• Saint Bernard de Clairvaux

    Bernard de Clairvaux

    Présentation de Bernard de Clairvaux

    Bernard est issu d’une famille noble de Bourgogne. Il est le troisième fils de Tescelin, comte de Chatillon et d’Alette ou Aleth, elle-même fille du comte de Montbard, et sœur d'André de Montbard qui sera plus tard l'un des fondateurs de l'Ordre du Temple. La famille de Bernard appartient à la moyenne noblesse.

    On n’est pas certain de la date exacte de sa naissance : entre avril et août 1090 (ou 1091). Mais ce que l’on sait de façon plus certaine, c’est qu’il est né au château de Fontaines, près de Dijon, en Bourgogne. []

    Bernard, un personnage très humble

    Le petit Bernard s’est en effet comparé à une plante sauvage qui a poussé dans le désert à la grâce de Dieu, comme un ignorant nourri dans les forêts. C'est trop d'humilité.

    En fait, ce jeune homme de noble famille, mais modeste, reçoit dès l’âge de 7 ans une éducation sévère d’une servante d’extraction celte, pour ne pas dire une formation d’ovate, une formation réservée au jeune druide. Ensuite il poursuivra sa formation de « lettré », formation qu'il paracheva, paraît-il, à l'université de Paris, mais ceci dit sous réserve.

    Bernard aurait pourtant pu se destiner à de hautes fonctions à la cour !

    Sa constitution chétive autant que son état de puîné l'ont éloigné de la carrière des armes. Mais par son intelligence, sa gentillesse, sa culture – jouvenceau, déjà, il taquinait la muse – et par son rang, il était promis aux plus hautes dignités à la cour.

    On le voyait devenir avocat à la cour de Bourgogne. Mais, à l'instar de saint Augustin, la piété ardente de sa mère et la mort de cette dernière, quand Bernard a dix-sept ans, l’ont poussé vers la religion. Ainsi, à vingt-deux ans, il renonce au monde et opte pour la vie monacale. Alors que ses proches cherchent à l'en dissuader, c’est lui qui finit par les convertir ! Notamment son oncle, son père et cinq de ses sept frères et sa sœur. Et il ouvre, dans une maison de Châtillon, une communauté d'une trentaine de membres qui aurait pu devenir un nouvel ordre monacal s'il n'avait décidé de rejoindre l'abbaye de Cîteaux, dans les forêts de Beaune.

    L’abbaye de Cîteaux à cette époque

    Cîteaux est alors dirigée par l'Anglais Étienne Harding. D'obédience bénédictine, c'est la sœur – et la rivale – de l'abbaye de Cluny.

    Bernard y a été bien accueilli, autant que les compagnons qu'il entraîne dans son aventure mystique. Ceux-ci sont issus des meilleures familles de Bourgogne, donc riches.

    Bernard ne tarde pas à entrer en conflit avec son abbé. Bernard, déjà ascète, trouve Cîteaux trop splendide et trop riche.

    Étienne Harding était pourtant réformateur de l'Ordre, auquel il avait imposé plus de rigueur. Mais Etienne Harding n'a-t-il pas osé faire illustrer la Bible, ce qui lui vaudra l'apostrophe de « bibliophile » décochée par le futur saint Bernard qui n’en ratait jamais une !

    Bernard, abbé de Clairvaux

    Lorsque l’Abbaye de Cîteaux devint trop étroite, il fallut à l'abbaye-mère se séparer d'une partie de ses moines devenus trop turbulents, trop revanchards et les envoyer fon­der une abbaye-fille.

    C’est ainsi que Bernard s'est exilé, avec douze compagnons, le 25 juin 1115, en Champagne, dans les environs de Langres, au cœur de la forêt, dans le « val d'absinthe ».

    Le Val d’absinthe

    Le terrain offert par Hugues de Champagne, proche parent de Bernard, dédié à l'implantation de l'abbaye, fut choisi avec précaution dans une clairière isolée, le Val d'Absinthe. Ce terrain comprenait aussi les éléments essentiels à l'organisation d'une abbaye cistercienne : il fallait de l'eau et du bois.

    Le lieu avait mauvaise réputation : c’était un repaire de brigands. Mais Bernard le rebaptisa aussitôt en « claire vallée ». Clairvaux était né !

    Les terres sur lesquelles fut bâti le monastère avaient été données par Hugues premier, le septième comte de Champagne qui, en 1125, rejoindra l'Ordre des Templiers pour devenir « pauvre soldat du Christ » et y mourir un an plus tard.

    Ainsi, devenu chef de la congrégation, Bernard l'organisa selon ses principes.

    Les Cisterciens se doivent de respecter la règle de saint Benoît qui stipule la vie en autarcie et le respect du vœu de stabilité, c’est-à-dire d’enfermement.

    L'austérité et la rudesse sont les bases de sa règle, inspirée de celle de saint Benoît. Il exhorte ses moines à la respecter intégralement, en veillant à ne pas en dévier, ni à gauche, ni à droite.

    Cette règle essaimera dans plus de soixante-dix monastères en Italie, en Espagne, et jusqu'en Suède et au Danemark du vivant de l'abbé, et avoisinera les deux cents abbayes à son apogée. Là, il put mener à son gré cette vie de douleurs qu'il lui fallait. Rien ne l'en arracha. Jamais il ne voulut entendre à être autre chose qu'un moine.

    Bernard de Clairvaux, « le chien blanc de la Vierge Noire » ?

    Guillaume de Saint-Thierry, hagiographe de saint Bernard, rapporte, sans l’avoir constaté, que Bernard était, dès sa naissance, promis à un destin d'exception. Sa mère Aleth, alors qu'elle était enceinte, avait vu en songe un chien blanc au dos couvert de taches brunes – allusion à la rousseur de Bernard, héritée de son père – qui aboyait bruyamment. Un ermite, un ancien Druide consulté, en avait déduit que l'enfant à venir serait un prédicateur zélé, toujours en éveil, comme un chien de garde de Dieu !

    Bernard de Clairvaux fut l'un des plus ardents propagateurs du culte de la Vierge, avec laquelle il entretint des relations aussi mystiques que privilégiées.

    Adolescent, il avait coutume de prier en cachette dans la chapelle de ses parents. Ensuite dans la petite église de Saint-Vorles, à Châtillon-sur- Seine. En cette église Saint-Vorles existait une image de la Mère de Dieu, faite d'un bois que l'âge a plus noirci que le soleil. Le visage est longuet, les yeux grands sans excès, les joues ni trop enflées ni trop abattues. La couleur en est brune et par l'art et par l'âge. Elle est assise et tient le petit Jésus en son giron.

    La Vierge de Saint-Vorles était une Vierge Noire. Et la légende veut qu'un jour Bernard s’agenouilla devant elle et lui adressa cette prière : « Monstra te esse matrem », c’est-à-dire « Montre que tu es la Mère » !

    On dit qu'aussitôt Marie pressa son sein et que trois gouttes de lait glissèrent sur les lèvres du futur Bernard de Clairvaux. De cet épisode légendaire, certains en ont déduit que, puisqu’il avait été nourri du lait d'une Vierge Noire, il se rattachait aux sources de la tradition primitive, préchrétienne, donc celtique. De là à en faire le dernier druide initié de France…

    Bien plus tard, traversant l’abbaye d'Afflighem, il s'arrêta devant une statue de la Vierge et la salua d'un Ave Maria plein de dévotion. Marie, s'inclina à son tour et lui rendit son salut avec cette simplicité qui a beaucoup contribué à la popularité de son culte : Ave, Ber­narde ! Cet autre épisode légendaire est rapporté dans l'ouvrage « Les fondateurs des Ordres religieux » publié en 1897.

    Le culte de la Vierge noire

    Le culte de la Vierge noire s'opérait notamment dans les cryptes des églises romanes. Il annonce celui de la Vierge Marie, en pleine lumière celui-là, soutenu par Bernard. La Vierge noire descend en ligne directe de la déesse-mère des Celtes et de l'Isis des Égyptiens. D'où les soupçons, pour moi réels, de druidisme pesant sur Bernard de Clairvaux, qui comme beaucoup de théologiens de son époque, s'ingéniait à concilier l'ancien héritage druidique, encore fortement implanté dans les campagnes, et les dogmes instaurés par les Pères de l'Église à partir de la Bible, et notamment d'un Nouveau testament réaménagé par leurs soins. Il s’agit ici du cinquième Évangile qui est, hélas, resté un apocryphe, mais dont la lecture est surprenante. Il est écrit dans le même style que celui de l’Évangile de Thomas.

    Particularité de la Vierge noire

    La Vierge noire est représentée avec l’enfant Jésus à l’âge de 7 ans, ce qui soulève quelques questions :

    -       Pourquoi un enfant à l’âge de 7 ans, est-il encore assis sur les genoux de sa mère ?

    -       Que représente-t-elle, cette Vierge ?

    -       Et quelle est son origine ? Est-elle druidique ? Égyptienne ?

    Je crois me souvenir que lorsque j’ai été introduit dans notre Commanderie, il m’a été donné de méditer. Certes il faisait sombre. Mais la vierge qui a été proposée à ma réflexion et située sur le côté gauche de l’autel avait cette attitude particulière ! Là il y a quelque chose à creuser…

    Bernard, « l'homme des bois »

    C’est dans la sauvagerie de la nature environnante qu’il puise son mysticisme. Je vous rapporte ses propres paroles :

    « J'ai trouvé le sens des Écritures en méditant et en priant dans les bois et je n'ai jamais eu d'autres maîtres que les chênes et les hêtres ». « Je ne connais pas les philosophes et j’ai plus appris dans la forêt que dans vos livres ».

    Dans les premiers temps, sa nourriture est faite d’une simple bouillie de feuilles de hêtre et d'avoine cuites avec de l'eau, du sel et un peu d'huile. Son pain, mélange d'orge et de millet, ressemble à de la terre.

    Même lorsque la prospérité sera venue, l'ordinaire restera frugal. L'unique repas se composera de pain et de légumes. Œufs, laitages et poisson ne paraissent sur la table des moines que lors des fêtes. Ils ne boivent que de l'eau ou un peu de bière ; pas de vin.

    Les moines, suivant l'exemple de leur chef, entre les prières, doivent mettre la main à la houe et à la bêche. « Le cloître, écrit-il, est un Paradis, c'est une belle chose que de vivre parfaitement unis dans la même demeure ! L'un pleure ses péchés, l'autre chante les louanges du Seigneur ; celui-ci prodigue de bons offices à ses Frères, celui-là donne les enseignements de la science ; l'un prie, l'autre lit ! L'un est tout ému de compassion pour le pécheur ; cet autre tout occupé de punir le péché. Celui-ci brûle les feux de la charité, celui-là se distingue pour son humilité. L'un travaille dans la vie active, l'autre se repose dans la vie contemplative »...

    La santé de Bernard était fragile

    La spiritualité de Bernard est fortement marquée par la pénitence. Il fait subir à son corps les plus cruels traitements, mettant ainsi sa santé en danger. Son goût pour l'austérité s'accorde à merveille avec le dépouillement des églises cisterciennes. Sa santé est fragile : en réalité il est même tuberculeux. Et les austérités qu'il s'impose affaiblissent tant son organisme qu'il doit, fréquemment, accepter d'être soigné par des médecins et des rebouteux c'est-à-dire des Ovates, d’anciens druides et se résigner à vivre hors de son monastère, c’est-à-dire dans une cabane adossée à son monastère. Malgré cet état de santé fragile, Bernard se voit confier des missions.

    Les missions de Bernard de Clairvaux

    L'évêque de Chalons le charge fréquemment de missions, et c'est en prêchant dans les églises de ce diocèse qu'il développe une éloquence qui restera célèbre. S'il écrit en latin, il harangue en langue romane, voire en patois, ce qui lui permet d'être compris de tous.

    Un exemple de son franc parlé. Et en quels termes ! Il s’adresse aux petites gens :

    « Dût votre père se coucher sur le seuil de votre porte... Dût votre mère, les cheveux épars et les vêtements déchirés, vous montrer les mamelles qui vous ont allaité... Passez par-dessus le corps de votre père... Passez par-dessus le corps de votre mère... Le plus haut degré de la piété filiale, en pareil cas, est d'être cruel pour le Christ », tonne-t-il. 

    Bernard de Clairvaux, « fou de Dieu » !

    La théologie mystique de Bernard s'applique d'abord au moine.

    La vie monastique a pour fin l'union à Dieu et l'extase, et ce, par un parcours progressif passant par deux grandes étapes :

    -       la méditation ou considération, dans la recherche graduelle de la vérité (purification, examen de soi, lutte contre les péchés) ;

    -       puis la contemplation qui suppose le recueillement, la pureté, la prière et la possession de toutes les vertus.

    Dans cette quête s'imposent les thèmes de la connaissance de soi, en un véritable « socratisme chrétien », et de la responsabilité de l'homme dans ses actions.

    L’Ordre cistercien créé par Bernard de Clairvaux

    L'ordre cistercien a joué un rôle de premier plan dans l'histoire religieuse du 12ème siècle. C’est essentiellement à Bernard de Clairvaux, au plus célèbre des Cisterciens, que l’ordre doit le développement considérable qu’il a connu dans la première moitié du 12ème siècle.

    Cet homme, d’une personnalité et d’un charisme exceptionnels, peut être considéré comme son maître spirituel. Ses origines familiales et sa formation, ses appuis et ses relations, sa personnalité même, expliquent en grande partie le succès cistercien.

    Par son organisation et par son autorité spirituelle, l’ordre cistercien s'est imposé dans tout l'Occident. L'ordre a fait « progresser à la fois le christianisme, la civilisation et la mise en valeur des terres. Il a promu l’ascétisme, rigueur liturgique, et a érigé, dans une certaine mesure, le travail comme une valeur cardinale, ainsi que le prouve son patrimoine technique, artistique et architectural. Outre le rôle social qu’il a occupé, l’ordre a exercé une influence de premier plan dans les domaines intellectuel ou économique ainsi que dans le domaine des arts et de la spiritualité.

    Après avoir été un « homme des bois », Bernard semble être devenu « l’homme des rois ».

    Bernard, « l’homme des rois »

    Bernard de Clairvaux est tout à la fois austère et ardent, enthousiaste et intolérant, exclusivement dévoué au triomphe de l'Église. Geoffroy, son secrétaire, le décrit comme violent, hautain mais aussi doux et épris de pureté. Capable de colères qu'il justifie ensuite : elles peuvent être bonnes ou mauvaises, selon l'objet auquel elles s'appliquent...

    Sa sérénité, son humilité autant que sa science théologique et sa ferveur religieuse lui valent une réputation qui devient européenne, sinon universelle. Il aurait pu devenir archevêque et pape.

    Forcé de répondre à tous les rois qui le consultaient, il se trouvait tout-puissant malgré lui et condamné à gouverner l'Europe. On s'étouffait pour pouvoir le toucher ; on s'arrachait un fil de sa robe ; toute sa route était tracée par des miracles.

    Les principales préoccupations de Bernard de Clairvaux

    Devenu une personnalité importante et écoutée dans la chrétienté, Bernard de Clairvaux était un abbé engagé dans les affaires de son temps. Il intervint dans les affaires publiques ; il défendit les droits de l'Église contre les princes temporels, et conseilla même les papes. Il attachait en effet une grande vénération au trône de saint Pierre.

    Mais ce n'étaient pas là ses plus grandes affaires ; ses lettres nous l'apprennent. Il se prêtait au monde, et ne s'y donnait pas : son amour et son trésor étaient ailleurs. Il écrivait dix lignes au roi d'Angleterre, et dix pages à un pauvre moine. Homme de vie intérieure, d'oraison et de sacrifice, personne, au milieu du bruit, ne sut mieux s'isoler.

    Les sens ne lui disaient plus rien du monde. Il marcha tout un jour le long du lac de Lausanne, et le soir il demanda où était le lac. Il buvait de l'huile pour de l'eau, prenait du sang cru pour du beurre. Il vomissait presque tout aliment. C'est de la Bible qu'il se nourrissait, et il se désaltérait de l'Évangile. À peine pouvait-il se tenir debout, et il trouva des forces pour prêcher la croisade à cent mille hommes.

    C'était un esprit plutôt qu'un homme qu'on croyait voir, quand il paraissait ainsi devant la foule, avec sa barbe rousse et blanche, ses blonds et blancs cheveux ; maigre et faible, à peine un peu de vie aux joues. Ses prédictions étaient terribles ; les mères en éloignaient leurs fils, les femmes leurs maris ; ils l'auraient tous suivi aux monastères.

    Pour lui, quand il avait jeté le souffle de vie sur cette multitude, il retournait vite à Clairvaux, rebâtissait près du couvent sa petite loge de ramée et de feuilles, et calmait un peu son âme, malade d'amour, dans l'explication du Cantique des Cantiques qui l'occupa toute sa vie. 

    L'abbé de Clairvaux n'était pas un modèle de tolérance. Il n'admettait qu'une seule foi, la sienne, et n'hésitait pas à pourfendre, sous prétexte de la défendre, jusqu'à ses amis et ses pères. Ainsi conspua-t-il les abbés de Cluny, abbaye dont Cîteaux et Clairvaux sont issues. Voilà résumée d’une façon hâtive la vie de ce grand homme. C’est lui qui, par ses 90 sermons prononcés, a institutionnalisé le culte de la Vierge Marie.

    Bernard de Clairvaux, auteur de la Règle de l’Ordre du Temple

    Les fondateurs de l’Abbaye de Clairvaux se sont détachés de l'ordre de Cluny, alors en pleine gloire, pour vivre intégralement la règle de saint Benoît. Ils souhaitaient répondre à un idéal plus rigoureux : retour à la simplicité dans la vie quotidienne, dans le culte et dans l'art ; rupture avec le monde, pauvreté, silence, travail manuel, tels seront les éléments principaux de la création cistercienne.

    Cela correspondait aux souhaits de Bernard qui voulait retourner à l'ascèse monastique la plus rude. Cette ascèse est comparable selon lui à la route de Jérusalem : par la montée rude, vers la Jérusalem de la liberté, celle d'en-haut, notre mère.

    Bien qu'ils suivaient la règle de saint Benoît, les Cisterciens n’étaient pas à proprement parler considérés comme des Bénédictins. Notre Ordre doit le développement considérable qu’il a connu dans la première moitié du 12ème siècle à Bernard de Clairvaux, que l’on considère comme le plus célèbre des Cisterciens et son maître spirituel.[

    La Règle de l'Ordre du Temple

    Dès la création de l'Ordre du Temple, l'établissement d'une règle s’était avérée nécessaire pour officialiser et légaliser l'arrivée des Templiers, ordre de moines –soldats au milieu de la société médiévale de ce début de 12ème siècle. Rappelons que le pape Honorius II et Bernard de Clairvaux avaient voulu instaurer une force militaire permanente dans les nouveaux royaumes francs, pour pallier aux retours des Croisés en Europe.

    En janvier 1128, un concile s’est réuni à Troyes en Champagne et sur base des travaux de Bernard de Clairvaux. Désigné comme secrétaire du Concile de Troyes, Bernard a largement influencé la rédaction de la règle primitive de l'Ordre, dans la stricte lignée de sa pensée exhortant la noblesse à renoncer aux guerres privées pour se mettre au service de la foi.

    Cette règle initiale, dite « Règle Latine » a été traduite, adaptée, réformée et complétée au fil des ans par la publication des « Retraits ». Cette règle, qui comprend 686 articles, est divisée en plusieurs parties que nous n’allons pas détailler aujourd’hui mais qui pourrait faire l’objet d’autres moments de réflexion : la règle primitive ; les statuts hiérarchiques ; l'élection du maître de l'Ordre ; les pénalités ; la vie conventuelle des frères ; les chapitres ; les pénitences ; des détails concernant les pénalités ; la Réception dans l'Ordre.

    Remarquons cependant que s’il était effectivement présent et actif en 1128 au Concile de Troyes au cours duquel, entre autres points, fut soumis le projet de Règle préparé pour le nouvel Ordre d’Hugues de Payns, Bernard de Clairvaux n’en est nulle part désigné comme l’auteur.

    Proximité n’est pas paternité. Et ce n’est pas parce que Bernard de Clairvaux était en harmonie avec l’esprit dans lequel l’Ordre du Temple devait œuvrer qu’il en a rédigé la Règle. Ce qui n’ôte naturellement rien à sa richesse ni à sa valeur spirituelle !

    Bernard de Clairvaux et le projet de création de l’Ordre du Temple

    C’est au retour des neufs Templiers, tous connus, qu’a été promulguée, en 1128, la règle de l’Ordre du Temple lors du Concile de Troyes, convoqué sous l’impulsion du même Bernard de Clairvaux.

    Le Concile de Troyes a officialisé l'Ordre du Temple et lui a accordé une totale indépendance vis-à-vis du clergé séculier et des souverains temporels, sous la houlette d'Etienne Harding et de Bernard de Clairvaux. Nous le savons, l'origine de la création de l'Ordre du Temple est à peu de choses près une affaire de famille et tout s'articule autour du comte de Champagne et du mouvement cistercien. Les principaux créateurs et leurs maîtres à penser sont originaires du comté de Champagne.

    Leurs autres compagnons sont issus de la maison des Princes de Flandres, croisés et pèlerins de la première heure.

    La présence omniprésente de Bernard de Clairvaux et d'Etienne Harding autour des fondateurs de notre Ordre éclaire sur le fondement religieux et même mystique des origines de l'Ordre.

    Les Chevaliers Templiers sont partis chercher quelque chose en Orient. Quelque chose de primordial pour la religion de Bernard et d’Etienne. Quelque chose ne pouvant se trouver que sur les Lieux Saints. Quelque chose de tellement secret que seul le pape a dorénavant prise sur l'Ordre. Quelque chose de si fabuleux que seuls les liens du sang des fondateurs peut le protéger...

    Mais qu'ont-ils cherché, trouvé ou cru trouver ? Nul ne le sait et rien ne peut être affirmé.

    Une chose demeure certaine cependant : la création de l'Ordre du Temple ne s'est pas faite dans le but un peu simpliste de protéger les pèlerins sur les routes mais répond à une démarche longuement réfléchie voire une quête mystique plus ou moins commanditée par les moines cisterciens, Etienne Harding et Bernard de Clairvaux.

    Les premiers Templiers ont été les « dépositaires des Arcanes majeurs de la tradition primordiale », connaissances qui leur auraient permis d’instruire les bâtisseurs des cathédrales.

    Mais les premiers Templiers auraient aussi pu occulter leur mission officielle de défenseurs des routes pèlerines pour se livrer à d’intenses fouilles dans les ruines du Temple de Salomon à Jérusalem et auraient pu y retrouver, par exemple, l’Arche d’alliance, réceptacle des Tables de la Loi ; les secrets architecturaux qui feront rayonner l'art gothique à partir du 12ème siècle, ou des objets porteurs de lois mathématiques régissant l’univers. La clé, en quelque sorte, du progrès humain.

    Ramenés secrètement en France pour être mis en lieu sûr, ces objets auraient été contemplés par quelques initiés, dont saint Bernard de Clairvaux, le phare spirituel de l’Occident. Mais il n’existe aucune preuve de cela… Une absence qui participe au mystère des Templiers !

    Bernard de Clairvaux, « saint Bernard »

    Bernard a joué un rôle déterminant dans la transposition de la croisade en « guerre sainte » contre les Cathares. Il a effectivement été canonisé quelques années après son décès, en 1174 plus précisément, et est devenu ainsi saint Bernard de Clairvaux. Il a aussi été déclaré docteur de l’Église en 1830 par Pie VIII.

    Bernard a parlé aux rois, aux évêques et même au pape avec une telle autorité que tout le monde pliait devant lui et le révérait. Il connaissait tout sur tout, c'était un thaumaturge exceptionnel !

    La pensée du futur saint Bernard et l'abbaye de Clairvaux règneront sur tout le monde chrétien durant le 12ème siècle et influenceront toute la civilisation occidentale pour les siècles à venir.

    Les enseignements de Bernard de Clairvaux doivent nous concerner au plus haut degré, surtout si nous y incluons chacun des 686 articles de la Règle de l’Ordre.

    Pour terminer ce parchemin à caractère essentiellement historique, rappelons un des enseignements élémentaires de Bernard de Clairvaux : « Si tu désires voir, écoute d’abord, l’audition est un degré vers la vision ».

     Frère André D., Chapelain de la Commanderie Saint-Georges de Notre-Dame de Leffe

     Ancien Chapelain de la Commanderie Majeure - Gardien de la Foi au sein du Grand Prieuré de Belgique 


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