• Le 30 novembre, l’Église fête l’apôtre saint André, martyr. Frère de Simon-Pierre et, comme lui, pêcheur sur le lac de Tibériade, saint André fut le premier apôtre à rencontrer Jésus.

     * Fête de l'Apôtre saint André

    Fête de l’Apôtre saint André

    Vie de Saint André

    Saint André, Apôtre et martyr († v. 62)

    André, frère de Saint Pierre, est le premier des apôtres qui ait connu Jésus-Christ, aussitôt après son Baptême sur les bords du Jourdain.

    Toutefois son appel définitif ne date que du moment où Jésus le rencontra avec son frère Simon, jetant les filets pour pêcher, dans le lac de Tibériade, et leur dit à tous deux : « Suivez-Moi, Je vous ferai pêcheurs d'hommes » (Mt 4,19).

     * Fête de l'Apôtre saint André

    Après la Pentecôte, André prêcha dans Jérusalem, la Judée, la Galilée, puis alla évangéliser les Scythes, les Éthiopiens, les Galates et divers autres peuples jusqu'au Pont-Euxin.

    Les prêtres de l'Achaïe prirent soin d'envoyer aux églises du monde entier la relation de son martyre, dont ils avaient été les témoins oculaires.

    Menacé du supplice de la Croix : « Si je craignais ce supplice, dit-il, je ne prêcherais point la grandeur de la Croix ».

    Le peuple accourt en foule, de tous les coins de la province, à la défense de son apôtre et menace de mort le proconsul.

    Mais André se montre, calme la foule de Chrétiens ameutés, les encourage à la résignation et leur recommande d'être prêts eux-mêmes au combat.

    Le lendemain, menacé de nouveau : « Ce supplice, dit-il au juge, est l'objet de mes désirs ; mes souffrances dureront peu, les vôtres dureront éternellement, si vous ne croyez en Jésus-Christ ».

    Le juge irrité le fit conduire au lieu du supplice. Chemin faisant, l'apôtre consolait les fidèles, apaisait leur colère et leur faisait part de son bonheur. D'aussi loin qu'il aperçut la Croix, il s'écria d'une voix forte : « Je vous salue, ô Croix consacrée par le Sacrifice du Sauveur ; vos perles précieuses sont les gouttes de son Sang. Je viens à vous avec joie, recevez le disciple du Crucifié. Ô bonne Croix, si longtemps désirée, si ardemment aimée, rendez-moi à mon Divin Maître. Que par vous je sois admis à la Gloire de Celui qui par vous m'a sauvé ».

    Il se dépouilla lui-même de ses vêtements, les distribua aux bourreaux, puis fut lié à une Croix d'une forme particulière, appelée depuis Croix de Saint-André.

    Du haut de sa Croix, exhortait les fidèles, prêchait les païens, attendris eux-mêmes.

    Une demi-heure avant son dernier soupir, son corps fut inondé d'une lumière toute Céleste, qui disparut au moment où il rendit l'âme.

     * Fête de l'Apôtre saint André

    Le premier appelé

    Selon les Évangiles, André naît au bord du lac de Tibériade, en Galilée (province de l’ancienne Palestine), aux alentours du début de l’ère chrétienne. Il appartient à une famille de pêcheurs et lance ses filets en compagnie de son frère Simon (le futur Pierre). André est d’abord le disciple de Jean-Baptiste.

    Les historiens situent sa naissance en Galilée (Israël) en l’an 6 avant J. - C.

    Frère de Pierre et comme lui pêcheur de son état, il avait d'abord été disciple de saint Jean-Baptiste (Jean 1, 35-42).

    Pierre et lui pêchaient avec leur père dans le lac de Tibériade quand Jésus leur dit : « Suivez-moi, je ferai de vous des pêcheurs d'hommes ». Ils abandonnèrent aussitôt leur père et leur barque, et le suivirent (Mt 4, 20).

     * Fête de l'Apôtre saint André

    Mais lorsque celui-ci désigne Jésus en le nommant « Agneau de Dieu », André attache dès lors ses pas à ceux du Christ dont il devient l’ami. Il est, pour cette raison, surnommé Prôtoklétos (« le premier appelé » en grec).

    A la demande de Jésus (« Venez, suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes »), il abandonne sa famille et ses biens. Avec son frère, André devient ainsi l’un des douze Apôtres.

    Le Nouveau Testament fait état de la présence d’André lors de la multiplication des pains et de la Pentecôte.

    André est cité trois autres fois dans l'Évangile :

    La première : quand il donne à Jésus les cinq pains et les deux poissons qui lui permirent de nourrir cinq mille personnes (Jean 6, 8-9) ; la seconde : quand il lui présenta les pèlerins grecs qui désiraient lui parler (Jean 12, 20-22) ; enfin, lorsqu'il tâcha de savoir de Jésus quand aurait lieu la destruction du Temple et de Jérusalem (Mc 13 3).

    On ignore où il porta l'Évangile, après la Pentecôte. Eusèbe l'envoie en Scythie ; Grégoire de Nazianze en Épire ; saint Jérôme en Achaïe.

    La plupart des historiens pensent qu'il mourut à Patras (en Achaïe, Grèce), le 30 novembre de l’an 60, attaché par des cordes, bras et jambes écartés, à une croix en forme d'X majuscule – la « croix de saint André ».

     * Fête de l'Apôtre saint André

    André est crucifié sur une croix qui depuis porte son nom

    Après la Crucifixion de Jésus-Christ, la vie de l’Apôtre André est, assez mal connue. Considéré comme le premier missionnaire, il passe, sans doute à tort, pour être le fondateur de l’Eglise de Byzance et l’évangélisateur de l’Asie Mineure, de la Grèce et de l’Ukraine. Par ailleurs, certains miracles lui sont attribués : il chasse de la ville de Nicée des chiens habités par des témoins et sauve du feu un jeune chrétien à Patras (Achaïe, ancienne région de Grèce) vers l’an 60. D’après une tradition qui ne remonte qu’au 14ème siècle, il est mis à mort sur une croix en forme de X (ce type de croix porte depuis le nom de croix de Saint-André). Avant de mourir, l’Apôtre prêche, durant deux ou trois jours, à l’intention des personnes venues assister à son supplice.

     * Fête de l'Apôtre saint André

    Un culte à l’origine encouragé par Byzance

    Le culte rendu à André est, à l’origine, encouragé par l’Eglise de Byzance qui souhaite jouir de la même autorité auprès des fidèles que l’Eglise de Rome, forte du patronage de Pierre et de Paul. Par ailleurs, André est particulièrement vénéré en Ecosse où nombre d’églises sont placées sous le vocable de ce saint. En effet, selon une légende, le gardien des reliques d’André transporte, au 4ème siècle, une partie de celles-ci depuis Patras jusqu’à la localité écossaise aujourd’hui baptisée Saint-Andrews on Fife. Du reste, depuis le 10ème siècle, la croix de Saint-André est un des éléments qui figurent sur le drapeau du Royaume-Uni.

    Deux pays se sont donné saint André comme patron national : la Russie, où l'Église de Kiev (Ukraine) se flatte de l'avoir eu pour fondateur et l'Écosse, où l'on s'honore de posséder la moitié de son corps, et où des centaines d'églises lui sont dédiées.

    Texte extrait du livre « La Fleur des Saints » d'Omer Englebert (Albin Michel)

    Saint André, Apôtre et martyr (+ 62)

    Né à Bethsaïde en Galilée, sur les bords du lac de Tibériade, André est le frère de Simon Pierre et vivait de la pêche comme lui. Il fut d’abord un disciple de Jean le Baptiste, puis le premier à être appelé par Jésus sur les bords du Jourdain ; il le suivit et lui amena son frère.

    C'était un assoiffé de Dieu. Il avait entendu la prédication de Jean le Baptiste, avait sans doute reçu son Baptême de Pénitence et était devenu l'un de ses disciples. Il avait su discerner l'exacte mission de Jean. Aussi, quand il l'entendit désigner Jésus : « Voici l'agneau de Dieu », il le suivit pour ne plus le quitter.

    Dès cet appel, André devient apôtre, avant même d'en avoir reçu le titre. Il rencontre son frère Pierre et l'amène à Jésus. Il est l'homme qui sait nouer des contacts.

    Lors de la multiplication des pains, c'est André qui amène le jeune garçon portant ses cinq pains et ses deux poissons. Quand des Grecs voulaient rencontrer Jésus, c'est à lui qu'ils s'adressaient tout naturellement.

    Des sources tardives font état de son supplice à Patras en Grèce. Au 4ème siècle, ses reliques furent transférées à Constantinople.

    Une importante relique, qui avait été déposée au 15ème siècle au Vatican, fut restituée en 1966 aux Orientaux en signe de la volonté de communion entre l’Église de Rome et les patriarcats orientaux.

    La tradition rapporte qu’après la Pentecôte, il annonça l’Évangile en Achaïe et mourut en croix à Patras. L’Église de Constantinople le vénère comme son illustre patron.

    L’Ukraine voudrait qu'il ait été le premier évangélisateur de Kiev et l’Écosse l'a choisi comme patron national.

    Martyrologe romain

    Message annuel du Saint-Père

    Le 30 novembre 2009, comme chaque année, le Saint-Père a adressé un message au Patriarche œcuménique de Constantinople à l’occasion de la Fête de Saint André, remis à SS Barthélémy I par le Cardinal Kasper, qui conduit la délégation romaine à Istanbul.

    Il y rappelle que la commémoration du patron de ce patriarcat, frère de Saint Pierre, « doit encourager tous les chrétiens à répondre aux grands enjeux du moment, aux problèmes de plus en plus complexes qui se posent à la chrétienté ».

    « Nos Églises, écrit Benoît XVI, se sont engagées depuis plusieurs décades dans la voie du rétablissement de la pleine communion. Et même si l’objectif n’est pas atteint, de grands pas en avant ont été faits, qui ont permis un approfondissement de nos liens.

    Cette ouverture guide les travaux de la Commission mixte pour le dialogue qui s’est récemment réunie à Chypre, consacrés « à la mission de l’Évêque de Rome dans la communion ecclésiale du premier millénaire », un thème reconnaît le Pape, « qui mérite une étude approfondie et un dialogue prudent dans la perspective de rapprocher les traditions ecclésiales orientales et occidentales pour les intégrer...

    L’Église Catholique voit dans le Ministère pétrinien un don du Seigneur fait à son Église, qui ne peut être interprété comme pouvoir mais comme communion au service de la Vérité et de la Charité.

    L’Évêque de Rome, qui préside cette Charité...est le Serviteur des Serviteurs de Dieu...

    A la lumière du modèle du premier millénaire, il convient de trouver ensemble les formes permettant au Successeur de Pierre d’accomplir un service d’Amour envers tous et reconnu de tous ».

    Au long de ce chemin vers la pleine communion, « il faut offrir un témoignage commun en œuvrant ensemble au bien de l’humanité, en défendant la dignité de la personne, en affirmant les valeurs fondamentales, en favorisant la justice et la paix.

    Les Églises Orthodoxe et Catholiques peuvent collaborer aussi dans la sensibilisation des gens aux responsabilités de l’humanité et à la défense de la création ».

    (Source : VIS 091130 350)

    Rien n’a été promis à Pierre et à André par le Maître. Ils ont quitté leurs biens. Il nous faut considérer plutôt la volonté que la valeur des biens.

    Il quitte beaucoup celui qui ne garde rien pour lui. Il quitte beaucoup celui qui abandonne tout ce qu’il possède. Pierre et André abandonnèrent l’essentiel : l’un et l’autre renoncèrent au désir de posséder.

    Saint Grégoire le Grand - Homélie sur l’Évangile.

    André

    Le prénom André vient du grec anthrôpos (homme) et du latin andreas (viril). Il est fêté le 30 novembre. Il est le patron de l’Achaïe, de l’Ecosse, de la Russie, de la Turquie, des pêcheurs et des vieilles filles. Saint André est invoqué contre la goutte et les maux de gorge !!!

    Attributs de saint André

    Saint André se reconnaît généralement à deux attributs essentiels : une croix en sautoir – en forme de X – dite « croix de Saint-André », et d’autre part un filet de pêcheur.

     * Fête de l'Apôtre saint André

    La croix de saint André est une croix en forme de X. Son nom provient de la forme de la croix qui aurait été utilisée selon la tradition pour supplicier saint André. Ce symbole a été utilisé par de nombreux pays européens. La croix de saint André est parfois appelée croix décussée. En héraldique, elle est appelée sautoir. La croix de Bourgogne est une croix de saint André particulière. La croix de saint André est présente dans la culture européenne, dans l'art religieux, dans la symbolique identitaire de pays, de régions ou de forces politiques, dans la vie pratique.

    La croix de saint André, instrument du martyre d’un apôtre

    André, le premier apôtre appelé par Jésus dans l'Évangile (Matth. 10,2), est allé prêcher dans la Mésie pour la première fois. Son passage n'avait pas plu aux Romains qui le firent crucifier sur place.

    D'après les évangiles apocryphes : « il est dit qu'il avait refusé que ses nombreux adeptes le sauvent pendant la nuit en leur disant de partir en appeler d'autres. Lors de son crucifiement, de nombreuses personnes sont venues l'écouter plusieurs dizaines d'heures, jusqu'à sa mort ».

    Selon la tradition, sous l'empereur Néron, la croix sur laquelle saint André a été supplicié était en forme de « X », la « crux decussata », ce qui a donné le nom de « croix de saint André ».

    En fait, cette tradition ne s'appuie sur aucun texte. Ce crucifiement sur une croix transverse a pu être imaginé en pendant à celle de Pierre, son frère, crucifié la tête en bas sur une croix droite.

    La croix du martyre d’André en forme de X apparaît pour la première fois au 10ème siècle et devient son attribut iconographique. Au 14ème siècle, un vitrail (cathédrale de Bourges) affecte à André une croix latine à branches droites. Cette croix en X majuscule est rarement associée à André avant le 14ème siècle, et c’est surtout l’art bourguignon qui l’a développée.

    L’apôtre André ayant été choisi comme saint patron par plusieurs princes européens, la croix de saint André devint un symbole de l’identité de plusieurs monarchies, nations, régions, armées ou forces politiques européennes. Cette dimension identitaire se traduisit par la confection de drapeaux militaires mais aussi par une utilisation domestique, certains habitants d'un pays utilisant la croix de saint André pour manifester leur attachement à leur identité comme en Franche-Comté par exemple.

    Le filet de pêcheur

    L’attribut de saint André est le plus souvent la croix à branches égales, dite « croix de saint André », sur laquelle il fut martyrisé. Elle se trouve dans la basilique de la ville de Patras. Mais parfois, l’ancien pêcheur de Galilée tient un grand filet d’où émergent des têtes de poissons. L'Apôtre André est en effet quelquefois représenté un filet de poissons à la main, voir un panier de poissons frais à ses pieds.

     * Fête de l'Apôtre saint André

    Prière à saint André

    Saint André, Apôtre de Jésus-Christ, 
    Qui as connu l’exigence et la joie de son premier appel, 
    Donne-nous la grâce de Lui répondre 
    avec la même fidélité, 
    de Le servir chaque jour 
    dans le lieu que lui-même a choisi pour nous.

    Toi qui as distribué à la foule affamée 
    le pain que le Seigneur multipliait entre tes mains, 
    obtiens pour notre pauvreté le même miracle. 
    Fais que nous attendions le secours de Dieu 
    avec l’inébranlable espérance de l’amour, 
    soucieux uniquement de l’avènement de son Règne.

    Témoin de la bonne-nouvelle 
    que ta voix a portée jusqu’aux extrémités de la terre, 
    conserve chez les apôtres de notre temps, 
    cette foi vive qui transporte les montagnes 
    et construit le Royaume.

    Martyr de ton témoignage, 
    Accorde-nous la grâce 
    de l’union à la croix de Jésus-Christ ; 
    Qu’elle soit la joie de notre vie 
    et le gage de notre résurrection dans la clarté de Dieu.

    Amen !

     

    Prière à saint André

    Tu as donné, Seigneur, saint André, frère de saint Pierre, pour patron de l’Église grecque. Fais-nous ressentir cette proximité fraternelle dans nos relations mutuelles afin que nous confessions sans tarder d’une seule voix l’unique foi en un seul Seigneur, Dieu et Père, que nous avons reçue d’un unique baptême.

    Ouvre-nous aux richesses spirituelles de cette Église qui sait si bien faire mémoire de la Bienheureuse Vierge Marie, la Mère de Dieu, chaque fois qu’est rappelé un bienfait du Christ.

    Que par son intercession et par les vertus de sa maternité universelle, nous surmontions nos divisions et goûtions tous ensemble la joie de vivre en frères du Christ pour la louange de ta gloire et le service de nos frères en humanité.

    Par le même Jésus-Christ, notre Seigneur.

    L’Œuvre d’Orient

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    Prière à saint André

    proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS. :

    Saint André

    Seigneur, comment te suivre

    Avec la foi des pêcheurs d’homme ?

    Pendant la nuit des barques vides,

    Nous voulons croire à tes mains pleines.

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS. :

    Pourquoi des pêcheurs ?

    De même que le soleil, quand il paraît, ne voit pas seulement les miroirs, mais forme en eux son image – et son image brille une seconde fois en eux –, ainsi le vrai soleil n’eut qu’à voir Pierre et André, Jacques et Jean, âmes pures n’ayant aucune part aux ténèbres, et sa lumière fut captée par eux ; l’image de la vraie lumière se forma dans leur cœur par la foi.

    Dans quelle situation les vit-il ou les trouva-t-il, ces hommes dont il pénétra la pureté de cœur et la foi transparente ? Il les trouva jetant leur filet dans la mer ou raccommodant leurs filets, car c’étaient des pêcheurs. Pourquoi donc Dieu a-t-il choisi  des pauvres plutôt que des riches ? Disons plutôt : ceux qu’il a élus avant la création du monde, qu’il a connus et vus d’avance conformes à l’image de son Fils (cf. Rm8.29), ceux qu’il se proposait d’appeler, de justifier et glorifier, pourquoi a-t-il voulu qu’il naissent pauvres en ce monde ? Eh bien pour leur instruction ! Car la conscience d’être pauvre est une grande science et une grande valeur, pour que la créature sache et reconnaisse ce qui devant le Créateur est vraiment beau et juste.

    Rupert de Deutz

    Références

    http://laviedesparoisses.over-blog.com/article-saint-andre-121358415.html

    http://reflexionchretienne.e-monsite.com/pages/vie-des-saints/novembre/saint-andre-apotre-et-martyr-v-62-fete-le-30-novembre.html

    http://martinique.catholique.fr/fete-de-saint-andre

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Croix_de_saint_Andr%C3%A9

    http://laviedesparoisses.over-blog.com/article-saint-andre-121358415.html

    https://www.oeuvre-orient.fr/2014/10/30/priere-st-andre-apotre-considere-fondateur-leglise-dorient/

    Magnificat du 30 novembre 2017 - page 413


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  • Ce 18 octobre, l’Eglise nous invite à célébrer la fête de Saint Luc. Comme pour beaucoup de fêtes de saints Apôtres ou Évangélistes, la liturgie nous invite à méditer sur l’identité du disciple et les exigences qui lui sont liées. A ce titre, le récit de l’Évangile du jour est particulièrement évocateur puisqu’il nous relate précisément l’envoi en mission des soixante-douze disciples choisis par Jésus.

    Fête de saint Luc, Évangéliste

    Introduction

    Luc est un personnage dont on ne sait quasiment rien, mais qui semble avoir exercé au cours des années 80-90 une importante activité littéraire sur plusieurs textes du Nouveau Testament.

     * Fête de saint Luc

    Pour Lucien Cerfaux, la seule certitude est qu'il appartient à la deuxième génération des croyants et que son œuvre dépend d'autres sources littéraires. Alors que la tradition en fait un homme cultivé et un Juif hellénisé (comme en atteste sa maîtrise du grec hébraïsé de la Septante et de la Synagogue de la diaspora juive), la recherche actuelle privilégie l'hypothèse d'un Grec païen qui s'est rapproché du judaïsme au point de devenir un « Craignant-Dieu ».

    Luc l'Évangéliste ou saint Luc a probablement exercé un important travail sur une partie du Nouveau Testament. La tradition chrétienne le considère comme l'auteur de l'Évangile qui porte son nom, ainsi que des Actes des Apôtres. Cette hypothèse est admise par le consensus historien. Elle est corroborée par les spécialistes, notamment Daniel Marguerat, qui relève une « homogénéité littéraire et théologique » entre ces deux livres, lesquels forment les « deux volets » d'une même œuvre, dédiés au même personnage nommé « Théophile ».

    Il apparaît en tout état de cause que l'auteur des Actes ne saurait être un compagnon de Paul : en effet, la religion à laquelle renvoie l'Évangile selon Luc « est un christianisme de troisième génération, proche des Pastorales ; or, le discours d'adieu de Paul offre la confirmation de cet état avancé de la chrétienté » (Ac 20:25-32). La datation du livre des Actes, « rédigé simultanément ou peu après l'évangile », se situe donc entre 80 et 90.

    La tradition le présente au 4ème siècle comme un Syrien d'Antioche, médecin de profession. Il pourrait néanmoins avoir été un disciple de Paul. Il le défend contre ses détracteurs, prouvant qu'il mérite aussi bien que Pierre le titre d'apôtre, et se fait un ardent propagateur des idées de Paul, spécialement en ce qui concerne la justification (ou le salut) par la foi.

    Bien que quelques hypothèses aient été émises, il est impossible d'établir une biographie de Luc et les quelques éléments que l'on peut donner à son sujet sont bien maigres. Son nom de Λουκᾶς (Loukas) n'est attesté que vers la fin du 2ème siècle et, plus tardivement, le canon de Muratori le définit comme un compagnon de Paul, médecin et écrivain, après quoi la tradition attribue cet évangile à « Luc le médecin ». Les prologues antimarcionites à cet évangile décrivent Luc comme un médecin syrien d'Antioche, « disciple des apôtres er de Paul, mort à 84 ans en Béotie », mais la date de ces textes demeure incertaine, tout comme la profession médicale de Luc, qu'aucun élément probant ne vient étayer.

    Marie-Émile Boismard estime que Luc fut lui-même un disciple de Paul de Tarse.

    Selon une tradition rapportée par Eusèbe de Césarée « qui est attestée aussi dans les anciens Prologues évangéliques, Luc aurait été originaire d'Antioche, capitale de la province romaine de Syrie ».

    Il aurait exercé cette activité littéraire pour un commanditaire qui est appelé Théophile, dont il cite le nom, tant au début de l'évangile qu'au début des Actes, mais dont on ne sait rien.

    Luc, rompu à la pratique d'un grec littéraire et à la culture hellénistique, n'en connaissait pas moins très intimement la religion juive et l'exégèse rabbinique.

    Saint Luc nous donne d’être à la fois des serviteurs de la vie et des porteurs joyeux de la bonne nouvelle assurés d’une seule chose : « Dieu aime celui qui donne avec joie ».

    La mission d’évangélisation est un appel pour chacun et chacune d’entre nous au nom de notre responsabilité de baptisé et de confirmé. Baptisés, chrétiens et soignants, entrons dans ce grand élan évangélisateur source éminente de joie, mission de tout le Peuple de Dieu.

    Nadine Le Gentil, déléguée épiscopale à la Pastorale de la santé du Diocèse de Nantes

     * Fête de saint Luc

    Saint Luc l'Évangéliste est célébré le 18 octobre

    Dans la tradition catholique, Luc est considéré comme le saint patron :

    • des médecins et des services de santé, du fait de sa profession,
    • des artistes peintres et sculpteurs ; c'est pour cela que de nombreuses académies des Beaux-Arts ainsi que des guildes d'artistes s'appellent ou se sont appelées « Saint-Luc ». Dans la tradition chrétienne, saint Luc a représenté en peinture plusieurs fois la Vierge. Bien que leurs datations soient de périodes plus récentes, un certain nombre d'icônes lui sont dévotement attribuées. Ce sont les Vierges dites de Vladimir, de Jérusalem, de Tikhvine, de Smolensk de Czestochowa et aussi la Vierge de Philerme. Elles sont majoritairement de style Odigitria, litt. « qui montre le chemin ».

    D’après l’encyclopédie libre Wikipedia

     * Fête de saint Luc

    Saint Luc

    Luc, médecin, est un compagnon de saint Paul. Il est considéré comme l’auteur du troisième Évangile et des Actes des Apôtres. Le premier livre raconte la vie, l’enseignement et la mort de Jésus. Les Actes des Apôtres dressent le tableau de la communauté chrétienne naissante et racontent les voyages missionnaires de Paul.

    Pour qui écrit Luc ?

    Luc écrit à des chrétiens d'origine païenne. Il s'adresse à Théophile : il peut s'agir d'un homme que Luc connaît bien, probablement un converti comme lui-même, qui a reçu une annonce orale de l'Evangile. En ce cas, c'est peut-être lui qui a commandé à Luc cette œuvre et le rémunère, car une telle rédaction, dans l'Antiquité, demande plusieurs années de travail. De plus, il faut recopier plusieurs exemplaires, pour que l'ouvrage soit diffusé. Et Luc insiste souvent sur le bon usage des richesses. Mais comme Théophile signifie en grec, « aimé de Dieu », ce nom est aussi symbolique et peut désigner tout lecteur chrétien.

    Pour Théophile

    Au commencement des Actes des Apôtres, Luc résume parfaitement son Évangile : « Mon cher Théophile, dans mon premier livre j'ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le commencement jusqu'au jour où il fut enlevé au ciel » (Ac 1, 1). Après le temps de Jésus, les Actes présentent le temps de l'Eglise (de 32 à 60 environ, autour de deux personnages principaux : Pierre et Paul).

    Vers des païens

    Cet évangile s'adresse manifestement à des chrétiens d'origine païenne, d'Asie mineure ou de Grèce, là où Paul a fondé, il y a 20 ou 30 ans, bien des églises. Depuis 70, Jérusalem est détruite et la rupture entre Juifs et chrétiens est consommée. De plus, l'unité de l'Eglise est menacée par les oppositions entre chrétiens d'origine juive et ceux d'origine païenne. Luc connaît bien les Écritures du peuple juif. Il a le souci de montrer qu'en Jésus, c'est toute l'histoire de l'Israël biblique qui s'accomplit et s'ouvre à tous les peuples.

    A la suite de Paul, la communauté de Luc est totalement ouverte aux païens, la parole de Syméon saluant l'enfant Jésus est claire : il est « le salut que Dieu a préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes et gloire d'Israël ton peuple ». Luc seul rapportera l'envoi en mission par Jésus de 72 disciples ; 72 est le nombre des peuples de la terre, d'après la Genèse. De même la mission donnée par Jésus ressuscité : « Vous serez mes témoins, à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre ».

    Octobre 2007 – La Croix – Questions de vie – Questions de fo

    L’Évangile selon Luc

    Le thème central de l’Évangile selon Luc est l’œuvre et la personne de Jésus-Christ, tout comme dans chacun des autres Évangiles.

    Mais Jésus n’a rien écrit lui-même et il a laissé le soin à ses disciples de transmettre son message. Et s’il y a quatre Évangiles, c’est que chacun d’eux a sa visée propre, en particulier relativement aux destinataires de son Évangile (des païens de culture grecque convertis au christianisme dans le cas de Luc). 

    De fait, Luc adopte un plan qui, dans ses grandes lignes, est commun aux trois Évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc), Matthieu et Luc s’étant inspirés de Marc :

    –    Baptême et tentation de Jésus,

    –    la prédication de Jésus en Galilée (et constitution de son « équipe »),

    –    la Transfiguration,

    –    puis sa montée à Jérusalem qui, chez Luc, prend une importance particulière puisqu’il y consacre une dizaine de chapitres : (9, 51–19, 27)

    –    où s’accomplira sa mission par la Passion et la Résurrection.

    Pourtant, Luc, et il est le seul Évangéliste dans ce cas, commence son livre par une dédicace à un certain Théophile, qu’on ne connaît pas par ailleurs, en lui précisant qu’il s’est soigneusement informé « de tout à partir des origines » (1, 3) auprès de «témoins oculaires qui sont devenus serviteurs de la parole» (1, 2). Cela signifie qu’il a un message particulier à délivrer. Ainsi Luc veut situer Jésus en tant qu’homme : il raconte de façon détaillée les naissances de Jean Baptiste et de Jésus, en les mettant bien en parallèle.

    Par ailleurs, le récit du voyage de Jésus à travers la Samarie jusqu’à Jérusalem (9, 51 – 19, 27), contient des éléments sans équivalent ni dans l’Évangile selon saint Marc ni dans l’Évangile selon saint Matthieu. C’est essentiellement cette partie provenant d’une autre source propre à Luc (ainsi qu’il l’indique dans son prologue), qui confère à l’Évangile sa spécificité.

    Cette partie relate :

    • l’envoi et le retour des 70 disciples (10, 1-20),
    • l’épisode concernant Marthe et Marie (10, 38-42),
    • celui du riche collecteur d’impôts Zachée (19, 1-10),
    • la parabole du Bon Samaritain (10, 29-37),
    • la parabole de la drachme perdue (15, 1-10),
    • la parabole du fils prodigue (15, 11-32),
    • la parabole du riche et Lazare (16, 19-31).

    On y trouve également une version plus courte du « Notre Père ».

    Dans ses récits du ministère de Jésus à Jérusalem (19, 28 – 21, 38), de la passion et de la résurrection (22, 1 – 24, 53), Luc puise à nouveau dans l’Évangile selon Marc.

    Luc ajoute toutefois au récit de Marc les dernières paroles de Jésus à ses disciples (22, 21-38), ses paroles sur le chemin du calvaire (23, 28-31), les paroles des deux malfaiteurs crucifiés (23, 39-43), les apparitions du Christ sur la route d’Emmaüs et à Jérusalem (24, 13-49) et enfin l’Ascension de Jésus (24, 50-53).

    Chrétiens d’aujourd’hui

    L'Ascension selon saint Luc

    C'est l'Évangéliste Luc qui raconte le plus nettement l'Ascension de Jésus. Il le fait même à deux reprises : une fois à la fin de son Évangile (Lc 24, 50-53), puis au début des Actes des Apôtres, second tome, en quelque sorte, de son Évangile.

    Publié le 29 mars 2016 – La Croix – Questions de vie – Questions de foi

    Dieu a planté sa vigne dans notre monde. Dans un esprit d’action de grâce, prions-le ensemble pour ce qu’il en a fait et pour ce qu’il en fera.

    Dieu notre Père, toi qui ne cesse de faire grandir ta vigne par la bonté et dans l’amour, écoute nos prières et daigne les exaucer par le Christ, notre Seigneur. Amen.

    Vie liturgique, revue de pastorale liturgique publiée par Novalis (Bayard Presse Canada Inc.), Montréal Canada

    Les lectures de ce jour

    1ère lecture « Luc est seul avec moi » (2 Tm 4, 10-17b)

    Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée

    Bien-aimé,

    Démas m’a abandonné par amour de ce monde, et il est parti pour Thessalonique.

    Crescent est parti pour la Galatie, et Tite pour la Dalmatie.

    Luc est seul avec moi. Amène Marc avec toi, il m’est très utile pour le ministère.

    J’ai envoyé Tychique à Éphèse. En venant, rapporte-moi le manteau que j’ai laissé à Troas chez Carpos. Apporte-moi aussi mes livres, surtout les parchemins.

    Alexandre, le forgeron, m’a fait beaucoup de mal. Le Seigneur lui rendra selon ses œuvres. Toi aussi, prends garde à cet individu, car il s’est violemment opposé à nos paroles.

    La première fois que j’ai présenté ma défense, personne ne m’a soutenu : tous m’ont abandonné. Que cela ne soit pas retenu contre eux.

    Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que, par moi, la proclamation de l’Évangile s’accomplisse jusqu’au bout et que toutes les nations l’entendent.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones 

    Commentaire 1 :

    Les lettres de Paul à Timothée constituent le testament de Paul qui cherche à organiser la continuation de son œuvre après sa mort. Il cherche à structurer les communautés chrétiennes. Elles doivent en effet s’installer dans la durée après que l’enthousiasme des premiers temps soit retombé.

    Pour cela, Paul compare l’Église à une communauté familiale au sein de laquelle chaque membre possède une place bien précise. Il fait émerger deux types de responsables :

    • les presbytres (qui deviendront les « prêtres »),
    • et les épiscopes (surveillants, qui deviendront les « évêques »).

    Pour la plupart des spécialistes, l’auteur de ces lettres est un disciple de Paul appartenant à la troisième génération de chrétiens.

     

    Psaume (Ps 144 (145), 10-11, 12-13ab, 17-18)

    R/ Que tes fidèles, Seigneur, disent la gloire de ton règne. (cf. Ps 144, 12)

    Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce et que tes fidèles te bénissent !

    Ils diront la gloire de ton règne, ils parleront de tes exploits,

    Ils annonceront aux hommes tes exploits, la gloire et l’éclat de ton règne :

    ton règne, un règne éternel, ton empire, pour les âges des âges.

    Le Seigneur est juste en toutes ses voies, fidèle en tout ce qu’il fait.

    Il est proche de ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent en vérité.

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    Commentaire 2 :

    Le psaume 144 (145) comporte en réalité vingt-et-un versets alors que ce jour seulement six sont lus...

    Vingt-et-un versets, autant que de lettres dans l'alphabet hébreu ; nous savons déjà que ce n'est pas un hasard : qui plus est, ce psaume est vraiment alphabétique en ce sens qu'il s'agit de ce qu'on appelle un acrostiche ; chaque verset commence réellement par une des lettres de l'alphabet hébreu, dans l'ordre alphabétique...

    Nous avons acquis le réflexe : en face d'un psaume alphabétique, nous savons d'avance qu'il s'agit d'un psaume d'action de grâce pour l'Alliance : manière de dire « toute notre vie, de A à Z, (en hébreu de aleph à tav) baigne dans l'Alliance, dans la tendresse de Dieu.

    Mais pourquoi ce psaume 144 (145) aujourd'hui ? Et pourquoi non pas la totalité du psaume, mais ces 6 versets précisément ?

    Ce psaume figure dans la prière juive de chaque matin : pour le Juif croyant, le matin (l'aube du jour neuf) évoque irrésistiblement l'aube du Jour définitif, celui du monde à venir, celui de la création renouvelée... On voit immédiatement la résonance qu'il prend alors pour nous, Chrétiens... Notre foi, c'est précisément que le Jour du Règne définitif de Dieu est déjà inauguré sous nos yeux par la Résurrection du Christ.

    Si nous allons un peu plus loin dans la spiritualité juive, le Talmud (c'est-à-dire l'enseignement des rabbins des premiers siècles après J.-C.), affirme que celui qui récite ce psaume trois fois par jour, « peut être assuré d'être un fils du monde à venir ». Or pour nous Chrétiens, encore une fois, le monde à venir dont parle la foi juive, c'est justement la création renouvelée par Jésus-Christ.

    Si l'on regarde d'un peu plus près les six versets précis qui ont été retenus pour aujourd'hui, on a là un condensé de la Révélation à la fois très complet et très concis...

    Premier verset : « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour ». C'est le meilleur résumé qu'on puisse donner de toute la révélation biblique : puisque c'est le nom que Dieu a donné de lui-même à Moïse (Ex 34, 6).

    Deuxième verset : « La bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse pour toutes ses œuvres » ; la tendresse et la pitié du Seigneur dont le peuple élu a eu le premier la Révélation, elles sont pour tous ! Et cela, c'est une énorme découverte pour l'humanité... une découverte que nous devons au peuple élu... C'est un thème que nous avons rencontré déjà à plusieurs reprises dans l'Ancien Testament : Dieu aime toute l'humanité et son projet d'amour, son « dessein bienveillant », comme dit Paul, concerne toute l'humanité.

    Aujourd'hui, nous percevons une résonance particulière avec le livre des Actes des Apôtres que nous lisons pendant tout le temps pascal : en particulier, le récit du livre des Actes proposé en première lecture dans la même messe de ce cinquième dimanche de Pâques insiste justement sur le fait que l'annonce de l'amour de Dieu n'est pas réservée aux Juifs, mais est proposée à toutes les nations païennes comme dit saint Luc... soit dit en passant, c'est pour cela que nous sommes nous aussi croyants, plus de deux mille ans plus tard, même si nous ne sommes pas d'origine juive.

    Une autre particularité de ce psaume, et surtout des versets lus aujourd'hui : il insiste sur la royauté de Dieu : « Tes fidèles diront la gloire de ton règne, ils parleront de tes exploits, ils annonceront aux hommes tes exploits, la gloire et l'éclat de ton règne : ton règne, un règne éternel, ton empire pour les âges des âges »... quatre fois le mot « règne », (sans parler du mot « empire »)... deux fois le mot « exploit ».

    Nous savons bien que le mot « exploit » dans la Bible est toujours une référence à la libération d'Egypte : Dieu a libéré son peuple... je ne devrais pas dire « Dieu a libéré » comme si c'était du passé... la foi juive dit « Dieu libère aujourd'hui son peuple, et ce depuis la première libération »....

    Et, bien sûr, la libération ultime, c'est la victoire sur la mort. Ce psaume est tout particulièrement indiqué pour le temps pascal ; le Ressuscité du matin de Pâques expérimente dans sa chair la royauté de Dieu.

    Commentaires de Marie Noëlle Thabut

    Évangile « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux »

    Évangile de Jésus Christ selon saint Luc  (Lc 10, 1-9)

    En ce temps-là, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore 72, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre.

    Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : « Paix à cette maison ».

    S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté. Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : « Le règne de Dieu s’est approché de vous. » ».

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    Commentaire 3 a :

    Cet évangile suit immédiatement celui de dimanche dernier : nous avions vu Jésus aux prises avec les arrachements que sa mission a exigés de lui : accepter l'insécurité, sans avoir rien pour reposer la tête, laisser les morts enterrer leurs morts, c'est-à-dire savoir faire des choix crucifiants, mettre la main à la charrue sans regarder en arrière, accepter d'affronter la mort en prenant résolument le chemin de Jérusalem. On devine les tentations qui se profilent à chaque fois derrière les décisions qu'il a dû prendre. Luc nous le montre sur la route de Jérusalem : Jésus a surmonté pour son propre compte toutes les tentations ; le prince de ce monde est déjà vaincu.

    Il lui reste à transmettre le flambeau : il envoie ses disciples en mission à leur tour. Il est urgent de les préparer puisque son départ à lui approche. Et il leur donne tous les conseils nécessaires pour les préparer à affronter les tentations qu'il connaît bien : eux aussi seront affrontés aux mêmes tentations.

    Eux aussi connaîtront le refus : comme Jésus avait essuyé le refus d'un village de Samarie, ils doivent se préparer à essuyer des refus ; mais que cela ne les arrête pas. Quand ils devront quitter un village, qu'ils disent quand même en partant le message pour lequel ils étaient venus : « Sachez-le : le règne de Dieu est tout proche. » Mais pour bien montrer que leur démarche était totalement désintéressée, et que les bénéficiaires du message restent toujours libres de le refuser, ils ajouteront : « Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous la secouons pour vous la laisser. »

    Eux aussi connaîtront la haine : « Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. » Ils devront quand même inlassablement annoncer et apporter la paix : « Dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord Paix à cette maison. S'il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui. » Il faut à tout prix croire à la contagion de la paix : quand nous souhaitons vraiment de tout cœur la paix à quelqu'un, réellement la paix grandit. On le sait d'expérience. Encore faut-il que notre interlocuteur soit lui aussi ami de la paix ; s'il ne l'est pas, Jésus leur dit « Secouez la poussière de vos pieds », c'est-à-dire ne vous laissez pas alourdir par les échecs, les refus... Que rien ne vous fasse « traîner les pieds », en quelque sorte !

    Eux aussi connaîtront l'insécurité : Jésus, lui-même, n'avait « pas d'endroit où reposer la tête » ; si l'on comprend bien, il en sera de même de ses disciples : « N'emportez ni argent, ni sac, ni sandales. »

    Eux aussi devront apprendre à vivre au jour le jour sans se soucier du lendemain, se contentant de « manger et boire ce qu'on leur servira », tout comme le peuple au désert ne pouvait ramasser la manne que pour le jour même.

    Eux aussi auront des choix à faire, parfois crucifiants, à cause de l'urgence de la mission : « Laisse les morts enterrer leurs morts, mais toi, va annoncer le Règne de Dieu » (Lc 9, 60) était une phrase exigeante pour dire que les devoirs les plus sacrés à nos yeux s'effacent devant l'urgence du Royaume de Dieu. « Ne vous attardez pas en salutations sur la route » est une phrase du même ordre : pour ses disciples qui étaient des orientaux, les longues salutations étaient un véritable devoir.

    Eux aussi devront résister à la tentation du succès : « Ne passez pas de maison en maison. »

    Eux aussi devront apprendre à souhaiter transmettre le flambeau à leur tour : la mission est trop grave, trop précieuse, pour qu'on l'accapare : elle ne nous appartient pas ; car l'une des tentations les plus subtiles est sans doute de ne pas souhaiter vraiment d'autres ouvriers à nos côtés. « Priez le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson » : il ne s'agit pas d'instruire Dieu de quelque chose qu'il ne saurait pas, à savoir que nous avons besoin d'aide. Il le sait mieux que nous ! Il s'agit pour nous, en priant, de nous laisser éclairer par Lui. La prière ne vise jamais à informer Dieu : ce serait bien prétentieux de notre part ! Elle nous prépare à nous laisser transformer, nous.

    Dernière tentation : la gloriole de nos réussites. « Ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux » : il faut croire que, de tout temps, le vedettariat guette les disciples : les véritables apôtres ne sont peut-être pas forcément les plus célèbres.

    On peut penser que les soixante-douze disciples ont surmonté toutes ces tentations puisque, à leur retour, Jésus pourra leur dire : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l'éclair. » Jésus qui entreprend sa dernière marche vers Jérusalem puise là certainement un grand réconfort ; puisque aussitôt après Luc nous dit « A l'instant même, il exulta sous l'inspiration de l'Esprit Saint et dit : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits. »

    Commentaires de Marie Noëlle Thabut

     * Fête de saint Luc

    Saint Luc par Guido Reni

    Commentaire 3 b :

    Le récit de l’Evangile du jour est particulièrement évocateur puisqu’il nous relate précisément l’envoi en mission des soixante-douze disciples choisis par Jésus.

    Soixante-douze, ce nombre n’est pas sans nous rappeler les soixante-douze nations de Genèse 11 qui peuplent l’ensemble de la terre. A travers lui, c’est à la fois l’universalité du salut mais aussi l’universalité de l’appel du Seigneur à porter ce salut qu’il nous faut lire. Saint Luc, compagnon de route de saint Paul, a contribué lui aussi à ce que ce salut puisse être entendu de beaucoup. Derrière la manière dont il nous relate l’essor de l’Eglise au lendemain de la Pentecôte dans le livre des Actes des Apôtres, nous sentons tout le souffle évangélique qui l’animait.

    L’annonce du salut passe chez saint Luc par l’exaltation de la bonté et de la miséricorde du Seigneur. Cet aspect semble l’avoir profondément impressionné.  En effet, sans son évangile, nous ne connaîtrions pas la parabole du bon samaritain, ni celle de la brebis perdue, nous ne connaîtrions pas l’existence de Zachée, ni celle du bon larron, nous aurait échappé le fait que Jésus était accompagné et soutenu par un groupe de disciples, et surtout nous n’aurions pas cette page merveilleuse et éclatante de l’évangile, celle de ces deux fils célèbres, le premier qui revient après avoir claqué la porte de chez lui et le second, l’aîné, en colère contre l’attitude d’un Père qui nous révèle le véritable visage de Dieu.

    Dante Alighieri appelait saint Luc « Scriba mansuetudinis Christi », le scribe de la mansuétude du Christ. Habitué aux capricieuses divinités païennes, Luc a dû être foudroyé par la prédication de saint Paul et son cœur a sans doute été immédiatement rempli par ce sourire et ce regard de tendresse du Seigneur qu’il n’avait, tout comme nous, pas connu de son vivant.

    C’est ce sourire et cette tendresse de Dieu qu’il nous partage dans son évangile. Et c’est en cela qu’il se révèle véritable disciple du Seigneur. Le disciple transmet ce qu’il a reçu au contact du maître et avec saint Luc nous nous rendons compte qu’il n’y a pas besoin d’avoir vécu avec le Seigneur pour en être son disciple.

    Qu’en ce jour saint Luc nous aide à redécouvrir le visage de compassion et de miséricorde de notre Dieu, ce Dieu qui vient à notre rencontre pour nous prendre sur ses épaules et nous ramener à lui, la source de vie. N’est-ce pas ce qu’à notre tour nous aurons de plus beau à faire connaître aux hommes de ce monde ? Nous faire les porteurs de cette Bonne Nouvelle, n’est-ce pas nous faire les porteurs du salut et devenir ainsi à notre tour de véritables disciples du Seigneur ?

    Frère Elie

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

     * Fête de saint Luc

    Saint Luc Évangéliste, tableau de Vladimir Borovikovsky pour la Cathédrale Notre-Dame de Kazan à Saint-Pétersbourg

    Oraison proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS :

    Dieu qui as choisi saint Luc pour révéler, par sa parole et ses écrits, le mystère de ton amour envers les pauvres, accorde à ceux qui se réclament de ton nom d'être un seul cœur et une seule âme, et à tous les peuples du monde la grâce de voir ton salut.

    Association Épiscopale Liturgique pour les pays Francophones

    Saint Luc, protégez-nous

    Ô Dieu Tout Puissant,

    qui a choisi saint Luc

    pour répandre par la parole et l'écriture,

    l'évangile de Jésus-Christ,

    comme médecin et apôtre

    tu l'as guidé à approcher

    les frères souffrants

    pour les soigner dans leur infirmité

    physique et spirituelle.

    Par son intercession

    donne-nous la force de savoir soutenir,

    avec la mansuétude du Christ,

    toutes les épreuves de la vie,

    aux médecins chrétiens

    l'engagement de venir à leur rencontre

    avec compétence et amour

    quand ils ont besoin de leur aide.

    AMEN.

    Références

    http://nantes.cef.fr/rubriques/actualite-des-services/pastorale-de-la-sante/18-octobre-2014-messe-de-la-saint-luc-pour-les-soignants

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Luc_(%C3%A9vang%C3%A9liste)

    http://www.vieliturgique.ca/index.php?option=com_content&task=view&id=52

    http://croire.la-croix.com/Definitions/Bible/Evangeliste/Pour-qui-ecrit-Luc

    http://croire.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Ascension/L-Ascension-selon-saint-Luc

    http://www.chretiensaujourdhui.com/livres-et-textes-et-personnages/levangile-selon-luc/

    https://www.aelf.org/2017-10-18/romain/messe

    http://thierry.jallas.over-blog.com/article-commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-c-5e-dimanche-de-paques-28-avril-2013-117350760.html

    http://thierry.jallas.over-blog.com/article-commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-c-14e-dimanche-du-temps-ordinaire-7-juillet-118833152.html

    http://www.homelies.fr/homelie,saint.luc,689.html

    http://www.histoiredunefoi.fr/meditations-bibliques/1536-pour-la-fete-de-saint-luc-evangeliste

    https://www.google.be/search?q=saint+luc+%C3%A9vang%C3%A9liste&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwiAsvnm387WAhWHYVAKHb3UAIMQ_AUICigB&biw=1600&bih=769#imgrc=pmJFdhWPAhr1gM:

    Magnificat du 18 octobre 2017 - page 261

    http://unite-stjlp.qc.ca/prieres/priere-st-luc.htm


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  • Excellences, Dignes Chevaliers,

    Nobles Commandeurs et Dames du Temple,

    Fidèles Écuyers et Novices, mes bien aimés Frères et Sœurs,

    Selon la coutume, vers le 21 juin, l’ordre du jour des Travaux de notre Chapitre prévoit une évocation de Jean dit « le Précurseur » ou « le Baptiste », antique tradition qui, par son symbolisme, doit inciter les Chevaliers de l’Ordre du Temple à la réflexion. Le jour du solstice d’été, nous, Chevaliers de l’Ordre du Temple, participons à la joie universelle.

    Au moment où le Soleil atteint son apogée, la lumière spirituelle trouve la perfection de sa forme concrète et porte en elle toutes les potentialités d’une moisson abondante. Cette concrétisation de la lumière spirituelle est symbolisée par Jean-le-Baptiste, Précurseur de la lumière rédemptrice ou du Christ solaire et qui témoigne de la Lumière qui est.

    Jean-le-Baptiste

    Jean Baptiste, fils de Zacharie et d'Elisabeth, tu étais le cousin de Jésus. Tu menas une vie de jeûne et de pénitence dans le désert pour te préparer à ta mission de précurseur du Christ. À trente ans, tu parus sur les rives du Jourdain, prêchant un baptême de repentir pour la rémission des péchés, et en annonçant l'arrivée du royaume de Dieu aux gens qui venaient t’écouter.

    En toute humilité, Jean Baptiste, tu étais vêtu de peaux de chameau et d’une ceinture de cuir, te nourrissant de sauterelles et de miel sauvage. Les juifs accouraient pour t’écouter. Mais tu te défendais d’être le Messie qu’ils attendaient : tu leur disais qu’un autre allait venir et que tu n’étais pas digne de dénouer ses sandales. Toi, tu les baptisais dans l’eau, mais lui, il les baptiserait dans l’esprit ».

    Un jour, Jésus était venu à ta rencontre et t‘avait demandé de le baptiser. Au moment de ce baptême décrit dans les Évangiles, tu reconnus Jésus comme le Messie lorsque l'Esprit descendit sur lui sous la forme d'une colombe, représentant la Paix et l'Esprit nouveau du Christ. Tu le nommas « Agneau de Dieu ».

    Jean Baptiste, tu es donc l’Initiateur, celui qui, grâce à l’épreuve de l’eau, prépare le chemin vers la réalisation de la Beauté, de la Force et de la Sagesse.

    Les Évangélistes te considèrent comme le dernier des Prophètes de l'Ancien Testament. Tu es le Précurseur, c'est-à-dire celui qui annonce directement la venue du Messie et qui le précède.

    Les principaux éléments de ta biographie nous sont rapportés par les Évangiles apocryphes et notamment le Protévangile de Jacques. Nous y apprenons que six mois avant la naissance de Jésus, Elisabeth, cousine de Marie, mit au monde un fils, toi qu’elle prénomma Jean.

    Peu de choses ont été dites ou écrites à propos de la période qui avait précédé tes activités de baptiseur dans le Jourdain. On pense généralement que tu étais l'un de ces anachorètes prêchant dans le désert et annonçant la venue prochaine du Messie attendu par Israël. Pierre et André, les futurs apôtres de Jésus, figuraient parmi tes disciples.

    Contrairement à la plupart des saints promus par l’Eglise catholique, ta fête, Jean Baptiste, correspond à ta naissance et non à ta mort. Jean Baptiste, avec le Christ et Marie, Notre-Dame, tu es le seul saint dont on célèbre la nativité ! Car c'est habituellement la date de mort d'un saint, sa « naissance à la vie nouvelle », qui est retenue pour sa fête.

    En dépit de l'honneur qui t’était fait, Jean Baptiste, tu tins à marquer ton admiration et ta confiance à Jésus en lui disant ces mots restés célèbres : « Je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale ».

    Jean Baptiste, avant tout tu as été le prophète contemporain du Christ. Ton message formulé dans le désert fut d'abord de demander au peuple d'Israël de se préparer à la venue du Messie que tu annonçais de manière imminente. A la suite de ce message, de nombreux juifs sont venus se faire baptiser par toi dans les eaux du Jourdain.

    C’est le jour de la Noël, que nous fêtons la naissance de Jésus. Noël est aussi la fête de la naissance du soleil nouveau. Le soleil du solstice d'été, étant à son apogée, ne peut que décroître. C'est pourquoi Jean Baptiste tu as dit : « Il faut que je décroisse pour qu'il croisse ». Autrement dit, il faut que la lumière extérieure qui nous inonde aujourd'hui cède la place au soleil intérieur du solstice d'hiver.

    Jean Baptiste, tu as été reconnu prophète par toutes les religions du Livre. D'une spiritualité très profonde, tu dérangeais les puissants. Tu connus une fin tragique. Ayant critiqué les mœurs du roi Hérode qui avait épousé Hérodiade, la femme de son frère, tu fus emprisonné, puis décapité en l’an 31.

     

    Réflexions

    Mes bien-aimés Frères et Sœurs,

    La Saint-Jean est peut-être une des plus belles fêtes de l’année pour nous, Chevaliers de l’ordre du Temple. Je vous invite à partager quelques réflexions.

    Au solstice d’été, la lumière est manifeste, c’est l’apothéose de la clarté. Nous avons tous peu ou prou en mémoire les feux de la Saint-Jean, le 24 juin. Pourtant, au milieu de la joie exubérante de ceux qui se fient aux apparences, ceux qui savent ne peuvent s’empêcher d’avoir un pincement au cœur car ils ont conscience de ce que, malgré la température extérieure plus élevée et l’éclat des jours, du moins quand il ne pleut pas, la marche inexorable vers les longues nuits d’hiver est amorcée.

    Le solstice d’été est dédié à Jean-le-Baptiste essentiellement pour deux raisons : c’est, d’une part, le point culminant et terminal de l’Ancienne Loi, qui voit poindre, selon les mots du Christ, son accomplissement. Or, à la fin du mois de juin, la lumière est à son maximum. En second lieu, le Baptiste a désigné le Christ au monde en disant « Il faut qu’il croisse et moi, que je diminue ». Dès le solstice d’été, la lumière va diminuer, jusqu’à celui d’hiver.

    Si le solstice d’été est le moment de la lumière manifestée, extérieure en somme, celui d’hiver est la fête d’une lumière plus subtile, que seule peut révéler une connaissance intérieure.

    Lumière des yeux ou lumière du cœur, clarté visible ou invisible, deux modes de relation au monde sont ainsi illustrés et, à l’image du cycle qui les rend explicites, révélés comme complémentaires. C’est ce que l’on appelle la connaissance ésotérique, qui se définit par rapport à la connaissance exotérique, oppose le monde des sens à celui de l’intériorité et les révèle comme complémentaires. Aussi, s’il peut être indiqué par les sens, c’est intérieurement que le grand mystère du cosmos parle véritablement à l’homme en quête d’éveil.

    Alors, la dédicace à celui qui est venu annoncer le triomphe du Logos incarné n’est plus une énigme, mais revêt la clarté de l’évidence. « L’heure vient, et c’est maintenant, où les adorateurs de mon Père l’adoreront en esprit et en vérité ».

    Mais ce triomphe est avant tout celui, infiniment subtil, de l’intériorité, au-delà et même malgré le monde des évidences ou de l’apparence : « La Lumière luit dans les Ténèbres mais les Ténèbres ne peuvent L’atteindre ».

    La Lumière spirituelle, issue du Logos, prend naissance au nord, au plus noir de la nuit comme au plus froid de l’année. Elle n’est perceptible qu’au sein du silence intérieur de qui a su faire un instant taire ses bavardages devant l’ineffable.

    L'influence de Jean le Baptiste a été manifeste dans de nombreuses sectes judéo-gnostiques. Après la découverte des manuscrits de Qumran, la personnalité de Jean a pris de l'importance en fonction de sa signification historique. Et il apparaît vraiment comme le chaînon reliant l'Ancien et le Nouveau Testament et par lui, l'ascétisme pré-chrétien est devenu un idéal de perfectionnement spirituel et une nouvelle religion.

    Ainsi le christianisme, dès le début de sa constitution en tant qu'église, a élevé Jean-le-Baptiste au plus haut de sa hiérarchie céleste. Encore aujourd'hui, la célébration du solstice d'été, jour de Jean le Baptiste, est honorée par plusieurs courants ésotériques qui, aspirant à marcher sur les traces de leur saint patron, pratiquent une purification morale et un retour à la spiritualité.

    Puisse cet essentiel, discret comme un mot d’amour, mais résonnant, à l’échelle du cosmos, jusqu’aux confins de l’univers, illuminer pour chacun d’entre vous l’année qui s’ouvre.

    Fraternellement à vous tous,

    Frère André B., E.M.O.

    Grand Chancelier Prieural


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  • Le 8 mai : Apparition de l’Archange saint Michel au Mont Gargan

    Cette fête a été supprimée par la réforme liturgique du Bienheureux Pape Jean XXIII (N.B. : Celui-ci est devenu saint le 27 avril 2014).

    Elle n'existe donc plus « officiellement » dans le calendrier liturgique depuis 1960.

    Cependant, nous, Pauvres Chevaliers du Christ, restons libres d’honorer celui qui reste l’un des protecteurs spirituels de notre Ordre : saint Michel Archange.

    Dieu tout puissant et éternel, qui avez établi saint Michel gardien de l'Eglise et prévôt du Paradis, accordez par son intercession, à l'Eglise la prospérité et la paix, à nous la grâce en cette vie et la gloire dans l'éternité. Par Jésus-Christ, Notre Seigneur. Ainsi soit-il.

    Saint Michel est apparu au Mont Gargano en Italie le 8 mai 492

     * Saint Michel - le 8 mai

    Rappelons les circonstances de cette apparition. La légende de l'apparition de l'archange au Gargano est décrite dans le Bréviaire romain du 8 mai, ainsi que dans la Légende dorée (Legenda Aurea), recueil de légendes chrétiennes compilé par Jacques de Voragine entre 1260 et 1275.

    Un riche habitant de Siponte avait ses troupeaux sur les flancs du Mont Gargano (San-Angelo). Un jour, se dérobant à l'œil des bouviers, un taureau disparut. Après bien des recherches, on le retrouva enfin sur la cime la plus escarpée de la montagne, à l'entrée d'une grotte, et les cornes embarrassées dans de fortes lianes. Furieux contre les obstacles qui le retenaient sur place, l'animal se débattait si violemment que personne ne put l'approcher. Alors on lança vers lui une flèche. Mais, chose étrange, cette flèche se retourna à mi-chemin de sa course, et alla frapper celui qui l'avait tirée. Ce fait extraordinaire remplit d'une telle crainte les bouviers, qu'ils s'éloignèrent immédiatement de la grotte. Cet évènement émut la ville de Siponte, et l'évêque ordonna des prières publiques.

    Trois jours après, soit le 8 mai 492, saint Michel apparut au prélat et lui dit : « Je suis l'archange Michel, un de ceux qui se tiennent sans cesse devant le Seigneur. J'ai choisi ce lieu pour être vénéré sur la terre ; j'en serai le protecteur à jamais. » L'évêque et les habitants se rendirent processionnellement jusqu'à la grotte du Mont Gargano, et prièrent en l'honneur de l'Archange.

    A quelque temps de là, Siponte vit ses ennemis dévaster ses campagnes et menacer la ville. La bataille s'engagea, et Siponte paraissait vaincue, quand, tout à coup, une formidable secousse ébranla le Mont Gargano ; de son sommet, couvert d'une noire vapeur, jaillirent des éclairs et des foudres qui portèrent la terreur et la mort dans le camp ennemi. Triomphante par le secours miraculeux de saint Michel, la ville de Siponte se montra reconnaissante à son puissant protecteur. Elle exécuta aussitôt des travaux gigantesques, afin de pouvoir accéder plus facilement sur le Mont Gargano, et sur la grotte naturelle qu'elle fit revêtir intérieurement de marbres précieux, elle bâtit une belle église dont la dédicace solennelle eut lieu le 29 septembre 522, fête des saints Archanges. Depuis lors, cette église est le rendez-vous de nombreux pèlerinages, et de grands miracles s'y sont opérés par la puissante intercession de saint Michel.

    De ce promontoire, comme d'une forteresse d'où il protège l'Eglise, le Prince des milices angéliques semble dire à l'univers entier : le Sauveur Jésus, mon maître, est Roi des rois et Seigneur des seigneurs ; son Eglise a seule le pouvoir d'éclairer les intelligences, de gouverner les volontés et de sauver les âmes. Là encore, comme sur le Mont Saint-Michel, s'élevant au-dessus de la terre et de l'océan, il répète cette parole qui foudroya Lucifer : Quis ut Deus ? Qui est semblable à Dieu ?

    Glorieux Archange, vous que nos rois ont autrefois proclamé patron de la France, protégez-nous contre tous nos ennemis. Protégez toujours l'Eglise et la France !

    Le 8 avril commence le trentain à saint Michel pour la France. Il se termine le 8 mai, jour de fête de saint-Michel-Archange.

    N.B. : Un trentain est constitué par trente messes qui doivent être célébrées trente jours de suite. Il s'agit d'un usage très ancien qui remonte à la fin du 6ème siècle, et dû au Pape Saint-Grégoire-le-Grand.

    Le 8 mai, saint Michel a manifestement souvent aidé la France puisque c'est un 8 mai qu'a eu lieu la prise d'Orléans, première grande bataille de Jeanne d'arc qui était guidée par saint Michel. L'armistice de 1945 eut également lieu le 8 mai.

    Saint Michel a une grande force d'intercession. Il protège non seulement contre les attaques du démon qui le redoute particulièrement, mais aussi contre les pouvoirs temporels mauvais ainsi que le mentionne le pape Léon XIII dans une de ses prières à saint Michel. Lorsque notre pays semble en avoir particulièrement besoin, invoquons-le de tout notre cœur !

     * Saint Michel - le 8 mai

    Au cours de ce mois de mai, l’Eglise de France propose de prier quotidiennement l’archange. Plusieurs prières sont possibles :

    • les litanies de saint Michel,
    • la prière à saint Michel de Léon XIII (qui peut être dite plusieurs fois),
    • Le chapelet à saint Michel Archange ou toute autre prière.

    Prière à Saint Michel de Léon XIII

    Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat : soyez notre soutien contre la perfidie et les embûches du démon.

    Que Dieu réprime son audace ! Telle est notre humble prière.

    Et vous, Prince de la milice céleste, par la vertu divine, refoulez en enfer Satan et les autres esprits mauvais, qui sont répandus dans le monde pour perdre les âmes.

    Ainsi soit-il.

     Lien vers un autre site sur le même sujet 

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    Références :

    http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-19261080.html

    http://www.la-banquise-de-mortimer.com/2017/04/trentain-a-saint-michel-archange-pour-la-france-du-8-avril-au-8-mai-fete-de-saint-michel-6.html

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Sanctuaire_de_Monte_Gargano

    http://www.aiderpretres.fr/questions-reponses/78-intentions-et-offrandes/110-trentain-gregorien.html

    http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-3994888.html


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  • Ce mercredi 27 décembre 2016, selon le calendrier général romain, l'Eglise catholique romaine, célèbre saint Jean, Apôtre et Évangéliste.

     *Saint Jean l'Évangéliste - 2016

    Fête de saint Jean l’Évangéliste

    Un peu d’histoire
    Il semble que, dès les premiers siècles de notre ère, l’on ait commencé à fêter les deux frères saint Jean et saint Jacques ensemble, le 27 décembre. Il en est toujours ainsi chez les Arméniens, et encore en Gaule au 7ème siècle. L’Espagne fêtait Jacques le 28, l’Assomption de saint Jean le 29.

    Le martyrologe Hiéronymien indique pour le 27 décembre : « Adsumptio sancti Iohannis evangelistae apud Ephesum et ordination episcopatus sancti Iacobi fratris Domini ».

    Dès le 6ème siècle, à Rome, on fêtait le 27 décembre comme « natale sancti Iohannis Evangelistae ».

    Le culte de Saint-Jean fut introduit à Rome par le pape Hilaire (461 - 468) qui s’était réfugié près de sa tombe lors du brigandage d’Éphèse en 449. Il fit construire un oratoire au Latran sous le patronage de saint Jean, « Liberatori suo beato Iohanni Evangelistae Hilarius episcopus famulus Xti ».

    La liturgie de ce jour nous propose les lectures suivantes :

    - Première lettre de Jean : 1 Jean 1, 1-4
    - Psaume 97, 1 : Adonaï règne, exulte la terre !
    - Evangile (au choix) Jean 20, 2-8 ou Jean 21, 20-24 : "Le tombeau vide" ou "Le disciple que Jésus aimait".

    Première lecture : Première lettre de saint Jean 1,1-4.

    Bien-aimés, ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons.
    Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous.
    Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Or nous sommes, nous aussi, en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ.
    Et nous écrivons cela, afin que notre joie soit parfaite.

    Commentaires :

    1 Jean 1, 1- 4 : L'expérience de résurrection. Entendre, voir, toucher le Logos de la Vie

    J.-M. Martin se réfère souvent à ce texte, l'incipit de la première lettre de saint Jean, où l'expérience de résurrection se dit avec une succession de verbes de sensorialité dont il retient les trois suivants : entendre, voir, toucher. En effet on retrouve dans d'autres passages de saint Jean d'autres énumérations ternaires où se trouvent les deux premiers verbes dans le même ordre, le troisième verbe n'étant pas toujours le même. Par ailleurs une lecture attentive du texte permet d'y repérer des titres de Jésus et bien d'autres choses.

    L'expérience de résurrection

    1 Ce qui était dès l’arkhè, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, et que nos mains ont touché au sujet du Logos de la Vie.

    2 et la Vie s'est manifestée, et nous avons vu, et nous témoignons et vous annonçons la Vie éonique qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous.

    3 Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons à vous aussi, afin que vous aussi ayez koinonia avec nous. Et notre koinonia est avec le Père et avec son Fils Jésus le Christos.

    4 Et nous vous écrivons ces choses en sorte que notre joie soit pleinement accomplie. »

    Les données essentielles de l'Évangile sont dans cette première épître de Jean. Le mot évangile s'y trouve prononcé dès le verset 2 sous la forme : « Nous vous annonçons (apangellomen) » ; le verbe angellein (annoncer) a la même racine que evangelion, évangile, et ensuite il y aura : « Et c'est ceci l'annonce (angelia) » au verset 5.

    Et au verset 2 nous avons aussi : « nous témoignons (marturoumen) ». Annonce et témoignage, au sens johannique du terme, sont deux noms de la Parole. L'Évangile est la Belle Annonce de ce qui vient. Venir est un mot majeur qui dans notre texte est dit sous la forme “se manifester” : « la vie éonique… s’est manifestée (ephanerôthê) ». Dans le prologue de l'évangile de Jean, c'est “venir” qui est repris plusieurs fois : il est venu vers le monde ; il est venu vers les siens qui ne le reçoivent pas, et vers les siens qui le reçoivent. Il vient. À ce venir correspond un recevoir, d'où tous les verbes d'accueil.

    I – Première entrée dans l'espace du texte

    1°) Les verbes de la sensorialité de résurrection

    « 1 Ce qui était dès l’arkhê, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché au sujet du Logos de la Vie… »

    Ça vient : c'est l'Évangile ; ça se reçoit : c'est la foi.

    Dans le vocabulaire fondamental, le recueil s'appelle la foi. Les verbes qui sont ici, comme entendre, voir, contempler, toucher, disent tous la foi. Ils disent la même réalité. Le verbe le plus basique qui, lui, se trouve dans le prologue de Jean, c'est le verbe recevoir (lambaneïn). Donc nous avons une structure fondamentale simple : ça vient, ça se reçoit. Ça vient : c'est l'Évangile ; ça se reçoit : c'est la foi. Seulement, pour dire cette réception, il y a différents verbes, et différents verbes notamment de la connaissance.

    L'ordre des verbes de réception : entendre, voir, contempler, toucher.

    Vous aurez remarqué que les verbes ici sont tous des verbes de la sensorialité : entendre, voir de nos yeux, contempler, tâter (ou palper, toucher). Tous disent la même chose, la foi. Cependant, s'il y en a plusieurs, il y a aussi un ordre dans lequel ils sont posés et cet ordre a une signification.

    – Ce qui vient en premier, c'est entendre. Pour saint Paul, la foi est ek akoês, la foi vient par l'entendre, la foi est acoustique. Tout est dans l'entendre. Tout est dans la parole. Aussi le nom de ce qui vient ici est appelé Logos (Parole), le Logos de la Vie. Donc nous aurons d'emblée une connaissance qui n'est pas une connaissance de l'ordre de l'autosuffisance de la mathêsis, mais une connaissance qui reste dans la relation d'écoute.

    – Conformément à ce que nous avons dit également sur la parole, la parole donne de voir. La parole essentielle est voici : vois ici. Elle donne de voir : « ce que nous avons vu de nos yeux… ». Donc il y a un ordre entre ces verbes bien que tous disent la foi. Et voir est une sensorialité de la distance.

    – Le voir s'accomplit lui-même dans la proximité : la distance est la condition de l'approche, la condition de la proximité. La proximité n'est pas la fusion ou la confusion, la proximité est l'approche, fût-elle intime, c'est pourquoi le troisième sens qui dit l'accomplissement de cet ensemble est le toucher.

    Ce qui est en question c'est l'expérience de résurrection.

    À propos de ces verbes, une remarque importante : ce qui est en question ici, c'est entendre, voir et toucher ce qui est Arkhê, ce qui est Logos, et ce qui est Logos de Vie. La vie chez saint Jean désigne toujours la vie éonique – on peut traduire vie éternelle, à condition de ne pas penser que l'éternité c'est plus tard – autrement dit c'est la résurrection. Ce qui est en question ici, c'est moins ce que nous appelons l'incarnation que l'expérience de résurrection. Or nos sens grossiers, nos sens usuels, ne sont pas adaptés à la perception de la résurrection. Il s'agit donc – du point de vue de la connaissance, c'est très important – d'une sensorialité spirituelle, d'une sensorialité autre. Le mot de sensorialité subtile ne serait peut-être même pas suffisant.

    Corps psychique et corps pneumatique.

    La différence entre la sensorialité dont il est question ici et notre sensorialité grossière, c'est la différence entre ce qui est de l'ordre du pneuma et de l'ordre de la psychê. On confond beaucoup aujourd'hui spirituel, psychê et pneuma. Que veut dire exactement pneuma ? C'est un mot qui n'est pas prononcé ici, qui le sera dans la suite. Seulement, déjà pour notre langage, il faut bien voir que nous avons affaire, non pas à la différence qui est la nôtre entre le corps et l'âme, mais à une différence entre le corps psychique et le corps pneumatique (le corps spirituel, le corps de résurrection). Donc il s'agit d'une sensorialité de résurrection.

    Peut-être que je vous lance là dans une direction qui n'avait pas été perçue. C'est à nouveau problématique la première fois qu'on entend ça. Tous ces verbes ne disent pas autre chose que la foi qui est le recueil de la résurrection. Ce qui vient, c'est le Ressuscité, et la foi n'est rien d'autre que le recueil de la résurrection. Sans la résurrection, comme dit Paul, la foi est vide, il n'y a rien dedans ; si je dis la résurrection, elle a toute sa plénitude. Nous sommes dans les articulations de la première écriture chrétienne, et nous ne sommes pas très habitués à cela dans notre langage.

    Autres énumérations ternaires dans l’Évangile de Jean.

    Ce que je dis ici n'est pas hasardeux. Je ne peux pas le montrer dans le détail : il faut chercher dans tout l'Évangile de Jean les lieux de sensorialité. Vous trouveriez du reste les cinq sens. Ils ne sont jamais connumérés comme cinq. La connumération des cinq sens appartient à la pensée des anciens d'Occident, c'est une pensée traditionnelle. La structuration johannique est toujours une structuration en trois dans lesquels entendre est toujours le premier, et entendre ici n'est donc pas simplement acoustique extérieure. Il y a une analogie qui me plaît assez chez Heidegger : nous pensons que nous entendons parce que nous avons des oreilles, or nous avons des oreilles parce que nous entendons. Voilà qui invite à comprendre le verbe “entendre” d'une façon beaucoup plus originelle et fondamentale. Ceci pourrait demander aussi de longues méditations. Et ce n'est qu'une analogie parce que, dans cette perspective, Heidegger ne considère pas la foi, il considère une volonté de reprendre la pensée de l'homme de façon plus radicale dans une phénoménologie plus exigeante que la psychologie classique.

    L'énumération est toujours ternaire et c'est toujours entendre qui vient en premier, entendre qui donne de voir. Ceci est très important parce qu'on voit des signes, mais on ne voit des signes que parce qu'on a entendu ce qu'ils montrent. C'est la foi qui fait voir le signe comme signe. Le signe n'est pas une preuve qui conduit à la foi. Les signes ne prouvent rien. Les signes déploient la signification de la foi quand elle est déjà là – voilà un thème important chez saint Jean – ce ne sont pas des preuves selon l'interprétation qu'en fera ensuite l'apologétique classique.

    Donc entendre vient en premier, entendre donne de voir, et ensuite il y a un troisième terme qui est toujours un terme de la proximité. Ici c'est toucher. Dans le chapitre 6 de l'Évangile vous avez la même énumération ternaire. C'est le chapitre du Pain de la Vie et, naturellement, le premier terme c'est entendre, le deuxième terme c'est voir, le troisième terme c'est manger qui est vraiment un terme de la proximité où apparaît le goût. Dans ce même chapitre il y en a aussi un autre qui est “venir auprès”: entendre qui donne de voir et donne ensuite de venir auprès. La proximité. Je n'invente rien : ce sont des structures johanniques qui sont répétitives, donc qui sont attestées comme telles. 

    À propos du toucher, vous pourriez avoir un problème. Le grand exemple, c'est Marie-Madeleine qui fait l'expérience de Résurrection, donc du Ressuscité. Elle ne voit rien, parce qu'on ne voit qu'à la mesure de ce qu'on cherche, et elle cherche un cadavre. Il n'y a pas de cadavre à voir, donc elle ne voit pas, elle ne reconnaît pas Jésus parce que ce n'est pas ce qu'elle cherche. Qu'est-ce qui lui ouvre les yeux ? La parole qui lui dit son propre : « Mariam ». Autrement dit, pour ré-identifier Jésus, il faut que nous nous entendions ré-identifiés nous-même dans notre propre. Et cependant, il lui est dit : « Ne me touche pas ». Donc c'est bien entendre qui donne de voir, mais nous avons « Ne me touche pas ». Il faut comprendre : « Ne me touche pas encore » parce que la Résurrection n'est pas pleinement accomplie tant que tous les frères ne sont pas ressuscités : « Ne me touche pas mais va dire à mes frères : "Je vais vers mon Père qui est désormais votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu" ». 

    2°) Les dénominations du Christ.

    Dans notre texte - Première lettre de saint Jean -, Jésus a trois noms principaux : Arkhê qui est un des premiers noms du Christ, Logos et Vie.

    1. « Il est Arkhê» (Col 1, 18) comme le dit saint Paul, et c'est le premier mot de la Genèse est médité ici : « Au commencement (en arkhê) Dieu fit ciel et terre ». La Genèse est à l'arrière-plan toujours de ces choses-là. Et nous verrons même que la Genèse est à l'arrière-plan dans la reprise même qui en est faite dans le Prologue de Jean à propos de la scénographie du Baptême de Jésus. Il y a beaucoup de points de notre texte qui nous paraissent étranges et des plus disparates. Ils s'expliquent si on sait ce que Jean a comme imaginal à l'arrière-plan de ce qu'il dit.

    Arkhê est un des premiers noms de Jésus. Arkhê est le même que le Fils, que le Fils un. Il est Fils en tant que tourné vers le Père, ce qui est dit dans notre texte au verset 2, et il est Arkhê en tant que “principe porteur” de la totalité de ce qui vient après lui. Arkhê ne désigne pas le début, parce qu'après le début, ce n'est plus le début, mais après l'arkhê, c'est encore l'arkhê. Il est Fils par rapport au Père, il est porteur par rapport à tout le reste.

    2. Le terme qui vient après Arkhê, c'est le terme de Logos. En effet nous sommes dans une pensée où la parole précède l'homme. Ce sont surtout les Valentiniens qui ont médité cela. Vous avez une mise en place par les Valentiniens des dénominations de Jésus, je vous en dirai quelque chose, c'est très sérieux.

    Pour les Valentiniens, la dénomination qui suit Logos c'est Anthropos (l'Homme) qui n'est pas noté ici. L'homme n'est pas quelqu'un qui fabrique de la parole d'abord, l'homme est le lieu-tenant de la parole, le recueil de la parole. Il entre dans l'espace de parole. Devenir homme, c'est du reste entrer dans l'espace de parole. Cela qui est profondément johannique a été, même d'un point de vue philosophique, déjà pensé d'une certaine façon par Heidegger, en ce que la parole précède l'homme.

    3. Il est Logos de la Vie. Nous avons dit que Arkhê et Fils, c'est le même ; Logos et Vie c'est le même aussi ; Anthropos (l'Homme) qui n'est pas noté ici, et Ekklêsia (ou Koinônia, l'humanité rassemblée, v. 3), c'est le même.

    3°) Lecture commentée des versets 1 à 4.

    « 1 Ce qui était dès l’Arkhê, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché au sujet du Logos de la Vie – le verset 2 est une parenthèse – 2 et la Vie s'est manifestée, – l'espace de résurrection s'est manifesté – et nous avons vu, et nous témoignons et vous annonçons la Vie éonique qui était auprès du Père – comme Fils - et qui s’est manifestée à nous – comme Arkhê. 3 Ce que nous avons vu et entendu, – ici on prend le mouvement inverse, parce que ce que nous avons vu va redevenir parole pour être annoncé – nous vous l'annonçons à vous aussi, afin que vous aussi ayez koinônia avec nous – nous qui annonçons, vous à qui on annonce. Autrement dit l'expérience de Résurrection est un “nous”, est une expérience multiple (de multiples témoins sont énumérés par Paul, entre autres), elle est multiple parce qu'elle est pour les multiples, parce qu'elle est une annonce, une vue qui est faite pour être transmise. “Afin que vous aussi ayez koinônia avec nous”, donc j'ai communion avec celui qui m'annonce, mais pas seulement avec celui qui m'annonce, j'ai communion avec ce qui est annoncé –. Notre koinônia est avec le Père et avec son Fils Jésus le Christos. » Pourquoi le Christos ici ? Ceci annonce les choses qui vont être dites sur le pneuma, car Christos signifie oint, oint de pneuma.

    « 4 Et nous vous écrivons ces choses en sorte que notre joie soit pleinement accomplie. » Le texte dit “notre”. Des scribes ont dû penser que c'était plus généreux de dire “votre joie” car certains manuscrits portent “votre joie” et donc certaines de nos traductions. Il faut toujours se méfier de ce qui paraîtrait plus généreux. Ici c'est au contraire l'amplification du “nous” : dès l'instant que vous avez entendu, le nous inclut le vous, c'est un “nous” plus grand.

    La joie est un thème eschatologique. Eschatologique signifie toujours : qui a trait à la résurrection ou aux dernières choses, c'est la même perspective. Pour Jean la résurrection nous introduit dans l'eschaton. « Je le ressusciterai dans le dernier jour » (Jn 6) signifie : « Je commence à le ressusciter dans ce dernier jour dans lequel nous sommes. » Sous ce futur grec, il faut entendre l'hébreu sous-jacent qui est dans la pensée de Jean. Or en hébreu il n'y a pas de temps pour les verbes, mais deux modes : accompli et inaccompli (achevé et inachevé). Donc « Je commence à le ressusciter ». Le septième jour est le jour de toute l'histoire du monde. Les six jours sont les jours de la déposition des semences du monde, le septième jour cette déposition de semences cesse, mais commence la croissance du monde. Ce point est développé en Jn 5.

    II – Deuxième entrée dans l'espace du texte

    Nous vous proposons une deuxième entrée dans l'espace du texte de Jean. Nous avons entendu quelque peu déjà et nous avons encore à entendre, car l'Évangile n'est jamais une affaire entendue. Nous avons entendu et nous avons à entendre : c'est le magnifique verbe “avoir” qui est le meilleur lien entre le passé : “nous avons entendu”, le présent : “nous avons” et le futur : “nous avons à entendre”. Le verbe avoir est le plus bel auxiliaire du verbe être. Ne vous laissez pas aller au bavardage qui oppose être et avoir. Je n'en finirais pas si je voulais faire un développement sur ce verbe. Il a des ressources extraordinaires dans notre langue, elles ne se trouvent pas dans allemand, par exemple, qui dit “je suis été” et non pas “j'ai été”.

    1°) Méditation sur le verset 1

    Nous lisions ceci : « 1 Ce qui était dès l'Arkhê ». Nous n'avons pas déployé le mot arkhê, nous avons simplement dit à son sujet qu'il était une des dénominations du Christ.

    Les « Je suis » du Christ.

    Le Christ a de nombreuses dénominations qui, par exemple, pourraient être recensées par les multiples « Je suis » qui se trouvent dans l'évangile de Jean. Nous allons rencontrer le terme de vie, le terme de vérité… Jésus dit « Je suis la Vie », « Je suis la Vérité », « Je suis la Lumière », « Je suis le Pain », « Je suis la Porte », « Je suis le Berger ». Ce “Je” christique est hautement mystérieux, il n'est en aucun cas l'équivalent simple de notre “je” usuel. Personne ne peut dire « Je suis la Lumière » ; à la rigueur on peut dire « je suis lumineux », ce serait déjà un peu prétentieux mais, « Je suis la Lumière », qu'est-ce que c'est ? Si vous rencontrez dans la rue quelqu'un qui vous dit « Je suis la Lumière », méfiez-vous. Alors qu'est-ce que c'est que ce Je ?

    Les Plérôme des dénominations.

    « 1 Ce qui était à partir de Arkhê ». Arkhê est donc, nous l'avons dit, la même chose que le Fils, c'est-à-dire que le Christ est toujours tourné vers le Père ; c'est ce qui est dit dans les débuts de l'évangile de Jean : « Dans l'Arkhê était le Verbe, et le Verbe était vers Dieu (soit auprès de Dieu, soit tourné vers Dieu) ».

    La liste de ces dénominations n'est du reste pas une liste exhaustive : Arkhê, Vie, Lumière, sont des dénominations. Elles désignent le même mais sous un aspect différent. Donc il y a une multitude d'aspects fragmentaires, de dénominations fragmentaires du Christ. C'est une fragmentation du Nom indicible.

    Le nom chez les sémites ne désigne pas une appellation extérieure mais l'identité profonde de l'être, son intimité profonde, le plus propre de l'être, le nom propre. Et ici le Nom propre, qui est en son fond imprononçable, se déploie en appellations diverses. Mais les appellations diverses ne sont entendues que si elles sont entendues dans la visée de l'indicible. Vous avez la mystique du démembrement du Nom qui se trouve dans le monde juif. C'est cette procédure qui est mise en œuvre dans l'usage que Jean fait des termes Vérité, Vie… : « Je suis la Vie… » En cela Arkhê est l'unité principielle de cette multiplicité, et cette multiplicité, quand elle est rassemblée, constitue la Plénitude, le Plérôme.

    « Nous avons contemplé sa gloire, gloire comme du Fils un, plein de grâce et vérité » (Jn 1, 14) : Grâce et Vérité sont deux dénominations féminines, qui sont du reste dans un rapport générationnel puisque la Grâce est mère de la Vérité.

    Cette plénitude s'ouvre à la mystique du Plérôme, la mystique du plein. Du reste chacune des dénominations est fragmentaire, mais si elle est menée au bout d'elle-même, elle est égalisée à toutes les autres.

    Le rapport semence-fruit : le déploiement peut être un démembrement.

    Néanmoins il faudrait dire auparavant que le démembrement est précédé et suivi par un déploiement. On fait bien la différence entre déployer et démembrer ? Se déployer, c'est sortir de son silence pour se dire, c'est sortir de son absence pour une présence, c'est sortir de son état séminal pour accéder à son état floral, à son état de fruit.

    Le rapport semence-fruit est un rapport absolument fondamental, il précède tous les autres dans la pensée de nos évangiles. Ce n'est pas le rapport du rien au créé, c'est le rapport de la semence à la fructification. Ceux qui entendent ça pour la première fois n'en mesurent pas du tout l'importance. C'est une tout autre structure de pensée que la nôtre. Il faut avoir en tête les multiples paraboles végétales, les multiples paraboles en particulier de la semence et du fruit ; l'expression « porter beaucoup de fruits » vient fréquemment dans le texte de Jean. C'est également la structure fondamentale de la pensée de Paul : c'est la façon symbolique de dire le rapport du mustêrion, du retenu, du secret, du gardé, à la donation, à la manifestation, à la venue au jour.

    Prenons l'exemple de la fleur. La fleur se déploie, mais au bout d'un temps, ce déploiement devient un démembrement : elle se défait. Par rapport au Nom de Dieu, nous y avons accès d'abord dans le démembrement radical de ses noms, de son dicible. Le Père est semence, le Père désigne la semence, et le fruit c'est le Fils, c'est Jésus, c'est-à-dire qu'il est « le visible de l'invisible ». Comme dit Paul « Il est l'icône de l'invisible » (Col 1, 15). « Philippe, qui me voit, voit le Père », il n'y a rien d'autre à voir (Jn 14, 9). Le champ du visible, pour ce qui concerne Dieu, est tout occupé par le visage du Fils, comme dit Paul : le visage (prosôpon) du Fils (2 Co 4, 6).

    Si vous entendez cela pour la première fois, tenez-le en réserve comme une chose qui sera nécessairement mal entendue, mais ce malentendu premier est nécessaire pour qu'un jour ça s'entende. Si vous n'entendez pas du tout, ne vous crispez pas, c'est parce que ce n'est pas l'heure pour vous d'entendre cela.

    Donc l'Arkhê est cette dénomination qui dit l'unité de la totalité ou de la plénitude. La totalité chez Jean désigne d'abord la totalité des dénominations. « Tout fut par lui » (Jn 1, 3) : ce n'est pas la création, ce n'est pas la fabrication du monde. Le tout (pan), ta panta (la totalité), c'est le plein, le Plérôme et d'abord le Plérôme des dénominations.

    Le terme de plénitude demanderait lui aussi à être médité car il est en rapport avec la vacuité, avec le vide. Or le vide et le plein, bien avant d'être des contraires, sont des termes qui s'appartiennent mutuellement, indissociablement. Il n'y a pas des mystiques du plein en Occident et des mystiques du vide en Orient : il n'y a pas de plein sans vide et pas de vide sans plein, même s'ils sont par exemple simplement sur le mode de l'alternance, de la belle alternance. Le jour et la nuit peuvent être pris pour des contraires, ils peuvent être pris aussi pour des alternants : la belle alternance du jour et de la nuit. Et le magnifique exemple de l'alternance du vide et du plein, c'est la respiration. Vous ne pouvez être empli, c'est-à-dire recevoir, que pour autant que vous ne prétendez pas déjà être plein, que pour autant que vous vous videz. Ne vous occupez pas de savoir comment vient le don, occupez-vous simplement de vous vider, le don se fera de lui-même si vous êtes vide. La respiration. Ceci pourrait être développé et illustré à toutes les pages, ça suinte, mais on ne le voit pas. Ça ressort de tout dans l'Évangile. Je mets le doigt sur ce point.

    Donc « 1 Ce qui était en arkhê », et arkhê est à nouveau lui-même semence par rapport à la totalité qui est le fruit. Donc ce qui est en garde, en retenue, en bel absentement, « ce que nous avons entendu », cela se donne, se manifeste : « 2 Et la vie… a été manifestée », vous trouvez ça tout de suite dans le texte. Cela se donne premièrement puisque c'est de l'essence même du don, cela se donne dans la parole : « ce que nous avons entendu ».

    L'espace de parole précède l'espace au sens usuel du terme. La parole ouvre l'espace au sens usuel, l'espace de la distance qui est l'espace du voir et de la marche. Il y a le trajet, le jet de l'œil, le jet du regard, le trajet de la marche. Quand il est dit « Jésus, levant les yeux au ciel, dit : “Père” » (Jn 17, 1), il accomplit ce trajet du regard qui précède sa montée vers le Père, sa marche, et c'est ce qui s'appelle sa prière : « Levant les yeux au ciel, il dit “Père” », comme nous disons « Notre Père qui es aux cieux ». L'accomplissement de ce trajet est l'avènement d'une proximité jusqu'à la parfaite intimité du toucher : « ce que nos mains ont touché ».

    L'espace de résurrection

    Dans tout ceci nous sommes dans le Logos, le Logos qui est Vie, le Logos de la Vie. Logos et Vie font couple, et ce sont deux dénominations qui, en premier, désignent cet espace des noms divins qui est espace de résurrection, la Vie désignant la résurrection. La résurrection n'est jamais entendue ici comme une petite réalité factuelle de réanimation quelconque. La résurrection dit une qualité d'être, une qualité d'espace – c'est la même chose –, qui est de toujours en Jésus, mais qui est d'abord secrète, non manifestée, séminalement présente en lui, et qui se manifeste, qui vient à fruit dans ce que nous appelons couramment la résurrection.

    Quand Paul dit : « Déterminé Fils de Dieu de par la résurrection d'entre les morts » (Rm 1, 4), ça ne veut pas dire qu'il commence à être Fils de Dieu à partir de la résurrection, mais qu'il se manifeste comme Fils de Dieu : sa filiation divine, qui est secrètement tenue au cœur de son humanité, se manifeste. Son mode de vivre l'humanité contient déjà la résurrection en lui, mais cette résurrection se déploie, se donne à voir dans la résurrection proprement dite au sens usuel du terme.

    2°) Versets 2-4

    « 2 Et la Vie s'est manifestée, et nous avons vu, et nous témoignons et nous vous annonçons (évangélisons) la Vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. 3Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons à vous aussi, en sorte que vous aussi ayez koinônia avec nous. » Cette annonce accomplit la koinônia, la proximité. Il y a ici une unité qui s'accomplit de celui qui annonce à ceux à qui on l'annonce, mais pas seulement. Il y a la communauté de celui qui annonce et de celui à qui c'est annoncé, et il y a la proximité de ce qui est annoncé : le Père et le Fils : « Et notre koinônia est avec le Père et avec son Fils Jésus Christos » Le Christos c'est Jésus oint du pneuma. Le pneuma, il en sera question plus loin au cours de cette épître. Il peut désigner fragmentairement une partie du Plérôme, de la plénitude, il peut désigner “l'Esprit troisième” (comme dit Tertullien) quand nous disons : « Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Cet Esprit d'onction, il en sera question. Il en était déjà question chez Paul dans l'incipit aux Romains lorsqu'il dit : « Déterminé Fils de Dieu de par la résurrection des morts dans un pneuma de consécration. » (Rm 1, 4).

    Vous voyez se préfigurer ici ce qu'on appellera ensuite la Trinité. Elle a des traces dans l'Écriture puisqu'il y a des énumérations ternaires importantes et significatives, mais la pensée de la Trinité devrait être d'abord la pensée d'une double dualité, la dualité Père-Fils et la dualité Christos-Pneuma. Ça ne fait que trois parce que Christos et Fils c'est le même. Et dans la théologie classique on passe aussi par le quatre : les quatre relations, pour arriver aux trois personnes. On appelle ça des personnes, ce qui est très mauvais. Dire des dénominations, ce n'est pas suffisant non plus. Seulement, ce qu'on appelle la Trinité demanderait à être repensé, non pas en se servant de concepts étrangers, mais à partir des ressources mêmes de l'Écriture.

    « 4 Et nous vous écrivons ces choses en sorte que notre joie soit pleinement accomplie. »
    Le verbe accomplir, c'est le même verbe que emplir en grec. Du reste nous disons indifféremment “remplir sa tâche” ou “accomplir sa tâche”. Donc tout ce que nous avons dit au sujet du plein se dit dans l'accomplissement également. Il ne faut pas dire « la plénitude des temps » mais « l'accomplissement des saisons ». Et le terme d'accomplir est un terme majeur qui accompagne le dévoilement, le dévoilement accomplissant. Ce qui est en secret vient au jour, c'est-à-dire s'accomplit et du même coup se dévoile, se donne à voir.

    Bien sûr nous ne mesurons pas pour l'instant l'importance d'une remarque de ce genre. Nous vivons dans une structure de pensée qui va du prévu au réalisé. Le poids de réalité est seulement dans le fruit, le prévu n'est que prévu. La pensée biblique est une pensée qui va de la semence au fruit : le fruit est déjà dans la semence. La grande différence est qu'on ne peut faire que ce qui n'est pas encore fait, mais on ne peut accomplir que ce qui est déjà séminalement. Autre chose, nous disons : nous ne pouvons pas être et avoir été, alors que dans cette perspective on ne peut être que pour autant qu'on a déjà été.

    Psaume responsorial - Psaumes de Salomon 96, 1-2. 5-6. 11-12 (R.: 12a)

    Le Seigneur est roi ! Exulte la terre !
    Joie pour les îles sans nombre !
    Ténèbres et nuées l'entourent, justice et droit sont l'appui de son trône.

    Les montagnes fondaient comme cire devant le Seigneur, devant le Maître de toute la terre.
    Les cieux ont proclamé sa justice, et tous les peuples ont vu sa gloire.

    Une lumière est semée pour le juste, et pour le cœur simple, une joie.
    Que le Seigneur soit votre joie, hommes justes ; rendez grâce en rappelant son nom très saint.

    Commentaires :

    Ce psaume commence par une affirmation de foi : le Seigneur est roi !
    Et sa royauté s’étend sur toute la terre : devant lui, apparaissent des éléments de la nature, les peuples amis, les ennemis… tout ce qui a été créé est mis en présence du Seigneur, et les réactions sont diverses : la crainte est manifestée par les éléments de la Création.
    Une joie qui fait exulter est le lot des justes.
    Le néant est ce qui revient à ceux qui ne reconnaissent pas le Seigneur comme le seul Dieu.
    Ils ne peuvent subsister devant lui.

    Ce psaume fait écho à la manifestation de Dieu au Sinaï telle que racontée en Ex 19.
    Les éléments de la théophanie sont repris ici : les éclairs, la nuée, la montagne brûlante, la terre qui tremble, le peuple dehors qui voit et entend.
    Lorsqu’il s’est manifesté à son Peuple, il leur a donné sa Loi : celle-ci est l’expression de sa justice.
    Elle s’appuie sur une réalité qu’Israël doit garder en mémoire : « Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’Unique. » (Dt 6,4).
    C’est ce Dieu Unique qu’Israël est invité à adorer, car aucun des dieux des autres nations n’est réel.
    Cette reconnaissance de l’Unicité de Dieu ouvre à la joie et à la confiance car c’est parce qu’Il est l’Unique que le Seigneur a un jugement juste et droit. Il n’a en effet besoin de rien ni de personne pour asseoir son Règne ; ses jugements ne se fondent pas sur l’arbitraire.

    Dès sa constitution comme peuple, Israël a été tenté d’adorer les dieux des pays voisins. Comme eux hier, nous aussi nous pouvons nous laisser aveugler et tromper par des idoles.
    Quels sont pour moi ces dieux « des pays voisins » que je suis tenté(e) de servir ?
    Il y a un grand enjeu à reconnaître la part en moi qui se plie aux injonctions des idoles : elles m’enchaînent alors qu’elles sont vaines. Elles me poussent à commettre le mal et l’injustice parce qu’elles ne sont fondées sur rien de solide.
    Au regard de cela, le juste qui reconnaît la Royauté du Seigneur s’ouvre à la joie et l’exultation car le Seigneur sauve ceux qui l’aiment et il les défend : le pouvoir du Seigneur est au service des humains et jamais abusif.

    En reconnaissant la royauté du Seigneur, nous sommes invités à nous en remettre à Lui et à nous laisser sauver par lui de la main de tous ceux qui s’arrogent un pouvoir de manière abusive : lui seul est notre justice.
    Mais nous aussi nous sommes appelés à devenir des justes, et nous le sommes quand comme lui nous choisissons de ne pas répondre au mal par le mal.

    Devant le Christ Enfant, Roi humble au milieu des humains, ou devant Lui en sa Passion, je peux contempler la figure du Roi Éternel, venu « non pour être servi mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude ».
    À quelle action de grâce cette contemplation m’invite-t-elle ? À quelles conversions ?

    N. B. : L'Eglise ne prévoit pas de lecture d'Épître ce jour.

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 20,2-8.

    Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine courut trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
    Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau.
    Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.
    En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas.
    Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.
    C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.

    Commentaires :

    Aujourd'hui, la liturgie célèbre la fête de saint Jean, celui qui pénètre le mieux et le plus profondément le mystère du Verbe incarné, premier théologien et modèle de tout véritable théologien.

    Le passage de son Évangile que l'Eglise nous propose aujourd'hui nous aide à contempler Noël dans la perspective de la Résurrection du Seigneur.
    Jean, en effet, arrivé au sépulcre vide, « vit et crut » (Jn 20,8).
    Jean, poussé par les intuitions de son coeur, et par la “grâce”, “voit” au-delà de ce que ses yeux peuvent contempler en ce moment. En réalité, s'il croit, il le fait sans “avoir vu” encore le Christ, ce qui inclut déjà la louange implicite de ceux qui «croiront sans savoir vu» (Jn 20,29).

    «Il vit et il crut. Jusque là, les disciples n'avaient pas vu que, d'après l'Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts...» C'est parce que Jean a cru que l'Ecriture s'est éclairée pour lui : jusqu'ici combien de choses de l'Ecriture lui étaient demeurées obscures ; mais parce que tout d'un coup il donne sa foi, sans hésiter, alors tout devient clair : il relit l'Ecriture autrement et elle lui devient lumineuse. L'expression « il fallait » dit cette évidence. Comme disait Saint Anselme, il ne faut pas comprendre pour croire, il faut croire pour comprendre.

    Pierre et Jean “courent” ensemble au sépulcre, mais le texte nous dit que Jean « courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau » (Jn 20,4). Jean était mu par le désir d'être de nouveau aux côtés de Celui qu'il aimait mais il laisse passer Pierre pour qu'il entre le premier, il reconnaît ainsi la primauté de Pierre dans le Collège des Apôtres. Jésus a dit : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Mt 16,18).

    Seigneur, donne-nous un cœur ardent, bouillonnant d'amour, comme celui de Jean pour que, mu par notre foi, nous puissions "courir" vers toi et nous jeter dans tes bras.

    Commentaires de Marie Noëlle Thabut

    Conclusion

    Marie Noëlle Thabut souligne dans son commentaire de l'évangile que c'est Marie-Madeleine qui a assisté la première à l'aube de l'humanité nouvelle ! Marie de Magdala, celle qui avait été délivrée de sept démons... est l'image de l'humanité tout entière qui découvre son Sauveur. Mais, visiblement, elle n'a pas compris tout de suite ce qui se passait : là aussi, elle est bien l'image de l'humanité !

    Et, bien qu'elle n'ait pas tout compris, elle est quand même partie annoncer la nouvelle aux apôtres et c'est parce qu'elle a osé le faire, que Pierre et Jean ont couru vers le tombeau et que leurs yeux se sont ouverts. A notre tour, n'attendons pas d'avoir tout compris pour oser inviter le monde à la rencontre du Christ ressuscité.

    Note à propos des exégèses de Mme Marie-Noëlle Thabut

    Marie-Noëlle Thabut a fait des études de droit, puis d'exégèse. Elle s'est beaucoup investie dans la pastorale liturgique et l'initiation biblique, à travers des cours, des conférences et des voyages en Terre sainte. Elle est surtout connue du grand public grâce à ses émissions sur Radio Notre-Dame, ses commentaires dans Magnificat et son grand ouvrage sur les années liturgiques, L'intelligence des Écritures, pour comprendre la parole de Dieu chaque dimanche en paroisse, paru chez Soceval.

    Synthèse de recherches mise en forme par le Frère André B.

    Références

    http://www.introibo.fr/St-Jean-27-decembre
    http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-32676874.html
    http://www.prionseneglise.fr/Les-textes-du-jour/Lecture/Commencement-de-la-premiere-lettre-de-saint-Jean-1-1-4 ©AELF
    http://www.lachristite.eu/archives/2014/04/30/29771889.html
    http://www.ndweb.org/wp-content/uploads/2016/01/Psaume-96.pdf
    http://forum.doctissimo.fr/grossesse-bebe/mamans-chretiennes/evangile-joursujet_5855_6.htm
    http://www.introibo.fr/St-Jean-27-decembre


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  • Notre Frère Novice Philippe H. nous propose quelques informations à propos de ...

    Sœur Faustine Kowalska

    Sœur Faustine Kowalska est née le 25.08.1905 au village de Glogoviec (Pologne). Elle est décédée le 05 décembre 1938 à Lagiewniki près de Cracovie après de grandes souffrances dues à la tuberculose. Elle a été canonisée par le pape Jean-Paul II le 30 avril 2000.

     * Soeur Faustine

    Elle est un des nombreux « Témoins de la divine Miséricorde ». Elle reçut de Jésus le 22 février 1931 la mission de peindre une icône « Peins-moi telle que tu me vois » et signée « Jésus, j’ai confiance en Toi » et de proclamer la divine Miséricorde. L’icône fut exposée au public en 1935, le premier dimanche après Pâques, à la demande de Jésus : « Je désire que cette icône soit solennellement consacrée le premier dimanche après Pâques, qu’elle soit proposée à la vénération du peuple afin que toutes les âmes dans le monde entier en soient touchées ».

    Biographie sommaire de Sœur Faustine

    • Née le 25 août 1905 (fête du roi St Louis) à Glogoviec à mi-chemin entre Lodz et Wloclawek (région de Varsovie).
    • Baptisée le 26 août 1905 avec le prénom d’Hélène.
    • Elle était la troisième enfant ; après elle, il y eut encore sept autres enfants. Le foyer est très pauvre.
    • A 5 ans, elle raconte un rêve : avec la Sainte Vierge, la main dans la main, elle vient de faire le tour du paradis. Ses parents l’écoutent d’une manière distraite « tout songe est mensonge, en Dieu la foi ».
    • A 7 ans, Dieu l’appela par son nom, l’invitant à une vie parfaite. Elle garde son secret.
    • A 9 ans, elle fait sa première communion : sa prière devient plus fervente, plus assidue. Sa maman la surprend agenouillée par terre en pleine nuit. A plusieurs reprises, elle raconte qu’elle avait vu « une grande lumière ». Ses parents la traitent de « petite sotte » et lui demandent de se taire.
    • A l’école, elle recueille des prix mais on a besoin de son aide à la maison, le foyer est très pauvre.
    • A 9 ½ ans, elle quitte l’école pour garder les troupeaux au pâturage.
    • A 14 ans, elle part en service un an dans une bourgade voisine pour s’acheter une robe de dimanche.
    • De retour à la maison, elle dit à sa mère, « maman, je dois rentrer au couvent. » Les parents refusent car pour entrer en religion, il faut une dot et tout au moins un trousseau convenable, or les parents ont des dettes.
    • Elle repart en service mais cette fois à Lodz. Le dimanche, elle allait chez son oncle.
    • A 18 ans, elle supplie ses parents de lui permettre d’entrer au couvent ; elle se heurte à un refus catégorique ; elle se résigne à vivre comme les autres jeunes filles dans le monde.
    • Le 14 août 1923, son oncle l’encourage à aller au bal avec sa sœur ; lorsqu’elle se mit à danser, elle aperçu Jésus auprès d’elle dépouillé, torturé, couvert de blessures et qui lui dit notamment « jusqu’à quand me feras-tu attendre ? » Elle courut à la cathédrale du lieu et se prosterna face à terre devant le très Saint Sacrement demandant ce qu’elle devait faire. Elle entendit les paroles « va à Varsovie, là-bas tu entreras au couvent. »
      Elle rentra à la maison et confia à sa sœur ce qui venait de se passer.
      Juste avec une robe sur son dos et sans rien emporter, elle prit le train pour Varsovie.
      Là, elle entra dans une église et sur les paroles qu’elle avait entendue, elle s’adressa au prêtre lui demandant comment faire pour entrer en religion. Le prêtre lui répondit de garder confiance mais en attendant, il l’envoya en service chez une dame pieuse qui avait 6 enfants. En cachette, Hélène se met à frapper aux portes de différents couvents sans succès car elle n’a pas de dot ; elle sait à peine lire et écrire ; elle ne connait aucun métier ; elle n’a sur le dos qu’une robe usée.
      Finalement, au printemps 1924, elle est acceptée dans un couvent à Varsovie (la Congrégation de Notre-Dame de la Miséricorde, d’origine française) à condition de retourner en service afin de pouvoir mettre de côté quelques centaines de zlotys pour son trousseau car le couvent ne disposait pas de fonds pour le lui procurer. Après quelques mois, il y eut une somme suffisante pour un modeste trousseau de sœur converse.
    • Le 1er août 1924, la porte du couvent s’ouvre pour Hélène. Elle peut commencer son postulat. Elle est affectée à la cuisine.
      Au couvent, il y a trois classes : les directrices, les coadjutrices, les pensionnaires comprenant soit les repenties, soit les jeunes filles « exposées aux dangers de ce monde. » N’ayant pas de dot, de diplôme, d’appartenance à une classe sociale, Hélène ne pouvait pas aspirer au rang d’une sœur directrice et en tant que sœur coadjutrice, elle était destinée aux gros travaux (cuisine, jardin, vendeuse, de boulangerie et finalement lorsque ses forces déclinent, sœur portière).
    • Le 30 avril 1926 (à 21 ans), Hélène reçoit l’habit religieux avec le nom de Sœur Faustine.
    • Postulat à Varsovie, noviciat à Cracovie.
    • Dès la fin de sa 1ère année de noviciat à Cracovie, Dieu lui retire sa présence sensible et la plonge dans les ténèbres de la foi ; l’épreuve se poursuit pendant tout son noviciat (pages 38 à 42).
    • Le 30 avril 1928, dans la nuit de l’âme, elle prononce ses premiers vœux ; l’épreuve se prolonge encore six mois environ. Don une nuit spirituelle de 2 ½ ans.
    • Visions en 1929 et en 1933 : le feu du ciel dévorant Varsovie et sa patrie.
    • Vers la fin de 1930, Sœur Faustine est envoyée au couvent de Plock (près de Varsovie).
    • Le 22 février 1931, 1er dimanche de carême, le Seigneur Jésus lui demande de peindre une image telle qu’elle Le voit et signée « Jésus, j’ai confiance en TOI. » (pages 59, 60 ,61).
    • Printemps 1933 : elle doit partir pour Cracovie pour la troisième probation de ses vœux, sa santé se décline.
    • 21 avril 1933 : retraite précédant ses vœux perpétuels à Walendow (région de Cracovie).
    • 1er mai 1933 : jour de ses vœux perpétuels à Cracovie ; elle a 28 ans.
    • 27 mai 1933 : elle part pour Wilno (actuellement Vilnius, capitale de la Lituanie). Elle rencontre son directeur spirituel l’Abbé Sopocko, celui-ci l’envoie chez un médecin psychiatre pour examiner sa santé physique et psychique par crainte d’illusions, d’hallucinations ou de quelques visions imaginaires. Elle est affectée aux travaux de jardinage.
    • Le jeudi Saint 29 mars 1934, Jésus lui dit : « Je veux que tu te livres pour les pécheurs et tout particulièrement pour ceux qui ont perdu toute espérance en la divine Miséricorde. » Elle s’engage par un acte de consécration « Dieu et les âmes » durant la messe de jeudi Saint. A partir de cette date, Satan fait ouvertement irruption dans la vie de Sœur Faustine (pages 127 et 128).
    • L’Abbé Sopocko accepte de faire peindre l’icône selon les indications de Sœur Faustine et en juin/juillet 1934 le tableau est fini.

     * Soeur Faustine

    • Le 26 octobre 1934, Jésus lui demande : « Je veux que le premier dimanche après Pâques, cette icône soit exposée publiquement. » Ce dimanche est la fête de la Miséricorde. « Par le Verbe incarné, je fais connaitre l’abîme de ma miséricorde. »

     * Soeur Faustine

    "Je désire que le monde entier connaisse ma miséricorde"

    • Le 8 février 1935, elle voit l’âme de son directeur spirituel broyée de douleurs mais Dieu lui a promis de grandes grâces ainsi qu’à tous ceux qui proclameront son infinie Miséricorde lui dit-t-elle... (C’est l’Abbé Sopocko qui assumera le lourd et précieux héritage de l’œuvre de la Miséricorde).
    • Pendant la semaine Sainte de 1935, Sœur Faustine révéla à l’Abbé Sopocko que Jésus exigeait que l’icône soit installée à Ostra Brama (près de Wilno), le 1er dimanche après Pâques.
    • Début mai 1935, Sœur Faustine dit à l’Abbé Sopocko que Jésus la chargeait de fonder une nouvelle congrégation ayant pour fin de proclamer et d’implorer Sa Miséricorde divine. (Cette congrégation existe, cf. page 263).
    • Le 19 mars 1936, Sœur Faustine est transférée de Wilno à Cracovie.
    • Le 19 mars 1936, Sœur Faustine est envoyée chez un spécialiste qui ne cache pas son inquiétude au sujet de sa santé (pages 188 et 189, 190, 193,194, 195, 196, 197, 198, 199,, 200, 201, 202).
    • Début décembre 1936 : ses supérieures l’envoient au sana de Prondnik aux environs de Cracovie pour une durée de trois mois.Elle fera deux séjours du 9 décembre 1936 au 27 mars 1937 et ensuite du 20 avril 1938 au 17 septembre 1938.
    • Février 1937 : après les poumons, la tuberculose attaque les intestins.
    • Le 27 mars 1937, elle quitte le sana et reprend son travail au jardin.
    • Le 20 mai 1937 : l’état de Sœur Faustine ne cesse de s’empirer.
    • Le 6 septembre 1937 : pour des raisons de santé, elle est transférée du jardin à la porterie.
    • Jusqu’en avril 1938, sa passion (grandes souffrances et incompréhension de l’entourage) continue.
    • Le 20 avril 1938 : retour au sana de Prondnik.
    • Le 17 septembre 1938 : par ordre de ses supérieures, Sœur Faustine est ramenée au couvent de Cracovie pour y mourir.
    • Le 26 septembre 1938 : dernière visite de l’Abbé Sopocko à Sœur Faustine.
    • Le 5 octobre 1938 à 22 h 45, Sœur Faustine avec toute sa connaissance, les yeux fixés sur l’image du Christ et de l’Immaculée expire sans subir les affres de l’agonie.

     * Soeur Faustine

    Stigmates, agonisants, âmes du Purgatoire, pécheurs, apparitions de la Vierge Marie, prophéties...

    • Le 20 octobre 1936 : Sœur Faustine évoque sa « vision en enfer » (page 241). (Sainte Thérèse d’Avila avait fait la même expérience). 

    •  Le 12 novembre 1936 : Sœur Faustine rapporte dans son journal l’origine de ses stigmates en 1928 (page 226). Ces souffrances se reproduisent chaque vendredi mais aussi, parfois, lorsqu’elle rencontre une âme qui n’est pas en état de grâce.

    Durant ses séjours au sana de Prondnik, Sœur Faustine assiste les agonisants et les âmes souffrantes du Purgatoire.

    En février 1938, la Sainte Vierge lui apparaît avec l’Enfant Jésus dans ses bras et qui dit : «Je suis la Mère du Sacerdoce», ensuite : « Mon Dieu, bénis la Pologne, bénis les prêtres. Dis ce que tu viens de voir aux prêtres. »

    • Le 25 mars 1938 : Jésus lui demande : « Ma fille, aide-Moi à sauver les pécheurs. »
    • En juin 1938, le charisme de bilocation lui permet d’assister les agonisants à distance (pages 256 et 257).
    • Prophéties de Sœur Faustine, par exemple :
    • Le 26 janvier 1938 : elle parle de la « guerre épouvantable » qui ravagera l’Europe, qui durera longtemps et des terribles malheurs qui s’abattront sur le monde. La Pologne s’en sortira révèle-t-elle à Sœur Clémentine (jardinière en chef du couvent de Cracovie). « Oh oui ! Mais on sera bien moins nombreux car il y aura beaucoup de tués, mais ceux qui resteront en vie s’aimeront mutuellement et tiendront à se revoir. »
      Sœur Faustine révèle à Sœur Anne que la guerre durera longtemps mais que la maison de Cracovie (Jozefow) sera épargnée. Ce qui fut le cas lorsqu’en 1942, les Allemands voulurent chasser les sœurs et Sœur Anne put les réconforter par les paroles que lui avaient dites Sœur Faustine.

    Conclusion

    « Dieu est amour » et cet amour, pour nous, pécheurs, se fait miséricorde.

    Tel est le « secret », le message  de Sœur Faustine.

    Prière de Sœur Faustine (1937) à la Divine Miséricorde

    « Seigneur Jésus, transforme-moi toute en Ta Miséricorde ! »

    Fais que mes yeux soient miséricordieux pour que jamais, je ne juge selon les apparences et ne soupçonne personne, mais que je voie dans toutes les âmes ce qu’elles ont de beau et qu’à toutes je sois secourable.

    Fais que mes oreilles soient miséricordieuses,

    toujours attentives aux besoins de mes frères et jamais fermées à leur appel.

    Fais que ma langue soit miséricordieuse pour que jamais je ne dise du mal de personne,

    mais que pour tous j’aie des paroles de pardon et de réconfort.

    Fais que mes mains soient miséricordieuses et pleine de charité,

    afin que je prenne sur moi tout ce qui est dur et pénible pour alléger ainsi les fardeaux des autres.

    Fais que mes pieds soient miséricordieux et toujours prêts

    à courir au secours du prochain, malgré ma fatigue et mon épuisement.

    Que je me repose en servant !

    Fais que mon cœur soit miséricordieux et ouvert à toute souffrance.

    Je ne le fermerai à personne, pas même à ceux qui en abusent,

    et moi-même je m’enfermerai dans le Cœur de Jésus.

    Jamais je ne dirai mot de mes propres souffrances.

    Puisse Ta Miséricorde se reposer en moi, Seigneur !

    « Transforme-moi en Toi, car Tu es mon TOUT »

    Adaptation de la prière de Sœur Faustine pour clôturer l'année de la Miséricorde

    Mère de Miséricorde, écoute la prière que nous t'adressons et présente-la à ton Fils.

    Apporte-moi ton aide, pour que mes yeux soient miséricordieux, pour que je ne soupçonne ni ne juge jamais d'après les apparences extérieures, mais que je discerne lai beauté dans l'âme de mon prochain et que je lui vienne en aide.

    Apporte-moi ton aide pour que mon oreille soit miséricordieuse, afin que je me penche sur les besoins de mon prochain et ne reste pas indifférente à ses douleurs ni à ses plaintes.

    Apporte-moi ton aide pour que ma langue soit miséricordieuse, afin que je ne dise jamais de mal de mon prochain, mais que j'aie pour chacun un mot de consolation et de pardon.

    Apporte-moi ton aide pour que mes mains soient miséricordieuses et remplies de bonnes actions, afin que je sache faire du bien à mon prochain et prendre sur moi les tâches les plus lourdes et les plus déplaisantes.

    Apporte-moi ton aide pour que mes pieds soient miséricordieux, pour me hâter au secours de mon prochain, en dominant ma propre fatigue et ma lassitude.

    Apporte-moi ton aide pour que mon cœur soit miséricordieux, afin que je ressente toutes les souffrances de mon prochain.

    Que la miséricorde du Seigneur repose sur moi. Amen.

     

    Mise en page par le Frère André B.


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  • Chaque année, à la mi-novembre (dimanche 15 novembre 2015, dimanche 19 novembre 2016, dimanche 19 novembre 2017, dimanche 18 novembre 2018), le Grand Prieuré Traditionnel et Régulier de Belgique participe à l’office religieux en l’église Notre-Dame Immaculée de la Communauté Grecque Melkite Catholique de Belgique – Paroisse de Saint Jean Chrysostome – rue de l’Orient 41 à Etterbeek car c'est la fête de saint Jean Chrysostome.

     * Saint Jean Chrysostome

    Saint Jean Chrysostome

    Qui était Jean Chrysostome ?

    Jean Chrysostome, né à Antioche entre 344 et 349, et mort en 407 près de Comana, a été archevêque de Constantinople et l'un des pères de l'Église grecque. Son éloquence est à l'origine de son surnom de « Chrysostome » (en grec ancien χρυσόστομος / chrysóstomos, littéralement « Bouche d'or »).

    Cependant, sa rigueur et son zèle réformateur l'ont conduit à l'exil et à la mort.

    C'est un saint et un docteur de l'Église catholique, de l'Église orthodoxe et de l'Église copte, fêté le 13 septembre en Occident et le 30 janvier en Orient.

     * Saint Jean Chrysostome

    Sa biographie

    Sa famille, chrétienne, appartient à la bourgeoisie d'Antioche. Son père, officier dans l'armée syrienne, perd la vie alors que Jean est encore enfant. Il est alors élevé par sa mère. Devenu adolescent, il aurait reçu, selon certains auteurs chrétiens du 5ème siècle, l'enseignement du célèbre orateur et professeur de rhétorique Libanios, mais ce n'est nullement assuré, bien qu'il ait été certainement formé à la rhétorique. Il témoigne avoir mené une jeunesse désordonnée et avoir été « enchaîné par les appétits du monde » (Du Sacerdoce, I, 3), pour s'accuser ensuite d'avoir été gastronome, amateur d'éloquence judiciaire et de théâtre.

    À 18 ans, il demande le baptême, après avoir rencontré l'évêque Mélétios. Il commence alors à suivre des cours d'exégèse auprès de Diodore de Tarse. Après avoir terminé ses études supérieures, il reçoit les ordres mineurs, puis s'installe en ermite aux portes d'Antioche, et se consacre à la théologie. Il compose alors son traité Du Sacerdoce, influencé par les idées de Grégoire de Nazianze. Selon Jean, le monachisme n'est pas la seule voie menant à la perfection. Si le moine, menant une vie recluse, éloignée des tentations, peut plus facilement atteindre son but, Jean juge plus méritante encore la voie du prêtre, qui se consacre au milieu des périls du monde au salut de ses prochains (VI, 5) : « Le moine qui mettrait ses travaux et ses sueurs en comparaison avec le sacerdoce tel qu'il doit être exercé, y verrait autant de différence qu'entre les conditions de sujet et d'empereur. »

    Durant l'hiver 380–381, il est ordonné diacre par Mélétios à Antioche. Quelques années plus tard, il est ordonné prêtre. Il devient alors prédicateur et directeur spirituel. Il poursuit son travail d'écriture, et rédige de nombreux traités : pour consoler une veuve, sur le remariage, sur l'éducation, sur la pratique de cohabitation de moines et de moniales, etc. Il acquiert une certaine célébrité pour son talent d'orateur : des fidèles prennent des notes de ses homélies.

    En 397, Nectaire, archevêque de Constantinople, perd la vie. Au terme d'une bataille de succession acharnée, l'empereur Arcadius choisit Jean. Il s'élève alors avec une grande force contre la corruption des mœurs et la vie licencieuse des grands, ce qui lui attire beaucoup de haines violentes.

     * Saint Jean Chrysostome

    Il destitue les prêtres ou les évêques, qu'il juge indignes, parmi lesquels l'évêque d'Éphèse, et ramène de force à leur couvent les moines vagabonds. Il s'attaque également aux hérétiques, aux Juifs et aux païens : « Les Juifs et les païens doivent apprendre que les chrétiens sont les sauveurs, les protecteurs, les chefs et les maîtres de la cité » (Homélies sur les statues, I, 12). Il tient un langage sévère à l'égard des Juifs, en qui il voit les adversaires de l'Évangile de Jésus. S'agissant d'eux, il disait : « La synagogue est un mauvais lieu où afflue tout ce qu'il y a de plus dépravé ; c’est un rendez-vous pour les prostituées et pour les efféminés. Les démons habitent et les âmes mêmes des juifs et les lieux dans lesquels ils se rassemblent ».

    Il impose son autorité aux diocèses d'Asie Mineure alentour. Répugnant à ses devoirs de représentation, il prend seul ses repas et impose un mode de vie frugal et austère à son entourage.

    S'il jouit au départ de la faveur du couple impérial, il s'attire rapidement l'inimitié des classes supérieures et des évêques par ses critiques sévères de leur mode de vie non conforme à l'idéal évangélique.

    Lorsque Jean ordonne le retour des reliques de saint Phocas, l'impératrice Eudoxie, épouse d'Arcadius, se charge en personne de porter la châsse à travers la ville, ce dont Jean la remercie ensuite vivement dans une homélie. En 399, son influence parvient à sauver, dans un premier temps, l'eunuque Flavius Eutropius, chambellan et favori de l'empereur, disgracié et réfugié dans la cathédrale, et qui avait pourtant été un temps parmi ses adversaires. Mais Flavius Eutropius est décapité peu après. Cependant, l'inimitié de la cour impériale va croissant. Jean finit par blesser vivement Eudoxie en lui reprochant l'accaparement d'une somme appartenant à la veuve Callitrope et des biens d'une autre veuve : il aurait comparé l'impératrice à l'infâme reine Jézabel de l'Ancien Testament.

    En 402, Jean est mêlé à l'affaire de Théophile, patriarche d'Alexandrie, accusé publiquement de tyrannie et d'injustice par un groupe de moines égyptiens, accusés d'être disciples d'Origène. Ces derniers font appel à Jean, qui tente de se récuser, mais doit finalement accepter de présider un synode, convoqué par l'empereur, devant lequel Théophile est censé se présenter. Théophile engage alors la lutte contre son juge, en rassemblant tous les mécontents. Arrivant finalement à Constantinople en juin 403, Théophile est accompagné de vingt-neuf évêques égyptiens. L'affaire se retourne alors contre Jean : il est convoqué par ces évêques pour répondre des accusations formulées contre lui à un concile qui a lieu dans la villa du Chêne près de Chalcédoine. Jean est alors déposé et condamné, condamnation ratifiée par Flavius Arcadius.

    Il est aussitôt rappelé à la demande de l'impératrice qui, à la suite d'un mystérieux accident - une fausse couche de l'impératrice - y voit un avertissement du Ciel. Cependant, les accusations reprennent contre lui. Quand la tension avec la cour est à son comble, Jean se montre peu diplomate, commençant un sermon par une allusion à Hérodiade réclamant la tête de Jean le Baptiste : « De nouveau Hérodiade est en démence. De nouveau elle danse. De nouveau elle réclame la tête de Jean sur un plat ».

    Finalement, il est une deuxième fois condamné et exilé à Cucusus, en Arménie. Il est remplacé au siège patriarcal le 26 juin 404 par un vieillard, Arsace, auquel succède très vite Atticus, un ennemi de Jean.

    Peu de temps après, Jean doit se réfugier au château d'Arabisse pour fuir une incursion des Isauriens.

    Cependant, sa renommée va grandissant. Devant l'afflux des visiteurs qui viennent à lui, il est exilé en 407, sur ordre impérial, à Pithyos, sur la mer Noire, aux confins de l'empire. Affaibli par la maladie, Jean meurt au cours du voyage près de Comana dans le Pont. Selon la tradition, ses derniers mots sont : « Gloire à Dieu en toutes choses » (« doxa to theo pantôn eneken »).

    L'Église romaine est toujours restée fidèle à l'évêque Jean. Le pape Innocent 1er lui écrivit dans son exil pour le consoler. Il condamna le concile du Chêne qui l'avait déposé, et ne reconnut que Jean comme seul patriarche légitime de Constantinople.

    En 438, l'empereur Théodose II fait rapatrier les restes de Jean à Constantinople. Ils sont triomphalement déposés dans l'église des Saints-Apôtres. Cette translation est commémorée dans l'Église le 27 janvier. Aujourd'hui, ses reliques sont vénérées sous l'autel d'une chapelle dans la Basilique Saint-Pierre de Rome, dans la Cité du Vatican.

     * Saint Jean Chrysostome

    Jean Chrysostome et l'Église orthodoxe

    Déposé, exilé de son vivant par l'autorité politique, Jean Chrysostome est un des saints les plus marquants de l'Église orthodoxe.

    Sa mémoire est célébrée trois jours dans l'année : le 13 novembre pour sa fête, le 27 janvier pour la translation de ses reliques et le 30 janvier pour la fête des « Trois saints hiérarques ».

    Sur le plan liturgique

    L'Église orthodoxe utilise trois liturgies eucharistiques : celle de saint Basile (utilisée une dizaine de fois dans l'année, particulièrement durant le Grand Carême et pour la Saint Basile), la liturgie des Présanctifiés (en semaine, durant le Grand Carême), et la liturgie de saint Jean Chrysostome, utilisée tout le reste de l'année.

    Sur le plan théologique

    Si l'Église orthodoxe se définit souvent comme l'Église des Pères, soulignant la continuité dans la transmission de la foi, elle désigne sous le vocable des « Trois saints hiérarques » (hiérarque = évêque) trois Pères qui, chacun sous un aspect particulier, ont particulièrement compté au 4ème siècle : Grégoire de Nazianze, Basile de Césarée et Jean Chrysostome. Cette réunion de saints si différents les uns des autres par certains aspects, a pour but de montrer que l'unité de l'Église se fait dans la foi unique, et non dans l'uniformité.

    Sur le plan social

    Prédicateur inlassable, commentateur infatigable de l'Évangile, Jean Chrysostome entrecroise en permanence deux thèmes : la gloire de Dieu et l'amour du prochain. S'il prêche sur le « sacrement de l'autel » (l'eucharistie), c'est pour continuer sur le « sacrement du frère » (l'expression est de lui), et sur la responsabilité des riches en faveur des plus pauvres. S'il parle du Christ ressuscitant, c'est pour souligner qu'il ressuscite « nu », et qu'à son exemple, il n'est nul besoin d'être enterré dans de luxueuses étoffes, les vendre pour soutenir les miséreux étant bien plus « intelligent »... Fidèle à ces lignes de conduite, il emploie l'argent reçu des dons ou même de la vente de trésors de l'église à la restauration ou la fondation d'hospices pour les malades ou les personnes sans ressources.

    Œuvres

    Jean Chrysostome a beaucoup prêché, beaucoup écrit. Si nombre d'œuvres, autrefois faussement attribuées à son patronage, ont été rendues à leur légitime auteur, le nombre de ses œuvres authentiques n'en reste pas moins considérable.

    On divise ses écrits (Clavis Patrum Græcorum 4305-5197) en plusieurs groupes.

    Liturgie

    Enfin, même si elle n'est pas directement de lui, la liturgie habituelle de l'Église orthodoxe porte son nom. De même, l'homélie lue lors de la vigile de Pâques, est attribuée à Jean Chrysostome.

    Jeunesse et éducation classique

    Jean Chrysostome est né vers 349, à Antioche. Son père, Secundus, était officier. Il laissa son épouse Anthousa veuve à vingt ans, avec un fils et une fille. Celle-ci mourut très tôt, et Anthousa, chrétienne fervente, consacra tous ses soins à l'éducation de Jean. Après avoir acquis les connaissances élémentaires habituelles, Jean étudia la rhétorique à l'école de Libanius, le plus illustre rhéteur du temps, païen convaincu et nostalgique.

    Vie ascétique et monastique

    A partir de 367, il s'intègre au groupe des disciples de Diodore, futur évêque de Tarse, pour s'adonner à l'étude des sciences sacrées. Ce groupement ascétique n'était pas un monastère, et Jean, à la demande d'Anthousa, revenait chaque soir à la maison familiale. Il fut baptisé par saint Mélèce pendant la nuit pascale de 367.

    Vers 370, d'abord ordonné lecteur, il se soustrait par la fuite au sacerdoce, «trompant» son ami Basile, qui se laissa ordonner, croyant que Jean l'était aussi. Cette querelle fraternelle sera évoquée plus tard vers 390, dans le Dialogue sur le sacerdoce de Jean, dont elle fournira le prétexte. Vivement attiré par la vie monastique, il se retire en 372 au désert et vit pendant quatre ans auprès d'un ancien. Puis il se retire, seul, dans une grotte, où il passe la plupart de son temps sans dormir, apprenant par cœur les Ecritures.

    Sa complexion fragile ne résiste pas à ce régime, il tombe malade et doit regagner Antioche en 378, après deux années de vie érémitique. C'est l'époque où saint Mélèce, exilé par Valens, rentrait à Antioche.

    Diacre et prêtre à Antioche

    En 381, saint Mélèce l'ordonne diacre, puis, en 386, son successeur Flavien lui confère le sacerdoce. Le ministère principal de Jean devient la prédication.

    Jean prêche inlassablement, plusieurs fois par semaine, parfois pendant deux heures de suite. Jamais il ne pactise avec le vice, jamais il n'acceptera de compromission avec aucun scandale. Mais sa parole se nuance souvent de tendresse, et, s'il ne parvient pas à détacher la population d'Antioche des jeux et des spectacles du cirque, ni de ses autres désordres, son auditoire l'écoute en général volontiers et lui est profondément attaché.

    En février 387, mécontents de l'augmentation des impôts, les habitants d'Antioche se soulèvent et brisent les statues de l'empereur Théodose, de l'impératrice défunte et des jeunes princes Arcadius et Honorius. Pour apaiser la sédition, Jean prononce dix-neuf homélies « sur les statues » durant le Carême, tandis que l'évêque Flavien se rend à Constantinople pour implorer la clémence de l'empereur. Le dimanche de Pâques, Jean put annoncer au peuple le succès des efforts de Flavien et le pardon de l'empereur.

     * Saint Jean Chrysostome

    Évêque de Constantinople

    La renommée de Jean s'étendait bien au-delà d'Antioche. A la mort de Nectaire, évêque de Constantinople (397), l'évêque d'Alexandrie, Théophile, essaya de faire nommer à sa place l'un de ses protégés, le moine Isidore.

    Mais l'eunuque Eutrope, conseiller tout-puissant de l'empereur Arcadius, imposa le choix de Jean, le fit littéralement enlever à Antioche, et Théophile d'Alexandrie, ulcéré, dut le sacrer évêque de Constantinople, le 15 décembre 397.

    Jean entreprit aussitôt de s'attaquer à tous les désordres qu'il constatait, dans le clergé, à la cour, dans toutes les classes de la société. Malgré ses invectives, une grande partie du peuple s'attacha à lui, et lui demeura toujours fidèle. Mais il s'attira, chez certains évêques, dans le clergé, et finalement à la cour, de terribles inimitiés. Après la disgrâce d'Eutrope, la bienveillance initiale de la toute-puissante impératrice Eudoxie se mua progressivement en haine.

    On a écrit très justement au sujet de Jean : « son âme était trop noble et désintéressée pour deviner le jeu des intrigues de la cour, et son sentiment de la dignité personnelle était trop élevée pour s'arrêter à cette attitude obséquieuse à l'égard des majestés impériales, qui lui aurait assuré la continuité de leur faveur.. Sa fidélité sans compromission à son idéal ne put qu'unir contre lui toutes les forces hostiles, que sa simplicité lui empêchait d'opposer les unes aux autres par une adroite diplomatie » (J. Quasten, Initiation aux Pères de l'Eglise, t. 111, p-507).

    En 401, une cinquantaine de moines de Nitrie, conduits par trois d'entre eux, Ammonios, Eusébios et Euthymios, appelés « Ies longs frères » en raison de leur taille, arrivèrent à Constantinople, expulsés d'Egypte par Théophile, qui poursuivait alors les moines origénistes. Jean ne les reçut pas dans sa communion, mais il les accueillit avec une grande charité et pourvut à leurs besoins.

    Les frères égyptiens portèrent plainte devant la cour contre Théophile. Appelé à comparaître, celui-ci se rendit à Constantinople précédé par saint Épiphane, qu'il avait engagé dans la lutte contre l'origénisme, mais qui se rembarqua pour Chypre quand il réalisa la duplicité de Théophile. Il mourut au cours du voyage.

    Premier exil

    Théophile se changea d'accusé en accusateur et réunit près de Chalcédoine, à la villa du Chêne, un synode de 35 évêques pour juger Jean. Celui-ci, ayant refusé de venir, fut condamné, sur d'absurdes griefs, qui le présentaient comme violent, injuste, voleur, sacrilège, origéniste, impie. Il était même accusé de lèse-majesté, ce qui aurait entraîné la peine de mort. Mais cette dernière accusation ne fut pas retenue par l'empereur. Quant aux moines de Nitrie, Théophile se réconcilia avec eux et leur «pardonna».

    L'annonce de la déposition de Jean suscita une violente effervescence dans le peuple de Constantinople, qui restait fidèle à son évêque. Jean partit pour l'exil, mais une émeute éclata. Un tremblement de terre eut lieu dans la nuit, Effrayée, l'impératrice Eudoxie décida de rappeler l'exilé. Jean fut accueilli triomphalement. Théophile, menacé d'être jeté à la mer, se rembarqua précipitamment pour l'Egypte. Les évêques hostiles à Jean se dispersèrent. Mais à Constantinople, les intrigues reprirent contre Jean, qui avait repris ses fonctions épiscopales, dans l'attente d'un concile qui devait, normalement, le réhabiliter.

    L'érection d'une statue d'Eudoxie ayant donné lieu à des divertissements païens et licencieux, Jean protesta dans une homélie prononcée à cette occasion. Elle aurait débuté par ces mots: « De nouveau, Hérodiade fait rage ; de nouveau, elle s'emporte ; de nouveau, elle danse ; de nouveau, elle demande à recevoir sur un plat la tête de Jean. » Eudoxie, irritée, voulut en finir avec lui. Les évêques opposés à Jean firent valoir que celui-ci avait repris illégitimement ses fonctions malgré sa déposition. L'empereur interdit à Jean tout exercice de son office épiscopal. Jean refusa.

    S'étant vu interdire l'usage de toute église, Jean, la nuit pascale de 404, rassembla les fidèles dans les thermes de Constance pour le baptême des quelques trois mille catéchumènes qui devaient le recevoir. A l'instigation des évêques hostiles, l'armée intervint brutalement, les fidèles et les clercs furent dispersés ou emprisonnés, et l'eau baptismale fut souillée de sang. Pendant le temps pascal qui suivit, Jean demeura en résidence surveillée dans son évêché, puis, au lendemain de la Pentecôte, il fut envoyé définitivement en exil.

    Second exil et mort

    Il fut d'abord conduit à Cucuse, en Petite Arménie. Il y demeura trois ans, prêchant aux habitants de la localité, et recevant de fréquentes visites des fidèles d'Antioche, restés attachés à leur ancien prédicateur. Jaloux et irrités, les évêques syriens qui avaient contribué à sa condamnation obtinrent qu'Arcadius l'exile à Pityus, à l'extrémité orientale de la mer Noire. Accablé de mauvais traitements, il mourut en cours de route, à Comane, dans le Pont, le 14 septembre 407. Ses dernières paroles furent sa doxologie coutumière : « Gloire à Dieu pour tout. Amen ».

     * Saint Jean Chrysostome

    Ses œuvres

    « Aucun Père n'a laissé un héritage littéraire aussi important en volume que Chrysostome... La tragédie de sa vie elle-même, causée par la sincérité et l'intégrité extraordinaires de son caractère, ne fit que rehausser sa gloire et sa renommée. Il reste le plus séduisant des Pères grecs et l'une des figures les plus attachantes de toute l'antiquité chrétienne » (J. Quasten, op. cit., p. 6). On ne peut citer ici que ses principaux écrits.

    Œuvres exégétiques

    La majeure partie de l'oeuvre de saint Jean Chrysostome est constituée d'homélies sur les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament. Jean se montre fidèle à la tradition exégétique d'Antioche. Son exégèse pourrait être qualifiée de « pastorale », son principal souci étant de tirer du texte commenté des enseignements applicables à la vie quotidienne de ses auditeurs.

    Nous possédons de lui des Homélies sur la Genèse, sur 58 psaumes, sur le prophète Isaïe, sur les évangiles de Matthieu et de Jean, sur les épîtres de saint Paul. « Les trente deux homélies sur les Romains représentent le plus remarquable commentaire patristique de cette épître et la plus belle de toutes les œuvres de Chrysostome » (J. Quasten, op. cit., p. 619). Il existait entre Jean Chrysostome et saint Paul une véritable amitié, une relation d'intimité spirituelle profonde.

    Œuvres doctrinales

    Deux séries d'homélies ont pour objet de combattre les anoméens : les « Homélies sur l'incompréhensibilité de Dieu », et les «Homélies sur l'égalité du Père et du Fils». Les premières, qui réfutent la prétention d'Eunome à connaître adéquatement l'essence divine, sont un admirable exposé sur l'apophatisme et la connaissance négative de Dieu. Les secondes constituent une catéchèse claire et accessible au grand nombre, sur la Théologie trinitaire. Deux séries de « Catéchèses baptismales » nous font connaître les rites du baptême et leur interprétation tels que Jean les exposait à Antioche.

    Le « Dialogue sur le sacerdoce », inspiré du traité de saint Grégoire le Théologien, Sur sa fuite, traite de la dignité, des exigences et des fonctions du sacerdoce.

    Écrits sur la vie monastique

    Les traités « Sur les cohabitations suspectes » sont une critique assez mordante de la cohabitation sous le même toit d'ascètes et de vierges, usage qui existait à l'époque et présentait inévitablement des risques de scandale. Ces écrits suscitèrent des ennemis à Jean dans le clergé.

    Les trois opuscules « Contre les détracteurs de la vie monastique » sont des apologies du monachisme adressées aux autorités civiles et aux parents qui s'opposaient aux vocations monastiques.

    Dans ses Homélies, Jean évoque souvent l'exemple des moines du désert proche d'Antioche pour stimuler ses fidèles à une vie plus fervente ; il conseille de faire des séjours dans la retraite auprès d'eux ; il invite les moines à prier avec ardeur pour l'Eglise et pour ceux qui y exercent une responsabilité. Pour lui, le souci pastoral d'autrui reste la forme la plus élevée de la charité chrétienne.

    Homélies diverses

    Un certain nombre d'homélies ont été prononcées pour les fêtes liturgiques : Noël, Epiphanie, Vendredi-Saint, Pâques. D'autres discours ont été prononcés dans des circonstances notables de la vie de Jean : « Sur la chute d'Eutrope », « Sur les statues ». D'autres sont des panégyriques de divers martyrs, de saint Paul, d'Eustathe d'Antioche, de Mélèce, de Diodore de Tarse, etc...

    Lettres

    Nous possédons 236 lettres de Jean, qui datent toutes du temps de son exil. Parmi les plus remarquables, on peut compter les lettres de réconfort « A Olympia », auxquelles il faut joindre le « Traité sur la Providence » et la « Lettre d'exil ».

    Dans ces lettres, les thèmes du sens de la souffrance, de la foi en la Providence, de la patience dans l'épreuve sont souvent traités. Jean le fait en s'inspirant à la fois de la tradition hellénique, surtout stoïcienne, et de la tradition biblique. La sagesse antique n'est pas reniée, mais assumée et transfigurée par l'apport chrétien. (Voir l'excellente introduction d'Anne-Marie Malingrey aux Lettres à Olympias, Sources chrétiennes, t.13 bis).

     * Saint Jean Chrysostome

    Doctrine

    On a dit souvent que saint Jean Chrysostome est plus moraliste que théologien, et que sa pensée présente peu d'intérêt sur le plan spéculatif. En réalité, Jean est avant tout un pasteur et un prédicateur, dont l'enseignement est inséparablement théologique, moral et spirituel. Il n'est pas à la recherche de solutions nouvelles aux problèmes théologiques spéculatifs de son époque, mais tout son enseignement procède d'une adhésion plénière à la tradition dogmatique de l'Eglise, en même temps que d'une vie entièrement vouée à l'ascèse et à la prière. Il est vraiment par là un «Père de l'Eglise» dans toute la force du terme. Il n'enseigne pas ses opinions personnelles, mais transmet le dépôt de la foi dans toute son intégrité.

    Théologie trinitaire et christologie

    Ces remarques valent tout particulièrement en ce qui concerne la théologie trinitaire et la christologie. Jean Chrysostome s'applique surtout à prémunir ses fidèles contre l'hérésie en mettant à leur portée la catéchèse commune de l'Eglise, et à leur montrer quel sens les affirmations de la foi présentent pour leur vie chrétienne.

    C'est surtout à l'arianisme que s'oppose Jean Chrysostome : on ne trouve pas chez lui de polémique contre Apollinaire. Il professe clairement l'existence d'une âme humaine du Christ ; mais sa christologie est plus alexandrine qu'antiochienne ; il est beaucoup plus proche de saint Athanase et de saint Hilaire de Poitiers que d'un Théodore de Mopsueste, et il subordonne l'activité propre de la nature humaine dans le Christ à la nature et à la personne du Logos, « L'humanité que j'ai revêtue, je ne l'ai jamais laissée destituée de la vertu divine, mais, agissant tour à tour comme homme et comme Dieu, tantôt je laisse voir en moi la nature humaine et tantôt je donne des preuves de ma mission ; j'apprends ainsi aux hommes à attribuer les actes les plus humbles à l'humanité et à rapporter les plus élevés à la divinité ; par ce mélange d'œuvres inégales, je fais comprendre l'union de mes deux natures si dissemblables ; je montre, en me soumettant librement aux souffrances, que mes souffrances sont volontaires ; comme Dieu, j'ai dompté la nature en prolongeant le jeûne jusqu'à quarante jours, mais ensuite j'ai eu faim ; j'ai apaisé, comme Dieu, la mer en furie et j'ai été accablé en ma qualité d'homme ; comme homme, j'ai été tenté par le diable, mais, comme Dieu, j'ai commandé aux démons et je les ai chassés ; je dois, dans ma nature humaine, souffrir pour les hommes » (Sur Lazare, 1 ; PG 50, 642-643).

    Du sacrement du Christ dans l'Eucharistie à la réalité du Christ dans le pauvre

    La doctrine eucharistique de saint Jean Chrysostome est particulièrement riche. Il montre bien comment l'eucharistie « fait » l'Eglise en incorporant les hommes au Corps du Christ. Il colore ses développements d'un sens du sacré en même temps que d'un accent de tendresse envers la personne du Christ qui correspondent à son génie particulier : « Celui que les anges ne regardent qu'en tremblant, ou plutôt qu'ils n'osent regarder à cause de l'éclat qui en émane, est celui-là même qui nous sert de nourriture, qui se mélange à nous, et avec qui nous ne faisons plus qu'une seule chair et qu'un seul corps » (p. 109).

    « Il veut que nous devenions son corps non seulement par l'amour, mais qu'en réalité nous nous mêlions à sa propre chair. C'est ce qu'opère la nourriture que le Sauveur nous a donnée comme preuve de son amour. Voilà pourquoi il a uni, confondu son corps avec le nôtre, afin que nous soyons tous comme un même corps, joint à un seul chef. Ainsi font ceux qui s'aiment ardemment... Voilà ce que Jésus-Christ a fait pour nous : il nous a donné sa chair à manger pour attirer notre amour envers lui et nous montrer celui qu'il nous porte ; il ne s'est pas seulement fait voir à ceux qui ont désiré le contempler, mais encore il s'est donné à toucher, à palper, à manger, à broyer avec les dents, à absorber de manière à assouvir le plus ardent amour » (p. 119-120).

    « Veillons donc sur nous-mêmes, mes très chers frères, puisque nous avons eu le bonheur de recevoir de si grands biens... Jusqu'à quand nous attacherons-nous aux choses présentes ? » (p. 123). 

    Plus que jamais, les applications morales et parénétiques découlent ici du dogme. Devenus membres du Christ par l'eucharistie, les plus pauvres et les plus démunis sont par là même l'autel véritable sur lequel les fidèles doivent offrir le sacrifice spirituel de l'aumône et de la miséricorde : « L'autel dont je vous parle est fait des membres mêmes du Christ, et le corps du Christ devient pour toi un autel. Vénère-le: dans la chair, tu y fais le sacrifice au Seigneur. Cet autel est plus terrible que celui qui se dresse en cette Eglise, et, à plus forte raison, que celui de l'ancienne loi ».

    « Ne vous récriez pas. Cet autel-ci est auguste, à cause de la victime qui y vient ; celui de l'aumône l'est davantage, parce qu'il est fait de cette victime même. Celui-ci est auguste, parce que, fait en pierres, il est sanctifié par le contact du corps du Christ; et l'autre, parce qu'il est le corps même du Christ. Il est donc plus vénérable que celui-ci devant lequel, mon frère, tu te trouves ».

    « Qu'est-ce donc encore qu'Aaron quand on songe à ces choses ? Que sont la couronne, les sonnettes, le Saint des Saints ? Et pourquoi parier de cet autel ancien, quand, comparé à notre autel lui-même, l'autel de l'aumône est si splendide ? Et toi, tu vénères cet autel-ci, lorsque le corps du Christ y descend. Mais l'autre qui est le corps du Christ, tu le négliges et tu restes indifférent, quand il périt ».

    « Cet autel, tu peux le voir dressé partout, dans les ruelles et sur les places, et, à chaque heure, tu peux y faire le sacrifice car c'est là aussi le lieu des sacrifices. Et comme le prêtre, debout à l'autel, appelle l'Esprit ; de même, toi aussi, tu appelles l'Esprit, comme cette huile répandue en abondance. » (Hom, 82 ln Matth.; PG 58, 744.).

    Grâce et liberté humaine

    L'enseignement de saint Jean Chrysostome sur la prédestination, la grâce et la liberté lui est commun avec les autres Pères orientaux, et s'accorde substantiellement avec celui de saint Cassien, condamné en Occident comme « semipélagien ». Le point de vue de Jean est pastoral et spirituel, et non métaphysique comme celui d'Augustin d'Hippone.

    Pour Jean, le salut ou la damnation de l'homme ne sont pas fixés d'avance, sans que sa volonté libre y ait une part. Dieu adresse son appel à tous, offre sa grâce à tous, mais il appartient à l'homme de l'accueillir ou de la refuser : « Si la grâce ne demandait d'abord ce qui vient de nous, elle serait versée en masse dans toutes les âmes. Mais comme elle requiert ce qui vient de nous, elle habite à demeure dans les uns, et quitte les autres. Quant au reste des hommes, elle n'apparaît pas même en eux un moment, Dieu exigeant d'abord le choix préalable. » (De la componction ; PG 47,408).

    « Dieu ne prévient pas nos volontés par ses dons, mais lorsque nous avons commencé, fourni le vouloir, alors lui-même nous présente plusieurs occasions de salut. » (Hom. In Jn; PG 59,408).

    « La vertu est tissée du zèle que nous montrons et de l'assistance dont Dieu nous aide. » (Sur le Ps 140, 9; PG 55,441).

    « Tout ne dépend pas de nous, mais une partie dépend de nous, une partie de Dieu. Choisir le mieux, le vouloir, nous y appliquer, affronter n'importe quelle peine, cela dépend de nous ; mais pouvoir mener nos efforts à bien, ne pas les faire échouer, aller jusqu'au bout de nos actes vertueux, cela dépend de la grâce d'en haut. En ce qui concerne la vertu, Dieu a délimité sa part et la nôtre. Il n'a pas mis tout en notre pouvoir, pour nous éviter de nous laisser emporter par une orgueilleuse folie, et il ne s'est pas chargé de tout, pour que nous ne tombions pas dans la paresse, mais, laissant à nos efforts le rôle le plus modeste, il assume lui-même le principal. » (Sur : Seigneur, il n'appartient pas à l'homme ... 4 ; PG 56, 160). 

    Pour retrouver ces informations dans leur contexte sur Internet :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Chrysostome

    http://www.orthodoxa.org/FR/orthodoxie/synaxaire/StJeanChrysostome.htm

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André, Grand Chancelier Prieural

    Les Grecs-melkites à Etterbeek

    Responsable pastoral de la communauté grecque-melkite de Bruxelles
    (Paroisse de Saint Jean Chrysostome)
    Rue de l’Orient 41, 1040 Bruxelles
    Tél : 02/640.52.72
    Site web de la communauté melkite : http://www.melkites.be

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  • La légende de saint Georges

    La Légende dorée

    Lorsqu’au 13ème siècle, l’archevêque génois Jacques de Voragine rédige « La Légende dorée », il s’agit essentiellement d’une tentative de vulgarisation et de « laïcisation » des sciences religieuses. Ce recueil de vies de saints n’est pas le premier, mais alors que ses prédécesseurs s’adressaient aux théologiens, Voragine destine « La Légende dorée » aux laïcs.

    Volontairement, l’auteur choisit un latin de médiocre qualité afin  que l’ouvrage puisse toucher plus de lecteurs. Deux siècles plus tard, lorsque l’imprimerie se substituera aux manuscrits, « La Légende dorée » figurera parmi les ouvrages les plus diffusés, devenant le  livre du peuple par excellence.

    Toutes les églises, de Bruges à Cologne, de Sienne à Venise s’ornèrent alors de retables d’autels et de sculptures représentant, parfois de façon littérale, des récits extraits de « La Légende dorée ». C’est ainsi qu’à l’époque où prédominait la chevalerie, la légende de saint Georges, et en particulier l’épisode du combat, connut un succès retentissant.

    Contrairement au mythe, la légende ancre son sujet dans la réalité, mais – à force d’être répétée et transmise – elle accumule des transformations de plus en plus fabuleuses et insolites. Ce récit empreint de merveilleux rend la religion plus pittoresque et éveille l’intérêt populaire.

    Saint Georges

    La légende

    Au 3ème siècle, sous l’empereur Dioclétien, la ville de Silcha fut le théâtre d’une légende fabuleuse dont saint Georges était le héros. Un dragon terrorisait la région en exigeant que les habitants de la ville calment son appétit féroce en lui offrant deux brebis accompagnées d’une jeune personne choisie au hasard. Saint Georges, alors soldat chrétien de la légion romaine, traversait par hasard cette cité de la province romaine de Lybie, le jour où le sort désigna la fille du roi comme victime. Saint Georges s’engagea alors dans un combat pour la sauver.

    Le héros transperça de sa lance le dragon, sans toutefois l’achever. Agonisant, mais « docile comme un chien », l’animal fut traîné par la princesse jusque dans la ville sous les regards interdits des habitants. Saint Georges accepta d’exécuter la bête à la condition seule que chacun se convertisse au christianisme : le peuple fut baptisé, et la bête achevée.

    Le héros

    C’est ainsi que Georges entre dans la légende, comme miles christi, soldat du Christ, dans sa cuirasse étincelante, armé d’un bouclier, d’une épée et d’une lance ébréchée par de nombreux combats. Flanquée d’une croix rouge, si ce même motif n’orne déjà son bouclier ou la caparaçon de son cheval, sa bannière blanche flotte autour de lui, et le saint est aisément reconnaissable.

    Le mythe de saint Georges et du dragon est en somme la cristallisation du combat archétypal du bien contre le mal, et donc ici du Christ contre Satan.

    Le martyr

    Si saint Georges est aujourd’hui davantage célébré pour son combat héroïque, cet épisode n’apparaît pourtant que plus tard dans la légende. C’est plutôt sa mort héroïque, comme martyr, ou plus précisément comme mégalomartyr, qui sera son exploit. Cette mort, pour être héroïque, ne pouvait se réduire à l’instant du trépas. Il fallait qu’elle dure.

    Si, pour Jacques de Voragine, le martyre s’étend tout au plus sur quelques jours, d’après d’autres versions, sa mort s’étale sur sept ans : un long martyre marqué par une surenchère de tortures physiques infligées au saint homme par le proconsul Dacien sous les ordres de l’empereur Dioclétien.

    Son aspect outrancier aura pour conséquence que le martyre de saint Georges sera mis au premier Index de l’Eglise dès le 6ème siècle par le pape Gélase. A l’instar de la figure du héros, le mégalomartyr cristallise les passions de nombreux autres saints. Georges, martyr et victorieux, apparaît comme un outil de conversion spectaculaire.

    Le dragon

    S’il concentre en lui tout ce qu’il y a de plus vil et diabolique, le dragon permet également d’esquisser un lien unissant les deux anecdotes de la vie de saint Georges : son combat héroïque et son martyre. Dans les plus anciennes versions du récit, le terme « dragon » est associé métaphoriquement à celui de l’empereur.

    Dioclétien est en effet qualifié par sa femme, convertie au christianisme, de « dragon de l’abîme se nourrissant de chair humaine ». Aussi, la légende, qui transforme plus qu’elle ne reproduit, va intégrer dans l’iconographie l’image du monstre qui se mêle à celle de l’empereur tyrannique. En achevant le dragon, c’est la tyrannie de l’empire païen que Georges exécute. Le dragon symbolise tout ce que le christianisme entend éradiquer : les idoles, les démons, les païens, le diable.

    Le lieu

    Le lieu dans lequel les protagonistes évoluent est loin d’être un simple décor. D’une part, il donne une idée claire du découpage narratif de la légende. D’autre part, le lieu se présente comme un double du sujet représenté, en accentuant l’aspect dramatique. Dans les premiers plans de la scène, c'est au spectacle du combat de saint Georges contre le dragon que l’on assiste ; mais au second plan, c’est une lutte qui oppose la nature (symbolisée par les marécages, ou encore par la grotte d’où surgit le dragon) à la culture (symbolisée par le haut degré de civilisation que constituent la ville fortifiée et les champs labourés). Aux paysages désertiques, marécageux et sombres répond la cité qui trace dans la ligne d’horizon des formes géométriques et organisées. Ainsi, toutes les formes s’affrontent, jusqu’à la lance rectiligne de saint Georges qui se confronte aux lignes ondulantes du corps de la bête.

    Extrait de la brochure relative à l’exposition « L’homme, le dragon et la mort - La gloire de saint Georges », Mons 2015

    Avec mes remerciements à notre Frère Jean-Paul VS,

    Frère André B.


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  • Le Jésus historique

    et

    le Jésus des théologiens

     * Jésus historique et Jésus des théologiens

    Avant-propos

    Cette recherche date de janvier 2015 !

    Je tiens à rassurer nos lecteurs : j’ai toujours la foi mais je garde ma liberté de chercher la vérité historique et je laisse à chacun la liberté de croire mais aussi de chercher !

    Mes choix et prises de position personnelle n’engagent en rien la responsabilité du Grand Prieuré de Belgique !

    Introduction

    Les religions existent pour donner un cadre et permettre d’exprimer la spiritualité du mieux qu’elles le peuvent, mais comme toutes les institutions humaines, elles ont malheureusement leurs limites.

    C’est l’une des raisons pour lesquelles nous devons éviter de penser qu’une religion vaut  mieux que les autres : elle représente un moyen, bien imparfait, d’exprimer sa spiritualité, toile de fond indispensable à toute existence. Mais quand la religion se mêle de politique, on peut se retrouver dans le pire des mondes.

    La figure de Jésus est commune aux trois religions qui vénèrent la descendance du patriarche Abraham, mais la figure de Jésus que les théologiens ont créée par la suite constitue un facteur de division potentiel. Cependant, la spiritualité que chacun est libre de cultiver, résumée dans la métaphore du « royaume des cieux » attribuée à Jésus, ne peut qu’enrichir notre relation avec l’Éternel, une des finalités de ces trois religions.

    Naissance, enfance et formation de Jésus

    Le mystère a toujours entouré l’histoire de Joseph et Marie qui auraient fui Bethléem pour l’Egypte afin d’échapper à Hérode, ainsi que le raconte l’Évangéliste Matthieu. L’Évangéliste Luc explique que l’enfant Jésus est né à Bethléem, sa mère ayant dû se rendre dans cette ville pour le recensement en tant qu’héritière de la maison de David. Mais le seul recensement connu est celui de Quirinius qui eut lieu en l’an 6 de notre ère, après la conquête de la Judée par les Romains.

    On a toujours estimé cette date trop tardive pour correspondre à la naissance de Jésus, puisque, d’après les Évangiles, il aurait eu une trentaine d’années au moment de sa crucifixion. 

    Mais les Juifs n’avaient pas abandonné l’espoir de reconquérir leur indépendance grâce à leurs prouesses militaires ou à l’intervention divine, ou les deux. Près de soixante ans après la destruction du Temple, sous le règne d’Hadrien, ils tentèrent pour la seconde fois de se défaire du joug romain.

    Rares sont les évènements qui ont réussi à filtrer dans les Évangiles. A défaut d’Histoire, le Nouveau Testament nous présente une vision expurgée, censurée, déformée de l’époque. Mais même ceux qui nous ont apporté le Nouveau Testament ont été incapables de supprimer complètement le monde dans lequel leurs personnages évoluaient. La naissance et la jeunesse de Jésus correspondent à la naissance du mouvement zélote.

    Lorsque, âgé d’une trentaine d’années, Jésus commença son enseignement, certains de ses plus fidèles apôtres étaient des membres avérés du mouvement messianique, mouvement au sein duquel Jésus était destiné à jouer un rôle important.

    L’Eglise a toujours adoré la mère du Christ, la prétendue sainte Vierge parce qu’elle n’a jamais connu d’homme. Elle a donné naissance à Jésus grâce au pouvoir illimité de Dieu. Malheureusement, comme tant de caractéristiques attribuées au Jésus de la foi, cette histoire n’a absolument rien à voir avec celle du Jésus historique.

    Dans les écrits les plus anciens de l’Ancien Testament, les Épîtres de Paul, on ne trouve pas de trace de la naissance virginale de Jésus. Paul la réfute de façon tout à fait explicite dans son Épître aux Romains (I, 3) en déclarant que « Jésus est né de la postérité de David, selon la chair ». L’Évangile le plus ancien, celui de Marc, ne mentionne pas non plus ce miracle et fait la part belle au baptême de Jésus par Jean-Baptiste plutôt qu’à sa naissance.

    La notion de naissance virginale fit son apparition lorsque la Bible hébraïque, l’Ancien Testament des chrétiens, fut traduite en grec, au 3ème siècle après Jésus-Christ.

    Lorsque Matthieu mentionne la naissance de Jésus pour la première fois, il rappelle l’annonce faite par le « prophète » Isaïe (VII, 14) avant de parler d’une vierge (parthenos, en grec) qui tombe enceinte et donne naissance à un fils.

    L’histoire de Matthieu (I, 22-23) est clairement métaphorique mais riche en implications. L’Eglise s’en empara pour créer le culte de  la virginité. A partir de là, on a dit de Paul qu’il était célibataire ; les hommes vierges se sont emparés de la foi ; les femmes en ont été exclues. Pourtant, l’apôtre Pierre, fondateur supposé de l’Eglise catholique et désigné rétrospectivement comme le premier pape, était marié et voyageait en compagnie de son épouse.

    Il est impossible de comprendre Jésus, son enseignement ou l’histoire de la Judée au 1er siècle sans comprendre l’expérience juive en Egypte.

    Où vécut Jésus de son adolescence au moment où il réapparut en Galilée pour être baptisé dans les eaux du Jourdain ? Le mystère reste entier. Si Jésus avait vécu en Judée, en Galilée ou en Samarie, les Évangiles en auraient rendu compte. Mais il est vrai que les Évangiles se sont principalement intéressés à la mission de Jésus après son baptême. Ils nous livrent également des détails sur sa naissance, les voyages de sa famille et les débats qui l’opposèrent aux prêtres du Temple à l’âge de douze ans (Luc, II, 41-47).

    Matthieu et Marc s’accordent à dire que Jésus vivait à Nazareth, en Galilée. Selon Luc, qui est plus précis, c’est là que Jésus atteint l’âge adulte. Malheureusement il n’existe aucune preuve que Nazareth existait au temps de Jésus puisque aucune mention de cette ville n’est faite avant le 3ème siècle de notre ère.

    Il était important pour Jésus de se conformer aux prophéties de l’Ancien Testament décrivant l’avènement du Messie.

    Il est fort probable que Jésus et sa famille évoluaient dans un environnement zélote où l’on appelait de tous ses vœux le rétablissement d’un clergé zadokite au sein du Temple de Jérusalem. C’est dans le Temple d’Onias que Jésus commença son éducation. Il s’y familiarisa peut-être avec l’activisme politique des zélotes.

    Jusqu’à ce jour, l’emplacement du temple d’Onias n’a pas encore été localisé de manière formelle par les archéologues. Et si de nombreuses sources à la fois talmudiques et historiques confirment à l’unisson l’existence d’un tel édifice, les détails de cet épisode donnèrent cependant jour à de nombreuses versions. Et comme d’ordinaire, les historiens préférèrent accorder davantage de crédit à des textes se flattant d’être à caractère dit « historique », davantage qu’aux authentiques sources talmudiques, prétendument trop « religieuses » à leur goût…

    On peut considérer le temple comme une succursale de la Galilée à l’étranger (en Egypte !) où les zélotes grecs pouvaient faire leur apprentissage. Pour Jésus, c’était sans doute aussi l’endroit idéal pour apprendre vraiment ce que représentait le statut de Messie d’Israël, car il disposait là de tous les textes et commentaires existant à ce sujet. Tout ceci justifie amplement la « fuite en Egypte » de la Sainte Famille, mentionnée dans l’Évangile de Matthieu, sous couvert de soustraire Jésus à l’infanticide décrété par Hérode. En réalité, il semblerait qu’elle n’ait pas fui du tout mais décidé sciemment de permettre à Jésus de s’épanouir, d’étudier et de prêcher loin des problèmes de la Judée et de la Galilée.

    Cependant, malgré une sensibilisation à la cause zélote, Jésus décida en secret d’emprunter une autre voie, révélée seulement après sa consécration, quand plus personne ne pouvait le défier. C’était une voie plus mystique.

    A quel endroit de l’Egypte juive aurait-on pu la lui inculquer si ce n’est au sein de la communauté des Thérapeutes, très différente des Esséniens.

    Les Thérapeutes formaient une communauté élitiste composée d’Alexandrins cultivés et fortunés, membres de la classe des patriciens, mais qui avaient néanmoins choisi de renoncer à leurs biens pour se consacrer à une existence simple faite de partage et de prière.

    Philon explique que les thérapeutes représentent la version juive d’une tradition mystique largement répandue et dont on trouve des émanations aux quatre coins du monde.

    Philon d’Alexandrie est un philosophe juif hellénisé, contemporain des débuts de l’ère chrétienne. Son œuvre abondante est principalement apologétique, entendant démontrer la parfaite adéquation entre la foi juive et la philosophie hellène. Elle aura peu d’influence sur le judaïsme mais sera une source d’inspiration féconde pour les Pères de l’Église. Eusèbe de Césarée le cite aussi dans son Histoire ecclésiastique lorsqu’il décrit la vie des  Thérapeutes d'Alexandrie.

    Les Therapeutae sont les membres d’une secte juive hellénisée, décrite par le philosophe juif Philon d’Alexandrie dans son « De Vita Contemplativa ». Ce livre en demeure le seul témoignage, aucun écrit de ce courant, apparemment disparu avant le 1er siècle de notre ère, n’ayant subsisté. Eusèbe de Césarée, apologète chrétien du 4ème siècle, en fait des précurseurs du christianisme, voire des chrétiens.

    Les Thérapeutes étaient mystiques et visionnaires. Il est donc normal, explique Philon, que ces personnes habituées dès leur plus jeune âge à exercer leur vision s’efforcent de voir « l’Etre » et s’élèvent au-dessus du soleil des sens.

    Les membres de cette communauté souhaitaient avoir une vision directe de la Réalité ou de « l’Etre » afin de comprendre ce que cache vraiment notre passage sur terre, si bref et chaotique.

    Sur foi de l’Évangile de Marie, de l’Évangile de Thomas ou de l’extrait de  l’Évangile secret de Marc découvert par le professeur Smith, mais aussi sur la foi de ce qu’on lit dans le Nouveau Testament lui-même, nous sommes à présent certains que Jésus enseignait certaines doctrines secrètes concernant l’accès au royaume des cieux, métaphore du concept décrit par les anciens Égyptiens comme l’au-delà, ou par les Grecs comme le royaume des bienheureux ou le néant. Tous ces concepts décrivent le monde divin. Le disciple de Jésus qui comprit le mieux son enseignement est Marie Madeleine, celle qu’il préférait et embrassait souvent, d’après l’Évangile de Philippe.

    Nous comprenons alors mieux pourquoi, lorsque Jésus fut consacré à Béthanie, c’est-à-dire qu’l y fut proclamé Messie, la cérémonie fut conduite par une femme, Marie de Béthanie, sœur de Lazare, jeune homme ressuscité d’entre les morts » (Jean, XI, 2), épisode qui ressemble confusément au compte-rendu d’une initiation aux secrets de l’au-delà.

    Nous devrions accepter les traditions anciennes et reconnaître que Marie de Béthanie et Marie-Madeleine ne sont qu’une seule et même personne : la confidente et sans doute la compagne de Jésus. Nous devrions aussi accepter le fait que, pour Jésus, l’accès au royaume des cieux n’était pas réservé aux hommes.

    Marie comprenait mieux que personne le secret du royaume des cieux. C’est Marie qui devait consacrer Jésus dans son rôle de Messie, c’est évident, puisque l’un des aspects essentiels de ce rituel, c’est qu’il doit être conduit par quelqu’un qui sait ce qu’il fait tout en se montrant capable de reconnaître le Messie, car le sacre n’est que le point final d’un long processus don t les Évangiles n’ont pas gardé trace.

    On comprend mieux aujourd’hui que les hommes fort de Rome aient voulu nous empêcher de prendre connaissance de cette voie sacrée et de ces Évangiles apocryphes.

    Certains chercheurs et exégètes ont toujours vu clair dans le tissu de mensonges sur lesquels se base aujourd’hui la foi catholique. Pourquoi avons-nous donc cru tout cela si longtemps ? La manipulation et l’erreur n’ont été révélées au grand public que récemment. Mais jusqu’ici rien n’a changé. Pour les puissants du Vatican, le mensonge est préférable à la vérité. 

    Le célibat ou le mariage de Jésus ?

    Si l’on analyse de façon objective les fragments témoignant de la vie de Jésus et de son époque qui nous sont parvenus, il semble hautement probable que Jésus ait été marié lui aussi. Dans « L’Énigme sacrée », les auteurs, Michael Baigent , Richard Leigh et Henry Lincoln, ont émis l’hypothèse que Jésus et Marie Madeleine étaient mariés,et que les « noces de Cana », auxquelles le Nouveau Testament nous apprend que Jésus prit une part active, étaient en fait les leurs. A l’époque, les Pharisiens, l’un des principaux courants du judaïsme au 1er siècle, estimaient : « Se marier constitue l’un des devoirs incontournables de l’homme ».

    Si Jésus n’était pas marié, comme l’Eglise catholique voudrait nous le faire croire, pourquoi ses adversaires, dont le Nouveau Testament nous apprend qu’ils étaient nombreux, ne se servirent-ils pas de son statut de célibataire pour décrédibiliser son enseignement et lui-même ? Pourquoi les disciples, qui étaient mariés, ne demandèrent-ils pas à Jésus de justifier le choix de son célibat ?

    Avant de se convertir, Paul était pharisien. Si Jésus n’était pas marié, s’il était célibataire, pourquoi n’en a-t-il pas parlé ?

    Lorsque Paul s’exprimait au sujet du célibat, en disant qu’à sa connaissance Jésus n’avait fait aucune recommandation à ce propos et qu’il ne pouvait donner que son opinion personnelle, il n’aurait pu éviter de mentionner l’exemple inhabituel donné par Jésus dans sa vie personnelle si tel était bien le cas.

    Le professeur Elaine Pagels fait remarquer qu’il est vrai que la plupart des hommes juifs se mariaient, et les rabbins en particulier. Il est tout à fait possible que Jésus ait été marié.

    Ceux qui parvenaient à imposer l’orthodoxie de l’Eglise et avaient contribué à faire proclamer la déification de Jésus souhaitaient également imposer la virginité perpétuelle pour les dirigeants de l’Eglise tout en interdisant les fonctions importantes aux femmes. C’était oublier que Paul lui-même avait fait référence, de façon très positive et admirative, à l’enseignement des femmes dans l’Eglise.

    Pour Michaël Baigent, on a de bonnes raisons d’avancer l’idée que Jésus et Marie-Madeleine étaient mari et femme. Nous manquons de preuves ; nous ne disposons que de preuves indirectes.

    En revanche, lorsqu’il s’agit de relever les différences entre l’attitude de Rome et celle de Jésus à l’égard des femmes, la tâche est un peu plus facile. Comme le rapportent les Évangiles avec force exemples, Jésus entretenait des rapports simples et étroits avec ses disciples du sexe féminin, à tel point que ses disciples masculins se plaignaient parfois.

    Depuis la publication des textes de Nag Hammadi en 1977, la relation privilégiée de Jésus et Marie Madeleine a fait couler beaucoup d’encre, dans les milieux scientifiques comme ailleurs. Il apparaît clairement dans l’Évangile de Philippe qu’ils entretenaient une relation tout à fait privilégiée. Si nous analysons de plus près cet Évangile et les autres, qui datent eux aussi du 2ème siècle de notre ère, nous découvrons que Marie Madeleine avait une connaissance très particulière de l’enseignement de Jésus, une perspicacité, une intelligence que ne possédaient pas forcément les autres disciples. Jésus sous-entendait que Marie Madeleine était capable de « voir la lumière » contrairement aux disciples. Elle comprenait vraiment l’enseignement de Jésus, contrairement aux autres. Ce point apparaît aussi dans l’Évangile de Marie, texte très ancien découvert en Egypte.

    La relation entre Jésus et Marie Madeleine est intimement liée à certains secrets concernant Jésus que l’Eglise peine et s’échine néanmoins à protéger, des secrets que, d’après l’Évangile de Marie, les disciples choisissent délibérément d’ignorer ou refusent d’admettre.

    La consécration de Jésus

    D’après l’Évangéliste Matthieu, une femme consacra simplement Jésus dans la maison qu’elle partageait avec sa sœur et son frère Lazare qui venait d’être « ressuscité d’entre les morts ». L’Évangile de Jean (XII, 3) identifie cette femme comme étant Marie de Béthanie.

    C’est un évènement sans précédent dans l’historie d’une organisation dominée par des hommes : une femme aurait présidé à la cérémonie de consécration, une femme aurait confirmé Jésus dans son rôle, une femme l’aurait proclamé « meschikhâ » (Messie). Cette cérémonie n’a laissé qu’une trace confuse, très fugace, dans les Évangiles canoniques. Cet évènement reste inexpliqué, mais on ne peut pourtant pas l’ignorer. Son importance et sa notoriété étaient telles au sein du mouvement chrétien que l’on ne pu le faire disparaître des textes. Il continua à être transmis par la tradition orale qui devait ensuite constituer les Évangiles que nous connaissons aujourd’hui. Son importance fut minimisée ; il fut déformé ; mi au moins il survécut, même s’il reste inexpliqué et mystérieux.

    Il est curieux que Marie de Béthanie occupe ce rôle, et non celle qui jouissait d’une position importante dans le cercle des disciples, c’est-à-dire Marie Madeleine. A moins , bien entendu, qu’elles aient été qu’une seule et même personne.

    Le Nouveau Testament semble opérer une distinction entre les deux personnages, mais une certaine tradition chrétienne faisait l’amalgame, tradition imposée au cœur de la foi par le pape Grégoire 1er au 6ème siècle. Cependant, les preuves accréditant cette thèse font défaut et elle n’est plus soutenue par le Vatican. Le débat n’est pourtant pas clos.

    Marie Madeleine est liée à la prophétie messianique de l’Ancien Testament annonçant le rétablissement de la royauté en Israël, tout comme l’arrivée de Jésus à Jérusalem fut mise en scène pour corroborer les paroles des prophètes de l’Ancien Testament annonçant l’avènement du Messie. Ceci suggère évidemment que Jésus aurait été consacré par son épouse ! Elle disposait de ce pouvoir et de cette autorité. Cela devrait faire réfléchir les tenants de la primauté apostolique de l’homme dans l’Eglise. De toute évidence, dans le mouvement dirigé par Jésus, l’autrité n’était pas exclusivement réservée aux disciples masculins.

    Quelles sont les implications de cette théorie ?

    Jésus, Messie des enfants d’Israël

    On a dit que cette cérémonie symbolisait une union sacrée mais c’est peu probable : le rituel de l’onction ne faisait pas partie de la tradition des mystères classiques ni des religions de Mésopotamie. Dans la région, outre le judaïsme, la seule religion dans laquelle ce rituel avait cours est celle de l’Egypte ancienne : les prêtres étaient consacrés par l’onction d’une huile sacrée.

    Jésus ne fut consacré qu’après son arrivée à Jérusalem, deux jours plus tard pour être précis. Lors d’une cérémonie dans la maison de Béthanie, Marie, sœur de Lazare, répandit du nard sur son front. Lorsque Jésus entra pour la Pâque à Jérusalem à dos d’âne, il n’avait donc pas encore été consacré et n’était pas encore Messie à proprement parler.

    Seul l’Évangéliste Jean porte un regard différent sur ces évènements. Jésus est consacré six jours avant la Pâque, avant de se rendre à Jérusalem. Dans le récit de Jean, lorsque Jésus fait son entrée à Jérusalem pour être acclamé, c’est en toute légitimité puisqu’il a déjà reçu le sacrement. La version de Jean est plus plausible que celle des trois autres Évangélistes. Il est d’ailleurs le seul à identifier la femme qui prodigue le sacrement !

    Élevé dans le but de remplir le rôle de Messie, Jésus entre effectivement à Jérusalem en Messie. Ses actes confirment toutes les prophéties. Il fait tout ce qu’on attend de lui, jusqu’au moment crucial où, à propos du tribut dû à César, Jésus dit qu’il faut « rendre à César ce qui est à césar et à Dieu ce qui est à Dieu ».

    Ainsi, de manière imprévisible,  le Messie change brusquement de trajectoire, alors que jusque là les Zélotes devaient avoir été très satisfaits puisque tous les évènements allaient tout à fait dans leur sens. Le Messie venait de trahir les Zélotes.

    Furieux, ils allaient à leur tour lui tourner le dos.

    Où que Jésus ait passé la nuit à Béthanie, soit chez Simon le Lépreux (Matthieu, XXVI, 6), soit dans la maison de Marie, Marthe et Lazare (Jean, XI, 1 ; XII, 3), un évènement extraordinaire se produisit ce soir-là : il fut consacré, reconnu et ainsi confirmé dans son rôle de Messie d’Israël.

    L’Évangile de Matthieu (XXVI, 7) rapporte qu’une femme répandit sur la tête de Jésus un parfum de grand prix que renfermait un pot d’albâtre, objet fort coûteux à l’époque. Cet incident suggère que dans l’entourage de Jésus se trouvait un mystérieux bienfaiteur. Marc (XIV, 3)rapporte lui aussi l’incident, en précisant que le parfum en question est le nard, l’un des composants de l’encens utilisé au Temple. Jean (XI, 2) dévoile le nom de la femme en question : il s’agit, selon lui, de Marie de Bathanie, sœur de Lazare.

    Ce geste ressemble à un témoignage de respect ou à un cérémonial réservé aux hôtes de marque. Mais pour les contemporains de Jésus, les implications de ce geste étaient claires : il était consacré roi.

    Matthieu rapporte qu’à la suite de cette consécration, Judas va immédiatement parler aux principaux « sacrificateurs » afin de préparer la trahison de Jésus. Le geste d’une femme appartenant à l’entourage de Jésus alarme apparemment les autorités. Ce que Matthieu essaie de nous dire, avec force précautions, c’est que ce soir-là jésus fut reconnu et consacré dans son rôle de Messie.

    La logique voudrait qu’un groupe de hauts dignitaires ait présidé à une cérémonie d’une telle importance : soit des « officiels », c’est-à-dire des prêtres, des représentants du Sanhédrin, soit des membres appartenant  à « l’alternative zélote », pour autant que les Zélotes adressaient encore la parole à Jésus après l’incident du dernier ! Mais aucun d’eux n’y prit part.

    Qui est le Christ ?

    Pour les chrétiens

    Le Christ n'est autre que Jésus de Nazareth, personnage de l'histoire. Ni prêtre ni meneur d'une révolution politique, ni moine ascétique ni moraliste dévot, il défie tous les camps à la fois.

    Pour les Sadducéens

    Les Sadducéens étaient le clan des riches familles de la classe sacerdotale qui avaient peu à peu imposé un ordre politico-religieux dont le centre était Jérusalem. La racine de leur pouvoir remonte au roi Salomon, qui centralisa le culte à Jérusalem afin d'assurer l'unité du peuple hébreu. Les évangiles ne parlent que très peu des Sadducéens, d'une part parce que cette oligarchie sera détruite en même temps que le temple de Jérusalem, et d'autre part parce que le clan des Sadducéens influence très peu le peuple de par son enseignement; ce qui ne les empêche pas d'exercer un pouvoir concret sur le peuple, puisqu'ils sont la classe dirigeante. Le Sanhédrin, composé de 70 « anciens » et du Grand Prêtre, jouera un rôle capital dans la condamnation de Jésus. On pourrait les assimiler à la bourgeoisie discrète de l'histoire plus récente qui s'est souvent servie de Dieu ou de l'Église pour assurer un certain pouvoir sur le peuple.

    Jésus ne fait pas partie de cette classe. Il n'est pas un prêtre, mais un « laïc ». Probablement célibataire, ce qui est surprenant à cette époque, il guide également un mouvement laïc. Il n'est pas davantage un de ces théologiens qualifiés qui construisent systèmes et théories sur Dieu et sur le sens de l'existence. Il se « limite » à l'annonce de la venue imminente du royaume de Dieu, et cela de façon simple, accessible aux gens du peuple, à l'aide d'images, de récits et de paraboles.

    Pour les Zélotes

    Les Zélotes sont un parti révolutionnaire armé qui luttait contre le pouvoir romain à l'époque de Jésus.

    Les Zélotes appartenaient à un mouvement sociopolitique en Palestine au temps de Jésus. Ce parti voulait tenter de libérer Israël de l’occupation romaine. La cause zélote échoua lamentablement. Elle n’aurait jamais pu parvenir à ses fins vu la supériorité numérique des Romains par rapport aux Juifs.

    Les Zélotes, obsédés par le fait de débarrasser la Judée de l’emprise romaine, avaient organisé un mariage dynastique entre Joseph, héritier de la lignée royale de David, et Marie, descendante de la lignée sacerdotale d’Aaron, afin qu’ils aient un enfant, Jésus, le sauveur d’Israël, pouvant à la fois prétendre au titre de roi et à celui de grand prêtre.

    Peu de temps après la mort de Jésus, les Zélotes seront au cœur du soulèvement populaire qui forcera Rome à envoyer son armée et à détruire le Temple et Jérusalem. Les Évangiles parlent peu des Zélotes, sinon pour mentionner que Simon, dit « le Zélote », faisait partie des douze (Lc 6,15) et pour évoquer la possibilité que Barabbas ait été un Zélote ou encore un brigand à leur solde. En choisissant Barabbas plutôt que Jésus, le peuple rassemblé fera le choix du sang et de la révolution armée. 

    Comme le relate Flavius Josèphe, à cause de leur ambition mal placée, les Zélotes pensaient pouvoir reprendre le contrôle de leur nation mais leurs pertes furent telles que cet espoir s’évanouit pour près de deux mille ans.

    Si certains chrétiens et théologiens, notamment ceux de la théologie de la libération, en sont venus à relier Jésus avec la révolution politique et sociale, ce lien n'est certainement pas fondé sur l'adhésion de Jésus de Nazareth au mouvement zélote. Jésus n'est pas révolutionnaire armé ou encore un réformateur politique et social. Au contraire, il s'est « limité » à prêcher la non-violence et l'amour des ennemis.

    Pourquoi Jésus était-il si important aux yeux des Zélotes ?

    En tant que grand prêtre et roi – Messie des enfants d’Israël – il aurait incombé à Jésus de mener les Zélotes à la victoire. Il lui aurait incombé de lutter contre l’occupation romaine et de s’en tenir fermement aux principes de pureté rituelle si importants aux yeux des zélotes.

    En tant que chef de cette faction, il avait un rôle religieux et politique à jouer.

    Il y avait une façon incontestable d’y parvenir : Zacharie, prophète de l’Ancien Testament, avait annoncé que le roi entrerait à Jérusalem à dos d’âne (Zacharie, IX, 9-10). Jésus éprouva la nécessité d’accomplir cette prophétie, en particulier pour obtenir l’approbation publique.

    Dans le Nouveau Testament, Matthieu (XXI, 5) cite la prophétie de Zacharie. Et c’est effectivement à dos d’âne que Jésus fait son entrée à Jérusalem.Ce détail n’échappe pas à la foule qui l’accueille aux cris de « Hosanna au Fils de David ». Jésus choisit délibérément sa voie. Il est reconnu comme l’héritier de la maison de David par la foule de Jérusalem.

    Le professeur Hugh Schonfield a analysé cette volonté délibérée d’incarner la prophétie de l’Ancien testament et ses conséquences dans son ouvrage intitulé « Le mystère Jésus : nouvelle approche historique du Messie » (1965).

    Si les enseignements du professeur Schonfiled sont inlassablement transmis, de génération en génération, jusqu’à ce que, enfin, les preuves soient suffisamment solides et nombreuses, nous n’aurons d’autre choix que de porter un regard totalement différent sur notre histoire.

    Nombreux sont les facteurs qui auraient dû assurer à Jésus la postérité en tant que chef de la nation juive : révolte zélote, parents descendants respectivement de David et d’Aaron, membres de l’entourage direct appartenant au mouvement zélote, arrivée délibérée à Jérusalem en tant que roi. Mais ce ne fut pas le cas.

    Pour les Esséniens

    A l'époque de Jésus, la Palestine connaissait un mouvement monachique bien organisé dont Qumrâm est un vestige. Les Esséniens enseignaient la nécessité du retrait du monde, afin de constituer une élite pure aux yeux de Dieu. Ils sont totalement absents des évangiles, d'une part parce que leur mouvement était loin d'avoir l'impact de ceux des Pharisiens ou des Sadducéens sur le peuple et d'autre part parce qu'ils se mettent eux-même en position d'hors-jeu par rapport à l'Évangile de Jésus. 

    En effet, Jésus ne s'est d'aucune façon retiré du monde. Il n'a pas vécu à l'écart de la société et n'invite pas à le faire. Il n'a fondé aucun ordre monastique du type de Qumrâm. Au contraire, il vit dans le peuple, à la manière du peuple, entrant chez qui l'invite, même si cela doit choquer. Il fréquente les malades et les impurs. Ils se « limite » à enseigner et à vivre parmi les pauvres, à partager la vie dans le monde tel qu'il est.

    Pour les Pharisiens

    Le clan des Pharisiens est bien connu dans les évangiles qui montrent Jésus s'opposant radicalement à leur enseignement. Le mouvement des Pharisiens est né suite à la déportation du peuple en Babylonie lors de l'Exil. Privé de son Temple, de sa classe sacerdotale, de son pays et de son roi, Israël traverse une période de crise identitaire. Le recours à un ensemble de pratiques et de lois strictement observées lui permettra de sauver l'essentiel de sa foi en Dieu et de son identité nationale.

    Les Pharisiens ne sont donc pas « mauvais » en eux-mêmes; ils apparaissent même, sous bien des égards, comme les « sauveurs » d'Israël et du judaïsme. C'est à la lente dérive de leur mouvement que Jésus s'oppose. Ainsi, pour les Pharisiens, la nécessité de sauvegarder la foi a cédé peu à peu le pas au moralisme dévot qui emprisonne la foi dans un système complexe d'ordonnances et de prescriptions morales et rituelles où le simple citoyen se perd rapidement... causant ainsi sa perte aux yeux de Pharisiens. 

    Mais face aux Pharisiens, Jésus n'est pas le « nouveau législateur » que certains ont cru reconnaître. Il ne crée pas une nouvelle loi qui remplace l'ancienne. Il n'a pas organisé un nouveau culte ou de nouvelles techniques de dévotion. Il ne s'intéresse pas à la casuistique et aux problèmes d'interprétation de la Loi de Moïse. Il se « limite » à annoncer une nouvelle liberté à l'égard de la Loi, liberté qui est fondée sur l'amour sans limitation.

    Un Jésus « différent » et « sans limites »

    En somme, Jésus fait éclater tous les schémas religieux de son époque et aussi de la nôtre. Il n'est pas le partisan de l'ordre établi ni de la révolution; il n'est ni de la droite, ni de la gauche. Il n'est pas davantage en faveur de la fuite ou du compromis ; il n'est donc pas non plus « du centre » ou « hors-jeu ». Il est tout simplement « différent », radicalement différent. 

    Jésus pose ainsi un défi à tous et chacun : il est plus proche de Dieu que les prêtres, plus libre à l'égard du monde que les ascètes, plus moral que les moralistes, plus révolutionnaires que les révolutionnaires. Là où les uns et les autres doivent affronter les limites de leurs options, Jésus se révèle sans limites aucunes. Parce qu'il refuse de se laisser annexer par les mouvements religieux de son époque, ce qui apparaissait comme des « limites » dans son enseignement et son action devient absence de limites, liberté véritable.

    Ainsi, les moines pourront parler de l'ascèse que Jésus leur inspire, les révolutionnaires de la théologie de la libération pourront s'inspirer de Jésus, les législateurs, les théologiens, les moralistes, les sociologues, les philosophes et les politiciens de tous horizons pourront puiser à son enseignement à condition de ne pas perdre de vue la « différence » de Jésus... sous peine de perdre de vue l'essentiel de sa personne... 

    Mais alors qu'a-t-il voulu ce Jésus de Nazareth? 

    Jésus n'a pas prêché ni une théorie théologique, ni une loi nouvelle, ni même sa propre personne; il a annoncé le royaume de Dieu. Il annonce que la cause de Dieu, c'est-à-dire sa volonté, va triompher et qu'elle s'identifie à la cause de l'être humain, c'est-à-dire au bien de celui-ci. 

    La personne de Jésus s'efface devant la cause que Jésus défend. Cette cause est la cause de Dieu dans le monde: le royaume imminent de Dieu.

    Jésus et le « Royaume des cieux »

    Pas de message complexe et de théorie imposante provenant de Jésus; juste des images et des paraboles qui annoncent que la cause de Dieu va triompher, que l'avenir appartient à Dieu. Et cela pas de n'importe quelle façon.

    Jésus n'annonce pas seulement la permanente souveraineté de Dieu sur le monde depuis longtemps reconnue par Israël. Il se démarque des prêtres de Jérusalem (Sadducéens), qui réclament pour eux une certaine autorité reposant sur cette souveraineté de Dieu, en annonçant que ce Royaume est à venir et en ne réclamant pour lui aucune autorité.

    Jésus n'annonce pas une théocratie ou une révolution armée au nom de Dieu. Non. Il se démarque des Zélotes en annonçant le règne immédiat et illimité de Dieu sur le monde, un règne que l'on ne peut qu'attendre, sans recourir à la violence.

    Jésus n'annonce pas un jugement de vengeance au profit d'une élite de parfaits. Il se démarque ainsi des Esséniens en annonçant le joyeux message de la bonté infinie et de la grâce inconditionnelle de Dieu en faveur de tous, et en particulier des plus pauvres et des gens égarés.

    Jésus n'annonce pas un royaume édifié par l'être humain à l'aide d'une morale supérieure ou d'une stricte observance de la Loi. Non. Il se démarque des Pharisiens en annonçant et en vivant une liberté qui vise l'accomplissement de l'être humain, résultat de l'action libre et créatrice de Dieu. 

    L'annonce de Jésus est une Bonne Nouvelle. Cette bonne nouvelle est celle de la venue immédiate du Royaume de Dieu, d'une libération, non-violente, opérée en faveur de tous, et qui fonde l'autonomie de la personne humaine en face de Dieu. Cette bonne nouvelle concerne tout aussi bien l'avenir que le présent.

    Elle concerne l'avenir, bien évidemment, puisque le présent est trop sombre et trop ambivalent pour qu'on puisse l'identifier au Royaume de Dieu. L'existence du mal, l'inhumanité, l'imperfection de ce monde qui est le nôtre doivent nous ouvrir à l'avenir absolu de Dieu. Jésus a inauguré le Royaume ; ce qui a commencé avec lui doit aussi s'accomplir en lui. Le chrétien et la chrétienne sont donc en attente.

    Mais cette attente d'un « à-venir » ne signifie pas une stagnation, une résignation, une consolation ou une projection qui trouverait sa source ou son aboutissement dans ce royaume. L'annonce du Royaume à venir est, dans la bouche de Jésus, un appel à la transformation, à la conversion pour le présent dans la perspective de la fin.

    Le chrétien et la chrétienne ne sacrifient donc pas le présent pour cet avenir. Ils ne se consolent pas de leurs souffrances par l'attente de cet avenir, ils n'y projettent pas leurs angoisses et leurs désirs inassouvis et ils n'en attendent pas passivement toutes les réponses aux mystères de l'existence. Au contraire, ils s'engagent dans l'interprétation et dans la transformation de ce monde et de la société qui est la leur, aujourd'hui et maintenant, en fonction justement de cet avenir.

    L'interprétation? 

    Pour les chrétiens et les chrétiennes ce monde apparemment sans but prend un sens absolu, définitif et plénier. Ce sens est tourné vers l'avenir et non seulement sur la recherche des coupables et l'explication des causes. Le monde est d'abord à lire, à faire et à transformer en fonction de ce futur, de cet avenir où est attendu le Royaume de Dieu. 

    La transformation?

    Ce royaume de Dieu qui est attendu est donc la source de l'espérance chrétienne. La transformation du monde qui en découle n'est pas celle de l'atteinte de la perfection, de la disparition du mal, des souffrances, du péché et de la mort, mais bien celle d'une espérance qui refuse l'aliénation du mal, de la souffrance, du péché et de la mort comme une fin définitive pour l'être humain. 

    Cette espérance n'est pas sans fondement. Elle repose sur la volonté de Dieu, révélée en Jésus-Christ.

    La volonté de Dieu?

    Dans la perspective du Royaume qui vient, Jésus assigne une norme suprême à l'agir humain : la volonté de Dieu. Mais quelle est donc cette volonté ?

    La volonté de Dieu ne s'identifie pas purement et simplement à une loi déterminée, à un dogme ou à une règle. À la lumière de tout ce que Jésus dit et fait, il est manifeste que la volonté de Dieu n'est pas autre chose que le bien intégral de l'être humain. Il n'est pas seulement question du salut de l'âme, mais bien du salut de l'être humain tout entier, dans le présent comme dans l'avenir.

    Aucune définition ou système de lois ne peuvent déterminer exactement et dans toutes les circonstances quel est ce « bien intégral de l'être humain » qui semble correspondre à la volonté de Dieu selon Jésus de Nazareth. Nous n'avons que des exemples bien concrets, extrêmement parlant, qui foisonnent dans les évangiles. À les examiner attentivement, on pourrait tirer une règle générale temporaire : « Dans des situations sans cesse nouvelles, il s'agit du bien très réel de toute personne qui a besoin de moi et qui est, chaque fois, mon prochain ».

    Non, la volonté de Dieu n'est pas le mal, la souffrance et la mort, comme porteurs d'un bien futur. Non, la volonté de Dieu n'est pas la soumission de son peuple à son autorité et à celle des prêtres. Non, la volonté de Dieu n'est pas la révolution religieuse armée ou politique. Non, la volonté de Dieu n'est pas l'ascèse personnelle qui tend à l'exclusion du monde. Non, la volonté de Dieu ne se limite pas à l'observance d'une loi ou d'un code moral. Toutes et chacunes de ces voies se révèlent stériles ou fausses si, au centre de celles-ci, on ne retrouve pas, dès maintenant et pour l'avenir, le bien concret et immédiat de l'être humain. 

    La primauté de l'amour

    Parce qu'il annonce que la volonté de Dieu est le bien intégral de la personne. Jésus préconise l'amour comme loi fondamentale. L'amour de Dieu et du prochain inspire à la foi la piété et la raison. Cette norme se vérifie en ce qu'elle n'exclut personne, pas même l'ennemi, et que cet amour est prêt à aller jusqu'au service, sans souci de position hiérarchique, jusqu'au renoncement sans contrepartie, jusqu'au pardon sans limites. 

    La crucifixion

    Dans le Nouveau Testament filtrent certains griefs à l’encontre des Romains et l’on aperçoit vaguement la violence qui imprégnait l’époque ; elle apparaît d’ailleurs plus clairement à la fin de l’histoire lorsque Jésus est crucifié.

    Mais sous leur plume, le contexte politique de cette crucifixion a été expurgé, de façon tout à fait délibérée. C’est la preuve que, par la suite, les censeurs ont fait un effort concerté pour dissocier Jésus, sa naissance, sa vie, sa mort, quelle que soit la façon dont il mourut au final, de leur toile de fond historique. Ce faisant, ces censeurs ont commis un acte bien plus pernicieux : ils ont sorti Jésus de son contexte juif ! Et aujourd’hui, un grand nombre de chrétiens ignorent complètement que Jésus n’a jamais été chrétien, mais qu’il est né et a été juif toute sa vie !

    Une génération après la crucifixion de Jésus – ou, du moins, de son enlèvement des lieux de l’exécution – les Juifs avaient perdu Jérusalem et leur Temple. La foi s’était recentrée sur l’école rabbinique de Jabneh.

    Pour un puriste, n’est Juif que celui dont le père et la mère sont juifs. La tradition rabbinique, née au 2ème siècle de notre ère, est moins exigeante : seule compte l’origine de la mère pour déterminer l’appartenance ou la non-appartenance au peuple juif… Les rabbins de l’école de Jabneh étaient gens méfiants, voire sexistes, estimant que le véritable père d’un enfant n’est pas toujours celui qui est désigné par l’état-civil. 

    Au même moment, on assistait aux prémices de la manipulation de l’histoire de Jésus qui finit par créer une tradition centrée non sur la figure de Dieu mais sur celle de Jésus.

    Les origines juives de Jésus se fondirent dans un contexte païen de plus en plus influent introduit par les membres de la communauté grecque et romaine convertis au christianisme. Au fil des siècles suivants, cette influence païenne instaura une distance de plus en plus grande entre le christianisme et sa vision de Jésus d’une part et le judaïsme de l’autre.

    Le message chrétien avait nettement changé de public : il ne s’adressait plus aux Juifs mais plutôt aux païens, ceux qui croyaient aux dieux Mithra, Dionysos, isis ou Déméter.

    Le champ était libre pour une réinterprétation de l’histoire et pour jeter les bases du triomphe du « Jésus de la foi » créé de toutes pièces aux dépens de la véritable figure historique de Jésus, cet homme qui parlait de Dieu, qui faisait passer un message divin mais qui ne prétendait pas être Dieu.

    D’un point de vue pratique, comment s’arranger pour truquer la crucifixion ?

    Comment Jésus aurait-il pu survivre ?

    La survie était-elle-même envisageable ?

    La crucifixion s’apparentait davantage à de la torture qu’à une méthode d’exécution. Il aurait été difficile de survivre à une crucifixion, mais pas impossible.

    L’expression « Ils ne l’ont pas crucifié », qui pourrait correspondre à « Il n’est pas mort sur la croix » m’amène à me demander si Jésus aurait pu survivre à la crucifixion. Une première hypothèse serait que Simon de Cyrène aurait pris la place de Jésus sur le chemin du Golgotha et serait mort sur la croix à sa place. Mais dans le cas où Jésus n’aurait pu échapper à la crucifixion, qu’est-ce qui aurait pu se passer ?

    Dans « Le mystère Jésus : nouvelle approche historique du Messie », le professeur Hugh Schonfield suggère que Jésus aurait été drogué, anesthésié sur la Croix afin de passer pour mort et de pouvoir être ranimé une fois descendu de la Croix.

    En 2004, dans « Did Jesus die ? », documentaire de la B.B.C. consacré à la crucifixion, le professeur Elaine Pagels pense qu’il est possible que Jésus se soit vu administrer un sédatif avant d’être rapidement descendu de la croix et a donc pu survivre.

    Les Évangiles semblent accréditer cette thèse en relatant le fait que Jésus se soit plaint d’avoir soif alors qu’il était déjà sur la Croix. On lui aurait tendu une éponge trempée dans du vinaigre puis serait mort peu après. Mais cette réaction suggère que l’éponge n’était pas imprégnée de vinaigre qui aurait dû le ranimer, mais plutôt d’un liquide qui lui aurait fait perdre connaissance, une drogue par exemple. Ce type de drogue était disponible au Moyen Orient à cette époque : mélange d’opium, de bellade ou de haschich qui constituait un anesthésique efficace.

    L’Évangile de Jean rapporte que Jésus reçut un coup de lance au côté et que du sang jaillit de la plaie. Ce coup ne présentait dès lors aucun danger mortel, et le fait que du sang coule de la plaie semble indiquer que Jésus était toujours vivant. Il ne restait alors qu’à le descendre de la Croix, apparemment sans vie, mais en réalité inconscient,et à le transporter dans une sépulture privée où l’on pourrait le ranimer à l’aide de potions diverses avant de le faire rapidement disparaître des lieux. C’est exactement la façon dont les Évangiles nous présentent les faits :Luc (XXIII, 53) et marc (XV, 46) rapportent que Jésus fut placé dans un tombeau neuf non loin du lieu d’exécution. Matthieu (XXVII, 6) ajoute que le tombeau appartenait à Joseph d’Arimathie, homme riche et influent.

    Jésus a bien survécu à la crucifixion

    La treizième station du chemin de Croix ornant les murs de l’église de Rennes-le-Château représente la descente de la Croix, à n’en pas douter sur fond de soleil couchant.

    La quatorzième station suggère que c’est un Jésus vivant qui fut tiré de son tombeau par une nuit de pleine lune.

    L’écrivain français Jean-Luc Robin avance l’hypothèse selon laquelle ce serait l'abbé de Saunière qui aurait peint ces images lui-même, ce qui suppose qu’il avait connaissance d’un grand secret qu’il ne pouvait évoquer ouvertement : Jésus avait survécu à la crucifixion.

    Après la crucifixion de Jésus, qui se serait déroulée au moment de la Pâque en l’an 36 de notre ère, selon les estimations du professeur Hugh Schonfield, et les évènements décrits dans les Évangiles canoniques, Jésus aurait pu gagner clandestinement le port de Césarée et y embarquer pour l’Egypte. La logique voudrait qu’il ait été accompagné de son épouse Marie Madeleine. Mais elle disparaît de la circulation quelques jours après la crucifixion. Les Actes des Apôtres n’en font aucune mention.

    La lignée de David

    Dès le Moyen Age, pour désigner le Saint-Graal on a utilisé des jeux de mots : Sangraal, Sangreal, San Graal, San Greal… En jouant un peu avec l’orthographe on a pu découvrir que l’expression « Sang Real » signifiait « sang royal », celui de la lignée de David qui constituait, à cette époque, la lignée la plus sacrée de toutes. C’est un fait historique : la lignée de David était connue dans le sud de la France au Moyen Age.

    Au 12ème siècle, le voyageur juif Benjamin de Tudèle a révélé qu’à la tête de la noblesse dirigeante de Narbonne se trouvait un descendant de la maison de David, comme l’atteste son arbre généalogique.

    En analysant la généalogie des princes du sud de la France, on s’aperçoit qu’ils avaient les mêmes ancêtres que l’un des chefs de la première croisade et futur roi de Jérusalem : Godefroy de Bouillon.

    En se laissant offrir le trône de Jérusalem, Godefroy de Bouillon récupérait ainsi l’héritage qui lui revenait de droit en tant que descendant de David.

    Les auteurs de l’ouvrage « L’Énigme sacrée » avancent l’idée que c’est Jésus, lui-même, et le fruit de son mariage avec Marie Madeleine qui sont les origines de cette lignée.

    Dans le livre « L’énigme Jésus », l’objectif de son auteur, Michaël Baigent, est de découvrir comment on a pu s’y prendre pour que Jésus, ou celui qui se faisait passer pour lui, puisse survivre à la crucifixion.

    « Qui était le Messie ? » se demande Michaël Baigent.

    Cherchant à s’éclairer sur le contexte historique, les « Manuscrits de la mer Morte » lui ont permis de comprendre le rôle de Jésus et les machinations politiques qui servirent de toile de fond à sa naissance, à son mariage et à son implication dans le désir de victoire des zélotes.

    D’après les Évangiles, Jésus était issu de la lignée de David par son père, et de celle du grand prêtre Aaron par sa mère (Matthieu, I, 1, 16 ; Luc, I, 5, 36 ; II, 4).

    En tant qu’héritier de ces deux lignées, Jésus était extrêmement important pour la cause zélote. Il était Messie à double titre : héritier de la lignée royale et sacerdotale, un « Messie d’Aaron et d’Israël », personnage dont es « Manuscrits de la mer Morte » font une mention précise. Beaucoup l’ont vu ainsi. Preuve en est l’inscription que l’on suppose avoir été posée sur la croix sur ordre de Pilate : « Voici Jésus, roi des Juifs » (Matthieu, XXVII, 37).

    I.N.R.I. est l'acronyme, dit titulus crucis, de l'expression latine Iesvs Nazarenvs, Rex Ivdæorvm c’est-à-dire « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs ». Cet écriteau ne représentait dès lors que le simple acte d'accusation ou motif de condamnation de Jésus, exécuté en tant que criminel politique, d'où sa présence sur la croix.

    Un curieux phénomène vit le jour au cours du 2ème siècle avant Jésus-Christ : on commença à désigner le véritable souverain d’Israël par le terme « Messie ». ce mot faisait plus spécifiquement référence au souverain issu de la lignée de David. Tous partageaient l’espoir de voir l’avènement d’un descendant de cette lignée et cet espoir trouvait son expression dans les Livres des Prophètes de l’Ancien Testament. L’emploi par les chrétiens du mot « khristos » ou « Christ » - aujourd’hui Messie – dérive d’un contexte judaïque et d’un usage déjà courant du temps de Jésus.

    Peut-on être certain que Jésus a bien existé ? Disposons-nous de preuves de son existence hors du Nouveau Testament ? Si ce n’est pas le cas, si le Nouveau testament a été rédigé bien après son temps, comment être sûr que le concept du Christ n’est pas simplement la version moderne d’un mythe plus ancien, la réécriture du mythe d’Adonis, d’Osiris ou de Mithra peut-être, tous trois enfantés par une vierge et ressuscités, concepts familiers pour les chrétiens ?

    Le nom « Jésus » dérive de l’araméen  Yeshua qui signifie à la fois Joshua et « le libérateur », « le sauveur ». Il pourrait donc s’agir d’un simple titre. Mais « Christ » signifie aussi « oint du Seigneur ». Nous avons donc deux titres : « le libérateur » et « oint du Seigneur ». Quel était donc le vrai nom de Jésus dans ce cas ? Nul ne le sait. Un certain « ben David », sans doute, mais il n’est pas possible d’être plus précis !

    Lucien et Celse, auteurs païens du 2ème siècle, parlent de Jésus comme d’un sorcier et d’un « fauteur de troubles », crimes passibles de la peine de mort d’près la loi romaine.

    Suétone, dans ses chroniques, rapporte que, sous le règne de Claude, les Juifs s’étaient soulevés à l’instigation de « Chrestus ».

    L’existence de Jésus-Christus – le Messie – fait peu de doute puisque des auteurs romains en parlent de manière plutôt terre à terre (Tertullien, Tacite et Pline le Jeune). En outre, ils s’accordent à dire que, d’après les rapports officiels, ce messie fut jugé et exécuté pour activisme politique.

    Mais que savaient ces auteurs au juste ? Même s’ils font référence à un certain « Christus » ou « Chrestos », le Messie, nous ne connaissons toujours pas son nom.

    Ce qui est certain, c’est que, pendant le règne de Tibère, Ponce Pilate a exécuté un messie juif, activiste politique s’opposant à Rome et donc passible de la crucifixion. Ce messie a donné naissance à un mouvement que l’on appelait « christianisme » à la fin du siècle en tout cas.

    A l’aube du 2ème siècle, deux puissants courants du christianisme s’opposaient : d’un côté, les chrétiens qui cherchaient à savoir et, de l’autre, ceux qui se contentaient de croire !

    Les groupes mystiques chrétiens souhaitant faire l’expérience de Dieu par eux-mêmes se sont appelés « gnostiques ».

    Cette approche mystique fondée sur une profonde expérience personnelle avait cours depuis longtemps dans les religions païennes.

    Au cours du 2ème siècle, cette approche a vu le nombre de ses adeptes augmenter rapidement au sein de l’Eglise chrétienne.

    Le concile de Nicée créa de toutes pièces la figure fantastique de Jésus de la foi et feignit de croire qu’il s’agissait d’une représentation historique fidèle. Le concile décida également des critères grâce auxquels les livres du Nouveau Testament devaient être choisis par la suite. Il donna au monde chrétien un code de valeurs communes. Tout ce qui s’éloignait de ces valeurs était taxé d’hérésie, devait être rejeté et si possible éradiqué ! Nous pâtissons encore aujourd’hui de cet état de fait !

    Le Vatican a longtemps eu l’habitude de s’accaparer et de détruire les écrits qui allaient à l’encontre des mensonges qu’il répandait en les faisant passer pour des vérités historiques. Personne ne peut dire avec certitude le nombre d’œuvres détruites au fil des années ni combien d’autres ont peut-être échappé à sa traque impitoyable et obstinée des hérésies.

    Rien dans les déclarations du cardinal Ratzinger (le Pape Benoît XVI) ne nous laisse espérer que le Vatican modifie sa position : il continuera à penser qu’il représente l’unique voie menant  à la vérité, voie tracée dans le sang à cause d’une soif de pouvoir et de contrôle, voie centrée sur une figure mythique de Jésus-Christ n’ayant pratiquement rien en commun avec le personnage historique de Jésus, crucifié par Ponce Pilate à cause de ses positions politiques.

    La Congrégation pour la doctrine de la foi campe très intelligemment sur les positions qui ont été celles de l’Inquisition, son  ancêtre. Elle consolide les frontières de la foi en limitant l’accès à la vérité, ce qui en fit le centre névralgique du Vatican.

    La raison d’être de cette institution, c’est d’empêcher que la pire, la plus secrète crainte du Vatican ne se confirme : voir émerger des preuves qui feraient la part entre le Jésus historique et le Jésus de la foi et révèleraient que l’Eglise doit son existence même à un mensonge. Le Vatican craint de voir apparaître des preuves montrant que Jésus n’était pas Dieu, contrairement aux déclarations du concile de Nicée, pas Dieu, mais bel et bien un homme.

    Après la crucifixion de Jésus

    Dans quelle partie de l’Egypte Jésus aurait-il pu se rendre ?

    Le refuge le plus sûr pour Jésus et Marie Madeleine se trouvait dans le temple d’Onias. Jésus continua peut-être à y dispenser tranquillement ses enseignements. Peut-être réintégra-t-il le cercle où il avait étudié dans sa jeunesse ? C’est peut-être la raison pour laquelle les communautés initiatiques chrétiennes,qui ne partageaient pas les croyances de Paul apparurent en Egypte au 2ème siècle. Nombre d’entre elles s’étaient alliées au mouvement gnostique.

    Où Jésus aurait-il bien pu se rendre après la guerre de Judée lorsque le temple d’Onias ferma ses portes ? Sa famille et lui devaient avoir quitté la région depuis longtemps. A ce stade, il était évident qu’il valait mieux  se réfugier dans un endroit sûr, à bonne distance de l’Egypte et de la Judée. Quelque part aussi où la communauté juive était à l’abri de l’antipathie des Grecs.

    C’est à Narbonne, l’un des plus importants ports commerciaux romains situé à l’embouchure de l’Aude, que vivait la plus ancienne communauté juive de la région. Contrairement à Marseille, Lyon et la vallée du Rhône, la région de Narbonne mit très longtemps à se convertir au christianisme, preuve de l’absence ou de l’inefficacité des missionnaires chrétiens adeptes de la doctrine paulinienne.

    C’est aussi à Narbonne que furent découverts les plus anciens documents attestant l’existence et de le dynamisme de la communauté juive en France.  C’est à Narbonne et Marseille que circula par la suite la légende selon laquelle Marie Madeleine serait arrivée du Moyen-Orient par voie maritime.

    Les Cathares, communauté gnostique du sud de la France, ont dû être en possession d’un document, une espèce d’arbre généalogique conservé jalousement par les membres des familles revendiquant l’héritage de la lignée de David et dont on sait qu’elles étaient établies à Narbonne jusqu’à la fin du Moyen Age.Le célèbre voyageur et écrivain juif Benjamin de Tulède, qui visita Narbonne en 1166, rapporte que la communauté juive de la ville était dirigée par « un descendant de la maison de David, comme l’atteste son arbre généalogique ».

    Ce genre de document, constituant une espèce de « preuve » concernant Jésus, était dangereux pour le Vatican. Tout comme le sont aussi deux papyrus rédigés en araméen, datant d’environ l’an 34 de notre ère, deux lettres adressées au Sanhédrin, le tribunal juif, lettres dont l’auteur se faisait appeler le « bani meschikhâ », « Messie des enfants d’Israël ». Accusé de se faire appeler « Fils de Dieu », le messie y expliquait qu’il ne voulait pas dire qu’il était « Dieu » mais que « l’Esprit de Dieu » l’habitait, qu’il n’était pas physiquement le fils de Dieu mais,du point de vue spirituel, un fils adoptif de Dieu. Il ajoutait que celui qui, comme lui, se sentait habité par « l’Esprit » était lui aussi un « Fils de Dieu ».

    En d’autres termes, celui que nous appelons Jésus, le Messie affirme sans ambiguïté qu’il n’est pas de nature divine. Pas étonnant que le Vatican n’ait pas envie que cette information soit rendue publique. Ces lettres de Jésus ne sont pas encore passées de l’ombre à la lumière. Elles demeurent scandaleusement inaccessibles !

    Il est probable que certains textes extrêmement anciens, en rapport avec la vie et l’époque de Jésus seront un jour découverts dans un manuscrit mal inventorié au sein d’une des gigantesques collections d’archives du Vatican ou dans les énormes bibliothèques d’Istambul, du Caire, de Londres, de Paris, de Berlin ou d’ailleurs. On découvre régulièrement dans ces collections des documents inconnus ou que l’on croyait perdus depuis longtemps. Restent encore à découvrir des fragments ou des textes complets dans les bibliothèques du monde islamique. Nombre de ces textes s’inspirent de documents plus anciens, en syriaque (variante de l’araméen parlé par Jésus), peut-être rédigés par des communautés chrétiennes nestoriennes dont les monastères servirent si souvent de refuge à des groupes judéo-chrétiens survivants et à leurs manuscrits à partir du 5ème siècle.

    Une bible vieille de 1500 à 2000 ans

    Au grand dam du Vatican, une bible vieille de 1500 à 2000 ans a été trouvée en Turquie, dans le Musée d’Ethnographie d’Ankara. Découverte et tenue secret en l’an 2000, ce livre contient l’Évangile de Barnabé, un disciple du Christ, qui démontre que Jésus n’a pas été crucifié, et il n’était pas le fils de Dieu, mais un prophète. Le livre appelle également l’apôtre Paul « L’Imposteur ». Le livre affirme également que Jésus est monté vivant au ciel, et que Judas Iscariote a été crucifié à sa place.

    Selon les rapports, les experts et les autorités religieuses de Tehram insistent sur le fait que le livre est original. Le livre lui-même est écrit avec des lettres d’or, sur cuir faiblement liées en araméen, la langue de Jésus-Christ. Le texte maintient une vision similaire à l’islam, ce qui contredit les enseignements du Nouveau Testament du christianisme. Jésus prévoit également la venue du Prophète Mahomet, qui a fondé l’islam 700 ans plus tard.

    On croit que, pendant le Concile de Nicée, l’Église catholique a choisi de conserver les Évangiles qui forment la Bible que nous connaissons aujourd’hui, omettant volontairement l’Évangile de Barnabé parmi beaucoup d’autres, en faveur des quatre Évangiles canoniques de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Beaucoup de textes bibliques ont commencé à faire surface au fil du temps, y compris les Manuscrits dit  « de la Mer Morte » et les évangiles gnostiques ; mais ce livre en particulier, semble inquiéter le Vatican.

    Qu’est-ce que cela signifie pour les religions dérivées du christianisme et leurs partisans ? Le Vatican a demandé aux autorités turques de faire examiner le contenu du livre au sein de l’Eglise. Maintenant que le livre a été trouvé, viendront-ils à accepter les preuves qu’il apporte ? Vont-ils nier tout cela ?

    Pour beaucoup, ce livre est une lueur d’espoir, que les croyants se rendent vite compte que l’objet de leur adoration est arbitraire et que tout le texte, en particulier des textes religieux, est sujette à l’interprétation.

    Qu’est-ce que cela signifie pour les athées, les agnostiques et les penseurs laïques? Le texte est-il réel ? Faux ? Est-ce important ? Espérons que ces nouvelles inspirent le religieux à poser des questions, au lieu de pointer du doigt ou de croire quoi que ce soit à l’aveuglette.

    Le plus grand danger de la foi, c’est quand les gens croient ce qu’ils veulent croire, et se défendent contre toutes preuves ; surtout quand cette preuve révolutionne leur fondation à partir de sa base. Et le plus grand coupable de ce danger est le piège de l’ego : rejeter, critiquer les autres. Pendant des siècles, la « défense » de la foi aveugle a conduit les nations à la guerre, à la violence, à la discrimination, à l’esclavage et de devenir la société d’automates que nous sommes aujourd’hui. Et depuis tout aussi longtemps, elle a été justifié par des mensonges.

    Judas et la signification du « Royaume des cieux »

    L'Évangile de Judas est un texte apocryphe (c’est-à-dire non reconnu par les Églises) du 2ème siècle. C’est un document du mouvement gnostique à l'intérieur du Christianisme primitif, qui fut découvert, en mauvais état et en partie démembré, dans sa version en langue copte (3ème siècle) en 1978. Le texte, tel qu’il fut publié en 2006, et complété par quelques lignes retrouvées en 2008, consiste essentiellement en une brève présentation par Jésus, à Judas, d’une variante du gnosticisme séthien.

    La phrase clef (et pour le moment isolée) adressée à Judas Tu sacrifieras l’homme qui me sert d’enveloppe charnelle permet de l’identifier sans grand risque à « l’Évangile de Judas » dont parle Irénée de Lyon, qui condamne précisément cette « justification » de Judas. Le débat s’ouvre ensuite, dans l’ambiance tendue entre spécialistes de la Gnose, sur l’interprétation à donner quant aux intentions de l’auteur du texte.

    Très logiquement, s’agissant d’un texte gnostique, les premiers éditeurs y ont vu une défense de Judas contre les autres apôtres et de la Gnose contre les courants chrétiens dominants. Le texte présenterait une interprétation originale de la trahison de Jésus par Judas, un de ses apôtres : Tu les surpasseras tous, car tu sacrifieras l’homme qui me sert d’enveloppe charnelle. En dénonçant Jésus, il aurait été le seul de ses disciples à avoir vraiment compris le message qu’il voulait véhiculer. Disciple bien aimé de Jésus, il aurait eu la plus difficile des missions à accomplir : le livrer aux Romains. En agissant ainsi, il aurait donc suivi une demande de ce dernier, qui lui permit de faire le sacrifice ultime pour la rédemption du monde. Cette « justification » de Judas, dénoncée dès son origine par Irénée de Lyon, serait donc bien d'origine gnostique.

    Sachant que les pensées de Judas étaient élevées, Jésus lui aurait dit : « Éloigne-toi des autres et je t’apprendrai les mystères du Royaume. Il t’est possible de l’atteindre ». Nous trouvons ici l’idée qu’il est possible de se rendre dans le monde divin, c’est-à-dire l’au-delà – par le biais d’une expérience personnelle.

    Vu la gravité avec laquelle la publication de l’Évangile de Judas a été accueillie, on ne peut s’empêcher de penser qu’une pression ambiante de plus ne plus importante pousse chacun d’entre nous à réévaluer les disparités entre Jésus historique et Jésus des théologiens.

    Pour conclure, du moins provisoirement

    Dans ce parchemin, j’ai cherché à en savoir davantage sur le contexte historique très spécifique à l’époque où Jésus a vécu : l’Egypte et la Judée du 1er siècle de notre ère moderne, période sur laquelle les historiens ne possèdent que peu d’informations fiables.

    Par mes recherches, j’ai tenté de montrer que le Jésus historique ne peut pas être celui que l’Eglise catholique romaine nous présente via le Nouveau testament et les Évangiles canoniques en particulier.

    J’ai ainsi découvert :

    ·         que Jésus rejetait l’activisme politique de ses partisans zélotes. C’est une information cruciale que personne n’avait révélée jusque-là ;

    ·   que rien ne prouve que Jésus soit bien mort sur la Croix et que les preuves qui subsistent suggèrent même le contraire.

    Et si Jésus n’est pas mort sur la Croix, que doit-on penser de la Résurrection ? De sa nature divine ? De son appartenance à la sainte Trinité ? Dès que le mensonge cesse, ces arguments ne tiennent plus !

    Ces arguments datent d’une époque bien postérieure et sont le résultat de l’embellissement d’évènements historiques délibérément déformés pour étayer une thèse religieuse stricte, thèse qui soutient encore à ce jour un  certain nombre de notions tout à fait étranges et excentriques. La plus étrange de toutes affirme que l’entourage de Jésus était exclusivement masculin ; c’est pourquoi les femmes ne peuvent pas devenir prêtre, évêque ou pape. Le concept d’une succession apostolique apanage des hommes s’effondre, tout comme celui de succession lui-même, imposé par le Vatican.

    J’ai également découvert qu’il n’existe aucune preuve suggérant que Jésus ait eu le désir d’être vénéré comme un Dieu. Au contraire, ses préceptes indiquent qu’à ses yeux, chacun devait avoir la possibilité de se rendre dans l’au-delà pour découvrir le divin par lui-même ou se rendre dans le royaume des cieux pour être illuminé par « l’esprit divin ».

    Où Jésus a-t-il appris tout cela ? Non pas en Galilée, mais plus vraisemblablement en Egypte où la communauté juive semble avoir fait preuve d’un plus grand pluralisme que celle de Palestine et avoir nourri une approche plus mystique de la religion.

    Rien ne suggère que Jésus ait eu l’intention d’établir une nouvelle religion et encore moins d’encourager des fidèles à consigner ses paroles par écrit et d’en faire un répertoire officiel de ses préceptes.C’était sans doute tout le contraire ! Il lui aurait sans doute été égal que les gens l’oublient, lui, car ce qui importait à ses yeux, c’était qu’ils n’oublient pas le chemin vers le royaume des cieux, notion qui n’est pas exclusive au christianisme et au judaïsme.

    L’histoire est malléable : nous disposons de faits, d’informations, mais il n’y en a jamais suffisamment pour pouvoir affirmer en toute sincérité que l’on sait exactement ce qu’il s’est passé. L’Histoire est un mythe créé pour trouver un sens aux quelques évènements dont nous sommes sûrs. Le passé est une hypothèse posée pour expliquer et justifier le présent. Les mythes existent pour transmettre du sens, pas la vérité historique.

    Mais dans notre ère du tout scientifique, ne voulons-nous pas être certains que les mythes qui nous guident sont au moins fondés sur une approximation de la vérité ?

    Nombreux sont les chemins menant au sommet de la montagne. Quelqu’un a-t-il le droit d’affirmer qu’il est préférable d’en emprunter un plutôt qu’un autre ? Affirmer qu’il n’existe qu’un seul et unique chemin, n’est-ce pas se méprendre sur le terme « spiritualité » et succomber aux dangers du sectarisme dont nous sommes témoins tous les jours ?

    En ce qui concerne le christianisme, c’est grâce au message d’amour, de pardon et de miséricorde transmis par Jésus que nous pourrions résoudre les différends d’ordre théologique et rétablir l’harmonie entre les fidèles. Mais il s’agit là sans doute d’un projet ambitieux, voire insensé, étant donné la violence et l’hostilité que suscite ce genre d’initiative.

    Frère André B.

    Bibliographie

    Michael Baigent , Richard LeighHenry Lincoln 

    L’énigme sacrée

    Editions Pygmalion, 2004

     

    Michael Baigent

    Traduction de Françoise Smith

    L’énigme Jésus

    Collection J’ai lu, 2008

     

    Sitographie

    L'Évangile de Judas

    http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89vangile_de_Judas

    Une veille bible

    Source article : lefigaro.fr

    http://www.camerpost.com/bombe-au-vatican-une-bible-de-1500-ans-confirme-que-jesus-christ-na-pas-ete-crucifie-29052014/

    Qui est le Christ ?

    http://www.abeditions.be/_partafoi/03etrech/06et0007.htm

    L’école rabbinique de Jabneh

    http://www.francephi.com/cgi-bin/ava_mail/mail.cgi?flavor=archive;list=fphi;id=20120922002811

    Ce que Jésus de Nazareth a voulu

    http://www.abeditions.be/_partafoi/03etrech/07et0008.htm

     

     


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  • Les attributs de saint Jean l'Évangéliste 

     * Les attributs de saint Jean l'évangéliste

    Introduction

    Au 1er siècle de notre ère, saint Jean était l'un des douze apôtres de Jésus-Christ.

    Un des quatre Évangiles et le livre de l'Apocalypse lui sont attribués.

    A partir du 4ème siècle, le culte de saint Jean se développe en Orient puis se répand en Occident.

    Dans l'iconographie, saint Jean a plusieurs attributs :

    • l'aigle, en référence au verset du livre de l'Apocalypse qui apparente saint Jean à un aigle.
    • la cuve d'huile bouillante, c'est le lien avec le miracle où saint Jean est jeté dans cette cuve.
    • un livre représentant l'Évangile dont il est l'auteur.
    • une coupe empoisonnée de laquelle sort un serpent ou un dragon lien avec le miracle où la coupe de poison ne l'empoisonne pas.

     

    L'histoire du serpent, du dragon

    Aristodème, prêtre des idoles, fit naître une forte dispute parmi le peuple.

    Une partie de ce peuple se préparait à affronter l'autre.

    L'Apôtre dit alors : « Que veux-tu faire ? Dis-le et je ferai ce qui te plaira. »

    L'autre répondit : « Si tu veux que je crois en ton Dieu, je te donnerai à boire du poison et s'il ne te fait aucun mal, ton seigneur apparaîtra comme le vrai Dieu. »

    L'Apôtre prit le calice et en se protégeant par un signe de croix, but tout le poison qui fut sans aucun effet. » (Extrait de la « Légende dorée »).

    Le serpent et le dragon sont à l'image du mal.

    Dans la Bible, ils prennent différents noms : serpent, Satan, le diable, le démon…

    Il a aussi différentes formes : le diable prend la forme de porcs ou de dragons.

    L’Apôtre Jean

    Personnage connu notamment par les Évangiles canoniques et les Actes des Apôtres, l'apôtre Jean était originaire d'un pauvre village de Galilée nommé Bethsaïde. Il était fils de Zébédé, le pêcheur, et de Salomée, la fille de Joseph (le fiancé de la mère de Jésus). Joseph avait eu de son premier mariage quatre garçons : Jacques (le majeur), José, Judas et Simon (ou Siméon) ; et trois filles : Esther, Marthe et Salomée. C'est pour cette raison que notre Seigneur Jésus-Christ était l'oncle de saint Jean le Théologien, puisque demi-frère de sa mère Salomée.

    On le surnomme « Jean l'Apôtre » ou « Jean l'Évangéliste » ou parfois même « Jean le Théologien » afin de le distinguer de Jean-le-Baptiste, le Précurseur. Il était aussi pêcheur sur les bords du lac de Tibériade. Il est fêté par les catholiques le 27 décembre.

    Saint Jean l’Évangéliste est souvent représenté sous les traits d’un beau jeune homme aux traits un peu féminins. Androgyne, saint Jean l'Évangéliste est parfois représenté tenant dans sa main gauche un calice dans lequel se trouve un serpent - dragon guérisseur comme attribut en place de l'hostie.

    Ce jeune homme imberbe écrivant l’évangile est le plus souvent accompagné d’un aigle, d’un calice au serpent, d’une cuve d’huile bouillante, mais surtout d’un livre (qui est son évangile).

    L’objet du présent parchemin est de proposer quelques explications au sujet de ces différents attributs de saint Jean l’Évangéliste.

    1. L’aigle

    Dans l'iconographie chrétienne, l’aigle semble être le symbole ou l'attribut le plus courant de saint Jean l’Évangéliste, surnommé « l'Aigle de Patmos ». Certains lutrins ont parfois la forme d’un aigle ou sont ornés d'aigles à la symbolique complexe. L'aigle en effet s'attaque aux serpents, symbole du mal dès le premier Livre biblique qu'est celui de la Genèse ; il monte dans les hauteurs du ciel comme le Christ au moment de l'Ascension.

     * Les attributs de saint Jean l'évangéliste

    Symbole de vie nouvelle

    Les anciens croyaient que l'aigle, différent en cela des autres oiseaux, renouvelait périodiquement son plumage et sa jeunesse : pour cela il volait directement vers le soleil et ensuite il plongeait dans l'eau.

    Un psaume y fait allusion : Comme l'aigle se renouvelle ta jeunesse (Psaume 103,5).

    Le symbole de l'aigle convient d'une manière particulièrement juste à Jean puisqu'il s'est élevé très haut dans la contemplation de la nature divine du Verbe de Dieu. De plus, l'aigle est souvent interprété comme le symbole de la Résurrection, et Jean fut un témoin privilégié du grand événement pascal.

    L'aigle est le symbole du disciple bien-aimé, mais c'est aussi le symbole du Christ lui-même. On le disait capable s'élever jusqu'où on ne le voit plus et qu’il avait la capacité de fixer le soleil en plein midi. D’où le rapprochement avec le Christ-Dieu qui voit le Père face à face.

    En outre, tous les disciples du Christ peuvent être identifiés aux aigles. Ils partagent la force morale de l'aigle. Le livre d'Isaïe disait : Ceux qui espèrent dans le Seigneur renouvellent leur force, ils déploient leurs ailes comme des aigles, ils courent sans s'épuiser, ils marchent sans se fatiguer (Isaïe 40, 31). Dans le Baptême, plongés dans l'eau, ils ont puisé foi, courage et contemplation. On disait que l'aigle, si grande fût sa faim, laissait toujours une moitié de ses proies aux autres oiseaux. C'est l'exemple de la générosité ou de la charité qui anime le vrai disciple du Christ.

    L'aigle biblique est appelé « nésher » (noun/shin/resh) qui est un signe de victoire sur l'ignorance, la connaissance « noun » étant transmise par la chaîne d'union « sher » (shin/resh). Sur le plan sémiologique, l'aigle nésher évoque le feu au sein de la lumière par la lettre « shin » au milieu du doublet « ner » (noun/resh). Sur le plan de la numérologie, nésher de valeur 550 est équivalent au mot « pétaa », la soudaineté.

    L'aigle véhicule du salut et de la rédemption

    Lors de l'exode des Hébreux d'Égypte, l'image de l'aigle apparaît comme un véhicule rapide qui porte haut et loin.

    Exode 19/4 : « …Vous, je vous ai portés sur l'aile des aigles, je vous ai rapprochés de moi ».

    L'aigle est un véhicule de la vision et de la transcendance

    La vision d'Ézéchiel décrit des niveaux élevés de spiritualité dont une des faces est une face d'aigle, l'aigle étant réputé pour avoir une vision perçante de grande portée.

    L'aigle protecteur

    Ailes déployées l'aigle est un oiseau qui protège sa progéniture d'autres prédateurs.

    Voici une métaphore de la protection accordée par Dieu au peuple d'Israël.

    Deutéronome 32/11 : « Ainsi l'aigle veille sur son nid, plane au-dessus de ses jeunes aiglons, déploie ses aigles pour les recueillir, les porte sur ses pennes robustes ».

    Conclusion

    Le symbolisme de l'aigle est très varié et vaste. De nombreuses notions (souvent liées entre elles) lui sont rattachées comme la royauté, la protection ou la prophétie. Il est l'oiseau divin (de Zeus/Jupiter) parce qu'il rassemble tous les pouvoirs bénéfiques ou maléfiques selon la situation. Oiseau de proie, il s'élève le plus haut dans le ciel (se rapprochant le plus près de la divinité céleste). Il en devient naturellement le messager et l'interprète de la volonté divine.

    2. Le calice

    Plusieurs représentations de Jean nous le montrent tenant à la main un calice d'où émerge la tête d'un serpent.

    Analysons cette œuvre picturale ! Cette toile a été exécutée par Alonso Cano pour le retable d'un couvent de Séville. Artiste le plus complet du siècle d'Or, Cano était également sculpteur, talent qui transparaît ici dans le volume donné au saint. Cette peinture faisait partie du retable consacré à saint Jean l'Evangéliste que le monastère des religieuses hiéronymites de Santa Paula à Séville commanda en 1635 à Alonso Cano.

     * Les attributs de saint Jean l'évangéliste

    L'Évangéliste saint Jean bénit la coupe empoisonnée que lui a donnée un prêtre païen d'Éphèse pour le mettre à l'épreuve mais le venin s'échappe du calice sous la forme d'un petit dragon bicéphale, comme le raconte la Légende dorée de Jacques de Voragine (1228 – 1298).

    C'est une allusion à un miracle qu'il aurait accompli pour prouver à Aristodème et aux Éphésiens la supériorité du christianisme sur le culte des idoles : sommé de boire une coupe de poison, il en avale le contenu d'un trait et n'en est absolument pas incommodé, tandis que les deux goûteurs désignés pour tester ce poison s'écroulent foudroyés en quelques secondes. Ils seront ensuite ressuscités par le saint.

    L'épreuve de la coupe empoisonnée ou le triomphe de la foi

    Saint Jean l'Évangéliste est représenté tenant un calice qui fait allusion à sa mise à l'épreuve par le grand prêtre du temple de Diane à Éphèse. Celui-ci lui dit : « Si tu veux que je croie en ton dieu, je te donnerai du poison à boire et s'il ne te fait aucun mal, c'est que ton dieu sera le vrai Dieu ».

    Le tableau montre donc saint Jean neutralisant grâce à un geste de bénédiction le venin qui s'échappe du calice sous la forme d'un petit dragon bicéphale. La légende raconte que saint Jean put ensuite boire le breuvage.

    Ce récit, popularisé par la « Légende dorée » de Jacques de Voragine, s'inspire de phrases des Évangiles. Dans celui de saint Matthieu, Jésus dit à saint Jean et à son frère : « Il est vrai que vous boirez la coupe que je dois boire ». Et dans celui de saint Marc, Jésus ressuscité envoie les apôtres en mission et leur promet entre autres l'immunité contre le poison : « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : quand ils auront bu quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ».

    Saint Jean l'Évangéliste est connu pour le saint pourfendeur des cultes polythéismes.

    Citons cette phrase de Jésus adressée à Nicodème : « Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Évangile de Jean 3:14-15).

     * Les attributs de saint Jean l'évangéliste

    Cette représentation de saint Jean l'Apôtre par Jan van Eyck nous le montre tenant à la main un calice d'où émergent les 3 têtes du serpent. C'est très rare de voir trois têtes du serpent d'airain émergeant du calice de saint Jean.

    Dans l'iconographie chrétienne, le serpent est un symbole ambigu. Il apparaît dans les illustrations du récit de la tentation d'Adam et Ève (Nahash) où il symbolise le tentateur, le mal, le péché ainsi que l'avènement de la mort. Il figure également dans les représentations de Moïse changeant en serpent la verge d'Aaron, ou l'épisode du serpent d'airain. Saint Jean l'Évangéliste est parfois représenté tenant la coupe de poison qui se transforme en serpents lorsqu'il la bénit

    Le Serpent qu’on voit associé à Jean dans cette représentation n’a rien du Tentateur du Jardin d’Eden.

    C'est dans le livre des Nombres (21,6-9) que se rattache la symbolique du serpent d’airain que Moïse présenta à la vue des Hébreux mordus dans le désert par les serpents brûlants. Ne comprenant rien à la valeur initiatique de cette marche dans le désert et ses épreuves, ils avaient maugréé contre Dieu et contre Moïse. Mais par le Serpent d’Airain, ils furent guéris après avoir reconnu leur erreur.

    Le livre des Nombres (21,6-9), Alors le Seigneur envoya contre eux des serpents venimeux ; ils mordirent un grand nombre d'Israélites qui en moururent. 7 Le reste du peuple se rendit auprès de Moïse pour lui dire : « Nous avons péché en vous critiquant, le Seigneur et toi ! Supplie donc le Seigneur d'éloigner ces serpents de nous. » Moïse se mit à prier le Seigneur en faveur du peuple. 8 Le Seigneur lui répondit : « Façonne un serpent de métal et fixe-le sur une perche. Quiconque aura été mordu et le regardera aura la vie sauve. » 9 Moïse façonna donc un serpent de bronze et le fixa sur une perche (un arbre) Dès lors, toute personne qui avait été mordue par un serpent et regardait le serpent de bronze avait la vie sauve.

    Dans ce contexte, le Serpent retrouve la signification qu’il a dans les mythes anciens, et redevient, comme entre les mains de saint Jean, le Symbole de la Connaissance, et de la Guérison et de la Vie qui lui sont attachées.

    C'est aussi à l'Évangile de Nicodème qu'est due l'introduction dans les traditions armoricaines et dans les romans de la Table-Ronde du mythe célèbre du Saint Graal, de ce vase sacré dans lequel Joseph d'Arimathie avait recueilli le sang précieux de son maître.

    Un serpent – dragon guérisseur

    Observons ce vitrail de l'église Saint-Pierre à Dreux montrant saint Jean l’Évangéliste.

     * Les attributs de saint Jean l'évangéliste

    Saint Jean l’Évangéliste est souvent représenté avec un calice dans lequel se trouve un serpent ou un dragon en place de l'hostie. Cela rejoint la représentation faite du Christ-Serpent crucifié, rappel du serpent d'airain que Moïse éleva au désert pour la guérison des Hébreux piqués par les « brûlants » (Nombres, XXI, 6-9).

    Le Serpent est ici le symbole de la guérison !

    La femme médecin de l’Antiquité avait la maîtrise du Serpent, symbole des énergies de la Terre Mère, qu’elle tient bien en main. Deux exemples parlants en sont donnés au musée de Metz :

     * Les attributs de saint Jean l'évangéliste    * Les attributs de saint Jean l'évangéliste

    Ce que l'on retrouve dans l'imagerie chrétienne : la Vierge Marie tenant dans sa main gauche la fleur de lys, symbole de pureté et de virginité, et tenant dans ses bras le dragon – vouivre en place du Christ-Jésus.

     * Les attributs de saint Jean l'évangéliste

    Sculpture représentant la Vierge Marie tenant dans ses bras la vouivre

    (Portail royal de la cathédrale de Chartres)

    Le Musée de Tau à Reims expose une représentation d’Ève tenant en main le Dragon.

     * Les attributs de saint Jean l'évangéliste

    Ève tenant en main le Dragon

    (Musée de Tau, Reims)

    La Vierge Marie, tout comme Ève, figure la Mère Universelle, guérisseuse, avec le Serpent – Dragon – Vouivre comme attribut. Ce qui permet de comprendre, dans la même continuité, le serpent ou le dragon dans le calice tenu par saint Jean l’Évangéliste.

    Observons cette statue de saint Jean dans la Crypte de la cathédrale de Metz :

     * Les attributs de saint Jean l'évangéliste       * Les attributs de saint Jean l'évangéliste

    La guérison véritable est justement symbolisée par la femme nue, toute réceptive, qui a la maîtrise du binaire.

    Sur l’illustration ci-dessous, au centre entre deux dragons, la femme tient bien en main ses deux jambes terminées par des formes serpentines qui s’entrelacent au-dessus de sa tête, exposant ainsi que les énergies telluriques remontent au ciel pour mener de l’irréel au Réel (Musée de Metz) :

     * Les attributs de saint Jean l'évangéliste

    Saint Jean, souvent très androgyne, a donc également le serpent – dragon guérisseur comme attribut.

     * Les attributs de saint Jean l'évangéliste

    Statue de l'église de Louvier dans le département de l’Eure

     

     * Les attributs de saint Jean l'évangéliste

    Gros plan du dragon dans le calice

     

     * Les attributs de saint Jean l'évangéliste

    Vitrail de l'église de Volvic

     

     * Les attributs de saint Jean l'évangéliste      * Les attributs de saint Jean l'évangéliste

    Vitrail de la cathédrale de Senlis

    Ces représentations sont abondantes :

    • Vitrail de l'église du Châtenet-en-Dognon, commune de Saint-Léonard du Noblat, Limousin : Dragon dans le calice;
    • Cathédrale de Limoges : 3 serpents dans le calice;
    • Statue de la Collégiale Saint-Sylvain à Levroux, Berry : serpent dans le calice
      Mais aussi à Saint-Michel de Brasparts, à Commana, à Gourin en Bretagne ; à Vézelay, à Riom, à Oiron, au coin des rues Etienne-Dolet et Saint-Denis à Paris.... 

    3. Une cuve d’huile bouillante

    Selon la tradition, saint Jean aurait été torturé à Rome, sous l'empereur Domitien, et plongé dans une cuve d'huile bouillante devant la Porta latina.

    Sous l’Empereur Domitien l’Apôtre Jean fut conduit, enchaîné à Rome et condamné à être plongé dans un chaudron d’huile ou d’eau bouillante, d’où il ressortit, ayant gardé sa virginité, non seulement sain et sauf, mais régénéré. Ce martyre, qui lui avait été annoncé par le Christ lui-même, se passa devant la Porte Latine où fut érigée au 5ème siècle l’Eglise San Giovanni a Porta Latina.

    Il tut ensuite banni à Patmos, une île de la mer Égée, où il rédigea le texte de l'Apocalypse.

    Saint Jean fut envoyé en exil sur l’île de Patmos où, vivant en solitaire dans une grotte, il aurait écrit l’Apocalypse, livre de visions prophétiques d’un haut niveau symbolique. Saint Jean est mort vers 100.

     * Les attributs de saint Jean l'évangéliste

    L’œuvre

    Ce tableau est la partie centrale d’un retable réalisé entre 1550 et 1553 pour le couvent Santo Domingo. Bien que Martin Gomez ait été influencé par la peinture de la renaissance italienne, cette œuvre reste très marquée par le gothique espagnol.

    Seul le haut du corps du saint, qui ne se trouve pas exactement au centre de la composition, émerge du chaudron léché par les flammes. L’empereur, assis sur son trône, muni de son bâton de justice, étonné par l’impassibilité du martyr, d’un doigt impérieux, demande à un soldat de vérifier si l’eau bout.

    Du côté de l’empereur, des courtisans lèvent leur main d’étonnement devant ce miracle, tandis que de l’autre côté des hommes du peuple le commentent, mais discrètement, à l’oreille pour ne pas attirer l’attention de Domitien. Au premier plan, un enfant vêtu de bleu, couleur mariale, est une nette allusion à la virginité du saint.

    4. Un livre – L'Évangile

    L’Évangile selon Jean est un évangile, c'est-à-dire un texte qui rapporte la vie et les paroles de Jésus de Nazareth dans le but de transmettre la foi chrétienne.

    Dans la tradition chrétienne, c'est le dernier des quatre évangiles canoniques du Nouveau Testament, et il a été attribué traditionnellement à l'un des disciples de Jésus, l'apôtre Jean, fils de Zébédée. Cette attribution à un témoin oculaire est aujourd'hui rejetée par la plupart des historiens, qui l'attribuent à une communauté johannique au sein de laquelle il aurait été composé à la fin du 1er siècle ; les théologiens, eux, sont divisés sur le sujet.

    Cet évangile se démarque des trois autres évangiles canoniques, dits «synoptiques» (des saints Luc, Marc et Mathieu), par sa composition, son style poétique, sa théologie, et probablement par ses sources.

    Dans la doctrine trinitaire, l’Évangile selon Jean est le plus important en matière de christologie, car il énonce implicitement la divinité de Jésus dont il fait le « logos » incarné.

    L’Évangile n’est pas un livre ordinaire. Bien qu’il contienne des textes sacrés, l’Évangile reste un objet ordinaire et dont l’usage est personnel et obligatoire. C’est un objet complet et autonome. On peut même dire qu’il est autosuffisant. Il renferme une vérité achevée dont la hiérarchie interne peut donc s’organiser d’une manière définitive et stable par rapport à un ensemble fini.

    Un livre ouvert est le symbole de l'ouverture, de la transmission de l'intelligence personnelle et de l'amour universel. Un livre ouvert représente la connaissance, la puissance de l'esprit divin et le jugement dernier. Un livre ouvert souligne aussi l'importance de l'éducation. Dans le monde des alchimistes, le livre ouvert représente le savoir qui peut être rendu public, en opposition au savoir qui doit être tenu secret.

     

    Frère André B.

     

    Sitographie – Références sur Internet

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_(ap%C3%B4tre)

    http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/saint-jean-l-evangeliste

    https://books.google.be/books?id=2Iq90pZ9fCQC&pg=PA24&lpg=PA24&dq=saint+jean+l%27%C3%A9vang%C3%A9liste+androgyne&source=bl&ots=1Xojdfwu2o&sig=Qsaue0w5haCvaRln4cawQsksnJw&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjdo9iE16bKAhUJShQKHanGCKYQ6AEIIjAA#v=onepage&q=saint%20jean%20l'%C3%A9vang%C3%A9liste%20androgyne&f=false

    http://bruxelles-mystere.skynetblogs.be/archive/2009/11/16/le-calice-aux-serpents-deuxieme-partie.html

    http://an-uhelgoad.franceserv.com/sant-yann.htm

    http://vivrevouivre.over-blog.com/article-que-signifie-ce-petit-dragon-dans-le-calice-de-saint-jean-44570862.html

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Serpentes#Symbolique

    Illustrations

    https://www.google.be/search?q=saint+jean+calice&espv=2&biw=1600&bih=799&tbm=isch&tbo=u&source=univ&sa=X&ved=0ahUKEwivtt-kw6bKAhUBbRQKHRRxA60QsAQIMQ&dpr=1


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