sa vie, l’origine même de son bonheur. Elle en est devenue sa messagère. Mystère de notre humanité que Jésus a épousée. Cette humanité tissée dans le sein de Marie, qui a pris place au sein même de la Trinité sainte où le Verbe de Dieu a assumé toute chair humaine. Jésus entraîne notre humanité vers le Père. Nous sommes en chemin, nous demandons aujourd’hui la persévérance. Mystérieusement, dans l’humanité tissée dans le sein de Marie, Jésus est Dieu, « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière ». Créateur du ciel et de la terre, et Il est notre Dieu, le Dieu d’amour, le Dieu qui nous sauve.

    Père Gilbert Adam

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Prières : Intercède et supplie sans cesse pour nous, auprès de Jésus, ô bienheureuse Marie-Madeleine.

    1. Seigneur notre Dieu, c’est à Marie-Madeleine que ton Fils bien-aimé a confié la première annonce de la joie pascale. Accorde-nous, à sa prière et à son exemple, la grâce d’annoncer le Christ ressuscité et de le contempler un jour dans ta gloire. Amen.

    Prions en Église

    2. Ô Père très clément, répands largement sur nous tes dons, afin qu’à l’intercession de la bienheureuse Marie-Madeleine, qui en aimant notre Seigneur Jésus-Christ par-dessus tout, a obtenu le pardon de ses péchés, nous obtenions nous aussi de ta miséricorde l’éternelle béatitude. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

    Mgr Jean-Pierre Ravotti – Site-Catholique.fr

    3. Demandons la grâce de cheminer vers Dieu, d’entrer dans le Mystère de la Résurrection de Jésus.

    Père Gilbert Adam

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    Conclusion : Marie-Madeleine fut-elle initiée ?

    Une des idées les plus communes de la gnose consiste à dire que l’annonce des Évangiles telle qu’elle figure dans les écritures canoniques, n’est qu’une adaptation grossière de la vérité destinée au peuple. Par derrière se cache un enseignement secret, plus sophistiqué et plus véridique, réservé à l’usage des initiés, ceux-là seuls qui ont accès à la connaissance des mystères sacrés.

    Un tel intérêt de la gnose pour Marie-Madeleine s’explique de la façon suivante : Le principe de la gnose est de doubler la doctrine officielle de l’Église par une doctrine ésotérique, cette dernière étant supposée provenir du Christ lui-même et avoir été transmise d’initié à initié. Qui donc est mieux placé que Marie-Madeleine, qui « s’étant assise au pied du Seigneur, écoutait sa parole » (Lc 10, 39), pour avoir bénéficié de révélations particulières pour être le vecteur privilégié de ces doctrines occultes ?

    Si Marie-Madeleine fut une grande initiée, de par les contacts privilégiés qu’elle eut avec le Christ, rien ne permet de croire que ce fut à une autre doctrine que celle des apôtres et encore moins à un enseignement valorisant la transgression des normes communes. S’il y a un secret de Marie, il se trouve tout entier dans les Écritures !

    Devant le tombeau vide de Jésus, Marie-Madeleine reçoit la première la plus haute connaissance jamais transmise. Jésus est vraiment ressuscité. Il a vaincu la haine et la mort. Il est vivant pour toujours. Mort pour les péchés, il est ressuscité pour donner la Vie éternelle en abondance. Voilà le secret que Marie-Madeleine annonce haut et fort.

    * 11 - Sainte Marie Madeleine (22 07 2020)

    MéditationExtraite du site « Sainte-Baume ».

    Pour ne pas garder pour soi ce trésor inestimable que le Christ donne à Marie-Madeleine, Jésus l’envoie auprès de ses apôtres. Certains pères de l’Église appellent Marie-Madeleine la « nouvelle Ève », à l’instar de la Vierge Marie mais de façon toute différente : ayant accueilli en premier l’annonce de la Résurrection, et l’ayant transmise à la communauté chrétienne, elle se trouve être la « mère des vivants » (ce que signifie le nom Ève), car c’est d’elle que nous recevons la vie nouvelle qui vient de la Résurrection du Christ. Comment ne pas éprouver une immense gratitude pour elle ? Et quelle joie de voir dans ce privilège la marque de prédilection de Dieu pour les pécheurs qui se convertissent ! 

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    Moine-Chevalier de Notre-Dame – L’Esprit-Saint

    Références :

    https://www.mariemadeleine.fr/

    https://www.prionseneglise.fr/textes-du-jour/evangile/2020-07-22

    https://liturgie.catholique.fr/accueil/annee-liturgique/les-fetes-et-les-saints/293976-fete-de-sainte-marie-madeleine-22-juillet/

    https://croire.la-croix.com/Definitions/Bible/Marie-Madeleine/Marie-Madeleine-et-son-enigme

    https://croire.la-croix.com/Definitions/Bible/Marie-Madeleine/Marie-Madeleine-l-amante-de-Jesus

    https://croire.la-croix.com/Definitions/Bible/Marie-Madeleine/Marie-Madeleine-des-larmes-d-amour

    https://croire.la-croix.com/Definitions/Bible/Marie-Madeleine/Pourquoi-l-Eglise-fete-Marie-Madeleine

    https://www.prionseneglise.fr/textes-du-jour/evangile/2020-07-22

    https://www.mariemadeleine.fr/prieres-2/liturgie-litanies/

    http://evangeli.net/evangile/jour/V_23

    http://thierry.jallas.over-blog.com/article-commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-c-12e-dimanche-du-temps-ordinaire-23-juin-20-118545664.html

    http://choralecsfa.canalblog.com/archives/2016/07/22/34109506.html

    https://www.prionseneglise.fr/textes-du-jour/messe/2020-07-22

    http://site-catholique.fr/index.php?post/Priere-a-Sainte-Marie-Madeleine-de-Mgr-Jean-Pierre-Ravotti

    http://choralecsfa.canalblog.com/archives/2016/07/22/34109506.html

    https://www.mariemadeleine.fr/portrait/une-initiee/

    https://www.saintebaume.org/sainte-marie-madeleine/

    Magnificat du mercredi 22 juillet 2020 page 302


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  • Parchemin 9

    Pour conclure, du moins provisoirement…

     * Conclusion - Bibliographie - Sitographie

    Marie-Madeleine est la femme la plus présente dans la Bible : elle est le symbole de l'amante de Dieu, de la pardonnée.

     * Conclusion - Bibliographie - Sitographie

    D'après saint Luc, Jésus a délivré Marie-Madeleine du démon. Elle a ensuite été le premier témoin de la résurrection. Il faut alors la distinguer de la prostituée qui arrose les pieds du Christ de ses larmes avant de les essuyer avec ses cheveux et de la Marie qui verse sur la tête du Christ un parfum très cher. Néanmoins les trois femmes ont été déclarées n'en faire qu'une par le pape Grégoire le grand au 6ème siècle.

    Au début du Moyen Age, le caractère de prostituée de Marie-Madeleine s'est estompé. Elle a été présentée comme une pécheresse ordinaire mais une dame assez riche. La signification de Magdala (qui signifie « tour », donc château) et l’attribut du parfum justifient cette interprétation et au-delà, la richesse du monastère de Vézelay.

    Marie-Madeleine est en revanche pourvue de tous les traits féminins, à commencer par la faiblesse, qu’elle a vaincue par amour du Christ : elle a ainsi mérité de le voir ressuscité.

     * Conclusion - Bibliographie - Sitographie

    Marie-Madeleine agenouillée devant le Christ symbolise également l’humilité de la femme (semblable à celle du vassal ou du moine lors de l’ordination).

    Au 11ème siècle, deux facteurs favorisent un intérêt grandissant pour Marie-Madeleine : la volonté de découvrir de nouvelles reliques (d’où l’invention de celles de Madeleine !) et une relecture du Nouveau Testament. Elle devient la patronne de la réforme de l’Église. L'abbaye de Vézelay, fondée en 860 est placée sous l'égide de Marie-Madeleine à partir du 11ème siècle. La légende de la sainte est complétée : elle se serait retirée au désert pendant 30 ans pour épancher sa douleur. Elle fournit l’exemple d’un amour extasié.

     * Conclusion - Bibliographie - Sitographie

    Au début du 12ème siècle, la légende se recentre autour de la pécheresse pardonnée, jadis en proie aux sept démons (sept vices), qui témoigne de la résurrection (plus par ses larmes que par sa parole). Elle se rachète par sa crainte et son espérance, et non plus par son amour. Après la mort du Christ, elle se mortifie : elle doit donc consumer sa féminité pour entrer au ciel. On passe donc de l’image d’une Marie-Madeleine riche, brûlée d’amour, à une pécheresse ravagée par le remords. C’est la conséquence de la réforme grégorienne, de la purification de l’Église : on commence à considérer le sexe comme la source de tous les péchés.

    La femme pose un problème à l’Église. On ne sait que faire de cette pécheresse potentielle, de cet être dont la sensualité (parfum et chevelure de Marie-Madeleine) est un piège pour l’homme. Pour empêcher la femme de nuire, il faut qu’elle soit une épouse soumise à son mari ou au Christ, pleurante et prosternée comme Marie-Madeleine (le thème des larmes est très insistant). L’image de Madeleine pénitente est également montrée en exemple aux hommes et devient de plus en plus forte à mesure que l’Église veut se servir de la pénitence comme d’un instrument de domination, en la brandissant comme seule possibilité du rachat du péché.

    Dans les dialogues gnostiques du Sauveur, Marie-Madeleine remplit une fonction analogue à celle du disciple bien-aimé dans l'Évangile de Jean : elle est une figure exemplaire de la foi, de la compréhension et de la connaissance du Sauveur et de sa révélation. Pour cette raison, elle est reconnue par Pierre lui-même (dans l'Évangile de Marie, BG 8502,1 10,1-6) comme la médiatrice et l'interprète autorisée des paroles du Sauveur.

     * Conclusion - Bibliographie - Sitographie

    De deux choses l'une : ou bien les écoles gnostiques ont développé des légendes propres, ou bien l'on doit reconnaître que Marie-Madeleine a joué du temps de Jésus ou dans certains milieux du christianisme primitif un rôle historique particulier. Celui-ci se reflète dans les écrits de Thomas et dans des documents gnostiques qui en ont fait une figure fondatrice du christianisme au même titre que Pierre, Jacques et le disciple bien-aimé des cercles johanniques.

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    Moine-Chevalier de Notre-Dame – L’Esprit-Saint

    Grand Chancelier du Grand Prieuré de Belgique

      

    Bibliographie

     

    Alphant Marianne, Lafon Guy, Arasse Daniel

    L'apparition à Marie-Madeleine

    Editions Desclée de Brouwer, Paris, 2001

     

    Bridonneau YvesLe tombeau de Marie-Madeleine à St-Maximin

    Editions Édisud, Aix-en-Provence, 2002

     

    Bridonneau Yves

    Naissance de la Provence chrétienne. La chanson de Geste de la Madeleine

    Editions Édisud, Compagnie des éditions de la Lesse, Aix-en-Provence, 2008

     

    Bruckberger R. L.Marie-Madeleine

    Editions Albin Michel, Paris, 1975

     

    Burnet Régis

    Marie-Madeleine : de la pécheresse repentie à l'épouse de Jésus 

    Histoire de la réception d'une figure biblique, Editions du Cerf, Paris, 2004

     

    Burstein Dan et de Keijzer Arne J.

    Les secrets de Marie-Madeleine : la femme la plus fascinante de l'histoire

    Editions Viamédias, Auxerre, 2006

     

    Colinon MauriceLes Saintes-Maries-de-la-Mer

    Editions S.O.S., Paris, 1975

     

    Desmarets de Saint-Sorlin JeanMarie-Madeleine ou le triomphe de la Grâce

    Collection « Atopia » n° 27

    Editions  Jérôme Millon, 2001

     

    de Voragine Jacques

    La Légende dorée,‎ entre 1261 et 1266

    Traduction sous la direction d'Alain Boureau - Collection « La Pléiade »

    Editions Gallimard, Paris, 2004

     

    Doumergue ChristianLe Mystère Marie-Madeleine

    Editions Thélès, Paris, 2006

     

    Doumergue ChristianMarie-Madeleine

    Collection « Qui suis-je ? »

    Editions Pardès, Grez-sur-Loing, 2010

     

    Dubois Jacques et Renaud Geneviève

    Édition pratique des martyrologes de Bède, de l'anonyme lyonnais et de Florus

    N° 9-10, p. 496 – 496

    Editions BBF, Paris, 1979

     

    Duby GeorgesDames du 12ème siècle

    Tome 1: Héloïse, Aliénor, Iseut et quelques autres – Chapitre 2

    Editions Gallimard, Paris, 1995

     

    Duchon-Doris Jean-Christophe

    La fille au pied de la croix

    Editions Julliard, Paris, 2008

     

    Duperray Ève, Duby Georges, Pietri Charles

    Marie-Madeleine dans la mystique, les arts et les lettres

    Colloque Avignon

    Editions Beauchesne, Paris, 1989

     

    Escudier Joseph

    L'évangélisation primitive de la Provence – St-Lazare, Maximin, Marthe, Marie-Madeleine, les saintes Maries Jacobé et Salomé en ce pays

    Editions Maison sainte Jeanne-d'Arc, Toulon, 1929

     

    Gange Françoise

    Jésus et les femmes

    Editions La Renaissance du livre, 2003

     

    Guere France

    Les femmes de l’Évangile

    Editions du Seuil, Paris, 1982

     

    Jourdaa Frédérique et Corsan Olivie

    Sur les pas de Marie-Madeleine

    Editions Ouest-France, 2009

     

    Kelen Jacqueline

    Marie-Madeleine ou la beauté de Dieu

    Editions La Renaissance du livre, Waterloo, 2003

     

    Kelen Jacqueline

    Un amour infini : Marie-Madeleine prostituée sacrée

    Collection « Espaces Libres » n° 28

    Editions  Albin Michel, Paris, 1982

     

    King Karen

    Canonisation et marginalisation : Marie de Magdala

    In Concilium, N° 276 de Juin 1998 pp. 41- 49

     

    Leloup Jean-Yves

    L’évangile de Marie : Myriam de Magdala

    Editions Albin Michel, Paris, 1997

     

    Leloup Jean-Yves

    Une femme innombrable - Le roman de Marie Madeleine

    Editions Albin Michel, Paris, 2009

     

    Rogeau Olivier

    Marie de Magdala n’était pas une « prostituée repentie »

    In Le Vif / L’Express

    Jésus Qui était vraiment l’homme de Nazareth ?

    Hors-série du 14 décembre 2018

     

    Maillard Sébastien

    Le site de l'actualité religieuse

    Un article paru dans La Croix Urbi et orbi

     

    Moltmann Elisabeth et Jürgen

    Dieu homme et femme

    Editions du Cerf, Paris, 1984

     

    Montandon Alain

    Marie-Madeleine : Figure mythique dans la littérature et les arts

    Presses Universitaires Blaise Pascal, 1999, 413 p.

     

    Murcia Thierry

    Marie appelée la Magdaléenne

    Entre traditions et histoire - 1er – 8ème siècle

    Collection « Héritage méditerranéen »

    Presses universitaires de Provence, Aix-en-Provence, 2017

     

    Murcia Thierry, avec la participation de Nicolas Koberich

    Marie-Madeleine : L’insoupçonnable vérité

    ou Pourquoi Marie-Madeleine ne peut pas avoir été la femme de Jésus

    PDF, 2017

     

    Pedotti Christine

    Jésus cet homme inconnu

    XO éditions, 2013

     

    Pinto-Mathieu Élisabeth

    Marie-Madeleine dans la littérature du Moyen Âge

    Editions Beauchesne, 1997

     

    Pirot Jean

    Trois amies de Jésus de Nazareth

    Editions du Cerf, Paris, 1986

     

    Scopello Madeleine

    Les évangiles apocryphes

    Petite bibliothèque des spiritualités

    Editions Plon, 2007

     

    Tunc  Suzanne

    Des femmes aussi suivaient Jésus

    Essai d’interprétation de quelques versets des évangiles

    Editions Desclée de Brouwer, 1998

     

    Sitographie

    https://croire.la-croix.com/Definitions/Bible/Marie-Madeleine/Pourquoi-l-Eglise-fete-Marie-Madeleine

    http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Vatican/Le-pape-erige-Sainte-Marie-Madeleine-fete-liturgique-2016-06-10-1200767832

    http://biblique.blogspirit.com/archive/2006/04/26/qui-etait-marie-madeleine.html

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_de_Magdala

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:Marie_de_Magdala/Marie-Madeleine

    http://mirandum.wifeo.com/marie-madeleine.php

    https://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Documentation-catholique/Saint-Siege/Sainte-Marie-Madeleine-apotre-apotres-inscrite-dans-calendrier-romain-avec-degre-fete-lieu-memoire-2016-06-20-1200770002

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Saintes_Femmes

    http://www.aumonerietamouleindienne.org/articles/2321-pourquoi-l-eglise-fete-marie-madeleine

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Basilique_Sainte-Marie-Madeleine_de_V%C3%A9zelay

    https://www.yonne.catholique.fr/pelerinages/partir-en-pelerinage/peleriner-dans-lyonne/vezelay-sainte-marie-madeleine

    http://pelerinagesdefrance.fr/Sainte-Marie-Madeleine-a-Vezelay

    https://opusdei.org/fr/article/jesus-a-t-il-epouse-marie-madeleine/


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  • Parchemin 8

    La Basilique Sainte-Marie-Madeleine

     * La Basilique de Vézelay

    La basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay est une ancienne abbatiale française établie à Vézelay, dans le département de l'Yonne en Bourgogne-Franche-Comté.

    Haut lieu de la chrétienté au Moyen Âge, Vézelay est un lieu de pélerinage important sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.

    Construite entre 1120 et 1150, la basilique de Vézelay constitue un édifice majeur de l'art roman. Le tympan intérieur du narthex, présentant un Christ en gloire, est un des chefs-d'œuvre de la sculpture romane.

    Reconstruit à la fin du 12ème siècle, le chœur présente un style gothique qui donne un aspect lumineux à la basilique et contribue à renforcer la symbolique de la basilique autour du thème de la lumière divine ; en passant du narthex à la nef et de la nef au chœur, le visiteur progresse d'un espace obscur à un espace de plus en plus lumineux, symbolisant la transformation intérieure du fidèle. Par ailleurs, chaque année, au solstice d'été, quand le soleil est en culmination par rapport à la terre, la lumière provenant des fenêtres sud projette une ligne de points lumineux au milieu de la nef avec une rigoureuse précision.

    Le pélerinage à Vézelay

     * La Basilique de Vézelay

    La première fondation d’un monastère à Vézelay remonte au 9ème siècle. C’est en 882 que des reliques de Sainte Marie-Madeleine ont été ramenées de Saint-Maximin à Vézelay par un moine nommé Badillon. Dès lors les pélerinages à la Sainte Madeleine de Vézelay ont débuté. Le sanctuaire est rapidement devenu un haut-lieu de pélerinages.

     * La Basilique de Vézelay

    Le roi Saint Louis y vint quatre fois. Grand point de ralliement de la Chrétienté, le jour de Pâques 1146, à la demande du pape Eugène III, saint Bernard y prêcha la seconde croisade. En 1190 les rois Richard Cœur de Lion et Philippe-Auguste se retrouvèrent à Vézelay pour la troisième croisade.

    En 1217 des compagnons de François d’Assise instaurèrent auprès du lieu de la prédication de saint Bernard, au flanc de la colline de Vézelay, le premier couvent franciscain de France : la Cordell.

     * La Basilique de Vézelay   * La Basilique de Vézelay

    En 1279  les véritables reliques de Marie-Madeleine sont « retrouvées » à Saint-Maximin, et le pélerinage de Vézelay qui avait lieu chaque année le 22 juillet périclita rapidement.

    Après une longue période de déclin, le sanctuaire fut réhabilité, avec les restaurations conduites par Viollet-Le-Duc, puis l’arrivée de nouvelles reliques de Marie-Madeleine.

     * La Basilique de Vézelay

    Le sanctuaire fut érigé en basilique en 1920 et, depuis les années 1945-1953, la vie religieuse y a repris.

    Quoi qu’il en soit de l’authenticité des reliques de Vézelay, Marie-Madeleine y est vénérée depuis des siècles comme libératrice des prisonniers, et la Colline éternelle est un lieu de grâce et de conversion !

     * La Basilique de Vézelay

     Lien vers notre tentative de conclusion : Pour conclure, du moins provisoirement…


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  • Parchemin 7

    Le mystère de Marie-Madeleine et Jésus en 12 questions

     * Marie Madeleine et Jésus - 12 questions

    1. Marie-Madeleine a-t-elle été une prostituée?

    Certainement pas car cette figure de la prostituée a été créée en fondant plusieurs personnages du Nouveau Testament pour en faire une figure unique. Il y a notamment eu une combinaison entre Marie-Madeleine, la disciple de Jésus, et la femme qui vient oindre Jésus, selon l’Évangile de Luc (7, 36-50).

    La scène avait de quoi frapper les esprits : on y découvre en effet une «pécheresse» qui s’approche de Jésus couché à table et qui vient lui laver les pieds avec ses larmes. Puis elle les sèche avec ses cheveux, elle les couvre de baisers et elle y répand du parfum.

    Si le geste a choqué Simon le Pharisien, rien ne dit dans l’Évangile que cette femme, saisie d’une très forte émotion, cette femme qui accomplit un geste risqué, intime, habituellement réservé à l’épouse ou aux filles envers leur père, était une prostituée.

    C’est à cause de l’intimité de ce geste et des revenus de cette femme – elle utilise un parfum précieux en grande quantité – que les Pères de l’Église ont très vite pensé à une prostituée. On a tout aussi prestement associé la pécheresse inconnue à Marie Madeleine, qui avait été guérie de sept démons par Jésus (Cf. Luc 8, 2).

    Cette nouvelle figure de la prostituée repentie fut promise à un grand succès, notamment au Moyen Age. Mais elle n’est pas la seule : l’autre figure de Marie-Madeleine, celle qui la représente en fondatrice de monastères, connut elle aussi un succès médiéval, notamment dans le sud de la France.

    2. Que signifie l’expression « guérie de sept démons » ?

    Nous trouvons dans les Évangiles de nombreux récits détaillés d’exorcisme, mais celui de Marie-Madeleine n’est pas raconté. Luc la nomme en passant, dans une énumération des femmes qui accompagnent Jésus, et il précise que « d’elle étaient sortis sept démons » (Cf. Luc 8,2). Cette mention est une rareté puisque dans les récits de miracles, les bénéficiaires, malades ou possédés, restent toujours anonymes. Du point de vue de l’historicité, nous pouvons donc accorder une assez grande valeur à cette information.

    Cette guérison explique l’attachement de Marie-Madeleine à Jésus. Il faut savoir qu’à l’époque, la maladie était attribuée soit à une perte de l’énergie vitale, soit à l’action d’un démon. La présence active d’un démon nécessitait alors un exorcisme. Jésus, comme tous les guérisseurs charismatiques de son temps, luttait contre les maladies et pratiquait les exorcismes. Dans les deux cas, le thérapeute devait permettre à la personne de reprendre le pouvoir sur elle-même. Marie-Madeleine a donc été guérie d’un trouble qui la dépossédait d’elle-même, mais lequel ? Nous ne le savons pas !

    3. A-t-elle été un disciple, voire un apôtre de Jésus ?

    Disciple ? C’est certain. La preuve la plus spectaculaire de cela nous vient des Évangiles : Marie-Madeleine faisait partie du groupe des femmes qui étaient au pied de la croix et qui observaient la mise à mort du maître. Marie-Madeleine est toujours citée en premier dans cette liste de témoins, avec d’autres femmes dont Marie, la mère de Jésus. Cette place témoigne de la vénération dont elle était l’objet.

    Disciple ? Cela ne fait aucun doute. Mais le titre qui est disputé, c’est celui d’apôtre. Pour Luc, un apôtre est une personne qui a suivi tout le ministère de Jésus et qui a été témoin de la résurrection. Paul, lui, en donne une définition plus large, qui lui permet de s’inclure dans le groupe. Au sens premier, un apôtre est d’ailleurs un envoyé. Dans ce sens, il est difficile de refuser le titre d’apôtre à Marie-Madeleine, premier témoin de la résurrection et chargée d’en annoncer la nouvelle aux autres disciples.

    4. Marie-Madeleine a-t-elle pu participer à la « Sainte Cène » ?

    Cette idée, défendue dans le roman « Da Vinci Code » de Dan Brown, a largement contribué au succès planétaire du livre. Ne la rejetons pas trop vite car les Évangiles ne nous donnent pas de liste exhaustive des participants au dernier repas de Jésus. Ils se bornent à dire que les disciples de Jésus y assistaient. La lecture de Marc (14, 12) induit, mais induit seulement, qu’il s’agissait d’un collectif masculin.

    Comme le terme de disciple était d’un usage assez ouvert à l’époque, on peut imaginer que des femmes participaient à ce repas. La lecture de Dan Brown s’infiltre donc dans cette faille qu’offre l’imprécision du texte.

    5. Marie-Madeleine était-elle « le disciple que Jésus aimait »?

    Dans son « Da Vinci Code », Dan Brown attribue à Marie-Madeleine le rôle du «disciple que Jésus aimait», dont parle l’Évangile de Jean. Il n’est pas le seul à choisir cette interprétation. La philosophe et sociologue Françoise Gange, dans son « Jésus et les femmes » (Editions La Renaissance du livre, 2003) va dans le même sens. Elle s’appuie notamment sur le passage de l’Évangile de Jean qui dit que les femmes et le disciple favori se trouvaient au pied de la croix. Sachant par les autres Évangiles que tous les disciples mâles ont fui avant le chant du coq, elle en déduit que le disciple que Jésus aimait ne pouvait être qu’une femme, donc Marie-Madeleine.

    Ce raisonnement, qui semble imparable, n’est peut-être pas convaincant pour tout le monde ! Il se fonde sur une lecture qui harmonise indûment les données des quatre Évangiles et ne tient pas compte de la spécificité du récit de Jean. Celui-ci dit expressément que « le disciple qu’il aimait » (masculin en grec) se trouvait au pied de la croix et il rapporte à son propos la parole que Jésus adresse à sa mère : «Femme, voici ton fils» (Cf. Jean 19,26-27). Le texte grec ne laisse aucun doute quant à l’identité de ce disciple favori, anonyme, présent au moment de la crucifixion : il s’agit d’un homme !

     * Marie Madeleine et Jésus - 12 questions

    Marie-Madeleine n’était pas le disciple favori, mais elle l’est peut-être devenue bien plus tard ! Dan Brown s’est servi de quelques textes tardifs (2ème et 4ème siècles) qui lui accordent un statut unique de disciple privilégiée de Jésus. On connaît en effet des écrits de groupes chrétiens marginaux ou franchement gnostiques, comme l’Évangile de Marie, qui vont dans ce sens et que le romancier a utilisés dans son «Da Vinci Code». Si ces mouvements ont été importants (N.B. : Ils ont compté des milliers de disciples), ils se sont développés dans la frange de la grande Église qui les a combattus théologiquement.

    Pour fonder leur lecture des Évangiles, ces groupes marginaux devaient s’appuyer sur un témoin qui n’était pas revendiqué par la grande Église, fondée sur les trois piliers que sont Pierre, Paul et Jean. Les communautés marginales se sont donc adossées à des figures comme Marie-Madeleine ou Thomas, que l’on présente comme les détenteurs de l’authentique vérité, contre celle de Pierre et des autres apôtres. Cependant, à l’époque, tout le monde était conscient qu’il s’agissait là d’une fiction narrative.

    6. Jésus a-t-il aimé Marie-Madeleine plus que les autres disciples?

    Voici l’une des idées que véhicule « l’Évangile de Marie ». Le récit nous fait assister à un dialogue entre les disciples, désemparés après la disparition de leur maître.

    Pierre s’adresse alors à Marie-Madeleine et lui demande de révéler certains enseignements secrets de Jésus. Celle-ci s’exécute, mais sa révélation déclenche une dispute au sein des disciples.

    Certains, dont Pierre, refusent de croire que Jésus ait pu confier des secrets à une femme, à leur insu. Mais un autre disciple, Levi, prend sa défense : « Pierre, tu es depuis toujours porté à la colère, et maintenant je te vois débattre avec la femme comme si c’était un adversaire. Pourtant, si le Sauveur l’a rendue digne, qui es-tu, toi, pour la rejeter ? Assurément, c’est sans faille que le Seigneur la connaît, c’est pourquoi il l’a aimée plus que nous » (Cf. Évangile de Marie, p. 18,7-15).

    Que signifie cette phrase « il l’a aimée plus que nous » ? Ne faudrait-il pas comprendre que Jésus l’a jugée plus apte que les autres à recevoir des secrets, des mystères ? L’amour dont parle ce texte est celui qui unit un maître à son disciple le plus proche et le plus cher. Nous avons bien là l’idée d’une révélation ésotérique.

    Ce n’est d’ailleurs pas un cas unique : dans les Évangiles canoniques aussi, il arrive en certaines occasions que Jésus partage une révélation particulière avec trois disciples privilégiés, Pierre, Jacques et Jean, par exemple sur la montagne de la transfiguration (Cf. Marc 9,2-10).

    7. Peut-on exclure toute signification érotique à cet amour de Jésus pour Marie Madeleine ?

    Pour répondre à cette question, reprenons les textes originaux, écrits en grec et en copte, du passage précité de l’Évangile de Marie.

    Le verbe grec utilisé dans la phrase « il l’a aimée plus que nous » est « agapao », traduit en copte par « ouôsh ». Ce verbe est assez rare en grec classique, mais il est devenu très important pour les juifs et les chrétiens qui l’ont notamment utilisé pour exprimer le commandement biblique « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Il signifie « accueillir avec amitié », « traiter avec affection », « chérir (ses enfants) », « avoir une préférence pour » et, beaucoup plus rarement, « aimer d’amour ». Les auditeurs de ce texte n’y voyaient probablement aucune référence à une relation érotique ou conjugale.

    8. Marie-Madeleine a-t-elle semé le trouble chez les disciples, suscité des jalousies dans le groupe?

    Que s’est-il vraiment passé vers l’an 30 de notre ère dans l’entourage de Jésus ? Il est impossible de le savoir. Mais cela dit, nous avons des traces de tensions entre les disciples dans des sources moins contestées que les récits apocryphes.

    Dans l’Évangile de Jean par exemple, on découvre une rivalité entre Pierre et « le disciple que Jésus aimait ». Mais ce texte reflète surtout les rivalités qui ont surgi par la suite entre diverses communautés chrétiennes.

    Cependant, le groupe des disciples n’était pas aussi uni et hiérarchisé que la Tradition veut bien le dire.

    Les Évangiles arborent une image des Douze qui, par moments, n’est pas brillante. Ils apparaissent comme des pleutres en fuyant au moment de l’arrestation de Jésus, alors que Marie-Madeleine, elle, est au pied de la croix et joue un rôle central dans le récit de la Passion. Il n’est donc pas exclu que Marie-Madeleine ait provoqué des tensions dans leur groupe, en tout cas après la mort de Jésus. Ces tensions s’expliqueraient-elles par des références différentes concernant les figures d’autorité pour appuyer leur interprétation particulière des paroles de Jésus ?

    9. Marie-Madeleine a-t-elle embrassé Jésus sur la bouche?

    C’est l’une des affirmations sensationnelles que l’on tire de l’Évangile de Philippe, un texte apocryphe du 3ème siècle après J.-C., conservé dans l’un des manuscrits coptes trouvés en 1945 à Nag Hammadi, en Haute-Egypte. Dan Brown a tiré profit de ce texte dans son « Da Vinci Code », où l’on peut lire en page 308 : « Et le Sauveur avait pour compagne Marie-Madeleine. Elle était la préférée du Christ qui l’embrassait souvent sur la bouche. Les autres apôtres en étaient offensés et ils exprimaient souvent leur désaccord ». Ils disaient à Jésus : « Pourquoi l’aimes-tu plus que nous ? ».

    En réalité, le passage en question est mal conservé et comporte plusieurs lacunes. Dans l’unique manuscrit copte, le codex II de Nag Hammadi, il figure du bas de la page 63, ligne 30, au haut de la page 64, ligne 9. Si on le traduit dans sa totalité et de manière précise, on lit en réalité ceci (les parties manquantes et reconstituées sont placées entre crochets) :

    « Quant à la Sagesse qui est appelée « la stérile », elle est la mère [des an]ges. Et la compagne du S[auveur est Ma]rie la Mag[da]léenne. Il l’[aimait] davantage que [tous] les disciples et il l’embrassait sur sa [...de nombreuses] fois. Les autres [disciples...] lui dirent : « Pourquoi l’aimes-tu plus que nous tous? » Le Sauveur répondit : «Pourquoi est-ce que je ne vous aime pas comme elle ? Quand un aveugle et un homme qui voit sont ensemble dans l’obscurité, ils ne sont pas différents l’un de l’autre. Quand la lumière vient, alors celui qui voit va voir la lumière et celui qui est aveugle va rester dans l’obscurité ».

    Bien sûr, combler la lacune par « il l’embrassait sur sa bouche » est une possibilité, mais ce n’est pas la seule. D’ailleurs, même si le texte disait effectivement que Jésus a embrassé Marie-Madeleine sur la bouche, nous ne pouvons y voir qu’un sens dénué de tout érotisme.

    C’est un langage mystérieux, une métaphore qui signifie que le maître transmet un enseignement ou un pouvoir spécial à son disciple le plus proche. Comme nous l’apprend la conclusion du passage, nous avons là l’idée, typiquement gnostique, que certains êtres humains sont prédisposés à recevoir la lumière. Marie-Madeleine est aimée davantage parce qu’elle est capable de comprendre la vérité mieux que les autres disciples.

    Il ne faut sans doute pas y voir autre chose. Aujourd’hui, au Proche-Orient, des hommes s’embrassent sur la bouche sans être homosexuels. Bien sûr, le texte sous-entend une forte intimité entre Jésus et Marie-Madeleine, mais celle-ci n’est pas forcément érotique. Le langage utilisé renvoie plutôt à être l’intimité du maître et du disciple.

     * Marie Madeleine et Jésus - 12 questions

    10. A-t-elle pu épouser Jésus?

    Si l’on ne parle jamais d’une femme ou d’enfants de Jésus, on parle également très peu de sa famille à lui. Les textes sont très discrets sur sa mère, sur son frère Jacques et plus encore sur ses autres frères et sœurs. Cette remarque est également valable pour les apôtres Pierre et Paul. Quant à nous, au fond, cela nous gênerait-il d’imaginer Jésus marié ? Parce que, quand on connaît le monde juif de l’époque, on a de la peine à croire que Jésus ait posé le célibat comme une valeur en soi.

    Le célibat de Jésus est une énigme. Bien sûr, les auteurs des Évangiles auraient volontiers glissé une mention montrant que Jésus avait une affection particulière pour les femmes, ou pour une femme. Car à l’époque, le rabbi exemplaire avait famille nombreuse. Alors, comment expliquer cette lacune? Ne pourrions-nous pas y voir un héritage spirituel de Jean-Baptiste, dont Jésus a été le disciple ? Lui aussi était célibataire, mais il pratiquait une ascèse que n’a pas retenue Jésus !

    Peut-on encore imaginer que Jésus vivait dans l’attente d’une venue imminente du Royaume des cieux, et que cette attente rendait la paternité peu souhaitable ? Cette remarque vaut effectivement pour les premières communautés chrétiennes et peut s’appuyer sur certaines déclarations de l’apôtre Paul (Par exemple : 1 Corinthiens 7, 25-35). Mais pour ce qui est de Jésus, il est difficile de savoir ce que signifiait exactement pour lui la venue imminente du Royaume de Dieu.

    11. Le mode de vie de Marie-Madeleine était-il scandaleux?

    Le mode de vie de Marie-Madeleine a dû faire choc, sans aucun doute, et les Évangiles portent les traces du scandale déclenché par l’attitude de Jésus envers les femmes. Qu’une femme fasse partie d’un groupe d’hommes, qu’elle partage comme eux la vie d’un rabbi, qu’elle mange avec lui, qu’elle se montre avec eux et avec lui dans la rue (sans que cela signifie qu’elle partage sa couche), tout cela était provocateur. Assurément, la présence de nombreuses femmes dans l’entourage de Jésus n’a pas plu. Le Nazaréen a eu des positions que l’on peut qualifier de féministes car il professait que les femmes ne devaient pas être exclues de certains privilèges alors réservés aux hommes, comme l’enseignement de la Torah.

    Après l’impulsion nouvelle donnée par Jésus, le rôle des femmes dans le christianisme du 1er siècle va progressivement diminuer. Très vite, on a remis les femmes à la place qui était la leur dans la société antique : on leur a enjoint de se taire, de ne pas enseigner, et on leur a rappelé que c’est Êve qui a fauté, et non Adam – un discours qui était impensable du vivant de Jésus et dans les premiers temps du mouvement chrétien.

     * Marie Madeleine et Jésus - 12 questions

    Le rôle de Marie-Madeleine dans les récits de la résurrection tend aussi à être passé sous silence, comme le suggère le témoignage de Paul en I Corinthiens 15. Dans ce texte, écrit dans les années 50 de notre ère, l’apôtre cite une tradition, qu’il a lui-même reçue, au sujet des apparitions du Christ ressuscité. Parmi les personnes qui ont bénéficié d’une apparition, cette tradition mentionne Céphas (Pierre), les Douze, Jacques et tous les apôtres. Mais elle ne nomme pas Marie-Madeleine qui, d’après tous les Évangiles canoniques, a pourtant été un témoin privilégié de la résurrection de Jésus.

    C’est sans doute que cette révélation, faite à une femme, posait un problème dans un contexte masculin.

    12. Que devint Marie-Madeleine après la Résurrection ?

    La seule chose que l’on sache, c’est que le personnage a connu une très grande notoriété. Elle a donc joué un rôle dans un groupe de croyants après Pâques, où sa place était importante. Pratiquement, cela signifie qu’elle a exercé une activité d’évangélisation où elle mettait en avant son statut de témoin privilégié.

    Le théologien lausannois Daniel Marguerat ne la voit pas forcément s’installer en Égypte, mais relève que son message a connu là un grand succès. Reste la piste de la Gaule, où une tradition tardive, mais très vivace encore aujourd’hui, la fait débarquer en Provence. Cette région lui consacrera d’ailleurs de nombreux monastères, dont l’incontournable basilique de Vézelay, une présence de pierre très forte, mais une présence muette. Et cela permettra à Dan Brown d’imaginer que les descendants de Jésus et de Marie-Madeleine finissent par s’unir aux Mérovingiens.

    Mais là, cette fois, nous venons définitivement de basculer dans la fiction !

    Alors, avant de conclure provisoirement ce parchemin, faisons un crochet rapide par la Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay 

    Lien vers le parchemin 8 : La Basilique et le pélerinage de Vézelay


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  • Parchemin 6

    Marie-Madeleine dans les traditions chrétiennes

     * Dans les traditions chrétiennes

    1. Les premières traditions : l'Apôtre des Apôtres

    Les Pères de l’Église ont tout d'abord souligné son rôle de premier témoin de la Résurrection. C’est sans doute la raison pour laquelle elle fut désignée par Hippolyte de Rome comme l'« Apôtre des Apôtres ».

    Saint Jean Chrysostome a souligné son courage et celui des autres femmes restées au pied de la Croix alors que les disciples de Jésus s'étaient enfuis.

    Grégoire de Tours place en 590 le tombeau de Marie de Magdala à Éphèse, en Asie Mineure : « Dans cette ville repose Marie-Madeleine, n'ayant au-dessus d'elle aucune toiture » (In Gloria Martyrium, ch. 29, P.L., t. 71, c. 731).

    La dépouille de Marie-Madeleine aurait reposé dans l'atrium précédant un sanctuaire, tradition typiquement éphésienne. Pour Grégoire de Tours, Marie la Magdaléenne et Marie la mère de Jésus seraient toutes deux mortes à Éphèse. Cependant, cette tradition est fausse pour les exégètes qui pensent que Marie de Magdala n’a jamais quitté la Palestine.

    2. L'assimilation à une pécheresse

    Selon Madeleine Scopello, « la Tradition chrétienne des premiers siècles s'est rapidement emparée du personnage de Marie la Magdaléenne en lui attribuant des actes accomplis et faits par d'autres femmes du cercle de Jésus : Marie de Béthanie, sœur de Lazare ; la prostituée anonyme repentie chez Simon le Pharisien ; ou encore la femme présente chez Simon le lépreux. Ainsi, Marie-Madeleine est devenue un personnage composite qui a pris consistance sous le pape Grégoire le Grand (590 – 604), puis a traversé les siècles avec une extraordinaire fortune ».

    Marie-Madeleine apparaît au 8ème siècle au martyrologe de Bède le vénérable où elle est célébrée comme sainte le 22 juillet. (N.B. : Le mot martyrologe désigne à l'origine un livre liturgique, recueil de brèves notices sur les saints à fêter).

     * Dans les traditions chrétiennes

    En 1969, le Pape Paul VI a décrété qu'elle ne devait plus être fêtée comme « pénitente », mais comme « disciple », l'Église catholique ne considérant donc plus Marie-Madeleine comme une prostituée repentie. Cependant, cela reste le point de vue dominant pour de nombreux catholiques. Mais les recherches actuelles précisent et confirment l'interprétation du concile Vatican II concernant Marie de Magdala et l'ancienne interprétation de Grégoire le Grand « deviendra de plus en plus quantité négligeable ».

    3. Selon la tradition orthodoxe

    L’Église orthodoxe ne partage pas cet amalgame. Marie de Magdala est considérée comme le premier témoin de la Résurrection.

     * Dans les traditions chrétiennes

    La Tradition orthodoxe rapporte qu'elle est allée reprocher à l'empereur Tibère la mort de Jésus, et lui annoncer sa résurrection. Devant le scepticisme de celui-ci, l’œuf qu'elle tenait en main se teint alors en rouge sang.

    Marie de Magdala, outre sa fête propre le 22 juillet et localement le 26 juin, est également honorée lors du « Dimanche des Myrophores » qui correspond au troisième dimanche de la Pâque orthodoxe.

    4. Selon la « Légende dorée »

    Au 13ème siècle, Jacques de Voragine (moine dominicain chargé par le pape d’écrire une vie des saints « autorisée ») compile dans « La Légende dorée » les récits et légendes concernant 150 saints issus de la littérature religieuse du Moyen Âge.

    Jacques de Voragine  évoque l'hypothèse selon laquelle Marie de Magdala aurait été l'épouse de saint Jean l'Évangéliste. D'aucuns se sont même demandés si Jean et Marie Madeleine n’auraient pas constitué une seule et même personne : Marie de Magdala serait désignée dans les textes sous l'identité de l'« apôtre Jean » – lequel est souvent vu comme l'apôtre préféré du Christ et désigné par des expressions telles que « le disciple que Jésus aimait ».

    Concernant Marie-Madeleine, Jacques de Voragine reprend une tradition provençale qui raconte qu'après avoir accosté aux Saintes-Maries-de-la-Mer et avoir évangélisé la région, Marie de Magdala aurait vécu toute la fin de sa vie en prière dans la grotte aujourd'hui sanctuaire de Sainte-Baume (Massif de la Sainte-Baume).

     * Dans les traditions chrétiennes

    Son tombeau à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (France), gardé par les Dominicains, semble considéré comme le 3ème tombeau de la chrétienté.

    Mais aujourd'hui, le fait que Marie de Magdala se soit déplacée jusqu'en Provence est considéré comme une légende.

    5. Marie-Madeleine se serait-elle enfuie de la Terre Sainte ?

    Il existe en effet une tradition selon laquelle Marie-Madeleine (identifiée ici comme Marie de Béthanie), son frère Lazare et Maxime, un des soixante-douze disciples, ainsi que quelques compagnons, auraient voyagé en bateau par la mer Méditerranée fuyant les persécutions en Terre Sainte et auraient finalement débarqué en un lieu appelé « Saintes-Maries-de-la-Mer », près d'Arles. Puis, Marie-Madeleine aurait voyagé jusqu’à Marseille où elle aurait entrepris l’évangélisation de la Provence, pour ensuite se retirer dans une grotte, la Sainte Baume, dans les environs de Marseille, où elle aurait mené une vie de pénitente pendant 30 ans. Selon cette tradition, quand est venue l’heure de sa mort, elle fut transportée par les Anges à Aix-en-Provence, à l’oratoire de Saint Maximin, où elle reçut le viatique (= communion à un mourant). Son corps fut enterré dans un oratoire construit par Maximin dans une petite ville, connue depuis lors comme Saint-Maximin.

    Les traditions qui mentionnent ce voyage ne datent que du 10ème siècle environ et identifient Marie de Magdala avec la pécheresse de Luc 7, 36-50 et Marie de Béthanie, alors que cette identification est contestée. Certains exégètes en concluent que sa mort en Provence n'est que légendaire et que Marie de Magdala n’a pas quitté la Palestine.

    6. Marie-Madeleine aurait-elle pu être l’épouse du Christ ?

    Certains interprètes contemporains parlent de « mariage spirituel » : en soutenant, dans « Dieu homme et femme », que Marie de Magdala et Jésus étaient époux « en esprit », les théologiens Jürgen Moltmann et Elisabeth Moltmann posent la question d'une égalité fondamentale entre l'homme et la femme. Il est à cet égard intéressant de remarquer que les dernières recherches exégétiques sur le lien entre Marie de Magdala et Jésus vont dans le sens de cette interprétation, comme le met en lumière l'exégète Xavier Léon-Dufour : en Jean 20, 16, Marie dit à Jésus « Rabbouni ». Ce mot est traduit par « maître » dans l'Évangile, mais « Rabbouni » est en réalité un diminutif de Rabbi et pourrait ajouter une nuance d'affection ou de familiarité. La quête aimante de Jésus par Marie de Magdala en Jean 20, 11-16 renvoie au Cantique des cantiques 3,1-4.

    Marie-Madeleine aurait eu des enfants avec Jésus, mais l'Église catholique aurait étouffé ces faits par la force et la terreur, et fait de Marie-Madeleine une prostituée afin de condamner le désir charnel.

    C'est sous cet angle que la vie et le rôle de Marie de Magdala ont été récemment exploités dans des livres destinés au grand public comme « La Révélation des Templiers » de Picknett et Prince, sans valeur scientifique reconnue dans les milieux universitaires.

    Toute cette dimension sera reprise par le romancier Dan Brown pour son thriller ésotérique « Da Vinci Code ». Il y fait de Marie-Madeleine le symbole de la « féminité sacrée », en prétendant qu'elle était elle-même le Saint Graal : « Le Graal est littéralement l’ancien symbole de la féminité et le Saint Graal représente le féminin sacré et la déesse, qui bien sûr a disparu de nos jours, car l’Église l’a éliminée. Autrefois, le pouvoir des femmes et leur capacité à donner la vie était quelque chose de sacré, mais cela constituait une menace pour la montée de l’Église majoritairement masculine. Par conséquent, le féminin sacré fut diabolisé et considéré comme hérésie. Ce n’est pas Dieu mais l’homme qui créa le concept de « péché originel », selon lequel Ève goûta la pomme et fut à l’origine de la chute de la race humaine. La femme qui fut sacrée, celle qui donnait la vie, fut transformée en ennemi ».

    En dehors de cette perspective mystique féministe, l'idée de dépeindre Marie de Magdala sous les traits d'une épouse a été exploitée dans la littérature dès le milieu du 20ème siècle. Dans son roman datant de 1951 « La Dernière tentation du Christ », qui montre un Jésus succombant à la tentation d'une vie simple, l'écrivain grec Níkos Kazantzákis fait intervenir le thème de l'union amoureuse entre les deux personnages.

    7. Jésus a-t-il épousé Marie-Madeleine ?

    Le « Da Vinci Code » prétend que le Christ a épousé Marie-Madeleine et qu'ils ont eu une descendance. Mais il n'existe aucune trace historique d'un mariage de Jésus.

    Selon Régis Burnet, professeur de Nouveau Testament à l’U.C.L., il n’y a pas d’indice d’un mariage de Marie de Magdala avec Jésus. D’après les Évangélistes, les relations entre Jésus et Marie de Magdala sont empreintes d’affection. Depuis le « Da Vinci Code », la thèse de leur mariage a le vent en poupe. Ils auraient même eu une descendance ! Mais il n’y a pas d’indices créditant l’hypothèse de ce mariage et de cette descendance.

    Ceux qui défendent ce scenario assurent que le Christ n’aurait pas pu rester célibataire car le célibat d’un rabbi était condamné par la coutume. Remarquons que Jean-Baptiste, lui aussi prophète, n’était pas marié, et que ceux qui, comme le Nazaréen, annoncent le Royaume, ne se marient pas en général. Les propos de l’apôtre Paul montrent aussi que la virginité volontaire est valorisée dans le contexte de la venue imminente du règne de Dieu.

    Qu’en dit le « Da Vinci Code » ? Le Christ était marié. Il avait pour épouse Marie-Madeleine, et il eut avec elle une descendance. D’ailleurs, dans la mentalité juive de l’époque, il aurait été impossible que le Christ soit célibataire, car le célibat était condamné par la coutume. L’Église a fait de Marie-Madeleine une prostituée, pour effacer la trace de ses origines royales.

    Qu’en dit l’histoire ? Il n’existe aucune trace d’un mariage de Jésus. Le silence complet de la Bible sur ce point serait incompréhensible si le Christ avait eu une épouse. Dans les mentalités juives de l’époque du Christ, la virginité volontaire n’était pas du tout inconcevable, notamment dans le contexte de l’attente messianique. L’idée d’un mariage de Jésus n’a aucun fondement historique. Les relations du Christ avec Marie-Madeleine sont empreintes d’une grande affection, comme ses relations avec saint Jean, par exemple. Mais rien dans les textes ne permet de supposer que le Christ n’est pas resté célibataire.

    Qu’en dit la Bible ? Marie-Madeleine est une des femmes qui accompagnent Jésus, et dont certains noms sont donnés dans l’Évangile (Marthe et Marie : Lc 10, 38-42 ; Jeanne, Marie de Magdala, Suzanne : Lc 8, 1-3). Marie-Madeleine se montre profondément attachée au Christ, auquel elle donne le titre solennel de « Rabbouni », lorsqu’elle le rencontre après la résurrection (Cf. Jn 20, 16). Jamais les Évangiles ne laissent supposer qu’il existe une relation amoureuse entre Jésus et Marie Madeleine. Dans le Nouveau Testament, il est dit clairement, en revanche, que le Christ est l’époux de l’Église, exactement dans le même sens que, dans l’Ancien Testament, Yahvé se présentait comme l’époux de son peuple Israël.

    Qu’en disent les Évangiles ? Les Évangiles nous disent que Jésus en avait chassé « sept démons » (Cf. Mc 16, 9 ; Lc 8, 1-3). Une longue tradition l’a associée à la pécheresse qui oignit de parfum les pieds de Jésus (Cf. Lc 7, 36-50), et à Marie, sœur de Marthe et Lazare (Cf. Lc 10, 39 ; Jn 11, 1-45 et 12, 1-8). De nos jours, l’identité entre ces trois personnes (Marie de Magdala, Marie, sœur de Marte et Lazare, et la pécheresse pardonnée et aimante) n’est plus considérée comme probable par de nombreux spécialistes.

    Qu’en dit l’Église ? L’Église n’a d’autre raison d’être que de transmettre fidèlement la foi des Apôtres et la grâce de Jésus-Christ. Elle ne veut rien ajouter ou retrancher du témoignage des Apôtres sur le Christ. C’est sur cette base qu’elle affirme que Jésus n’a jamais pris femme.

    À partir de ce fait, et de ce qu’en disent les Écritures, l’Église approfondit sa compréhension du mystère de Dieu et de son dessein de salut. Dans cette perspective, le fait que le Christ n’ait pas été marié permet à l’Église, Peuple de Dieu, de se reconnaître comme l’épouse du Christ.

     * Dans les traditions chrétiennes

    En Marie-Madeleine, la tradition chrétienne a toujours reconnu une figure insigne du repentir, un modèle de l’amour confiant du pécheur pardonné par le Christ, un exemple de vie contemplative. Loin de dévaluer Marie-Madeleine, l’Église l’honore comme sainte Marie-Madeleine, et de nombreux sanctuaires lui sont dédiés (comme la basilique de Vézelay, par exemple). Il n’existe aucune trace de la prétendue lignée royale de Marie-Madeleine. Pour les chrétiens, la noblesse des origines n’est rien : c’est l’accueil de la grâce et du pardon de Dieu qui fait la grandeur du chrétien. Le Royaume des Cieux, a dit Jésus, est pour les pauvres, les enfants, et ceux qui leur ressemblent. «  Les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers » (Cf. Mt 20, 16).

    8. A-t-on des traces historiques d’un mariage de Jésus ?

    Il n’existe aucune trace historique d’un mariage de Jésus. Aucun texte de l'Antiquité n'évoque un tel mariage, y compris les évangiles gnostiques. Et il convient de se rappeler que les mentalités juives n'excluaient pas forcément le célibat.

    Les écrits du Nouveau Testament, bien sûr, n’en parlent pas. Mais aucun autre texte de l’antiquité n’évoque un tel mariage. Il ne semble même pas que le célibat de Jésus ait jamais été remis en question au long des premiers siècles de l’histoire de l’Église. Les textes gnostiques, qui transmettent une vision négative du corps et de la sexualité, seraient d’ailleurs le dernier endroit où chercher l’idée que Jésus ait pu être réellement marié.

    9. Mais les mentalités juives n’excluaient-elles pas le célibat ?

    L’argument consistant à dire que les mentalités juives de l’époque condamnaient le célibat présuppose qu’aucune exception n’était possible. Pourtant, Jésus a montré plusieurs fois qu’il ne se sentait pas tenu par les coutumes juives. Cela lui fut même durement reproché par les Pharisiens. Le Christ se déclare au-dessus du Sabbat, quand il s’agit du bien du prochain ; il ne soumet pas ses disciples au jeûne ; il protège de la lapidation une femme adultère ; il interdit le divorce ; il prend des repas chez les publicains et les pécheurs… Une telle liberté vis-à-vis des coutumes est même un des traits caractéristiques de la vie de Jésus.

    Du reste, est-il vrai que les mentalités juives excluent totalement le célibat ? Les Evangiles, qui ont incontestablement été écrits par des Juifs, mentionnent l’entourage féminin de Jésus, sans jamais suggérer que Jésus ait pu lui-même avoir une femme. Bien plus, les apôtres s’étonnent un jour de le voir parler seul à seul avec une femme (Cf. Jn 4, 27). Jésus lui-même enseigna la valeur du célibat gardé « en vue du Royaume des Cieux » (Cf. Mt 19, 10). L’apôtre Paul, juif lui aussi, affirme clairement qu’il n’est pas marié, et qu’il voudrait que tout le monde fût comme lui (Cf. I Cor 7, 7). Dans l’Ancien Testament, le prophète Jérémie n’était pas marié. On connaît par ailleurs des sectes juives contemporaines du Christ, comme celle des Esséniens, qui prônaient le renoncement au mariage.

    C’est d’ailleurs l’une de ces communautés esséniennes, celle de Qumrân, que permirent de mieux connaître les fameux « Manuscrits de la Mer morte », dont Dan Brown prétend faire grand cas…

    Que disent les « évangiles » gnostiques ? Dan Brown affirme que ces textes sont plus anciens et plus fiables que ceux du Nouveau Testament. Il n’en est rien, puisqu’il est établi qu’ils sont tous postérieurs, de beaucoup, aux quatre Evangiles canoniques. Quoi qu’il en soit de leur fiabilité, toutefois, les textes gnostiques ne suggèrent jamais que le Christ ait pu être marié à Marie Madeleine.

    Marie-Madeleine n’apparaît que très peu dans les plus anciens de ces textes. Dans l’Évangile de Thomas (2ème siècle) lorsque Pierre demande à Jésus d’éloigner Marie parce que, dit-il, « les femmes de sont pas dignes de la vie », Jésus répond : « Voici que je la guiderai pour en faire un Homme… Toute femme qui se fera Homme entrera dans le royaume de Dieu » (Logion 114 ; « Homme » dans ce contexte, désigne le disciple parfait, celui qui a dépassé le masculin et le féminin). (N.B. : Dans le Nouveau Testament, « logion » désigne les mots, la parole de Dieu).

    Marie-Madeleine ne joue un rôle important que dans l’Évangile de Marie et l’Évangile de Philippe datant du 2ème et du 3ème siècle.

    Ces textes (apocryphes) disent que Marie-Madeleine était très proche de Jésus – plus proche que les Apôtres, ce qui en offusquait certains – et que Jésus lui avait fait des révélations spéciales. Mais ce qui est toujours décrit, c’est une proximité d’ordre spirituel. De fait, les textes gnostiques se caractérisent par leur vision pessimiste du corps, voire leur condamnation de la sexualité. On peut dire que plus Marie-Madeleine est décrite comme spirituellement proche de Jésus, moins il est vraisemblable qu’elle ait été son épouse.

    10. De quand date l’idée que le Christ aurait été marié à Marie-Madeleine ?

    L’idée que Jésus ait été marié à Marie-Madeleine est, en réalité, une invention… de la fin du 20ème siècle ! Elle a eu un certain succès dans la littérature, voire le cinéma, avant d’être popularisée par le « Da Vinci Code ». Elle a également séduit certains théologiens « alternatifs », notamment ceux qui prétendent élaborer une théologie « féministe ». Cette idée correspond bien sûr au refus de considérer le Christ comme Dieu. Mais elle traduit aussi la conception, toute contemporaine, selon laquelle une vie sentimentale et amoureuse est totalement nécessaire à l’équilibre individuel. Ce n’est pas du tout ce que pensaient les Gnostiques au 2ème ou au 3ème siècle. L’idée selon laquelle le Christ a dû être marié en dit plus long sur les mentalités actuelles que sur la figure historique de Jésus.

    11. Ce que dit la Bible sur le mariage de Jésus.

    Saint Paul dit que Jésus est l'époux de l'Eglise (Cf. Eph 5, 25-32).

    Marie-Madeleine est l’un des personnages les plus attachants de l’Évangile. Elle est loin d’être confinée à un rôle secondaire. Au contraire, d’après saint Jean l’Evangéliste, elle est la première à rencontrer le Christ ressuscité, et Jésus la charge de transmettre un message aux autres disciples (Cf. Jn 20, 1-18).

    Alors que les disciples masculins de Jésus paraissent souvent craintifs ou lents à comprendre ce que Jésus leur dit, Marie-Madeleine et les autres femmes de l’Évangile manifestent toujours une confiance absolue dans le Christ, et une affection plus forte que toutes les épreuves. Les femmes sont, avec l’apôtre Jean, les seules à se tenir au pied de la Croix de Jésus.

    Les Évangiles ne dissimulent jamais les faiblesses des apôtres, ni les tensions qui ont survenu entre eux. Jamais, pourtant, ils n’évoquent une quelconque animosité des disciples envers Marie-Madeleine.

    Saint Paul parle explicitement du mariage de Jésus : il dit de lui qu’il est l’époux de l’Église (Cf. Eph 5, 25-32). Ce faisant, Paul utilise une image que le Christ a souvent employée pour parler de lui-même : il est « l’époux qui vient », non pas l’époux charnel d’une personne singulière, mais l’époux spirituel de tout son peuple (Cf. Mt 22, 1-14 ; 25, 1-13). Jésus reprend ainsi à son compte les expressions de l’Ancien Testament qui décrivent l’alliance de Yahvé avec le peuple juif comme une alliance conjugale (Cf. Is 54, 5 ; Os 2, 16-19). Le Christ est véritablement l’époux de l’Église.

    12. Que dit l'Eglise sur le mariage de Jésus ?

    L'Eglise témoigne de ce qu'elle a reçu : l'enseignement même des Apôtres, conservé notamment dans le Nouveau Testament.

    13. Que le Christ ait été marié ou non, est-ce vraiment important ?

    Certains disent parfois que cette question, au fond, ne change rien pour eux, que cela ne change rien au message essentiel du Christ. Peut-être même que le Christ, s’il était marié, serait ainsi plus proche de nous, plus « humain »… Mais ce n’est pas ainsi que raisonnent les chrétiens. Pour eux, en effet, il est très important de distinguer entre ce qui leur plairait, et la réalité du Christ. Les chrétiens ne veulent pas d’un Christ « idéalisé » ou conforme aux idées du jour : ils veulent le Christ authentique, celui qui est passé sur la terre, et dont la venue a transformé la vie du monde.

    14. Les sept « démons » ou « mauvais esprits »

    Dans son ouvrage « Trois amies de Jésus de Nazareth », l'exégète Jean Pirot remet en cause l'identification opérée dans le catholicisme, depuis la publication des homélies de Grégoire 1er, entre Marie de Magdala, Marie de Béthanie et la pécheresse anonyme citée en Luc 7:36-50.

    L'assimilation de Marie de Magdala à une pécheresse découle selon lui d'une erreur d'interprétation du passage de Luc 8:2, qui précise que Marie était possédée par sept démons. Il explique que cette « possession » n'était pas liée à l'idée de péché mais plutôt à une névrose, et considère d'une manière générale que, contrairement à l'interprétation propre à la tradition catholique, les occurrences de possession par les « mauvais esprits » dans les Évangiles sont des métaphores pour désigner la maladie (physique ou nerveuse) plutôt que le péché.

    15. Vénération de Marie-Madeleine

     * Dans les traditions chrétiennes

    Le premier lieu de France où nous savons qu’il y a eu un culte à Marie-Madeleine, fut la ville de Vézelay, en Bourgogne. Il est attesté qu’il s’effectue des pélerinages au tombeau de Marie-Madeleine à Vézelay depuis au moins 1030. Le 27 avril 1050, une autorisation du pape Léon IX plaça officiellement la petite abbaye de Vézelay sous le patronage de Marie-Madeleine. Jacques de Voragine parle de la version officielle du déplacement des reliques de la sainte depuis son tombeau dans l’oratoire de Saint-Maximin près d’Aix-en-Provence jusqu’à la récente abbaye fondée à Vézelay, en 771. Le saint Maximin de cette légende est un personnage qui ressemble trait pour trait à l’évêque historique Maximin et au Maximin qui, selon la légende, accompagna Marie-Madeleine, Marthe et Lazare, en Provence.

    Lien vers le parchemin 7 : Le mystère de Marie-Madeleine et Jésus en 12 questions


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  • Parchemin 5

    Réflexions

    Il y a bien des manières de croire !

    Au pied de la croix, se tiennent debout, ceux qui n’ont pas fui le lieu de la souffrance et de la mort. Ils n’étaient pas forcément plus courageux que les autres, mais ils se savaient aimés de Jésus au-delà de tout. Et parce qu’ils se savent aimés, ils sont là muets devant la croix.

    Parmi eux :

    - des femmes : Marie bien sûr, mais aussi Marie-Madeleine ;

    - un homme : sans doute Jean. Mais son nom n’est pas dit. Il est désigné comme le disciple que Jésus aimait. C’est tout disciple qui se reconnaît aimé.

    Les Saintes Femmes sont, dans la tradition chrétienne, les disciples de Jésus-Christ qui le suivirent dans son ministère et, se rendant de bon matin à son sépulcre pour embaumer le corps après sa crucifixion, découvrirent le tombeau vide et reçurent l'annonce de la Résurrection. Dans beaucoup de traditions, comme dans celle des Saintes Maries en Camargue, les Saintes Femmes sont au nombre de trois.

    L'iconographie les a abondamment représentées dans des scènes de mise au tombeau où l'éloquence des larmes exprime leur attachement à l'humanité du Fils de Dieu. Tous les Évangiles les mentionnent, mais avec des différences notables quant à leur nombre, leur nom et leurs liens de parenté.

    L'identité des Saintes Femmes n'est pas clairement assurée. Les Évangiles divergent entre eux. Les Saintes Femmes citées sont connues sous plusieurs noms. Les liens qui les unissent, en particulier leurs liens familiaux, sont obscurs. Marie Madeleine (Marie de Magdala) est la seule qui figure dans les quatre Évangiles. L'Église catholique retient la liste canonique de Marie Jacobé (épouse de Clophas), de Marie Salomé (femme de Zébédée) et de Marie Madeleine.

    Matthieu évoque Marie de Magdala et l'autre Marie (Cf. Mt 28, 1). Marc précise Marie, mère de Jacques, et mentionne Salomé (Cf. Mc 16, 1). Luc ajoute, pour l'annonce de la résurrection, Jeanne et les autres qui étaient avec elles (Cf. Lc 24, 10). Jean ne retient que Marie de Magdala pour la découverte du tombeau vide (Cf. Jn 20, 1). Ailleurs, Luc fait figurer, en outre Jeanne, femme de Kouza, intendant d'Hérode, et Suzanne (Cf. Lc 8, 2-3). De ces deux dernières, on ne sait pas grand-chose, sinon qu'elles étaient vraisemblablement veuves pour suivre Jésus de Nazareth.

    Devant le tombeau vide, comme Pierre ou Marie-Madeleine, l’autre disciple, celui que Jésus aimait, voit qu’il n’y a plus de corps. Il ne reste rien, seulement des bandelettes. C’est la dépossession la plus complète : il ne reste même plus le corps de celui qui est mort. Devant le signe du tombeau vide, le disciple bien aimé, parce qu’il se sait aimé, fait confiance et croit.

    Marie-Madeleine ne reconnaît Jésus qu’à l’appel de son nom : « Marie » … « Rabbouni ». Elle a besoin de cette relation affective pour croire. « Ne me touche pas… Va trouver mes frères et dis leur que je monte vers mon Père qui est votre Père ». Au-delà des certitudes sensibles, Marie-Madeleine est invitée à croire, même quand celui qu’elle aime, Jésus, sera absent ; invitation à entrer dans une relation filiale faite de confiance, et dans une relation fraternelle.

    Marie-Madeleine vient voir le corps du défunt, mais il n’est plus là. Elle croit que l’on a enlevé le corps. Il ne reste donc plus rien. Dans son désarroi, elle court, rejoint Simon Pierre et l’autre disciple. Marie-Madeleine est restée sur le passé. Elle vient pour un mort. Elle cherche un corps, elle pleure un mort. Elle ne peut donc pas reconnaître Jésus qu’elle prend pour le gardien. Elle se retourne, physiquement, mais aussi spirituellement. C’est au moment de l’appel de son nom « Marie », que se passe en elle une conversion. Elle répond « Rabbouni ». Il s’installe entre Jésus et Marie une relation personnelle, faite d’affection. C’est ainsi que Marie entre dans le mystère de la foi en la Résurrection. Marie qui a vu et entendu Jésus, aimerait bien le toucher, et avoir une relation de proximité comme avant. Mais Jésus refuse. Ne me retiens pas… je monte vers mon Père. Jésus authentifie ainsi sa Résurrection. Va trouver mes frères. Jésus, qui est le témoin du Père, fait de Marie-Madeleine un témoin de la Résurrection. Mon Père qui est votre Père... Mon Dieu qui est votre Dieu. Il n’y a pas de possession, de captation, on est dans l’ordre du don. A partir de là, la filiation est possible. Nous entrons dans la plénitude de la vie divine et alors, nous devenons frères.

    Reconnaissante et pleine d’affection pour son « rabbouni » (son « cher petit rabbi », comme elle l’appelle familièrement en Jean 20, 16), Marie-Madeleine est une femme touchante, mais Jésus ressuscité ne se laisse pas toucher par elle. Exégètes et mystiques ont beaucoup glosé autour de cette phrase mystérieuse « Noli me tangere ». De la part de Jésus, il n’y a pas de rebuffade, mais une tendre plainte, une supplique selon Christine Pedotti. Comme s’il laissait entendre qu’il pouvait être retenu par la jeune femme et que l’acharnement de cette tendresse lui était une souffrance.

    Les écrits apocryphes des 2ème et 3ème siècles, imprégnés de gnosticisme, font de Myriam (Marie) de Magdala la disciple préférée de Jésus. Il lui aurait fait des révélations rien qu’à elle, suscitant l’hostilité d’autres disciples.

    Selon les écrits apocryphes

    Un texte du codex de Berlin, écrit en copte à la fin du 2ème siècle (selon Michel Tardieu), porte son nom : l’Évangile de Marie. Il s'agit d'un texte gnostique comprenant un dialogue entre le Christ et Marie de Magdala, celle-ci le restituant aux apôtres, suivi de dialogues entre Marie et eux.

    Dans la Pistis Sophia, texte gnostique en copte datant de 350 environ, Jésus dialogue avec Marie-Madeleine et les autres disciples. Il s’y reflète l’importance de Marie-Madeleine au sein du groupe des Apôtres. La Pistis Sophia est attribuée à Valentin, éminent et courageux chercheur de la Vérité, qui a eu le courage de se rebeller contre les dogmes pontificaux de l’Église catholique, qui avait déjà commencé à cette époque (1er et 2ème siècles de notre ère) à fabriquer son orthodoxie ecclésiastique avec l’intention de laisser hors-jeu les authentiques chrétiens primitifs qui choisissaient la Gnose qui leur avait été octroyée par Jésus.

    La gnose est un courant multiforme du christianisme des premiers siècles qui propose une voie de salut par la connaissance, à travers une initiation aux mystères célestes révélés par le Sauveur.

    Parmi l'abondante littérature gnostique aujourd'hui connue, sont cités ici les évangiles de Thomas, de Marie, et de Philippe, la Sagesse de Jésus-Christ, la Pistis Sophia, les Dialogues du Sauveur... des écrits en copte traduisant un original grec, et datés entre le 2ème et le 4ème siècle après J.-C., l'évangile de Thomas ayant vraisemblablement une longue préhistoire littéraire remontant au 1er siècle. Les références ci-dessous renvoient au corpus des textes gnostiques découverts, pour la plupart, à Nag Hammadi en Haute-Egypte à partir de l'année 1945. Ces textes sont disponibles en français dans la collection de la Pléiade, Ecrits apocryphes chrétiens I et II (Gallimard, 1997 et 2005) ; de larges extraits sont édités dans le supplément au Cahier Evangile n° 58 (Cerf 1987).

    Beaucoup de théologiens n’ont aucun doute en affirmant que « Durant la seconde moitié du 2ème siècle et au commencement du 3ème siècle, la doctrine de Valentin allait être la plus puissante et la plus sérieuse des dissidentes de l’Église, surpassant en volume par sa littérature celle de l’Église ».

    L’Épître des apôtres, l'Évangile de Pierre, l'Évangile de Thomas et l’Évangile de Philippe évoquent également Marie-Madeleine.

    Simon Pierre aurait cherché à écarter Marie-Madeleine du cercle des adeptes. L’évangile de Philippe la présente comme la compagne de Jésus, qui « l’embrassait souvent sur la bouche ». Beaucoup ont un peu vite déduit de ce geste que Jésus et Marie-Madeleine étaient amants ! Or, dans une perspective gnostique, le baiser sur la bouche est la transmission du souffle, de l’âme spirituelle

    Sources moins controversées, les Evangiles canoniques relèvent, eux, que Jésus invite Marie de Magdala à annoncer aux disciples qu’il est vivant. Raison pour laquelle elle a été qualifiée d’ »apôtre des apôtres » par Hippolyte de Rome, un père de l’Eglise du 3ème siècle. En clair, le premier missionnaire « chrétien » de l’histoire… est une femme !

    Lien vers le parchemin 6 : Marie-Madeleine dans les traditions chrétiennes


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  • Parchemin 4

    Lecture des versets 1 à 18 du chapitre 20

    de l’Évangile selon saint Jean

     * Evangile de Jean 20, 1- 18

    01 Le premier jour de la semaine, Marie-Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau.

    02 Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé ».

    03 Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau.

    04 Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.

    05 En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas.

    06 Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat,

    07 ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.

    08 C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.

    09 Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

    10 Ensuite, les disciples retournèrent chez eux.

    11 Marie-Madeleine se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Et en pleurant, elle se pencha vers le tombeau.

    12 Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus.

    13 Ils lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répond : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé ».

    14 Ayant dit cela, elle se retourna ; elle aperçoit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus.

    15 Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre ».

    16 Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître.

    17 Jésus reprend : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ».

    18 Marie-Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur ! », et elle raconta ce qu’il lui avait dit.

     

    Commentaires des versets 1 à 18 du chapitre 20 de l’Évangile selon Jean

    Le sabbat est passé. La nuit s'achève : un jour nouveau se lève, le premier de la semaine. Ce chapitre nous parle de la formation de la famille de Dieu sur la terre, début d'une ère nouvelle et résultat de la mort et de la résurrection de Christ : « Va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (v. 17). Nous y trouvons aussi évoqué, avec le récit de Thomas, le comportement du résidu pieux d'Israël lorsqu'il reconnaîtra son Messie et le croira en voyant les marques de la croix : « Ils regarderont vers moi, celui qu'ils auront percé » (Zach. 12 : 10).

     * Evangile de Jean 20, 1- 18

    1 – Le tombeau du Seigneur est vide : v. 1-10

    1.1 Marie de Magdala au tombeau de Jésus (v. 1-2)

    En ce glorieux matin de la résurrection, plusieurs personnes vont se rendre au tombeau de Jésus. Marie de Magdala y vient la première. Objet d'une grâce toute particulière, elle avait été délivrée de sept démons. Dans son amour pour son Sauveur, elle vient au sépulcre « comme il faisait encore sombre » (v. 1), désirant voir encore Son corps. Elle veut apporter à Jésus son tribut d'amour et sa reconnaissance pour ce qu'il a fait pour elle. Dans le Cantique des cantiques, la bien-aimée déclare avec bonheur : « Tous les fruits exquis, nouveaux et anciens : mon bien-aimé, je les ai gardés pour toi » (7 : 13). Combien nous nous sentons interpellés ! Venons-nous autour du Seigneur Jésus le dimanche matin avec des cœurs remplis d'amour pour lui ? Avons-nous préparé et gardé quelques fruits pour notre Bien-aimé ?

    En Marc 15 : 47, il est précisé que Marie de Magdala avait regardé où l'on mettait Jésus. Le sabbat étant passé, elle se rend au sépulcre avec deux autres femmes, Marie la mère de Jacques et Salomé, pour venir embaumer le corps de Jésus. Voyant que la pierre qui fermait l'entrée du sépulcre avait été ôtée et que le corps de Jésus n'était plus là, Marie court vers les deux disciples Pierre et Jean. Dans son émoi, elle pense que quelqu'un a enlevé le Seigneur.

    Nous ne trouvons pas Marie de Béthanie au sépulcre. Elle seule avait anticipé ce moment pour honorer le Seigneur, avant sa mort, en lui offrant le parfum de grand prix qu'elle avait préparé. Jésus avait alors déclaré : « Permets-lui d'avoir gardé cela pour le jour de ma mise au tombeau » (12 : 7). Les disciples n'avaient pas eu l'intelligence spirituelle de cette femme ! Ici, c'est Marie de Magdala qui se rend vers eux pour leur apprendre cette grande nouvelle et leur dire que le Seigneur n'est plus dans le tombeau. Notre intelligence spirituelle n'est-elle pas liée à l'état de notre cœur pour le Seigneur ?

     * Evangile de Jean 20, 1- 18

    1.2 Pierre et Jean (v. 3-10)

    Ces deux disciples courent aussitôt au sépulcre afin de vérifier ce que Marie de Magdala vient de leur dire. Ils constatent que le sépulcre est ouvert et que tout est en ordre, les linges qui enveloppaient Jésus sont à terre et le suaire qui avait été sur son visage est « roulé à part, à une autre place » (v. 6-7). Autant de détails donnés pour attester l'authenticité de la résurrection de Jésus.

    Les disciples s'en retournent chez eux, mais Marie-Madeleine, elle, reste là. Dans son désir de voir le Seigneur et dans son amour ardent pour Lui, elle veut en savoir davantage. Le Seigneur va répondre à son désir et se révéler à elle. Et nous, sommes-nous comme les disciples qui, après avoir cru, rentrent chez eux ou comme Marie-Madeleine qui ne peut continuer à vivre sans son Seigneur ? Que nous goûtions Sa présence et que nous ne nous lassions pas de lire les Écritures. Elles Lui rendent témoignage et nous apprennent à mieux Le connaître et à mieux l'aimer.

    Marie de Béthanie et Marie de Magdala ont l'une et l'autre le cœur rempli d'amour pour Jésus : cet amour qui est la substance du culte et de l'adoration. Marie de Béthanie avait appris, assise aux pieds de Jésus. Elle a eu l'intelligence et le discernement d'apporter le parfum avant que Jésus soit crucifié. D'ailleurs, elle ne vient pas au sépulcre et nous n'y voyons pas Marthe non plus ! Le Seigneur leur avait parlé de la résurrection en précisant : « Moi, je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra… Crois-tu cela ? » Et encore : « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » (Jean 11 : 25, 40). Enseignées par le Seigneur, elles avaient compris que Jésus ressusciterait et elles attendaient de voir sa gloire.

     * Evangile de Jean 20, 1- 18

    2 – La rencontre de Jésus avec Marie de Magdala : v. 11-18

    2.1 Deux anges s'adressent à Marie (v. 11-13)

    Marie de Magdala ne peut pas se résoudre à ce que le corps de son Seigneur ne soit plus là. Elle reste près du sépulcre et elle pleure. Puis elle se baisse pour regarder dans le tombeau où Son corps avait été couché et elle voit deux anges qui lui posent cette question : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » (V. 13). Lorsqu'elle avait couru prévenir les disciples, elle s'était écriée : « On a enlevé du tombeau le Seigneur », mais maintenant au milieu de ses larmes elle répond aux anges : « Parce qu'on a enlevé mon Seigneur ».

     * Evangile de Jean 20, 1- 18

    2.2 Marie voit le Seigneur (v. 14-16)

    Le Seigneur Jésus ne peut pas ne pas répondre à ces pleurs et à cet amour ardent de Marie de Magdala. Il s'approche d'elle et, par un seul mot, se fait reconnaître : « Marie ! » (V. 16). Elle répond aussitôt : « Rabbouni », c'est-à-dire Maître ! Oui, le Bon Berger connaît chacune de ses brebis par son nom, et la brebis reconnaît la voix de son Berger.

    Quelle différence entre l'attitude de Marie de Magdala et celle des disciples Pierre et Jean qui, après avoir vu, s'en retournent chez eux ! Thomas aussi a déclaré : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (V. 29), mais après un temps d'incrédulité et après avoir demandé à voir le Seigneur et même à le toucher. Qu'en est-il de nous, de notre amour pour Jésus ? Qu'il est beau de considérer l'exemple de cette femme pour qui plus rien d'autre ne compte que son Seigneur !

     * Evangile de Jean 20, 1- 18

    2.3 Le message de Jésus aux siens (v. 17-18)

    Alors Jésus va confier à Marie-Madeleine un merveilleux message : « Va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (v. 17).

     * Evangile de Jean 20, 1- 18

    C'est la réalisation prophétique du verset 22 du Psaume 22 : « J'annoncerai ton nom à mes frères, je te louerai au milieu de la congrégation ». Cette citation est rappelée en Hébreux 2 : 11-12 : « Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d'un ; c'est pourquoi il n'a pas honte de les appeler frères quand il dit : J'annoncerai ton nom à mes frères ; au milieu de l'assemblée je chanterai tes louanges ».

    Il est remarquable de voir comment Dieu aime à se servir des choses faibles et petites pour confondre les sages et les intelligents. Il se sert d'un petit enfant couché dans une crèche, ou d'un grain de moutarde. Il désigne ceux que nous n'aurions pas choisis pour annoncer de grandes choses ; ainsi cette femme samaritaine à qui Jésus révèle comment adorer Dieu. Ici, c'est Marie de Magdala qui est choisie pour faire connaître cette relation nouvelle et fondamentale établie avec Dieu connu comme Père. Oui, Il ne regarde pas à l'apparence ni ce à quoi les hommes regardent, mais Il regarde au cœur (1 Sam. 16 : 7). Ce qui compte, c'est un cœur qui aime le Seigneur, qui ne veut rien d'autre que lui. Ainsi Marie de Magdala n'est même pas arrêtée par cette vision des deux anges assis là devant le tombeau – chose pourtant extraordinaire – mais elle veut voir Jésus ! Rien d'autre que lui ne peut la satisfaire. Le début de l'épître aux Hébreux montre Jésus bien plus excellent que les anges, et conduit à le contempler, Lui : « Nous voyons Jésus… » (Héb. 2 : 9).

    C'est aussi Jésus qui s'approche avec compassion de celui qui pleure. Le Seigneur n'abandonne pas celui qui répand son cœur devant lui et le recherche avec larmes. Il est toujours prêt à répondre, à s'approcher, à consoler, et dans sa sympathie à pleurer avec ceux qui pleurent (Cf. Chapitre 11 : 33-35).

    D’après « L'équipe Bible-Notes.org »

    Lien vers le parchemin 5 : Réflexions


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  • Parchemin 3

    Marie de Magdala dans les Évangiles

     * Marie de Magdala dans les Évangiles

    Magdala

    Selon les Évangiles canoniques

    Originaire de la ville de Magdala, sur la rive occidentale du lac de Tibériade, Marie de Magdala est la femme la plus présente du Nouveau Testament. L'Évangile de Luc la présente comme la femme que Jésus a délivrée de sept démons. Elle devint une de ses disciples — peut-être la disciple femme la plus importante du Christ après sa propre mère — et le suivit jusqu'à sa mort.

    Le texte lucanien indique que Jésus, thaumaturge et exorciste, a libéré la Magdaléenne de « sept démons » (Luc 8, 2), l’infini du mal dans la langage biblique. Ce qui ne signifie pas qu’elle était une pécheresse publique ! L’image d’une femme à la sexualité très libre tient à un amalgame : depuis le Moyen Age, on attribue à Marie de Magdala des faits et des actes accomplis par « la pécheresse au parfum » et par Marie de Béthanie, la sœur de Marthe et de Lazare. L’Eglise catholique a rejeté cette confusion en 1969, dans la foulée de Vatican II, et a alors reconnu officiellement le statut de « disciple » de celle qu’on appelle aussi Marie-Madeleine. Seules les traditions populaires et quelques auteurs voient encore en elle une « prostituée repentie », alors qu’elle n’est pas identifiée comme telle dans les Écritures. Reste alors à décrypter cette allusion aux « sept démons » sortis de son corps.

    Marie de Magda souffrait-elle d’une maladie physique ou psychologique ? Avait-elle un caractère « exalté », comme le suggèrent certains exégètes ? Dans la Bible, on évoque en général les « démons » quand on n’est pas capable d’expliquer l’origine du mal. Et leur nombre, « sept », signifie que l’affection devait être d’une gravité extrême. Probablement avait-elle un psychisme perturbé, suggère Christine Pedotti, auteure de « Jésus cet homme inconnu ». « Possédée », elle a été « rendue à elle-même » par son maître Jésus ».

    Pour les quatre Évangiles, elle fut le premier témoin de la Passion du Christ et de la Résurrection. Ils la mentionnent assistant à la mise en Croix avec les autres femmes. Dans les trois Evangiles synoptiques, elle assiste également à la mise au tombeau, tandis que les disciples apeurés ont pris la fuite. Au matin du troisième jour, elle est l’une des trois femmes qui se rendent au sépulcre avec des aromates pour honorer le corps du martyrisé.

    Aux yeux des auteurs des quatre Évangiles canoniques, qui s’adressent à des communautés différentes, elle fut le premier et principal témoin de la Résurrection de Jésus, le matin de la Pâque (Évangile de Marc, XVI, 1s ; Évangile de Matthieu, XXVIII, 9). Ce qui donne à penser que, bien que femme, il était impossible de l’exclure des récits qui sont au cœur de la foi chrétienne.

    Mais Marie Madeleine ne reconnaît pas tout de suite Jésus. Elle essaie de le toucher, ce qui lui vaudra la phrase « Noli me tangere » (« Ne me touche pas » ou « Ne me retiens pas ») dans l'Évangile de Jean, XX, 17.

     * Marie de Magdala dans les Évangiles   * Marie de Magdala dans les Évangiles

    Lien vers le parchemin 4 : Lecture et analyse des versets 1 à 18 du chapitre 20 de l’Évangile selon saint Jean


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  • Parchemin 2

    Portrait de Marie-Madeleine

    Tour à tour présentée comme une prostituée, comme un apôtre, comme un témoin de la résurrection, voire comme la disciple préférée de Jésus ou celle qu’il embrassait volontiers sur la bouche, Marie-Madeleine n’a laissé personne indifférent. Ce disciple du Christ désigne-t-il un homme ou une femme ? Qui était-elle vraiment ? Tel est l’objet du présent parchemin.

    Ce parchemin, qui, je l’espère, sera passionnant du début à la fin, devrait éclairer certains mystères de la vie de Marie-Madeleine. Cette leçon d’histoire devrait aussi nous renseigner sur l’intérêt pour l’Eglise de faire passer Marie-Madeleine pour une prostituée et de taire son message pour mieux contrôler les fidèles. Des hypothèses certes étonnantes, mais tout à fait crédibles !

    Cela fait presque deux mille ans que la rencontre entre Jésus et Marie-Madeleine intrigue et suscite tous les fantasmes.

    Voici donc l’occasion de tenter de tracer un portrait plus réaliste de Marie-Madeleine car les quatre Évangélistes nous parlent de Marie-Madeleine à plusieurs reprises. En réalité, ils nous parlent d’une Marie de Magdala (en grec : Magdaléné).

    Selon Flavius Josèphe, Magdala est le nom de la ville où était née Marie qu’on surnomme Madeleine. C’était une ville florissante grâce à ses pêcheries et à son artisanat.

     * Portrait de Marie-Madeleine

    Le village de Magdala

    L’Évangéliste Matthieu nous signale lui aussi la présence de Marie-Madeleine au Calvaire. Avec d’autres femmes, elle avait suivi Jésus depuis la Galilée et elle le servait (Cf. 27,55-56). On la retrouve aussi au tombeau lors de l’ensevelissement de Jésus et même au matin de Pâques (Cf. 27,61 ; 28,1).

     * Portrait de Marie-Madeleine

    L’Évangéliste Marc, lui aussi, nous la présente au Calvaire (Cf. 15,40) et au tombeau (Cf. 15,47 et 16,1). Luc, l’identifie avec plus de précision. Il semble nous dire que si elle suivait Jésus, c’est parce qu’il l’avait guérie. C’est saint Luc qui affirme que sept démons étaient sortis d’elle (Cf. 8,1-3). Et puis on la retrouve aussi au tombeau (Cf. 24,10).

    Jean l’Évangéliste, par contre, semble mieux la connaître. Il signale sa présence au pied de la croix (Cf. 19,25) et s’intéresse particulièrement à elle dans la scène du tombeau. Elle rencontrera ensuite Jésus ressuscité (Cf. 20,1-19). Partout elle apparaît comme une grande dame reconnaissante et fidèle qui a parcouru les routes de Palestine avec Jésus et ses disciples. Elle sera la première femme qui diffusera l’Évangile à la demande même de Jésus (Cf. 20,17-18).

    Selon le Nouveau Testament, Marie-Madeleine était une prostituée, une pécheresse. Cette représentation a toujours été communément admise, mais depuis la parution du best-seller de Dan Brown en 2003, l’image de ce personnage a changé.

    Marie de Magdala, également appelée « Marie la Magdaléenne », « Marie-Madeleine » ou plus simplement « Madeleine » apparait, dans le Nouveau Testament, comme « une » disciple de Jésus qui le suivit jusqu’à ses derniers jours. Les quatre Evangiles la désignent comme le premier témoin de la Résurrection et qui fut chargée d’en prévenir les apôtres.

     * Portrait de Marie-Madeleine

    L’Église catholique considéra à partir de Grégoire 1er au 6ème siècle que Marie de Magdala ne faisait qu’une avec Marie de Béthanie (la sœur de Marthe et de Lazare) ainsi qu’avec la pécheresse qui oignit le Christ de parfum (comme Marie de Béthanie) (Cf. Luc 7,36-50).

    Cette interprétation n’est partagée ni par les protestants ni par l’Église orthodoxe, qui distingue clairement ces personnages.

    Ce qu’on sait avec certitude de Marie-Madeleine

    Il est certain que la tradition chrétienne en Occident, surtout après saint Grégoire le Grand, identifie dans la même personne Marie de Magdala, la femme qui a versé le parfum dans la maison de Simon le pharisien, et la sœur de Lazare et de Marthe.

    Il est certain que Marie-Madeleine a fait partie du groupe des disciples de Jésus, elle l’a suivi jusqu’au pied de la croix et, dans le jardin où se trouvait le sépulcre, elle fut le premier « témoin de la miséricorde divine » (Grégoire le Grand, XL Hom. In Evangelia, lib. II, Hom. 25, 10).

     * Portrait de Marie-Madeleine

    L’Évangile de Jean raconte que Marie-Madeleine pleurait, parce qu’elle n’avait pas trouvé le corps du Seigneur (Cf. 20, 11) et Jésus a eu de la miséricorde envers elle en se faisant reconnaître comme le Maître et en transformant ses larmes en joie pascale.

     * Portrait de Marie-Madeleine

    Lien vers le parchemin 3 : Marie de Magdala dans les Évangiles


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  • Avertissement

    A l’occasion de la fête de « Sainte-Marie-Madeleine », nous nous proposons de regrouper dans un nouveau dossier l’essentiel des informations dont nous disposons actuellement à propos de Marie de Magdala qui fut une des plus proches disciples du Christ. Les parchemins édités au cours des années précédentes ont été modifiés, retravaillés et intégrés dans le présent dossier puis leur version originale a été supprimée.

    Sainte Marie-Madeleine

     * Introduction et sommaire

    Parchemin 1

    Introduction et sommaire

    Nos fidèles lecteurs se poseront sans doute la question… : pourquoi évoquer Marie-Madeleine sur un blog consacré à l’Ordre des Chevaliers du Temple de Jérusalem ?

    Son histoire est assez méconnue et une confusion règne autour de sa prostitution supposée. Des documents enterrés puis retrouvés en 1945 dans la vallée du Nil, dévoilent une Marie-Madeleine tout autre que celle présentée dans le Nouveau Testament.

    Marie-Madeleine aurait été « la » disciple préférée de Jésus et aurait reçu une initiation unique du Christ provoquant la jalousie de Pierre. Certains prétendent même qu'elle aurait été la femme du Messie, voire la mère de ses enfants !

    L’objectif poursuivi dans le présent parchemin est de tenter de distinguer la vérité de la légende. Cela fait deux mille ans que la rencontre entre Jésus et Marie-Madeleine intrigue et suscite tous les fantasmes. Marie-Madeleine est le personnage féminin le plus cité du Nouveau Testament : une douzaine de fois, c’est-à-dire plus que la plupart des Apôtres !

    Selon l’Évangile de Luc, Marie de Magdala, déjà présente aux côté de Jésus, le Nazaréen, quand il arpente les routes poussiéreuses de la Galilée, fait partie des femmes qui aident le groupe de leurs biens. Son leadership sur ces femmes et l’importance qu’on doit lui accorder sont soulignés par le fait qu’elle est toujours mentionnée en premier dans les listes de femmes qui accompagnent Jésus.

    Certains biblistes et des auteurs de romans voient en la compagne favorite de Jésus une Galiléenne riche, belle et indépendante. Elle était probablement originaire de Magdala, localité de la rive occidentale du lac de Tibériade. Appelée Tarichae par les Grecs, cette cité était réputée pour ses conserveries de poissons d’eau douce, comme en attestent les ruines d’un vaste marché. En 2009, des fouilles israéliennes  ont mis au jour le port de pêche du 1er siècle de notre ère et sa synagogue ornée de fresques et de mosaïques, bâtiment détruit par les Romains en 67 de notre ère.

     * Introduction et sommaire

    Marie Madeleine est une sainte très importante du christianisme et pourtant elle est méconnue, dans le sens premier du terme, c'est-à-dire qu’elle n’est pas appréciée selon ses mérites.

    Essayons donc de découvrir ensemble qui elle était vraiment.

     * Introduction et sommaire

    L’Évangile de Jean est, parmi les textes sacrés fondamentaux, celui qui, proche de nous, correspond le mieux à notre démarche spirituelle. Lu au premier degré, il peut nous paraître primaire, désuet, voire incohérent. Mais il convient d’en chercher le sens caché, et d’en dégager la pensée intuitive. Car, ne l’oublions pas, l’Évangile de Jean est un message d’Amour et de Lumière qui pour nous, Chevaliers Templiers, constitue le fondement de notre spiritualité et qui ouvre sur la Connaissance de la Vérité.

    Le nom « Marie » vient de l'hébreu miryammaryam  dont une des significations est « princesse » et a été rapproché entre autres  de l'égyptien ancien mritmerit, « aimée ».  Remarquons qu’en français, Marie se trouve être l’anagramme du verbe « aimer ».

    La première chose qui frappe en lisant l’extrait de l’Évangile de Jean relatif aux derniers instants de Jésus en croix, c’est qu’à l’exception d’un disciple que Jean est seul à mentionner et que nous ne connaissons que par cette périphrase bien connue « celui que Jésus aimait », ne se trouvent au pied de la croix que des femmes, et parmi celles-ci, Marie-Madeleine.

     * Introduction et sommaire

    Tour à tour présentée comme une prostituée, comme un apôtre, comme un témoin de la résurrection, voire comme la disciple préférée de Jésus ou celle qu’il embrassait volontiers sur la bouche, Marie-Madeleine n’a laissé personne indifférent. Ce disciple du Christ désigne-t-il un homme ou une femme ? Qui était-elle vraiment ?

    Marie de Magdala (ou Marie Madeleine) serait née en l'an 3 de notre ère et aurait été la fille de l'archiprêtre Syrus le Yaïrite, prêtre de David. Son père officiait dans la synagogue de Capharnaüm. Eucharie, sa mère, aurait appartenu à la lignée royale d'Israël mais non davidique.

    Marie de Magdala, également appelée « Marie la Magdaléenne », « Marie-Madeleine » ou plus simplement « Madeleine » apparaît, dans le Nouveau Testament, comme « une » disciple de Jésus qui le suivit jusqu'à ses derniers jours. Les quatre Évangiles la désignent comme le premier témoin de la Résurrection et qui fut chargée d'en prévenir les apôtres.

    L'Église catholique considéra à partir de Grégoire 1er au 6ème siècle que Marie de Magdala ne faisait qu'une avec Marie de Béthanie (la sœur de Marthe et de Lazare) ainsi qu'avec la pécheresse qui oignit le Christ de parfum (comme Marie de Béthanie) (Cf. Luc 7,36-50). Mais cette interprétation n'est partagée ni par les protestants ni par l'Église orthodoxe, qui distinguent clairement ces personnages.

     * Introduction et sommaire

    Marie-Madeleine est la femme la plus présente dans la Bible : elle est le symbole de l'amante de Dieu, de la pardonnée.

    D'après Luc, Jésus délivre Marie-Madeleine du démon. Elle est ensuite le premier témoin de la résurrection. Il faut alors la distinguer de la prostituée qui arrose les pieds du Christ de ses larmes avant de les essuyer avec ses cheveux et de la Marie qui verse sur la tête du Christ un parfum très cher. Néanmoins les trois femmes sont déclarées n'en faire qu'une par le pape Grégoire le Grand au 6ème siècle.

    Au début du Moyen Age, le caractère de prostituée de Marie-Madeleine s'estompe. Elle est présentée comme une pécheresse ordinaire mais une dame assez riche. La signification de Magdala (qui signifie « tour », donc château) et l’attribut du parfum justifient cette interprétation et au-delà, la richesse du monastère de Vézelay.

    Madeleine est en revanche pourvue de tous les traits féminins, à commencer par la faiblesse, qu’elle a vaincue par amour du Christ : elle a ainsi mérité de le voir ressuscité. Marie-Madeleine agenouillée devant le Christ symbolise également l’humilité de la femme (semblable à celle du vassal ou du moine lors de l’ordination).

    Au 11ème siècle, deux facteurs favorisent un intérêt grandissant pour Marie-Madeleine : la volonté de découvrir de nouvelles reliques (d’où l’invention de celles de Madeleine !) et une relecture du Nouveau Testament. Elle devient la patronne de la réforme de l’Eglise. L'abbaye de Vézelay, fondée en 860 est placée sous l'égide de Marie-Madeleine à partir du 11ème siècle. La légende de la sainte est complétée : elle se serait retirée au désert pendant 30 ans pour épancher sa douleur. Elle fournit l’exemple d’un amour extasié.

    Au début du 12ème siècle, la légende se recentre autour de la pécheresse pardonnée, jadis en proie aux sept démons (sept vices), qui témoigne de la résurrection (plus par ses larmes que par sa parole). Elle se rachète par sa crainte et son espérance, et non plus par son amour. Après la mort du Christ, elle se mortifie : elle doit donc consumer sa féminité pour entrer au ciel. On passe donc de l’image d’une Marie-Madeleine riche, brûlée d’amour, à une pécheresse ravagée par le remords. C’est la conséquence de la réforme grégorienne, de la purification de l’Eglise : on commence à considérer le sexe comme la source de tous les péchés.

    La femme pose un problème à l’Eglise. On ne sait que faire de cette pécheresse potentielle, de cet être dont la sensualité (parfum et chevelure de Marie-Madeleine) est un piège pour l’homme. Pour empêcher la femme de nuire, il faut qu’elle soit une épouse soumise à son mari ou au Christ, pleurante et prosternée comme Marie-Madeleine (le thème des larmes est très insistant). L’image de Madeleine pénitente est également montrée en exemple aux hommes et devient de plus en plus forte à mesure que l’Eglise veut se servir de la pénitence comme d’un instrument de domination, en la brandissant comme seule possibilité du rachat du péché.

    Dans les dialogues gnostiques du Sauveur, Marie-Madeleine remplit une fonction analogue à celle du disciple bien-aimé dans l'Évangile de Jean : elle est une figure exemplaire de la foi, de la compréhension et de la connaissance du Sauveur et de sa révélation. Pour cette raison, elle est reconnue par Pierre lui-même (dans l'Évangile de Marie, BG 8502,1 10,1-6) comme la médiatrice et l'interprète autorisée des paroles du Sauveur.

    De deux choses l'une : ou bien les écoles gnostiques ont développé des légendes propres, ou bien l'on doit reconnaître que Marie-Madeleine a joué du temps de Jésus ou dans certains milieux du christianisme primitif un rôle historique particulier. Celui-ci se reflète dans les écrits de Thomas et dans des documents gnostiques qui en ont fait une figure fondatrice du christianisme au même titre que Pierre, Jacques et le disciple bien-aimé des cercles johanniques.

     * Introduction et sommaire

    Le 10 juin 2016, le pape a érigé la Sainte-Marie-Madeleine en fête liturgique. Un décret de la Congrégation du culte divin vient d'élever la mémoire de Marie de Magdala, le 22 juillet, au rang de fête dans le calendrier liturgique. Chaque année, à cette date, l'ostentation de ses reliques (sa tête) a lieu à la Basilique de Saint-Maximin en Provence.

     * Introduction et sommaire   * Introduction et sommaire   * Introduction et sommaire

    Reconstitutions du visage de Marie Madeleine

    à gauche d’après la relique de Saint-Maximin

    à droite d’après les indications de Maria Valtorta

    au centre, fusion par collage

    Marie de Magdala est le premier témoin du tombeau vide au matin de Pâques et la première à annoncer la résurrection du Christ aux apôtres. C’est en insistant sur ce rôle pionnier de sainte Marie Madeleine que le Vatican a présenté la décision de faire une fête de ce qui était jusqu’ici dans le calendrier liturgique romain une mémoire obligatoire.

    Mémoire à fête à solennité

    Le préfet de la Congrégation du culte divin et de la discipline des sacrements, le cardinal Robert Sarah, a signé le 3 juin 2016 le décret qui élève au rang de fête cette célébration. La date a été fixée au 22 juillet, jour déjà prévu pour la mémoire de cette « disciple du Seigneur ».

    Dans les célébrations liturgiques, la fête est un degré moins élevé qu’une solennité mais plus important que la mémoire d’un saint, laquelle peut être obligatoire ou facultative.

    Le pape François qui, depuis le début de son pontificat, appelle à une « théologie de la femme », avait mis en avant le rôle des « femmes disciples de Jésus » au matin de Pâques, dans son homélie pour vigile pascale du 4 avril 2015. « Les hommes sont restés enfermés dans le Cénacle. Les femmes, au contraire, à l’aube du jour qui suit le sabbat, sont allées au tombeau pour oindre le corps de Jésus », avait-il disserté. « Ainsi, elles ne sont pas restées prisonnières de la peur et de la douleur, mais aux premières lueurs de l’aube, elles sont sorties, portant dans les mains leurs parfums et avec le cœur oint d’amour ». « Apprenons d’elles à veiller avec Dieu et avec Marie », concluait-il.

     * Introduction et sommaire

    La Pénitente

    Autres identifications

    Dans la tradition chrétienne, Marie Madeleine est plus souvent associée à la femme pécheresse. Ce personnage des Évangiles est identifiée à celle qui verse un parfum précieux aux pieds de Jésus – Évangile du 12 juin – et comme la sœur de Marthe et de Lazare.

    Toutefois, comme le souligne Mgr Arthur Roche, le « numéro deux » de la Congrégation du culte divin, la nouvelle fête met en avant d’abord « l’exemple de vraie et authentique évangélisatrice » que représente Marie de Magdala à Pâques.

    Pour la célébration de la nouvelle fête, la Congrégation pour le culte divin a également publié une nouvelle préface, « De apostolorum apostola », « pour l’apôtre des apôtres », selon la formule de saint Thomas d’Aquin, même s’il vaudrait mieux employer ici, comme en latin, un féminin (« apôtresse »), Marie Madeleine n’ayant pas fait partie du collège des Apôtres.

    Frère André B.

    Lien vers le Parchemin 2 : Portrait de Marie-Madeleine

    Poursuivez la lecture de ce dossier en vous rendant directement sur le sujet qui vous intéresse plus particulièrement :

    (Cliquez sur le titre du parchemin mentionné)

    Parchemin 1    : Introduction et sommaire  (ci-dessus !)

    Parchemin 2    : Portrait de Marie-Madeleine

    Parchemin 3    : Marie de Magdala dans les Évangiles

    Parchemin 4    : Lecture et analyse des versets 1 à 18 du chapitre 20 de l’Évangile de Jean

    Parchemin 5    : Réflexions

    Parchemin 6    : Marie-Madeleine dans les traditions chrétiennes

    Parchemin 7    : Le mystère de Marie-Madeleine et Jésus en 12 questions

    Parchemin 8    : La Basilique Sainte-Marie-Madeleine et le pélerinage à Vézelay

    Parchemin 9   : Conclusion provisoire - Bibliographie et sitographie 

    Parchemin 10Sainte Marie-Madeleine (22 07 2020)


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